mardi 5 septembre 2017

"Les enfants tentent souvent de s'humilier les uns les autres..." - Petit Bout de Lawrence COHEN, Qui veut jouer avec moi? #7

Depuis que j'ai commencé ma lecture de "Qui veut jouer avec moi", je perçois de mieux en mieux les utilités du jeu, mais aussi à quel point le fait pour l'adulte de s'y "taper l'incruste" peut être tout à fait déterminant quant au tour bénéfique, ou non, que peut prendre un jeu.
Le petit bout du jour en est un bel exemple.

La citation du jour est:
"Les enfants tentent souvent de s'humilier les uns les autres [...] C'est une raison supplémentaire pour que les parents prennent part à ce type de jeux"

Issue du paragraphe suivant :

Lawrence COHEN, "Qui veut jouer avec moi ? - Jouer pour mieux communiquer avec nos enfants", p139.

Prendre le rôle du perdant, du nul, se moquer soi-même de soi...
Double utilité !
  • permettre à l'enfant de se libérer de ses sentiments-là : bon pour l'estime de soi!
  • éviter qu'en cherchant à s'en libérer il n'ait à faire endosser le rôle du nul à un autre enfant...
bref, c'est décider de jouer soi-même le rôle du bouc émissaire, afin que le rôle n'ait plus à être attribué à quelqu'un d'autre, et que les enfants puissent donc jouer sereinement entre eux sans que cette question ne vienne empoisonner leurs relations.
Je pense cette suggestion d'autant plus précieuse dans le cas d'une fratrie. J'ai vécu de l'intérieur ces situations où les soucis d'estime de soi d'un membre de la fratrie se traduisent par la volonté de rabaisser les autres frères et sœurs, et je suis bien contente d'avoir à disposition une sorte de paratonnerre, vraiment pas cher!

Encore une illumination, encore un  point que j'ai trouvé très facile à mettre en place maintenant que je suis prévenue.
Une Gwen avertie en vaut deux, moi qui ai été très maladroite dans mon enfance, je suis à présent deux fois plus nulle, et souligne autant que possible mon insondable nullité.
Je n'ai jamais autant trébuché, laissé malencontreusement tomber de coussins, etc.
Quand Monsieur Bout ou moi-même perdons une partie d'un jeu contre notre fiston, nous avons, du coup, deux options, que nous jouons alternativement :
  • nous pouvons montrer l'exemple d'un comportement de bon joueur:  reconnaître les efforts de notre rejeton, à quel point sa victoire est méritée, et espérer que peut-être nous y arriverons mieux la prochaine fois, 
  • ou nous pouvons nous lamenter théâtralement, "aaaaaah, nooooon, comment tu aaaaas fait, j'ai ENCORE ratééééééé, je suis nuuuuuuuul".
Quand nous jouons à la bagarre, nous refermons nos bras sur le vide d'un air triomphant qui laisse vite place à la stupéfaction, etc.


Jouer le rôle du nul, cela a, en plus de l'utilité pour notre fiston et les relations qu'il peut entretenir avec d'autres enfants, deux apports pour nous
  • ça finit par nous faire bien rigoler
  • effet cathartique? J'ai l'impression que ça fait aussi du bien à l'estime du soi du parent!

Rho nooon, encore un conseil qui fait du bien à tout le monde ...


Petits Bouts de Lawrence Cohen publiés: 
1- Mettre un terme à un jeu violent
2 - Difficiles retrouvailles avec un enfant
3 - Une bonne manière de jouer à la guerre (?) 
4 - Une alternative aux câlins
5 - Déclarations enflammées 
6 - Transformer une situation tendue en jeu 
7 - Les enfants qui tentent de s'humilier les uns les autres 
8 - De l'importance de l'éducation émotionnelle des  garçons 
9 - Entraînement à la maîtrise de ses impulsions
10 - Les aînés face aux plus faibles
11 - Ne pas s'opposer trop vite 

9 commentaires:

  1. J'adore ces petits articles et je dois t'avouer que je les lis beaucoup plus volontiers que les autres qui étaient longs :).
    Pour le coup je fais totalement l'inverse de ce que tu décris. Je trouve que se rabaisser ( ce que je fais très souvent naturellement malheureusement) n'aide pas du tout l'enfant à avoir confiance en lui. Moi qui dans mon enfance ait souffert de ce manque de confiance je n'aime pas du tout entendre mon fils dire qu'il est nul, quand il le dit je cherche tout de suite une alternative " mais non tu n'es pas nul tu apprends " par exemple.
    En ce qui concerne la relation avec les autres enfants c'est vrai qu'ils ont tendance à dire "tu sais même pas faire ça ..." , Mais j'aime répéter à mon fils que " c'est normal untel apprend, il est encore petit ou alors chacun apprend à son rythme, toi tu sais faire ça mais lui non, par contre il sait déjà faire ça et toi non,vous n'êtes pas en compétition ".
    Par contre je suis d'accord avec le paragraphe que tu as mis en photo, prendre le rôle du perdant de temps en temps donne un sentiment de puissance chez l'enfant qu'il a moins souvent avec les autres et ça c'est bon pour la confiance en soi comme tu dis :).
    C'est un peu comme quand on joue à cache-cache, que l'enfant est caché derrière une porte en train de rigoler et qu'on se met à chercher partout en râlant qu'on n'arrive pas à le trouver et qu'il est vraiment trop fort ;).

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    1. Merci Titia de cette confirmation que que la formule est vraiment mieux adaptée et plus digeste. Et tellement plus réaliste puisque ça permet à la fois une meilleure assimilation par toutes les parties prenantes, et une publication au milieu des cartons ;-)

      Concernant "l'inverse" : mais en fait non, je suis totalement en ligne avec toi ! J'ai recours aux mêmes alternatives; en fait ce sont tes deux dernières lignes qui pour moi sont le fond du conseil : il ne s'agit pas, au quotidien, de nous dire et montrer nul, mais, de temps en temps dans le quotidien, de JOUER à être nul / d'être le nul dans le jeu. Quand je laisse tomber un coussin, je le fais d'une manière qui place cette chute dans le domaine du jeu.... Je suis ptet pas très claire ?

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  2. Cette série d'articles sur ce bouquin est très intéressante ! Je pense que je vais même me le procurer car je trouve les propositions vraiment chouettes et je pense efficaces et libératrices. je pense même que le papa pourrait plus facilement se prêter à tous ces jeux... ;)

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    1. Chouette !
      Et oui selon les tempéraments cela peut titiller la fibre joueuse du papa de manière très efficace !
      Depuis nos ateliers Monsieur Bout chatouille F.avec passion, et depuis que je lis ce bouquin ils passent leur temps à faire la course pour s'habiller, se mettre en pyjama, se chausser... et c'est visiblement l'instant de plaisirs partagés!

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  3. Et suspendre le temps5 septembre 2017 à 16:11

    Hello

    Et quoi? Pas d'article sur votre "non rentree"? ;) J'en ai vu defiler quelques-uns (et deux fois plus sur la rentree lol).

    Merci pour cet article interessant. Tu nous diras si ca marche vraiment, je veux dire: est-ce qu'un enfant arrete vraiment de "rabaisser" d'autres enfants juste pcq ses parents jouent la comedie? Et puis je ne suis pas certaines que tous les enfants ont ce comportement, ca doit etre tres lie a la confiance en soi (que les parents peuvent aider a construire d'autres facons).

    Et sinon, juste pour te prevenir que j'ai (enfin) commente ton article sur les limites et celles des parents partie 2/3 :DDD

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    1. Haha! Disons que si j'écris un article il s'intitulera "notre non-non-rentrée" puisque déménagement oblige je suis complètement déphasée
      - reprise de l'ief décalée jusqu'à après l'emménagement (je table sur un début mi-octobre)
      - je me tiens à l'écart des grosses sorties de non rentrée du réseau IEF
      Car
      1. Avec les cartons je suis déjà un chouilla occupée
      2. Notre temps libre je cherche à le passer avec l'une ou l'autre copine dont je vais bientôt m'éloigneeeer
      3. Pas envie de risquer encore de rencontrer d'adorables inconnu(e)s pour constater qu'on aurait pu probablement avoir grand plaisir à se revoir si je ne me tirais pas dans les jours qui viennent. Les amitiés avortées pour cause de rencontre au dernier moment ça me doit le cafard...

      Concernant l'article du jour: je vois aussi cela en préventif ! Si on nourrit l'estime de soi, pense les plaies d'amour propre ainsi, cela peut eviter pi diminuer le besoin pour l'enfant d'aller chercher cela autrement... et bien entendu, ce besoin ne se trouvera pas nécessairement chez tous les enfants.
      Mais je suis heureuse de pouvoir prendre la précaution d'instiller de tels éléments dans notre quotidien, d'autant que je sens bien que F.presente un terrain "à risque" en ce moment: sa sœur attire tellement l'attention, progresse tellement vite dans tout plein de domaines, que je préfère être vigilante !

      Et oui j'ai vu ton superbe commentaire... j'y répondrai mais pas ce soir : trop à dire! ;-(

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  4. Je te remercie pour cette série d'articles sur le jeu, qui me donne à penser. Je n'ai jamais constaté ce genre de jeu chez mes enfants...tout simplement car je ne suis pas attentive à leurs jeux. Du coup, je me demande si je loupe des choses pour lesquelles j'aurais besoin d'intervenir. Je m'interroge aussi sur la nécessité de contrôler les jeux des enfants et sur celle de leur laisser des fenêtres de liberté non supervisée. Quelle est la frontière entre le laxisme et l'hyper contrôle ? Quel libre arbitre et quelle liberté donner à nos enfants ? Est-ce qu'en surveillant leurs jeux libres et en s'y immisçant pour leur donner des leçons, on ne franchit pas une ligne ? Quel espace de liberté et de libre expression leur restent-ils ?

    Je n'aimerais pas que les jeux de mes enfants soient le cadre de brimades, mais je crains de leur voler quelque chose de précieux en interférant dans leurs jeux à des fins éducatives.

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    1. Merci pour ces questions en effet cruciales...
      J'ai l'impression que la réponse est double
      - prêter un peu plus attention aux jeux de nos enfants, d'une part (et comme toi ce livre m'a vraiment bousculée sur ce point)
      - mais surtout, plutôt que d'intervenir dans leurs jeux à eux, il s'agit d'initier des jeux supplémentaires avec eux, histoire d'apporter certains éléments à ce moment, qui contribueront à ce que les jeux qui se passent sans nous se déroulent bien. Bref, créer un espace de jeu Parents / enfants pour creer des conditions favorables à ce que la libre expression du jeu enfants /enfants puisse se faire dans de bonnes conditions.
      Qu'en penses tu ?

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  5. Ah et : mes commentaires de ce soir sont truffés de fautes, désolée ! Franchement je devrais arrêter de les gérer sur l'iPhone c'est une cata : visibilité réduite + gros doigts + correction automatique qui prend des libertés avec ma pensée, quel trio infernal !

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