vendredi 12 mai 2017

L'IEF, un choix imparfait (en 9 points) - partie 1

Notre première année d'IEF touche à sa fin...
C'est fou d'ailleurs d'être déjà au mois de mai! J'ai l'impression d'avoir tout juste commencé... et ptet pas fait la moitié de ce que j'aurais voulu.
Alors, cette IEF, au bout d'un an de test : le pied? La panacée? Le meilleur choix?

Hum.
Incontestablement !

Ou pas.

Voici, au bout de cette année, 
mon petit top 9 personnel des 
choses que j'estime pas vraiment idéales à IEF-Land


1. Ça diminue la quantité de contacts avec d'autres enfants

Pour un enfant sociable et en demande de contacts avec d'autres enfants tel que F., le fait de passer l'essentiel de son temps à la maison n'est pas optimal. 
Et ce malgré tout ce que j'ai pu mettre en place car nous n'avons pas passé cette année isolés, loin s'en faut: 
  • parc très fréquenté sous nos fenêtres, 
  • activité extra-scolaire, 
  • sorties, jeux et activités régulières avec des copines IEF et leurs enfants, 
  • sorties ou visites de familles amies pas IEF, 
  • sorties diverses dans des lieux fréquentés par d'autres enfants (notamment le Vaisseau!!)... 
  • sans oublier les heures de jeux avec sa petite sœur
Mais je l'ai constaté lors des premiers jours de F. en centre de loisirs : passer toute la journée avec un petit groupe d'enfants lui a énormément plu.


2. Ça fait peser une sacrée pression sur le parent IEFeur

C'est une lourde responsabilité tout de même : l'éducation au sens large c'est déjà angoissant parfois, j'abdiquerais je partagerais volontiers une partie de la transmission des savoirs plus académiques.  
Quand je repense, par exemple, à mon inquiétude latente des derniers mois concernant la tenue du crayon par F. (article en cours de finition ;-) )... A certains moments j'aurais bien aimé me reposer sur des "professionnels", au lieu de me demander si je faisais ce qu'il fallait !


3. Ça implique qu'on conserve le monopole des conflits

Et puis je partagerais bien les conflits aussi: l'IEF c'est comme la vie de tous les jours avec des enfants : y a des jours avec et des jours sans. 
Mais du coup, les jours sans, les conflits amorcés en dehors de la salle de classe viennent allègrement nous y rejoindre (au hasard, quand vous avez passé 5 minutes à faire nettoyer une flaque d'eau à votre rejeton, au moment du petit-déj, et que vous enchaînez sur 5 minutes à lui faire ramasser les lentilles d'un plateau de versés, qu'il a intentionnellement renversées sur le sol).
Dans ces moments je rêverais de pouvoir dissocier les deux / que l'école vienne faire diversion...


4. Ça empêche d'être porté par le groupe

Les jours où F. ne se concentre pas, n'est pas motivé pour se mettre au travail, je déplore l'absence d'une ambiance de classe studieuse qui le porterait... 
Je le vois bien quand nous allons en atelier chez Alexandra, par exemple : les intérêts d'un apprentissage au sein d'un groupe sont multiples 
  • inciter à se concentrer sur son travail puisque les autres le font, 
  • inciter à suivre la consigne, comme font les autres, 
  • s'intéresser à de nouvelles activités, manipulées par le voisin
  • rafraîchir son intérêt pour des activités déjà vues, idem
  • se remémorer les notions abordées par son petit voisin, que ce soit en le voyant, l'entendant, ou l'aidant.


5. C'est chronophage!

Je l'ai remarqué à 50% en particulier mais aussi tout récemment quand malade j'ai décrété vacances IEF pour la journée, et où la journée m'a semblé si siiimple : l'IEF prend du temps !
Inclure ce créneau dans la journée et le préparer, introduisent une certaine pression dans le planning : il serait scolarisé j'aurais plus de temps pour moi. 
(je suis consciente qu'on pourrait m'objecter qu'en total unschooling je n'aurais peut-être pas les mêmes soucis, surtout pour un si jeune âge. Mais j'ai opté pour le style d'IEF me correspondant le mieux - NB: je n'ai même pas la prétention que ce choix soit dicté par les besoins de F. ;-), les inconvénients que je note sont donc ceux "vus de ma fenêtre")


6. Ça fait rater un maximum de choses à notre enfant

Non seulement, c'est chronophage, l'IEF, mais à l'arrivée, F. passe à côté de plein de choses qu'il ferait à l'école :
  • quand je vois que je réussis à caser péniblement 1h d'IEF dans mes journées bien remplies, je me prends à rêver à tout ce qu'il pourrait faire en 5 ou 6h d'école.
  • et je n'ai pas à disposition tout le matériel ni toutes les compétences; par exemple, mes propositions en matière de travaux manuels, huhuhu... on pourrait même dater au carbone 14 la dernière activité peinture.


7. C'est très nuisible au maintien d'une activité professionnelle.

Plus de temps pour moi, disais-je, deux  points auparavant..
Plus de temps pour moi et/ou plus de facilités pour l'occuper à travailler !
Au chômage actuellement, je cherche. Mais mon expérience de 50% me pousse à être très exigeante sur le taux d'activité que je suis prête a envisager. 
Ayant ce qu'on appelle "un bon CV", je vois passer des offres intéressantes pour lesquelles je répondrais fort bien aux critères, et si j'étais disposée à accepter un temps partiel un peu conséquent, j'aurais des chances de pouvoir négocier quelque chose de potable pour moi (= compatible à la fois avec mon souhait d'être présente avec les enfants, et avec mon envie d'un boulot stimulant).

Mais séduire en proposant un 40%, c'est autre chose.

J'ai donc assez peu d'espoirs sur ma capacité à retourner en entreprise tant que nous serons en IEF. Au mieux, en calant tout parfaitement, pour de très courtes périodes, comme j'en évoquais la possibilité ici. Mais même là, je me dis qu'il faudra de fabuleuses conjonctions planétaires pour que cela fonctionne.


8. Ça a un coût.

Il y a le coût des supports, des sorties, du matos, etc, j'avais tenté de chiffrer cela, déjà.
Mais il y a aussi le coût de la non-activité pro, cf plus haut.
Et il y a aussi des coûts indirects non négligeables:
  • je pense à celui du logement
    • Ce point-là constitue un gros sujet, très actuel chez nous puisque les réflexions pro de Monsieur Bout nous incitent fortement à optimiser nos dépenses. Et c'est dur ! 
    • Doublement dur car à mes yeux, le logement pèse doublement lourd dans la vie d'une famille en IEF : on y passe tellement de temps ! Il ne s'agit pas "juste"" des soirs et des weekends... Dans ce logement, un certain nombre de personnes, donc certaines assez remuantes et/ou bruyantes, vont devoir passer de longs laps de temps sans que ça finisse en boucherie.
    • Et nous voilà, nous, en train de réfléchir à diminuer notre surface, et à deviser sur le caractère indispensable d'un jardin, ou d'un parc juste sous nos fenêtres.
  • je pense également au coût du mode de garde des enfants : en ce qui me concerne, il serait inenvisageable d'être au foyer, sans plusieurs heures de liberté totale chaque semaine. L'école constituerait un "mode de garde" gratuit tout trouvé! En IEF, il me faut financer ces heures de liberté: nounou, centre de loisirs,...

9. Enfin, dernier point, plus spécifique : ça nous prive de l'allemand sans peine.

Habitant Strasbourg, nous aurions largement la possibilité de faire scolariser F. dans une classe bilingue (un jour les enseignements sont dispensés en allemand, le jour suivant en français). 
Une confrontation quotidienne à la langue toute trouvée, qui me fait rêver, F. étant, depuis des mois maintenant, plus réticent à mes tentatives d'insuffler sa langue grand-maternelle dans notre quotidien.


Voilà pour les 9 points, parce que tout n'est pas rose à IEF-Land. (chez nous en tous cas!)

Je précise bien qu'avec ces 9 points je ne vise aucunement à constituer une liste exhaustive des inconvénients de l'IEF.
Loin s'en faut: il s'agit des points qui me posent problème à moi.

Ainsi n'y ai-je, par exemple, pas inclus le regard des autres, leurs remarques.
Cela peut être lourd à porter pour certaines mamans IEF, mais en ce qui me concerne cela ne me perturbe guère. Certes, nous avons droit à des remarques; certes, même une partie de notre entourage proche regarde ce choix d'un œil critique, mais je ne vis pas cela comme un poids spécifique à l'IEF, je le relie au fait que quoi qu'on fasse comme choix éducatif, c'est toujours sujet à critiques. Alors zut!

Je reviendrai sur ces 9 points (ou du moins sur certains) dans une deuxième partie, visant à les nuancer.


10 commentaires:

  1. Très intéressant ! je vais attendre la 2ème partie avant de commenter alors ;-)

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  2. Ben moi je commente tout de suite :)
    Merci pour ton partage d'expérience et ressenti, Gwen.

    1- Effectivement si l'enfant est très demandeur d'être en groupe, ça peut être un souci.

    2- La pression, ce n'est pas faux d'autant qu'on est tout de même plus attendu au tournant que les autres parents. Bon, ensuite, c'est un choix. :)

    3- Le monopole des conflits ? Là, je me sens pas concernée parce que d'une part, les conflits peuvent exister entre enfants, mais aussi avec d'autres enfants ou jeunes rencontrés. :) Et puis ayant fait un choix de libre-schooling, ça change la donne. :)

    4- "ça empêche d'être porté par le groupe", c'est sûr que ça peut être plus compliqué d'où l'intérêt de créer des groupes différents ;) Et puis l'enfant peut aussi être porté par ses intérêts. :)

    5- Chronophage parce que tu veux bien faire et parce que tu vis tout le temps avec eux :) C'est sûr que lorsqu'on est une maman IEF qui s'implique, ça prend beaucoup de temps ! :) En fait, tu es une maman à plein temps ! :)

    6- "ça fait rater plein de choses à notre enfant". Tu évoques ensuite les connaissances scolaires, sauf que... mes filles ont connu les deux systèmes et en une heure à la maison, elles ont souvent plus appris qu'en une journée de classe... J'ai pu le constater encore dernièrement avec deux enfants de 9 ans qui ne savaient pas où était l'Afrique et comment on élisait un président... un sujet pourtant d'actualité dont il n'avait pas été question en classe...

    7- Effectivement plus compliqué d'avoir une activité pro. Pas impossible, certains y parviennent, mais plus compliqué et parfois très compliqué quand un parent se repose complètement sur l'autre.

    8-Pour le coût, toujours pour avoir connu les deux systèmes, quand elles étaient petites, sensiblement le même coût pour nous. :) Là aussi, tout dépend de nos choix.

    9- Bon pour l'allemand, suis pas à côté ;)

    Bonne journée !

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  3. Ici on ne connaît que l'école.
    1. Petit Jo est également plutôt sociable et est très content quand on reçoit ou quant on est invité. Et pourtant d'après la maîtresse, à l'école il reste à l'écart des autres enfants. Certes les contacts sont très fréquents mais ils sont aussi très cadrés et très artificiels puisqu'il ne voit que que des enfants du même âge que lui. (sauf à la garderie où il aime beaucoup aller et où il joue facilement avec des grandes)
    2. Sans doute, mais je crois que les professeurs doutent beaucoup aussi et n'ont pas toujours les outils adéquates (ou pas les moyens de les mettre correctement en oeuvre). Encore une fois je repense à une reflexion de la maîtresse de petit Jo qui se demandait comment faire comprendre l'idée de quantité à des enfants de 3 ans...
    3. Pour le monopole des conflits c'est sûr ça doit être dur. Mais là encore je nuancerais : au moins les conflits sont dilués dans la journée et n'explosent pas tous en même temps entre 18h30 et 20h30 au moment où on est soi-même passablement fatiquée par sa journée de travail. Par ailleurs, la maîtresse de petit Jo m'avouait qu'elle n'avait pas à gérer de conflit ou de comportement inadapté avec lui (veinarde !)
    4. Avec l'école nous avons vu apparaître l'effet pervers de la comparaison (une réticence à faire des choses par crainte de l'échec, ou à l'inverse un fanfaronnage excessif)
    5. Le temps : quand on travaille à temps plein, même quand l'enfant va à l'école il n'en reste plus beaucoup ! Surtout quand essaie de nourrir la curiosité de son enfant sans se reposer uniquement sur l'école.
    6. Je pense qu'à l'école petit Jo a en effet appris des choses qu'il n'aurait pas apprises à la maison mais franchement j'ai vraiment l'impression que les exigences sont basses et que le temps passé à gérer un groupe de 26 enfants entre 3 et 4 ans empiète beaucoup sur des temps d'apprentissage.
    7. J'imagine...j'ai du mal à négocier une petite réduction de mon temps de travail alors 40%
    8. Hier nous avons eu la surprise de voir petit Jo revenir de l'école avec des exemplaires de magazine pour enfants à rendre ensuite pour faire tourner dans la classe. C'est une incitation même pas déguisée à en acheter et je trouve ça assez ignoble d'utiliser les enfants dans le cadre de l'école pour ça. Il sait que je suis atentive à ce qu'il apporte de l'école et était fier de nous montrer ces magazines... alors l'école ne coûte pas grand chose en soi mais il y a pas mal d'à côté qui chiffrent à force.
    9. Pour l'allemand je suis très loin...

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    1. Je vais rebondir sur le magasine qui tourne en tant qu'instit . Certes, c'est une incitation, mais pour avoir enseigné dans des milieux pas trop favorisés, c'est parfois la seule manière de faire rentrer des livres/ de l'écrit chez certaines familles. Certains parents ignorent pour une raison ou une autre l'existence de la littérature enfantine, ils font plus confiance à une sélection par le biais de l'instit même si ce n'est pas nous qui la faisons vraiment mais le fait que ça vienne de l'école leur donne peut-être plus confiance ou alors ils n'y pensent pas et c'est une manière d'avoir de l'écrit sans se prendre la tête, on donne le chèque et basta.
      Je peux comprendre que ça gêne car il y a une sorte d'intrusion, mais n'oublions pas que l'école s'adresse à la masse et que de nombreuses familles n'ont pas d'écrits à portée d'enfants ou/et ne mettent jamais les pieds dans une bibliothèque...

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    2. Merci pour ton éclairage sur la question des magasines, je comprends mieux la démarche. Cependant avec l'école, il apporte déjà des livres de la bibliothèque toutes les semaines (je trouve ça plus juste, parce que pour le coup c'est gratuit, mais c'est vrai que les livres de la bibliothèque de l'école ne me semblent pas révélateurs de la richesse de la littérature enfantine d'aujourd'hui. Je suppose que le fond de la bibliothèque repose essentiellement sur des dons...)

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  4. Et suspendre le temps12 mai 2017 à 15:45

    Merci pour cet article! Comme tu sais, ici on pense tres fort a l'option de l'IEF egalement, et a la lecture de cet article, je me rends compte qu'il y a tres peu de temoignages aussi transparents sur les cotes negatifs de l'IEF.
    A nuancer evidemment, comme tu vas le faire prochainement et comme le font les commentaires ci-dessus.

    Bref, c'est difficile d'etre parent et de vouloir la perfection!

    J'attends ton prochain article avec encore plus d'impatience que d'habitude :D

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  5. Moi aussi, j'attends la suite, parce que je me dis que hou la la, on dirait que F. va rentrer à l'école en septembre ! ;-)

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  6. Merci pour vos retours ! Je trouve vos réactions particulièrement nourrissantes, je rebondirai probablement dessus, soit dans la partie 2, soit une fois qu'elle sera publiée afin d'éviter les répétitions.
    J'espère pondre cela cette semaine, mais hihihi, je peux déjà dévoiler que, non F. n'est pas inscrit à l'école pour l'an prochain :D

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  7. Tiens ton appel me rappelle de venir te voir ici.
    Je réagis à ton 6. Ça fait rater un maximum de choses à notre enfant". Parce que je ne suis pas vraiment de cet avis (pas du tout en fait)
    Ok à l'école les enfants font plein de choses..... Qu'ils n'ont pas demandé, qui ne les intéressent pas, ou pas forcément à ce moment là. et il y a tout un tas de choses qu'ils ne font pas.

    Tu fais 1 h quotidien d'apprentissages normés avec ton fils de 4/5 ans. Ca me semble carrément suffisant. il apprend tout au long de la journée.

    Moi qui ait une fille à l'école, je pleure déjà en pensant au primaire et à tout ce que l'école va lui faire rater....

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    1. Bonne remarque Hélène !
      En effet, j'arrive à percevoir que je lui propose aussi plein d'autres trucs, et en plus tu rajoutes l'aspect "choses qui ne les intéressent pas" auquel je ne pense pas spontanément.
      Il n'en demeure pas moins que je culpabilise toujours un peu de ma nullité en travaux manuels et de la pauvreté / absence de ce que je propose à ce niveau ... mais bon, hein, zat's life ! là où il n'a pas le loisir de peindre, il passe l'aspirateur, c'est bien aussi :D

      Mais oui je comprends pour le primaire, j'avoue que la maternelle pour moi se pare encore, parfois, d'un voile rose en mode "activités ludiques sympa", alors que l'idée qu'un F. de 6 ans soit collé 6h sur une chaise ensuite ne m'attire pas plus que ça en effet...

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