lundi 8 mai 2017

Une Semaine en Education Positive #13

Ça va mieux ! (huhuhu)
Je me détends (en m'efforçant de bien me rappeler que ce n'est pas parce que certains moments sont difficiles que rien ne va), F. se détend aussi, c'est... détendant.

Samedi:
Maintenant que F. maîtrise vraiment mieux son vélo "de grand", nous tentons les premières sorties un peu conséquentes avec : expéditions au grand parc. 
La première édition avait été compliquée : tout s'était bien passé à l'aller, mais le retour à peine amorcé, F. s'étai
t déclaré fatigué et avait souhaité nous déléguer la gestion du grand vélo... Autant c'est faisable avec la draisienne (on l'accroche à la poussette d'E.), autant c'est inenvisageable pour un vélo de cette taille, par ailleurs bien trop bas pour qu'un adulte s'amuse à le faire rouler sur 15 minutes de trajet. 

Ayant encore en mémoire le drame qui avait découlé de cette situation, nous donnons à F. le choix entre draisienne et vélo, en lui rappelant que ce sera à lui de gérer son véhicule. 
Il insiste pour le vélo, mais rebelote : à peine sommes-nous sur le trajet du retour qu'il prétend nous abandonner sa bécane.
Énorme colère qui durera tout le trajet du retour, rythmé par mes 
"je vois que tu es fatigué", 
"j'avance un peu et tu me rejoins", "je vois que tu es furieux, mais ces cris me font mal aux oreilles, je m'éloigne un peu et je pense à toi"
"c'est difficile", 
"j'attends de toi que tu t'occupes toi-même de ton vélo"
Mais je n'aurai pas touché au vélo, et, sur la fin du trajet, F. demandera un câlin et terminera tout fièrement en pédalant.


Dimanche:
Après la messe, F. joue avec d'autres enfants à l'aire de jeux.
Nous sommes tout contents de l'entendre verbaliser calmement auprès de l'un de ses compagnons de jeux:
"Tu m'as fait mal, tu m'as coincé le pied avec le ressort"

Lundi:
Dîner-crêpes, c'est la fête!
E. réclame à boire de manière péremptoire
"De l'eau, l'eaaaauuuuuu !!!"
Je suis sur le point de lui demander de me faire une jolie demande quand elle rectifie d'elle-même
"S'iiiil te plaît, je peux avoir de l'eau ?"
Ébahie, je me fends d'un beau compliment descriptif
"Wouhou, tu as pensé toute seule à me faire une très jolie demande, ça me fait très plaisir"
La Bébounette se trémousse de plaisir... et en bonus, effet d'incitation sur son frère qui enchaîne:
"S'iiiiil te plaît, je peux avoir de l'eau!
- Ooooh, la belle demande !"


Mardi:
F., en train d'escalader la barrière de sécurité qui empêche E. d'aller ravager la salle de classe, gémit
"Maman, j'ai peur de tomber !
- Tu es inquiet. Comment peux-tu faire ?"
Il ne dit plus rien, se concentre sur ses pieds, se lance et se reçoit sur le sol, seul. Avec un petit sourire en prime. Question de curiosité mon amour!


Mercredi:
Au petit déjeuner, F. recommence à taper sur la vaisselle avec sa cuiller.
Je donne un renseignement mâtiné d'humour:
"F., la vaisselle n'aime pas être tapée, ça finit par la casser.
- Moi je bois mon jus!" réplique, angélique, F. en posant la cuiller et en s'emparant de son verre.


Jeudi:
Après son coucher, F. se relève et revient plusieurs fois dans le salon pour aller chercher un livre, un autre, et je ne sais quoi encore. Je finis par le ramener dans sa chambre en annonçant qu'il a désormais suffisamment de choses pour l'accompagner jusqu'au sommeil, et qu'il aura accès aux autres livres demain.
F. ne l'entend pas de cette oreille, il trépigne et réclame avec force "d'autres joueeeeets".

Hoho, mais ne serait-ce pas l'occasion d'utiliser la variante de l'imaginaire si brillamment employée par Coralie ? J'ai justement lu son billet la veille et me suis promise de tester cela à la première occasion. Je dis donc à F.:
"Oh, tu voudrais d'autres livres. Tiens, en voilà un. Et puis un autre. Et encore..."
et me voici en train de mimer la constitution d'une pile de livres dans sa chambre: la totale, y compris une fort démonstrative mise sur la pointe des pieds pour venir encore en rajouter sur le haut.
"Naaaaan !"
F. est furieux. 
J'ai fait un bide total, et je suis au moins aussi embêtée par l'insistance de F. que par l'échec de ce nouvel outil pour lequel j'avais cherché un emploi toute la journée, et que j'estimais avoir ressorti fort à propos. Flûte !


Vendredi:
Draps de lit mouillés, F. lambine au moment de les défaire. J'ai déjà eu le temps de swish & swiper les deux points d'eau à proximité et sens l'énervement me gagner.
L’énervement, oui, mais n'y a-t-il pas autre chose derrière...?
J'annonce la couleur:
"J'ai faim, je vais manger, tu me rejoins avec tes draps."
F. se jette instantanément sur ses draps et me talonne jusqu'à la cuisine.


C'est reparti mon kiki !
Hotline ouverte ;-)

3 commentaires:

  1. Je suis autant frustrée que toi de l'échec de l'imagination ! Comme quoi, nos enfants sont tous différents.. Peut-être faudrait-il essayer avec ta petite ?
    Je suis fan de l'épisode du samedi et en particulier de : "je vois que tu es furieux, mais ces cris me font mal aux oreilles, je m'éloigne un peu et je pense à toi"...

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  2. Contente de voir que tu reprends du poil de la bête. J'étais pour ma part assez soulagée, lors des derniers bilans, de lire que je n'étais pas la seule à rencontrer des difficultés (encore que je trouvais que tu t'en sortais plutôt bien). ça me demande un tel effort de retravailler mon langage pour le transformer en CNV que j'aimerais voir les résultats assez vite même si je sais travailler pour le long terme... Les résultats se voient de manière détournée chez moi (quand la maîtresse me dit par exemple que mon petit Jo est un pacificateur (si! si!) et qu'il sait bien trouver les mots pour apaiser les conflits!, ou quand le frère et la sœur échangent entre eux sans soupçonner ma présence... qu'ils sont mignons alors !)
    Pour l'imaginaire, ce n'était peut-être pas le bon moment en fait. Si F allait chercher plein de livres au moment du coucher c'est peut-être qu'il avait besoin d'un temps d'attention plus grand avant le coucher, ou que sais-je mais peut-être pas parce qu'il rêvait de feuilleter une montagne de livres... Le recours à l'imaginaire marche assez bien chez nous quand l'imaginaire remplace une envie réelle (l'envie de voir sa grand-mère par exemple, alors nous l'accueillons en imaginaire...).
    Pour la vaisselle (et les oreilles par la même occasion) malmenée à table, je me souviens d'une formation lointaine avec un musicien qui expliquait que les enfants passent beaucoup de temps à expérimenter les sons produits par leurs actions (sur la vaisselle, la table, la chaise, le sol, leur corps...). Ils expérimenteraient par là-même la sonorité des objets et leur capacité à produire de la musique, la nature des objets, leur capacité de résistance (mais sont assez peu sensibles à la capacité de résistance de nos oreilles par contre). C'est peut-être alors le moment de lui proposer des petits moments d'exploration musicale dans la journée ou alors de jouer vraiment à table (si c'est tolérable pour vous) en remplissant des verres par exemple à des niveaux différents pour reconnaître les graves et les aigus...

    Et sinon question pour la hotline : mon petit Jo (de bientôt 4 ans) nous répète plusieurs fois par jours (et depuis des mois maintenant) "t'es pas gentilleuh !" à la moindre contrariété. Au début ça me faisait un peu rigoler, puis j'ai essayé systématiquement de traduire ses sentiments, puis j'ai essayé d'identifier ce que je pouvais changer moi dans mon comportement, ma façon de dire les choses, j'ai expliqué comment je me sentais quand il me disait ça... bon y a rien qui marche et ça commence sérieusement à m'agacer voir à me blesser, d'autant que ses mots sont le plus souvent hurlés et accompagnés d'une envie de me faire mal (il griffe ou tape)... Vous avez des idées ?

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  3. Ah oui, l'imaginaire, ça marche pas mal chez nous (4 ans et 6 ans)... mais tout dépend de la situation. Avec un enfant qui s'ennuie, ou qui veut un peu d'attention, c'est un très bon dérivatif et ça détend tout le monde : "Super, Maman/Papa joue avec moi !" Mais s'il est déjà énervé, ça peut avoir l'effet inverse : "On se moque de moi !". À utiliser avec clairvoyance donc.
    Merci infiniment pour cette série d'articles, tous ces cas concrets sont de supers exemples et permettent de bien intégrer la méthode.

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