vendredi 21 avril 2017

Premiers jours en collectivité ! F. au jardin d'enfants.

Il y a des jours où habiter Strasbourg m'énerve un peu : notamment en ce moment, quand nous retravaillons notre budget à la baisse, et que nous jouons (ouais ! super jeu !!) avec l'idée de quitter notre cher appartement. Car cher à plus d'un titre.
Il y en a (zut, ce sont les mêmes), où les possibilités offertes par cette chouette ville me remplissent d'un enthousiasme sans nom.

Ville-frontière, Strasbourg permet de réunir le meilleur de deux mondes.
Et notamment, abrite un des seuls jardins d'enfants franco-allemands de France.
  • Jardin d'enfants qui, incidemment, est situé à exactement 5 minutes à pieds du cher logement susmentionné.
  • Jardin d'enfants dont nous avions de plus en plus souvent entendu parler ces derniers temps, plusieurs des parents rencontrés au parc y ayant placé leur progéniture. Et entendu parler en bien.
  • Jardin d'enfants dont j'avais pu examiner un peu l'ambiance, puisque il arrive que les éducateurs sortent tout le monde, en fin de matinée, en même temps que notre créneau "parc" du matin
  • Jardin d'enfants qui accueille les enfants de 2 à 4 ans, en temps scolaire... mais se mue également en centre de loisirs, pour les 2 à 6 ans, les mercredis après-midi ainsi que les vacances scolaires.

Alors voilà, à la faveur des vacances de Pâques, qui se terminent en Alsace, F. vient de passer les trois premiers jours de sa vie en collectivité.
Mais alors quelle collectivité...
  • le principe du jardin d'enfants, qui en Allemagne accueille les enfants jusqu'à 6 ans (voire 7 selon les endroits, le développement de l'enfant, les envies des parents), est de proposer (tout le monde ne va pas au "Kindergarten", certains enfants ne feront connaissance avec la collectivité que lors de leur "vraie" rentrée à l'école, à 6-7 ans donc) un lieu d'accueil collectif, en petits groupes, où il s'agit avant tout de jouer, chanter, de manière assez libre : on est loin de la course à la transmission de savoirs académiques !
  • en l’occurrence, "notre" jardin d'enfants est habilité pour accueillir 36 enfants, pour 3 éducateurs, mais dans les faits, s'efforce de ne pas aller au-delà de 24 enfants. 
    • Un taux d'encadrement de 1 pour 8... on est loin de la petite trentaine d'enfants que doit gérer une instit' de maternelle aidée de sa moitié d'ATSEM! F. ne s'y est pas trompé, qui, se posant des questions ces derniers temps sur le fonctionnement d'une école, voulait savoir si "la maîtresse, elle fait des câlins ?"; ce à quoi j'avais répondu que "pas souvent, car y a beaucoup d'enfants, c'est compliqué d'en faire à tous". Là, il a posé la même question "ici, on peut faire des câlins ?" et était bien content de s'entendre répondre par l'affirmative. 
    • Du reste, la deuxième semaine de Pâques étant une période visiblement assez creuse, les 3 éducateurs étaient en charge de 16 enfants lors des premiers jours de F. ! Des conditions de disponibilité vraiment idéales pour l'acclimatation.
  • un appartement d'une centaine de m² au rez de chaussée d'une maison, 
    • avec un jardin de bonne taille, un tas de jeux partout... (beaucoup de bois, beaucoup de jeux simples de construction, d'imagination, ou créatifs).  
    • Une ambiance où  l'on remarque de solides inspirations Montessori; j'ai su que F. allait s'y plaire quand, lors de la visite, constatant l'intérêt de F. pour les systèmes de fermeture des portes et des volets, l'éducateur nous dit "ah, nous avons une planche spéciale, je vais lui montrer, il va adorer". J'ai failli répliquer "oh, oui, nous avons la même à la maison", pensant à la planche Melissa & Dough. Heureusement que je me suis tue: F. est restée bouche bée devant un imposant tableau en bois, fait-maison, couvert de systèmes de fermeture assez complexes...
  • des éducateurs zen, affectueux, soucieux de chaque enfant
    • réalisant que F. n'avait jamais été en collectivité, ils ont spontanément cherché à aménager une mini-période d'adaptation pour faciliter la transition; 
    • quand j'ai anticipé un peu en m'enquérant du moment où la Bébounette pourrait également venir, ils ont freiné en disant "oh, elle est petite, pour eux c'est quand même plus adapté d'attendre quelques mois de plus"
    • quand, lors de la visite de prise de contact je me suis enquise de la manière dont ils faisaient respecter les règles, la réponse fut sans hésitation : pas de punition. Ils pratiquent le "viens t'asseoir pour te calmer". Comme le souligne Jane Nelsen ce time-out est un outil à double tranchant (temps de pause pour la reconnexion, ou mise au coin ?) et je ne sais pas exactement comment il est utilisé, mais quoi qu'il en soit je pense que cela constitue déjà une base plutôt proche de nos convictions éducatives.
  • une structure familiale à plus d'un titre :  le jardin d'enfants implique les parents (prise en charge de l'administration, une lessive à faire par mois, etc), cela s'en ressent même au niveau du centre de loisirs : il n'y pas de sensation d'anonymat, tout le monde se connaît, tout le monde donne un coup de main; j'ai senti cette ambiance détendue, en mode cocon, dès le premier matin où j'ai déposé F. et cela m'a permis de le faire avec une grande sérénité !
  • une structure vraiment franco-allemande
    • la moitié des éducateurs sont de langue maternelle allemande, l'autre moitié de langue maternelle française, chacun parlant sa propre langue à l'enfant (sauf grosse incompréhension) ; 
    • les enfants sont quant à eux, d'origines mixtes : couples allemands, couples binationaux, couples français. Ça joue et ça rigole indifféremment dans les deux langues !
    • Pour un F. qui rechigne depuis des semaines à utiliser ce qu'il connaît d'allemand, un tel environnement nous semble constituer un contexte incitatif intéressant...
  • Disons-le aussi : le coût ! Évidemment, désavantage par rapport à l'école: c'est payant là où l'école est gratuite. Mais pour moi qui compare avec le prix de la garde à domicile... payer 24€ la journée de 10h, somme dont je récupérerai encore la moitié par le biais des impôts, ce n'est pas désagréable.


Il s'agissait de la première confrontation de F. à la vie en collectivité

J'étais un peu anxieuse quant à la manière dont se passerait la séparation .

Je n'ai pas encore tu le temps de venir vous parler de l'activité extra scolaire de F cette année et de la manière dont celle ci m'a déjà permis de vérifier qu'il était possible d'accompagner mon enfant sur le chemin d'une séparation en douceur et en confiance.
Ici, il y avait un gros pas de plus à faire: après une visite des lieux avec lui, puis, la semaine suivante, une fin d'après-midi passée la bas à jouer en ma présence, hop, il fallait enchaîner sur une première journée, complète, avec repas et sieste en collectivité . Ceci dans un contexte pas évident car les tensions actuelles avec F. avaient compliqué les séparations ces derniers temps, que ce soit avec des baby-sitters, notre nounou, ou lors d'ateliers chez Alexandra.
  • F. avait beaucoup aimé ses premiers moments là-bas donc nous en avons parlé tous les jours, il à régulièrement demandé si j'allais rester et j'ai toujours répondu que je resterais un peu puis que je partirais, qu'il jouerait, mangerait et ferait la sieste puis que je reviendrais le chercher le soir. À ses "mais je veux pas que tu partes" j'ai inlassablement réagi en accueillant et reflétant ses sentiments puis ajouté " je resterai un peu puis je partirai mais je reviendrai car les mamans ça revient toujours".
  • Nous avons préparé son sac ensemble, la veille, et F. était tout heureux d'avoir le droit d'emmener son Mouton (j'ai comme politique que Mouton ne sort jamais de l'appartement, sauf quand nous partons en voyage / qu'un dodo hors de chez nous est prévu).
  • Arrivés là-bas, je l'ai aidé à se déchausser, il a filé jouer avec d'autres enfants pendant que je restais assise dans la petite entrée, et ai revenu régulièrement vérifier que j'étais là "tu restes encore?"; je suis restée ainsi une vingtaine de minutes, le temps qu'il voie d'autres parents arriver, déposer leurs enfants et repartir, et j'ai dit que j'allais faire pareil, et partir. Quelques gros câlins, et c'était fait. Sans une larme. L’éducateur lui a proposé de venir me faire coucou par la fenêtre qui donnait sur la rue, mais ça ne l'a pas intéressé. 
  • Le deuxième jour je suis restée moins longtemps le matin, et F. a dit "je peux pleurer si je veux, mais je n'aurai pas envie"; et le troisième jour je suis restée juste ce qu'il fallait.
Il a dormi et mangé parfaitement, et chaque jour a attendu avec impatience le moment de retrouver ses petits copains.


C'était aussi l'occasion d'avoir des retours de personnes extérieures l'ayant observé sur une durée assez longue
  • les éducateurs eux-mêmes ont été surpris de sa sérénité, et de la manière dont il a pris sa place dans le groupe, allant vers les autres, ne restant pas à l'écart, trouvant une place dans les jeux : sur ce point-là, ils ont dit "on ne dirait pas qu'il n'a jamais été en collectivité, on voit qu'il est très sociable!"
  • ils ont en revanche été impressionnés par la masse de questions qu'il a posées sur les 3 jours: F. s'est notamment fait expliquer toutes les règles de la vie en collectivité... y compris celles qui semblent tellement naturelles aux autres que les éducateurs n'auraient pas pensé à les énoncer : "et pourquoi je peux pas me lever quand j'ai fini de manger ?' "et pourquoi la dame elle reste dans la pièce pendant qu'on dort ? Chez ma maman, je dors tout seul !" "et pourquoi tout le monde doit sortir au jardin en même temps ?"...


Bilan de ces trois jours:
c'était chouette!
Pour tout le monde: 
  • F. a adoré, il y allait littéralement en courant tous les matins: trottinant à mes côtés tout le long du trajet
  • Moi j'ai à la fois apprécié ces quelques jours de "distance ", respiration bienvenue en cette période plus tendue,
  • Profité de ces jours avec juste un enfant à gérer pour faire plein de trucs et notamment cocher tous les jours la case ménage ET la case désencombrement de ma routine Flylady
  • et savouré également ce temps passé avec la seule Bébounette : Un temps privilégié pour toutes les deux.


Ah là là, franchement, quand une des éducatrices allemandes m'a dit qu'avant, ils faisaient jardin d'enfants jusqu'à 6 ans, j'ai eu un petit pincement de regret ! F. apprécie énormément le contact d'autres enfants et j'ai beau faire beaucoup  à ce sujet, je perçois qu'il serait en demande de plus.
Nous nous bornerons à profiter de notre chance d'avoir une structure de cette qualité à disposition pour y envoyer F. une semaine à chaque période de vacances scolaires. Il a déjà hâte d'être cet été !


3 commentaires:

  1. Une chouette expérience !
    et au niveau de l'allemand ?

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    1. le premier jour les éducatrices lui ont plutôt parlé français pour faciliter son acclimatation; mais en fin de journée, elles ont réalisé que je parlais allemand et ont confirmé qu'elles avaient tout de même perçu qu'il comprenait certaines choses
      donc depuis, elles lui ont pas mal parlé en allemand. Même si il se refuse à répondre dans la même langue : "moi je parle que français !".
      Parmi les enfants, il a beaucoup joué avec un groupe de garçons de son âge... mais essentiellement composé de petits Français.

      Bref, il serait illusoire de penser que quelques semaines là-bas dans l'année le rendront bilingue. Mais l'objectif poursuivi est atteint: diversifier et augmenter les sources d'exposition, entraîner son oreille, incorporer davantage d'allemand dans son quotidien. Nous verrons ce que ça donnera cet été, aussi !
      Dans cette optique, et pour assurer plus de régularité, je réfléchis par ailleurs à trouver une étudiante allemande pour venir jouer en allemand avec les enfants 1x par semaine, 2h, l'an prochain. A voir comment je fais rentrer ça du point de vue financier, et si je peux trouver quelqu'un de bien...

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  2. Merci pour ce partage. Belle structure que tu partages là! Et au passage, utile à titre personnel puisque je cherchais une astuce pour un enfant qui joue avec les portes alors même qu'il a été hospitalisé pour un doigt cassé. Mais pourquoi ai-je donc négligé l'ouverture sous forme de jeu-structure clés en main?!
    Bonne journée!

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