Choisir c'est renoncer.
Choisir à un moment de privilégier son équilibre personnel et familial, ça peut signifier freiner durablement sa progression professionnelle, voire même la stopper, voire arrêter toute activité professionnelle.
Cette décision n'est jamais facile à prendre.
A ce sujet, parmi les nombreux petits bonheurs de mon petit périple au Far West : une discussion avec mon ex-chef (la chef dont je vous parlais ici). Celle-ci m'a, de manière inattendue, remis en mémoire l'un des mécanismes qui m'ont aidée, dans mon cheminement des 24 derniers mois, et tout particulièrement dans la construction de ma capacité à choisir de mettre ma vie pro en second plan plutôt que de saisir toutes les opportunités pour grimper / se cramponner à des souhaits de carrière de fou.
En effet, ladite chef va quitter la région et dans ses recherches
d'emploi, s'est retrouvée sur deux pistes simultanées. L'une, un poste zen pour
laquelle elle était plutôt surqualifiée, l'autre, une opportunité fichtrement belle, pour laquelle elle doutait de
ses capacités.
Après plusieurs années très intenses au niveau
professionnel, sa priorité initiale dans ses recherches était que son
prochain poste fusse moins prenant, afin de faire une pause relative, lui
permettant plus de disponibilité pour ses deux enfants. Elle a toutefois fait durer le processus de recrutement pour le premier poste (le "petit", si vous suivez), afin d'avancer aussi loin que possible celui pour le second (le "gros"). Jusqu'à être retenue pour le gros.
Et pouf ! Alors que jusqu'à présent nos choix ont toujours été très différents, je me suis reconnue dans ses mots :
"c'est à ce moment-là que j'ai vraiment été capable de choisir le petit poste. Savoir que j'étais capable, me savoir reconnue capable de faire bien mieux m'a rassurée, m'a donné un super boost à l'égo, m'a apporté la reconnaissance nécessaire pour pouvoir ensuite me satisfaire d'un poste plus modeste".
Même topo chez moi, en effet !
A trois reprises
- juste avant mon départ en congé mat pour F., mon chef de l'époque m'avait proposé une jolie promotion, ambitieuse, machin. Ca avait failli me tourner la tête, mais quelques jours de réflexion m'avaient permis de réaliser qu'en fait ce potentiel nouveau poste correspondait moins à ce qui m'intéressait vraiment que le poste que j'occupais déjà. Et que c'était ce poste-là que je voulais retrouver à mon retour. Mais c'était flatteur comme proposition, et cela représentait une marque de confiance bien appréciable au moment où mon quotidien allait se retrouver chamboulé par 2,2 kilos de braillements, et à l'aube des 8 mois d'absence qui m'attendaient du fait du petit congé parental que je rajoutais à mon congé mat.
- la conversation susmentionnée, au cours de laquelle ma chef suivante (celle dont je vous parle au début de ce billet -moui faut suivre) m'avait confirmé qu'elle m'aurait estimée capable de tenir les gros postes qu'elle construisait, m'avait beaucoup aidée à lâcher prise dans mes réflexions existentielles sur mon avenir pro au moment où je devais quitter un job adoré
- quand Monsieur Bout s'était retrouvé au chômage peu après notre arrivée en Alsace, mon N+2 m'avait fait de l’œil pour que nous fissions machine arrière, en me proposant une très grosse promotion: j'en avais été assez ébahie...
Ces souvenirs comptent beaucoup pour moi, ils font partie des points qui m'aident à choisir sereinement, aujourd'hui, de donner la priorité au temps passé en famille. Ils me dispensent de ce doute si vicieux qui te susurre "aurais-tu été capable de... ?", prélude au doute, à l'insatisfaction, à la frustration.
Ils me donnent la liberté d'écouter mes vrais désirs plutôt que de chercher à tout prix à me prouver des trucs (ou à les prouver au voisin).
Alors oui, parmi les choses qui peuvent aider à écouter son vrai besoin, je partage celui-ci : la conscience / l'assurance / la confirmation de notre capacité à grimper peut apaiser notre choix de ne pas grimper.
Concrètement, cela signifie que
- parfois, quand une situation pro nous déplait, il peut être bon de "s'amuser" à postuler ailleurs. Peut-être que finalement on refusera l'offre et choisira de rester là où on est ! Mais on aura alors la sérénité donnée par le fait d'avoir choisi sa situation actuelle et ses inconvénients, et non la douloureuse impression d'être coincée au fond d'un cul-de-sac.
- C'est valable aussi pour la maman au foyer qui se tâte concernant une reprise de boulot. Postuler, aller au bout d'une démarche de recrutement, peut constituer un excellent moyen de voir si on réussit ou pas à se projeter dans une reprise professionnelle... et si on décide de finalement prolonger son temps à la maison, on sait que ce n'est pas "faute de mieux / parce que de toute manière personne ne veut de moi".
Alors, oui, vous me direz : et si lesdites recherches viennent confirmer qu'on n'a aucune chance ailleurs ? Pas top pour l'ego, non ?
Certes, à première vue. Néanmoins cela permet d'éviter un autre écueil à mes yeux bien pire, celui des regrets à la "si je m'étais bougé les fesses, peut-être qu'à cette heure je serais Impératrice de l'Univers". Ces regrets sont très mauvais pour l'égo, puisqu'ils mènent trèèès facilement à l'auto-flagellation: "je suis nulle, j'ai pas eu la niak de me bouger, et voilà le résultat". Y avait vraiment pas moyen ? Et bien c'est que ça ne devait pas être.
Chat détend, j'vous dis.
Certes, à première vue. Néanmoins cela permet d'éviter un autre écueil à mes yeux bien pire, celui des regrets à la "si je m'étais bougé les fesses, peut-être qu'à cette heure je serais Impératrice de l'Univers". Ces regrets sont très mauvais pour l'égo, puisqu'ils mènent trèèès facilement à l'auto-flagellation: "je suis nulle, j'ai pas eu la niak de me bouger, et voilà le résultat". Y avait vraiment pas moyen ? Et bien c'est que ça ne devait pas être.
Chat détend, j'vous dis.
Et il y a suffisamment de moments où notre vie de maman assène de sacrés coups à notre ego (que ce soit par le biais du regard des adultes, ou des espiègleries de nos charmants bambins) pour qu'il soit tout à fait utile, je dirais même indispensable, d'aller chercher là où on peut de quoi rebooster cet ego. Un stock de souvenirs dans le genre du début de ce billet, c'est de l'or en barre. Ca se couve, ça se savoure, ça se rumine à loisir.
Voilà, c'était la pensée sentencieuse du jour.
Sur ce, m'en vais aller booster mon ego et mon moral d'une autre manière tout aussi efficace, moi.
Une manière impliquant une tablette de chocolat
(c'est pour cela que je vous conseille plutôt de chercher un job, c'est nettement moins calorique comme stratégie)
FIN
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