"Je suis épuisée mais je ne peux pas me plaindre : ma mère/grand-mère/belle-mère/les femmes d'avant n'avaient pas tout ce dont nous disposons aujourd'hui [machine à laver, conjoint qui aide, whatever] et elles y arrivaient, ELLES."
"J'ai toujours fait mon ménage / pain / confitures / potager / vêtements pour toute la famille moi-même : c'est une question d'organisation / de volonté!"
"Je n'ai jamais fait garder mes enfants à l'extérieur / pris de baby-sitter pour m'aider, c'est MON boulot après tout..."
Ces petites phrases, nous les avons toutes entendues à un moment : soit quelqu'un nous les a dites, soit nous nous les sommes dites à nous-mêmes.
Ces petites phrases nous poussent à vouloir "assumer" notre charge de parent seule / en couple, à faire reposer sur les parents seuls la charge écrasante que représente l'éducation des enfants ainsi que tous ses périphériques.
Et pourtant, en face, il y a la sagesse populaire selon laquelle
"Il faut un village pour élever un enfant"
En se basant sur cette phrase, on peut partir sur une longue comparaison expliquant qu'avant,
- certes, les familles ne pouvaient pas compter sur l'électro-ménager ou encore des moyens de locomotion modernes pour les aider au quotidien, ni souvent sur un partage des tâches au sein du couple pour alléger la charge (physique et mentale) en la partageant.
- Mais que la vie était différente, plus douce, moins rapide, que y avait une culture de l'entraide, entre voisins, entre générations (qui souvent cohabitaient, du reste), et patati, et patata, et que du coup l'éducation des enfants se faisait plus facilement.
OK. Quand on doit affronter une maison en désordre, des enfants survoltés, et une to-do liste longue comme le bras, avec éventuellement un poil de burn-out dans un coin, regardons les choses en face : la comparaison entre générations, que ce soit en mode "c'était mieux avant" ou "concours du plus à plaindre"... ça nous fait une belle jambe.
Je préfère, moi, me recentrer sur 3 points
- 1. Éduquer des enfants, c'est épuisant : physiquement, et mentalement: on a la responsabilité 24h/24 de ces petits qu'il s'agit d'accompagner vers le meilleur d'eux-mêmes. Lourde responsabilité. Écrasante.
- 2. L'exigence à ce niveau est, souvent, plus élevée qu' "avant": on n'éduque plus pareil, on prête davantage attention à la psychologie de l'enfant, ses besoins, le développement de son estime de lui.
- 3. Ces exigences se heurtent à d'autres exigences parfois contradictoires, et notamment:
- rester amoureux, dans un monde où les couples se font et se défont très vite;
- rester performant au niveau professionnel, malgré des rythmes souvent très soutenus
Du coup, la comparaison avec "avant"
- je m'assieds dessus, allègrement : on s'en fiche, très honnêtement. On nous dit : la grand-mère n'a pas eu notre chance, et elle n'en est pas morte. Ah oui ? En quoi cela devrait-il nous empêcher de souhaiter mieux qu'elle ? Attardons-nous un instant sur cette incohérence :
- nous sommes devenus nettement plus ambitieux concernant nos enfants, refusant les arguments selon lesquels "on a été éduqués plus durement, et on n'en est pas morts".
- Eh bien, de la même manière qu'il est légitime d'être plus ambitieux pour nos enfants que les générations précédentes, nous avons le droit d'être plus ambitieux pour nous. Si l'éducation que nous donnons à nos enfants doit faire davantage que les laisser en vie, eux, elle doit aussi faire davantage que nous laisser en vie, nous. Encore une fois, la bienveillance envers les enfants, c'est super, mais la bienveillance cela commence aussi par soi !
- je m'en sers : oui, l'existence d'un réseau de soutien était très précieuse et facilitait beaucoup de choses, avant.
- Oui, aujourd'hui, on est souvent très isolés. Individualisme, éloignement familial, déménagements plus fréquents, tout ceci concourt à distendre les liens avec ceux qui nous entourent. Alors, reprenons le constat à notre compte : si un village, c'est nécessaire, mais si le village "à l'ancienne" a disparu, réfléchissons !
- Regardons quels moyens notre époque nous offre pour recréer le fameux village qui va nous aider à éduquer notre enfant. Et PRENONS-LES, ces moyens-de-notre-époque, prenons-les sans fausse honte, sans avoir l'impression de faire nos princesses, sans laisser quiconque nous donner cette impression-là.
Ce n'est pas parce que les générations précédentes n'ont pas "eu notre chance" que nous devons nous priver de la saisir, notre chance.
Je me fiche de savoir que les cavernes n'étaient pas chauffées, à l'époque. Je n'ai rien à prouver à Madame Cro-Magnonne, et certainement pas que je suis capable de survivre dans les mêmes conditions qu'elle. J'allume le chauffage et j'en profite.
Concrètement, cela veut dire que
- si j'ai les moyens (ou si je peux m'arranger pour les avoir en sacrifiant des trucs qui finalement me font moins de bien que ça) de m'offrir une femme de ménage pour alléger un peu cette charge-là: JE LE FAIS. Tant pis si je passe pour une feignasse vis-à-vis de ma voisine, de ma mère, ou de ma belle-sœur.
- si avoir recours à quelqu'un pour faire du bricolage, du repassage, du jardinage, etc, me permet de me dédouaner d'une activité qui ne me plaît guère ou pour laquelle mon peu de compétences fait que le moindre truc me demande énormément d'efforts, JE LE FAIS. Et j'investis ces efforts plus utilement :
- dans des trucs que je sais faire vite, par exemple, et/ou que j'aime faire. Ainsi, moi, j'aime cuisiner, alors je fais pas mal de choses moi-même. Mais je suis nulle en bricolage / travaux manuels. Alors j'achète mon matériel Montessori, et j'admire les charmants vêtements faits-maison qui sortent des mains de mes copines, en me gardant bien de vouloir les imiter.
- dans des trucs qui me ressourcent
- dans des trucs qui favorisent la cohésion familiale (temps de qualité en famille, temps passé en tête à tête avec un enfant, temps en couple)
- si je peux avoir recours à une baby-sitter, une nounou, bref, quelqu'un pour garder mes enfants (ou venir m'aider au moment du coup de feu de 18-20h, par exemple), je ne suis pas une incapable pas fichue d'assumer ses enfants. Je prends les moyens de conserver mon équilibre mental. Or mon équilibre mental, mes enfants en ont un grand, grand besoin. Et ne l'oublions pas : la CAF peut m'aider!
Bref, j'essaie de consacrer une partie de mon budget à la recréation de ce fameux village. Ce n'est pas de l'argent perdu. Ce n'est pas de l'argent jeté par les fenêtres.
C'est un moyen moderne de me procurer le soutien que ce fameux village ne peut plus m'apporter.
Comme autres moyens modernes, on pourra penser aux aides psychologiques : psy et assimilés, groupes de parents, ateliers Faber & Mazlish... Ce qui constitue une transition vers d'autres moyens, justement
En effet, ne nous arrêtons pas là. Car l'argent, c'est bien joli, mais
1. ce n'est pas inépuisable (hélas!)
2. ça n'achète pas tout.
Plus j'avance et plus je me dis qu'il est essentiel de réfléchir à la manière dont nous pouvons nous y prendre pour être un peu de ce village les uns pour les autres.
Je détaillerai encore certains points dans un article #3 mais, oui, de plus en plus, je vois bien qu'il est de ma responsabilité de
- proposer mon aide à d'autres parents, quand je peux, à la mesure de mes moyens : par exemple, offrir une soirée au resto à une copine qui n'a pas eu de moment en amoureux avec son mari depuis un peu trop longtemps, en accueillant le bébé qui lui pourrit gentiment ses soirées depuis de longs mois, et qu'elle n'oserait du coup pas laisser à une charmante baby-sitter.
- Si, en mettant les choses au pire, je me retrouve à passer ma soirée avec le bébé dans les bras, qu'est ce que ça me fait, à moi ? Ça m'a pris une soirée, je l'aurai vite oublié, car je sais que les suivantes seront tranquilles.
- A ma copine, et à son mari, ça aura donné une bouffée d'air très précieuse, un moment de reconnexion qui comptera et qu'ils ne sont, eux, pas près d'oublier !
- accepter l'aide qu'on me propose, voire la solliciter, sans honte, sans culpabilité, sans le sentiment écrasant de devoir absolument "rendre".
- A des moments on donne, à d'autres on reçoit, et parfois on doit accepter qu'on reçoit toujours des mêmes personnes, et que plus tard c'est à d'autres qu'on donnera.
- Ainsi, depuis quelques temps suis-je régulièrement accueillie (comprendre = je squatte effrontément) par l'une ou l'autre de mes voisines sur les créneaux où mes enfants sont gardés à domicile. Hop, quelques mètres, mon PC sous le bras : je travaille, on papote, on me fait la popote = quelques heures pendant lesquelles je soooouuuuuffre ! Je n'ai pas grand chose à offrir en échange (hormis le charme de ma propre compagnie - ce qui est ÉNORME, en fait! - ainsi que l'apport esthétique - j'embellis le salon)
Plus j'avance, plus je réalise qu'il s'agit de ne pas rester dans une logique comptable : je me vois plutôt comme quelqu'un qui, selon les moments, alimente, ou puise, dans une "banque" globale de générosité, en quelque sorte.
Alors zou, au travail: quel bout de village pouvez-vous recréer chez vous?
Je serai curieuse de lire vos constats / expériences à ce niveau !
(et si vous entendez les petites voix du début du billet, rappelez-vous qu'il s'agit de nains affreux, à taper très fort)
C'est super intéressant ! Je pense que pour les enfants aussi, il y a quelque chose de bénéfique à avoir différents adultes référents (pas sur le même plan que les parents bien sûr), à avoir différentes interactions avec eux, qui leur apprennent différemment... Je n'ai pas d'enfants mais chez mes parents une dame vient faire le ménage et le repassage une à deux fois par semaine, et c'est quelque chose qui m'a fait beaucoup réfléchir. Malheureusement aujourd'hui on est dans une situation où des personnes dépendent de ce boulot, même si parfois par principe on ne veut pas y voir recours, parce que ça nous met mal à l'aise, ça n'aide pas forcément... Et avoir une famille stable depuis de nombreuses années quad son travail est de faire le ménage, c'est aussi avoir un rythme, une maison qu'on connaît, des gens avec qui on s'entend bien. Bref, pas simple. Après dans tous les cas, il subsiste quand-même une relation asymétrique entre celles et ceux qui peuvent payer pour cette aide, et celles et ceux qui ne peuvent pas. Les personnes qui font le ménage chez les autres doivent le faire chez elles aussi... Et ne peuvent probablement pas faire garder leurs enfants en payant. Elles doivent se débrouiller. Souvent en ayant recours à la solidarité de proximité, la famille, les voisins, qui peuvent garder les enfants. Je pense que c'est important d'avoir cette asymétrie à l'esprit, tout en étant conscients que ce ne sont pas vraiment nos choix personnels vis à vis du ménage ou du bricolage payés qui changeront la donne (plutôt des luttes syndicales et politiques internes dans ces branches, et la solidarité qu'on pourra avoir avec)
RépondreSupprimerMerci !
Supprimeroui en effet je partage ton avis sur le bénéfice pour les enfants, à pouvoir avoir d'autres adultes référents. Comme tu le dis, dans une certaine mesure évidemment. Mais je pense que ça aide à pouvoir faire confiance !
Réflexion intéressante sur l'asymétrie de la situation. De mon côté, j'essaie d'entretenir une relation de travail juste et digne (quand on voit des personnes riches qui pinaillent voire essayer d'arnaquer les personnes moins favorisées qui interviennent chez eux...), et de valoriser leur travail.
Mon expérience de recruteuse m'a de toute manière vaccinée contre la notion de "travail à la con": dans (quasi) tout travail, il y a un espace pour l'humain, la dignité de la personne, son initiative, sa fierté personnelle... mais évidemment le cadre dans lequel ce travail s'exerce joue énormément sur la manière dont cet espace peut ou pas exister en réalité. Ma manière à moi est de parler avec la personne, de remercier pour ce qui est fait, de remercier tout particulièrement pour les initiatives prises, et d'inciter mes enfants à respecter leur travail par leurs mots (merci) et par leurs gestes (faire attention à ne pas piétiner un sol fraichement lavé par exemple)
J'ai cessé (il y a peu) de me lamenter en évoquant avec nostalgie le "avant" (que je ne connais pas) complètement idéalisé où la solidarité régnait, où les grands-parents étaient à proximité pour prendre le relais auprès des enfants... J'ai cessé de me lamenter parce que franchement je suis assez soulagée que ma belle-mère soit à 6 heures de route ;). J'ai souffert de la solitude de jeune maman, aujourd'hui j'en goûte la liberté !
RépondreSupprimerEt pour reconstituer un village, je m'investis dans une association où on fait plein de trucs (partage de savoir-faire au cours d'atelier parents-enfants, échange de vêtements et matériel de puériculture, juste une sortie au parc à plusieurs, temps d'échange entre parents sans les enfants (dont la prise en charge est organisée et assurée par l'association), conférences, ateliers de communication non violente...) En dehors de ces temps plannifiés, nous sommes un groupe fluctuant de parents ou grands-parents essayant de nourrir l'entraide avec pour toile de fond permanent le non-jugement.
Je ne suis évidemment cependant pas dans la même situation que toi puisque mes enfants vont en collectivité en journée (école et crèche) pendant que gagne notre pain quotidien. La difficulté c'est de combler leur besoin de maman (et mon besoin de reconnexion à eux) sur un temps réduit tout en gardant un temps pour moi (non le travail n'est pas un temps pour moi, même si je l'apprécie), un temps pour les questions logistiques et pratico-pratiques... (ménage, courses, repas...en freestyle total), un temps pour le couple (eux celui-là il est carrément réduit à sa portion congrue). Il y a des périodes où tout roule, où on se dit ça y est on a trouvé un rythme un équilibre, et des moments où tout bascule. La vie quoi !
Merci encore pour cet article qui donne plein d'idées et invite à la déculpabilisation !
looooool pour la BM. Je m'y retrouve...
Supprimerça a l'air vraiment chouette cette asso! Et ça c'est pour le coup une force de notre époque: nous disposons de certains moyens bien pratiques pour faire se rencontrer des gens ayant un but commun, et leur permettre de construire un truc ensemble au lieu d'en rêver en silence chacun de son côté.
Ouais, combler tes besoins, combler leurs besoins, et combler les besoins de tout le monde, en jonglant dans différents déséquilibres... J'adhère.
Tiens d'ailleurs ça me fait penser qu'il faudra que je ressorte mes vieux billets sur l'équilibre vie pro vie perso, on est à fond dans le sujet!
Super article.
RépondreSupprimerTrès souvent je réfléchis à ce fameux village et force est de constater que c'est pas facile à faire...
J'ai beau proposer mon aide à des copines , elles préfèrent laisser leurs enfants à leurs parents ( normal) mais du coup ne me proposent pas la réciproque et on ne peut pas faire comme eux.
Le papa me demande depuis longtemps de prendre une femme de ménage et j'ai du mal à accepter...
Merci Titia
SupprimerAh oui dur dur quand les autres n'ont pas le même intérêt à rentrer dans une logique d'entraide.
Allez, zou, une femme de ménage pour Titia ;-)
C’est très intéressant comme partage. Je vais prendre le parti de l’affreux méchant. Du côté de mon père, ma grand-mère s’est retrouvée veuve juste après la naissance du 7ème. Les voisins ont tué le cochon ce jour-là. C’est à dire qu’ils ont fait la fête. Donc on oublie l’idée charmante des villageois qui s’entraident. Ma grand-mère était agricultrice, sans tracteur, sans voiture, et ses enfants ont eu leurs premières chaussures pour l’entrée au collège. Pour autant, elle avait de l’ambition pour eux. Ils ont tous fait au minimum ingénieur et pour beaucoup docteur (médecin, pharmacie, droit...). Ils ont tous des qualités de caractère impressionnantes : volonté d’acier, adaptabilité, respect de tous, capacité à passer par dessus toutes les difficultés de la vie...
RépondreSupprimerMa mère a grandi avec famille autour, cuisinière, femme de chambre, nounou, jardinier, chauffeur. Elle a fait longtemps l’école à la maison. Ses parents n’avaient aucune ambition pour elle. Elle a été une enfant audieuse et aujourd’hui encore, elle est très difficile dans ses amitiés. Quand j’ai besoin d’aide, c’est mon père qui vient. Sa propre mère ne s’est pas enquiquinée à l’élever, avec l’aspect ingrat des choses, pourquoi le ferait-elle pour sa fille ?
Je ne juge personne et chacun fait ce qu’il lui plaît. Pour moi, assumer ma famille, ma maison, a une dimension spirituelle. Si je n’en suis pas capable, c’est que je vis au-dessus de mes capacités, que je surconsomme.
Swanilda
*odieuse pas audieuse.
SupprimerJe précise que les parents de ma mère étaient des personnes formidables de douceur, intelligence, courage. Pour moi, c’est le mode de vie qui a eu un mauvais effet sur son caractère. Je précise aussi que nous avons de très bonnes relations toutes les deux. On s’appelle tous les jours. Mais pour elle, c’est juste un inenvisageable de prendre sur elle et aider.
Swanilda
Merci Swanilda! Je trouve ton grain de sel très intéressant, ça pousse à réfléchir. Je crois que tu mets le doigt sur quelque chose d'important, et du coup ça incite à préciser la pensée, c'est cool !
SupprimerJe vois 2 points essentiels dans cette expérience que tu nous partages :
- 1. il y a une énorme différence entre aller chercher l'aide dont on a besoin, et déléguer quasi l'ensemble de ses responsabilités. Discerner entre les deux n'est pas toujours facile, même si pour la plupart des gens l'aspect financier constitue un garde-fou, parce qu'il oblige à rationaliser le recours à l'aide extérieure. Néanmoins, le risque n'est jamais totalement absent! Je le vois même chez moi actuellement dans mes réflexions sur la poursuite ou non de l'IEF. Je vous en parlerai bientôt...
Cette différence, je crois que ta formule la montre: "sa mère ne s'est pas enquiquinée à l'élever". On peut se faciliter un peu la tâche, mais si on en arrive à se défausser de toute la charge effective de la maternité, on perd l'essentiel: le lien créé par le don de soi au quotidien, le lien créé par tous ces moments du quotidien, ces attentions, etc. On se rapproche, du reste, du Petit Prince et de sa fleur: la relation se crée, s'enrichit, se renforce de tous les soins prodigués par l'un à l'autre. Elle y puise sa substance. L'amour est action, donc si la plupart des actions d'amour se font "par procuration", l'amour devient impalpable.
- 2. A trop se faire aider par l'extérieur, on peut passer à côté d'un point essentiel: faire contribuer les enfants au fonctionnement de la maison. Ca pour le coup, c'est un point que j'avais adoré chez F&M, et encore davantage chez Jane Nelsen, et j'y suis très sensible. Pas question que mes enfants aient tout servi sur un plateau d'argent! C'est un des points qui m'a poussée à sauter le pas du "sans femme de ménage".
Peut-être ma reprise pro (les choses se précisent, mesdames!) va-t-elle m'inciter à avoir de nouveau recours à une aide à ce niveau, mais cette pause m'a permis de montrer aux enfants l'exemple d'une tenue de maison (pas exemplaire en elle, hein :D), et de leur permettre d'y participer. F. sait passer l'aspirateur, et je compte bien que, femme de ménage ou pas, l'avenir lui permette de continuer à développer ses compétences et son engagement à ce niveau.
Bref, 2 points à prendre en compte dans le discernement :
> suis-je en train de me dédouaner d'un point par lequel je suis pourtant particulièrement appelée à exprimer mon amour à ma famille ?
Ou au contraire, est-ce que la disponibilité ainsi gagnée me permet de me montrer plus aimante? Je ne me souviens plus où j'avais lu, il y a longtemps, ce témoignage d'un gamin dont la mère avait servi des plats hyper élaborés en signe d'amour, et lui aurait préféré jouer avec elle... (euh, doute affreux, est-ce un souvenir déformé de Bree Van De Kamp ?! )
> suis-je en train de priver mon enfant d'une occasion de progresser, lui aussi, en amour, en autonomie, en prise en charge de sa propre vie et en contribution à celle des autres ?
Bon, sinon, j'adore l'histoire du tuage de cochon, c'est parlant, ça en dit long sur l'ambiance charmante en effet ! (euh, dis, c'était pas en l'honneur du défunt, pour faire une fête où on honorait le vivant qu'il avait été ? Non ? Vraiment pas ? Zut.)
(punaise, Swnailda, ton commentaire m'aura inspiré un laius quasiment plus long que l'article original...)
Oui, la vie à la campagne c’est plus « Jean de Florette » que le village des schtroumpfs !
SupprimerJe suis d’accord avec le fait que les enfants ont besoin de plusieurs adultes référents. Chez nous se sont les maîtresses, les profs de sport et nos amis qui remplissent ces rôles. Je ne pense pas que ce soit nécessaire d’embaucher une femme de ménage pour servir de modèle à son enfant. Mais après si on veut embaucher une femme de ménage : chacun fait comme il veut.
Swanilda
En fait, je voulais surtout dire que, quoi que tu fasses (maman plein temps ou reprendre le travail), ce sera très bien et que tu n’as pas besoin de te justifier :-)
Supprimer(Oh la la...désolée pour tous ces messages)
Don't worry pour les messages
Supprimeret non, embaucher une femme de ménage ne vise pas à donner un modèle à mon enfant, mais une aide à sa mère (quoique... je suis infiniment reconnaissante à ma mère, de ce que, au foyer avec 7 enfants, elle m'a tout de même, à travers sa femme de ménage, certes transmis peu ou pas de compétences en ménage, mais en tous cas l'idée qu'il n'était pas honteux d'y avoir recours)
Ah oui ! Ça va chercher loin : prendre une femme de ménage pour montrer que ce n’est pas honteux.
Supprimerhonteux, non, le métier en lui-même est très honorable. Depuis que je côtoie pas mal de nounous/ femmes de ménage, en étant au foyer, je vois une autre dimension. Ces dames ont généralement elles aussi une maison et une famille. Je vois souvent une nounou qui garde une petite fille du même âge que sa propre fille. Elle la garde depuis qu’elle a 2 semaines. Quand elle me parle avec inquiétude de ses propres enfants qui enchaînent les heures de garderie, qui pleurent le matin etc...ça me fait mal au cœur et je trouve la situation injuste et anormale. Dans Quai de Ouistreham, Florence Aubenas fait le récit de ses mois d’infiltration des milieux ultra pauvres. Elle fera le métier de femme de ménage. C’est édifiant.
Swanilda
Merci Swanilda pour ton commentaire (ils ont souvent le chic de m'obliger à faire un pas de côté) et à Gwen pour la réponse.
RépondreSupprimerPour le charmant village l'évocation de l'enfance de mes parents (et la lecture de Maupassant) m'avaient déjà convaicue qu'en fait non ça n'était pas mieux avant.
Est-ce que tu serais d'accord pour expliquer ta dernière phrase ? Qu'entends-tu par surconsommer dans ce cadre là ? Je reste sur ma faim là car je n'arrive pas à saisir ce que tu veux dire. j'ai bien l'impression parfois de surconsommer mon énergie, mais je ne vois pas toujours comment ralentir... (c'est pourquoi ce billet m'est si utile, même si pour l'instant je n'envisage ni femme de ménage, ni babysitter); La seule chose que j'ai trouvé c'est renoncer à avoir plus d'enfants (j'ai atteint mes capacités avec 2. Oui je sais ça fait vraiment petite joueuse !)
Salut Capucine,
SupprimerMaupassant était un vrai génie !
Pour la surconsommation, par exemple, si chaque semaine, je n’arrive pas à entretenir mon logement, alors je vais me demander si un logement plus petit ne serait pas plus en adéquation avec mon temps et mon énergie à cette période précise de ma vie. J’essaie d’adapter notre consommation à notre capacité familiale d’entretien. Quand on n’avait pas de lave vaisselle, j’avais retiré la moitié de la vaisselle car je n’arrivais pas à tout laver en une fois. Ce qui est intéressant, c’est que la vaisselle durait aussi longtemps. On en gaspillait moins.
Idem pour le linge. Avant je faisais une machine de 7kg tous les jours. On a déménagé dans un logement sans lave linge (c’est courant aux USA), et on ne fait plus que 3 machines par semaine au lavomatic. Pour autant tout le monde se change tous les jours, mais par exemple, je lave moins de peluches ...car j’en ai donné plein.
En espérant que ce soit plus clair.
Swanilda
Oui c'est plus clair ! Merci beaucoup. Je vais tenter ça : m'interroger honnêtement sur mes capacités et adapter notre environnement et notre consommation en fonction (en allant voir au passage si sur certains aspects mon conjoint n'aurait pas des capacités plus grandes, ou un peu de mou sous la pédale)
RépondreSupprimerAaaah Maupassant...
SupprimerMerci Swanilda pour ces précisions enrichissantes !
Bonnes réflexions et discussions conjugales, Capucine!
Quand les jumeaux sont nés j'ai eu du mal à me faire aider. Une espèce de fierté mal placée où effectivement j'avais l'impression que "je les avais voulus je les avais eu maintenant j'assume" Bon je pleurais plusieurs fois par jour tellement c'était dur.
RépondreSupprimerPour notre 3ème qui n'a pas dormi la nuit avant ses 2 ans j'aurai révé que mes parents le prenne une nuit juste une nuit. Ils ne l'ont pas proposé et je n'ai pas osé demander (et pourtant j'en ai révé!!)
Aujourd'hui Je me rends compte que moi je suis dans une logique d'entraide mais que ce n'est pas vrai pour tout le monde (notamment à l'école les jours de grève, moi je rève d'une grande solidarité organisée, en fait c'est chacun pour sa gueule...) Avec nos amis pour le coup, on essaye d'être ajustés et il y a une vraie entraide,échanges de garde d'enfants, travaux chez les uns et les autres... et ca c'est quand même tellement précieux!
"tu as voulu maintenant t'assumes"... Outch, tu as du déguster... C'est un des messages les plus violents pour soi-même et pourtant, on n'arrête pas de se l'infliger! Ceci dit, je dis ça dans les deux sens : j'ai été (je suis peut-être encore, parfois) celle qui pense cela en entendant quelqu'un se plaindre. Je constate quand même que là dessus, la découverte de Faber et Mazlish et de l'importance première de l'accueil des sentiments m'a permis de prendre mes distances et de changer de regard.
SupprimerEt puis moi, j'ai voulu, voulu, pleuré pour avoir des enfants.
J'en ai.
J'assume.
Mais j'assume aussi en prenant les moyens de me faire aider.
Et c'est encore plus dur quand, comme toi, on attend de l'aide d'une direction "toute trouvée" (les parents) et qu'elle ne vient pas... Je crois que quelque part, ça vient encore plus fortement nous délivrer le message qu'au fond, on est illégitime dans notre besoin d'aide, non ?
Mais oui, ce que la famille ne permet pas toujours (ou si : depuis le déménagement, la proximité avec ma sœur est tellement précieuse à ce niveau aussi !), le fait de pouvoir le recréer avec des amis prend alors une saveur toute particulière (dit la Gwen qui compte les quelques semaines qui la séparent d'un weekend en amoureux pendant que les enfants s'éclateront avec des amis)
Je lis avec plaisi, le sourire aux levres vos billets :)
RépondreSupprimerJe m'y retrouve ... beaucoup !
Depuis que je connais ce proverbe (découvert lors d'un atelier F&M ;) j'y pense souvent, il fait sens pour moi, qui ai la chance d'avoir été élevée dans un village (sorte de kiboutz de parents soixanthuitards au fond de la picardie ... tout un poeme !)
Une petite coquille m'a bien fait sourire : vous avez écrit "= quelques heures pendant lesquelles je soooouuuuuffre !" pour "= quelques heures pendant lesquelles je soooouuuuuffle !" je suppose
Ah là là ... ces lapsus qui se faufilent partout :)
Belle journée!
Flore / CookiFlo
Merci Flore !
SupprimerAh c'est chouette si c'est en atelier F&M que ce proverbe a été dit ! dans la session précédant celle que j'ai en cours les participants avaient fini par s'échanger des recettes de Mojito… tout pour se soutenir, TOUT ^^
la coquille : hahaha c'est trop marrant ! En fait ce n'est pas une coquille mais du second degré, mais c'est trop drôle de voir qu'en effet, à une lettre près, on peut changer le sens sans le changer vraiment…
à bientôt !!
Au passage, l'expression signifie surtout que tous s'incluent dans l'éducation de l'enfant. Or, aujourd'hui et dans notre culture occidentale, on n'accepte pas que d'autres que les parents puissent éduquer, contribuer à faire grandir, recadrer peut etre...
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