vendredi 30 mars 2018

Echange chambre contre babysitting en allemand : bilan intermédiaire et analyse (2/2)

Les enfants ont bien progressé en allemand, grâce à nos babysitters germanophones.

Petit focus maintenant sur ce qui était un des grands tests à l'aveugle de ces derniers mois : l'échange chambre contre services.

Là aussi, globalement un succès

  • des colocataires très agréables : j'ai mis beaucoup de soin à les choisir, et je ne saurais trop vous conseiller de faire de même. 
    • Échanges 
      • écrits :  très importants, ça donne aussi une idée du sérieux. J'ai ainsi récemment "boulé" un candidat potentiel qui n'était pas fichu de communiquer autrement, dès le départ, que par demi-phrases pleines de sous-entendus : au bout de plusieurs jours d'échanges, je n'avais toujours pas vraiment compris ce qu'il voulait, 
      • puis échanges par skype / téléphone, 
      • et récapitulatif écrit, ensuite, des conditions dont nous convenons ensemble.
    • Parmi les questions que j'estime importantes à poser
      • le positionnement par rapport aux enfants / question de l'autorité, 
      • la manière dont se passera le temps libre (va-t-elle passer ses journées étalée sur la canapé à pianoter sur son téléphone?). Je lui précise également que nous n'avons pas de télé.
      • mais aussi des questions plus concrètes sur le régime alimentaire suivi: j'offre la possibilité de prendre les repas avec nous, et je pense que, si les régimes alimentaires sont trop éloignés cela peut vite créer de l'agacement. Par ailleurs, je pense par exemple que vivre avec une végane ultra convaincue, au quotidien, pourrait être source de frictions: nous avons beau avoir réduit notre consommation de viande, nous consommons tout de même toujours beaucoup d'aliments d'origine animale, et je peux tout à fait comprendre qu'elle puisse avoir du mal avec cela. Et moi, j'imagine bien que ce regard critique pourrait finir par me peser également.
      • j'avais pris le soin de poser des questions sur le niveau de propreté
        • je ne voulais pas de quelqu'un de trop bordélique, et je me méfie ainsi un peu des personnes encore très fraîchement sorties de chez papa/maman : ramasser les affaires de quelqu'un derrière elle, non merci, j'ai déjà mon bazar à gérer; 
        • mais je ne voulais pas d'une grosse maniaque non plus : elle aurait été mal à l'aise chez moi (et moi je me serais sentie mal à l'aise) : même si, Flylady cahin-caha aidant, la maison est dans un état, à mes yeux, acceptable de propreté et de (dés)ordre, elle est loin d'être nickel.
 
  • elles ont beaucoup apprécié les repas : je cuisine bien, il est vrai, et la possibilité de les partager avec nous a été très largement utilisée. Je ne demandais pas de gros délais de prévenance: j'ai de toute manière tendance à cuisiner de grosses quantités, et puis, avec mes récipients en verre je suis devenue experte en gestion d'éventuels restes.
    • à noter que j'ai du réévaluer le prix demandé en échange de ces repas, car rien qu'avec du fromage, des fruits à tous les repas, etc, j'étais perdante

  • Un deal financièrement intéressant : sans conteste, c'est assez économique ! Au vu des prix de l'immobilier francilien, et du cout d'une heure de babysitting ici, c'est bien pratique pour tout le monde. 
    • Je précise que j'ai choisi d'appliquer un tarif horaire très incitatif : mon but n'est pas qu'à la fin du mois, on me doive encore des sous, mais qu'on soit content de chaque heure de babysitting que je propose, car elle permet d'alléger significativement la facture. 
    • Et nous, cela nous a permis de sortir en couple au resto, ou chez des amis, de manière régulière, et sans stress aucun sur l'heure du retour. Je me suis aussi permise de déserter le domicile familial certains des soirs où Monsieur Bout était absent : tant qu'à ne pas le voir, zou, soirée entre filles chez une copine.

  • le partage de l'espace vital : c'était un gros point d'interrogation pour nous, et l'une des raisons pour lesquelles nous étions contents de commencer "doucement"; notre première coloc ne venait que pour deux mois. Eh bien, finalement cela s'est avéré vraiment très peu pesant ! Ceci dit, je pense que deux aspects contribuent puissamment à ce constat chez nous 
    • habiter une maison aide par rapport à un appartement : toutes les pièces ne sont pas sur le même palier. Notre maison à nous étant sur 3 niveaux, on n'est pas tout le temps dans les pattes les uns des autres. Même Monsieur Bout, plus jaloux de son intimité que moi, et au départ assez réticent au projet, n'y voit finalement guère d'inconvénients !
    • nous proposons une chambre dotée de sa propre salle de bains, donc on ne partage ni les poils et cheveux épars, ni les traces de dentifrice, ni le linge laissé en boule dans un coin, et on n'a pas à piaffer parce que l'autre met 2 ans à se doucher...
    • 3ème aspect (oui, j'en avais annoncé 2. Mais je ne sais pas compter) : nous avons opté pour une vie un peu en "famille" : il ne s'agit pas que notre coloc reste cloitrée dans sa chambre, nous discutons volontiers, passons des soirées tisanes au coin du feu, etc. C'est un choix, il nous convient à nous! (et influe sur le choix de la personne)


Alors justement, le choix n'est pas évident : trouver quelqu'un qui va correspondre... et correspondre aux enfants !

Si nous, adultes, nous sommes très bien entendus avec notre première colocataire, M-A., le fit avec les enfants moyens fut très moyen, malgré le soin que j'avais pris de lui expliquer nos manières d'éduquer. 
Mais à sa décharge, 
  • M-A. est arrivée au moment où nous touchions le fond avec F.: moi non plus, extérieurement, je n'aurais pas trouvé que le comportement de F. portait vraiment crédit à nos méthodes d'éducation ! 
  • Ajoutons à cela qu'à son arrivée, les couchers se passaient toujours très mal (même si nous avons séparé les enfants juste avant son arrivée), donc cela aussi n'était pas un spectacle très encourageant. 
  • Cerise sur le gâteau : nous-mêmes, nous avons été complètement désarçonnés par la manière dont F. a réagi à son arrivée. Il la tapait, l'insultait ! Nous n'avions jamais vu cela, et nous n'avons pas su comment réagir au départ.
Bon, je vais vous épargner tout de suite l'erreur que j'avais faite, et qui avait contribué grandement à l'entrée en guerre de F. contre notre première coloc : dans les premiers temps après le déménagement, une manière (très agréable, mais bon) des enfants de s'approprier leur nouveau logement était de déclarer à tout visiteur "c'est pas ta maison", d'un ton bien péremptoire. 
Quand M-A. est arrivée, elle a eu droit au même traitement. 
Et j'ai repris "si, c'est un peu sa maison". 
ERREUR FATALE!
Je ne l'ai compris qu'en discutant avec la maman autrichienne qui les garde les mardis, puis en posant, du coup, la question à la psy que nous voyions à l'époque : ma réponse chamboulait les repères de F.
  • la maison = la famille, 
  • est-ce que cette personne faisait partie de la famille maintenant ?
  • mais alors, est-ce que le fait qu'elle restait peu longtemps signifiait qu'on pouvait appartenir à une famille puis ne plus en faire partie ? 
Si vous ajoutez là dedans les angoisses de séparation de F. (dont nous avons pris conscience peu de temps après) :  oui, évidemment, ça formait un cocktail explosif !! 
Et a donc déclenché des réactions violentes de F. : il combattait une invasion de son territoire. 
Une fois compris cela, j'ai pu faire amende honorable auprès de F. 
"Tu sais, je t'ai dit des bêtises, ce n'est PAS DU TOUT sa maison, elle a une maison ailleurs. Elle vit juste chez nous, c'est notre maison à nous" 
(et j'ai demandé à notre coloc de profiter de la première occasion pour montrer des photos de sa maison à elle aux enfants). Cela a permis une amélioration très nette des choses.

Mais bon, le mal était fait : d'une part, nous nous sommes retrouvés face à quelqu'un qui, parfois, estimait clairement mieux savoir que nous comment élever nos enfants... Et de l'autre, elle a eu un peu tendance à verser dans le rapport de forces
Du coup, les premiers temps ont été ultra compliqués, j'ai un peu regretté cet "essai".
 J'étais tendue quand ils étaient l'un en présence de l'autre car la moindre interaction pouvait partir en vrille, et l'idée de les laisser seuls... brrrr ! Heureusement, comme cela s'est ensuite détendu dès que j'ai pu dépatouiller mon erreur, F. a pu se montrer sous un jour meilleur, et M-A. aussi a fait des pas vers lui. 
Moralité, même si ce n'était pas parfait, ça a permis de les laisser quand même tranquillement.
En revanche, moi qui m'étais aussi imaginée des débuts de soirées roroses où, parfois, elle serait allègrement en train de jouer / lire avec les enfants pendant que je cuisinerais, j'ai du abandonner cet espoir, les relations n'étant jamais assez bonnes pour que, en ma présence, les choses puissent vraiment bien se passer avec elle.

Notre deuxième coloc, G., (actuellement encore chez nous) s'est trouvée être un choix un peu décalé : elle a en effet la cinquantaine... 
Quand elle m'avait contactée, j'avais commencé par avoir pas mal de réticences, mais j'ai pris le soin d'aborder de front chacun des points concernés pendant les quelques conversations téléphoniques que nous avons eues et... je ne regrette pas d'être allée au-delà de ma première réaction ! 
  • c'est très agréable d'avoir quelqu'un à la maison qui est habituée à gérer la sienne : elle voit ce qu'il y a à faire ! 
    • Quel plaisir de descendre le matin après avoir habillé les enfants, et de trouver un lave-vaisselle vidé et des fruits épluchés sur la table du petit déjeuner.
    • Ou, en plein créneau IEF, d'entendre l'aspi grignoter les miettes dans la cuisine...
  • mais surtout, G. est à la fois très fine et souple dans sa gestion des enfants, pas du tout dans l'autorité, et beaucoup dans le jeu, les rires, et le positif. Ils l'adorent.
Nous nous entendons merveilleusement bien, regrettons que sa vie familiale l'oblige à repartir comme prévu fin avril, et sommes bien d'accord pour voir comment elle pourra s'arranger pour revenir passer une période assez longue à la maison l'hiver ou le printemps prochain.

séance organisée par G. en mon absence : peinture d’œufs pour décorer la maison en vue de Pâques. Un autre avantage de ce genre d'expériences, c'est que les enfants goûtent à des activités différentes de celles proposées par maman !

la question du taux de présence

  • notre première colocataire étant en stage la journée, je trouvais que c'était vraiment un bon système pour ne pas se marcher sur les pieds : j'étais seule chez moi les jours de semaine. Du coup, c'était le babysitting du soir qu'elle prenait en charge (1 à 2 soirs / semaine). Je pense que c'est vraiment une chouette solution pour tester la cohabitation avec quelqu'un d'extérieur à la famille.
  • notre seconde colocataire n'ayant pas d'obligations particulières, nous étions parties sur un nombre d'heures plus important (elle perçoit donc de l'argent de poche), et finalement, vu comme ça se passe bien, j'apprécie !  En plus du babysitting du soir, G. assume 
    • un jour par semaine, de 11h30 à 18h : sitôt le créneau IEF terminé, elle prend le relais, part en ballade avec eux puis gère le reste de la journée, 
    • mais aussi quelques heures éparses dans la semaine : ainsi, le lundi, après le créneau d'école, là encore, elle part 1h30 à 2h avec eux pour une graaande ballade, et moi j'ai ma maison pour moi jusqu'à leur retour pour un déjeuner tardif suivi d'un bon repos puisque la ballade les a bien dépensés.
Autant vous dire que je me suis bien habituée à ce surcroît de soutien, et que je me dis que, si par hasard notre future colocataire n°3 peut elle aussi offrir une assez grande disponibilité, je ne cracherai pas dessus ! Surtout que cela serait précieux pour faciliter ma logistique de fille-un-peu-en-train-de-reprendre-une-vie-pro.

Au point que j'ai sérieusement réfléchi à sauter le pas vers une solution que j'écartais pourtant clairement l'été dernier : la jeune fille au pair. A la fois pour m'assurer un soutien plus conséquent au quotidien, mais aussi parce que, vu le temps pris par le processus de sélection, je ne serais pas mécontente de m'assurer quelqu'un pour une période plus longue. Et enfin, parce que, pour les enfants aussi, cela fait tout de même une rupture affective à chaque fois...
Mais... malgré cela, pour le moment, je n'ose pas : 
  • discuter avec des copines ayant de l'expérience de jeunes filles au pair me montre quand même que ce n'est pas évident de confier autant de responsabilités à des demoiselles plus ou moins expérimentées (entre du babysitting du soir, et la gestion d'une journée complète, il y a une différence!), une copine me parlait de 1 à 2 mois à investir avant qu'elles gèrent bien, hum, mouais, ça ne m'emballe pas...
  • et puis le cadre règlementaire assez étroit autour du statut d'au-pair ne me convient pas. Et notamment le fait que normalement on ne doit pas demander plus de 6h/ jour: ça ne correspond pas à mes besoins, en particulier celui de pouvoir confier mes enfants une journée entière si je bosse cette journée là !



Dernier point et conclusion : avoir osé ouvrir notre porte à des "étrangers" m'a permis de m'apercevoir de tout ce que cela peut nous apporter, pour des inconvénients finalement bien moindres que ceux envisagés.
A l'arrivée, je constate bien que ce mode de vie plus "en tribu" me convient bien. Là encore, finalement, se recrée un bout du fameux village : je trouve un soutien bien utile, une compagnie adulte, et notre colocataire peut compter sur une ambiance chaleureuse, des petits plats mitonnés, et de la conversation.
Du coup, il est clair et net pour nous que nous chercherons à maintenir cet arrangement le plus longtemps possible : si numéro 3 daigne pointer son nez, nous ferons notre possible pour continuer à avoir une chambre à proposer en casant 2 enfants dans la même chambre (on y croit...).


mercredi 28 mars 2018

Mode de garde en allemand & échange chambre contre services : bilan intermédiaire et analyse (1/2)

Cela va faire bientôt 6 mois que nous avons déchargé nos cartons dans notre nouveau chez-nous. (Notez que j'ai écrit "déchargé", et non "déballé"; car je confesse que je suis tout juste, enfin, en train de déballer les tout derniers)
Tant qu'à quitter Strasbourg (bouhouhou), j'avais tâché de profiter, au moins, des nouvelles possibilités offertes par le fait d'habiter en région parisienne.
C'est, globalement, quelque chose que nous avons jusqu'ici, pas mal réussi à faire à chacun des endroits où nous avons habité, et je trouve que cela aide vraiment à digérer les déménagements: nous faisons notre maximum pour, à chaque fois, profiter des avantages propres à notre région. 
Certes, ils nous manquent après, mais au moins on a le sentiment d'avoir vraiment goûté les "spécialités" régionales. Ce mode de fonctionnement nous permet d'éviter de rester dans des comparaisons / regrets stériles une fois partis, puisque nous sommes occupés à exploiter les points positifs de notre nouvelle région.

Parmi ces avantages : le gigantesque melting-pot qu'est l'Île-de-France, melting-pot dans lequel on retrouve un certain nombre de personnes d'origine germanophone, et donc, la possibilité de faire garder les enfants "en allemand".

J'ai souligné à quel point ces heures de garde sont importantes pour mon équilibre personnel, et je vous avais parlé de mes plans "garde" pour cette année, voici le moment d'un premier bilan, avec un peu d'analyse des enseignements tirés, ce qui pourra toujours servir à l'une ou l'autre d'entre vous.

Pour mémoire, nous avons eu recours à la fois à
  • des personnes venant de l'extérieur pour garder les enfants à mon domicile, 
  • et un "colocataire-babysitter" : échange de notre chambre d'amis contre des heures de babysitting.

Effets sur la l'appropriation de la langue : très positifs !! 

Je suis absolument ravie : bien entendu, les enfants ne sont pas devenus bilingues en quelques mois, mais cette exposition fréquente à l'allemand a indéniablement porté des fruits :
  • à la fois directement et indirectement, dans le sens que, l'allemand étant plus parlé dans notre quotidien, il m'a également contaminée (et Monsieur Bout également, du reste) . Parlant plus souvent allemand avec les différentes personnes, il a donc été plus facile, plus spontané, pour moi, de le parler avec mes enfants : une grosse partie des phrases des repas, ainsi que de celles des phases d'habillage / deshabillage, par exemple, se fait dorénavant en allemand.
  • La compréhension a énormément progressé, de nombreuses phrases simples du quotidien sont maintenant comprises.
  • cela a été favorisé par, et favorise en retour, la lecture d'albums en allemand. La maman autrichienne qui vient les garder le mardi, notamment, lit énormément avec eux, et du coup ils l'acceptent très bien, et se familiarisent avec cela au fur et à mesure.
  • Appropriation affective : même si F. continue parfois à prétendre qu'il ne veut pas parler allemand, et qu'il n'aime pas ça, ce discours se mêle aussi à d'autres affirmations assez fières où il explique qu'il va apprendre l'allemand aux copains de la résidence. Et dans les faits, il a très souvent recours à des mots d'allemand. Certains mots, d'ailleurs, se sont si bien ancrés émotionnellement chez lui qu'il les utilise de préférence à leur équivalent français : "on a vu le Hund aujourd'hui", "oh, le joli Luftballon !"
  • Là où ils n'employaient à l'époque, au mieux, que des mots isolés, ce sont maintenant des petits groupes de 2 ou 3 mots, voire quelques petites phrases : entendre E. chercher partout son niania (nom qu'elle a donné à son doudou) et s'exclamer en le retrouvant : "Da ist Niania !!"...
  • A noter: E. avance plus vite que F., à la fois sur le plan de sa compréhension et de son expression. Je suppose que c'est à la fois du à son plus jeune âge, au fait qu'elle n'a pas les casseroles émotionnelles de son frère, et à son intérêt de toute manière jamais démenti pour tout ce qui a trait au langage.

A noter : parler dans une langue étrangère, de manière conséquente, à un enfant qui ne comprend pas toujours très bien ce qu'on lui dit, ce n'est pas facile. C'est le cas des Bébous: pour rappel,voici ce que nous faisions jusqu'à présent pour les familiariser avec la langue.
Du coup, ce défi a été plus ou moins bien géré par les différentes personnes qui se sont occupées d'eux les derniers mois. Nos statistiques extrêmement représentatives (4 personnes) tendent à montrer que 
  • les personnes ayant plus d'expérience avec les enfants (celles en ayant déjà eu elles-mêmes) s'en sortent mieux, car elles savent déjà mieux s'adapter au niveau de communication de l'enfant en ayant recours au non-verbal pour compléter, là où les plus jeunes (étudiantes) sont encore énormément dans le verbal et se sentent donc plus facilement démunies quand elles ne peuvent pas s'appuyer dessus. 
  • Par ailleurs les premières savent aussi mieux imposer, tout en douceur, l'allemand malgré les réticences de départ de leurs jeunes interlocuteurs (s'emparer d'un livre et y aller franchement, enchaîner les mots à consonance marrante, avec grimace assortie, etc).
  • Enfin, last but not least, meilleur est le niveau d'entente entre l'adulte et l'enfant, mieux ça passe. Mais bon, là, j'enfonce des portes ouvertes.

En général, j'ai remarqué que, du coup, les "plus jeunes" avaient davantage besoin que je les encourage à employer l'allemand avec les enfants, et que je souligne qu'ils comprennent déjà une partie de ce qui leur est dit. Leur partager quelques astuces a aussi été utile pour qu'elles se sentent mieux armées pour gérer cet aspect : par exemple, de répéter les mots / bouts de phrases dits en français par l'enfant. Si l'un dit "oh, un arbre", répéter "jaaaa, da ist ein Baum !", ou réagir à un "je veux boire !" d'un "ach, du möchtest trinken ?" avant de servir le verre demandé.


En conclusion sur cet aspect : je suis ravie de m'être bougée pour "germaniser" l'environnement des enfants. Les résultats sont là et je continuerai sur ma lancée.
Je suis également bien contente de pouvoir compter sur différents relais en même temps : la garde extérieure, et l'accueil d'une personne germanophone dans notre chambre libre.
Ce dernier point fera l'objet de la 2ème partie du billet, car j'étais pleine d'interrogations à ce sujet, interrogations auxquelles nos premiers mois de tests ont apporté un certain nombre de réponses.

jeudi 22 mars 2018

IEF : continuer ou pas?

La décision de faire IEF repose souvent sur tout un ensemble de raisons
Mais entre ce qu'on imagine et ce qu'on vit, en particulier avec ce que la vie comporte d'imprévus, cela peut changer... et certains constats peuvent venir orienter, voire ébranler le projet.


Quand je me projetais dans notre futur strasbourgeois, notre école-maison me semblait avoir incontestablement de beaux jours devant elle chez nous:
  • ça allait globalement bien, F. progressait tout à fait correctement même si je trouvais qu'il était parfois difficile de le mettre / garder au travail : mais tout de même, 
  • j'appréciais globalement bien ma vie de maman IEFeuse, nous profitions énormément du rythme familial que cela permettait, et de beaucoup d'autres avantages de l'IEF 
  • mes ambitions professionnelles s'étaient pas mal tiédies et je me satisfaisais de perspectives d'activité pro très minimales 
    • principalement constituées d'interventions ponctuelles dans l'enseignement supérieur, dans un premier temps; 
    • à plus long terme (mais vraiment à plus long terme), je réfléchissais à rajouter à cela un peu d'animation d'ateliers Faber et Mazlish
    • mais bon, tout cela allait rester très minime et en aucun cas empiéter sur ma disponibilité pour l'IEF
    • et même si financièrement, nos perspectives à moyen terme pouvaient évoluer de manière moins confortable, cela pouvait rester encore compatible avec une activité aussi réduite, pour peu qu'on fasse des efforts de budget ailleurs.
  • aucune école proche ne pouvait me tenter, une fois que j'avais admis que celle de Saint-Dié était trop éloignée; l'IEF n'avait donc pas de concurrent "valable".
Du coup, bien que décidée à aborder la décision chaque année avec un œil neuf, je me voyais bien partie looongtemps en IEF (et je comptais bien que, chaque année, un Monsieur Bout encore un peu tiède à l'idée de tenir "trop longtemps" nos enfants éloignés de la "normalité", se laisserait convaincre de faire une année de plus.)


Puis vint le déménagement; et avec lui quelques effets collatéraux non-négligaables.
  • J'en avais identifié un immédiatement : la présence d'une chouette école Montessori (avec des vrais morceaux d'allemand dedans !) à proximité, me fournissait une alternative potentiellement acceptable (à 2-3 détails près : vérifier le sérieux et la bienveillance de la structure / des personnes qui la font vivre; et ... le coût, bien entendu)
  • D'autres me prirent par surprise : et notamment, le bouleversement causé par ce déménagement chez nos enfants, et notamment F.: d'abord traduit par des couchers pourris, il prit de l'ampleur et rendit le quotidien avec F. plus ou moins invivable.


Du coup, à Noël, le bilan provisoire "pour ou contre la poursuite de l'IEF" n'était pas brillant.

  • confiance dans l'avenir du projet (notamment aux yeux de Monsieur, mais pas que) un peu mise à mal
    • en effet, la première victime collatérale de ces soucis de comportement avait été notre créneau d'IEF quotidien : sitôt aménagée notre nouvelle et sublime salle de classe, celle-ci était très vite devenue le théâtre de conflits tels que j'avais préféré, prudemment, oublier pour un temps ledit créneau d'IEF, pour me focaliser sur la reconnexion.
    • A Noël, cela faisait 2 mois qu'il avait disparu, rien ne permettait d'espérer qu'une reprise pourrait avoir lieu dans de bonnes conditions, ça n'augurait rien de bon !

  • IEF, cela signifie "Instruction en Famille": il s'agit donc de lier très étroitement (ou de ne pas séparer, plutôt), certains apprentissages à la vie en famille. Pas évident, quand la vie en famille se passe mal. Or justement, avec le déménagement le comportement de F. est dévenu de plus en plus inquiétant: opposition, conflits, terreurs de séparation, mais aussi extinction quasi-totale de toute envie d'apprendre, de progresser, ou même de faire seul.
    • En parallèle, je remarquais bien qu'il était moins dans l'opposition, et plus intéressé pour manifester au moins un zeste de curiosité, en mon absence / avec d'autres personnes que moi.
    • Alors, à quoi bon continuer l'IEF si au fond, mon enfant, du fait de souffrances profondes, apprenait finalement beaucoup mieux avec quiconque d'autre que moi ? 
    • En décembre nous avons commencé à voir quelqu'un pour gérer tous ces problèmes, finalement identifiés comme en lien avec une grosse angoisse de la séparation qui avait engendré un refus de grandir chez F., et l'idée de le rescolariser l'an prochain a progressé dans ma tête : si son angoisse le conduisait à vouloir être un bébé avec moi pour mieux me garder près de lui, et donc à ne rien apprendre en ma présence, notre IEF était mal partie : sans doute valait-il mieux dissocier autant que possible les moments d'apprentissage des moments avec maman... 

  • Présence d'une alternative valable : l'école Montessori, où il allait une fois par semaine pour un cours d'allemand, m'a tentée de plus en plus : je voyais bien qu'il y était bien, et plus d'un signe m'avait rassurée sur l'approche très bienveillante (tout en sachant être guider l'enfant vers le meilleur) du personnel éducatif.

  • Alternative valable, certes, mais aussi valant... trèèèès cher : le coût est un aspect à prendre en compte, et les frais bien supérieurs à ce que coûte une IEF lambda me poussaient à espérer que la situation devienne suffisamment gérable pour que je puisse au moins attendre encore un an (l'année des fameux 6 ans) pour scolariser F. / ouvrir mon portefeuille ! 
    • mais un effet collatéral des difficultés rencontrées avec F. est que, alors que le hasard mettait sous mon nez de nouvelles possibilités professionnelles, ces difficultés m'ont donné justement très envie d'aller respirer un autre air que celui de ma maison. Ce qui permettait de financer les frais de scolarité.
    • Passer moins d'un temps conflictuel avec mes enfants, pour leur permettre d'apprendre sereinement loin de moi pendant que je faisais quelque chose d'épanouissant, et nous retrouver ensemble de manière plus brève, certes, mais plus apaisée... Une perspective à considérer.

  • Nouvelles perspectives professionnelles d'autant plus difficiles à négliger que, de nouveau, des réflexions pro du côté de Monsieur laissent augurer des changements de niveau de vie assez conséquents à moyen terme. Or, autant en Alsace nous pouvions digérer ces changements en revoyant uniquement la partie "dépenses" du budget, autant en région parisienne, avec un crédit tout frais sur le dos, il sera nécessaire de faire quelque chose pour gonfler la partie "revenus" : que la Gwen vienne compenser, au moins en partie, la diminution du chiffre figurant dans la ligne "Salaire Monsieur Bout". 


  • Et enfin, dernier point qui s'est peu à peu cristallisé : je suis toute contente, en ce moment, de consacrer beaucoup de temps à une petite reprise pro. Cette reprise pro est calibrée de manière à permettre, en parallèle, la tenue de nos créneaux IEF. Et je consacre un peu de temps aussi à la préparation de notre IEF. Mais justement, l'IEF, cela demande bien un double investissement : le temps passé avec l'enfant, mais également le temps de préparation
    • C'est là que le bat blesse : aurai-je le temps de préparer une IEF plus lourde ? En d'autres termes, que se passera-t-il quand F. aura atteint l'âge de l'instruction obligatoire, qu'une inspection nous pendra au nez, et qu'il me faudra (sauf unschooling mais ce n'est pas la voie que j'envisage) structurer et donc préparer davantage notre IEF ? 
    • Aurai-je le temps... et surtout, l'envie ? 
      • Je le vois bien en ce moment : quand je prends du temps pour avancer sur mes dossiers en cours, je vais plus spontanément vers ce qui se rapproche du pro, que de l'IEF. Ce n'est pas grave, je gère à la cool, en me disant que dans la pédagogie Charlotte Mason, de toute manière, c'est "rien de formel avant 6 ans". Donc ce que je fais c'est bien, si je ne fais rien c'est bien aussi. Argument qui fonctionne très bien... avant 6 ans. 
      • Bref, je ne suis pas sûre d'avoir envie d'investir autant de temps que ce que j'admire chez les voisines, pour concocter de jolis programmes assurant à mes enfants l'acquisition des connaissances nécessaires chaque année.


Vraiment, la décision de faire / poursuivre l'IEF, c'est un choix à tiroirs ! 
De nombreux facteurs rentrent en ligne de compte, et il faut considérer les besoins de chacune des parties prenantes
  • besoin de l'enfant,  
  • besoin du parent IEFeur, 
  • besoin aussi de l'autre parent (chez Monsieur Bout : être rassuré). 
Et il y a aussi les besoins des autres membres de la famille : quel serait l'impact, sur E., d'une scolarisation de F. ? 
  •  Elle perdrait son compagnon de jeux et d'apprentissages, au moins pendant une grosse partie de la semaine. 
  • Et en ce moment notamment, l'effet d'entraînement de la présence du plus grand est incontestable. Un exemple au parmi tant d'autres : à force d'être à proximité quand F. manie ses lettres rugueuses, E. commence à en reconnaître un certain nombre, et manifeste beaucoup d’enthousiasme pour le sujet.



Etat des réflexions chez nous :

F. allant teeeeellement mieux (et étant, du reste, encore sur une pente ascendante : les progrès continuent !!), cela se voit aussi sur les apprentissages, et je ne me pose plus la question de la scolarisation l'an prochain: ce sera IEF, et ce sera très bien : 
  • garder le rythme fort agréable que nous avons à présent réussi à prendre, 
  • garder tous les avantages de l'IEF, 
  • et garder... mes sous: j'aurai d'autres manières de me libérer du temps pour faire vivre mon bébé, ma micro-entreprise toute neuve.
La question demeure en revanche ouverte pour l'année suivante, et va me demander quelques efforts d'organisation et d'introspection : quelle part de mon énergie suis-je prête à investir pour qu'une IEF soumise à inspection se passe bien ? 
Une alternative sur laquelle je pourrai également me pencher, et qui pourrait m'éviter de jeter le bébé avec l'eau du bain, sera de passer par un CPC. Mais là encore, il y a le coût, il y a le temps passé à choisir ZE Cours Par Correspondance auquel je ferai confiance, l'énervement possible si des choses ne m'y conviennent pas / ne conviennent pas à mon enfant, voire le temps passé à "adapter", qui pourrait réduire à néant l'intérêt d'avoir recours à cette aide.

Bref, beaucoup de réflexions en cours, que j'ai voulu partager avec vous car elles illustrent bien, je pense, la complexité du choix et la diversité des réponses qu'on peut donner à cette question :
 IEF, continuer ou pas ?





dimanche 18 mars 2018

Cher public, fais-moi de la pub dans le 78 !

Je n'ai pas eu le temps de fignoler le billet que je voulais vous envoyer demain.
Faut dire, hein, une grossesse gémellaire, ça occupe !
(pour celles qui s'étoufferaient avec leur café, je vous invite à aller rattraper votre retard ici. Le truc drôle, c'est que plusieurs copines "de la vraie vie" mais qui lisent mon blog ont commencé par m'insulter dans leur tête à la lecture des premières lignes dudit billet. Huhuhu.)

Ceci dit, l'heure est grave : autant le cycle d'ateliers Faber & Mazlish que je démarre en mai juste à côté de chez moi commence déjà à se remplir et je ne me fais pas de souci, autant celui que je suis sensée démarrer dans même pas 15 jours à une demi-heure de chez moi manque cruellement de participants !! (au point que si ça ne s'arrange pas, je serai obligée de l'annuler)

Alors, très cher public, une fois n'est pas coutume, je t'invite à faire de la retape : si dans ton entourage, tu as des familles 
  • qui habitent dans le Sud-Ouest des Yvelines (78), du côté de Dreux / Rambouillet, 
  • et qui sont susceptibles d'être motivées pour découvrir et s'approprier des outils efficaces et pragmatiques pour communiquer avec leurs enfants et s'offrir une vie plus sereine avec eux, 
  • le tout dans une ambiance 1. de soutien, 2. un peu rigolote quand même, 
c'est le moment de leur avouer 
  • que, de temps en temps, tu lis un blog avec une nana un peu chtarbée 
  • et que fraaaanchement, l'occasion de la voir 7 soirées (!!) étalées de fin mars / début avril (il est possible que je décale le début d'une semaine, y a une intéressée que la date du premier atelier bloque) à début juin, ça ne se rate pas !
Tu pourras toujours prétendre que tu ne lis que les recettes de cuisine sur mon blog, mais que par hasard tu as vu que je proposais ce genre d'ateliers, et que vu la pédagogie avec laquelle je transmets mes connaissances culinaires, il n'y a pas de doute que des ateliers avec moi seront absolument époustouflants.

Bref, heeeeelp, 
           transmettez ce vibrant appel à s'enrôler sous les drapeaux, 
                        taguez votre meilleure amie, votre belle-sœur, la belle-sœur de votre meilleure amie et vos arrières-cousins au 3ème degré sur FB, 
                                          recontactez les amis perdus de vue (je vous fournis un prétexte en OR!): 

Engagez-vous, rengagez-vous !

  • C'est les mardis soirs, et j'ai bien entendu évité tous ceux impactés par des jours fériés, ponts, vacances scolaires, etc.
  • c'est chez une sage-femme donc on peut y emmener son bébé tout fraîchement pondu, 
  • c'est à 20h donc on a le temps de dîner, 
  • et en plus y aura des petits gâteaux (si si. Comme quoi je suis prête à tout, MÊME à partager MES petits gâteaux à MOI).
  • Et même, même, si ils ne sont pas sûrs d'accrocher, je leur propose de venir juste à la première séance avant de s'engager ensuite pour le cycle entier (je ne prends pas gros risque, là : chez celles de mes consœurs-animatrices qui ont employé ce subterfuge infâme, il y a toujours eu 100% de transformation. Je suis une rusée renarde !)
Avec un descriptif pareil, hein, je m'attends à voir ma boîte mail exploser.
Bien cordialement !

(Punaise, si avec tout ça je ne décroche pas le Prix Goncourt du plus beau titre de billet de blog !)

Gambais, c'est près de Houdan, et à 20 minutes de Rambouillet et de Dreux. Si y a besoin d'avancer l'heure un chouilla, pour finir un peu plus tôt, c'est envisageable.

 

vendredi 16 mars 2018

Faber et Mazlish, et leurs ateliers, c'est quoi ?

Cela fait belle lurette que je vous parle de Faber et Mazlish, et, un peu comme au départ pour Flylady, je n'ai jamais pris le temps de pondre un billet synthétique résumant un peu de quoi il s'agit.

Or, 
  • le sujet n'est pas voué à s'épuiser, mais au contraire continuera à être présent sur le blog au vu de mes nouveaux projets.
  • vu la diversité des thèmes abordés ici, une partie de mon public débarque sur le blog sans trop avoir entendu parler de ces "Fab-et-quoi ?".
Il est donc grand temps de donner quelques clés de compréhension,  histoire de pouvoir ensuite décider, ou non, de creuser un peu plus le sujet.

Voici donc en 3 points, ce qu'on peut dire de Faber et Mazlish.


1. Il s'agit d'outils destinés à une meilleure communication entre parents et enfants

C'est donc une "philosophie éducative", mais pas au sens où on va vous donner des préceptes à la "pas de télé en semaine" ou "il doit savoir dire merci à 2 ans" .
Le point de départ est de constater qu'on essaie de délivrer un message à son enfant (l'inviter à être responsable, par exemple), et que très souvent, la manière dont on s'y prend manque son but et on finit en conflit; non que le conflit soit en lui-même toujours mauvais. Mais très souvent, ce conflit est inutile puisque l'enfant n'en ressort pas plus responsable, pour rester sur cet exemple de valeur qu'un parent pourrait vouloir transmettre.
Avec Faber et Mazlish, on ne détermine pas pour nous ce que nous sommes sensés vouloir transmettre à notre enfant; on découvre des moyens de transmettre efficacement les valeurs qui comptent à nos yeux.


2. Cette philosophie éducative se base sur les travaux d'un psychologue pour enfants nommé Haim Ginott, et a ensuite été développée par deux mamans américaines, Adele Faber et Elaine Mazlish; l'approche du Dr Ginott a été à l'origine de la plupart des courants de ce qu'on appelle aujourd'hui la parentalité positive

Tous ces courants ont comme point commun, notamment, d'inviter à considérer davantage les choses du point de vue de l'enfant, à se mettre dans sa tête pour comprendre ce qu'il ressent. Et, oups, une fois dans sa tête, on arrive mieux à percevoir en quoi nos manières de communiquer peuvent parfois nous emmener loooin de notre but de parents pourtant aimants!

Cette approche invite le parent à communiquer d'une manière qui 
  • n'associe plus l'enfant au "problème" et l'oppose au parent (ce que fait une phrase à la "tu es irresponsable, tu as encore oublié tes affaires à l'école"), 
  • mais met l'enfant en situation de résoudre son problème, associant ainsi enfant et parent, ensemble face au problème ("ce n'est pas facile de penser à ses affaires. Quelles idées pourrions-nous trouver pour t'aider à t'en souvenir ?")

Point important : il existe différents courants de parentalité positive. Un aspect qui m'a séduite chez Faber et Mazlish, c'est que à la fois, on cherche toujours à comprendre l'enfant, et à le respecter, et en parallèle on comprend et on respecte le parent aussi.
On n'est pas dans une logique en mode "tu as eu des enfants ? Eh bien sacrifie TOUT, oublie tous tes besoins, pendant 20 ans !", telle qu'elle est parfois présente en filigrane dans certains autres courants.

Cf cet article dans lequel je creuse la question des limites du parent.
C'est donc une approche à la fois équilibrée et réaliste.


3. Le réalisme de cette approche se voit aussi à travers les moyens pris pour la transmettre

  • une série de bouquins 

dont le plus connu est "Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent", mais il en existe plusieurs autres, dont un consacré à la gestion des relations dans la fratrie, intitulé "Frères et Sœurs sans rivalité"

La structure même de ces livres vise à permettre au lecteur de s'approprier peu à peu des outils concrets et efficaces
Dès qu'il pose le bouquin, il peut tester et constater par lui-même qu'en effet, décrire ce qu'il voit "je vois des chaussures par terre" au lieu des habituels "ramasse tes chaussures" ou  "mais QUI a encore laissé ses chaussures trainer ?" entraine une diminution drastique du nombre des conflits générés par ces &#@%$ chaussures. 

Les autres livres de la série ont tous le point commun d'être très concrets, avec de nombreux exemples, et immédiatement employables dans le quotidien

Si vous voulez une idée de ce que j'ai retiré de certaines de mes lectures F&M, voici
Pour des exemples de ce que ça donne au quotidien quand on teste, je vous invite à lire ce billet "Une Semaine en Parentalité Positive" et ceux de la même catégorie.



  • les fameux ateliers Faber et Mazlish
    • cycles de plusieurs rencontres (en théorie: 6 ou 7 selon le thème, qui durent minimum 2h. En pratique cela peut être condensé en moins de rencontres, mais plus longues, selon les contraintes d'organisation de l'animateur ou des participants) : on s'inscrit donc à l'ensemble du cycle.
    • 6 à 12 participants 
    • chaque séance est consacrée à un thème (par exemple, susciter la coopération, ou favoriser l'autonomie). A chaque fois des jeux de rôles permettent d'expérimenter les effets de différentes attitudes par rapport à ce thème là, et on passe en revue différents outils.
    • les séances étant espacées de minimum une semaine, on repart tester chez soi tout ce qu'on a vu
    • la séance suivante commence par un débriefing de la semaine
      • épaté, on raconte les situations au cours desquelles l'usage de ces nouveaux outils ont aidé
      • dépité, on partage ses échecs, problèmes, interrogations. C'est le côté SAV très appréciable : si l'outil ne fonctionne pas, on a 
        • de l'aide pour comprendre pourquoi, 
        • et des suggestions pour que ça se passe mieux 
        • ou on attire notre attention sur un outil mieux adapté: c'est là la force du machin : pour chaque problème, on n'a pas UN seul outil sensé tout régler, mais toute une série !
      • curieux, on écoute les expériences des autres et on réalise l'intérêt d'un outil qui nous avait semblé un peu trop exotique au départ 

    • les ateliers sont la plupart du temps payants: à la fois parce qu'un tel volume horaire demande beaucoup d'investissement de la part de l'animateur, mais aussi parce qu'il en demande beaucoup de la part des participants. Or une fois qu'on a payé pour quelque chose, on a davantage tendance à s'investir dedans "pour que ça porte du fruit, quand même".

Pour plus de détails sur le vécu des ateliers, allez donc lire le mien ici et . A moins que vous ne préfériez lire le retour d'un papa !
Notons que, parmi les gros avantages à suivre cela en couple, quand c'est possible, il y a
  • l'efficacité encore meilleure puisque les deux parents tirent dans le même sens
  • la diminution des conflits d'ordre éducatif au sein du couple : ce n'est plus un parent qui dit à l'autre ce qu'il doit penser ou faire
  • le fait qu'au contraire on s'encourage ("ah, ouais, dis donc, beau compliment descriptif !")
  • de beaux moments à deux quand après coup on échange en profondeur sur son vécu de l'atelier (de chouettes conversations sur le chemin du retour...)

 
Notons que ces outils sont également valables pour la gestion des enfants en collectivité, et ont été adaptés dans ce but dans un livre et des ateliers à destination des professionnels de l'éducation : personnel de crèche, d'écoles, de centres aérés, enseignants...: "Parler pour que les enfants apprennent".



Bref, cette approche a révolutionné mon vécu de parent, et à force de contaminer autour de moi, j'ai fini par m'investir également dans l'animation d'ateliers (dans le 78, du coup). 
Mais pour avoir une vision globale des possibilités autour de chez vous, c'est sur le site officiel : Rezoanimation.
Par ailleurs, si vous ne voyez rien près de chez vous, n'hésitez pas à vous manifester auprès de quelqu'un au pif: il fait remonter au réseau et hop, ça peut aboutir à monter un cycle ...



mardi 13 mars 2018

"Du bon usage des récompenses" - un Petit Bout du nouveau Faber et Mazlish même pas encore totalement sorti !

En parallèle de l'excellent "Qui veut jouer avec moi" de Lawrence Cohen, dont je vous partage de temps à autre des morceaux choisis accompagnés de mon expérience de mise en pratique, je suis en ce moment plongée dans un autre bouquin, au moins aussi excellent : j'ai nommé "Parler pour que les TOUT-PETITS écoutent...", ou plutôt "How To talk so LITTLE kids will listen": je dévore la version anglaise puisque la traduction française n'est pas encore sortie (mais c'est pour très très bientôt !!).
De quoi s'agit-il ?
D'un nouveau bouquin "Faber et Mazlish", mais écrit par la génération d'après : la fille d'Adele Faber, et la meilleure copine de ladite fille. Le principe étant d'adapter spécifiquement l'approche Faber & Mazlish à la vie avec des enfants de 2 à 7 ans.
Une super idée, car mon expérience à moi est bien que, certes, ces outils sont tout à fait opérants avec des enfants aussi jeunes que 2 ans. Mais que parfois, on met un peu de temps à comprendre comment les utiliser face à un public jeune.

Ce bouquin est absolument EXCELLENT, et je vous recommande vivement de vous jeter dessus dès qu'il paraîtra en français.
  • Sa première partie détaille les principaux outils F&M (y compris ceux visant à la gestion de la fratrie), sous l'angle spécifique de ce qui est particulièrement pertinent avec des petits
  • Sa deuxième partie passe en revue les principaux sujets de conflits avec des petits, et détaille toute une série de manières F&M de les aborder. Pour vous donner une idée, on a donc 
    • un petit chapitre sur le sommeil, 
    • un sur les repas, 
    • un sur la sécurité dans la rue, 
    • un sur la gestion des gestes médicaux désagréables (piqûres, médicaments immondes, etc), ... 
    • et ainsi de suite.
  • Notons également un chapitre spécifiquement dédié à l'adaptation de ces outils au quotidien avec des enfants à besoins spécifiques (troubles du spectre autistique, par exemple)

Appétissant, hein ?!

Bon, eh bien, je viens vous partager un petit point particulier issu du chapitre sur la résolution de problèmes, et dont on retrouve ensuite une application dans le chapitre dédié à la gestion des gestes médicaux désagréables. Un point particulier mais en fait très général, et qui illustre magnifiquement, à mon sens, la dimension profondément humaine et équilibrée des outils Faber et Mazlish.

Pour ceux qui lisent l'anglais, voici le petit bout en question.
Pour ceux qui ne le lisent pas : les auteurs ont évoqué l'inefficacité des récompenses, mais les réintroduisent tout de même dans le cadre d'une résolution de problèmes.


WHAT ?
Une récompense ?!
Mais c'est n'importe quoi !
Si vous ne l'avez pas déjà fait, allez donc lire chez Coralie l'excellent article dans lequel elle résume les raisons pour lesquelles récompenser n'est pas un système d'éducation efficace à long terme.

Mauvais usage des récompenses :
"si tu fais ceci, tu auras ça" / "ah, tu as agi correctement, alors tiens, tu as le droit à ça" 
L'action et la récompense n'ont pas de lien direct et naturel entre eux.
Alors que, par exemple, souligner qu'on a plus de temps pour jouer quand on s'habille rapidement n'est pas agiter une récompense, c'est juste mettre en valeur la conséquence naturelle de l'action.

Mais là, voici un bon usage des récompenses : le nouveau F&M nous invite à les appliquer comme nous nous les appliquons à nous-mêmes adultes: pour nous aider à surmonter un truc vraiment désagréable.
Quand on a essayé de se raisonner, de se mettre bien à l'esprit la raison pour laquelle il faut agir, de rendre les trucs plus fun, mais que franchement, la motivation n'est toujours pas au RDV : du style, allez, je fais 15 minutes de ménage, et ensuite, je m'offre une tisane dans le canapé. (Ça vous rappelle Flylady ? Normal, je vous l'ai déjà dit : Flylady et la parentalité positive, même combat !)
D'ailleurs, ma phrase est mal formulée. Il s'agit moins de les appliquer nous, ces récompenses, que d'inviter l'enfant à se les appliquer au cours de la démarche de résolution de problème : quelle est la perspective sympa qui pourra l'aider à traverser ce moment douloureux? C'est donc encore mieux si c'est l'enfant qui trouve des idées de "récompenses".
Et on notera que cet usage de récompense ne vient souvent qu'en dernier recours, après qu'on ait autant que possible essayé de mobiliser tout ce qu'il était possible de mobiliser niveau motivation intrinsèque.
D'ailleurs là-dessus, cela rejoint un peu un article très intéressant de S comme C sur la motivation, paru il y a quelques semaines, qui m'a interrogée, et que je n'ai pas fini de méditer.


Passons maintenant à la partie applicative de ce petit bout. 
Figurez-vous que pour une fois, elle n'est pas "home-made", mais tirée d'une conversation toute fraîche avec une de mes chouettes voisines.
Celle-ci culpabilisait parce que, pour aider sa fille (de l'âge d'E.) à accepter l'administration d'un suppositoire,
  • elle avait eu recours à la résolution de problème ("bieeeeen !" mode "Le Pari" on), 
  • mais que, dans le tas des idées retenues, y avait eu qu'après, elle irait regarder un épisode de Tchoupi ("paaas bieeeeen").
Ma copine-voisine étant en train de dévorer son premier F&M, et sur le point de participer à une de mes premières sessions d'ateliers, elle me dit, d'un air coupable
"Tu vois, j'y arrive pas encore. Là, j'ai raté : j'ai utilisé une récompense"

Eh ben non !
Ma voisine = Monsieur Jourdain : elle faisait du Faber et Mazlish sans le savoir... ;-)

dimanche 11 mars 2018

Naissance chez les Bout !


Une envie diffuse qui ne savait trop comment se réaliser, mais qui mûrissait depuis un bout de temps, des obstacles, des hésitations, des renoncements, puis hop, des rencontres, et l'envie d'oser qui a été la plus forte...

Me voici donc avec un 3ème bébé.



Comme l'augurait un de mes récents billets, j'ai la joie de vous annoncer la naissance de

ma Microentreprise
numéro de SIRET encore inconnu
naissance rapide et sans douleur pour cause de formalités quand même assez réduites
poids : 0 g pour cause de formalités en ligne

Rhô qu'il est mignon ! Il a les yeux de sa mère.


avec une double activité : (des fois que je m'ennuie)
  • 1. RH à temps partagé = intervenir en tant que consultante pour servir de RH à des boîtes n'ayant pas l'utilité d'un RH à temps complet. Pour vous donner une idée, la première mission sur laquelle je suis actuellement positionnée est de 4 jours par mois. J'attends la validation du client... Mais si ce n'est pas lui, ce sera un autre !
    •  Je ne savais pas que ça existait, ces trucs: du boulot intéressant, payé très correctement, et faisable à temps très partiel, donc compatible avec mon envie de passer du temps avec mes enfants, et même compatible avec l'école à la maison !!! J'avais plus ou moins lâché l'affaire, me disant que je devais choisir, 
    • et puis ce fichu déménagement a permis des rencontres qui ont à leur tour ouvert des portes insoupçonnées. Voilà donc un billet à placer, très clairement, dans la catégorie "c'est possible" de ce blog... OUI, en fait, là encore, y a moyen de moyenner pour concilier certains trucs semblant pourtant inconciliables niveau équilibre vie pro / vie perso. En vertu de quoi, me voici maintenant face à mon rêve devenu réalité !

  • 2. "accompagnement à la parentalité"= animatrice Faber & Mazlish. Je donne ma première conférence dans une semaine, mes premiers ateliers sont programmés pour débuter à la fin du mois (si ils se remplissent...), j'ai d'autres ateliers et une autre conférence de programmés à partir de mai. Cela m'occupera principalement en soirée ou le weekend, avec aussi quelques interventions ponctuelles en semaine quand il s'agira de déployer les modules destinés aux personnels de collectivités (écoles, crèches, etc).

Je cours partout,
        mon Bullet Journal, négligé depuis un certain temps, a repris du service pour permettre à mon cerveau en ébullition de garder le contrôle d'une to-do list tentaculaire, 
                   et surtout : je suis surexcitée !


(et, accessoirement, très très loin de là où je pensais être il y a 6 mois, 1 an, 2 ans...
Faites des plans, faites des plans !)

Dorénavant, appelez-moi "Cheffe" (d'entreprise) :D


vendredi 9 mars 2018

Ma nouvelle meilleure amie : la ludothèque

Un déménagement, ça a du bon, du moins bon, et puis ça demande en plus un temps d'adaptation.
Le temps de se faire de nouveaux repères, de prendre de nouvelles habitudes, etc.

Habiter les Yvelines, après avoir habité Strasbourg, ça change !
Et l'un de mes grands désespoirs était de perdre le bénéfice du Vaisseau, équivalent alsacien de la Cité des Sciences, et situé à 10 minutes de voiture de notre ancien logement: un lieu à l’intérêt inépuisable, mêlant amusement et édification des enfants, et détente de la maman (pour cause de boulot de surveillance vraiment minimal, propice à la lecture - si seule, ou à la papote avec une copine - si venues à plusieurs sous prétexte de permettre à nos enfants de se voir. L., A., A.L.,... je pense à vous :D). 
Un Joker utilisable à loisir, notamment pour les journées pluvieuses. 
Hélas, ça, c'était avant, et l'automne ayant été assez pourri, je me suis souvent dit "Aaaah, si seulement je n'avais qu'à les emmener au Vaisseau..."

Et puis, deux mois après notre arrivée dans notre nouveau chez-nous, j'ai mis les pieds à la ludothèque de notre petite ville. 
Après quelques ratés, du genre: 
  • se pointer un jour où c'est fermé parce que j'ai mal lu les horaires sur leur site, 
  • se pointer un autre jour et trouver encore porte close pour cause de fermeture exceptionnelle...

Listons un peu tous les avantages d'une ludothèque en général et de la nôtre en particulier.
Commençons par les plus "petits"...
  • sa situation : 5 minutes en voiture, à tout casser. Et généralement, il y a de la place pour se garer : idéal même pour une courte sortie entre une fin de sieste tardive et l'enchaînement bains-dîner.

  • sa situation, bis : le local est situé au cœur d'un parc équipé d'une aire de jeux, on peut donc coupler les deux, et par exemple prolonger la sortie ludothèque de dix minutes de jeux à l'air libre (quand les températures hostiles permettent d'envisager dix minutes, mais pas plus). A la belle saison, le ratio dedans-dehors pourra être revu.

  • sa situation, ter: au départ je n'y allais qu'en voiture puis l'exemple d'une copine m'a permis de réaliser que nous en étions à 15-25 minutes à pied (oui, large fourchette, hein, c'est selon la rapidité des enfants) : du coup, cela constitue un objectif idéal pour sortir les enfants. Je fais donc d'une pierre deux coups : coupler jeux et exercice physique.

  • des horaires plutôt larges. J'avais louché sur celle(s) de Strasbourg mais de mémoire les horaires étaient assez restrictifs. 
    • Ici, c'est ouvert tous les après-midis d'école de 16h30 à 18h, c'est donc VRAIMENT une option parfaite pour les fins d'après-midi d'hiver. 
    • Et c'est ouvert 4 matins sur 5 de 9h à 11h30, donc bien adapté aussi à une sortie post-créneau IEF (et ça m'a beaucoup, beaucoup servi pendant toute la période où j'avais mis notre école-maison en pause, justement). C'est également ouvert les mercredis et samedis, mais je n'en ai pas l'utilité.

  • plein de chouettes jeux : nous en testons plein, au fur et à mesure, et du coup l'intérêt est inépuisable. Il y en a des superbes, et c'est un vrai plaisir.




  • plein de chouettes jeux, bis: dans l'absolu, nous pourrions les emprunter (contre 1€) mais en fait, je préfère mille fois m'y rendre et jouer là-bas.

  • de l'espace : le local est assez grand, pas gigantesque, certes, mais tout de même. Cela suffit pour que, parmi les jeux à disposition, il y ait aussi des trucs un peu moteur : petites voitures, trotteurs, etc. Ils ont beaucoup de succès avec les Bébous!


Mentionnons ensuite :

  • un lieu parfait pour la socialisation : il y a plus ou moins de monde selon les créneaux : 
    • très peu de monde le matin, sensé être pour les "bébés" 0-3 ans, mais ouvert aux enfants "non scolarisés" (je sais que certaines familles non-sco s'y retrouvent de temps à autre, mais ce n'est jamais bien tombé pour moi pour le moment), 
    • plus de monde l'après-midi, mais ça reste gérable, ce n'est pas la cohue. 
    • Comme il y a beaucoup de jouets potentiellement coopératifs (garage, circuit de train, playmobils, etc), mes enfants ont ainsi des occasions en or pour rentrer en contact direct et un peu rapproché avec d'autres enfants, qu'ils retrouvent fréquemment.
 
  • un lieu parfait pour la socialisation des mamans aussi : qui dit pas beaucoup de monde dit contacts faciles à établir. Dès ma première visite j'ai commencé à m'y faire une copine. La seconde fois, je l'ai retrouvée, au bout d'un quart d'heure nous avons constaté que nous étions toutes les deux fan de Faber et Mazlish... C'était mooort !!! Depuis, nous nous efforçons de nous y retrouver régulièrement (en plus de nous voir par ailleurs): nos enfants s'éclatent ensemble, et nous, nous papotons très agréablement, avec quelques interruptions pour, tout de même, découvrir l'un ou l'autre jeu en compagnie d'un de nos petits.

 Et surtout :
  • plein de chouettes jeux, ai-je déjà dit.... avec un effet anti-conso extra ! 
La découverte de cette caverne d'Ali Baba, quelques semaines avant Noël, m'a beaucoup, beaucoup détendue : accès ultra-régulier (jusqu'à présent, notre rythme de fréquentation a été de 1 et 4 fois par semaine...) à tellement de matos que le besoin d'acheter ledit matos s'évapore
Ainsi, je "culpabilisais" un peu de ce qu'à la maison, nous n'ayons ni petite cuisine, ni garage, et je réfléchissais à en faire l'acquisition. C'est fini ! 
La ludothèque propose un SUPER espace cuisine dans lequel F. et E. s'éclatent très régulièrement, je mange des frites, des salades de fruits, des sushis (en bois; j'ADORE! ça me file une fringale de japonais à chaque fois...) toutes les semaines du coup ;-). Idem, il ne se passe pas de sortie-ludothèque sans que F. n'en consacre une partie à l'un ou l'autre des garages à disposition. C'est parfait. Ces équipements encombrants sont ainsi à portée de mes enfants, mais pas dans mes pattes
Et c'est la même chose pour beaucoup de jeux plus "éducatifs": je suis vraiment ravie d'en bénéficier, et je n'ai plus à me faire de nœuds au cerveau en louchant dessus dans une quelconque vente. Certains font des bides, d'autres connaissent un vrai succès, dans tous les cas, ils sont très bien là où ils sont, je n'ai pas besoin de les posséder. 
Que d'économies ! 
Quel gain de sérénité ! 
Quel gain de place ! 
J'ai même réussi, du coup, à trier un tooout petit peu du matos des enfants pour m'en séparer, au motif que je trouverais l'équivalent à la ludothèque si besoin était. Et je n'ai plus craqué sur une vente-privée de jouets depuis (je ne compte pas la dernière vente privée Usborne, les livres / cahiers ça n'est pas la même chose, évidemment!). 

Je pense, du coup, recentrer tranquillement les anniversaires / Noël sur 
  • les "gros trucs" (équipements tels que vélos, etc), 
  • des sorties chères, éventuellement, 
  • et du matériel d'art plastique ou de "construction" : à Noël j'ai fait les maisons en bois de Jeujura, et là je vois que F. commence à s'intéresser aux Legos, par exemple.

Note : de la socialisation, de la socialisation de la maman, du matos ludo-éducatif sans se ruiner: ouais, vraiment, ça répond à de nombreux enjeux d'une famille IEF, toujours à la recherche de ces 3 trésors-là !

Parmi les autres attraits de cette ludothèque, je pourrais également citer tous les évènements qu'elle organise : soirées-jeux notamment, pour différents âges, y compris des trucs pour les adultes. 
Pour le moment nous n'en avons pas l'usage (nous avons repris quelques soirées-jeux, mais en profitant de la proximité géographique avec des compères de jeux appréciés - ce qui, pour le coup, nous avait manqué à Strasbourg), mais à moyen terme, et notamment quand les enfants auront grandi... Y aura moyen de moyenner !


Bref, la découverte de la ludothèque a été un moment décisif dans mon processus de digestion du déménagement. Un rayon de soleil bienvenu à une époque un peu sombre, et qui a bien aidé à notre intégration. Je me suis un peu maudite de ne pas avoir exploré cette possibilité plus tôt, et je vous encourage vivement, si vous avez une infrastructure de ce type à proximité, à aller tester ce qu'elle vaut. Car une ludothèque comme la mienne, ça vaut de l'or (pour 30€/famille à l'année. Le cours de l'or s'effondre, ma bonne dame!)

lundi 5 mars 2018

Du soutien pour Maman #2 : "il faut un village pour élever un enfant"

"Je suis épuisée mais je ne peux pas me plaindre : ma mère/grand-mère/belle-mère/les femmes d'avant n'avaient pas tout ce dont nous disposons aujourd'hui [machine à laver, conjoint qui aide, whatever] et elles y arrivaient, ELLES."

"J'ai toujours fait mon ménage / pain / confitures / potager / vêtements pour toute la famille moi-même : c'est une question d'organisation / de volonté!"

"Je n'ai jamais fait garder mes enfants à l'extérieur / pris de baby-sitter pour m'aider, c'est MON boulot après tout..."


Ces petites phrases, nous les avons toutes entendues à un moment : soit quelqu'un nous les a dites, soit nous nous les sommes dites à nous-mêmes.
Ces petites phrases nous poussent à vouloir "assumer" notre charge de parent seule / en couple, à faire reposer sur les parents seuls la charge écrasante que représente l'éducation des enfants ainsi que tous ses périphériques.

Et pourtant, en face, il y a la sagesse populaire selon laquelle
"Il faut un village pour élever un enfant"

En se basant sur cette phrase, on peut partir sur une longue comparaison expliquant qu'avant, 
  • certes, les familles ne pouvaient pas compter sur l'électro-ménager ou encore des moyens de locomotion modernes pour les aider au quotidien, ni souvent sur un partage des tâches au sein du couple pour alléger la charge (physique et mentale) en la partageant. 
  • Mais que la vie était différente, plus douce, moins rapide, que y avait une culture de l'entraide, entre voisins, entre générations (qui souvent cohabitaient, du reste), et patati, et patata, et que du coup l'éducation des enfants se faisait plus facilement.

OK. Quand on doit affronter une maison en désordre, des enfants survoltés, et une to-do liste longue comme le bras, avec éventuellement un poil de burn-out dans un coin, regardons les choses en face : la comparaison entre générations, que ce soit en mode "c'était mieux avant" ou "concours du plus à plaindre"... ça nous fait une belle jambe.

Je préfère, moi, me recentrer sur 3 points
  • 1. Éduquer des enfants, c'est épuisant : physiquement, et mentalement: on a la responsabilité 24h/24 de ces petits qu'il s'agit d'accompagner vers le meilleur d'eux-mêmes. Lourde responsabilité. Écrasante.
  • 2. L'exigence à ce niveau est, souvent, plus élevée qu' "avant": on n'éduque plus pareil, on prête davantage attention à la psychologie de l'enfant, ses besoins, le développement de son estime de lui.
  • 3. Ces exigences se heurtent à d'autres exigences parfois contradictoires, et notamment: 
    • rester amoureux, dans un monde où les couples se font et se défont très vite; 
    • rester performant au niveau professionnel, malgré des rythmes souvent très soutenus

Du coup, la comparaison avec "avant"
  • je m'assieds dessus, allègrement : on s'en fiche, très honnêtement. On nous dit : la grand-mère n'a pas eu notre chance, et elle n'en est pas morte. Ah oui ? En quoi cela devrait-il nous empêcher de souhaiter mieux qu'elle ? Attardons-nous un instant sur cette incohérence : 
    • nous sommes devenus nettement plus ambitieux concernant nos enfants, refusant les arguments selon lesquels "on a été éduqués plus durement, et on n'en est pas morts". 
    • Eh bien, de la même manière qu'il est légitime d'être plus ambitieux pour nos enfants que les générations précédentes, nous avons le droit d'être plus ambitieux pour nous. Si l'éducation que nous donnons à nos enfants doit faire davantage que les laisser en vie, eux, elle doit aussi faire davantage que nous laisser en vie, nous. Encore une fois, la bienveillance envers les enfants, c'est super, mais la bienveillance cela commence aussi par soi !
  • je m'en sers : oui, l'existence d'un réseau de soutien était très précieuse et facilitait beaucoup de choses, avant. 
    • Oui, aujourd'hui, on est souvent très isolés. Individualisme, éloignement familial, déménagements plus fréquents, tout ceci concourt à distendre les liens avec ceux qui nous entourent. Alors, reprenons le constat à notre compte : si un village, c'est nécessaire, mais si le village "à l'ancienne" a disparu, réfléchissons ! 
    • Regardons quels moyens notre époque nous offre pour recréer le fameux village qui va nous aider à éduquer notre enfant. Et PRENONS-LES, ces moyens-de-notre-époque, prenons-les sans fausse honte, sans avoir l'impression de faire nos princesses, sans laisser quiconque nous donner cette impression-là.
Ce n'est pas parce que les générations précédentes n'ont pas "eu notre chance" que nous devons nous priver de la saisir, notre chance. 
Je me fiche de savoir que les cavernes n'étaient pas chauffées, à l'époque. Je n'ai rien à prouver à Madame Cro-Magnonne, et certainement pas que je suis capable de survivre dans les mêmes conditions qu'elle. J'allume le chauffage et j'en profite.

Concrètement, cela veut dire que
  • si j'ai les moyens (ou si je peux m'arranger pour les avoir en sacrifiant des trucs qui finalement me font moins de bien que ça) de m'offrir une femme de ménage pour alléger un peu cette charge-là: JE LE FAIS. Tant pis si je passe pour une feignasse vis-à-vis de ma voisine, de ma mère, ou de ma belle-sœur.
  • si avoir recours à quelqu'un pour faire du bricolage, du repassage, du jardinage, etc, me permet de me dédouaner d'une activité qui ne me plaît guère ou pour laquelle mon peu de compétences fait que le moindre truc me demande énormément d'efforts, JE LE FAIS. Et j'investis ces efforts plus utilement
    • dans des trucs que je sais faire vite, par exemple, et/ou que j'aime faire. Ainsi, moi, j'aime cuisiner, alors je fais pas mal de choses moi-même. Mais je suis nulle en bricolage / travaux manuels. Alors j'achète mon matériel Montessori, et j'admire les charmants vêtements faits-maison qui sortent des mains de mes copines, en me gardant bien de vouloir les imiter.
    • dans des trucs qui me ressourcent
    • dans des trucs qui favorisent la cohésion familiale (temps de qualité en famille, temps passé en tête à tête avec un enfant, temps en couple)
  • si je peux avoir recours à une baby-sitter, une nounou, bref, quelqu'un pour garder mes enfants (ou venir m'aider au moment du coup de feu de 18-20h, par exemple), je ne suis pas une incapable pas fichue d'assumer ses enfants. Je prends les moyens de conserver mon équilibre mental. Or mon équilibre mental, mes enfants en ont un grand, grand besoin. Et ne l'oublions pas : la CAF peut m'aider!

Bref, j'essaie de consacrer une partie de mon budget à la recréation de ce fameux village. Ce n'est pas de l'argent perdu. Ce n'est pas de l'argent jeté par les fenêtres. 
C'est un moyen moderne de me procurer le soutien que ce fameux village ne peut plus m'apporter.
Comme autres moyens modernes, on pourra penser aux aides psychologiques : psy et assimilés, groupes de parents, ateliers Faber & Mazlish...  Ce qui constitue une transition vers d'autres moyens, justement

En effet, ne nous arrêtons pas là. Car l'argent, c'est bien joli, mais 
1. ce n'est pas inépuisable (hélas!)
2. ça n'achète pas tout.


Plus j'avance et plus je me dis qu'il est essentiel de réfléchir à la manière dont nous pouvons nous y prendre pour être un peu de ce village les uns pour les autres.
Je détaillerai encore certains points dans un article #3 mais, oui, de plus en plus, je vois bien qu'il est de ma responsabilité de
  • proposer mon aide à d'autres parents, quand je peux, à la mesure de mes moyens : par exemple, offrir une soirée au resto à une copine qui n'a pas eu de moment en amoureux avec son mari depuis un peu trop longtemps, en accueillant le bébé qui lui pourrit gentiment ses soirées depuis de longs mois, et qu'elle n'oserait du coup pas laisser à une charmante baby-sitter.
    • Si, en mettant les choses au pire, je me retrouve à passer ma soirée avec le bébé dans les bras, qu'est ce que ça me fait, à moi ? Ça m'a pris une soirée, je l'aurai vite oublié, car je sais que les suivantes seront tranquilles. 
    • A ma copine, et à son mari, ça aura donné une bouffée d'air très précieuse, un moment de reconnexion qui comptera et qu'ils ne sont, eux, pas près d'oublier !

  • accepter l'aide qu'on me propose, voire la solliciter, sans honte, sans culpabilité, sans le sentiment écrasant de devoir absolument "rendre". 
    • A des moments on donne, à d'autres on reçoit, et parfois on doit accepter qu'on reçoit toujours des mêmes personnes, et que plus tard c'est à d'autres qu'on donnera. 
    • Ainsi, depuis quelques temps suis-je régulièrement accueillie (comprendre = je squatte effrontément) par l'une ou l'autre de mes voisines sur les créneaux où mes enfants sont gardés à domicile. Hop, quelques mètres, mon PC sous le bras : je travaille, on papote, on me fait la popote = quelques heures pendant lesquelles je soooouuuuuffre ! Je n'ai pas grand chose à offrir en échange (hormis le charme de ma propre compagnie - ce qui est ÉNORME, en fait! - ainsi que l'apport esthétique - j'embellis le salon)
Plus j'avance, plus je réalise qu'il s'agit de ne pas rester dans une logique comptable : je me vois plutôt comme quelqu'un qui, selon les moments, alimente, ou puise, dans une "banque" globale de générosité, en quelque sorte.

Alors zou, au travail: quel bout de village pouvez-vous recréer chez vous?
Je serai curieuse de lire vos constats / expériences à ce niveau !



(et si vous entendez les petites voix du début du billet, rappelez-vous qu'il s'agit de nains affreux, à taper très fort)