mercredi 7 septembre 2016

Le grand retour de la voisine du dessous

Souvenez-vous, elle avait sonné chez moi un matin d'hiver.

Quel bonheur de la retrouver devant ma porte ce lundi matin !
Elle était venue me dire, après moult hésitations, qu'elle n'en pouvait plus d'entendre F. courir d'un bout à l'autre de l'appartement. Était-il possible de dire à mon enfant de marcher doucement ?

HA HA HA.

Lectrice toute récente d'Haïm Ginott, et puisque nous venons tout juste de méditer sur l'importance de demander aux enfants des choses dont ils sont capables, j'avais bien en tête la phrase dans laquelle ce cher Haïm explique que demander à un enfant de jouer sans se salir, ou de marcher au lieu de courir, c'est demander l'impossible.


Je me suis cependant empêchée d'envoyer paître ma charmante voisine, bicoz vous savez, CNV, machin, j'étais dans un bon jour (et puis cette fois-ci elle était venue avec une tête aimable voire un peu gênée, et un ton pas agressif; ça aide).
  • j'ai simplement commencé par borner un peu la conversation : puisqu'elle venait de m'expliquer qu'elle savait ce que c'était, étant 2 fois maman et 5 fois grand-mère, j'ai souligné qu'elle savait alors que le mode de déplacement normal d'un enfant de 3 ans est la course - décomposition de la voisine
  • je suis restée imperturbable à son "j'en suis à me demander si je ne vais pas déménager" - son problème
  • ensuite seulement, j'ai témoigné de l'empathie pour ce qu'elle subit (oui, notre immeuble est plutôt bien insonorisé pour les voix; mais pour les chocs - donc aussi les chocs de petits pieds sur le parquet - c'est une autre histoire : la structure en béton transmet toutes les vibrations !) et montré que j'avais une vague idée du problème (nous entendons nous-mêmes fort bien les pas de l'enfant qui habite deux étages au-dessus de nous) - soulagement inquiet de la voisine
  • et ai souri à son : "oui, j'ai hésité à venir, je me suis dit qu'avec la rentrée des classes ça allait se régler tout seul" - espoir de la voisine...
  • ....avant de tordre le coup à ce fol espoir en mentionnant notre choix de l'IEF. (un point pour la voisine : elle a trouvé ça très intéressant. Et a fait toute seule la question-réponse habituelle "mais pour qu'il ait des amis ? Ah remarquez, avec le parc juste à côté")

Et enfin, après avoir bien montré qu'il n'était pas question de m'engager dans une entreprise impossible visant à empêcher un enfant de 3 ans de courir, j'ai quand même proposé des solutions de compromis :
  • F. ayant souhaité faire une démonstration, à cette inconnue en visite, de sa maitrise de l'enfilage de chaussettes, le voir à l’œuvre m'a permis de concevoir un soupçon:  les chocs n'étaient-ils pas pires pieds nus? Elle m'a confirmé que c'était surtout depuis juin que c'était terrible. Ça tombe bien, j'ai justement craqué investi dans une vente privée ce weekend et, notamment, racheté des chaussons à F. pour l'automne qui s'annonce. J'ai donc proposé de veiller à ce qu'il porte des chaussons une fois que ceux-ci seraient arrivés.
  • 2ème concession, après avoir à nouveau souligné que je ne pouvais empêcher mon enfant de courir à longueur de journée,
    je me suis déclarée prête à l'inviter à marcher doucement jusqu'à 8h du matin (heure à laquelle elle m'a dit se lever), puisque, apparemment, le pire pour elle était d'être réveillée par les galopades enthousiastes du Bébou. 
    J'avais en tête mes lectures récentes sur les choses apprises aux enfants en classe Montessori : si on leur apprend à se déplacer doucement une partie de la journée, il n'est peut-être pas complètement stupide de faire de même avec mon fils, tant qu'il s'agit d'un moment précis et limité dans le temps ? (si vous avez des conseils sur le sujet, je suis toute ouïe. Je n'ai pas retenu celui de ladite voisine qui m'a suggéré de profiter de sa visite pour expliquer à mon fils que la méchante dame du dessous ne voulait pas qu'il coure... Mais, le soir au coucher, je lui ai rappelé que la dame avait besoin de dormir le matin). J'ai toutefois souligné que c'était sans garantie de succès / succès permanent.

C'est une voisine un peu rassérénée qui a ensuite pris congé.
Une visite qui m'a, du reste, confirmé une récente discussion avec une copine : notre immeuble est plein de personnes âgées, et notre voisine de palier, octogénaire, ne mentionne le bruit que nous faisons que pour se réjouir du fait qu'il "y a de la vie"; mais la voisine du dessous est fraîchement retraitée, et un retraité tout frais, c'est autrement attaché à a sa tranquillité.

Ce n'est qu'une fois la porte refermée que j'ai
  • réalisé que, si les bruits sont devenus insupportables en juin, c'est peut-être moins lié à des histoires de pieds nus qu'à mon passage à 50%....
  • digéré l'information, mentionnée au détour de la conversation, comme quoi son appartement possède une pièce en plus du nôtre (découpage de l'étage différent, elle a une pièce qui, aux autres étages, appartient à l'appartement d'à côté), bref, pile ce dont nous rêverions. De là à rêver à ce qui se passerait si elle quittait vraiment son appart.... (mais bon, espérer acheter un bien immobilier à la personne que l'on en chasse par notre bruit, faut ptet pas pousser ? - sans compter, mais c'est un détail, que nous n'aurions absolument pas les moyens d'acheter ce que nous louons actuellement)

Il n'empêche : à 9h elle sonnait, à 11h je me posais déjà la question de la manière dont j'aménagerais les pièces / l'endroit où je caserais la salle de classe si par hasard....
Dois-je enfiler des talons aiguilles à F. ?


Innocent, il ne se doute pas des ravages causés par ses deux petits pieds

17 commentaires:

  1. Je compatis à part égale à ton problème et celui de la voisine... L'autre jour au commissariat où je faisais une déclaration de vol j'ai entendu une vieille dame déposer une main courante contre ses voisins du dessus qui achetaient "exprès" des jouets en bois à leur enfant pour qu'il les fasse tomber à son réveil au-dessus de sa tête (entre autres méfaits bruyants infantiles...). Plus on est seul moins on supporte le bruit des autres et ça peut vite tourner à la paranoïa. Le "je vais peut-être devoir déménager" ne me paraît être qu'une auto-victimisation magistrale pour tenter d'obtenir la cessation de la nuisance (méthode fort inutile a priori). Si elle savait que tu l'as prise au pied de la lettre! Du coup je compatis aussi pour la salle de classe qui se trouve virtuellement en dessous des pieds du Bébou! Courage.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Emm. !
      haha pour les jouets en bois achetés exprès ! (remarque, chez nous, depuis l'arrivée du toboggan à boules elle se dit ptet la même chose)
      Ton "plus on est seul moins on supporte le bruit des autres" est probablement très pertinent, elle est divorcée et ne semble pas hyper sociable.
      D'où l'auto-victimisation qui, déjà, m'avait fait sourire en tant que telle, avant qu'en plus je ne réalise que j'avais peut-être un intérêt à ce qu'elle mette sa "menace" à exécution.

      Mais oui, je comprends son problème, et vu que cette fois-ci elle a pris la peine de me l'exposer sans m'agresser direct, je suis aussi prête à faire des efforts. J'ai tressailli en entendant une cavalcade monumentale ce matin, et puis, coup d'oeil à l'horloge du four : 7h55. ouf...

      et condoléance pour ta déclaration de vol, c'est jamais chouette ça !

      Supprimer
  2. ;-) Demande à F de courir de 5h du mat à 9h et après 22H et invite nous la journée ... avec un peu de chance tu auras une superbe salle de classe plus vite que prévu ;-)
    Bon c'est pas très bienveillant tout ça ... Pauvre voisine, pauvre Bébou !!!! Appartement = concessions , faut peut être penser à la maison , histoire de remuer le couteau dans la plaie (les vieilles personnes ne déménagent jamais!!!)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Huhuhu; dès 5h et après 22h, suis pas d'acc, je tiens à MON calme, nanméoh ;-) (oui, je sais, pour obtenir une salle de classe je devrais être prête à certains sacrifices)

      et JE TE HAIS pour la maison. je vais me venger en gardant ton matériel en otage.
      (et ma voisine n'est pas si vieille qu'elle ait basculé dans la catégorie qui ne déménage jamais. En revanche, si j'ai bien compris, l'appart elle l'a "gagné" lors de son divorce, alors peut-être a-t-il valeur de trophée dont on ne saurait se dessaisir ?)

      Supprimer
  3. Ben tu vois c'est en lisant ton article à toi que je me rends compte que la vie en ville et surtout en appart', c'est moi qui ne pourrait pas ! ^_^

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. hihihi
      les goûts et les couleurs...
      Ce qui illustre à ravir à quel point il était pertinent qu'on nous ait incités à creuser ce point dans le cadre de notre préparation au mariage à l'époque : quand on a une préférence marquée pour un environnement, il y a de quoi se rendre très malheureux si l'autre est câblé tout différemment !

      Et puis à côté de l'autre relou, qui me donne l'occasion de vous réjouir de billets au vitriol, j'ai toujours ma voisine de palier qui me dit d'un air appréciateur "ah, votre E. s'affirme, c'est chouette!" (rapport aux cris d'orfraie qu'elle pousse)
      et ma voisine du dessus qui m'a descendu son bouquet de tournesols bicoz ils partaient en weekend et il allait faner tout seul...

      Ceci dit, il y a aussi que la localisation de notre appart est tellement avantageuse qu'elle nous dispense / atténue beaucoup d'inconvénients de la ville. Ainsi
      - aucun vis-à-vis, sauf dans la cuisine
      - pas ou peu de circulation sous nos fenêtres
      - l’œil dans le vert, puisque la plupart de nos fenêtres donnent sur un grand parc
      - un "grand jardin entretenu par d'autres que nous" (dixit Monsieur): ledit grand parc, qui, avantage non négligeable dans un cadre d'IEF, me permet d'amener F. se frotter à d'autres enfants en 1 minute chrono.

      Supprimer
    2. Ah mes la ville à de nombreux avantages !! (j'en sais quelque chose, on a quand même vécu en ville pendant 25 ans - voire en métropole).
      J'ai une collègue qui est super heureuse de sa vie en ville et en appart et elle a une vie de wineuse : elle fait tout maison, participe au CPN local, fait la blinde de trucs culturels avec ses enfants et à une vie sociale de malade (deux enfants et elle boit encore des cafés en terrasse entre copines les soirs d'été - une déesse cette nana...). Je lui ai dit une fois :"Astrid, si j'aimais habiter en ville, j'aimerais vivre comme toi".

      D'ailleurs j'ai aimé la ville quand nous n'avions pas d'enfants: tout à portée de main, pas besoin de voiture, les soirs de désœuvrement je n'avais qu'à chercher le vernissage ou le concert du soir, ou juste aller au café des copains. A ce moment là de ma vie, la campagne ne m'aurait pas convenu.

      Supprimer
    3. oups "MAIS la ville" pas "MES la ville"

      Supprimer
    4. Ah oui +++ ! nous vivions à Paris sans enfants, et c'était sympa...
      (mais à la réflexion nous profitons presque davantage maintenant... même si nous faisions un certain nombre de choses, mine de rien le fait de pouvoir "toujours" faire un truc ne nous poussait pas toujours à nous bouger, alors qu'à présent, nous savons que cela demande une logistique de ouf et prenons les moyens de nos souhaits)
      en normandie nous pensions nous passer de l'aspect "centre-ville" sans souci, mais en fait nous avons pu constater que non !

      Supprimer
    5. Ah ouais mais non, Paris non. Juste non. Toutes les autres villes mais pas.celle là ^-^

      Supprimer
    6. Par contre question logistique avec les enfants je trouve pas ça si compliqué...

      Supprimer
    7. Logistique : nous sommes éternellement en retard donc faire des choses tout en respectant le rythme des enfants nous demande de réels efforts...
      Paris: "tout sauf Paris " était effectivement notre mantra quand nous avons dû quitter la Normandie. Nous avons atterri à Strasbourg, nous aurions très clairement pu plus mal tomber...

      Supprimer
  4. Ma voisine met de la musique quand les enfants lui marchent un peu trop sur la tête, façon plutôt délicate de me le faire savoir. La vie en ville a ses inconvénients et ses avantages. Je passe mes vacances en campagne en me demandant si je pourrai à nouveau y vivre.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hihi. Idem pour nos vacances, si ce n'est que nous les apprécions d'autant plus que nous savons que pour le coup nous ne saurions y vivre à l'année longue !

      Supprimer
    2. Avec mon mari, c'est vrai qu'on louche sur les jardins. Sérieux, ouvrir la porte et dire aux enfants "allez jouer dehors" me manque. Mais je discutais avec un monsieur de la pleine campagne cette semaine, en fait celui qui nous a loué son chalet, il me disait se sentir seul et avoir du mal à s'en sortir. Ses enfants sont partis étudier à Montréal (1000km quand même), en plus il doit bûcher comme un âne pour les aider financièrement. Et puis me dire finito les spectacles et sorties, j'ai du mal. Alors peut-être acheter un chalet 3 saisons nous tente bien.

      Supprimer
  5. Sinon vous pouvez lui proposer d'échanger vos appartements : à vous la pièce en plus et à elle le calme en étant au dessus :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui j'en rêvais !
      Maintenant je dois à cette voisine d'apprécier ENCORE PLUS la maison dans laquelle nous avons finalement emménagé, et le fait d'y être propriétaire de notre bruit bien à nous ^^

      Supprimer

Venez enrichir ce blog (et ma réflexion ainsi que celle des autres lecteurs) de vos commentaires et expériences...