lundi 30 mai 2016

Passage au lit sans barreaux, sans peine - ou pas !

Parents vernis, nous avions des enfants qui dormaient facilement, vite, et longtemps.
Le coucher avait lieu à heures régulières, le rituel du coucher était assez court, et ensuite, nous avions notre soirée.
  • Parfois le Bébou bavardait encore un plus ou moins long moment dans son lit, mais calmement, sans exiger d'en sortir, nous le laissions donc prendre son temps pour trouver son sommeil et nous prenions notre temps pour nous retrouver, nous. 
  • Les nuits n'étaient que très, très exceptionnellement interrompues. 
  • Ca roulait, c'était prévisible, et cette perspective d'une soirée bien à nous suivie d'une nuit reposante contribuait à notre capacité d'écoute en journée.
Moralité, nous partions avec un sérieux handicap par rapport à des parents d'enfants moins bon dormeurs : 0 entrainement à la survie au manque de sommeil.

C'est dans ce contexte que nous avons lancé le projet "Bébou sans barreaux" mi-novembre (juste après ma reprise pro, hein, pour bien faire)
Prenons
  • D'un côté la pédagogie Montessori et sa proposition de faire dormir les bébés au sol dès le plus jeune âge, découverte au hasard de mes lectures de début d'automne
  • De l'autre côté, un Bébou dont le lit à barreaux allait très prochainement se voir réquisitionné pour servir à une Bébounette puisque le berceau de celle-ci risquait de ne bientôt plus offrir la sécurité requise, son occupante menaçant de savoir s'asseoir seule (sur ce coup-là, a posteriori je me dis qu'on aurait pu laaargement s'offrir au moins deux mois de tranquillité supplémentaires, au vu du temps que la miss a finalement mis pour commencer à vaguement s'intéresser à la position assise - d'autant que notre berceau est de grande taille, la Bébounette, elle, de taille modeste, donc voilà quoi, en fait ça pressait pas. Si j'aurais su, comme qui dit l'autre... Deux mois de tranquillité supplémentaire,... En fait j'y pense comme quelqu'un qui aurait failli jouer les numéros gagnants du loto)

Un schéma parfait, hein ?
Certes, j'avais quelques inquiétudes sur la manière dont se passerait la transition, alimentées par divers témoignages, les uns positifs, les autres moins... Mais ayant eu les mêmes angoisses avant de réunir les enfants dans la même chambre, et cette transition-là étant finalement passée comme une lettre à la poste sur le moment, je caressais l'espoir que mes inquiétudes se révèleraient tout aussi infondées cette fois.



Si nous devions en faire un film, voici quelle tête aurait le générique

avec l'aimable participation du
tableau électrique et notamment du disjoncteur à prises, à lumière, à volets; 
matelas au sol, matelas surélevé, 
turbulette, couverture, couette, 
porte ouverte, porte fermée, 
barrière,
lit parapluie
et le sous titre
"Bébou sans barreaux - ou le laborieux apprentissage de la liberté"

Prélude
Nous avons tout fait dans les règles de l'art, déménagé son lit à barreau devant F., et installé un matelas 190X90 à la place, à même le sol, avec lui, en verbalisant "un lit comme papa et maman, dans lequel tu vas dormir". Réaction très intéressée du Bébou qui transféra lui-même ses peluches et sa couverture sur le "lit bleu" (le drap choisi était bleu; Oui je sais c'est genré. J'aime le bleu. La Bébounette en porte plus souvent que du rose).
Première sieste : F.joue toute l'après-midi. Nous pensons que cela simplifiera la nuit, il tombera de sommeil le petit chéri !
Première nuit : F. se relève (aaaah, Clotilde et son "ah mais moi elles avaient pas pigé qu'elles pouvaient se relever!"), rallume, joue. Nous sommes vite obligés de sortir sa sœur de la chambre pour qu'au moins elle puisse dormir.
Nous trouvons rapidement d'autres idées lumineuses :
  • disjoncter les interrupteurs de sa chambre pour qu'il ne puisse rallumer la lumière, 
  • disjoncter les prises de sa chambre pour qu'il ne puisse rallumer la radio. 
Mais au bout de la xème sortie, nous n'en pouvons plus de ramener le Bébou dans sa chambre. Nouvelle idée: utiliser la barrière de sécurité pour limiter les tentations à l'espace de sa chambre, en espérant que le sommeil regagne enfin des parts de marché... Protestations véhémentes, et point davantage de calme / Bébou qui dort.
Passé minuit, nous capitulerons : mise en place du lit parapluie et couchage d'un Bébou d'autant plus furieux qu'absolument épuisé.

Deuxième nuit : après une sieste tout aussi peu siestante que celle de la veille, la nuit part pour recommencer sur le même schéma que la précédente. Me faisant la réflexion qu'au fond le Bébou doit un peu avoir peur de ne plus être contenu pour dormir, je le rejoins assez vite et reste allongée près de lui jusqu'à ce qu'il soit endormi et que je suis puisse sortir en rampant. Yes !
Hurlements en milieu de nuit, la seule manière de le rendormir sera le transfert dans le lit parapluie.

Troisième nuit : mix des deux premières : j'ai voulu quitter sa chambre trop vite, il n'était qu'à moitié endormi...Je finirai par m'y recoller, et je le transfèrerai dans son lit parapluie en milieu de nuit.

Quatrième nuit : je commence à me demander si c'était une bonne idée ce changement, peut-être n'était-il pas prêt ? Mais F. refuse catégoriquement quand je lui propose de le coucher directement dans le lit parapluie, et réclame son lit bleu. Je lui explique que dans ce cas il doit y rester, l'incitation fonctionnera plus ou moins selon les nuits.
Ensuite la barrière deviendra notre meilleure alliée et nous permettra un coucher...euh, paisible, non, mais limitera au moins le nombre d'allers-retours.

Au bout d'une semaine, première nuit entièrement passée dans le grand lit : pour la première fois je réussis à le recoucher dans son grand lit après un réveil nocturne !
Au bout de deux semaines, disparition du réveil nocturne.
Il s'endort cependant tard, très tard, à moitié par terre (très souvent seule la tête repose sur le matelas).
Pour remédier à cela, nous déplaçons provisoirement le lit tiroir de la chambre d'amis. C'est mieux. C'est loin d'être la panacée, nos soirées sont toujours très très compliquées (NB: à ce stade, hein, j'avais repris le boulot depuis longtemps. Timing merveilleux...).

Viennent les vacances de Noël, là aussi c'est la joie... au point que nous investissons dans une deuxième barrière de sécurité (ayant oublié la nôtre à la maison).

Retour des vacances de Noël, une copine me suggère de passer F. en mode couette (jusqu'à présent c'était turbulette + couverture tricotée en laine), son fils ayant été sécurisé par le fait d'être bordé bien serré. Excellent conseil, nous remarquons un mieux incontestable.

Souhaitant récupérer le lit-tiroir, je cherche et trouve un lit sur leboncoin, avec une rambarde démontable / ajustable en hauteur: elle permet à F. de monter et descendre de son lit de manière autonome, mais si il est allongé il ne peut pas en "rouler". Les premiers temps, nous le retrouverons endormi collé contre cette rambarde... Merci la rambarde !
Un mieux, là aussi.

Début févier, nos soirées / nuits auront récupéré un aspect correct; plus difficile qu'avant, certes, avec des hauts et des bas, des alternances de couchers sereins où il n'est même pas nécessaire d'actionner les disjoncteurs, et de soirs où la barrière est nécessaire.

Ce sont nos matins qui vont ensuite en prendre une couche : avec une série de réveils à 5h du mat, où nous réalisons que F. a fait preuve d'autonomie en commençant son petit déjeuner, comme en témoignent les épluchures de 5 (oui) bananes sur la table... et où passées 10h du mat, il est mort. Réveils à 5h du mat qui, pendant un temps, se sont aussi bien produits les matins de weekend que ceux de semaine... Hum, ce sentiment de bonheur quand tu sais que le temps que tu réussisses à rendormir ton gamin, il faudra te lever toi-même pour entamer le processus conduisant au taf!
Le dialogue ne suffisant pas, actuellement notre solution sécurité est, si nous souhaitons encore dormir, de nous lever pour préparer lait et banane avec lui, de transporter ce butin dans sa chambre, et de l'y laisser avec la barrière, son pot si il a demandé à ce qu'on lui ôte sa couche de nuit, et éventuellement de la musique. Il mange, boit, joue, et finit généralement par se recoucher pour lire tranquillement... et se rendormir.
Si la Bébounette est avec lui,
  • soit cela a un effet "calmant" : il se rendort plus volontiers sans même sortir de sa chambre / donne l'alerte à une heure décente; 
  • soit la préparation du combi lait / banane est gérée par l’un pendant que l’autre allaite la miss (je vous laisse deviner comment la répartition se fait, je suis sûre que vous allez trouver !)  qui sera recouchée dans la chambre en rab pendant que nous nous rendormons allègrement.

Bref, sortir son gamin du lit à barreaux, chez nous, ça n'a pas été simple. 
Pleine d’idéalisme, je me serais même dit qu'après tout, cela pouvait être dû à la soudaineté avec laquelle F. avait été confronté à une liberté totalement inconnue jusqu'alors, considération qui aurait pesé pour un lit au sol, dès le plus jeune âge, pour sa sœur, histoire de nous épargner le même cinéma dans quelques temps.
Mais bon, nous avons vite écarté la question,
  • notre priorité étant de faire dormir, autant que faire se peut, les deux enfants ensemble, laisser une Bébounette à même le sol dans une chambre où rode un Bébou, toute une nuit, loin de nous ? Hum... le lit à barreaux constitue aussi un moyen d'assurer un minimum de sécurité à la petite sœur. 
  • autant j'aurais pu me montrer joueuse si la transition avait pris peu de temps, mais sa durée a tellement impacté notre capital sommeil qu'il était hors de question de prendre le moindre risque de creuser encore davantage le déficit.
  • je compte fermement sur le fait que comme pour plein d'autres aspects, l'observation du grand frère va rendre un tas de trucs plus simples / naturels pour la miss, dont le fait de dormir à peu près sagement dans un grand lit (ceux et celles qui ont fait des expériences contraires : VOS GU...!!! . Bon ok, vous avez le droit de m'avertir en commentaires, mais ce sera votre faute si E. reste dans son lit à barreaux jusqu'à ses 18 ans!)

Quoi qu'il en soit : un 3ème lascar n'étant pas prévu aussi rapproché que le sont les deux premiers, nous ne montrerons peut-être pas la même hâte à amorcer ladite transition.

Courageux, oui!
Mais pas téméraires...



5 commentaires:

  1. ;-) J'aime te lire après mes journées d'école , tu me files le sourire !!
    Bon ici, pour la première , ça s'est passée un peu comme pour F avec des réveils matinaux plus tardifs (heureusement!!! OMG 5h du mat, je crois que j'aurai remis le cododo au gout du jour!!!) Bref, ce fut laborieux, nous avons fait cohabiter le lit sans barreaux et le lit à barreaux pendant plusieurs mois avant qu'elle n'arrive à franchir le cap et nous aussi !!
    Quand à mini Z, ce fut easy .... oui oui easy (là tu as un peu les boules hein ;-)) Tu as une deuxième chance aussi toi!! Mini est passée du cododo au lit avec barreaux otés et matelas sur futon en un clin d'oeil!!! Elle est autonome pour se lever et se coucher depuis l'âge de ses 1 ans, ne se relève quasi jamais sauf pour un pipi ou boire et dors jusqu'à ce qu'elle nous entende!!
    Bon qu'est ce que tu veux, c'est pourtant les mêmes gènes!! Comme quoi, vous pouvez tenter l'aventure d'un troisième rapproché peut être auriez vous de bonnes surprise ... ou pas ;-)

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    1. oh merci, c'est un compliment qui me touche, de savoir que je contribue à ton décompressage vespéral!

      pas moyen de cododoter avec F. (crois-moi, à 5h du mat j'aurais été prête à tout, et donc j'ai aussi essayé ça !), dès ses premières semaines de vie il dormait mieux et nous aussi si nous avions un mur entre nous. Ce qui n'était pas nécessairement le cas de la Bébounette (comme quoi, comme tu dis, les gènes) avec qui nous n'avons pas pratiqué le cododo à proprement parler, mais qui a quand même régulièrement passé des bouts de nuits endormie contre moi.

      Mais je ne te déteste pas (encore) pour Z puisque comme tu le dis, subsiste l'espoir qu'elle inspire ma N°2 à moi.

      Quant au 3ème rapproché, hein, on en reparlera - pas.

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  2. Pardon mais j'ai bien ri avec les 10 bananes... je comprends pourquoi tu m'as demandé si le bureau fermait à clef ! ;-)

    Pfff, j'aurais préféré que cette étape là soit moins facile pour A, et que ça se passe mieux maintenant..!!!!

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  3. Ah mais t’as bien raison de rire ! Au moins ces pauv’ bananes seront mortes pour quelque chose ;-)

    Pour A., je comprends bien tes diverses interrogations et ton « j’aurais préféré »… ceci dit, des couchers difficiles à 2 ans ½ n’assurent pas non plus nécessairement des nuits peinardes à 6 ans (RDV dans 3 ans pour un billet « F., ce dormeur parfait qui s’ignorait – comment mon fils de 6 ans se réveille à 9h les weekends, juste à temps pour nous préparer notre petit déj – banane et lait ? euh… – et nous l’apporter dans notre chambre »). J’aurais tendance à dire : « ce qui est pris n’est plus à prendre » quand je me torture avec la pensée que les couchers faciles de F. bébé préfiguraient ptet la situation actuelle : pas moyen de savoir !

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    1. Je n'ai que l'exemple de P, qui s'endormait si difficilement bébé, et maintenant no souci !

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