vendredi 19 mai 2017

L'IEF, un choix imparfait (en 9 points) - partie 2

Ainsi, durant cette année d'IEF, nous sommes passés par des hauts et des bas, car tout n'est pas rose dans le monde de l'IEF.
Le souci, c'est que globalement, dans la vie, y a pas grand chose qui soit vraiment complètement rose une fois la barbe à papa dévorée et donc hors-jeu.

Ainsi ai-je du creuser davantage les 9 points négatifs qui m'ont embêtée sur cette année d'IEF, et regarder la réalité en face.


1. L'IEF diminue la quantité de contacts avec d'autres enfants ?
OUI mais ... Pour le meilleur ou pour le pire ?

Hum. Certes.
Mais il y a quantité et qualité.
Des discussions avec Alexandra, notamment, qui se référait à son vécu d'institutrice de maternelle, m'ont permis d'avoir une meilleure idée de ce que peuvent être ces contacts dans un groupe de 30 (!) enfants. Et j'ai notamment fait gloups quand elle m'a parlé d'un toboggan pour 3 classes. 
100 enfants à se partager un malheureux toboggan sur un temps très restreint... Des contacts qui peuvent donc être facilement plus emprunts d'une bonne dose de brutalité.

Rien à voir avec le contexte ultra doux du jardin d'enfants, et ses 3 éducateurs pour maximum 24 enfants. Je me borne donc à profiter au maximum de cette dernière possibilité. !

Par ailleurs, la possibilité de contacts avec des enfants d'âges différents comme on les rencontre au parc ou en IEF constitue aussi un plus qui vient encore atténuer le sentiment de perte.


2. L'IEF fait peser une sacrée pression sur le parent IEFeur ?
OUI mais en fait... c'est supportable.


Certes. A moi revient le choix cornélien des outils pédagogiques et tout ce qu'il y a autour.
Mais au moins... je ne m'énerve pas sur des choix de l'école que je trouverais absurdes, voire ne me mets pas de pression à vouloir compenser les insuffisances de l'école.
Par ailleurs, même si cette pression demeure, au fur et à mesure que je négocie certains écueils, surmonte certains obstacles, vois F. progresser et apprendre, je prends confiance en moi... et en lui!
Et enfin, je vois bien que l'investissement paie : si je dois défricher et m'aventurer en terre inconnue pour F., je suis déjà plus sereine pour E., car j'ai l'avantage de peu à peu savoir un peu mieux où je vais.


3. L'IEF implique qu'on conserve le monopole des conflits ?
OUI ... Mais ce n'est peut-être pas plus mal.

En effet ! Mais comme le faisait remarquer Capucine en commentaire du billet n°1, cela évite aussi la concentration des conflits, en mode décharge, sur les moments hors-école.
Ni concentration, ni importation : je n'ai pas à gérer les effets collatéraux d'une gestion des conflits qui ne me plairait pas, de la part de la maîtresse ou de tout autre membre du personnel de l'école.


4. L'IEF empêche d'être porté par le groupe ?
OUI, même si ça se travaille.

Hmpf. C'est indéniable. Même si le groupe peut aussi déconcentrer, et faire prendre de mauvaises habitudes.
Ceci dit, nuançons tout de même :
  • je développe des stratégies "de portage" / mise au travail alternatives (j'ai un billet en gestation là-dessus)
  • je recherche le groupe quand je peux (ateliers Montessori chez Alexandra, notamment), 
  • et surtout je vois bien que les efforts faits pour porter un aîné dans ses apprentissages constituent un investissement utile pour la suite de la fratrie : je n'ai pas les mêmes problèmes avec la Bébounette, qui réclame à corps et à cris de se mettre au boulot !


5. L'IEF est chronophage?
100 fois OUI.
Ah, ça, rien à faire. Oui, l'IEF prend du temps. 
Je peux nuancer en évoquant les temps de trajets, les horaires de classe qui impliquent qu'à peine ses chérubins déposés il faudrait repartir les chercher, mais...
Ceci dit, et c'est là l'essentiel: ce que je fais sur ce temps m'intéresse !


6. L'IEF fait rater un maximum de choses à notre enfant ?
Ben pas franchement.

  • Matériel et compétences : ouaip, ça il faut s'y résoudre. 
On n'est pas bien, là ?
Ceci dit, j'ai aussi d'autres chouettes choses à disposition.  
Ce n'est qu'un exemple parmi taaant d'autres, mais: parlons du Vaisseau. Cette annéed, F. aura eu le temps d'y passer moult longues heures, profitant un maximum d'une infrastructure déserte ou presque (les après-midis de semaine en période scolaire... les dernières classes quittent le navire -huhuhu- au plus tard à 14h30, et ensuite on a comme l'impression bizarre d'avoir privatisé le lieu. Trèèèès désagréable. :D)

  • Perte de temps : hum, justement, l'observation des classes en sortie en Vaisseau m'a permis de relativiser énormément cet aspect : que de temps perdu à gérer la collectivité ! (attendre que tooooout le monde enfile ou ôte son manteau, attendre que tooout le monde aille aux WC, se lave les mains, se mette en rang,...). En 1h d'IEF quotidienne, nous avançons finalement pas mal...

Je m'aperçois ainsi que cette impression de perte de temps ne concerne finalement pas vraiment l'école "standard" : mes complexes sur ce plan proviennent davantage de la comparaison, soit avec des écoles Montessori, soit avec des blogs de mamans IEF. J'ai l'impression de faire moins bien sur tellement d'aspects : point d'activités méga sensorielles chez moi, point de longues heures à jardiner ou remplir un cahier d'observation de la nature. Bref... face à la richesse de ce que la toile me met sous le nez à travers 1000 vies en IEF, me résigner à ce qui rentre dans notre unique vie en IEF à nous.



7. L'IEF est très nuisible au maintien d'une activité professionnelle?
Incontestablement oui. 

Ceci dit nos réflexions financières et immobilières me poussent à me montrer inventive et à trouver d'autres voies pour maintenir tout de même un semblant d'activité, et un petit revenu.
Cela me semble néanmoins plus ardu à mettre en œuvre que ce que j'avais anticipé quand j'y avais réfléchi avant de me lancer.


8. L'IEF a un coût?
Tout aussi incontestablement OUI.

Bien sûr, l'IEF évite aussi des dépenses (l'école est gratuite, ses périphériques en revanche...), mais je crains que les dépenses évitées ne suffisent pas à compenser les coûts additionnels !


9. L'IEF nous prive de l'allemand sans peine?
Ne nous emballons pas !

Une discussion avec une bonne copine au degré de germanité familiale proche du nôtre (voire même légèrement supérieur) m'a permis de bien relativiser l'apport d'une classe bilingue : de ce qu'elle m'en a dit,  cela entraîne un peu l'oreille, mais guère davantage. Ses enfants persistent à s'exprimer en français, y compris dans le cadre privé, et ne sont pas capables de soutenir une conversation avec la partie germanisante de la famille.


Moralité, nous repartons bel et bien sur une année d'IEF ;-)
Ce n'est pas tout rose, certes, mais hélas c'est le cas de tout choix. 
Au stade où nous sommes, j'arrive bien mieux à m’accommoder des inconvénients de l'IEF que de ceux du non-IEF !

En revanche, si une chouette école alternative avec un projet très emprunt de bienveillance s'ouvrait tout près de chez nous, là, je regarderais de très près...

En l'absence d'un projet mûr et me convenant, je vais me contenter de continuer à travailler dur pour développer encore davantage mes stratégies de compensation
Et surtout, je vais continuer à apprécier les bons côtés de l'IEF...  dont je viendrai vous parler bientôt!


15 commentaires:

  1. ça rejoint ce que j'allais te dire dans la première partie ;-)

    sauf le 8 :
    l'école est gratuite, certes... sauf que plus ça va, plus nous nous disons que si nos enfants devaient aller à l'école (au moins en primaire), ça serait dans le HC, donc pluuuuuuus du tout gratuit.
    Moralité : je fais des économies :-D

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  2. et pour le 2 : on peut toujours prendre des CPC si on souhaite se décharger !

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    1. très bonnes remarques Clotilde !
      pour le HC: oui c'est une option... mais si je travaillais ça paierait largement !
      Mais comme il n'y aucun HC remplissant mes critères par chez nous, ça reste de la théorie ;-)

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  3. Et suspendre le temps19 mai 2017 à 12:37

    Aaaaaaaah, ca fait plaisir de lire ca! Ca me soulage, meme :D

    Du coup, avec le futur billet "avantages de l'IEF", ca risque d'etre au final carrement positif tout ca!!

    Merci beaucoup pour ce billet, parce que vraiment, comme le disais Melanie, ca donnait vraiment l'impression que l'IEF c'etait fini pour vous ^^

    La, je suis toute joyeuse, c'est un super billet pour terminer la semaine et passer un bon week-end hahaha
    Je vais lire ces deux billets a mon mari (ben oui, j'attendais celui-ci pour lui montrer le premier, pas folle la guepe haha)!

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    1. Je suis contente de t'avoir rassurée !
      Mais voilà, pour moi l'IEF c'est vraiment ça: un chemin avec plein d'inconvénients, charge à chacun d'évaluer comment, personnellement, ces inconvénients l'impactent / ce qu'il peut faire pour diminuer cet impact, et comparer avec les inconvénients des autres voies possibles.

      Quoique, hé, il ne s'agit justement pas de chercher ce qui présente le moins d'inconvénients, mais aussi ce qui apporte un maximum de positif. Mais ça ... j'en parlerai bientôt.

      Bonnes lectures et réflexions avec ton mari !!

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  4. ;) Si c'est le billet en demi-teintes, que sera le billet positif.
    Bon week-end !

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  5. Hé bien, ça me rassure ! Ouf ! J'aime bien ta façon de nuancer les choses. Et en même temps, tu es réaliste. Ça me parle. L'IEF n'est pas si simple que ça. Débuter est difficile. Je le vis chaque jour, même si on est plus unschooler dasn l'esprit. Fiston est allergique à tout ce qui s'apparente à du travail scolaire, même s'il n'a jamais mis les pieds à l'école ! Ça ne lui parle pas pour le moment. Il est intéressé par des tas de choses, mais ce qui est formel ne l'attire pas. Apprendre à lire ? A compter ? C'est loin de ses préoccupations de petit gars de presque 4 ans.
    J'avais fait un peu de matos Montessori, mais fiston n'est pas du genre à monter et remonter une tour cinquante mille fois.

    Il aime faire des maquettes avec tout ce qui tombe sous sa main, détourner le matériel, jouer aux legos et regarder "C'est pas sorcier". Il peut me faire toute une explication sur les bivalves et les sous marins, mais il n'est pas du tout attiré par les lettres et les chiffres ou très rarement.

    Et ça, ça me fait dire que mon fiston, ça risquerait de ne pas passer à l'école. Il en pourrait pas passer son temps à faire ses maquettes, ou à poser quinze mille questions sur les moteurs d'avions et pour ça, ça compense les choses difficiles.
    Je ne veux pas que mon fiston s'éteigne. Même si parfois, bah, j'ai l'impression de faire n'importe quoi avec lui. L'équilibre avec sa petite soeur de 10 mois n'est pas encore là. On tâtonne.
    L'IEF c'est bien pour ça et en même temps, pas tellement, à cause de la fatigue.
    Et puis la frustration. J'aimerais bien changer de boulot, je suis instit, là. Mais je voudrais quelque chose de compatible IEF. J'ai commencé des cours en ligne, en auto formation, mais je suis tant fatiguée, j'au du mal à trouver du temps. Quand ma petite aura grandi, alors peut-être... Mais c'est frustrant, quand même. On a tendance à s'oublier pas mal quand on fait l'IEF, je trouve. Le burn-out n'est pas loin, quand même. C'est un travail d'équipe. Je n'ai que la possibilité de 2h/sem sans mon grand. Financièrement, c'est juste. Et puis, j'ai ma petite. Pour le moment, je n'arrive pas à la laisser et la petite jeune qui s'occupe de fiston a déjà beaucoup à faire avec lui. Donc, je suis d'accord avec ton point 7.

    J'attends ton article positif avec impatience ! Histoire de retrouver un peu la foi quand je me dis que c'est vraiment n'importe quoi, cette histoire !

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    1. Mélanie je me retrouve bien dans ton commentaire...
      Notamment le truc sur "remonter la tour 50 000 fois" : F. n'a pas passé de longs moments sur la tour rose, soupir.
      Mais j'ai la chance qu'il s'intéresse quand même à du formel, les chiffres notamment. Je dis "la chance" car pour lui ça ne fait pas grande différence, mais ça vient rassurer sa pauvre mère ;-)

      Et je souscris tout à fait avec le "impression de faire n'importe quoi" et "on tâtonne" : c'est tout à fait ça !
      Sur ce point là, je trouve la blogosphère à la fois d'une grande aide, et très piégeuse :
      - d'une grande aide car j'y trouve tellement de pistes pour me guider, des trucs à proposer, des manières différentes de faire
      Exemple chez nous : la théorie visible sur les blogs orientés montessori pour l'apprentissage des lettres c'est : d'abord beeeaucoup de temps sur les jeux phonologiques, énorme intérêt de l'enfant, PUIS ensuite, lettres rugueuses
      oui ben F. ne s'est qu'assez peu intéressé aux jeux phonologiques
      puis j'en ai lu un où ils avaient fait à leur sauce, et où l'intéret pour la phonologie était venu AVEC la présentation des lettres.
      Et c'est ce qui est en train de se produire avec F. en ce moment.
      - piégeuse car je fais moins, moins bien, moins structuré que tout plein de monde sur la blogosphère...

      et oui, c'est vraiment n'importe quoi cette histoire, mais pour le moment c'est une folie douce qui me convient ;-)

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  6. Réflexion de ma 6 ans et demi qui a été à l'école et qui était même assez populaire ces 3 dernières années : "mais maman j'ai pas dit que je vouslais aller à l'école j'ai dit que je voulais PLUS DE COPINES !!!". Ce qui me fait penser qu'il faut peut être qu'on passe du temps avec elle sur comment se faire plus de copines, ce qu'elle n'a pas vraiment appris dans ses années de collectivités...
    Par contre oui c'est plus exigeant quand même pour nous... Et je me demande parfois dans quelle mesure je ne suis pas dans l'hypercontrôle de la vie de mes enfants...

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    1. Ah tout à fait, apprendre à se faire des copines !
      ça rejoint un point que j'ai découvert dans le Jane Nelsen 3-6 ans sur le développement des compétences sociales de l'enfant. Elle y consacre un chapitre entier et c'est de l'or en barre, et je veux pondre un billet dessus depuis des lustres...

      hypercontrôle : ouaip ! c'est une vraie question.

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  7. Ici les enfants sont en école Montessori bilingue. Si ça peut aider, je reprends tes points :
    1/ contacts sociaux très enrichissants (petites classes de 8 à 12 élèves et une directrice qui veille de près à la bienveillance entre enfants). Les enfants veulent se voir pendant les vacances, s'invitent à leurs anniversaires, se prennent dans les bras...A contrario, je trouve les rapports au parc plus complexes et conflictuels.
    2/ très clairement les maîtresses gèrent mieux que moi. J'essaie d'enseigner le français à la maison, et quand je bloque sur une acquisition (comme la tenue du crayon, l'écriture, la lecture), j'attends que mes enfants la fassent à l'école avant de reprendre
    3/ les enfants sont bien à l'école. Il n'y a pas de phénomènes de décharge le soir. Et ils demandent à y aller le week-end.
    4/ oui le groupe porte et surtout ils s'entraident entre eux. Ce que je trouve très positif et motivant pour celui qui aide et celui qui est aidé.
    5/ -
    6/ grâce à l'école, les enfants font des choses que je ne pourrais pas leur faire faire (auteur qui vient lire son livre, des spécialistes qui se déplacent à l'école etc).
    7/ -
    8/ C'est l'énorme point négatif. C'est cher. Et pour nous, ce choix se fait au détriment d'une maison avec jardin, de vacances, vêtements etc. Nous sommes en appartement et c'est pas l'idéal avec des enfants. L'effet secondaire de ce choix, est que nous sortons beaucoup le week-end (musées, parcs, plages, picnics...) parce que 4 jeunes enfants en appartement...au secours!
    9/ Apprentissage des langues : ça a été mon moteur pour les mettre dans cette école. Ils apprennent 2 langues. Effectivement ça prend du temps, mais ils apprennent.

    Voilà, aucun choix n'est parfait et il y a toujours des concessions à faire. L'essentiel est de savoir pourquoi on le fait (donc pour nous l'apprentissage des langues).

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    1. Merci pour cette contribution très enrichissante.
      Ton expérience me confirme dans ma conviction que, selon les endroits où nous pourrions être amenés à vivre, notre choix pourrait vraiment être différent : "ton" école coche tellement de points importants sur ma check-list ! (8 à 12 élèves ! pas de décharge ! entraide ! langues ! ...)

      Ça fait rêver.

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  8. Des fois je me demande vraiment pourquoi je n'ai pas le courage de le faire !

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    1. Hum... je formulerais la question autrement : en as-tu ENVIE, toi ?
      (autre qu'en mode sacrificiel-ce-serait-le-mieux-pour-mon-enfant)
      moi y a plein de trucs qui me bottent MOI dans l'IEF, qui font que MOI j'y trouve mon compte (je vous dois toujours le billet sur le sujet), sans quoi je n'y toucherais pas...
      biz ;-)

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