dimanche 20 novembre 2016

Monsieur Bout & Fils

Je vous avais promis des articles sur les relations frères-sœurs, et, mais seulement ensuite, de parler davantage de mon héros : Monsieur Bout (je précise que je me montre intentionnellement nunuche ;-)).
 
Mais voilà, ce blog n'est pas une démocratie.
Je fais la loi ici.
 
Et donc à peine proférées je me permets de ne pas me tenir à mes promesses.
(un peu comme Trump au fond.
D'ailleurs c'est marrant, vous avez vu comment le monde s'est offusqué de ses promesses outrancières, et s'offusque à présent de ce qu'il pourrait trahir certaines desdites promesses en agissant de manière plus modérée ?
Manquerait plus qu'il se révèle un bon homme d'Etat, l'enflure ! 
je précise que ceci n'est pas un aparté pro-Trump, mais juste une remarque sarcastique d'intellectuelle -vouivouivoui- observant peinarde derrière son clavier)
 
Je me permets donc de publier un premier billet sur Monsieur Bout avant même d'avoir sorti une ligne sur les frères & sœurs. Et paf !
(vous avez vu cet instinct de domination. C'est un scandale)
Plus prosaïquement: c'est tout simplement que l'écriture du premier billet sur les relations frères-sœurs chez nous (eh oui, quand même, je ne vous oublie pas) a mis en évidence le fait qu'il était nécessaire d'expliquer certaines choses au préalable.

Donc, ce premier billet sur Monsieur Bout a vocation à vous expliquer qu'entre lui et son Bébou de fils, c'est l'amour fou.
En tous cas, la vie a fait qu'ils ont pu construire une relation particulièrement étroite.

 
- Flashbacks - 
 

Épisode 1. Monsieur Bout petite maman
 

C'est avec son père que F. a passé ses trois premiers jours de vie : moi, j'étais en réanimation. Consciente, hein, passées les premières heures, mais branchée d'un peu partout, et pas en grande forme.
Le Bébou, lui, était en néonat, et son père a été sa mère pendant les 3 premiers jours de sa vie : discussion avec le personnel médical sur les différentes options de soin possibles, premiers repas, premiers soins, premiers touts : assumés par Monsieur.
Dans la continuité des touts premiers moments dudit Bébou, qui, une fois les examens médicaux d'usage passés, s'étaient déroulés en peau à peau sur la poitrine de son père,  pendant qu'on finissait de me raccommoder après ma césarienne.
 
Bon, ce serait à refaire, on prendrait une option de venue au monde moins rock'n roll.
Néanmoins, il est incontestable que ces circonstances ont été très favorables à l'établissement d'un lien père-fils fort.
 
La peur de mal faire, le sentiment de sa propre gaucherie, la force du lien mère-enfant peuvent facilement paralyser un jeune papa et le gêner pour prendre sa juste place.
Et ceci aurait pu jouer chez Monsieur Bout, d'autant plus qu'il n'avait jamais tenu de bébé dans ses bras avant le sien, alors que, moi, j'avais déjà une expérience non négligeable des bébés. J'aurais vite pu me retrouver seule compétente, seule en charge, avec Monsieur en figuration, se sentant complètement inutile et donc mal positionné pour rentrer en relation avec un nourrisson dont les seules capacités d'interaction sont au départ de recevoir des soins plus ou moins maladroits.
Là, ça ne risquait pas. Puisque j'étais hors-jeu, Monsieur Bout se retrouvait catapulté en première ligne, en mode "marche ou crève". Sans épouse pour lui faire concurrence, il était forcément un papa compétent puisqu'il n'y avait que lui à pouvoir être compétent.
Ces trois jours lui offrirent ainsi une longueur d'avance, et ce fut lui qui m'expliqua certaines choses quand j'eus enfin le droit de les rejoindre dans notre chambre familiale à la maternité.

Lui-même ressentit d'ailleurs clairement le contraste : dès mon arrivée dans la chambre, il "disparut"... aux yeux du personnel soignant. Désormais, c’était à moi et à moi seule qu'on parlait de F., de ce qui était le mieux pour lui, auprès de moi qu'on s'enquérait de ses entrées (repas) et sorties (émissions odorantes diverses). Son père était devenu transparent.

Néanmoins, c'est beaucoup avec son père aussi que F. a passé les huit premiers jours de sa vie : en effet, c'est le temps qu'il m'a fallu pour commencer à remettre le pied par terre après sa naissance, et le nombre de jours de congés que Monsieur Bout avait pris. Une petite semaine de lune de miel à 3, bien au chaud dans notre chambre d'hôpital.
J'avais certes pris le relais sur le nourrissage, mais comme je ne me levais pas, c'est à Monsieur Bout que revenaient les changes, bains et autres soins de bébé. Bébé qui avait du mal à se passer de son berceau chauffant, difficulté que Monsieur Bout était ravi de compenser par de longues séances de peau à peau.

Quelques semaines après notre sortie de l'hôpital, ce furent 4 semaines de congés d'été qui permirent de faciliter encore la formation du noyau familial et le renforcement des liens père-fils, d'autant que je me remettais encore lentement, et que du coup, là encore, Monsieur Bout venait suppléer à la proximité  / aux soins que je n'étais pas toujours en mesure de donner à notre fils.

 
Épisode 2: Monsieur Bout, un binôme parental de choc

Ainsi favorisé, son sentiment de compétence créé si fort, si tôt, nous a ensuite grandement aidés tout au long de la première année du Bébou, d'autant que nous nous sommes attachés à l'entretenir:
  • peu importaient les obligations professionnelles, nous faisions en sorte que chaque semaine, le Bébou soit couché au moins une fois par son père, de manière à ce qu'il n'en perde pas l'habitude
  • rassurée par la compétence de Monsieur Bout, je m'autorisais quelques moments de liberté pendant que Monsieur était seul maître à bord
  • nos grandes interrogations de parents, nous les gérions ensemble : comme aujourd'hui, c'était moi qui lisais en premier, mais ensuite, nous passions en mode "à deux" : ainsi, quand il s'agit d'espacer les tétées, puis de tester et d'adopter le rythme à 3 tétées, nous avons pris la décision ensemble: je me vois encore allongée, en train de nous relire à voix haute les paragraphes correspondants de Transmettre l'Amour
"il dit que si y a ça - on a... si y a ça - on a... si y a aussi tel signe - on a..., ça vaut le coup de tester. Bon, on a tous les signes. On fait quoi ? 
- on y va."
  • à ma reprise de boulot, il y eut plus d'une soirée père-fils à la faveur d'une réunion nocturne impromptue chez la mère.

Épisode 3 : Monsieur Bout assure la relève

Début de 2ème année du Bébou très vite marqué chez moi par la conjonction de plusieurs facteurs :
  •  épuisement du début de grossesse de la Bébounette 
  • + boulot hyper prenant dont je voulais goûter chaque seconde avant de le lâcher puisque nous déménagions
  • + déménagement & vente de maison
= une maman complètement HS pour le Bébou.
 
En revanche, un Monsieur Bout plutôt assez disponible puisqu'en préavis de démission donc avec une pression quand même moindre.
Et revoilà Monsieur Bout en première ligne, à gérer son fils le soir pendant que son épaveouse s'échoue sur le canapé. Un fils qui ne s'y trompait pas d'ailleurs, puisque durant tout cette période, c'est "Papa!" qu'il demandait quand il se faisait mal ou avait besoin de quoi que ce soit.

 
Épisode 4: on demande Monsieur Bout !
 
 
Puis ensuite, alors que la deuxième partie de la grossesse se déroulait, pour moi, tranquillement au chaud dans notre nouveau domicile, une première période d'essai strasbourgeoise pour Monsieur :
  • quelques mois de stress intense,
  • un rythme infernal,
  • un papa devenu fantôme, parti avant le lever du Bébou, rentré bien après son coucher,
  • et souvent absent mentalement même dans ses moments de présence physique, 
mais d'autant plus demandé durant ses rares moments de présence.


Épisode 5: Monsieur Bout papa au foyer
 
 
7 mois de chômage à la maison, cela fit
  • 5 mois à 4 à la maison, une période bien agréable à accueillir la nouvelle arrivante, même si l'incertitude liée au chômage troublait un peu l'idylle... Néanmoins, un papa bien présent, auprès de qui F. était visiblement ravi de rattraper le temps perdu.
  • Puis deux mois avec Papa, homme de la maison, pendant que moi j'avais repris le boulot...

Épisode 6: Monsieur Bout on and off
 
 
Depuis sa reprise, 2ème période d'essai strasbourgeoise, et boulot assez prenant, Monsieur Bout n'a pas brillé par sa présence. Quelque chose que j'étais d'autant moins disposée à tolérer que
  • 1. je l'avais déjà vu se cramer lors de sa première période d'essai, des journées 7h-22h et 5 kg en moins en 4 mois quand on sait que le plus lourd des deux, chez nous, n'est pas toujours celui auquel on s'attendrait (et je rentre quand même - bien que franchement péniblement depuis la naissance de la Bébounette... vivement le chômage et la piscine ! - dans un 38)
  • 2. avec les deux à gérer, les soirées sont plus euh, moins euh, enfin voilà quoi, je ne vous fais pas de dessin, l'arrivée de la cavalerie est attendue avec impatience !
Au point qu'il m'a fallu parfois y aller un peu fort pour souligner le problème.
(je me cite "puisque tu grossis à tes yeux les risques et inconvénients qu'il y a à ne pas passer une heure de plus au boulot, à moi de grossir l'enjeu, les risques et inconvénients qu'il y a à ne pas passer cette heure avec nous"; ambiance !).
Quelques semaines de guérilla mais qui ont permis de limiter un peu la casse, en nous offrant ici et là des semaines avec un Monsieur plus présent.


 
A l'arrivée, cela nous donne
  • une relation père-mère plutôt assez équilibrée, je n'ai pas le monopole de la compétence parentale et cela nous permet de partager correctement (je n'irais pas jusqu'à dire "équitablement", mais quand même) la charge mentale et physique qui y est liée
  • une relation père-fils très forte
  • et du coup, et c'est un point sur lequel je reviendrai notamment dans le billet frère/sœur : un poids déterminant du temps de présence / attention paternelle dans le comportement du Bébou.

Voilà une petite page du plus pur style 3615 Mylife, que j'aurais pu résumer, dans le futur billet frères-soeurs susmentionné, d'un succinct "pour diverses raisons, le lien entre Monsieur Bout et le Bébou est très fort"; mais j'ai voulu me montrer plus détaillée car
  • on peut avoir vite fait, sinon, de se sentir tout bête en mode "eh mais pourquoi chez nous c'est pas le cas ?". Voilà pourquoi. Certains facteurs, nous les avons favorisés, mais d'autres, hein, c'était pas prévu comme ça
  • pour ceux chez qui des choses pas prévues comme ça pourraient arriver, je trouve important de souligner que de ces choses pas prévues, et bien que cela ne les rende pas plus faciles à digérer par ailleurs, du positif peut sortir.
mêmeuh le plus noâââr nuage /
 a toujours sa fraaaaangeuh d'ooooooooor

 

13 commentaires:

  1. Oh il est chou ce Monsieur Bout que je salue chaleureusement !

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    1. je transmets ;-)
      eh mais dis donc, je ne vois nulle part le commentaire que je t'ai laissé suite à ton dernier billet, j'ai buggé ?

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    2. Sur le changement de cpc ? Non je ne l'ai pas eu.

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  2. Merci pour ce partage d'un papa catapulté dans l'univers d'un nouveau-né, peu courant et qui permet de relativiser!

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    1. Oui Isa, catapulté est le mot !
      bonne journée à toi

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  3. Merci pour cet article !

    Penses-tu que le fait que F soit un garçon ait joué (joue) dans l'établissement de cette relation ? Qu'en est-il avec BE ?
    Je trouve que E. a une relation plus facile avec S qu'avec A et P (mais il y a d'autres facteurs ...!)
    Pour l'allaitement, les couches, le pot et toute la logistique, c'est moi qui décide ;-) et s'il y a un problème, on en parle (par ex, la nourriture de S, vu les pbs liés...).

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    1. Bonnes questions...
      Garçon, oui, je pense, et aussi l'aîné : Monsieur Bout ayant souffert de sa place d'aîné, il est particulièrement attentif à ce qu'il n'en aille pas de même pour F.
      Et il est vrai que pour BE c'est un peu différent, il supporte par exemple beaucoup moins ses pleurs, que de fois ai-je entendu "elle pleure BIEN PLUS que F.!" alors qu'à mes yeux ce n'est pas le cas...
      maios comme tu dis, il peut y avoir tellement de facteurs! notamment, chez nous, le fait que F. n'avait pas de concurrence à l'âge d'E., donc nous nous adaptions à son niveau d'interaction, alors que là E. est concurrencée par quelqu'un qui sait beaucoup mieux "interagir" qu'elle. Mais elle sait réclamer...;-)

      Et oui hein, pour les décisions du quotidien c'est quand meme plus moi qui décide, mais Monsieur défend aussi bien son bifsteak en mode "quand je m'en occupe / je suis là, c'est moi qui fais comme je l'entends"; c'est parfois dur à accepter, mais je pense que ça lui permet de s'investir vraiment

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    2. Oui, un prêtre que j'aime bien m'avait dit : "laissez-lui donc la place qu'il veut prendre
      pas celle qui vous lui assignez..." (en aidant éventuellement par des petits conseils, type "làààà je pense qu'il a faim !" ;-) )

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    3. ah oui j'aime bien en effet
      et le tout est de trouver l'équilibre entre laisser agir comme il vaut, et conseils plus ou moins "petits" ;-)

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  4. presque le même vécu pourri pour la naissance de l'ainée qui a vraiment permis au papa de devenir compétent (c'est même lui qui a eu le cours acceléré d'utilisation du tire lait et qui m'a transmis l'essentiel ;) ). Par contre sur un temps plus court : j'ai pu me déplacer au bout de 24h, il est retourné travailler au bout de 3 jours, 16 jours de néonat et pas de chambre familiale, 11 jours de parental à notre retour à la maison, le choc fut rude dès son retour au travail même si pour la première il a fait l'effort quelques temps de rentrer plus tôt. Nous connaissons aussi la compétition entre la pression mise au travail par ??? (chefs divers et variés, collègues très mal intentionnés etc...) et la pression nécessaire pour faire pencher la balance de l'autre côté (j'ai mal au bide rien que d'y penser :(). Il finit actuellement une deuxième période de chômage en 4 ans. Notre petit dernier (le troisième) aura bien profité de cette "année sabatique" quand même terni par le stress de retrouver un emploi... Vraiment pas facile de conjuguer vie professionnelle et vie familiale ! Mais : vive le peau à peau :)

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    1. Ah oui en effet, bien joué le coup du tire-lait !

      Chez nous il y a la pression mise par les autres, mais aussi la pression que Monsieur Bout se met à lui-même; la perfection n'existe pas, mais il l'oublie facilement...
      Aie pour cette 2ème période de chômage, même si nous, cet été, nous rappeler qu'à la meme période l'an dernier nous étions libres d'écumer les parcs et musées nous rendait nostalgique, l'angoisse sousjacente à cette période ne nous manque pas, en revanche.
      Comme tu dis en effet, ici je parle bcp de conjuger vie pro et familiale du point de vue féminin, mais pour ces messieurs non plus ce n'est pas évident.

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  5. Ici un papa qui a pris sa place au fur et à mesure. Mais ce n'est pas grâce aux congès car pour l'aînée, les 11 jours parternité ont servi à écrire une partie de la thèse.... Les 3 jours naissance n'ont pas pu être pris en entier pour le second, ni les 11 jours paternité. D'ailleurs pour le second, il a failli ne pas être là à l'accouchement, heureusement une collègue a accepté de lui reprendre sa garde (il l'a appellé le samedi à 7h pour une garde à 8h30...) Retour de la mat le lundi matin et un mari de garde de 24h le mardi ! (Heureusement les beaux parents m'ont pris la grande ce jour là)

    En fait j'ai beaucoup poussé mon mari pour qu'il prenne une place. Pour compléter la phrase du prêtre de Clotilde, un père prend la place qu'il veut oui mais aussi en fonction de la place qu'on lui laisse.
    Servane

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    1. Wahou dis donc hard vos débuts ! Pour le coup meme pour E., alors qu'il n'avait pas encore rompu sa période d'essai, il a passé une semaine à la maison, et... heureusement !

      Comme tu dis, c'est fcnction de la place qu'on laisse, et ce n'est pas toujours facile, notamment selon les modèles familiaux que chacun des deux a pu avoir. Au vu des nôtres, justement, la naissance mouvementée de F. m'aura au moins obligée à laisser la place ;-)

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