jeudi 21 septembre 2017

Roue de la colère : un outil que je vous recommande!

Parmi les outils dont j'avais déjà entendu parler et sur lesquels je louchais depuis un bout de temps sans être passée à l'action, figurait la roue de la colère.
Et puis, fin juillet, le feuilletage d'un des bouquins de Jane Nelsen en anglais, importé pour moi des USA par Coralie, me l'ayant remis en mémoire, hop, sur un coup de tête, je me suis enfin lancée.
Un petit retour sur cet outil que je vous conseille!

La roue de la colère, un outil pour aider l'enfant à exprimer sa colère de manière acceptable
Il s'agit d'un 
  • disque de papier / carton (moi j'ai pris une bête feuille de papier et je l'ai plastifiée après y avoir inscrit le nécessaire) 
  • partagé en différents secteurs, chacun proposant une manière dont l'enfant peut choisir d'exprimer sa colère et/ou d'en prendre le contrôle / se sentir mieux.
  • une petite aiguille au milieu (fixée par une attache parisienne) pour pointer la solution retenue, et hop le tour est joué: c'est donc simplissime, la preuve en étant que j'en suis venue à bout sans problème, ce qui au vu de mes talents manuels, veut dire beaucoup (ce n'est pas toujours si simple, vous m'avez vue à l’œuvre avec mes boîtes à sons et mes lettres rugueuses - on ne rit pas, au fond! )
Vous en trouverez des modèles en tapant les mots clés sur votre moteur de recherche préféré.
Le principe d'utilisation est simple:  en cas de colère de l'enfant, on peut lui proposer d'y avoir recours, avec des phrases du genre : 
"oh, je vois que tu es en colère, tiens, voici ta roue de la colère, comment souhaites-tu faire pour l'exprimer / qu'est-ce-qui t'aiderait à aller mieux"
Chaque utilisation de cette fameuse roue de la colère permet donc d'ancrer davantage dans la tête et le cœur de notre enfant, que sa colère est une émotion acceptable, ainsi que les manières dont il peut s'y prendre pour l'exprimer.

La confection de ladite roue, une étape capitale
En effet, même si la roue devait ne pas être beaucoup utilisée après cela, pour moult raisons, rien que sa fabrication peut déjà apporter beaucoup.
En effet, celle-ci offre l'occasion d'une bonne discussion sur le thème de la colère. Des messages forts passent: oui elle est acceptable, il y a des moyens OK, d'autres pas OK, et c'est l'occasion pour l'enfant de mener une véritable réflexion sur le sujet.
Mon conseil serait donc d'aller, certes, s'inspirer de ce qu'on trouve sur Internet, mais surtout surtout d'éviter d'avoir directement recours à une très jolie roue trouvée sur l'un ou l'autre site / blog.

Ainsi la nôtre est-elle vraiment roots :  une feuille de bloc-notes, et F. a juste accepté de colorier l'aiguille. 
Roue de la colère tout ce qu'il y a de plus brut de décoffrage!

Me détacher ainsi de l'aspect esthétique est ce qui m'a permis de me lancer, au lieu de remettre toujours à demain le moment de faire quelque chose de parfait (ça vous dit quelque chose?)
Et la conversation autour de ce machin un peu moche valait le déplacement!

Par ailleurs, notre expérience m'amène à dispenser quelques doctes conseils
  • L'attache parisienne, une alliée de choix
celle-ci a beaucoup contribué à la sexytude du projet : F.est à un stade où faire tourner des aiguilles plait beaucoup... Donc c'est le moment d'investir ;-)

  • Favoriser l'implication émotionnelle / intellectuelle de l'enfant :  
pour nourrir le débat, j'ai fait des suggestions (inspirées d'Internet) en mode
"Hum, et ça tu crois que ça pourrait t'aider à te sentir mieux?"
Ou
"Parfois y a des gens que ça ça aide à se sentir mieux, tu crois que toi aussi ça pourrait t'aider?"

  • Un peu plus de préparation que moi ne peut pas nuire.
En ce qui me concerne, j'y songeais depuis quelques temps de manière redoublée mais j'ai décidé ça d'un coup, et me suis lancée immédiatement, en prenant tout juste le temps d'aller zieuter des exemples sur l'iPhone. 
De ce fait, je n'avais pas toutes les possibilités intéressantes en tête, j'ai ainsi oublié de suggérer la possibilité: "dire 'je suis en colère' "... qui serait pourtant la base! 
Il peut donc être judicieux de se griffonner une antisèche pour alimenter la conversation...

  • Inclure des dessins
Ceux-ci sont très utiles pour un enfant de l'âge de F, non lecteur.
Ils permettent en plus de renforcer l'implication de l'enfant dans la fabrication et donc le processus: chez nous, même si F. n'a pas souhaité les colorier (zut!), l'exercice de mes talents artistiques (arf arf) a été le prétexte à aller solliciter son avis :
"hum ça va si je représente ça comme ça?" 
"Je rajoute une goutte d'eau?"


Un outil dont l'utilisation se fait sur plusieurs niveaux
Signe que la préparation avait semé quelque chose, déjà, dans les temps qui ont suivi la confection de la roue, F l'a mentionnée plusieurs fois. Notamment une fois où c'était moi qui n'était pas loin de me mettre en colère...

Sa première colère avec: je suis allée chercher la roue, et j'ai bien apprécié ce système très riche de par la diversité des propositions (et sexy, rappelons-le, car tourner l'aiguille sous l’œil de F. a déjà constitué une toute petite diversion favorable à la rupture du cercle vicieux de la colère). 
En effet, si F.  a rejeté les premières propositions (formulées ainsi "alors comme idée y a...", " on pourrait aussi..."),  finalement le combiné "câlin" + "Mimi" a fini par retenir son attention.

Une sensibilisation de l'enfant à ses émotions... et à celles des autres
Cet aspect a été inopinément mis en lumière par un "drame" pendant les vacances, causé par une bêtise de F. qui a mis sa grand-mère en colère. 
Temps de réflexion ensemble pour voir comment se comporter envers grand-mère, mais F.ne se montrait pas très enclin, au départ, à rentrer dans une démarche de réparation... 
Et puis c'est lui qui a proposé de sortir la roue (qu'il avait insisté pour emporter). Sa première suggestion fut qu'elle "roule une balle sous son pied", je réorientai en disant que là il nous fallait trouver des choses que nous pouvions faire POUR elle afin de l'aider à se sentir mieux. "Apporter un verre d'eau" fut alors la suggestion de F. Cela a constitué un premier pas important vers la démarche de réparation, un rameau d'olivier symbolique. 
Certes, ce n'était pas parfait mais j'ai été très reconnaissante à cette fameuse roue d'avoir ainsi contribué à faire évoluer la réflexion de F. vers un pardon et un câlin.

Depuis, il y a eu
  • des moments où nous y avons eu recours et cela a permis une sortie de crise constructive
  • des moments où le recours à la roue a été catégoriquement rejeté "Non je veux pas !", 
  • des moments où ce rejet a persisté et des moments où quelques phrases supplémentaires ou la manipulation de la roue par moi, sous son nez, en sont venues à bout.

Donc non, il ne s'agit pas de l'outil ultime qui viendra miraculeusement calmer toutes les colères de votre gamin... (surtout si on en dans cette catégorie-là de colère... quoique, ça vaut le coup d'essayer!) Mais bel et bien d'un outil dont la confection et l'utilisation répétée contribue, peu à peu, à développer de nouvelles compétences chez lui.

Le résultat n'est pas toujours visible, loin d'être toujours immédiat, mais tout un travail caché se fait!
Avoir mis le sujet sur le tapis ainsi, le fait aussi de le mettre à distance à travers cet objet, permet bel et bien à F. de se l'approprier peu à peu... Je l'ai bien vu quand tout récemment, alors qu'il jouait avec les cartons de déménagement encombrant embellissant actuellement notre logement, il m'a sorti tout à trac "Ah et quand on est en colère on peut aussi déchirer du carton, ça on l'a pas mis sur la roue mais on peut quand mème".
VOUI, mon fils!

4 commentaires:

  1. oh! mais voilà un outil qui va m'être très utile, surtout pour la partie préparation telle que vous la présentez.En effet j'ai un petit fils de quatre ans qui ne se met jamais en colère. Il est toujours dans l'hyper contrôle.C'est pas bon ça!Sa mère était pareil et je me suis sentie toujours impuissante à l'aider.J'espère qu'une bonne discussion autour des manières d'exprimer sa colère va l'aider à comprendre que l'on peut exprimer toutes les émotions même les négatives.
    merci

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    1. Merci de ce retour oppi ! En effet cela m'a l'air très adapté à votre problématique. L'avantage de passer par un support est vraiment la manière dont cela aide à contourner la réticence avec laquelle l'enfant envisage sinon une telle conversation. On discute de la roue d'abord, lui est moins au premier plan ;-)
      Interessant en tous cas cette histoire d'hypercontrôle. Nous en sommes LOIN ici :D
      Si vous avez envie de venir faire un retour sur les suites, cela m'intéressera!

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  2. Du coup je suis en train de parcourir ton blog : moi aussi j'ai un troizan et donc les colères ... je connais :-). Je n'ai lu aucun livre fillozat / Faber ... non pas que je ne sois pas dans cette dynamique, mais pour moi chaque cas / chaque enfant est particulier et c'est plus une question de bon sens et de psychologie qu'autre chose. En tout cas j'aime bien l'idée de la roue ! J'ai un tableau à la maison c'est plutôt le baromètre de la colère, censé aider à quantifier celle-ci. J'avoue qu'on ne s'en sert quasiment jamais, par contre ça m'a aidé à comprendre comment explorer celle-ci, détecter le vrai problème derrière - je fais partie de celles qui pensent qu'un enfant ne fait pas une colère pour nous faire ch*** et que c'est donc le symptôme de quelque chose qui ne va pas -. Partant là je crois que finalement on arrive toujours plus ou moins à l'appaiser; et finalement le plus grand défi reste de calmer mes nerfs à moi et de rester suffisamment zen pour tenter de poser les bonnes questions en pleine tempête ! Clairement, je n'y arrive pas toujours ! Deux trucs qui me font vraiment péter les plombs : quand il tape, et quand il est en train de faire quelque chose de dangereux et qu'il ne s'arrête pas immédiatement quand je le lui ordonne (y compris en lui expliquant pourquoi !). Bref tu vois cette thématique me rend bavarde (on peut dire relou, je crois aussi ;-)). Je vais continuer à explorer ton blog qui me semble regorger d'articles intéressants !

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    1. Ah ben chouette, bienvenue ici alors ;-)
      Je vais te pousser à lire Faber alors, parce que c'est justement ce que j'apprécie chez eux : ce n'est pas une logique 1 problème - 1 solution-qu'elle-est-infaillible-et-que-ça-marche-forcément-et-que-tu-te-retrouves-bien-dans-la-m***-quand-ça-foire-en-pleine-action.
      C'est une mallette à outils te donnant plein de manières de combler les besoins psychologiques de tes enfants... et les tiens aussi au passage.
      (voilà c'était ma minute VRP F&M ^^)
      Sinon : baromètre de la colère: j'aime beaucoup, c'est en projet chez moi depuis (hum.... BIIIIIIIIP), mais là les maachins sont enfin passés par l'imprimante, iront-ils jusqu'à la plastifieuse (avant les 18 ans de number one) ? Vous le saurez. OU PAS.

      Quand il tape = exploser : ooooh que oui. Je progresse, je progresse (cf mes billets sur la gestion de ma colère, ça pourra sans doute te parler), mais c'est pas gagné.

      Explore, explore, bavarde, et puis je risque d'aller faire pareil chez toi :D
      (aaaah fichue blogosphère, on en découvre régulièrement des coins intéressants, c'est le MAL)

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