Nous avons réalisé que nous devions choisir en fonction de nous, nous avons fait l'effort de mieux nous connaître pour prendre conscience de nos vrais besoins, mais nous ne sommes pas sorties d'affaire pour autant : 3 obstacles subsistent encore.
8. Le "réalisme"
Le "réalisme", c'est la petite voix qui, face à une situation qui ne nous
convient pas, nous susurre que de toute manière il n'est pas possible de
faire autrement, qu'il faut arrêter de rêver. Bref, c'est bien souvent un cousin très proche du défaitisme.
Cette petite voix nous incite à rester assises au lieu de nous bouger pour obtenir ce que nous cherchons (alors,
oui, on n'est pas dans un Disney, tous les efforts ne finissent pas
toujours par aboutir, mais quand même, assez souvent, sur un malentendu ça peut marcher).
Elle nous ferme à la fois
- la voie vers un autre (dés)équilibre qui nous conviendrait mieux,
- et celle vers une manière plus harmonieuse de vivre l'équilibre qu'on a choisi. Par exemple, elle suggèrera à une maman au foyer ayant quand même bien besoin de moments à elle qu'il est impossible de trouver une personne de confiance / financer une solution de garde pour quelques heures dans la semaine....
Elle nous ferme à la fois
- la voie vers un autre (dés)équilibre qui nous conviendrait mieux,
- et celle vers une manière plus harmonieuse de vivre l'équilibre qu'on a choisi. Par exemple, elle suggèrera à une maman au foyer ayant quand même bien besoin de moments à elle qu'il est impossible de trouver une personne de confiance / financer une solution de garde pour quelques heures dans la semaine....
Elle nous incite à étouffer nos besoins, à piétiner nous-mêmes nos limites en
nous chuchotant que de toutes manières, soyons honnêtes, ces besoins sont illégitimes et que, regardons les choses en face, notre entourage n'a que faire de nos limites / n'est en aucune
manière capable de les respecter :
- elle empêchera ainsi toute maman de dire "je me repose" à ses enfants
- elle découragera une maman pro d'oser
- partir à une heure décente,
- refuser une réunion,
- énoncer des règles du jeu claires ("en règle générale je n'accepte pas de réunion après biiiip heures - je ne mets pas de chiffre, chacune, en fonction de son secteur, son passé pro, etc a sa frontière taboue, le chiffre dont elle est intimement persuadée qu'en dessous, elle abuse, non là vraiment - je suis dispo pour les exceptions qui le justifient mais au quotidien c'est ainsi que je fonctionne de la manière la plus efficace"), en la persuadant d'avance que ce sera incompris, pas respecté, mal vu, critiqué, reproché... etc
Bref,
cette petite voix que nous entendons toutes nous fatigue, nous
décourage, nous enferme. Elle nous incite à douter de nos capacités,
nous pousse à rester passives au lieu d'actionner les leviers que nous
avons à disposition.
Enfin, elle tue dans l’œuf notre
capacité à explorer d’autres territoires, à sortir de nos sentiers
battus, voire même à ouvrir la voie à d'autres en remettant en cause de
soi-disant fatalités.
9. L'obligation d'assumer un choix parfait
Si
il y a bien un point sur lequel les discussions de benchmark m'ont aidée à avancer, c'est en me permettant de réaliser que la solution parfaite n'existe
pas. Les allemands ont un chouette terme pour cela : "die eierlegende
Wollmilchsau" (littéralement: la truie laineuse laitière pondant des œufs). Comme vu
en point 4 ici, l'équilibre parfait et permanent n'existe pas, la vraie vie sera plutôt
constituée de déséquilibres, le tout étant de s'arranger, autant que
possible, pour que ces déséquilibres soient tenables / pas trop
importants.
C'est une vérité qu'il vaut mieux regarder le plus tôt possible en face, car son corollaire à son importance :
- non seulement la quête de la perfection absolue est inutile (pas la peine donc de se remettre en question dès le moindre couac, puisque celui-ci n'est pas forcément le signe qu'il faut tout remettre à plat)
- mais surtout on a le droit de trouver son équilibre, tout choisi qu'il soit, difficile.
On a le droit de le trouver difficile, donc on a le droit de se plaindre des points négatifs dudit équilibre.
Si si.
C'est autorisé.
Oui oui oui oui oui.
Farpaitement môssieur Astérix
Si si.
C'est autorisé.
Oui oui oui oui oui.
Farpaitement môssieur Astérix
Oui, maman au foyer, même si "c'est toi qui l'as voulu",
- tu as le droit de trouver que, quand même, parfois,
voire plus souvent que parfois,tes enfants sont RE-LOUS. - Et même si tu as décidé de vouloir être beaucoup avec eux, tu as le droit de dire que parfois, tu aimerais du temps tranquille.
- Et même si c'est librement que tu as décidé de mettre ta vie pro entre parenthèses, il est légitime de faire remarquer à ton interlocuteur que le fait d'être automatiquement ravalée au rang de neuneu dans les dîners en ville te pèse.
Oui, maman-vie-pro, même si "c'est toi qui l'as voulu", tu as le droit de trouver et clamer
- que franchement, gérer de front boulot et enfants c'est compliqué (surtout si chose rarissime ils sont malades et que tu dois faire bonne figure en réunion alors que tu t'es levée 5 fois cette nuit - toute ressemblance avec une situation réelle et très très récente n'est pas fortuite),
- que tes collègues ne sont pas arrangeants,
- le rythme du monde du travail vraiment pas adapté,
- ton mode de garde vraiment pas souple, bref.
Quel que soit ton
choix, chère maman, tu as le droit de ressentir toutes les émotions
contradictoires et pas toujours ro-roses que ce choix et le fait de le
vivre au quotidien font naître en toi. Tu as le droit de les ressentir, ET de les exprimer, voilà.
Parce que cette interdiction de se plaindre constitue un obstacle à part entière sur la voie vers le bon (dés)équilibre. Assumer sans rien dire, c'est
1. te bouffer, toi, c'est-à-dire te priver d'une soupape tout à fait saine (et par là-même, risquer que tes émotions ne se cherchent un autre vecteur d'expression....)
2. entretenir tes congénères dans l'illusion que, toi, tu as du trouver l'équilibre parfait, donc qu'elles ont un problème si leur équilibre n'est pas parfait
3. te fermer la porte à des suggestions pouvant t'aider, ou des propositions de soutien.
Il ne s'agit pas de te transformer en râleuse de compèt, mais tu n'as pas besoin de vivre ton quotidien avec un sourire Colgate collé en permanence sur ta jolie frimousse.
Parce que cette interdiction de se plaindre constitue un obstacle à part entière sur la voie vers le bon (dés)équilibre. Assumer sans rien dire, c'est
1. te bouffer, toi, c'est-à-dire te priver d'une soupape tout à fait saine (et par là-même, risquer que tes émotions ne se cherchent un autre vecteur d'expression....)
2. entretenir tes congénères dans l'illusion que, toi, tu as du trouver l'équilibre parfait, donc qu'elles ont un problème si leur équilibre n'est pas parfait
3. te fermer la porte à des suggestions pouvant t'aider, ou des propositions de soutien.
Il ne s'agit pas de te transformer en râleuse de compèt, mais tu n'as pas besoin de vivre ton quotidien avec un sourire Colgate collé en permanence sur ta jolie frimousse.
D'autant qu'en exprimant ces émotions, tu fais
encore un super job de maman : tu montres à tes enfants
- que la vie, c'est aussi des trucs pas roses,
- que tout choix a des conséquences qui peuvent être mitigées,
- que faire un choix c'est en porter les conséquences, pas les nier,
- et qu'une émotion, ça s'accepte et ça se dit.
C'est-y-pas une chouette leçon de vie, ça ? Bravo.
10. L'obligation d'assumer seule
Poussons un peu plus loin: non seulement il est bon pour notre équilibre de nous autoriser à nous plaindre, mais en plus nous avons l'interdiction de vouloir assumer notre (dés)équilibre seule.
Car cette pression interne qui nous pousse à vouloir assumer seule et nous fait croire que nous détenons le monopole de la problématique d'équilibre / de la gestion des enfants, c'est notre 10ème et dernier obstacle.
C'est pourquoi : Wonder Woman, dehors!
La question de l'équilibre, d'abord, se partage avec Monsieur. On a trop souvent tendance à en faire une préoccupation uniquement féminine, et très souvent en effet, la seule qui revoit (ou est incitée à revoir) sa manière de travailler une fois le couple devenu parents, c'est madame.
C'est bien dommage.
D'abord parce que pouvoir répartir sur deux paires d'épaules les absences liées à maladie, l'arrivée plus tardive / départ plus tôt pour cause de déposage / cherchage d'enfants, c'est bien plus confortable, et plus épanouissant.
Personnellement, du temps de F., quand je me retrouvais impliquée au dernier moment dans une grosse (et tardive) réunion sur un sujet passionnant, il m'était beaucoup plus facile de me passionner pour ledit sujet, donc d'en tirer toute la stimulation intellectuelle que je venais chercher au boulot, quand je savais que ma participation à cette réunion ne signifiait pas que F. allait longtemps attendre sa maman chez la nounou, mais tout simplement que, Monsieur Bout s'arrangeant du coup pour sortir plus tôt, F. était bien au chaud chez nous, pour une soirée "entre hommes" avec son père.
Cette expérience de détente, de partage du poids de la gestion, et donc de meilleure capacité à goûter l'aspect pro a également été mon expérience pendant notre court épisode de Papazofoyer.
Ensuite parce que ça permet à monsieur de tisser lui aussi des liens particuliers avec sa progéniture, et de renforcer son sentiment de compétence : être indispensable à son enfant, c'est très valorisant pour nous mesdames, mais ça peut aussi exclure un papa.... et le rendre d'autant moins capable de nous aider. C'est en particulier un piège possible dans une constellation maman-au-foyer / papa-travaille : la fabrication d'un incompétent plus ou moins total au niveau domestique.
Outre le papa, on a le droit et le devoir de recourir aux aides suivantes, comme elles se présentent (on peut aussi les solliciter)
- l'entourage familial (chez nous les grands-parents sont loin, mais même pour une ou deux fois par an, c'est toujours ça!)
- les solutions de garde diverses et variées : nounou, garderie, garde à domicile, babysitter. Oui il y a un coût, mais aussi beaucoup de manières de le financer. Une copine à moi échangeait du soutien d'anglais contre des heures de babysitting par exemple.
- les aides ménagères: idem, ça a un coût, mais si cela aide les parents travaillant à profiter de leur progéniture au lieu de passer leur temps-maison à récurer les cuivres, c'est un investissement rentable, non? Quant aux mamans au foyer, ne serait-ce que sous-traiter la partie du ménage qui vous embête le plus n'est pas "être une grosse feignasse", c'est vous offrir une petite respiration. Là encore ça peut valoir de torturer un peu le fichier Excel du budget, il pourrait finir par avouer qu'en fait, ça passe.
- les voisins et amis serviables: un début de soirée pas plus tard
qu'en fin de semaine, ma charmante voisine du dessus est venue taper la
causette puis a proposé à F. de monter un peu chez elle; il y a passé
3/4 d'heures
(à actionner tous leurs interrupteurs de volets et de lumières)passionnants, et moi j'ai pu ainsi apprécier le luxe rare de quelques moments en tête à tête avec la Bébounette, préparer le dîner tranquillement, et même m'asseoir quelques minutes dans mon canapé. La même voisine m'a proposé du même coup de venir m'aider pour les bains un soir par semaine. Je suis tentée...
Pour résumer, certaines d'entre vous auront lu le bouquin de Charlotte Poussin "Apprends-moi à faire seul - la pédagogie Montessori expliquée aux parents". Eh bien il s'agit de suivre l'exact inverse. Mettons notre amour-propre dans notre poche. Pour ne pas crever en route, apprenons à ne pas faire seules...
Un seul mot d'ordre : nous ouvrir des possibilités et alléger la pression en la partageant!
Voilà pour ce tour d'horizon des principaux obstacles que j'ai identifiés sur mon chemin. Hélas, les identifier ne m'empêche pas de tomber régulièrement dans le panneau, mais aide à prendre du recul et à avancer, cahin-caha, certes, mais avancer tout de même!
(personnellement, j'ai mis du temps à me défaire du n°1 - injonctions du milieu social -, et j'ai réalisé assez lentement que le n°4 supposait que je n'avais pas à choisir une solution "pour toujours" / que ce n'était pas parce que j'avais envie d'être au foyer un long moment que ce devait être tout de suite; les n°7 et 9 sont ceux qui résistent le mieux à mes actions d'éradication... Ils reviennent régulièrement pointer leur vilaine petite tête. Ouh qu'ils sont vicieux!)
Et vous, quels sont les obstacles qui vous menacent le plus ?
Le 1 et le 8 ... dur dur de s'en détacher !!! Et comme toi, se dire que rien n'est figé mais que tenter une aventure est pas définitive, avoir le droit de craquer malgré nos choix longuement réfléchi, avoir le droit de râler car c'est un choix difficile à assumer ...et oui, s'entourer pour pouvoir aller aux bouts de nos choix, ne pas avoir honte et peur de demander de l'aide ... bon je dis ça mais en même temps pour le moment, les filles sont encore scolarisées et je travaille encore à mi-temps mais tout ça va changer (au moins pour un an)!!
RépondreSupprimeroui si j'ai bien compris tu prends une dispo, en mode test c'est ça ?
SupprimerEt oui le 8 est d'autant plus dur dans le cas où se rajoute la variable IEF, car c'est un choix tellement marginal que tout reste encore à explorer en termes de possibilité. Mais je suis contente de réaliser, au fur et à mesure que j'explore la toile, que ces interrogations sont partagées et vécues par de plus en plus de personnes.