Suite de la réflexion amorcée ici
et qui se poursuit finalement sur 4 billets afin de vous éviter l'ingurgitation d'un pavé indigeste...
après avoir repéré les obstacles extérieurs, démasquons ceux qui sont en nous.
6. Le fameux "esprit de sacrifice"
Un des aspects de la question du choix pro est de savoir : pour qui est fait ce choix?
De mon point de vue, il est clair que la présence au quotidien des parents / de la mère, est profitable au développement physique, intellectuel, émotionnel des enfants.
Mais je me permets deux remarques:
« la présence au quotidien » : oui...
mais quelle quantité de présence ?
Ayant pas mal d'attaches en Allemagne, je "fréquente par procuration" certains auteurs,
qui vont jusqu’à dire que toute absence maternelle (y compris de quelques heures)
jusqu’aux deux ans de l’enfant lui cause des dommages neurologiques
irréparables…. Je trouve cela
très extrême et j’aurais plutôt tendance à penser qu’il y a un seuil
minimum à ne pas franchir, en deçà duquel l’enfant pâtit vraiment de
l’absence de sa mère, puis un espace où plus la mère est présente, mieux
c’est, mais qu’une présence à 100% n’apporte rien de déterminant par
rapport à une présence « la majorité du temps ».
« la mère » : oui...
mais quelle mère ? une mère épuisée, frustrée?
Il ne s'agit pas de sombrer dans ce lieu-commun du temps de qualité,
concept bien volontiers détourné pour donner bonne conscience à des
parents très très absents, qui se répèteront que passer un jour à
Disneyland tous les mois (temps forcément de qualité, vu l'argent
dépensé) vaut tout autant voire davantage que des
weekends à se promener en forêt et à jouer sur le tapis avec leurs enfants.
Mais
effectivement, "plus" d'un temps passé avec des parents pas à l'écoute,
excédés, peu patients, élevant la voix facilement voire tentés de
recourir à des tapes et autres pour faire "entendre raison" à des
enfants mettant leurs nerfs à rude épreuve... ne me semble pas forcément
très favorable, ni au développement de l'enfant, ni au développement de
relations harmonieuses avec ses parents, et les deux sont liés.
En somme, face à l'idée que "les enfants, c'est beaucoup de sacrifices", je dis "méfiance".
En somme, face à l'idée que "les enfants, c'est beaucoup de sacrifices", je dis "méfiance".
Oui, dans les faits, on sacrifie beaucoup à ses enfants. Beaucoup de confort, beaucoup de superflu. On grandit, on "s'élève soi-même".
Mais on a le devoir de respecter ses propres limites. On ne peut ni de doit sacrifier à ses enfants ce qui nous est essentiel.
Mais on a le devoir de respecter ses propres limites. On ne peut ni de doit sacrifier à ses enfants ce qui nous est essentiel.
C'est pourquoi je me suis tout à fait retrouvée dans l'article de Lise Isa ainsi que dans la hiérarchie des priorités reprise par Clotilde chez Holly Pierlot : à mes yeux, il est nécessaire de savoir écouter ses propres besoins pour être un bon parent (bon parent, "suffisamment bon", pour reprendre le concept libérateur de Winnicott, c'est-à-dire pas parfait. Parfait, on oublie. Ça ratera de toute manière, donc autant faire une croix dessus d'office, comme ça on avance).
Être en accord avec ses propres besoins pour pouvoir être à l'écoute de ceux des autres.
Un "charité bien ordonnée commence par soi-même" qui n'est pas égoïste.
Un "charité bien ordonnée commence par soi-même" qui n'est pas égoïste.
- Il ne s'agit pas de faire passer sa moindre envie en premier. Oui j'aimerais beaucoup, aujourd'hui, rester au lit au lieu de filer son petit déj à F.... mais bon, je vais quand même me lever.
- En revanche, si je réalise que j'aurais besoin d'une grasse mat' de temps en temps, comment puis-je l'organiser?
(pour approfondir cette réflexion sur la compatibilité entre besoins des parents et des enfants)
Je suis très attentive à ce point, notamment dans mes efforts pour accueillir les comportements de F. et de E. avec bienveillance, car comment ne pas réagir avec exaspération à la moindre humeur de ses enfants quand soi-même on ne s'autorise pas à ressentir son besoin?
Je perçois bien ma sensibilité à ce sujet... C'est ce qui explique en ce moment la "prudence" que soulignait Clotilde chez moi en commentaire de cet article, c'est-à-dire ma réticence véritable à "sauter le pas" / couper le cordon qui me relie au monde de l'entreprise : si je coupe ce cordon qui m'alimente beaucoup, aurai-je toujours le carburant nécessaire à être la maman que je souhaite être?
Je
suis suffisamment souvent témoin, chez moi comme chez les autres, de
situations où la réaction de l'adulte aux agissements de son enfant est
disproportionnée, incontrôlée parce qu'elle exprime bien autre chose.
Sur ce point j'ai vraiment eu le sentiment que la lecture d'Isabelle
Filliozat m'ouvrait les yeux.
Ne pas faire de mes enfants des soupapes, exige d'être vraie avec moi-même, et de m'avouer :
Ne pas faire de mes enfants des soupapes, exige d'être vraie avec moi-même, et de m'avouer :
- j'ai besoin d'aller travailler pour telle ou telle raison,
- j'ai besoin de ne pas aller travailler pour telle ou telle autre,
- j'ai besoin de moduler mon activité de telle manière parce que...
Les
raisons en question peuvent-être multiples, j'y reviendrai dans un
autre article [edit : ici]. L'essentiel à mes yeux est de ne pas évacuer ses
questions, ce que les facteurs externes abordés en première partie nous
incitent pourtant à faire en prétendant y répondre à notre place, une
fois pour toutes.
Ah oui, il faut être au clair avec ses besoins ... car "son" bien être est essentiel pour être bienveillant et assumer ses enfants!!
RépondreSupprimerUn peu extrême en effet cette histoire de troubles infligés aux petits...
RépondreSupprimerMerci pour la citation, heureuse de voir que mon message t'est utile.
Il y a quelques années j'ai rencontré une maman qui m'expliquait s'être sentie tiraillée entre son désir d'IEF et son désir de carrière, des années après elle a doublement réussi son pari ! Ses enfants sont diplômés, ils sont bien dans leurs chaussures et elle poursuit sa carrière alternative (elle a choisi de travailler dans le "bien-être") :)
Le secret : un équitable partage avec le papa, le recours à des aides extérieures.
Bonne poursuite de ta réflexion ! :)
Et bon rétablissement !
Ah mais c'est bien intéressant, ça !! il faudra que tu m'en racontes plus sur le sujet à l'occasion....
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