lundi 31 juillet 2017

Chouette album en allemand : kleiner weisser Fisch

Comme je le précisais dans mon dernier billet, qui traitait de la manière dont j'instille en ce moment, sans grand effort, de l'allemand dans le quotidien des Bébous, les albums pour enfants occupent une place de choix dans ma stratégie. Je profite pour cela de ce que nous habitons une ville internationale et que cela se voit au niveau du stock de livres d'enfants en langues étrangères proposé par les bibliothèques que je fréquente. 
(Ah là là quelle sera à cet égard la qualité des bibliothèques auxquelles nous aurons accès après le déménagement... Je commence à réfléchir à un raid sur un marché aux puces de Kehl d'ici notre départ, afin de me constituer un stock pas cher).
Selon le temps que je peux consacrer à la sélection (= si mes enfants profitent ou non de ce que je suis occupée pour déménager la bibliothèque), mes choix sont plus ou moins heureux. Mais ce n'est pas bien grave puisque mes erreurs de casting ne me coûtent pas un centime, et se contentent d'attendre dans un coin le moment de regagner la bibliothèque.

Pour favoriser la mémorisation de nouveaux mots et ménager la patience de mon lectorat (notamment F.), je privilégie 
  • des albums concrets, 
  • avec peu de texte, 
  • et des illustrations au rapport le plus direct possible avec le texte.
Je tape donc plutôt dans des livres destinés à un âge inférieur à celui de F.

Ma dernière expédition m'a permis de mettre la main sur un album particulièrement bien adapté à l'imprégnation que je recherche :

des éditions Bloomsbury, traduit du néerlandais.
  • Une histoire très simple, d'un petit poisson blanc qui a perdu sa maman, la cherche, et rencontre ainsi une série d'animaux de la mer dont il vérifie à chaque fois qu'ils ne sont pas sa maman. Chaque animal étant d'une couleur de l'arc-en-ciel, cela permet de passer en revue les noms des animaux concernés, ainsi que les couleurs.
  • Par ailleurs, la structure est très répétitive:
    • on se pose toujours la question de savoir si l'animal rencontré est la maman du petit poisson, puis on y répond par la négative, en disant ce que c'est, et de quelle couleur c'est. 
    • Et cette répétitivité est très très favorable à la mémorisation: très vite les Bébous ont commencé à répondre eux-mêmes "Neeeein", puis à faire de temps en temps les questions.
  • La structure des phrases étant répétitive elle aussi, cela favorise la mémorisation du vocabulaire associé (on sait qu'on parle d'abord de l'animal, puis qu'on mentionne sa couleur), et de la syntaxe; ainsi les Bébous se sont-ils rapidement mis à compléter les phrases eux-mêmes.
  • Les mots choisis sont assez simples, et les Bébous ont plaisir à les répéter. Entendre E. s'essayer à prononcer "Schnecke" ou "Schildkröte"... je fonds !
  • Les illustrations sont simples et mignonnes, leur simplicité favorise l'attention portée aux mots, et les couleurs contrastées sur fond noir ressortent particulièrement bien.


Bref, l'important est que ce livre a remporté un succès immédiat, au point que malgré ses réticences à mobiliser ses connaissances en allemand, au bout de quelques lectures F. s'est de lui-même mis à pointer du doigt les lettres du titre pour en nommer chaque couleur, et qu'on m'en demande et redemande la lecture. 
C'est d'ailleurs le premier livre en allemand qui excite autant l'intérêt de la Bébounette : elle enrichit ainsi considérablement son maigre répertoire de vocabulaire... et cet intérêt présente l'avantage collatéral de stimuler encore davantage celui du Bébou qui ne veut pas être en reste. Ils finissent par faire les questions et les réponses, et moi je jubile.

Cet album est tellement chouette que je réfléchis à en faire l'acquisition si j'ai moyen de le trouver pas cher d'occaz... Ces réflexions m'ont amenée à faire un tour chez amazon, et j'y ai découvert que cet album a été suivi de plusieurs autres. J'ai donc prolongé un peu mes recherches et, de ce que j'ai pu en voir des images publiées sur le site, 
  • "der kleine weisse Fisch und seine Freunde" me semble plus mignon mais plus lambda : une histoire moins compatibles avec mes buts linguistiques, je n'ai pas repéré de répétitivité, mais 
  • "der kleine weisse Fisch ist glücklich" reprend une structure répétitive intéressante ; 
  • je n'ai pas pu trouver d'images de l'intérieur du 4ème livre existant, "der kleine weisse Fisch wird gross", mais les critiques que j'ai pu en lire précisent qu'il s'agit de la fête d'anniversaire du petit poisson, et que l'intrigue tourne autour des contraires, ce qui me semble donc très susceptible d'être favorable à l'acquisition d'un nouveau vocabulaire.

En conclusion, je suis enthousiaste, toute contente de surfer sur l'engouement des Bébous pour cette trouvaille, et je suis toute ouïe si vous avez du testé et approuvé d'un genre similaire à me conseiller!


samedi 29 juillet 2017

Saupoudrages d'allemand - Deutsch, im Alltag gestreut

Ayant besoin de temps avant de vous livrer mon prochain gros billet (suite à une demande, je bosse sur  la conciliation entre don de soi et respect de ses propres limites, pour le parent. Passionnant ! Mais demandant d'approfondir un peu, bien évidemment), j'en profite pour sortir rapidement un duo de billets sur l'actualité germanique chez nous. Voici donc.

Pour mémoire, malgré de fortes attaches à l'Allemagne de part et d'autre, nous n'avons pas l'ambition de rendre le Bébou bilingue dès le plus jeune âge. Nos priorités sont ailleurs, néanmoins, je m'efforce de favoriser l'apprentissage de quelques rudiments d'allemand par les enfants (et me sens un peu coupable vis-à-vis de ma belle-mère quand j'ai le sentiment d'échouer en partie).
Or la dynamique germanique du Bébou est beaucoup moins bien huilée qu'elle ne le fut cet hiver. Et nous sommes passés par des phases où F. manifestait clairement son refus de prononcer ou écouter le moindre mot d'allemand.

Ce ne fut pas sans peine (ni parfait), mais je suis fière d'avoir cependant réussi à maintenir un fil conducteur minimum constitué de

  • un petit déjeuner à tendance germanophone
c'est le moment de la journée où je privilégie l'emploi de phrases complètes, toujours les mêmes :
Möchtest du Milch - voudrais-tu du lait
Möchtest du mehr Milch - voudrais-tu plus de lait
hm, leckere Milch, - miam, le bon lait
ich trinke Tee - je bois du thé
et une bonne vingtaine de phrases / variantes du même acabit, reviennent ainsi quotidiennement aux oreilles des Bébous. Entretemps, ils n'ont plus besoin de leur traduction.
Ceci est très modeste mais constitue néanmoins une base pour éviter que l'allemand ne soit qu'une série de mots de vocabulaire sans lien entre eux, ce qui était le risque avec notre approche initiale. J'en profite pour sensibiliser les petites oreilles à la conjugaison en m'ingéniant à conjuguer les verbes utilisés à un peu toutes les personnes.

  • livres en allemand 
nous en avons un certain nombre à la maison, et je cherche à revenir de chaque visite à la bibliothèque munie de 2 ou 3 albums en allemand.
Généralement, dans cette période de désamour, nous avons droit à l'exigence de F.
"tu me lis en français !"
à quoi nous répondons :
"La règle c'est : quand c'est écrit en allemand, on lit en allemand. Mais on peut expliquer et commenter en français" (en mêlant les deux langues en fait).
Et du coup le 2ème billet du duo sera un mini billet à propos d'un album super chouette dégoté à la bibliothèque: en effet certains se prêtent mieux que d'autres à l'apprentissage, et là j'ai mis la main sur une petite pépite.

  • Un peu de "télé"
Je dis "un peu", car les temps étant plus calmes, j'ai moins besoin de ces moments "off" durant lequel coller F. devant la télé. Il est donc rare qu'il en bénéficie plus d'une à deux fois par semaine, et deux ou trois semaines ont pu s'écouler sans rien.

Néanmoins, comme je remarque toujours un effet positif sur sa pratique de l'allemand / sa disposition à utiliser ses connaissances après une séance télé... comble du comble, ces derniers temps c'est souvent moi qui lui propose d'aller se caler devant l'écran de notre ordinateur alors que rien (ni demande explicite de sa part, ni comportement agité nécessitant une mise en pause) ne l'exige. Mais encore une fois, je me félicite d'avoir ainsi lié les deux, car vraiment je vois un impact positif de ces films sur la germanitude de F.

Je pourrais faire plus. Mais déjà de m'y être mis c'est énorme vu mon peu de spontanéité pour les comptines. 
Je les entonne quand j'y pense. E. est plus réceptive que F., mais en voyant sa sœur à fond, le grand frère finit par se laisser un poil contaminer par cet enthousiasme.

  • L'exposition à des germanophones
L'environnement est assez favorable chez nous, mentionnons :
quelques jours passés au jardin d'enfants franco-allemand, qui contribuent à former l'oreille et la langue de F. Ainsi le Bébou s'est-il mis, un soir, tout à trac, à compter jusqu'à dix en allemand, sans que nous n'ayons rien fait. Je soupçonne une combinaison apprentissage passif devant ses petits films + activation de ce passif au jardin d'enfants.
et autres expositions fortuites à la langue : courses en Allemagne (que la proximité avec la frontière va nous manquer!), discussions de leur humble mère avec des parents du jardin d'enfants... ou encore la venue de ma sœur, qui parle exclusivement en allemand à ma nièce (même age que Bébounette) 

  • Casage d'allemand quand le moment s'y prête
J'ai ainsi initié F. à la bataille avec un jeu de cartes lambda, et après plusieurs jours, j'ai réalisé que je tenais là une occasion idéale pour énoncer les chiffres en allemand, ou commenter les couleurs. 
Résultat : par simple imitation, sans insistance de ma part, F. s'est mis également à énoncer régulièrement les nombres sortis en allemand; et c'est de lui-même qu'il m'a demandé comment on disait "trèfle".


Je suis vraiment heureuse de ne pas avoir lâché car même si la progression de F. ne s'est pas poursuivie au rythme auquel je l'espérais cet automne, je remarque fréquemment qu'une certaine imprégnation se fait. L'enfant et son esprit absorbant, toujours...
Je réfléchis avec toujours plus de motivation pour, après notre déménagement, nous trouver une baby-sitter germanophone.

Par ailleurs, bonus à noter: de plus en plus E. répète et s'approprie certains mots! 
Là encore, le fait d'être la seconde lui permet de nager avec le courant sans effort spécifique de ma part.
C'est bien confortable, car il n'est plus à prouver que je suis une bonne grosse flemmarde ;-)

jeudi 27 juillet 2017

Alphabet mobile en police Danièle Dumont

F. ayant démarré les lettres rugueuses en avril, j'avais à cœur de trouver rapidement un alphabet mobile, afin de l'avoir sous la main dès que ce serait le moment.
Rappelons-le, le but de l'alphabet mobile est de permettre à l'enfant de rentrer dans l'écriture des mots (assemblages des lettres formant les sons du mot) sans être dépendant, pour cela, de sa capacité à les tracer. L'usage d'un alphabet mobile permet ainsi de dissocier deux compétences, l'une phonologique, l'autre graphique.

Cela faisait longtemps que j'avais repéré ceux fabriqués par Au Bois des Lettres. Et puis paf, voilà qu'au moment de finaliser ma commande, je traîne sur Internet et un post Facebook attire mon attention sur le fait que ladite entreprise est en cours de finalisation d'un alphabet mobile reprenant la police d'écriture développée par Danièle Dumont (si je vous parle chinois, vous pouvez aller lire un article très complet ici).
Du coup, je n'ai fait ni une ni deux, j'ai stoppé ma commande et j'ai attendu, telle un vautour sur sa branche, avant de fondre dessus tel un faucon, sitôt les commandes ouvertes.


La première série a eu des problèmes de fabrication si bien que certaines lettres sont arrivées endommagées, mais le service client est très réactif et m'a renvoyé tout ce que je lui ai demandé (ben oui, je n'ai pas repéré toutes les lettres endommagées du premier coup. Et ensuite La Poste a malmené un des envois...)

J'avais un tout petit peu hésité, apeurée par le fait que les alphabets d'Au Bois des Lettres sont vendus non peints. Mes compétences restreintes en travaux manuels ne sont plus à démontrer... je craignais donc un peu qu'une fois passé par mes mains maladroites l'alphabet n'ait plus un aspect si joli.
J'ai vite été rassurée, et en profite pour vous rassurer au passage: le conseil d'avoir recours à des marqueurs Posca est excellent. Ces machins sont magiques,
  • c'est facile, ça sèche en un clin d'œil, 
  • ça ne bave pas, 
  • et on n'a pas non plus à veiller à passer le mème nombre de couchées partout pour un résultat uniforme. Par défaut on n'a besoin que d'une couche, mais si on passe 4 fois quelque part et une fois à côté, ça ne fait aucune différence visible à l'œil nu. 
Vraiment pas la mer à boire!
Un peu plus fastidieux : le coloriage des accents mais surtout des points (i, j, trémas): c'est tout petit et très énervant.
Autre question que je m'étais posée : un unique feutre bleu suffit-il pour toutes les consonnes ? (puisque j'avais choisi de privilégier la variante consonnes en bleu / voyelles en rouge, que je trouve moins agressive visuellement). La réponse est oui.

Cet alphabet mobile a eu beaucoup de succès auprès de F. .
Pour le moment il n'est pas encore passé en mode décomposition des mots / écriture spontanée, mais la manipulation des lettres en bois est venue soutenir leur apprentissage sur les lettres rugueuses, et par ailleurs, l'utilisation sur tapis ligné a favorisé l'apprentissage du bon positionnement, en ligne, de gauche à droite, des lettres.
 
Et personnellement, je trouve qu'il s'agit là d'un matériel vraiment beau, j'ai plaisir à le sortir et suis bien contente de constater que je ne suis pas la seule.

mardi 25 juillet 2017

11 choses que je rapporte de Paray-le-Monial

Nous rentrons tout juste d'une superbe retraite spi à Paray-le-Monial.

La tête, le cœur, l'âme et les bagages bien pleins...

Que rapporte-je donc de cette première fois à Paray?

1. Une chouette devise
"si le destin est contre nous, tant pis pour lui"
Évoquée dans un des topos de la session, la devise m'a fait sourire, d'abord. Et puis franchement, quoi de plus pertinent dans un monde où trop souvent la loi des déterminismes voudrait nous laisser mariner dans l'immobilisme ?
Eh ben non, il est toujours possible de faire différemment, de changer au moins quelque chose. Na.

2. Un moment Zéro Déchet
Assurer les repas de 2000 personnes (c'était une "petite" session, paraît-il...) dans des installations pas-en-dur, ce n'est guère évident. 
Et j'ai réalisé que tout de même, à défaut d'avoir révolutionné mon mode de vie, ma tête a déjà parcouru du chemin : dès le premier repas j'ai tiqué en voyant la vaisselle et couverts jetables. Du coup avec ma sœurette, membre de la Communauté de l'Emmanuel, et qui bascule aussi dans le ZD en ce moment, nous avons gambergé jusqu'à trouver une solution à proposer aux responsables : demander à chaque famille de se prévoir ses couverts en métal et d'en assurer le nettoyage après chaque repas. Ce serait déjà un grand pas de fait, et compatible avec les contraintes règlementaires.

3. Un amour renouvelé pour les couches lavables
Faute de machine à laver, et au vu des températures élevées, pour la première fois de ma vie j'ai acheté un paquet de couches jetables pour nous faire la durée de la session (nuits du Bébou, et Bébounette 24h/24). 
Eh bien y a pas à dire, les couches lavables présentent certes des inconvénients, mais je supporte ceux-ci bien mieux que ceux des couches jetables! 
  • Ça pue mille fois plus (sur l'enfant, ET dans la poubelle ensuite), 
  • ça se détache fort à propos de l'enfant (surtout une fois rempli de selles - et j'y ai eu droit plusieurs fois), 
  • ça fuite, 
  • ça absorbe moins (jamais eu de couche de nuit trop pleine en version lavable...), 
  • et en plus, qu'est-ce que c'est moche sous les petites robes de la Bébounette! 
Un point partagé avec Monsieur Bout, qui a autant rouspété que moi sur "ces fichues jetables".

4. Un coup de cœur pour leur philosophie de garde d'enfants
Afin de permettre aux parents de profiter des moments forts de la session dans des conditions acceptables, les enfants sont pris en charge toute la matinée, puis une partie de l'après-midi. 
J'avais entendu beaucoup de bien de ce qui est organisé pour les enfants un peu grands, mais j'étais un peu anxieuse concernant les plus petits. Je m'imaginais un truc se rapprochant d'une "consigne à bébés", en mode "posez votre bébé là, au milieu des 50 autres, et nous allons gérer", permettant aux enfants de survivre en sécurité quelques heures, un point c'est tout.

Et non. Les enfants de 0 à 36 mois étaient gardés dans un grand lieu, moitié intérieur, moitié extérieur, avec un max de jouets et d'équipements de toute sorte (la Bébounette s'est éclatée à pousser des poussettes, des trotteurs, des petits vélos à longueur de matinée), mais surtout : à chaque "serviteur" (= participant aux sessions, volontaire pour offrir une de ses matinées. Il est demandé notamment à chaque parent, si possible, de participer une fois) est attribué, pour la demi-journée concernée, 1 à 3 enfants attitrés
On sait à qui on remet son enfant, on a rempli une petite fiche contenant notamment la question "comment votre enfant est-il accompagné dans les pleurs" (quand je l'ai vue, celle-là, mes yeux se sont illuminés), et c'est cette personne là qui nous racontera comment s'est passée la journée.
Je n'avais pas d'énormes inquiétudes concernant la Bébounette au vu de sa grande indépendance (qui a du reste été remarquée par tout le monde), mais à présent je m'imagine très bien revenir avec un bébé plus jeune, ce qui n'était pas le cas auparavant: je me disais plutôt "profitons que cette année nous n'avons que deux enfants déjà un peu grands".
Par ailleurs, je me suis du coup sentie très à l'aise quand est venu le moment de mon service à moi : certes, gérer deux enfants de 14 mois et un de 7 mois, c'était un peu sportif, mais j'étais bien mieux dans mes baskets ainsi que si j'avais du gérer un "collectif". Nous étions tous là avec nos mômes, à les porter, les pousser, leur lire des machins, ceux qui avaient eu du mal à se séparer étaient câlinés, bercés, c'était une chouette atmosphère et j'ai aimé y contribuer !

5. La confirmation que j'avais eu la bonne intuition (mode auto-congratulation) 
Nous partions en famille élargie puisqu'il s'agissait d'un cadeau offert par mes parents à tous leurs enfants + valeurs ajoutées. Lorsqu'ils avaient proposé cela, je m'étais déclarée partante à une seule condition : qu'on emmène une baby-sitter avec nous, afin d'aider à gérer les enfants.
Bien nous en a pris! 
En plus de balader la dernière née de mon frère, dont la date de production récente ne permettait pas vraiment la prise en charge par le système de garde lambda, ladite baby-sitter a pu gérer les siestes des enfants, ainsi que la surveillance de leur sommeil pendant que nous assistions aux veillées du soir.
Et nous avons aussi pu davantage profiter des possibilités offertes tout au long de la session (petites conférences annexes, mais aussi et surtout adoration, confessions, etc).

6. Une bonne bouffée d'air spirituel (ben oui, quand même!)
Depuis l'arrivée des enfants, je vivotais un peu, situation dont il était d’autant moins aisé de sortir que le comportement  des enfants (enfin, surtout de F.) durant nos messes dominicales n'est pas toujours très propice au recueillement. 
Avoir cinq jours devant moi pour me reconnecter un peu, ainsi qu'une ribambelles de prêtres très chouettes pour faire un peu de nettoyage, le tout entourée d'un tas de gens remplis de joie pour me la transmettre, ça m'a fait le plus grand bien.

7. Un max de bouquins
Sous une des grandes tentes est abritée une sublime librairie, nous y avons passé quelque temps et n'en sommes pas ressortis les mains vides. 
Je suis ravie d'avoir pu prendre le temps d'y trouver de quoi accompagner nos enfants dans leur éveil à la foi. Il y avait un choix monstre et pouvoir ainsi trouver précisément la référence qui nous parlera, c'est vraiment très précieux.
Oublions l'aspect budgétaire...


8. Une belle rencontre orientée parentalité positive
Dans ladite librairie, justement, j'ai eu la joie de voir les Faber & Mazlish proposés! (donc oui évidemment elle est sublime). Je suis toujours comme une gamine quand je vois que ça se répand, ils m'apportent tellement que je voudrais convertir tout le monde (nan ça se voit pas sur le blog...).
Mais en fait, c'est Monsieur Bout qui a attiré mon attention sur leur présence, et une jeune femme les regardait aussi, du coup nous avons commencé à discuter en mode "ah c'est trop cool qu'ils soient présents ici aussi" "Je me disais la même chose", et pof nous étions parties pour vingt minutes de discussion.
Psy pour enfant, mais pas encore maman elle-même, elle était ravie de causer avec un parent "pratiquant", et moi enchantée de m'entretenir avec une professionnelle au fait du sujet. Elle bosse dans l'ouest parisien, nous pensons nous arranger pour que nos chemins se recroisent!

9. Le recul donné par des moments en couple
Parmi les thèmes au choix proposés sur 3 après-midis, nous avons choisi un Parcours orienté "couple": des topos / témoignages, puis des partages, en groupe et / ou en couple, sur un certain nombre de questions. L'occasion pour nous de mesurer le chemin parcouru en 9 ans de mariage (les topos ne nous ont pas apporté beaucoup), mais aussi de prendre ensuite le temps de discuter sur la base des quelques questions fournies en fin de topo. 
Et pour le coup, ces questions ont permis de chouettes discussions, et nous ont donné l'occasion de mettre à plat un certain nombre de choses. Je ne donne pas plus de détails mais si vous êtes intéressés par les questions fournies, histoire d'inspirer une soirée à deux, dites-moi donc.

En annexe, je préciserais que nous étions aussi tout heureux de voir qu'il était proposé, parmi les parcours, un thème dédié aux couples en espérance d'enfant. De notre expérience d'infertilité, nous gardons le souvenir douloureux du sentiment d'isolement que nous avions vécu au milieu de cette Église valorisant la famille et remplie de jeunes enfants et de femmes enceintes.
Voir se développer ce genre de préoccupations nous fait chaud au cœur.

10. Une feuille de route prometteuse
Au cours de ces discussions notamment, nous avons pu définir un certain nombre d'actions à mettre en place, touchant à divers domaines de nos vies personnelles, conjugale et familiale.
Figurent ainsi, entre autres, au programme des prochaines semaines:
  • un bon gros projet "Decent Hour" (nous avons le même problème, Monsieur Bout et moi; à ceci près que je me couche encore plus tard que lui, mais que je me lève un peu moins tôt), 
  • de la résolution de problèmes sur le comportement à la messe
  • la réintroduction de la prière familiale.
Nous avons également rediscuté de nos objectifs de temps en couple réguliers (soirées, journées, mini-voyages).

Enfin, last but not least : 
11. L'envie... d'y revenir ;-)


mercredi 19 juillet 2017

3 Bidules en Parentalité Positive [ersatz d'USEPP #17]


Comme annoncé, reprise des billets comprenant un volet "la parentalité positive chez la Gwen au quotidien, ça donne quoi concrètement", et un volet Hotline bien utile.


Voici donc 3 Bidules. Afin d'éviter de nouveaux délais dans le rétablissement de la Hotline (j'ai la vague impression de parler comme Orange) j'ai pris ce que j'avais sous la main / en tête, pour le coup certains sont moins des applications de la Gwen que des fruits que je constate et dont je me réjouis !

1.
Un samedi matin, F. est allé jouer sur le balcon et y a déplacé la moitié de ses jouets. C'est le Bronx. Je l'invite à ranger. Mais F. ne coopère guère: au mieux, il déplace certains jouets un peu au hasard à travers le salon... et tente de réorienter la conversation sur les glaces promises lors du pique-nique au parc planifié pour le déjeuner.
Je recentre le débat tout en évitant la menace qui serait pourtant si facile, puisqu'il mentionne lui-même le sujet!
"Pour le moment, je n'ai pas envie de parler de glaces. Pour le moment j'ai envie de voir le balcon rangé et des affaires qui retournent à leur place."
Ce qui eut lieu.

2.
Retour chez nous après une sortie, F. case son grand vélo dans l'ascenseur mais E. manifeste bruyamment son envie d'aller partout, sauf dans l'ascenseur. Elle serait visiblement tentée par les escaliers, que les deux grimpent parfois en riant comme des fous les jours où ça leur chante... et où j'ai du temps.
Avant même que j'aie pu dire quoi que ce soit j'entends F. intervenir en mode écoute des sentiments:
"oh tu veux monter les escaliers je suis désolé E. mais là j'ai mon grand vélo je peux pas monter les escaliers. Je suis désolé, je sais tu aurais bien aimé c'est pas possible mais on le fera une autre fois quand j'aurai pas mon vélo."

3.
Et un truc que F. répète souvent en ce moment, et qui me fait sourire à chaque fois, pour plusieurs raisons dont le fait que cela montre que la règle en tant que respect des limites d'une personne est en voie d'être comprise et intégrée :
"dans la nouvelle maison on pourra faire rouler des trucs car y aura personne qui habitera en dessous, même le soir y aura personne en dessous"...

Hotline : OUVERTE !


lundi 17 juillet 2017

Hotline de la Parentalité Positive : le retour !!!

Je vous ai... compris !

(euh non, je me trompe de film, là)

J'ai entendu le message des Français

(ah zut ça c'était y a quelques semaines)


Bref.
Vous étiez nombreuses à déplorer l'interruption de la Hotline du fait que depuis début juin, ma vie trépidante ne m'a pas laissé le loisir d'alimenter mes billets Semaine en Parentalité Positive.

Pour les personnes rejoignant le blog en route, le principe de ces billets, et de la Hotline qui en est sortie à la suggestion de Capucine, est le suivant: après que j'aie raconté quelques menus succès (ou bons gros ratages) d'application d'outils de parentalité positive au cours de ma semaine, les commentaires sont ouverts, 
  • non seulement pour s'exclamer bruyamment sur la virtuosité (pffffrrttttt huhuhu) avec laquelle je manie lesdits outils, 
  • mais aussi pour venir soumettre une question, une difficulté éducative : le but est de permettre à la commentatrice de récolter un maximum de suggestions concrètes de mises en pratique d'habiletés faberetmazlishiennes (ou assimilées) pour aborder ce machin qu'elle-même ne sait plus trop par quel bout prendre.
  • cela constitue pour les répondantes, à la fois l'occasion de partager des expériences, et de se soumettre à une saine gymnastique intellectuelle: s'entraîner à résoudre les problèmes des autres, ça prépare à résoudre les siens, le poids de l'affect en moins!
Parce que on a beau avoir la théorie sous les yeux, à plusieurs cerveaux on trouve bien davantage de manières d'adapter cette théorie à la situation qui nous préoccupe. (Un enseignement tiré des ateliers F&M que nous avons suivis Monsieur et moi cet automne).

Les Hotline précédentes ont donné de chouettes résultats, par exemple celle-ci.

Je profite d'ailleurs de ce billet pour vous dire que, depuis que moi j'y ai eu recours, notre problème de bruits pendant les repas est vraiment passé au second plan ! Merci... 


En ce moment, ça roule à peu près bien. Y a des ratés, mais je les accepte, je ne les laisse plus me désespérer. Et y a plein de chouettes moments où je sens bien que je suis vraiment en train d'absorber ces outils au sens qu'un certain nombre d'entre eux deviennent quasi automatiques (donc en grande partie inconscients) ou en tous cas me demandent beaucoup, beaucoup moins d'efforts. 
En revanche ce n'est pas non plus une période où je suis en train d'intégrer beaucoup de nouveautés, pour cause de bande passante saturée par notre déracinement prochain
Ce qui fait qu'il m'est plus difficile d'alimenter les billets hebdo... sauf à vous rendre compte de chacune des 6 fois sur 7 où dorénavant il me suffit de dire 
  • "y a des chaussures par terre" pour que F. les ramasse, 
  • "de quoi avons-nous besoin avant de sortir à vélo ?" pour qu'il aille chercher son casque, ... 
  • et "les petites sœurs ne sont pas faites pour être tapées, mais pour être caressées" pour que le Bébou se montre d'une incroyable douceur avec la Bébounette les jours qui suivent -ah non flûte ça c'est le LSD qui m'fait rêver des trucs bizarres bouhouhou

Néanmoins, il est grand temps de ressusciter la Hotline, et puis je suppose tout de même que vouloir l'alimenter, même chichement, risque bien de m'apporter un petit coup de pouce dans l'une ou l'autre situation.

D'où il s'ensuit:
AVISSE A LA POPULATION

Pour les temps qui viennent, et jusqu'à nouvel ordre (par exemple, le retour de l'ordre dans notre future maison ?) je m'efforcerai de glaner, au fil des jours, quelques bricoles Parentalité Positive à vous raconter 
  • Je me fixe le minimum de 3 avant de venir pondre un nouveau billet / ouvrir une nouvelle Hotline
  • La fréquence ne sera probablement plus hebdomadaire, mais je tâcherai de ne pas laisser filer trop de temps entre deux épisodes. 
  • Et dans l'intervalle, hein, toute Hotline ouverte reste en activité donc disponible pour accueillir une question, jusqu'à l'ouverture de la suivante...
A bientôôôt donc pour un premier billet de ce genre !

samedi 15 juillet 2017

Mon blog: Meetic à côté c'est de la gnognotte

Quel plaisir j'ai à tenir ce blog!
Réfléchir, écrire, discuter et lire...

Mais aussi : Petit Bout par Petit Bout devient peu à peu un véritable site de rencontres.


En effet, non seulement j'ai la joie d'y retrouver fréquemment de chouettes lectrices & commentatrices, mais, à de nombreuses reprises déjà les échanges sur la toile se sont mués en échanges en chair et en os, et ce sont autant de moments très précieux.
  • Alexandra du blog Nawel Zélie & co fut très logiquement la première de mes conquêtes (huhuhu): après avoir commenté sur nos blogs respectifs, le pas était vite franchi : nous habitons à dix minutes l'une de l'autre ! Nos enfants sont ravis de se retrouver, nous aussi.. Nous nous voyons donc très fréquemment et c'est une des joies dont notre déménagement prochain va me priver.
  • Ensuite il y eut Poison Darling qui eut l'idée brillante de me proposer certains des vêtements d'enfants dont elle se séparait avant son déménagement en Australie. Pas de rencontre tout à fait en chair et en os, mais un très long Skype. Et cet été j'ai le bonheur de voir E. courir dans d'adorables petites robes dont je sais la provenance... (et c'est aussi de SA faute si un arc-en-ciel Grimm's fait le bonheur de mes enfants maintenant)
  • Il y eut de fréquents échanges avec Aurélie, valeureuse commentatrice, et des projets de rencontre sur sol teuton. Malheureusement nous n'avons pas réussi à concrétiser... à voir ce que nous réussirons à faire sur sol français !
  • Il y a Vanou, autre valeureuse commentatrice, qu'en fait je connais indirectement, et que je finirai bien par connaître directement
  • Il y a eu Hélène, du blog Mamandala, avec notamment une mémorable sortie au Vaisseau; et bientôt plus avant mon départ, nous espérons...
  • Tout récemment, j'ai pu passer une nuit chez Capucine, à bavasser jusqu'à n'en plus finir...


Et là, je rentre d'une trentaine d'heures fabuleuses, partagées avec Coralie, du blog les6doigtsdelamain. Un festival dont l'un des thèmes s'intitulait "la révolution dans l'éducation", avec en intervenantes: Céline Alvarez, Eline Snel (Calme et tranquille comme une grenouille), Isabelle Filliozat (le programme initial promettait aussi Catherine Guéguen mais finalement non... snif!). 
Coralie a découvert, Coralie a réservé, Coralie m'a dit qu'il y avait de la place dans sa chambre... J'ai débarqué !

Et voilà : 
  • Une trentaine d'heures de folie, où nous avons bu des liiiiiitres ... d'eau (eh oui, malgré la Bourgogne qui nous entourait ;-) pour compenser les liiiiitres de salive usée à parler parler parler non-stop.
  • Des discussions extrêmement denses sur environ 3 milliards de sujets.
  • Une matinée passée à écouter des conférences du tonnerre.... et l'occasion pour nous, en écoutant Isabelle Filliozat, de confirmer ce que nous déplorons chez cette grande dame de la parentalité positive: son travail est irremplaçable pour comprendre les sentiments d'un enfant, mais elle oublie trop souvent à notre goût le besoin du parent de voir ses limites personnelles respectées. 
  • Des heures passées à répandre notre enthousiasme pour le sujet auprès des personnes que nous rencontrions. 
  • Un instant groupie pour réclamer des dédicaces et des photos
  • Et une valise bien chargée au retour : Coralie m'ayant gentiment proposé de commander et transporter pour moi, aux USA où elle vit, une série de bouquins d'occaz sur des sujets pas du tout intéressants.


appétissant, hein ? Et encore, il en manque un, arrivé trop tard pour que Coralie puisse l'emporter


Je ressors de tout cela boostée, avec des projets et des envies plein la tête.

Pour retrouver un Monsieur Bout qui a magnifiquement bien géré en mon absence, au point qu'au moment du coucher, F. a demandé : "quand est-ce que tu repars en voyage Maman ? J'aime bien quand Papa s'occupe de nous."
Et paf. Voilà pour la conscience de mon irremplaçabilité.

Bref, ma vie est belle, et mon blog y contribue !!

mercredi 12 juillet 2017

Gérer le coucher de son 3-6 ans avec Jane Nelsen

Il y a des mois de cela déjà, j'annonçais en fanfare l'arrivée prochaine chez moi du bouquin que Jane Nelsen, grande gourou de la branche de l'éducation positive/bienveillante/cequevousvoulez qui s'intitule discipline positive, a consacré à la tranche 3-6 ans (en anglais car non traduit) : 
Positive Discipline for Preschoolers.
Ayant déliré d'enthousiasme en digérant l'ouvrage générique paru en français, j'étais impatiente de découvrir ce qu'elle avait à dire sur cette tranche d'âge ô combien délicate et par laquelle je me sens évidemment très concernée.
Cela fait des mois que ledit livre est sur ma table de chevet (qui a dit "HotSpot"?), des mois que j'en ai achevé la première lecture (d'une traite ) ... et des mois que je n'avance pas dans la deuxième lecture-prise de notes visant à vous faire bénéficier des 1001 choses intéressantes que contient ledit bouquin.

Mais mon petit revamping Flylady tombe à pic pour me rappeler que le perfectionnisme est la mère de l'inaction, et que donc plutôt que d'attendre le moment (pas super proche au vu de mon actualité chargée) où je serai en mesure de vous pondre un article hyper chiadé et structuré (et 3 fois trop long) reprenant ces 1001 choses, je peux aussi venir tout de suite partager un outil de Jane Nelsen dont j'apprécie particulièrement la pertinence ces derniers jours.

En plus c'est sur un sujet pas du tout crucial : la gestion du coucher du fauve enfant âgé de 3 à 6 ans.

Jane Nelsen commence par poser certaines bases:
  • Importance de la routine à cet âge : d'où la nécessité de mettre en place des rituels, non pas du style vaudou ne variant pas d'un millimètre, mais constitués d'un enchaînement d'activités. 
    • L'instauration d'un telle routine apaise, diminue les conflits que pourraient provoquer chacune de ces activités, et prépare à l'endormissement. Elle suggère notamment d'inclure, dans les temps précédent le coucher, un moment de jeux, un moment de lecture, et un moment de câlins. 
    • Bon ça casse ptet pas trois pattes à un canard, mais ça va toujours mieux en le disant.
  • S'assurer que les besoins de base de l'enfant ont été assouvis avant le coucher et notamment le besoin de temps avec ses parents, et le besoin d'exercice physique.
  • On ne peut pas obliger un enfant à dormir, chacun a son rythme (besoin de sieste ou pas, endormissement plus ou moins tôt) mais on peut et doit créer des conditions favorables à l'endormissement et veiller sur ses besoins d'adulte : l'enfant peut ne pas être prêt à s'endormir, il est en mesure en revanche de rester calme dans sa chambre, dans un contexte favorable à l'endormissement, et favorable au repos de ses parents.


Elle suggère en cas de difficultés, d'avoir recours à la démarche de résolution de problème, pour définir le rituel et les règles du coucher (degré et source de luminosité, horaires, livres, cassette audio...)


Une fois tout cela dit... pas d'illusions sur le fait que même définies ensemble, les règles établies seront forcément enfreintes, ne serait-ce que pour vérifier leur solidité.


Que conseille donc Jane Nelsen pour gérer les relevés / sorties de chambre intempestifs ?

On retrouve son leitmotiv : être ferme mais doux et respectueux.

Là cela signifie:

Prendre l'enfant par la main (= toucher doux mais directif. Il m'arrive aussi parfois de prendre F. dans les bras) et le ramener dans sa chambre.

SANS PIPER MOT.

Et refaire cela aussi souvent que nécessaire. Toujours sans dire un mot.

Selon elle l'enfant va probablement avoir besoin de moult raccompagnements les premiers soirs, mais intégrera, tout en se sentant respecté, que cette règle est solide.


J'avais commencé à mettre en pratique cela en février-mars et avais déjà apprécié des couchers très faciles (mais c'était également à une période très porteuse niveau éducation positive, donc difficile de savoir à quoi étaient dus ces couchers sereins). Puis quand j'ai eu l'impression que tout partait à vau-l'eau, c'est un des premiers trucs que j'ai lâchés...
Je m'y suis remise ces derniers jours et je perçois particulièrement l'apport de cette approche.  
Ce weekend notamment, elle nous a été bien utile quand, Strasbourg s'étant mué en no-babysitter-land à la faveur de l'été, au bout de 10 coups de fil vains nous avons du nous résoudre à aller diner chez un couple d'amis... avec nos enfants sous le bras, en mode : on fait dîner et on couche les enfants, ensuite on dine entre adultes, et ensuite on retransfère tout le monde dans la voiture puis dans leur lit. 
Je craignais une soirée gâchée, mais non ! Plusieurs interventions ont été nécessaires, mais tout s'est passé dans le calme, et surtout j'ai pu ensuite profiter tranquillement de nos amis.

Se taire...

Cela rejoint du reste si bien les conseils d'Haim Ginott 




Se taire c'est : (De l’intérêt de se la fermer, en 4 points)

1. Ne pas dire de bêtises! 
S'astreindre au silence : quoi de mieux pour éviter de sombrer dans les menaces, les expressions blessantes? Autant de choses qui ne contribueraient pas nécessairement à la sérénité du coucher, mais au contraire, font basculer ce moment dans le rapport de force et alourdissent sa charge émotionnelle. Se taire, c'est donc déjà un grand pas pour s'éloigner de comportements parentaux improductifs.

2. Avoir une ligne de conduite claire et pas trop compliquée à mettre en œuvre techniquement. 
Et du coup, c'est beaucoup moins favorable au développement de notre propre colère, qui, rappelons-le, se nourrit de notre sentiment d'impuissance.

3. Ne pas encourager son enfant dans con comportement.
F. essaie souvent de m'amener à rentrer dans une discussion avec lui (mais j'étais fichtrement bonne au jeu du "ni oui ni non ni blanc ni noir", eh)
Mon silence lui manifeste bien clairement que le temps de la conversation avec maman est passé. Bien plus clairement que notre "maintenant c'est le temps des adultes, je veux parler avec papa". Que nous utilisons, qu'il a besoin d'entendre, mais qu'il a déjà suffisamment entendu.

4. Pouvoir focaliser son attention sur un toucher doux et ferme.
Évidemment si toucher et/ou langage corporel expriment un gros énervement, sont brusques, etc, on n'y est pas... là, il m'est plus facile de rester calme, et prendre doucement la main de F., ou l'emporter avec douceur dans les bras.

Je le dépose sur son lit, lui remonte sa couverture, lui caresse une fois la joue et hop, dehors.

Une remarque toutefois. J'ai noté qu'il peut être approprié de laisser quelques secondes / minutes entre deux interventions de ce genre : si l'enfant ressort sitôt recouché, ne pas lui sauter dessus illico, mais laisser passer quelques instants (paraître ne pas le remarquer tout de suite). 
Dans le cas contraire, j'ai en effet fait l'expérience que des interventions trop rapprochées pouvaient tendre l'atmosphère: le toucher se fait plus énergique/dur, et suscite également davantage de résistance. Ça se met à se rapprocher d'une lutte, muette, mais une lutte tout de même.


La manière dont se passent les couchers revêt une telle importance, à la fois pour l'enfant (c'est pas chouette de s'endormir dans le conflit), et pour le parent (comment être disponible de cœur et d'esprit pour nos enfants en journées, quand nos soirées ne nous permettent pas de recharger nos batteries?), que je suis terriblement reconnaissante à Jane Nelsen de cet outil qui chez nous en tous cas, offre ces temps-ci des soirées calmes aux deux parties.
En espérant que peut-être cela puisse être utile à l'un ou l'autre membre de mon vénéré lectorat, je serai ravie que vous veniez raconter votre expérience si vous mettez en pratique !

dimanche 9 juillet 2017

After Eight maison et quasi Zéro Déchet!

Je suis une très grosse fan de l'association chocolat - menthe, et une non moins grosse consommatrice potentielle d'After Eight, ces chocolats anglais fourrés d'une feuille de menthe. 
Je dis "potentielle" car j'ai tout de même réduit ma consommation, par égards pour
1. mon portefeuille et
2. mes hanches.





Bon et puis il faut quand même avouer que
3. la composition des machins ne fait pas rêver ... et puis
4. ces derniers temps, à mesure que je m’imprègne, même fort doucettement, de la mentalité Zéro Déchet, le lourd packaging de mes chocolats favoris a commencé à me gêner un peu aux entournures.

Et puis, alors que je cherchais... hum... je ne sais plus trop quoi mais c'était en lien avec l'association menthe-chocolat, pouf, je suis tombée sur une recette d'After Eight maison. Mon sang n'a fait qu'un tour, surtout une fois que j'ai constaté que
  • ça avait l'air assez simple (= à ma portée),
  • ne nécessitait que peu d'ustensiles (= à la portée de mes tiroirs de cuisine)
  • et que peu d'ingrédients, et pas non plus complètement exotiques (= à la portée de mon placard à provisions).

Jugez en plutôt (recette trouvée ici, proportions reprises à titre indicatif car en réalité j'ai plutôt fait au pifomètre. Ça vous fait une quinzaine de chocolats selon leur taille...)

120g de (bon) chocolat noir: j'ai pris du Nestlé Dessert
60g de sucre glace
3 à 4 gouttes d'huile essentielle de menthe poivrée
1 càs d'eau

  • Faire fondre une grosse moitié du chocolat noir au bain-marie (ou comme moi, à la vapeur)
  • Recouvrir une surface plane (de dimensions compatibles avec le frigo et le congélateur) de papier sulfurisé (c'est la partie la moins ZD ça mais on peut réutiliser le papier... en faisant TRÈS SOUVENT cette recette, par exemple!)
  • Constituer de fines plaques de chocolat fondu à l'aide de la pointe d'un couteau (je ne voyais pas trop comment faire mais en fait il s'agit d'étaler le chocolat un peu comme on tartinerait du Nutella. C'est plus visuel ainsi hein). Faire prendre au frigo (compter bien 1/4h selon la température de votre frigo)
  • Dans un bol, mélanger sucre glace, huile essentielle et eau pour obtenir une pâte blanche. La goûter plusieurs fois pour être BIEN SÛRE que l'équilibre menthe-sucre est à son goût.
  • Avec un pinceau, appliquer ladite pâte sur chacune des plaquettes et envoyer le tout 1/2h au congélateur (au moins. Si davantage ce n'est pas un problème)
  • Refaire fondre le reste du chocolat et le tartiner, toujours au pinceau, sur les plaquettes sorties du congélateur. Renvoyer le tout au frigo.


Comme nous étions invités à dîner, j'ai ensuite détaché les plaquettes et les ai transportées, isolées par du papier sulfurisé, dans un de mes récipients Glasslock, bien au frais dans une glacière. Ça a accompagné ma panna cotta menthe chocolat.
C'était MAUVAIS ! 
Au point que dans un souci de mortification j'ai refait la recette cet après-midi.



Soyons clairs : la recette d'aujourd'hui ne remédie en rien aux deux premiers des problèmes abordés en introduction de ce billet : les ingrédients achetés séparément ne représentent pas une énorme économie surtout que tant qu'à faire il s'agit d'employer un bon chocolat ! Et ce blog n'a pas vocation à publier des recettes diététiques, celle-ci n'échappe donc pas à la règle.
En revanche comme ça prend un peu de temps de confection et de place dans le congélateur cela limite de facto ma capacité à en engloutir de grosses quantités d'un coup...

Concernant l'huile essentielle de menthe poivrée: c'est le seul ingrédient que j'ai acheté "exprès", mais je compte bien y avoir recours fréquemment, pour rentabiliser,... Et puis ça me donnera l'occasion de creuser les autres utilisations qu'on peut faire de cette huile essentielle! (si vous en connaissez, je suis preneuse...)

Par ailleurs, je me souviens que dans nos très jeunes années Monsieur Bout m'avait offert un assortiment dégustation d'After Eight qui contenait des variantes au chocolat blanc... je ne manquerai pas de rester ce que ça donne si je remplace le chocolat noir de cette recette par du blanc !
Que de perspectives enivrantes...


J'vous laisse, faut que j'aille farfouiller dans mon frigo. 
Oui. 
Oh en tout bien tout honneur. 
Ça n'a rien à voir avec ce que j'ai fait durant la sieste.





jeudi 6 juillet 2017

Gérer la colère du Titan, euh, du Troizan (et assimilé)

Je crois que l'un des trucs les plus usants de la vie d'un parent d'enfant âgé d'environ trois ans, ce sont les colères. Ces colères ultra bruyantes, volontiers violentes, et interminables...
Des colères pendant lesquelles on a beau tenter de faber & mazlish-er, sortir de sa boîte à outils tout ce qu'elle contient, en l'essayant dans un sens, dans l'autre. 
Nope. 
Nada. 
Chou blanc. 
Effet zéro.

J'en discutais pas plus tard qu'un soir de la semaine dernière avec une bonne copine qui avait bien besoin d'un petit remontant téléphonique après une crise de ce genre, car il est clair que l'enfant n'est pas le seul à sortir totalement épuisé d'un tel épisode.
Au téléphone, nous avons passé en revue diverses possibilités d'action et leurs résultats, et notre discussion m'a permis de formuler un peu clairement les constats & conclusions suivants, que ladite copine a trouvé suffisamment éclairants pour m'inciter à en faire un article de blog.

Les constats
Dans des colères pareilles, très souvent, la plupart des outils à la Faber & Mazlish ne fonctionnent pas
  • donner des choix, par exemple, se révèle (en tous cas chez F., et chez le fils de ma copine), totalement inopérant dans ces situations. 
  • Et quand j'ai lu le conseil de dire à l'enfant de dessiner / gribouiller sa colère, j'ai trouvé cela brillantissime, j'ai cru avoir trouvé le Graal; j'ai limite eu hâte que la prochaine colère arrive histoire de pouvoir y avoir recours. Si ce n'est que ça n'a jamais, jamais, jamais fonctionné chez F., il n'a jamais voulu s'emparer du truc.(snif)
  • si on cherche à donner du contact physique, c'est très compliqué, et on en perd vite l'envie, car l'enfant se débat, et cherche à nous taper; même les sacrosaintes guilis dont nous avions découvert le pouvoir pendant nos ateliers échouent lamentablement.
  • reformuler précisément les sentiments : ne donne rien non plus
et quand je dis ne donne rien non plus : le truc affreux avec ces colères, c'est que quoi qu'on fasse, on se retrouve même plutôt fréquemment avec l'impression de verser de l'huile sur le feu. Quoi qu'on fasse, la situation dure, dure, avec des pics, des accalmies qui nous font espérer la lune, et paf, un nouveau pic.  
Ceci est source d'un terrible sentiment d'impuissance, ce qui, rappelons-le, est le pire qui puisse nous arriver à nous parent, car ce sentiment d'impuissance constitue la cause la plus fréquente de pétages de plomb parentaux. A cela s'ajoute fréquemment le sentiment d'incompétence renvoyé par le regard des autres, puisque bien évidemment un certain nombre de ces épisodes fâcheux ont lieu en public.

C'est un peu par hasard que j'ai fini par arriver à la manière dont je gère maintenant ces épisodes (une fois que j'ai testé différents outils Faber & Mazlish et que leur totale inefficacité ainsi que la manière dont la situation se prolonge voire empire m'a permis de confirmer le classement de la situation dans la catégorie "GCMQT" - Grosse Colère de la Mort Qui Tue)


Réflexion n°1
Peu importe le motif "officiel' de la colère, il n'est probablement pas la cause de la colère.
Dans la situation de ma copine, la colère s'était déclenchée autour d'un refus d'ôter ses chaussures au retour d'une sortie.
Dorénavant, si l'utilisation de quelques outils F&M (ici, "je vois des chaussures par terre" "ooooh, je suis une chaussure fatiguée, je veux aller me reposer dans le placard à chaussures" "les chaussures vont dans le placard"...etc) ne mène à rien, je coche la première case : le problème n'est PAS les chaussures, les chaussures sont 
  • soit un prétexte à décharger (la contrariété est ailleurs),
  • soit tout au plus un déclencheur (une petite contrariété qui a joué le rôle de goutte d'eau faisant déborder un vase rempli par tout autre chose) 
et tout effort visant à régler le problème des chaussures est vain.

Conséquence: je ne perds plus une once d'énergie à m'occuper du problème des chaussures. Si je tiens à la limite, je la maintiens, si je n'y tiens pas, je lâche, mais quelle que soit l'option retenue je ne centre pas mes efforts sur la résolution du problème concret. D'ailleurs très souvent à ce stade, si on lâche sur les chaussures parce qu'à la réflexion on se dit que ce n'est pas si grave, la colère continue quand même, ce qui vient confirmer que ni le problème, ni la solution ne sont là. 
Je suis donc économe de mes efforts : je n'ai rien à faire à un endroit où la solution n'est pas.


Réflexion n°2
Nos ateliers Faber & Mazlish et des lectures Fillliozatesques m'ont permis de mieux comprendre le mécanisme de décharge émotionnelle, et de vraiment percevoir à quel point un cerveau de 3-4 ans est encore immature.
Grâce à cela, je ne vois plus la crise de colère comme un danger long terme (il va devenir colérique, il ne saura jamais accepter la frustration, il me teste et si je ne réagis pas impeccablement, je signe pour 20 ans de guerre thermonucléaire), mais comme l'expression dans l'instant d'un mal-être passager qui ne sait pas encore s'exprimer autrement.

Conséquence : ma mission devient juste d'aider mon enfant à traverser cette colère, pas de la stopper. C'est un mauvais moment à passer, mais c'est nécessaire, il n'y a pas d'autre solution, car l'immaturité du cerveau n'en permet pas encore d'autre. 
Mais ça viendra. Parce que ce fichu cerveau, il va mûrir! Forcément ! Y a que si je faisais vraiment le contraire de la ligne éducative que je me suis fixée (par exemple, si je le tabassais à longueur de journée) que je pourrais suffisamment nuire au développement de son cerveau pour empêcher vraiment cette maturation. En l'état, je peux avoir confiance, et je cherche à me recentrer sur cette certitude, que cette maturation se fera plus ou moins vite, plus ou moins bien, mais qu'elle se fera
Une fois acquis que je n'ai pas à m'en faire sur le long terme, je peux me focaliser sur le court-terme : je cherche à aider mon enfant à traverser, et je cherche à m'aider, moi aussi, à traverser ce moment, parce que cette situation n'est agréable pour personne, et qu'il s'agit de prendre soin des DEUX protagonistes. 
Une priorité, donc: que chacun de nous survive avec le moins de dommages émotionnels possible.


Réflexion n°3
Puisqu'il s'agit de gérer un besoin de décharge émotionnelle et non un problème concret du style les chaussures, je regarde parmi les outils de décharge émotionnelle. Y figure en bonne place le contact physique.
Oui mais, mon enfant n'en veut pas, il se débat quand je le prends dans les bras ? Et en plus il me tape.
Me rappeler que taper est souvent une manière, pour l'enfant, de venir chercher le contact physique dont il a besoin, m'a aidée à prendre du recul. Je considère que si, en fait, une des meilleures manières d'accompagner mon enfant dans sa colère (pas de la stopper, hein, cf point précédent, mais de lui fournir les conditions dans lesquelles il pourra le plus efficacement décharger), c'est ce contact physique, source d'ocytocine.

Conséquence: je n'hésite pas à contraindre F. à rester dans mes bras, en le saucissonnant. Je n'en espère pas une efficacité immédiate, mais je pars du principe que c'est une manière de l'accompagner, point.
Je le saucissonne, parce que je n'ai pas envie de me faire taper.
Si j'en ai marre, je m'autorise aussi à prendre soin de moi en disant que j'ai besoin de m'isoler, moi, quelques instants.
Mais globalement je m'efforce de ne pas trop le faire. Non pas par égard pour mon fils (j'avoue avoir du mal avec certains discours que je vis comme très culpabilisants sur à quel point c'est terrible de laisser son enfant seul si il est en proie à une émotion destructrice. J'en ai déjà parlé, mais parfois, m'isoler, c'est juste un réflexe de survie. Cela peut être nécessaire pour stopper un phénomène de contagion émotionnelle qui peut finir par me rendre aussi violente que F.. Dans ces cas-là, il s'agit déjà d'éviter de " faire le deuxième noyé") mais par égard pour moi.

En effet, entre 
  • la situation où je saucissonne mon fils, et suis toute entière occupée à gérer physiquement sa colère, donc préparée aux éventuelles "attaques" de sa part, 
  • et celle où je me suis isolée, suis en train d'essayer de me calmer, et paf, je me prends une de ces attaques, 
j'ai observé qu'une réaction incontrôlée de ma part était bien plus susceptible de se produire dans la situation n°2: l'effet "surprise" joue à plein, et me prive d'une partie de mes ressources alors que celles-ci sont déjà naturellement mobilisées dans la situation n°1.


Réflexion n°4
Si le motif essentiel de la colère n'est pas ou peu en lien avec l'émotion véritable qui est à la racine de la colère, alors en tant que parent ayant lu Faber & Mazlish, on va s'efforcer d'accueillir les sentiments de l'enfant en mettant des mots dessus, pour l'aider à développer son vocabulaire émotionnel, et contribuer ainsi au développement de sa capacité à exprimer autrement son mal-être.
On va dire 
"ça t'a mis en colère que..." 
"tu étais déçu que...." 
"il m'a semblé que tel machin t'avait fait peur...". 
Nommer l'émotion, bon sang, ZE solution.

Et très souvent c'est le cas / ça aide.
Mais, en ce qui me concerne, et c'était aussi le cas de ma copine ce soir là, très souvent aussi, ça n'aide pas du tout.

C'est le hasard qui m'a permis de mettre le doigt, à la fois sur la raison pour laquelle parfois, nos efforts pour nommer précisément l'émotion de l'enfant peuvent se révéler contre-productifs, ne l'aident pas, et sur l'attitude que j'adopte dorénavant dans ces cas-là.

J'ai évoqué le premier épisode au cours duquel j'ai "inventé" cette attitude lors d'une de mes Semaines de Parentalité Positive (hasard, peut-être la pire de la série), le mardi.
Et depuis, à de nombreuses reprises, je me suis retrouvée dans une situation où chercher à nommer précisément le sentiment, n'aidait pas, mais où me contenter d'un "c'est dur, c'est vraiment dur" à intervalles réguliers, aidait.

Hypothèse d'explication : je suppose que quand le cerveau immature de l'enfant est en pleine surchauffe, sa capacité à gérer les mots, les finesses des mots, tout cela, est fortement diminuée voire quasiment absente. C'est pour cela qu'un choix (cf réflexion n°1) ne va alors qu’aggraver le problème car lui demander un effort cérébral dont il est à ce moment précis totalement incapable.
Je pars du principe que, de la même manière, la réflexion précise sur ce qu'il ressent peut aussi représenter  une sollicitation trop forte et qu'il ne sait pas gérer : comparer ce qu'on lui reflète (colère, déception) avec ce qu'il ressent (un magma informe) lui demande un effort de tri, de discernement, totalement hors de sa portée à ce moment précis. Et aggrave le mal-être puisque vient s'y rajouter un stress supplémentaire.

Conséquence: en début de colère, je cherche à nommer l'émotion. Mais si la colère persiste, je me borne à une phrase générique "c'est dur", qui en fait reflète bien mieux ce que l'enfant, à ce moment, perçoit de son propre état émotionnel : pour lui, en ce moment, foin de précision, c'est juste "dur", un point c'est tout. Et du coup, cette expression générique est bien mieux à même de lui donner l'impression d'être compris. Plus tard, à froid, on pourra toujours revenir sur ce qui s'est passé et nommer plus précisément.



Voili voilou.
Il ne s'agit pas de faire disparaître les colères du Troizan, ni de les rendre hyyyper agréables, mais je constate que, pour ma part, depuis que j'ai rajouté cette corde à mon arc, je réussis à traverser ces moments de manière plus sereine, et partant, à être davantage en mesure d'aider mon fils à les traverser.

En espérant que cela pourra aider l'une ou l'autre d'entre vous  !
Si vous avez des pistes de réflexion complémentaires à partager, je suis toute ouïe, car tout de même, hein, c'est pô fôcile tous les jours!

mardi 4 juillet 2017

11 bons côtés de l'IEF

Fin d'année, l'heure des bilans... or ici nous ne terminons pas n'importe quelle année, mais notre première année d'IEF
C'est donc  aussi l'occasion de prendre du recul sur ce qu'instruire en famille comporte en termes d'inconvénients (j'ai critiqué ici et relativisé ), et d'avantages.

Voici donc pour vous les 11 points que j'apprécie particulièrement au terme de cette année, et qui en ont fait une année certes difficile souvent, mais heureuse !

Un mot-clé de l'IEF, pour moi, d'abord, c'est l'adaptation...

1. L'adaptation aux intérêts de l'enfant

C'était une des principales raisons de notre choix d'IEF au départ : pouvoir suivre les périodes sensibles de F., en lui apportant les connaissances qui l'intéressent, au moment où il est le mieux disposé à les intégrer.
Et je l'ai clairement vu à l’œuvre cette année : 
  • surfer sur ce gros intérêt pour les chiffres qui a pris le Bébou à partir de novembre, 
  • attendre en revanche avril avant de présenter les lettres... 
  • idem, nourrir à fond son intérêt pour la géographie quand celui-ci s'est manifesté. 
Je suis bien contente qu'il n'y ait pas eu à "forcer" l'intérêt pour les lettres, le graphisme, ou quoi que ce soit ne l'intéressant pas, au nom d'un programme à respecter. Et c'est bien plus gratifiant de nourrir un intérêt que de tenter de faire rentrer dans la caboche de son enfant des machins dont il n'a cure.


2. L'adaptation au fonctionnement de l'enfant

Choisir quand présenter quoi, mais aussi choisir comment !
J'ai bien aimé pouvoir m'appuyer sur du Montessori autant que je le souhaitais (et/ou dans la mesure de mes moyens et de mes connaissances bien lacunaires), mais pouvoir aussi mixer cela avec tout support susceptible d'intéresser le jeune homme.

Les cahiers Usborne ont ainsi puissamment aidé à l'intégration de la numération par F., mais aussi au développement de sa tenue du crayon à 3 doigts, du fait de l'intérêt du sieur Bébou pour les exercices de repassage de pointillés. 
Cet exercice, certes pas Dumont-politiquement-correct, s'est cependant révélé source d'une grande motivation pour tenir le stylo correctement. 

De la même manière, je me suis permise de surfer sur cet intérêt pour le repassage de lignes dans l'apprentissage des lettres : F. a ainsi à disposition (en dehors de la salle de classe, comme c'est le cas chez nous de tout support "hérétique": je veux bien m'en servir, mais pas que ça vienne empiéter sur le peu de temps passé en salle de classe) des fiches plastifiées sur lesquelles il peut repasser les lettres cursives vues ensemble. Mon but là dedans n'étant pas tant de l'entraîner au tracé des lettres, que de fournir une occasion supplémentaire de lire ces lettres 
"ah tu veux tracer des...?
- Euh... ffffff !"
Les possibilités de faire à sa sauce en IEF: miam !


3. L'adaptation au rythme de l'enfant 
F. a besoin de bouger
Je frémis parfois quand je me dis qu'il pourrait être vissé sur une chaise pendant 6h, et que peut-être, si il avait des difficultés à le faire, il se retrouverait dès maintenant affublé d'une étiquette d'enfant turbulent. Dans notre salle de classe, point de souci pour satisfaire un besoin de mouvement et lui permettre ainsi de regagner en concentration... 
De la même manière : F. est un gros dormeur et a toujours besoin de sa sieste
Quand il la saute, surtout si c'est deux jours de suite, tout le monde en souffre. Je suis bien contente que la "rentrée" prochaine, qu'il aurait faite en MS, ne signe pas de manière arbitraire la fin des siestes.


L'IEF, pour moi, c'est aussi synonyme de temps...


4. Le temps pour éduquer

Un point que j'ai énormément apprécié cette année notamment à partir du moment où j'ai eu fini de travailler et cela combiné avec le début de nos ateliers Faber et Mazlish: l'IEF signifie qu'on a beaucoup de temps pour éduquer son enfant
  • Pas de crise supplémentaire causée par les horaires / la hâte (les chaussettes c'est MAINTENAAAANT!!!)
  • Moins de crises gérées de manière approximative du fait de la pression de ces mêmes horaires: 
    • difficile, de prendre le temps d"écouter les sentiments quand le tic tac de l'horloge nous presse. 
    • tentant, de "céder" / faire soi-même ou quoi que ce soit de pas top niveau éducatif quand enseigner une valeur (en mode Jane Nelsen) à ce moment nécessiterait de précieuses minutes qui manquent cruellement à cet instant
  • Et en général, beaucoup de temps avec les enfants, cela signifie une dose de présence parentale bien utile pour favoriser les bons comportements.
 
5. Le temps pour développer l'autonomie

C'est en lien avec le point précédent, mais à mes yeux cet aspect particulier de l'éducation constitue vraiment un énorme plus de l'IEF. D'ailleurs c'est une considération qui avait pesé à l'époque dans le choix de l'IEF, et qui se vérifie au quotidien. Je craignais que la pression des horaires d'école m'amène à faire beaucoup de choses à la place de F., quand il aurait pu les faire lui-même si il avait disposé de davantage de temps pour cela.
Et en effet : F. a mis du temps à développer une bonne autonomie pour l'habillage, par exemple, et il est clair à mes yeux que si j'avais du l'amener à l'école à une heure précise, j'aurais probablement jeté l'éponge sur la période où le moindre bouton lui prenait 2 minutes, et finir par faire à sa place.
De la même manière, lui faire éponger ce qu'il renverse prend plus de temps que le faire moi-même, de même que le développement de ses compétences ménagères: c'est grâce à la latitude laissée par l'IEF que je me permets de "m'amuser" à l'impliquer dans ma gestion du ménage.


6. Le temps pour jouer

F. passe tellement peu de temps dans la salle de classe ! Et ne consacre pas une minute à se mettre en rang, attendre que les autres se mettent en rang, attendre que trente autres gamins aillent aux WC ou se lavent les mains... 
En 1h, 4 fois par semaine, il expédie la partie la plus scolaire de son quotidien.
Et cela lui laisse tellement de temps pour jouer avec son circuit, glisser sur un toboggan, pédaler sur un vélo...


7. Le temps pour le développement de la relation fraternelle

Oh, tout n'est pas rose sur ce plan-là, certes... (en ce moment surtout [soupir] d'ailleurs je sais avoir promis il y a déjà longtemps d'écrire sur le sujet mais... pour le moment, voyez-vous, je n'écris pas sur le sujet, je me dépatouille, point. Edit: voici enfin le billet sur la relation dans la fratrie!) mais que de moments complices l'IEF permet à F. et E.! Souvent je me dis que si F. était à l'école, E. se sentirait bien seule en journée. Évidemment, une partie de ces moments complices se fait à mes dépens (de quelle inventivité deux petites têtes blondes réunies peuvent faire preuve ! [re-soupir] ), et je pourrais aussi me dire que si F. était à l'école, ce serait plus calme... ;-)
Il n'empêche que l'IEF permet à F. et E. de jouer avant tout tous les deux ensemble, et j'en suis bien contente.

Enfin, last but not least, une dernière catégorie : l'IEF, c'est aussi des petits bonheurs pour la maman en tant que telle

8. L'IEF, c'est du temps et des sorties avec des copines

J'ai eu ce grand bonheur de rencontrer des mamans IEF sur Strasbourg, et que dans le tas, il y en ait deux avec qui rapidement la relation a pu progresser bien au-delà d'une "Zweckbeziehung" (mot allemand pour la relation utilitaire) : oh bien sûr, officiellement, il s'agit de permettre à nos enfants de se rencontrer... et ça tombe bien, ils adorent se voir. 
Mais alors, celles qui adorent se retrouver, aussi, ce sont nous les mamans ! 
  • Un jour de pluie pouvoir textoter "Vaisseau?" et se réjouir ensuite de quelques heures à discuter de sujets passionnants, IEF et non IEF, avec une super copine, pendant que nos enfants s'amusent comme des petits fous... 
  • un jour de canicule, organiser une sortie piscine pour le même résultat...
  • aller cueillir de l’ail des ours ou rendre des bouquins à la bibliothèque ...
Au point d'ailleurs que parfois, nous abandonnons complètement le prétexte IEF et confions les enfants, à leurs pères par exemple, pour se faire un restau entre filles ;-)


9. L'IEF, c'est des sorties à temps et à contre-temps

Plein de temps au parc, des pique-nique quand tout le monde bosse/est assis sur un banc... Je n'ai jamais passé autant de temps dehors et ce sont des moments bien agréables dont je profite à fond (mes jambes sont bien plus bronzées que les années précédentes... Oui voilà, le bronzage, argument pro-IEF ultime)


10. L'IEF, justement, c'est une appréciable souplesse d'organisation au quotidien 

En ces temps de canicule, quel plaisir de ne pas avoir d'horaires de coucher-parce-que-demain-y-a-école, et pouvoir ainsi profiter du parc à la fraîche, jusqu'à 22h... 
Quel plaisir de pouvoir avoir le Vaisseau à nous en semaine, et non avec plusieurs centaines d'autres personnes en weekend et vacances scolaires...

Du reste, cette souplesse d'organisation ne concerne pas que le quotidien: pouvoir organiser des voyages comme nos expéditions dans l'ouest, ou, en ce moment, envisager un déménagement
  • quand nous cherchions sur Strasbourg, il n'y avait pas l'ennui du changement de quartier en cours d'année, rendant les trajets d'école compliqués. 
  • Et à présent que nous déménageons finalement d'un peu plus que quelques rues..., l'absence d'école nous permettra de rester en famille jusqu'à ce que Monsieur Bout puisse quitter son futur-ex job (fin septembre), sans devoir le précéder en région parisienne pour ne pas y rater la rentrée scolaire (et je n'ai pas à courir partout pour dénicher une bonne école)

11. L'IEF, enfin, aussi, c'est une certaine sérénité quant à l'avenir

J'ai réalisé cela récemment, concernant deux inquiétudes possibles
  • dénicher une bonne école, disais-je ?
    • notre déménagement à venir risque de ne pas être le dernier [sooooupir]. Eh bien pouvoir compter sur le recours à l'IEF me permet d'envisager avec zénitude le côté scolaire de la chose :
    • point d'inquiétude à avoir sur la qualité de ce que proposerait notre point de chute sur ce plan-là: je ne suis pas dépendante de la qualité des écoles d'une nouvelle destination.
  • évolution du système scolaire français : je l'ai ressenti durant cette période d'élection. 
    • Mmmh, moui, le nom du Ministère de l’Éducation Nationale, et ses convictions, m'intéressent... mais ne m'angoissent plus ! Je suis préoccupée par sa position vis-à-vis de l'IEF, un éventuel durcissement des contrôles, etc, mais je suis moins angoissée par les réformes et contre-réformes qu'il pourrait sortir de son chapeau, ni n'ai à repenser toute mon organisation parce qu'on fait un pas en avant, un pas en arrière sur la semaine de 4 jours.
    • Je me réjouis de ce qui va dans le bon sens, mais je me sens protégée de ce qui va dans l'autre sens (une protection relative, hein, toutefois, car ce qui affecte l’Éducation Nationale affecte la société toute entière, et donc celle dans laquelle évolueront mes enfants...il n'empêche !), et cela m'évite de m'énerver.


Alors oui, décidément, cette année d'IEF a vraiment été une chouette année, et je suis ravie de rempiler.
Mais j'ai terminé ce billet avec un peu de vague à l'âme: je vais laisser certains de ces points positifs derrière moi d'ici quelques semaines, et... SNIF.