dimanche 28 janvier 2018

Quand Faber & Mazlish ne "marchent" pas... #3 - la Quête du Graal: une aide EFFICACE

Malgré tout ce que je pouvais bosser de Faber et Mazlish, des problèmes persistaient.
Il m'a fallu un œil extérieur, et l'aide d'une kinésiologue, pour réaliser que les soucis qui me tracassaient avaient des causes bien plus profondes. Et admettre qu'un recours à un psy s'imposait.

Facile, c'est pas ça qui manque.
Hum.
Rectificatif: les psy y en a plein.
Mais en trouver un BIEN, et ADAPTE au problème à traiter, c'est autre chose : une quête en soi.



Psy Numéro 1

Nous la vîmes 3 fois

Points forts
  • tout près (des problèmes de logistique en moins, nous y allions à pied)
  • pas cher (comparé à d'autres)
  • et après la séance avec F., elle prenait le temps d'un débriefing avec moi, ce qui, je m'en suis aperçue en causant avec d'autres mamans, n'est pas toujours le cas.

Points faibles
  • Au bout de 3 séances, elle n'étais pas en mesure de m'en dire davantage que ce que moi, je lui avais déjà raconté lors de la première séance. 
    • Notamment parce qu'elle comptait visiblement beaucoup sur l'interprétation des dessins de F. pour lui livrer des points d'analyse intéressants... La pauvre ! 
    • A l'époque, F. ne dessinait pas (son premier bonhomme datant de cet automne, pour mémoire). Et, lui qui quelques semaines plus tôt avait traversé une phase où il ne gribouillait / coloriait plus qu'en noir, même cela lui avait passé (vraiment pas coopératif ce gamin!)
    • les séances de débriefing n'étaient donc pas forcément très instructives en tant que telles, puisque au fond elle n'avait rien de nouveau à me dire...
  • mais surtout: au cours de ces débriefings, qui avaient lieu devant F.., j'ai été de plus en plus gênée par la manière dont la psy parlait de lui devant lui, sans prêter attention aux termes employés : parlez-moi d'enfermer un enfant dans des rôles négatifs, quand, à sa maman qui mentionne que parfois le lit est mouillé à la sieste, la psy conclut avec assurance "oui, donc il y a souvent des soucis, il n'est pas propre à la sieste, n'est-ce pas". (et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres)
  • pas mal de ses questions ou de ses conseils tournaient autour du temps que F. passait loin de moi / la maison, des contacts qu'il pouvait avoir avec d'autres enfants : la mise en cause de l'IEF était sous-entendue à chaque détour de phrase, mais jamais dite clairement  
    • au point que lors de la 3ème et dernière séance, quand je l'ai interrompue à un moment en lui demandant clairement "ah, donc vous pensez qu'il vaudrait mieux le mettre à l'école?" (de ma voix la plus neutre possible), elle a nié très très vite... pour reprendre ses questions par la suite. 
    • Non que je ne sois pas prête à entendre que l'IEF ne serait pas adaptée aux besoins de F. (c'est d'ailleurs une question très actuelle en ce moment, et il n'est pas exclu que F. soit scolarisé l'an prochain), mais pas de la part d'une personne n'ayant pas été capable de dégager le moindre élément de compréhension de la situation, et pour qui l'IEF représente donc un bouc émissaire facile.
  • Autre conseil à la mords-moi-le nœud entendu durant cette séance: alors que je lui expliquais le déplacement récemment observé du pillage de placards de F. vers les autocollants (nous n'en étions pas encore au stade où il nous rejoignait dans notre lit), elle a suggéré que je travaille à fournir à F. de quoi opérer un nouveau transfert (je ne sais plus quelle était sa suggestion exacte, mais en gros, il s'agissait de continuer à promener sa compulsion, en l'amenant des autocollants vers un autre support). Euh...? Déplacer l'objet de sa compulsion plutôt que travailler sur la cause ? Changer le symptôme, hop, sans toucher aux racines? Elle n'a pas su m'en expliquer l'intérêt, et personnellement, je trouvais finalement le symptôme autocollants assez confortable. Alors, au-delà du fait que ce n'était pas moi qui étais à l'origine du transfert vers eux, et que donc je n'aurais trop su comment m'y prendre pour appliquer le conseil de le provoquer une seconde fois, je voyais de gros risques à jouer à l'apprenti sorcier: ça pouvait retomber sur quelque chose de nettement plus gênant!
  • mais c'est surtout le déroulé global de la 3ème séance, ou  plutôt de sa partie débriefing, qui m'a clairement montré à quel point je perdais mon temps: ledit débriefing a duré 20 minutes, mais en fait, il a été constitué de 4 fois la même conversation de 5 minutes. A quatre reprises, sont revenues peu ou prou les mêmes questions, 4 fois, elle a pris connaissance des mêmes réponses en semblant les découvrir, 4 fois elle a fait les mêmes remarques, demandé les mêmes précisions... La seule chose qui changeait légèrement, c'était l'ordre et la formulation exacte des questions. C'était ubuesque ! La seconde fois déjà j'avais trouvé ça bizarre de devoir me répéter, et je m'étais demandée si c'était une manière subtile (arf arf) de me pousser à tirer mes propres conclusions (càd adieu l'IEF). Mais alors, quand le sketch s'est répété une troisième, puis une quatrième fois... Je me suis demandé dans quel film nous jouions. Après avoir discrètement regardé à droite et à gauche (caméra cachée?) j'ai commencé à avoir des doutes sur la santé mentale et/ou la sobriété de mon interlocutrice (dans le passé j'ai géré des salariés alcooliques et ça m'a rappelé des souvenirs).
Bref, j'en avais assez vu: quand elle a ouvert son calendrier pour programmer la séance suivante, j'ai argué de notre voyage prochain en Normandie et du manque de visibilité sur notre agenda pour annoncer que "je la rappellerais pour fixer le prochain RDV", et, c'est curieux, mais je n'ai jamais pensé à la rappeler. Ah, ces mamans distraites...

Puis vint le voyage en Normandie, qui coïncida avec le moment où notre déménagement se décida.
Deux effets sur notre problématique
  • les soucis de F. passèrent momentanément au second plan, 
    • à la fois parce que nous étions passablement préoccupés par de menus détails tels que l'achat d'une maison,
    •  mais aussi parce que de toute manière, j'étais bien embêtée: échaudée par cette première expérience malheureuse, j'avais certes envie d'aider mon fils, mais je n'étais pas très à l'aise avec la perspective de le trimballer de psy en psy jusqu'à peut-être enfin trouver la bonne.
  • puisque nous allions bouger en région parisienne, nous allions nous retrouver dans un coin où il était possible de trouver des psy formés à une spécialité autour de l'angoisse de séparation, or j'en avais entendu parler et cela me semblait une piste intéressante au vu de l'histoire de F. (dont vous pouvez relire certains points marquants dans ce billet sur sa relation à son père).


Psy Numéro 1 bis

Pendant l'été, une fois certains petits détails réglés (maison, mode de garde, déménageur,...), je me suis donc enfin préoccupée de cette piste, et, joie, une des grandes pontes de cette spécialité consultait à 15 minutes de chez nous. 
Petit contretemps: à mon mail écrit en plein mois d'août, je reçus une réponse automatique m'informant que vacances machin prière de recontacter début septembre.
Si ce n'est qu’immédiatement ensuite, j'eus par divers canaux des échos pas tip top de la personne en question: certes elle appliquait la méthode, mais sa personnalité semblait ne pas convenir à tout le monde
  • fréquemment perçue comme sèche et cassante, 
  • beaucoup de parents se sentaient pris de haut, 
  • et visiblement elle avait une dent contre l'allaitement un peu prolongé, au vu des remarques faites à une maman allaitant encore son fils de 20 mois. Alors, moi, avec mes allaitements de 13 et quasi 18 mois... ça risquait de clasher.
Ouin ouin ouin. Ma piste toute trouvée, ma valeur sûre, s'évanouissait à nouveau dans les airs!

Ne sachant plus trop à quel saint me vouer, j'ai alors changé mon fusil d'épaule: en revoyant mes critères: ces expériences me montraient bien que pour qu'un tel accompagnement soit efficace, il fallait déjà que psy et parents ait des convictions éducatives communes. En effet, seule une base en commun peut permettre à un parent un peu fragilisé de faire confiance et d’accepter des observations, conseils, susceptibles de l'aider à sortir du trou, mais pas forcément toujours faciles à appliquer.
trouver quelqu'un qui ne soit pas trop éloigné de Faber et Mazlish?
C'est en causant avec Coralie (ma toute dernière rencontre bloguesque) que celle-ci m'a soufflé l'idée d'aller regarder du côté des psy formés par Isabelle Filliozat. Certes, je ne suis pas toujours 100% en ligne avec ce que dit Filliozat, mais globalement, quand même, je pouvais être sûre de retrouver une grosse base commune.


Psy Numéro 2

Et effectivement, merci la région parisienne, une psy figurant sur la liste des personnes formées à l'EIREM habitait pas trop loin de la maison que nous venions de trouver.
Prudente, je pris, au milieu du remplissage de cartons, le temps nécessaire pour une looongue conversation téléphonique histoire de vérifier que le courant passait bien / que nous allions bien dans le même sens. Je lui demandai 2-3 conseils, et sa manière de formuler ses réponses contribua également à me rassurer sur ce point. Hop, RDV pris pour une dizaine de jours après le déménagement.
Nous la vîmes 3 ou 4 fois

Points forts
  • très douce, je me sentais en confiance
  • elle nous voyait tous les deux ensemble, et s'attachait à construire un rapport de confiance avec F.
  • elle apportait un regard différent sur F., et plus positif, à un moment où moi je ne voyais que ce qui n'allait pas
  • c'est en examinant la situation avec elle que j'ai compris où était le problème / où il fallait creuser

Points faibles
  • comme dit juste avant, c'est au cours des quelques séances faites avec elle que j'ai compris le vrai problème. Car effectivement, sa manière de prendre au sérieux l'histoire de F. et notamment la manière assez dramatique dont il est venu au monde, m'a permis de réaliser (l'apport d'un œil extérieur, de nouveau!) à quel point il était probable que cela ait eu un lourd impact. Or c'était quelque chose que j'avais eu tendance à sous-estimer, tout simplement parce qu'une fois ce drame passé, tout semblait bien se passer, F. était un bébé sympa tout plein, et au fond, hein, nous, nous étions surtout pressés de retrouver une vie paisible, et n'avions pas tellement envie de chercher des poux.
  • Mais ses tentatives de "traiter" le problème ne produisirent aucun résultat : ce n'était tout simplement pas son domaine de spécialité. En effet, en parallèle, on m'avait prêté le bouquin spécialisé sur l'angoisse de séparation, et je voyais bien que sa manière de s'y prendre était bien plus superficielle que la démarche préconisée dans ledit bouquin.

Bref, j'étais de nouveau bien embêtée: une bonne psy, grâce à qui je voyais mieux le problème, mais pas équipée pour nous aider sur le traitement dudit problème.

J'étais bien embêtée, et en même temps, F. allait de pire en pire. 
Et je commençais à réaliser que, si il réagissait aussi fortement au déménagement, ce n'était probablement pas le déménagement en lui-même le problème, mais toutes les angoisses bien plus profondes que celui-ci faisait ressurgir.
Bref, je laissai passer quelques semaines, pas à l'aise, mais indécise.

Et puis vint un mercredi 
où F. se jeta sous une voiture en me regardant les yeux dans les yeux. 
(la voiture eut le temps de piler, Dieu merci.)

Vous imaginez mon état le soir.

Or, ledit soir, alors que j'étais en train de raconter ma journée à Monsieur Bout, et que nous nous arrachions les cheveux de concert, beau hasard : sur un groupe FB de mamans locales que j'avais récemment rejoint, quelqu'un lança une discussion sur la psy n°1 bis. 

Discussion au cours de laquelle les mêmes remarques furent formulées concernant ses points négatifs... et au cours de laquelle, également, fut mentionné un autre nom: une autre personne formée à cette méthode! J'avais déjà entendu ce nom en bien, mais je ne savais pas qu'elle était formée à cette spécialité.
Au stade de désespoir auquel l'épisode de l'après-midi m'avait propulsée, je ne fis ni une ni deux: après avoir demandé deux-trois précisions complémentaires à la personne mentionnant cette psy (et notamment : comment se positionnait elle par rapport à l'éducation positive? Réponse donnée : c'est pas du 100%, mais elle en est assez proche), hop, envoi d'un mail retraçant quelques aspects de la situation, zou, réponse dans la demi-heure et RDV pris pour la semaine suivante.


Psy Numéro 3

Points forts
  • Dans cette méthodologie, enfant et parent(s) sont vus ensemble. Et à chaque fois, elle nous fait parler sur un thème puis reformule auprès de l'enfant. Ce qui est très important ! L'enfant entend les choses à la fois de la bouche de son parent, et de la bouche d'un tiers "neutre", ce qui permet une bien meilleure réception du message.
  • Nous eûmes deux séances avant Noël, où tout de suite, je pus voir combien la démarche était bien plus approfondie. 
  • Le diagnostic fut aussi beaucoup plus clair: et notamment, certains aspects du comportement de F. reçurent un nom: le refus de grandir. Tellement évident une fois que c'était dit! (ceci dit, ce qui est drôle, c'est que la kinésio en avait parlé... mais je n'avais pas vraiment imprimé cet aspect à ce moment. Trop d'informations difficiles à digérer d'un coup, je suppose)
  • Comme la méthodologie suppose de retracer toute l'histoire de vie de l'enfant, y compris avant et pendant la grossesse, cela nous a permis d'aborder aussi l'épisode repéré par la kinésiologue
Pas de résultat immédiat sur le comportement de F.., en revanche, certains signes me permirent de voir que cela agitait pas mal de choses chez F. . Notamment, pour la première fois, je l'entendis me demander si il pouvait retourner dans mon ventre...

NB: il n’empêche que, lorsque, après cette deuxième séance, j'ai entendu le nom d'une autre personne pratiquant la même méthodo à proximité, je me suis demandée si en fait je ne m'étais pas encore trompée, et que peut-être la quête n'était pas terminée. Une quête sans fin? Argh...!
Pour la troisième séance, programmée début janvier, la psy demanda que Monsieur Bout soit également présent.
Ce qui eut lieu.
Et alors cette 3ème séance... !

Les 24-48 h qui suivirent furent époustouflantes. 
Et même si ensuite, ce fut moins bien, un gros mieux perdura tout de même. 
Depuis, nous continuons, le mieux persiste et se renforce
  • disparition quasi totale de la voix de bébé, 
  • de moins en moins de conflits et de temps passé pour qu'il fasse les choses seul - s'habiller, ranger...
  • une meilleure coopération
  • des séparations (babysitting, cours de sport) de moins en moins dramatiques
  • quelques draps secs au matin
  • ...

Quel soulagement que d'avoir enfin trouvé une clé pour venir en aide à notre enfant!


Inconvénients
  • ça remue énormément chez tout le monde, y compris chez les parents; l'occasion pour Monsieur Bout comme pour moi de réaliser à quel point nous-mêmes nous n'avions pas digéré les péripéties autour de la naissance de F.. Cela nous a obligés à aller fouiller dans des souvenirs assez douloureux
  • la remise en cause de schémas et d'habitudes: typiquement, certains des conseils donnés par notre psy s'éloignent de Faber et Mazlish....

Hum.
Ou pas ?
Difficile à dire.
Ils s'éloignent de Faber et Mazlish / la parentalité positive tels que nous les avions compris / appliqués...

Mais très honnêtement, je me pose la question de savoir si 
  • c'est parce que notre interprétation n'était que ça: une interprétation, avec ses faiblesses. Quand je fais des efforts de prise de recul, j'arrive souvent à trouver tout simplement une autre manière d'interpréter, compatible avec les conseils de la psy. Ou une manière d'appliquer son conseil, compatible avec la philosophie F&M... Car la valeur d'un conseil dépend aussi de la manière dont il est entendu par celui qui l'applique!
  • ou si certains aspects de Faber et Mazlish sont valables pour un enfant "fonctionnant bien", mais quand y a un gros nœud, quand la mécanique est enrayée, peut-être faut-il d'abord réparer la machine avant que ces aspects puissent s'appliquer.
et peut-être bien un peu des deux...


Un exemple: les énormes crises de colères de F.

J'avais déjà parlé plusieurs fois de la manière dont le conseil de parentalité positive selon lequel la meilleure posture serait d'accompagner l'enfant dans sa colère ne menait pas toujours à grand chose chez nous.

Or, si l'on considère maintenant que nous avons affaire à un petit garçon persuadé de ne pas être aimé, paniqué à l'idée d'être laissé seul, et cherchant de ce fait avant tout à accaparer l'attention du parent, même négative, pour s'assurer de ne pas rester seul, alors rester présent pendant une colère peut aussi être vu comme un encouragement à déclencher des crises, moyens très efficaces de garder son parent près de soi! 
Un engrenage que j'ai hélas clairement reconnu chez F. ces derniers temps.
Et au fond, ce n'est pas très loin des objectifs mirages de Jane Nelsen...

Du coup, il s'agit alors de refuser d'être le public de ces grosses crises, de lui signifier que ce n'est pas par ses grosses crises qu'il nous intéresse (mais par mille autres choses)
Pas facile à admettre !

Un point m'a bien aidée, c'est l'attitude de la psy: elle ne m'a pas donné ce conseil en mode traditionnel, en faisant une manière de rentrer dans un rapport de forces: il ne s'agit pas d'ignorer la colère de l'enfant "jusqu'à ce qu'il soit calmé, na!". 
Au contraire, j'ai été bien réconfortée quand elle m'a encouragée dans la manière dont j'avais interprété son conseil: j'isole F. pour lui témoigner que sa colère ne m'intéresse pas (je ne peux hélas m'y prendre autrement qu'en l'isolant, puisque sinon, furieux de cette ignorance il fait tout pour attirer mon attention - coups, casse, etc), mais je le rejoins dès que je sens qu'un certain pic est passé, dès que je perçois qu'à présent il en est au stade où il a vraiment besoin de ma présence pour sortir de la colère, et non plus recherche ma présence en entretenant la crise. 
"oui, Madame, c'est tout à fait ça, à cet âge, ils ont encore souvent besoin de notre aide pour sortir de la crise" : cette phrase de notre psy m'a biiieeeen aidée à me décrisper, toute soupçonneuse que j'étais!


Deuxième exemple: les compliments

La psy nous a incités à combler le besoin d'attention de F., mais en prenant garde de détruire le schéma "pour avoir de l'attention, je me comporte 'mal'". 
Ce qui, chez F., était aussi souvent lié à son refus de grandir: pour avoir de l'attention, 
  • je me comporte comme un bébé, 
  • je ne sais rien faire moi-même (aaaah, les batailles d'1h pour le faire s'habiller seul!), 
  • je parle avec ma voix de bébé (jusqu'à 60% du temps sur les dernières semaines de 2017!),
  • je mouille mon lit, etc.
Sa recommandation a donc été de manifester notre approbation à la truelle, au moindre effort de F. dans l'autre sens : 
"super, tu t'es habillé seul!" 
"ouahou, tu as agi comme un grand garçon de 4 ans, c'est génial", etc.

Ah! 
C'était un peu en décalage avec notre manière de faire jusqu'à présent...
Soucieux d'entretenir la motivation intrinsèque de F., de développer son esprit critique, son estime de lui, sa capacité à évaluer lui-même son comportement, nous étions depuis longtemps attentifs à formuler des compliments descriptifs plutôt que des "c'est bien", à lui demander si il est fier de lui plutôt qu'à lui dire que nous sommes fiers de lui, etc. 

Et si, finalement, en voulant qu'il fasse les choses pour elles-mêmes et non pour la carotte de nos compliments, nous avions été trop économes de paroles valorisantes?
Parfois nous faisions preuve de beaucoup de retenue, pour ne pas peser sur lui... peut-être trop?
Maintenant que j'y pense, je me souviens avoir lu (mais où, quand? si vous avez la source sous la main, dites!) que, quand on complimente un enfant de manière descriptive, il se souvient de ce qu'il a fait qui lui a valu le compliment, et cela ancre cette manière de faire en lui... Mais que quand on le complimente, lui, plus directement, il se souvient d'avoir été valorisé. 
Et je me demande si il n'était pas mentionné dans ce texte que cela donnait donc la réassurance d'être aimé. Ce qui, au fond, certes, ne répond pas au même objectif, mais n'est pas inutile non plus!

Bref, peut-être avons nous été plus royalistes que le roi ?
Peut-être les DEUX manières de complimenter sont-elles importantes ? 
Il s'agirait alors, certes, de penser à avoir fréquemment recours aux compliments descriptifs, pour favoriser la confiance de l'enfant en sa capacité à bien agir, mais aussi de complimenter autrement, pour remplir le réservoir d'amour de l'enfant / sa confiance dans l'amour qu'on lui porte.


Voili voilou.
Au fond, je me demande si, plutôt que de nous éloigner de Faber et Mazlish, cette aide extérieure ne nous amène pas, tout simplement, à reconsidérer notre manière de Faber et Mazlisher.
Dans tous les cas, nous avançons, nous avons le sentiment qu'en l'espace de quelques semaines F. a accompli des progrès phénoménaux, et nous sommes pleins d'espoir ! 

Ce qui implique que je vienne compléter cette trilogie, à présent terminée, d'un billet plus spécifiquement dédié à cette fameuse angoisse de séparation, à la source de tant de maux. 
Car si il y a bien un point qui m'a impressionnée, c'est l'étendue des domaines qu'un tel souci peut impacter. 
Or le bouquin qui en parle donne aussi des clés très simples pour agir déjà, soi-même, en tant que parent, pour prévenir l'apparition de ces soucis. Et si ces clés pouvaient servir à d'autres comme elles nous aident actuellement....!

Oui, un billet s'impose.
J'y travaille 

lundi 22 janvier 2018

NON, un bac S n'ouvre pas toutes les portes [scrogneugneu]

Un billet autour d'un thème un peu différent aujourd'hui, que j'écris avec ma double casquette de maman, mais surtout de RH.

En haut lieu on est en train de nous pondre une réforme du bac
J'avoue que je ne me suis pas du tout préoccupée de son contenu. Mes enfants en sont encore loin, ça aura le temps de changer 10 fois d'ici là...

En revanche il me semble que dans les semaines et mois à venir
  • pas mal de lycéens vont devoir choisir une voie dans le futur ancien système
  • et pas mal de parents, les accompagner dans leur choix.

Parmi les lycéens en ce moment assis sur les bancs d'une Seconde Générale, un très grand nombre va se diriger vers un Bac dit "Scientifique", le fameux Bac S. 
Un sésame précieux, paraît-il, et dont un très grand nombre de parents tient à munir son enfant.



Et c'est ainsi que se retrouvent chaque année en S des milliers d'élèves qui n'ont strictement rien à y faire, ou, en tous cas, seraient bien mieux ailleurs.


Je tiens à préciser que ce que je dis ici est issu de mon expérience de recruteuse et de gestionnaire de carrière : des parcours professionnels, j'en ai eu un gros paquet sous les yeux!
  • Dites-vous qu'une semaine normale de recrutement c'était plus de 15 entretiens sans compter les entretiens téléphoniques de présélection.
  • Ne parlons pas des milliers de CV parcourus.
  • A quoi s'ajoute le temps passé à conseiller / orienter / préparer des étudiants à des entretiens de recrutement : bicoz c'est ce que font les recruteurs des grandes boîtes, bicoz "image employeur", machin.
  • A quoi s'ajoutent également les dizaines de personnes avec qui j'ai par ailleurs discuté de leur parcours professionnel. Parce que quand on est RH, c'est le genre de thème au sujet duquel les personnes qu'on rencontre dans la vie privée viennent vite se confier.
  • Et enfin, quand on gère la carrière des gens, on discute de leurs choix passés et de leurs motivations pour l'avenir. Et croyez-moi, parfois ça décoiffe.
  • Idem quand on gère des séparations ! C'est le joli mot RH qui recouvre licenciements et ruptures conventionnelles; et par extension, la démission. Même si cette dernière se digère plus qu'elle ne se gère: on ne fait pas grand chose hormis éventuellement se fendre d'un entretien "pour comprendre" quand on est désespéré de perdre cette personne.

Le moins que je peux en dire, c'est que ces entretiens, conversations, etc m'ont parfois sérieusement bousculée dans ma vision de la vie en général, et de ce qu'est un "bon choix professionnel", en particulier.
Rien de tel pour remettre certaines choses à leurs places.
Certaines choses, et, par exemple, le fameux bac S. 

Celui qui est sensé ouvrir toutes les portes.
Cassons le mythe. En 5 points.




  • 1. Ça ouvre toutes les portes? INUTILE !
Il s'agit juste d'ouvrir celles par lesquelles on voudra passer
Donc, plutôt que de faire un bac S "au cas où", on peut se contenter de se poser la question des filières pour lesquelles un bac S est indispensable. Et elles sont très peu nombreuses ! 
    • Ingénieur, 
    • médecin, 
    • vétérinaire
Pour tout le reste, il y a MasterCard d'autres chemins possibles. 
Même une fac de maths est faisable sans ce soi-disant sésame! L'enseignement des maths est très différent en fac et au lycée, et la plupart des notions sont reprises de zéro.

Or beaucoup, beaucoup de lycéens, même ne sachant pas forcément ce qu'ils veulent "devenir plus tard", sont déjà en mesure de se positionner très clairement, par la négative, quand on leur demande si l'une de ces trois voies les tente. 
Donc, si ils sont sûrs de ne jamais vouloir pousser ces trois portes là, pourquoi s'embêter à les garder ouvertes à tout prix ??


  • 2. Ça ouvre toutes les portes ? FAUX ! 
Un bac S moyen ouvre de moins jolies portes qu'un bon bac d'une autre série : avec un bac S obtenu de justesse, et grâce à de bonnes notes dans les matières littéraires, on ne fait pas rêver grand monde.


  • 3. C'est peut-être deux années un peu compliquées à passer, mais le résultat en vaut la peine ? NON !  
Une filière S suivie sans intérêt est bien plus préjudiciable qu'une autre filière suivie avec enthousiasme.

En ce moment, vous savez, on commence parfois à regarder un peu plus ce qu'on met dans nos assiettes, on regarde l'étiquette de composition des produits (genre la vidéo sur les Nesquick et assimilés qui a récemment fait le buzz), et on s'interroge sur l'effet des composants sur notre santé et celle de nos enfants.

Faisons pareil avec le bac S, l'exercice est intéressant.
Un élève de Terminale S absorbe
    • 6h de Maths par semaine, 
    • 5h de Physique Chimie, 
    • 3h30 de SVT (=biologie revisitée), 
    • auxquelles s'ajoutent 2h supplémentaires de l'une de ces trois matières (la fameuse spécialité). 
Cela représente de sacrées doses!

Alors, avaler cela alors qu'on n'y trouve pas grand intérêt ? Quel dommage!

La première et la terminale, ce sont deux années d'adolescence, deux années pendant lesquelles la personnalité se construit, la vision du monde change. Quel dommage que tant d'ados les passent à travailler sans aucune motivation. 

Alors, oui, dans la vraie vie, il faut savoir aussi bosser sur des points qui ne nous intéressent pas. Mais voulons-nous vraiment enseigner à nos enfants que travailler, c'est consacrer son énergie à des choses qui ne leur inspirent aucune espèce d'intérêt ?
 En orientation professionnelle, on conseille souvent aux personnes de veiller au respect de la règle des 80/20: 80% du poste occupé doit leur plaire; en dessous de 70%, on est à risque. Est-il bon d'entraîner nos enfants à agir au mépris de cette règle ?

Parmi les résultats, on observe alors plutôt
    • un certain dégoût du travail, et la perte du contact avec leur motivation. 
    • une perte de confiance en soi : à force de bosser moyennement sur des sujets qu'on ne maîtrise qu'à moitié, pour obtenir des notes médiocres, l'image de soi en prend un coup : je suis nul, ou pas très bon; je suis paresseux... 
    • une dégradation de leur perception de l'apprentissage : quelque chose de rébarbatif, douloureux, qui ne m'apporte pas grand chose. Et donc l'assoupissement de la curiosité naturelle
3615mylife: J'ai eu la chance de faire une expérience toute autre: en seconde, j'avais d'excellentes notes dans les matières scientifiques. En réunion parents-profs, ma prof de maths a donc tout naturellement tenu à assurer à mon père "oh, elle sera très bien en S". 
Ce à quoi mon père a répondu en souriant finement "je ne crois pas que ce soit ce qu'elle ait prévu". 
J'ai choisi la filière L et j'ai dégouliné d'enthousiasme pendant deux ans. 
Cet enthousiasme, au delà du "bon" bac qu'il m'a permis d'obtenir, a également été très précieux dans ma construction personnelle, ma capacité à me faire confiance dans mes choix plus tard, etc.


  • 4. Il / elle n'est pas non plus "que" littéraire, il est bon en bio ? C'est NORMAL / très fréquent - chez les littéraires...
La biologie / SVT, telle qu'elle est enseignée en France dans l'enseignement secondaire, obéit à une démarche bien plus littéraire (comprendre un texte, expliciter un raisonnement par des mots) que scientifique. 
Le fait d'être "plutôt bon" en bio, et d' "aimer assez ça", ne justifie en rien, à lui seul (c'est-à-dire décorrélé d'un choix pro mûrement réfléchi, ex: vétérinaire) le fait de s'enquiller les heures de Maths et de Physique qu'implique une filière S.


  • 5. Last but not least: Ça ouvre toutes les portes ? DANGEREUX !
A force de tenir ouvertes des portes qui ne nous intéressent pas, on risque davantage de finir par les franchir
Que d'ingénieurs j'ai croisés, qui étaient bons élèves donc sont allés en S, étaient bons en S alors ont fait une prépa, et puis ben, que fait-on en sortant de prépa ? 
On devient ingénieur. 
C'est chouette, ça fait bien dans les salons, ça gagne correctement sa vie, et ça trouve du boulot.

Et ça s'emm*** comme un rat mort, aussi. (non que tous les ingénieurs s'ennuient, hein! Mais ceux qui en fait auraient été bien mieux ailleurs, si ils avaient pu prendre le temps de développer un projet qui leur corresponde, plutôt que d'avancer sur des rails bien huilés ?)

Et du coup, cela donne des gens qui
    • à 25 ans, refusent d'utiliser leur diplôme tout frais, et
      • reprennent des études à zéro. Ce qui est génial! Et parfois c'est nécessaire parce qu'entre-temps ces années de "détour" ont pu permettre de mûrir un vrai projet; mais pour d'autres ça peut aussi être du gâchis, et un début de galère parce que toutes les familles n'ont pas les moyens nécessaire pour supporter leur progéniture pendant deux cursus d'études. 
      • ou vivotent d'expédients, se refusant à emprunter la voie toute tracée dont ils ont enfin réalisé qu'elle ne leur convient pas, mais sans réussir à retrouver le ressort nécessaire pour identifier une voie qui les enthousiasme.
    • entre 25 et 35 ans, vont de job en job sans y rester longtemps, vite lassés
    • continuent à suivre les rails: prennent un premier job, un second, gravissent peu à peu les échelons et peu à peu, oublient qu'on pourrait aussi bosser avec enthousiasme. Pour un certain nombre d'entre eux, oh oui, cela va finir par leur ouvrir une porte : celle du bureau d'un RH
      • dans le cadre d'un licenciement, parce que quand on fait un boulot qui ne nous plaît pas, on peut avoir tendance à le faire moins bien, voire à traiter avec beaucoup de désinvolture des sujets très sérieux.
      • dans le cadre d'un burn-out, parce qu'une manière d'oublier que ce qu'on fait ne nous remplit pas, c'est aussi de se surinvestir dedans. A défaut d'avoir la satisfaction de faire ce que l'on aime, on recherche la satisfaction de le "faire bien", à tout prix! On ne sait pas s'écouter, alors on crame.
      • dans le cadre d'une dépression / arrêt maladie longue durée du aux milles symptômes par lequel le corps exprime que l'esprit ne veut pas
      • pour une demande de rupture conventionnelle / reconversion, autrement plus difficile à mettre en œuvre une fois qu'on a fondé une famille et / ou signé un crédit sur 25 ans.
Dans tous les cas, cela leur aura plus ou moins longtemps fermé la seule porte qui compte vraiment : celle de leur épanouissement professionnel, c'est à dire de l'expérience, que je souhaite à chacun, 
  • de faire quelque chose qui nous plaît,
  • de savoir qu'on le fait bien
  • et de savoir qu'on est ainsi utile aux autres

Bref, je vous assure qu'aider un jeune à choisir, au lycée, d'étudier plutôt les matières qui l'intéressent vraiment au stade où il en est, c'est lui donner toutes les cartes en main pour une orientation réussie. Cela lui permettra peu à peu d'affiner ses préférences, de découvrir certaines facettes d'une matière, de s'intéresser aux métiers qui s'y rapportent, bref, d'avancer peu à peu vers un projet professionnel solide.



Alors certes, il est parfois angoissant d'orienter un jeune qui "ne sait pas encore quoi faire",  
et on aurait envie qu'il conserve très longtemps un éventail très large d'options possibles.
Mais gardons à l'esprit que 
  • très souvent ces mêmes jeunes savent déjà très bien ce qu'ils ne veulent pas faire!
  • pour de très nombreux lycéens, un bac ES ou L permettra de garder de nombreuses options ouvertes
  • pour beaucoup de plutôt bons élèves, une prépa (éco ou lettres) permettra de prolonger cette ouverture pendant deux ans après le bac
  • il existe de plus en plus de passerelles permettant de commencer une formation puis de bifurquer vers une autre en ne "perdant" pas d'année (ou, au moins, en conservant le bénéfice d'une partie du temps déjà consacré aux études); idem avec le développement des doubles-diplômes, etc.
  • une année d'études n'est pas "perdue", si elle a permis de mûrir une orientation professionnelle plus juste; alors que bien souvent, le changement de filière (de S à L ou ES) en cours de première / terminale se heurte à bien davantage d'obstacles, 
    • que ce soit en raison des programmes, avec le bac qui plane au dessus des têtes
    • ou tout simplement, de l'intégration dans la classe, qui pèse bien plus lourd à cet âge que quelques années plus tard, 
    • ou du sentiment d'échec du jeune qui voit tout le monde "passer son bac" et a le sentiment de rester à la traîne.
ET SURTOUT
  • en tant que parent, on a d'autres moyens, bien plus efficaces d'aider son enfant à pousser la bonne porte: 
    • le mettre en contact avec un maximum de gens pour causer de leur métier, parcours, et élargir ainsi au maximum sa vision des options à sa disposition
    • l'inciter à faire de petits jobs pour se confronter déjà un peu aux responsabilités du monde du travail
    • le pousser à se chercher des mini-stages d'observation pour dissocier vision rêvée et réalité
Si il y a une bonne raison de décrocher son carnet d'adresses et d'embêter voisins, amis, famille plus ou moins éloignée, commerçants et artisans du coin, c'est celle-là! Permettre à son enfant de découvrir une porte qui lui convienne.

Les autres portes, fermons-les gaiement. Ça ne fait que des courants d'air.

Pour les parents qui ont poussé leurs enfants en S: eh ben c'est comme ça. 
Rien n'est perdu! 
Vous pouvez toujours rouvrir le dialogue, vos yeux et vos oreilles (et surtout votre carnet d'adresses), 
et vous montrer vigilants à aider votre enfant à éviter les écueils susmentionnés.

vendredi 19 janvier 2018

Quand Faber & Mazlish ne "marchent" pas... #2 - de l'aide ailleurs

Faber & Mazlish c'est le pied, mais malgré tout, parfois de gros problèmes persistent.

Le problème qui me préoccupait le plus au moment des ateliers me concernait moi: comment gérer ma colère ? Dans ma réflexion initiale sur le sujet, j'avais distingué deux axes de travail :
  • prévenir ma colère en me constituant toute une caisse à outils facilitant la coopération de mes enfants et diminuant donc le nombre de conflits, et
  • apprendre à exprimer ma colère de manière non blessante. 
J'avais fait de gros progrès sur le premier axe, et quelques pas sur le second.

Malgré tout, une colère "réflexe" se déclenchait parfois, sur laquelle je n'avais absolument aucune prise. Certes, potasser et pratiquer Faber & Mazlish avait bien permis de beaucoup réduire la fréquence de mes accès de colère, et la violence de la plupart d'entre eux.
Hélas, ces manifestations de colère-réflexe demeuraient, puisqu'elles intervenaient sans crier gare, donc sans me laisser la possibilité de choisir d'aller ouvrir ma boîte à outils pour farfouiller dedans.

2. Quand Faber & Mazlish ne "marchent" pas - et qu'il nous faut aller chercher de l'aide ailleurs.


Quand Faber et Mazlish ne marchent pas, les ateliers du même nom peuvent bien aider quand même ;-).
En effet, c'est au cours des échanges ayant lieu pendant les ateliers, que l'on m'a conseillé une autre manière d'aborder le problème: une personne vers qui me tourner concernant cette histoire de colère.

En théorie, j'avais toujours eu une vision pragmatique des choses en me disant qu'à certains moments, on pouvait avoir besoin d' "aller voir quelqu'un". Mais sauter le pas, c'est tout de même autre chose.

Parmi les obstacles pouvant nous dissuader d'aller chercher de l'aide à l'extérieur, je pourrais énumérer
  • le peu d'envie qu'on peut avoir d'aller se confier à un parfait inconnu
  • les interrogations concernant les réelles compétences de ce parfait inconnu (il y a de tout, dans ces milieux, du très bon comme du moins bon). Les recommandations peuvent aider à aiguiller, encore faut-il avoir les mêmes critères que les personnes auprès de qui on se renseigne, car le vécu d'une telle aide est très subjectif!
  • les doutes concernant le problème exact et la meilleure manière d'y remédier: 
    • Psy ? (mais de quelle école ?? il y en a tellement) Orthophoniste ? Psychomotricienne? 
    • Entre le symptôme (des comportements problématiques dans la durée), et l'origine du problème, le lien n'est pas toujours facile à établir: j'ai ainsi été impressionnée de constater, sur des groupes IEF, comment des problèmes de comportement peuvent parfois s'expliquer par des problèmes de vue ou d'audition non détectés...
  • la perception éventuellement faussée du problème qu'on peut soi-même avoir: comme dit dans la partie 1 de ce billet, il n'est pas toujours facile de faire la part des choses entre un problème lambda qui se résoudra tout seul avec le temps, ou dont on peut bricoler la solution soi-même, et un problème pas si lambda qui nécessite une intervention
  • le coût: la plupart de ces appuis ne sont pas remboursés, or les tarifs peuvent être sacrément élevés. Alors quand ça se cumule en plus avec un suivi assez long... Bonjour la facture! (vraiment, vraimentvraimentvraiment faire des gosses c'est pas un bon calcul financier. Des poissons rouges nous seraient revenus moins chers)
A quoi peuvent se rajouter d'autres petits trucs comme les soucis logistiques (je fais quoi des autres enfants pendant ce temps ? j'y vais comment ?)...

En ce qui me concerne, j'avais par ailleurs été un peu échaudée par une mauvaise expérience.
J'avais encore bien en mémoire celle de notre procédure d'agrément en vue d'adoption, du temps de notre infertilité. Souvenirs douloureux des entretiens avec une psy qui, sous des dehors très aimables, avait en fait instruit un dossier à charge, en déformant nos propos, délaissant certaines choses que nous avions dites, voire inversant exactement le sens de ce que nous avions dit (de l'importance d'un "ne pas" dans une phrase, hum).
Pour finir par conclure, ô argument d'autorité, que, puisque nous étions capables de préférer l'adoption à un parcours FIV que nous avions refusé, c'était forcément que nous sous-estimions les difficultés liées à l'adoption. E-VI-DEM-MENT!

Aussi ai-je été aidée, dans ma démarche, par le fait que la personne qu'on m'a conseillé d'aller voir n'était pas psy. Car, clairement, à ce moment, je n'étais pas mûre pour me tourner vers une psy.

Je suis donc repartie avec le nom d'une kinésiologue (et en ayant découvert le mot / la discipline au passage).

Pour ceux et celles qui découvrent, voici la définition que je suis en mesure de donner : notre corps mémorise nos traumatismes émotionnels, lesquels traumatismes vont influencer nos comportements et nos émotions à venir.
Du coup, la kinésiologie agit en deux temps, après qu'on ait pris un moment pour définir un objectif pour la séance: quel est le problème sur lequel on va travailler
  • 1. à travers les réponses de notre corps, le kinésiologue identifie les traumatismes associés. Concrètement, il tient notre bras et détecte une différence, dans sa résistance musculaire, selon si la réponse est "oui" ou "non" à sa question. Et donc il commence par circonscrire "l'évènement est-il lié à la zone 30-25 ans, 25-20, etc". Puis hop "20ème année, 19ème année, 18ème année" Quand le moment est identifié, il recherche, de la même manière, les émotions associées.
  • 2. par différentes techniques (à la fois orientales, et certaines issues directement de recherches récentes en neurologie), elle s'attache à reprogrammer notre cerveau, en diminuant l'impact du traumatisme.

Cela vous semble peut-être un peu bizarre.
Moi itou.
Ceci dit, depuis que je suis maman j'ai découvert les bienfaits de l’ostéopathie (sur F. et moi après sa naissance) et de l'acupuncture (pendant la grossesse d'E.), alors j'étais davantage prête à faire confiance à quelque chose qui, je trouve, est un peu cousin.
Et je n'avais rien à perdre.
Et puis, en me renseignant davantage, sur Strasbourg la personne qu'on m'avait conseillée avait une super réputation, beaucoup de personnes (issues de milieux différents) me la recommandaient: il y avait un côté "valeur sûre" assez rassurant!

J'y suis donc allée pour moi, parler de ma colère.
Et j'ai été impressionnée de ce qu'elle a été capable de "trouver" dans mon passé! J'étais consciente de certaines choses, mais pas d'autres, et rien que le fait qu'elle ait réussi à "repérer" certains évènements sans indication de ma part m'a épatée: de grosses difficultés dans les relations au sein de ma propre fratrie, une naissance dans la famille...

Cette unique séance m'a énormément aidée dans les mois qui ont suivi, même si ensuite les effets se sont un peu estompés. Peut-être aurais-je pu retourner la voir pour en repasser une couche (il me semble qu'elle avait dit que cela pouvait être nécessaire), mais entretemps nous étions déjà pris dans les remous pré-déménagement...

Quoi qu'il en soit, cette première séance pour moi m'a encouragée : je me suis dit que je pouvais aussi tenter pour F. .
J'y suis donc retournée avec mon fiston quelques semaines plus tard.

Nous étions fraîchement arrivés dans une phase très compliquée avec lui (en témoigne ce billet "Semaine de Parentalité Positive"), et je souhaitais parler des soucis de pillage de placard, et puis plus généralement des oppositions parfois très fortes de F..

Le moins qu'on puisse dire est que cette séance a déménagé:
  • pillage de placards: entendre quelqu'un qualifier ces expéditions nocturnes de "boulimie"... 
    • "Mais voyons pas du tout, au contraire, F. est tout à fait capable de s'arrêter au milieu d'une crêpe en disant qu'il la garde pour le repas suivant!
    • Puis réaliser d'un coup que, oui, avoir du, dans les pires moments, me lever, dans une même nuit, à minuit, 2h, 3h, 5h du matin pour repêcher F. au milieu de ma cuisine, c'était assez éloigné de ce que j'avais eu tendance à considérer (et traiter) comme un "problème de gourmandise"
  • opposition : entendre la kinésio repérer la conviction, chez F., de ne pas être aimé, et une série d'autres sentiments tournant autour de cette croyance. Très douloureux, mais venant d'un seul coup mettre des mots sur quelque chose que je pressentais sans avoir jamais osé vraiment le nommer.

Là où elle m'a également impressionnée, c'est que parmi les traumatismes qu'elle a identifiés, il s'en trouvait un pendant la grossesse. Or, pendant la séance, je n'ai trouvé aucun souvenir se rapportant au stade de grossesse qu'elle me citait, et aux émotions associées: "nan, nan, franchement, à ce moment, tout baignait dans l'huile!"
Ce n'est que le soir-même, en racontant la séance à Monsieur Bout, que j'ai refait mon calcul. Constaté que je m'étais mélangé les pinceaux (F. étant né prématuré, et moi ayant compté à rebours). Parfaitement identifié de quel moment elle parlait.
Et réalisé avec horreur qu'effectivement, si F. avait repris à son compte n'était-ce que le quart des émotions qui m'avaient agitée à ce moment, nous avions du souci à nous faire.


3 conséquences majeures, pour ce RDV

  • 1. une des pires semaines de ma vie de maman 
    • à l'agitation de F., décuplée par cette séance qui avait visiblement remué énormément de choses en lui
    • s'ajoutait la perte totale de ma sérénité.
En effet, dans le troisième billet traitant de mon cheminement concernant ma colère, j'expliquais comment le fait de dissocier un comportement inapproprié, dans l'instant, de mon enfant, de l'avenir long terme dudit enfant m'avait permis de gérer ces comportements avec bien davantage de sérénité.
Eh bien là, c'était la dynamique inverse: chaque comportement inapproprié de F. devenait pour moi le signe de son mal-être général, un mal-être représentant une terrible menace pour son avenir ! Donc chaque petite broutille me plongeait dans une angoisse maximale, et entrainait ainsi des réactions totalement disproportionnées de ma part (cf le billet "Semaine de Parentalité Positive" correspondant).

  • 2. la disparition du symptôme principal : dans les jours qui suivirent, F. cessa de piller les placards. 
Nous avons eu besoin de temps pour repérer cela, et la manière dont il s'y était pris.
En fait, il a déplacé son angoisse en l'exprimant autrement: c'est le moment où il s'est mis à faire une consommation phénoménale d'autocollants, qu'il collait à la chaîne, de manière véritablement compulsive, sans aucune attention portée à ce qu'ils représentaient ni à l'endroit / une quelconque logique de placement. Il faisait cela à tout moment de la journée, et notamment, un long moment, une fois couché, assis sur le sol de sa chambre.
C'était impressionnant et le voir agir ainsi nous mit très mal à l'aise. Notre première réaction, au bout de quelques jours, fut donc de restreindre son accès aux autocollants.
Et ce furent les crises phénoménales que ces restrictions déclenchèrent qui nous amenèrent à réfléchir.
C'est alors que nous avons soupçonné que ces autocollants cachaient autre chose (d'où notre malaise diffus), et fini par faire le lien avec la disparition des pillages de placards.
Du coup, nous avons estimé que c'était une manifestation d'angoisse déjà moins préjudiciable que le pillage de placards, et donc nous avons fait open-bar autocollants (MERCI les magasins Action et leurs lots de 1000 autocollants à 0,79€. Ils nous ont évité une ruine certaine), et même passé du temps à coller des tas d'autocollants en duo avec F..

Au bout de quelques semaines de ce régime, nouveau déplacement: l'intérêt pour les autocollants décrut... et pour la première fois de sa vie, F. se mit à nous rejoindre dans notre lit le matin, de temps en temps (ce qu'il n'avait jamais fait auparavant): la boucle était bouclée! Ressentant un manque affectif, il était à présent en mesure de venir le combler à sa source, en venant chercher des câlins au petit matin.

  • 3. le sas vers le recours à un psy : une fois sortie de cette séance, j'étais mûre pour emmener F. voir un psy. 
J'avais 
    • un nom pour un des problèmes (boulimie! Dans la définition de notre politique vis-à-vis des assiettes non finies, nous avions pensé prévenir ce trouble chez nos futurs adolescents. Nous n'avions absolument pas pensé nous retrouver nez à nez avec cela chez notre Quatreans!), 
    • une idée assez concrète du reste (doutes sur notre amour inconditionnel: Argh!) 
    • et une idée bien concrète et terrifiante des origines de ces problèmes.
Mon stressomètre au maximum, j'étais hors d'état de m'inventer de bonnes raisons de ne pas avoir recours à un psy. Il me fallait de l'aide, et VITE.

Et puis en plus, j'avais en tête un nom, quelqu'un à appeler! 
J'en avais entendu un max de bien, de plein de sources différentes, dans le réseau IEF de Strasbourg, au point que, quelques mois plus tôt, j'avais filé le tuyau à une collègue pour son fils, et elle en avait été ravie. 
Dès le lendemain, donc, me voici à me jeter sur mon téléphone comme une demi-noyée sur sa bouée de sauvetage.
Sauf que ben oui.
Hé.
Ça aurait été trop simple!
A force d'être plébiscitée, maintenant la personne en question ne prenait plus de nouveaux patients. Désespérée, j'ai donc imploré l'"aimable" secrétaire qui venait de m'assener cette terrible nouvelle "euh mais est-ce qu'elle conseille peut-être quelqu'un vers qui se tourner?"
Hésitation puis "un nom" émis sans conviction.
Mais ce nom était déjà revenu 1 ou 2 fois dans le réseau IEF, alors, perdue pour perdue, zou, téléphone, RDV pris pour 2 ou 3 semaines plus tard.

Ce que je ne savais pas, c'est que je venais de rentrer dans une sorte de Quête du Graal.

Mais ça, ça fera l'objet d'un 3ème billet, parce que comme souvent chez moi, ce que j'entame en annonçant un certain nombre de billets prend ensuite sa vie propre et s'alloooooonge.

Une chose est sûre, cependant: durant les semaines qui suivirent ce RDV, nous fîmes de notre mieux pour Faber et Mazlisher.
Tout simplement parce que, certes, il y avait un problème de fond à régler, mais que dans l'attente, détourner notre enfant de l'image négative qu'il avait de lui-même par des compliments descriptifs, le sortir de son rôle de "mauvais enfant" par des mises en situation de réussite / incitations subtiles à la coopération, le rassurer par du contact physique (bon ça c'est plutôt Filliozat, mais bon), etc... tout cela, eh bien nous nous fîmes la réflexion qu'en l'absence de remède immédiat c'était toujours la manière la moins mauvaise de procéder!

lundi 15 janvier 2018

Petit bilan des cadeaux de Noël des enfants

Noël est passé par là, je prends donc le temps de venir rapidement dresser la liste des cadeaux offerts aux enfants. Cela pourra vous inspirer pour le Noël suivant, ou pour les anniversaires prochains, ou pas.
Et dans tous les cas ça me donnera du grain à moudre pour mon "1 an après" de l'an prochain.


Des doigts très habiles de ma belle-mère, ont émergé
  • des chaussons en laine feutrée, décorés d'une paire d'yeux mobiles
Troooop mignons, ils ont eu un succès instantanés auprès des enfants. 
Plus faciles à enfiler que les chaussons à semelles de cuir dont j'orne habituellement les pieds de mes enfants, ils ont permis à la Bébounette d'apprendre enfin à les ôter et les mettre seule. Youpi.
En plus ils sont fichtrement confortables et plus chauds que des chaussons normaux (je sais de quoi je parle, j'en ai aussi reçu une paire - mais sans yeux mobiles, ce qui a scandalisé les Bébous).

  • Un beau pull pour F., une mignonne petite robe pour E. . 
Bien chauds, ET tout doux (spécial dédicace à tous ceux traumatisés par les pulls-de-grand-mère-qui-grattent)


En plus de ça, il y a eu
  • le jeu du marché Haba
Un excellent choix de mes beaux-parents, ce jeu est plutôt fait pour les petits, mais plaît également beaucoup à F. . Avantages collatéraux non négligeables : 
    • il s'avère très précieux pour "jouer à être poli", 
    • et se prête tout aussi bien à des détournements à des fins linguistiques: les mêmes petits jeux de rôle permettront de s'approprier tout un ensemble de mots et de courtes phrases dans la langue de son choix.

Des parrains marraines, on peut noter
  • une boîte de Plusplus: je louchais dessus depuis longtemps, F. y avait été confronté chez son cousin et chez Alexandra, et s'en est emparé avec intérêt



De notre part, il y avait
pour F.: 
F. absorbé ... et au chaud dans son nouveau pull
  • plusieurs lots de maisons forestières Jeujura, achetés d'occaz (Emmaüs, leboncoin)
Ayant gardé des souvenirs émus des heures passées à jouer à cela avec mes frères et sœurs, j'avais estimé que F. avait atteint le bon âge, et il m'a donné raison! Il joue énormément avec. 
Ce jeu stimule la créativité, à la fois par 
    • le fait que l'on peut inventer énormément de constructions différentes (d'où l’intérêt d'avoir investi dans plusieurs lots, ce qui décuple les possibilités), 
    • et les possibilités de détournement: F. s'en sert pour marquer des places de parking pour ses bagnoles et/ou des routes, faire des ponts entre deux tabourets ikea, transformer son mouton en peluche en paresseux cramponné à une branche, jouer du tambour sur le parquet, etc...

  • une grande boîte de beaux crayons de couleur "juste pour lui" (Faber-Castell, aquarellables)

Pour E. j'avais déniché 
  • une boîte de cubes vintage chez Emmaüs
Leur intérêt est d'avoir une face peinte, avec à chaque fois, une fenêtre, une devanture de boutique, etc. Les deux ont adoré, et, en plus de construire, E. passe de longs moments à admirer chacun des cubes.

une autre suggestion, offerte par mon parrain, et venue de Clotilde:
Destinée à notre jardin, il s'agit donc du premier investissement suite à nos interrogations et vos suggestions sur les meilleurs jouets et équipements d'extérieur pour enfants
J'étais à fond sur une cabane en bois, prête à investir quand 
1. Monsieur Bout a fait mine de tomber des nues et ne pas être tout à fait d'accord alors qu'il me semblait en avoir déjà discuté plusieurs fois avec lui. (déclenchant ainsi le fou-rire de mon beau-frère qui était, lui, au courant des moindres détails du projet)
2. j'ai fait les comptes en intégrant les nouveaux devis des travaux actuellement en cours dans la maison, et euh bon... nous verrons l'an prochain.
Destinée à notre jardin, donc, 
    • et bien adaptée à ses dimensions réduites puisque amovible à l'infini.
    • Mais surtout, comme c'est également utilisable à l'intérieur, en ce moment c'est dans notre salon que les Bébous s'éclatent!
    • Constitué de deux tunnels et de deux cabanes différentes, cela permet pas mal de combinaisons et il n'y a pas de journée qui se passe sans que les enfants ne s'amusent un bon bout de temps avec (mention spéciale pour la manière dont, les matins de weekend, ils vont jouer relativement calmement dedans pendant que nous roupillons encore un peu). 
    • C'est vite replié (enfin, non: c'est vite replié quand on fait cela correctement. Donc c'est variable, car parfois le geste à faire me vient spontanément, et en un tournemain c'est réglé. Et puis parfois ce machin me résiste obstinément et je m'énerve. Parce qu'évidemment ça n'a pas été vendu avec ne serait-ce qu'un dessin cryptique sensé expliquer la manœuvre), et ça prend très peu de place une fois replié.. 
    • Et ça se lave (ça, ce sera pour quand nous l'aurons mis dehors)
Bref, j'en suis ravie!


Rajoutez à cela quelques livres et encore un jeu, et... malgré tout, malgré le fait que le cadeau de mes propres parents étant notre séjour de cet été à Paray-le-Monial, rien n'est venu se rajouter de leur part, eh bien, ... ça fait quand même beaucoup!
J'ai beau avoir une splendide salle dédiée à notre IEF, avec de nombreux placards adaptés au stockage du matériel ludico-pédagogique... je suis rentrée bien décidée à repasser en revue notre stock de jouets pour en éliminer une partie. 

J'ai ouvert grand les placards. 


J'ai ôté une boîte.


Bon, on va dire que c'était parce que le bazar ambiant (bicoz travaux) ne constituait pas un environnement favorable au déploiement d'une fougue désencombreuse.


vendredi 12 janvier 2018

Quand Faber & Mazlish ne "marchent" pas... #1 - d'autres outils

Cela fait plus ou moins 9 mois déjà que ce billet mûrit dans ma tête et dans les brouillons du blog.
C'est un billet long et difficile à écrire, parce que les expériences qui l'ont constitué ont été longues, parfois, à intervenir, et difficiles, souvent, à vivre.
Mais aujourd'hui, il est important pour moi de venir partager cela avec vous.
A la fois, toujours, parce qu'écrire me permet de structurer ma pensée, d'ordonner mes réflexions, et de mûrir ma démarche.
Et aussi, parce que plus j'avance, plus j'estime que partager ses difficultés avec son entourage, et non entretenir une vitrine scintillante en prétendant que "tout va très bien Madame la marquise", constitue presque un devoir, ou en tous cas, une noble cause (3615PreuxChevalier Bonjoôôuur).

De nos jours (mais est-ce seulement de nos jours ? Je n'en suis pas si sûre, et ne voudrais pas sombrer dans ce laïus si commun et facile du "c'était mieux avant"), nous sommes très menacés par l'isolement, un isolement qui empire nos difficultés
Partager les difficultés, c'est s'offrir un triple soulagement
  • mes difficultés ne sont pas "de ma faute", puisque je peux voir que je suis loin d'être seule à les rencontrer. Par opposition à "mais y a que chez moi que c'est comme ça donc c'est moi le problème, je suis nulle". Auto-dévalorisation qui ne vient qu'empirer les choses.
  • mes difficultés sont normales (ou pas) : grâce à ces partages, j'ai des points de comparaison qui me permettent 
    • de ne pas dramatiser des broutilles / choses "normalement difficiles", 
    • ni de passer à côté de problèmes véritablement préoccupants en pensant que tout le monde vit la même chose 
    • exemples au hasard: discuter avec pas mal de mamans peut permettre à une maman de bébé ne faisant pas ses nuits à 6 mois de s'apaiser en constatant que c'est très commun; et à celle dont le bébé se réveille 15 fois par nuit de peut-être réaliser qu'il peut y avoir une cause particulière à ces réveils vraiment très/trop fréquents.
  • mes difficultés peuvent avoir des solutions, et je peux gagner du temps à cibler celles qui marchent : par opposition au fait que chacune, dans son coin, s'échine à réinventer l'eau tiède. Et du reste c'est pour cela que maintenant est le bon moment pour moi pour venir écrire les lignes qui suivront: j'ai pataugé longuement, désespéré, longtemps, et en ce moment l'espoir revient, l'impression d'avoir peut-être trouvé une clé, valable pour mon enfant, valable peut-être aussi pour d'autres.

C'est le sens de pas mal de billets rédigés ici, et particulièrement, vous l'aurez remarqué, de certains des billets plus récents. (qu'il s'agisse de mes infidélités à Faber et Mazlish, de la difficulté à pratiquer la parentalité positive passé l'âge de 2 ans, ou encore des crises de couple).
Des conseils de parentalité positive, on peut en lire plein, mais il est aussi important de réaliser que, quelque soit le packaging parfois très vendeur qui les accompagne, non, la "parentalité facile" ça n'existe pas.

Être parent les doigts dans le nez ?
Oh, si, c'est possible. 
Mais faudra demander à quelqu'un d'autre de mettre ses doigts dans votre nez, alors, parce que vos mains à vous seront toujours bien trop occupées pour cela.
(l'image est pourrie limite dégueu, je sais. Mais j'écris cette intro à 22h38, et je ressens une envie irrépressible de partager cette image loufoque qui s'est subitement imposée à mon esprit)

Fin de l'introduction.
Passons au vif du sujet.


J'ai découvert Faber et Mazlish avec passion.

         J'ai lu et relu leurs bouquins, puis nous avons suivi les ateliers de parents correspondants 
                      J'ai écrit un certain nombre de billets sur la théorie (leurs bouquins, et d'autres associés)
                             J'en ai écrit un encore plus gros nombre sur la pratique. Mes Semaines de Parentalité Positive, notamment, ont eu vocation à partager toutes ces expériences "whaou", ces moments où l'application d'un conseil porte du fruit et vient débloquer, faciliter, embellir, illuminer, un instant du quotidien.
                                                  Aujourd'hui encore, j'en suis toujours aussi mordue (au point que dans quelques semaines je vais enfin suivre une formation à l'animation d'ateliers; parce qu'à force j'ai juste envie de me donner les moyens de contaminer encore plus de gens).

Il n'empêche. Parfois, Faber et Mazlish, ça ne marche pas.


Alors, d'abord, hein, c'est normal que Faber et Mazlish ça ne marche pas toujours.
J'en avais parlé dans mon billet sur les ratés de la parentalité positive: personne n'est un robot, nos enfants non plus, Dieu merci. Il n'y donc pas de télécommande universelle.

Mais l'objet du billet d’aujourd’hui n'est pas les situations à la "j'ai dit ça à mon gosse, et il n'a pas coopéré".
Il s'agit davantage des moments où, dans la durée, un problème subsiste, persiste, s'installe et nous gêne, tel un kyste, sans que toutes les habiletés Faber&Mazlishiennes ne parviennent à nous en débarrasser. Au point, parfois, de venir sérieusement polluer la relation à notre enfant, voire de nous faire désespérer et douter de notre chemin éducatif.

1. Quand Faber & Mazlish ne "marchent" pas - et qu'il nous faut recourir à d'autres outils


Agir sur l'environnement.

Ah, ce bon vieux principe montessorien! On a vite tendance à l'oublier, et pourtant...
Parfois, c'est assez anodin.

Ainsi, dans notre appartement strasbourgeois, j'avais tenté par tous les moyens F&M-compatibles de dissuader les Bébous de grimper sur une armoire en forme d'escalier pour aller brutaliser la lampe posée sur la "marche" la plus haute.
Sans succès. Cette lampe souffrait très régulièrement, et mes nerfs avec, au point que je n'osais plus trop laisser mes deux mômes 2 secondes sans supervision dans le salon. Le stress!
Jusqu'à ce que le hasard me conduise à déposer une plante verte sur la marche la plus basse (vraiment, le hasard: plante verte achetée pour le "Noël" d'équipe du boulot de Monsieur Bout, pour lui faciliter la tâche. Cadeau dont j'ai vite compris qu'il n'était pas exploitable, quand Monsieur m'a expliqué que la réunion en question réunirait des collègues du monde entier. Il pouvait tirer au sort quelqu'un qui repartirait en avion, or l'avion avec une plante verte de quasi 1 mètre de haut, c'est vache)
Bref, plante verte déposée = obstacle naturel sur le chemin de la lampe = lampe tranquille
= Gwen sereine.

Pour les lecteurs avertis du blog, la fascination de F. pour les volets, les fenêtres, et leurs systèmes de fermeture, ne fait pas de secret.
A quoi cela est du? Mystère.
Ça a commencé à ses 18 mois, nous avons espéré que le temps ferait son œuvre, nous avons accompagné, réorienté, encadré, nous avons même essayé de laisser libre cours à ses envies d'exploration, mais à un moment (celui où le moteur d'un premier volet électrique a commencé à donner de gros signes de faiblesse), il a fallu admettre que les systèmes de fermeture et notre patience s'épuiseraient avant l'intérêt de F..
Nous avons donc fait usage du tableau électrique très clair de notre appartement strasbourgeois: mise en position OFF du disjoncteur étiqueté "volets", pour ne le remettre en position ON que pour les quelques secondes nécessaires à leur ouverture/fermeture, matins et soirs.
= Disparition des conflits incessants.

Plus préoccupant: sa passion pour les fenêtres conduisait F. à ouvrir celles-ci et à se jucher sur leur rebord sans trop crier gare.
Puis, F. se mit également à jeter des objets par les fenêtres. Ses jouets, au départ. Des objets lourds, plus tard. J'ai détaillé ici plusieurs des stratégies employées pour l'en dissuader. Chou blanc.
Cela nous a amenés à admettre le constat suivant: quand le problème concerne la sécurité, on n'a pas forcément le temps d'attendre que l'enfant comprenne l'importance de la règle qu'on cherche à lui faire respecter. Nous avons donc changé toutes les poignées des fenêtres en y installant un mécanisme à clé. Contraignant, mais indispensable.

Énervant: l'hiver dernier, suite à la visite de bons amis avec leur garçon plus jeune que F., F. se mit à fréquemment imiter la voix de ce jeune enfant. Toutes mes tentatives pour l'amener à prendre sa voix à lui rencontrèrent un mur. Au contraire, après quelques jours, j'avais surtout l'impression qu'elles avaient plutôt renforcé la détermination de F. à user de sa voix de bébé.
J'ai donc arrêté les frais et décidé de laisser le temps faire son œuvre. Peu à peu, le recours à cette voix a décru, et c'était quasiment terminé cet été.
Jusqu'à ce que notre déménagement ne signe son retour.



L'aménagement de l'environnement, le temps, constituent des outils autres.
Faber et Mazlish donnent d'excellents conseils et vraiment, je les considère comme incontournables. Mais bien entendu il ne s'agit pas de prétendre que leurs bouquins contiennent TOUT ce qui peut servir à un parent: il existe bien d'autres sources, excellentes, auxquelles s'abreuver sur le chemin de la parentalité positive!
Ainsi, concernant l'intérêt de F. pour le jet d'objets par les fenêtres, c'est chez Lawrence Cohen que j'ai lu, bien plus tard, une idée lumineuse.
Ou encore, concernant les couchers difficiles que nous avions l'an dernier, c'est chez Jane Nelsen que j'avais trouvé une manière de procéder qui nous a longtemps assuré des soirées paisibles.



Et puis il y a d'autres points, encore, qui ont résisté, non seulement à tout Faber & Mazlish, mais à toute notre bibliothèque.
Deux points notamment.


J'ai parlé plusieurs fois de la tendance de F. à aller piller nos placards tôt le matin.
Très fréquemment, nous retrouvions des plaquettes de chocolat entamées, nos réserves de biscuits apéritifs dévorées, etc.
Cela avait fait l'objet de ma toute première tentative de résolution de problème, avec succès au départ, puis des rechutes de plus en plus fréquentes. J'ai testé de nombreuses choses.
Nous avons aussi tenté d'aménager l'environnement.
  • Faute de détenir une clé pour la porte de la cuisine, 
  • nous avons déplacé les plaquettes de chocolat. en les plaçant en hauteur, par exemple. Qu'à cela ne tienne, au bout de quelques jours F. avait trouvé comment empiler des tabourets Ikea sur la chaise haute de sa sœur. Ce qui ajoutait un problème de sécurité au souci initial. 
  • Puis nous les avons déménagées dans notre chambre. Pour découvrir, le matin suivant, que les biscuits apéritifs et le sucre vanillé avaient fait les frais des ardeurs de notre fiston. Pas moyen de déménager l’intégralité de nos placards, pourtant! 
Et ces tests ont été très utiles: ils n'ont pas réglé le problème, non, mais quand j'ai fini par aller demander conseil sur un groupe Facebook spécialisé F&M, l'énumération de tout ce que j'avais déjà fait sur le sujet a permis aux réponses de m'orienter: oui, j'avais déjà fait beaucoup, donc si le problème persistait, c'est qu'il se cachait peut-être autre chose derrière.
Désemparée, j'ai fini par arrêter de faire quoi que ce soit. Je me levais dès que je percevais le moindre bruit (bonjour les nuits détendues), j'allais attraper F., et je ne faisais plus rien, à part l'arrêter, le prendre dans mes bras, attendre qu'il termine de se débattre et de hurler, dire "c'est très dur" (car je sentais que c'était dur, mais pourquoi?), et le recoucher, pour être prête à intervenir la fois suivante.

De la même manière, j'avais beaucoup travaillé sur la gestion de ma colère parentale.
J'avais mis en place beaucoup des stratégies définies dans le premier billet consacré à ce sujet, puis dans le deuxième. Grâce à ce travail, j'avais réussi à beaucoup mieux gérer pas mal d'épisodes. Mais je me retrouvais, malgré tout, confrontée à des moments où mon cerveau disjonctait totalement: plusieurs fois, une claque est partie sans que je l'aie vue venir, j'en étais aussi surprise que F. .
C'est durant nos ateliers Faber et Mazlish que les participants et l'animatrice m'ont alors permis de réaliser vraiment que je touchais aux limites de ce que j'étais capable de maîtriser MOI, avec mes petits moyens rationnels de travail sur moi, et qu'il était peut-être temps d'aller chercher ailleurs.

Ces points feront l'objet de la seconde partie de ce billet.