mardi 11 octobre 2016

Mon dilemme pro (feu)

Cela fait des semaines que je veux venir vous parler de la profonde perplexité causée par la perspective d’une éventuelle 2ème prolongation de mon CDD actuel, dont la fin, prévue fin novembre, peut donc légalement être repoussée jusqu’à début mai (because, même si notre ministre du Travail ne semble pas toujours s’en souvenir, maintenant un CDD peut être prolongé deux fois et non plus seulement une).
 
 
D’un côté, franchement, pas une grande envie de continuer

  • Le cumul boulot (dont télétravail) + IEF + les autres aspects de ma vie est vraiment, vraiment chaud à porter (bon, en ce moment, le fait que les nuits de l’une et les couchers de l’autre soient problématiques n’arrange rien).
 
  • Du coup, je me retrouve restreinte aussi dans ma capacité à faire des choses autour de l’IEF : plus de sorties par exemple 

  • Tout cela n’est malheureusement pas contrebalancé par l’intérêt de mon boulot
    • en effet, ces sacrifices pourraient largement valoir le coup si à côté, niveau épanouissement perso de la Gwen, c’était le top. Cas de figure que j’ai connu après la naissance de F. : mon peu de disponibilité me frustrait, mais comme je m’éclatais littéralement sur mon temps de travail, c’était quand même « rentable », au moins pour un temps.
    • Hélas, plus j’avance, et plus, malgré les efforts faits par votre honorable Gwen pour limiter la casse, mon boulot m’ennuie profondément. Ce poste est pauvre, pauvre, paaaaauvre, et c’est notamment du à une culture RH d’une pauvreté affligeante (entendons-nous bien, il pourrait y avoir pire : je ne suis pas tombée dans une culture RH « à la shotgun », où l’on n'est là que pour pousser vers la sortie au premier écart ; il n’empêche que structurellement, les RH ici ne jouent pas le quart du rôle que j’ai connu ailleurs). Du coup ma marge de manœuvre, le sens de ce que je fais, et la stimulation intellectuelle que ça m’apporte en prennent un sacré coup. Bref, je me fais tuuuuuut comme un rat mort.
    • surtout qu'en face j'ai toute la stimulation intellectuelle fournie par ma vie privée, et notamment l'ief et nos réflexions éducatives (et zut euh, j'ai du rosenberg à lire que je n'ose même pas réserver à la bibliothèque du fait de ma conscience aiguë de ce que je ne saurais en caser la lecture dans mon quotidien sans alourdir encore un déficit de sommeil qui cherche déjà à concurrencer notre déficit budgétaire national)
    • Cet aspect stimulation / chiantitude s’aggrave avec le temps, et je vous avoue que c’est vraiment le point qui me pose le plus de difficultés. D’ailleurs, pour la petite histoire, j’ai touché le fond la semaine dernière: mon nouveau chef m’avait dit il y a quelques semaines que, si je le voulais bien, il me demanderait aussi des coups de main sur des trucs transverses, j’avais dit banco (chouette, de la stimulation intellectuelle !). Lundi dernier, il m’annonce qu’une de ses N-1 va venir vers moi pour solliciter mon aide. Effectivement : elle m’a notamment demandé de transférer un énooorme organigramme Excel sur Power Point…. (en m’expliquant bien par le menu comment elle voulait que ce soit fait, d’ailleurs ; m’enfin c’est gentil, voyons le positif : ces temps-ci, c’est pas souvent que j’ai l’impression d’avoir 18 ans !) ; en discutant avec 2-3 collègues j’ai appris que cette fille était réputée pour sa condescendance. Je confirme.
 
  • Au niveau financier, le différentiel n’est pas énorme dans l’immédiat : mon chômage sera calculé sur un temps plein, donc… notre budget 2017 s'accommodera merveilleusement bien d'un chômage chez moi! Surtout si je prends en compte la possibilité de réduire les frais de garde, et toutes les économies que je pourrai faire en ayant plus de temps pour faire mes courses aux bons endroits (ou dans le bon coin huhuhu –ouais je suis drôle ce matin)
 
 
De l’autre quand même
 
  • De gros, gros scrupules à abandonner les gens dont je m’occupe.
    • Plein de choses vont mieux, mais y a encore de sacrés gros problèmes, notamment ceux très vaguement évoqués dans ce billet. Billet que j’ai réfléchi à supprimer, même, parce que si vous saviez à quel point je me suis plantée au départ dans mon appréciation de la situation !!!! (non sur l'aspect théorique du billet, hein, mais sur la manière dont il s'appliquait, ou non, à la situation que j'avais en face de moi) Bon, ça aurait probablement dégénéré plus ou moins pareil, mais il n’empêche que j’ai gardé ce billet comme un rappel douloureux mais nécessaire.
    • Il n’empêche que ça me prend beaucoup de temps et d’énergie, et que le management associé a très besoin d’un soutien, que je me voyais d’autant moins lui ôter de gaîté de cœur.
 
  • Au niveau financier, quelques petites inquiétudes de Monsieur Bout à plus long terme : OK j’ai droit au chômage, mais plus tôt je suis au chômage, plus vite mes droits s’épuisent, et plus tôt il se retrouve seul pourvoyeur, ce qui l’angoisse
 
  • je kiffe mes collègues immédiates (mais je pourrai les retrouver en dehors, aussi)
 
  • Une bonne grosse angoisse existentielle au moment de lâcher mon boulot, le monde de l’entreprise, tout ça…
    • me retrouver plus ou moins officiellement « au foyer », à durée indéterminée…. Et si je veux reprendre, le trou dans mon CV ? et le regard des autres, et ci, et ça ?
    • D’autant que, je reviendrai ptet vous en parler, mais ma piste alternative (enseignement de manière ponctuelle, dans le supérieur), a pris un peu de plomb dans l’aile, et avec elle la sérénité / le détachement qu’elle me procurait.


Bon gros méli-mélo, n’est-ce pas ?
 



 
Mais en fait, tout ça on s'en fiche.

On m’a annoncé hier qu’il n’y aura tout simplement pas de proposition de prolongation de CDD, car en ces temps où on construit le budget 2017, les gens au-dessus de moi n’ont pas le courage de lever le doigt et d’insister pour qu’une paire d’oreilles s’occupant de mes gugusses soit incluse dans ledit budget.
Demander des trucs à son chef, oser insister, oser dire qu’il y a des problèmes et que non, tout bon élève qu’on soit, on ne fera pas de miracles ? Ça demande des c***capacités à prendre des risques qui font visiblement défaut.

J’en suis atterrée. Ça ne fait que confirmer la piètre image que j’avais du courage RH là où je suis, mais j’aurais bien aimé me tromper un peu !
Et rien qu’à penser au sentiment d’abandon que vont ressentir mes pioupious quand j’aurai le droit de leur dire que d’ici quelques semaines, ils se débattront tout seuls….
Au niveau perso, je vous avouerai que je suis ravie de ne pas avoir eu à prendre cette décision. La conscience que je servais quand même à quelque chose m’aurait vraiment rendu compliqué le fait de « lâcher », là, ce sont leurs supérieurs qui les lâchent…
je suis aussi soulagée qu'ils m'aient dit cela aussi tôt : je sais à quoi m’en tenir, je peux arrêter de me triturer le cerveau sur ce point et commencer, à la place, à envisager la remise à plat de nos routines, la rédéfinition des horaires de garde, etc
Et je frétille à l’idée d’avoir bientôt plus de temps pour moi, pour les enfants, pour faire plein de trucs ! 
Et même pour bloguer… ;-)
 

8 commentaires:

  1. J'ai encore ragréé tard hier soir ton blog pour voir ... j'ai pensé à toi ...
    Bon bah pas de grosse surprise, mais te voilà soulagée et oui pas facile de quitter qqchose auquel on se raccroche pour se rassurer mais bon avec plein de projets pour votre avenir, tu as le temps de voir venir la suite ;-)
    Et puis moi, bah je suis RAVIE ;-) Plein de journée papotage en perspective, yeahhhhhhhhh!!!!!!

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    1. Trop trop chou, ça me touche... et oui oui à fond le papotage! Je suis vraiment contente à l'idée d'être bientôt plus disponible pour voir des gens que j'ai vraiment envie de voir 😀
      D'ailleurs il faudra qu'on en discute concrètement car les disponibilités desdits gens sont à prendre en compte dans le rebelotage des horaires de ma nounou

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  2. "Ravie de ne pas avoir eu à prendre cette décision "

    Comme disait un prof "deciding not to decide is to decide". Car si ce poste se ferme, il y a sûrement d'autres opportunités professionnelles ailleurs.
    Chloé

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    1. Merci Chloé. Oui dans tous les cas ça me permettra d'autres choses... mais probablement assez différentes car j'ai assez peu d'espoir de réussir à me faire embaucher par quiconque directement sur un 50% voire moins, là je n'ai pu obtenir un tel rythme que parce qu'ils m'avaient testée à 80% avant...

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    2. Le choix est bénéfique pour le bien être qu'il apporte. Rosenberg a un point de vue intéressant à ce sujet.

      (Et ça aide d'être au clair quand viendront les "et quand est-ce que tu penses retravailler ?", "j'ai vu une offre d'emploi qui devrait t'intéresser, je te la fait suivre ?"etc)

      Bienvenue dans le monde des mères au foyer !

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    3. Le choix est bénéfique pour le bien être qu'il apporte. Rosenberg a un point de vue intéressant à ce sujet.

      (Et ça aide d'être au clair quand viendront les "et quand est-ce que tu penses retravailler ?", "j'ai vu une offre d'emploi qui devrait t'intéresser, je te la fait suivre ?"etc)

      Bienvenue dans le monde des mères au foyer !
      Chloé

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  3. Bienvenue dans le monde des mères au foyer alors !
    Servane

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  4. Ton post me touche beaucoup parce que je me retrouve beaucoup dedans. avec quelques nuances (je n'aime pas mon travail en lui-même, je ne suis pas super partante pour l'IEF même si je me rend compte que c'est finalement beaucoup plus simple que de monter une école comme je l'aimerais, même sous contrat d'Etat, et j'ai un crédit baraque à rembourser).

    Mais en fait, comme ça t'ai arrivé, je crois que la vie apporte son lot de réponse en son temps.

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