mercredi 29 novembre 2017

Couple: ils se marièrent et eurent beaucoup de CRISES

Monsieur Bout et moi nous sommes mariés jeunes, très jeunes.
Que c'est miiignoooon!

Est-ce que je le recommanderais à d'autres ?
Non!
Mais honnêtement: on ne se marie pas sur recommandation.

Se marier jeune a ses avantages et ses inconvénients, se marier plus tard en a d'autres, et il paraît que c'est surtout 
  • avec qui on se marie, 
  • pourquoi on se marie (pour quelles raisons), 
  • et pour quoi on se marie (dans quel but), 
qui comptent. 
L'âge du capitaine, là-dedans, ne pourra influer que sur, éventuellement, la capacité à discerner ces 3 points.

Bref, quoi qu'il en soit, nous nous sommes mariés jeunes, avant même la fin de nos études, et c'était mignon, et tout notre entourage présent ce jour-là était ravi d'être témoin de notre bonheur.

ACHTUNG! Ceci est la toute première photo où l'on voit la Gwen sur le blog. J'espère que votre dévorante curiosité est satisfaite!



Ce qui fut moins mignon, ce fut l'année qui suivit. Et évidemment, peu de gens furent témoins de nos malheurs.

Mais à vous, je vous le dis: notre première année de mariage, à Monsieur Bout et à moi, fut calamiteuse. 
Affreuse. 
Nous avons rempli des jerricans de larmes, gueulé à rendre sourd un troupeau d'éléphants, boudé/fait la gueule à qui mieux mieux, et nous sommes balancés des vacheries à faire pâlir d'envie un humoriste de boulevard.

Mais bon, ce fut une année de transition, une année d'apprentissage.
Apprentissage de la vie à deux, de la communication de couple.
Un apprentissage un peu violent, un peu hard-core, mais dont les leçons nous ont bien servi par la suite et nous servent toujours.

Alors pour vous aujourd'hui, voici 3 leçons que nous avons tirées de cette première année (grosso modo, hein) en mode Koh-Lanta du couple (et comme pour mon billet sur la compatibilité entre le fait d'être parent et ses propres limites, je vais découper ma réflexion sur plusieurs parties : 1, 2, 3 !).


Leçon  n°...0 (ouais, je triche déjà)

ça a TOUJOURS l'air de fonctionner mieux dans le couple du voisin.


Pourquoi est-il crucial de garder cela en tête?

En ce qui nous concerne, nous en avons fait les frais à l'époque: les difficultés de nos premiers mois de mariage ont été empirées par le fait que je me disais que ce n'était pas normal, que y avait qu'à nous que ça arrivait. Un mode de pensée assez désespérant et qui laisse la porte ouverte à des doutes en mode 
"eh mais si ça se passe si mal chez nous, ne serait-ce pas qu'au départ y a une erreur de casting?"
Notons que cette illusion qu'un couple "bien construit" est un couple dans lequel tout baigne, ou presque, est abondamment nourrie par les médias de toute sortes. 
  • On nous y montre des gens marchant main dans la main sur une playlist adaptée, avec, au mieux (si les héros ne sont pas trop occupés à sauver le monde et/ou lutter contre des ennemis extérieurs au couple), une bonne grosse dispute au milieu qui est résolue à la fin, 
  • mais pas du tout l'enchainement de mini broutilles qui donne envie de massacrer son conjoint / fait de lui l'ennemi intérieur au couple. 
  • Dans la plupart des livres et des films, si ça ne va pas, si vraiment y a des trucs pas chouettes qui se passent / se disent, c'est que: c'est pas l'bon. 
En ce qui nous concerne, nous avions pourtant, dans le cadre de notre préparation au mariage, réfléchi au fait que nous pourrions être amenés à rencontrer des difficultés entre nous, et étions déterminés à les affronter, mais... pas si tôt! Oui, un passage à vide autour de 10-15 ans de mariage, OK. Mais avant, et surtout au début, ce serait cui-cui les petits oiseaux. 

Illusion, et sentiment de solitude dans notre malheur du coup, encore renforcés par le fait que, jeunes mariés, notre entourage (qui, rappelons-le, nous avait trouvés si mignons par une belle journée d'août), nous accueillait avec des "alors, les tourtereaux, toujours sur votre petit nuage?
(nooooooooooooooooooooooooooooon) 

Quand 8 mois plus tard j'ai pu avoir une grande conversation avec une amie très chère, également jeune mariée, et réaliser que chez elle aussi c'était compliqué, j'ai pu me détendre un peu.
Or, être un peu plus détendu, pour aborder des problèmes de couple, c'est précieux: ça permet de se focaliser sur les vrais problèmes sans perdre du temps à se demander ce que le destin voulait.

Depuis, j'ai toujours en tête que peu de couples étalent au grand jour leurs petites, moyennes, et grandes disputes
Ce n'est pas parce que nous débarquons chez des amis et envions l'harmonie qui règne entre eux (alors que nous n'avons arrêté de nous enguirlander qu'au moment d'appuyer sur leur sonnette), qu'eux-mêmes n'ont pas également interrompu une splendide engueulade à l'instant où le bruit de ladite sonnette a retenti (voire c'est pour cela qu'ils ont tardé à répondre à notre coup de sonnette; ce qui, à nous, nous a laissé le temps d'un dernier coup bas).

Il est donc souvent contre-productif de se lamenter en se disant qu'on aurait bien la relation qu'ont les voisins d'à côté
  • ce sont deux individus différents des deux individus qui constituent notre couple, donc forcément la relation ne peut pas être la même
  • cette relation a incontestablement ses points sombres, aucun doute à avoir là-dessus
  • Il vaut mieux ne pas perdre d'énergie à regarder par dessus la haie du voisin, mais continuer à bêcher ses propres plates-bandes
Une exception! 
Quand on s'entend suffisamment bien avec le voisin pour pouvoir vraiment discuter de points spécifiques de jardinage: "comment gères-tu tel aspect?".
  • En ayant confiance qu'il aura la simplicité de dire si il ne gère paaas duuuuu toooooout 
  • et peut-être, retirer de la conversation l'une ou l'autre astuce / point de vue différent et enrichissant, ou en tous cas une incitation à continuer à travailler l'aspect en question.

Bref, donc, c'est un peu comme en parentalité: non, il n'y a aucun enfant qui ne fait jamais de colère et aucune maman qui arrive toujours à tout bien gérer; donc le fait de patauger n'est pas un souci en soi. Ce qui fait toujours un souci de moins!

Bon, et une fois qu'on patauge bien, comment peut-on faire pour éviter de rester englués dans la boue?
Suite au prochain numéro

Conséquence accessoire de ces quelques lignes: si par hasard en lisant les billets qui vont suivre vous vous désespériez de ne pas avoir épousé Monsieur Bout / ne pas fonctionner comme ça.... 
STOP. 
D'abord Monsieur Bout est monstrueusement relou, je n'ai pas écrit de billet contenant la liste de ses défauts, tout simplement parce que déjà que j'ai tendance à écrire un peu longuement en général, là je battrais tous mes records. 
Ensuite à vous de voir ce que vous pouvez retirer de notre expérience, ce qui pourrait être transférable, ou non, dans votre microcosme conjugal à vous. Prenons une métaphore botanique: si vous êtes de type climat équatorial, ne vous désespérez pas de ne pas voir pousser de sapins chez vous! En revanche, certaines expérimentations demeurent possible et des plantes à qui on ne prédirait pas une grande espérance de vie peuvent se révéler capables, à l'usage, de coloniser un terrain pourtant jugé hostile.

20 commentaires:

  1. bonjour Gwen

    J'ai apprécié ton article par sa sincérité. Oui, tout n'est pas rose dans un couple.
    Et passé la joie du mariage, la suite n'est pas miraculeuse.

    Nous devons construire notre couple.
    J'aime prendre l'analogie de l'association en entreprise, comme j'en parle dans mon article : https://www.papa-et-patron.fr/contrat-dassocies-a-maison-profitez-de-puissance-dune-idee-dentreprise-chez/

    Qu'en penses-tu ?

    Au plaisir et hâte de lire la suite
    Evan

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    1. Merci Evan.
      Ton billet m'a fait sourire... mais tu comprendras pourquoi plus tard, car ce ne sera même pas l'objet du prochain billet, mais de celui que je promets dedans et donc qui tardera un peu à paraître (comme toujours quand je promets un billet...). Du coup, je remets la discussion sur ce thème à plus tard, ce sera plus pertinent.

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  2. Olala je comprends mieux, moi même je me dis tout le temps c'est ptet pas le bon parce que il est chiannnnt mon homme, et que on se fritte souvent, etc, mais c'est vrai que la pression sociétale du tout beau tout rose est énorme et fait tant de mal !!! Faut vraiment s'en débarasser de cette pression affreuse ! Merci pour ton témoignage qui fait du bien... à toi aussi j'espère ! Hâte de voir comment ça a pu se transformer, comment vous avez "sublié" la chose, au prochain numéro ! :p

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    1. Je t'en prie! Oui on nous laisse volontiers oublier qu'un couple ce n'est pas du 100% plaisir 0% effort...
      J'espère que la suite t'inspirera également!

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  3. Je suis complètement en phase avec tes mots... Et la pointe d'humour, ta plume est très agréable à lire... double raison de continuer de te lire :)

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  4. Oh la la mais quel suspense !! Une des bonnes raisons de ne pas se marier jeune étant qu'il faut apprendre que le couple ça se construit ;) Et accepter que le conjoint n'est pas responsable de tous nos malheurs. Après perso j'ai aussi appris qu'il y a des choses sur lesquelles je ne pourrais jamais transiger... Mais bon plutôt que de refuser de me marier jeune j'aurais du quitter mon ex ;)
    En tout cas comme d'habitude ta réflexion et ton recul sur les choses est passionnant.

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    1. Merci alounette.
      Le premier point, nous étions "bons", nous pensions avoir bien construit notre couple avant le mariage, et avions en tous cas fait pas mal d'efforts dans ce sens. (mais du coup nous étions un peu en mode "bons élèves" peut-être... "ouais on a beaucoup travaillé alors maintenant récoltons". Ben c'était raté)
      En revanche, je crois que tu mets bien le doigt sur une partie du problème: ne pas rendre le conjoint responsable de tous ses malheurs / ne pas attendre dudit conjoint la "production" de notre bonheur, mais prendre les choses en main. Ce point n'était pas du tout acquis chez nous. Ceci dit, je crois que ce n'est pas nécessairement une question d'âge, pour le coup, car ces attentes se retrouvent dans toutes les tranches d'âge. Mais il est vrai qu'avec l'âge grandit la probabilité que quelque chose nous ait amené à voir différemment. Chez nous, ce fut tout simplement ce début de mariage un peu musclé ;-)

      Et dans tous les cas: tout à fait OK sur la différence entre "mettre du sien / accepter que tout n'est pas rose" et "tout accepter / accepter l'inacceptable" !!!

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  5. Nous on s'est beaucoup disputé lors de nos fiançailles (nous nous sommes mariés jeunes mais pas très jeunes). Du coup une fois mariés, on savait gérer ! On a eu la chance d'être très bien accompagnés par un super prêtre. Et nous avions participer à un WE vivre et aimer (vraiment je recommande) qui nous porte encore même si on pourrait y retourner pour une piqûre de rappel.
    Servane

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    1. Coucou toi ;-)
      Hihihi, plein de points communs: en fait nous nous étions copieusement disputés aussi pendant nos fiançailles, nous avions été plutôt bien accompagnés par un super prêtre (mais dont c'était le premier mariage), et nous avions également participé à un super WE vivre et aimer (et je te rejoins à fond dans ta recommandation!!).
      Mais sans doute n'avions nous pas entendu / voulu entendre certaines choses: on filtre toujours les informations, hein, quand même... et puis ensuite les soucis rencontrés tenaient au quotidien à deux, donc étaient difficiles à anticiper.

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    2. J'ai peut-être une autre explication au fait que notre première année de mariage s'est bien passée. Le lendemain de notre mariage nous sommes partis 2 semaines en voyage de noces. 15j après nous concevions notre grande donc 15 jours plus tard c'etait la fête ! 15 j plus tard (2mois de mariage donc pour ceux qui suivent) je commençais à vomir nuit et jour : mon cher et tendre s'est releve plusieurs fois par nuit durant un gros mois pour vider ma bassine.... 15 j après j'étais hospitalisée pour une phlébite... Et quelques jours après car je n'en pouvais plus de vomir et de perdre du poids (5kg en 3 semaines ca commence à faire).
      Après tout celà il a fallu remonter la pente.
      J'ai repris mes stages puis j'ai du être arrêter car j'avais trop de contractions. Malgré beaucoup de temps passé au canapé, j'ai failli accouché à 7 mois donc nouvelle hospit durant 3 j puis aliltement complet durant un mois. Puis remonter la pente avant d'accoucher !
      Donc en fait durant nos 10 premiers mois de mariage, nous n'avions pas "loisir" de nous disputer, si je puis dire. Nous avons du tout de suite faire des concessions sur le ménage, qui vide la poubelle et toutes ces choses là. Et ouis jotre grande était un bébé tellement difficile que nous avons continué â nous soutenir mutuellement et à fermer les yeux sur le ménage (entre autre)
      Servane

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    3. Ah oui cela peut être une explication en effet !
      Remarque , hein, vomir, phlébite ,... sympa ta première année de mariage dans son genre !😋

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  6. La première année à deux n'est effectivement pas simple. Moi aussi je me suis mariée jeune (lui en avait déjà 28) et ce ne fut pas l'année du mariage qui posa souci, mais la première année à deux fut chaotique entre "je t'adore" et "tu me gonfles" ;) Un temps est nécessaire pour s'apprivoiser, partager le territoire, trouver l'équilibre entre son rythme personnel et le rythme de l'autre.
    Tu as raison : patauger n'est pas grave, la vie est faite de pataugements également ;)
    Bonne journée Gwen !

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  7. Je suis fan de ta métaphore botanique

    et j'ai bien ri avec ton dernier paragraphe "D'abord Monsieur Bout est monstrueusement relou etc", si ça n'est pas un coup bas ça ;-) MDR

    moi aussi j'ai une métaphore : quand tu te maries, tu quittes le port à la voile (sinon ça n'est pas drôle ;-) ). Après X temps de mariage (long ou court), te voilà en haute mer, ça tangue, ça remue, et là, il faut trouver son cap, travailler ensemble à faire avancer le bateau...

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    1. ;-)

      Moaaaah, un coup bas ??? oussa ?!

      Très jolie métaphore (nan t'habites pas au bord de la mer, nan pas du tout). Je crois qu'on ne s'attendait pas à se taper la pleine mer si vite! (ni à ce que ça flanque un mal de mer pareil)

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  8. Décidément, j'aime beaucoup lire tes billets. Toujours juste et rassurant. Et oui, la vie de couple c'est pas comme au cinéma ! Je me souviens de mon mari qui un jour m'a dit : "nous, quand on se dispute, on n'a jamais de réconciliation sur la couette en mode passion" Ben non mon gars, je suis une personne réelle et quand je suis énervée j'ai juste envie d'être seule et pas de te sauter dessus :) Etre en couple et le rester, ça demande beaucoup de travail, tous les jours (je me souviens encore de ton super article sur les sims !).
    Je suis éditrice et si nous avions des ouvrages grands publics parenting et autre, j'adorerais bosser avec toi ! :) Mais pour l'instant (peut-être un jour) ce n'est pas le cas

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    1. Haha! J'adooore ton exemple !
      Merci pour tes encouragements 😍 (si ce n'est pas indiscret tu es active sur quelle branche ?)

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    2. Je travaille dans une maison en pédagogie, management, psychothérapie... Mais on s'interroge à s'ouvrir à du plus grand public en s'adressant aux ados et pourquoi pas aux parents. Je t'envoie un mp sur facebook ;)

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  9. Sincèrement, j'espère que ça fonctionne mieux dans le couple du voisin. Que c'est moins lourd, moins lancinant, plus beau. Je comprends bien que le sentiment de solitude peut être délétère, mais ça me rendrait moins triste de savoir qu'on est moins nombreuses !

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