lundi 29 février 2016

Tartares : saumon-avocat, avocat-crevettes

Une fois n'est pas coutume, je viens vous faire saliver avec une recette que je ne cuisine pas avec le Bébou : lors de nos séances en duo celui-ci goûte en effet consciencieusement chacun des ingrédients employés, et j'estime qu'il peut attendre encore un peu avant de commencer à manger du poisson cru (ceci dit, c'est en vous écrivant que je réalise que la version "crevettes", inaugurée cette semaine, ne présenterait pas ce problème... à tenter!).



Recette de base : Tartare saumon - avocat 
2 pavés de saumon cru, sans la peau, coupés en petit dés
1/2 avocat coupé en petits dés
1 cuillère à soupe de petits dés d'échalote
(chez moi, c'est fourni par Picard, jes les ajoute tels quels dans le saladier 
et ça décongèle le temps que je prépare le reste)
1 cuillère à café d'aneth ou moitié-moitié aneth/ciboulette
un peu d'aïl (facultatif)
poivre
et surtout : 1 cuillère à soupe d'huile de pistache

Version plus rapide (pas besoin de tailler le saumon en dés) et low-cost = Tartare avocat - crevettes
2 avocats coupés en petits dés
100 g de petites crevettes roses
1 cuillère à soupe de petits dés d'échalote
1 cuillère à café d'aneth ou moitié-moitié aneth/ciboulette
un peu d'aïl (facultatif)
poivre
et surtout : 1 cuillère à soupe d'huile de pistache


Mélanger tous les ingrédients dans un saladier puis poser un gros et haut emporte-pièce rond sur l’assiette, le remplir par le haut et tasser avec la cuillère avant de retirer délicatement l'emporte-pièce...




Et voilà!




dimanche 28 février 2016

Un ingrédient vraiment miam: l'huile de pistache

J"ai une chouette recette à partager, mais avant cela je voudrais mettre à l'honneur un ingrédient délicieux (en tous cas, pour mes papilles à moi).

Je l'ai découvert dans mon restau préféré du temps où j'étais souvent en déplacements pro sur Lyon (ah j'en ai fait des notes de frais avec eux! ils me connaissaient par mon nom, savaient ce que j'aimais, et à la fin ils m'offraient toujours un truc, l'apéro, le dessert, ... nostalgie!).  C'était avant tout un restau à poisson, et leur carte regorgeait de (bonnes) surprises; or voilà qu'un soir on me servit un sublime 

Carpaccio de saint jacques et saumon à l'huile de pistache.





Huile de pistache = miam!
ça se consomme cru ou cuit, pas frit :
  • pour parfumer une pâte à gâteau
  • pour créer de merveilleux accords avec poissons et crustacés, notamment crus mais pas seulement,
  • pour relever en douceur une salade (à base) de mâche ou de roquette (seule, ou avec un filet de jus de citron ou de vinaigre balsamique - pas top avec du vinaigre de vin!); l'huile de pistache se marie en outre très bien avec de nombreuses crudités telles que poivron, avocat, betterave rouge, et j'ai aussi eu d'excellents résultats avec des taboulés au quinoa.

Huile de pistache = miam ... avec bonne conscience!
  • même teneur en en acides gras oléiques que la star santé qu'est l’huile d’olive, 
  • antioxydants
  • vitamine E
  • et en prime : riche en omégas 9, si compliqués à dénicher dans notre alimentation aujourd'hui


Et en plus c'est décoratif, légèrement vert, bref, parfait pour de jolies assiettes.

C'est un produit sur lequel il n'est pas toujours facile de mettre la main, mais 
- à Paris j'avais fini par en trouver chez Monoprix et dans certains magasins bio, 
- en province cette huile se cache au rayon huiles des Leclerc bien achalandés. 
- Paris ou province, les épiceries fines peuvent aussi en proposer.

Personnellement, depuis que j'ai découvert je ne vis plus sans!

Une précision tout de même : la pistache comptant parmi les fruits à coque susceptibles de provoquer une allergie, il est conseillé d'attendre les 2 ans de l'enfant pour lui proposer cette substance (sous forme d'huile - sous forme entière, on attendra 3 ans afin de limiter les risques de fausse route) : un âge auquel il sera capable d'exprimer plus facilement des symptômes d'allergie d'autant plus vicieux qu'ils ne sont pas forcément très visibles : gorge qui gonfle, difficulté à respirer...

et voilà la recette en question !

jeudi 25 février 2016

10 obstacles à la construction de notre Equilibre Vie Pro / Vie Familiale (4/4)


Suite et fin de la réflexion initiée ici, et poursuivie , puis

Nous avons réalisé que nous devions choisir en fonction de nous, nous avons fait l'effort de mieux nous connaître pour prendre conscience de nos vrais besoins, mais nous ne sommes pas sorties d'affaire pour autant : 3 obstacles subsistent encore.


    8. Le "réalisme"

Le "réalisme", c'est la petite voix qui, face à une situation qui ne nous convient pas, nous susurre que de toute manière il n'est pas possible de faire autrement, qu'il faut arrêter de rêver. Bref, c'est bien souvent un cousin très proche du défaitisme.

Cette petite voix nous incite à rester assises au lieu de nous bouger pour obtenir ce que nous cherchons (alors, oui, on n'est pas dans un Disney, tous les efforts ne finissent pas toujours par aboutir, mais quand même, assez souvent, sur un malentendu ça peut marcher).
Elle nous ferme à la fois
- la voie vers un autre (dés)équilibre qui nous conviendrait mieux,
- et celle vers une manière plus harmonieuse de vivre l'équilibre qu'on a choisi. Par exemple, elle suggèrera à une maman au foyer ayant quand même bien besoin de moments à elle qu'il est impossible de trouver une personne de confiance / financer une solution de garde pour quelques heures dans la semaine....

Elle nous incite à étouffer nos besoins, à piétiner nous-mêmes nos limites en nous chuchotant que de toutes manières, soyons honnêtes, ces besoins sont illégitimes et que, regardons les choses en face, notre entourage n'a que faire de nos limites / n'est en aucune manière capable de les respecter : 
  • elle empêchera ainsi toute maman de dire "je me repose" à ses enfants 
  • elle découragera une maman pro d'oser
    • partir à une heure décente, 
    • refuser une réunion, 
    • énoncer des règles du jeu claires ("en règle générale je n'accepte pas de réunion après biiiip heures - je ne mets pas de chiffre, chacune, en fonction de son secteur, son passé pro, etc  a sa frontière taboue, le chiffre dont elle est intimement persuadée qu'en dessous, elle abuse, non là vraiment - je suis dispo pour les exceptions qui le justifient mais au quotidien c'est ainsi que je fonctionne de la manière la plus efficace"), en la persuadant d'avance que ce sera incompris, pas respecté, mal vu, critiqué, reproché... etc
Bref, cette petite voix que nous entendons toutes nous fatigue, nous décourage, nous enferme. Elle nous incite à douter de nos capacités, nous pousse à rester passives au lieu d'actionner les leviers que nous avons à disposition.
Enfin, elle tue dans l’œuf notre capacité à explorer d’autres territoires, à sortir de nos sentiers battus, voire même à ouvrir la voie à d'autres en remettant en cause de soi-disant fatalités.


    9. L'obligation d'assumer un choix parfait

Si il y a bien un point sur lequel les discussions de benchmark m'ont aidée à avancer, c'est en me permettant de réaliser que la solution parfaite n'existe pas. Les allemands ont un chouette terme pour cela : "die eierlegende Wollmilchsau" (littéralement: la truie laineuse laitière pondant des œufs). Comme vu en point 4 ici, l'équilibre parfait et permanent n'existe pas, la vraie vie sera plutôt constituée de déséquilibres, le tout étant de s'arranger, autant que possible, pour que ces déséquilibres soient tenables / pas trop importants.

C'est une vérité qu'il vaut mieux regarder le plus tôt possible en face, car son corollaire à son importance :
  • non seulement la quête de la perfection absolue est inutile (pas la peine donc de se remettre en question dès le moindre couac, puisque celui-ci n'est pas forcément le signe qu'il faut tout remettre à plat)
  • mais surtout on a le droit de trouver son équilibre, tout choisi qu'il soit, difficile.
On a le droit de le trouver difficile, donc on a le droit de se plaindre des points négatifs dudit équilibre.
Si si.
C'est autorisé.
Oui oui oui oui oui.
Farpaitement môssieur Astérix


Oui, maman au foyer, même si "c'est toi qui l'as voulu",
  • tu as le droit de  trouver que, quand même, parfois, voire plus souvent que parfois, tes enfants sont RE-LOUS. 
  • Et même si tu as décidé de vouloir être beaucoup avec eux, tu as le droit de dire que parfois, tu aimerais du temps tranquille. 
  • Et même si c'est librement que tu as décidé de mettre ta vie pro entre parenthèses, il est légitime de faire remarquer à ton interlocuteur que le fait d'être automatiquement ravalée au rang de neuneu dans les dîners en ville te pèse.


Oui, maman-vie-pro, même si "c'est toi qui l'as voulu", tu as le droit de trouver et clamer
  • que franchement, gérer de front boulot et enfants c'est compliqué (surtout si chose rarissime ils sont malades et que tu dois faire bonne figure en réunion alors que tu t'es levée 5 fois cette nuit - toute ressemblance avec une situation réelle et très très récente n'est pas fortuite)
  • que tes collègues ne sont pas arrangeants, 
  • le rythme du monde du travail vraiment pas adapté, 
  • ton mode de garde vraiment pas souple, bref.

Quel que soit ton choix, chère maman, tu as le droit de ressentir toutes les émotions contradictoires et pas toujours ro-roses que ce choix et le fait de le vivre au quotidien font naître en toi. Tu as le droit de les ressentir, ET de les exprimer, voilà.
Parce que cette interdiction de se plaindre constitue un obstacle à part entière sur la voie vers le bon (dés)équilibre. Assumer sans rien dire, c'est
1. te bouffer, toi, c'est-à-dire te priver d'une soupape tout à fait saine (et par là-même, risquer que tes émotions ne se cherchent un autre vecteur d'expression....)
2. entretenir tes congénères dans l'illusion que, toi, tu as du trouver l'équilibre parfait, donc qu'elles ont un problème si leur équilibre n'est pas parfait
3. te fermer la porte à des suggestions pouvant t'aider, ou des propositions de soutien.
Il ne s'agit pas de te transformer en râleuse de compèt, mais tu n'as pas besoin de vivre ton quotidien avec un sourire Colgate collé en permanence sur ta jolie frimousse.

D'autant qu'en exprimant ces émotions, tu fais encore un super job de maman : tu montres à tes enfants
  • que la vie, c'est aussi des trucs pas roses, 
  • que tout choix a des conséquences qui peuvent être mitigées, 
  • que faire un choix c'est en porter les conséquences, pas les nier, 
  • et qu'une émotion, ça s'accepte et ça se dit.
C'est-y-pas une chouette leçon de vie, ça ? Bravo.

    10. L'obligation d'assumer seule

Poussons un peu plus loin: non seulement il est bon pour notre équilibre de nous autoriser à nous plaindre, mais en plus nous avons l'interdiction de vouloir assumer notre (dés)équilibre seule.
Car cette pression interne qui nous pousse à vouloir assumer seule et nous fait croire que nous détenons le monopole de la problématique d'équilibre / de la gestion des enfants, c'est notre 10ème et dernier obstacle.
C'est pourquoi : Wonder Woman, dehors!

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La question de l'équilibre, d'abord, se partage avec Monsieur. On a trop souvent tendance à en faire une préoccupation uniquement féminine, et très souvent en effet, la seule qui revoit (ou est incitée à revoir) sa manière de travailler une fois le couple devenu parents, c'est madame.
C'est bien dommage.
D'abord parce que pouvoir répartir sur deux paires d'épaules les absences liées à maladie, l'arrivée plus tardive / départ plus tôt pour cause de déposage / cherchage d'enfants, c'est bien plus confortable, et plus épanouissant.
Personnellement, du temps de F., quand je me retrouvais impliquée au dernier moment dans une grosse (et tardive) réunion sur un sujet passionnant, il m'était beaucoup plus facile de me passionner pour ledit sujet, donc d'en tirer toute la stimulation intellectuelle que je venais chercher au boulot, quand je savais que ma participation à cette réunion ne signifiait pas que F. allait longtemps attendre sa maman chez la nounou, mais tout simplement que, Monsieur Bout s'arrangeant du coup pour sortir plus tôt, F. était bien au chaud chez nous, pour une soirée "entre hommes" avec son père.
Cette expérience de détente, de partage du poids de la gestion, et donc de meilleure capacité à goûter l'aspect pro a également été mon expérience pendant notre court épisode de Papazofoyer.

Ensuite parce que ça permet à monsieur de tisser lui aussi des liens particuliers avec sa progéniture, et de renforcer son sentiment de compétence : être indispensable à son enfant, c'est très valorisant pour nous mesdames, mais ça peut aussi exclure un papa.... et le rendre d'autant moins capable de nous aider. C'est en particulier un piège possible dans une constellation maman-au-foyer / papa-travaille : la fabrication d'un incompétent plus ou moins total au niveau domestique.


Outre le papa, on a le droit et le devoir de recourir aux aides suivantes, comme elles se présentent (on peut aussi les solliciter)
  • l'entourage familial (chez nous les grands-parents sont loin, mais même pour une ou deux fois par an, c'est toujours ça!)
  • les solutions de garde diverses et variées : nounou, garderie, garde à domicile, babysitter. Oui il y a un coût, mais aussi beaucoup de manières de le financer. Une copine à moi échangeait du soutien d'anglais contre des heures de babysitting par exemple.
  • les aides ménagères: idem, ça a un coût, mais si cela aide les parents travaillant à profiter de leur progéniture au lieu de passer leur temps-maison à récurer les cuivres, c'est un investissement rentable, non? Quant aux mamans au foyer, ne serait-ce que sous-traiter la partie du ménage qui vous embête le plus n'est pas "être une grosse feignasse", c'est vous offrir une petite respiration. Là encore ça peut valoir de torturer un peu le fichier Excel du budget, il pourrait finir par avouer qu'en fait, ça passe.
  • les voisins et amis serviables: un début de soirée pas plus tard qu'en fin de semaine, ma charmante voisine du dessus est venue taper la causette puis a proposé à F. de monter un peu chez elle; il y a passé 3/4 d'heures (à actionner tous leurs interrupteurs de volets et de lumières) passionnants, et moi j'ai pu ainsi apprécier le luxe rare de quelques moments en tête à tête avec la Bébounette, préparer le dîner tranquillement, et même m'asseoir quelques minutes dans mon canapé. La même voisine m'a proposé du même coup de venir m'aider pour les bains un soir par semaine. Je suis tentée...

Pour résumer, certaines d'entre vous auront lu le bouquin de Charlotte Poussin "Apprends-moi à faire seul - la pédagogie Montessori expliquée aux parents". Eh bien il s'agit de suivre l'exact inverse. Mettons notre amour-propre dans notre poche. Pour ne pas crever en route, apprenons à ne pas faire seules...

Un seul mot d'ordre : nous ouvrir des possibilités et alléger la pression en la partageant!



Voilà pour ce tour d'horizon des principaux obstacles que j'ai identifiés sur mon chemin. Hélas, les identifier ne m'empêche pas de tomber régulièrement dans le panneau, mais aide à prendre du recul et à avancer, cahin-caha, certes, mais avancer tout de même!  
(personnellement, j'ai mis du temps à me défaire du n°1 - injonctions du milieu social -, et j'ai réalisé assez lentement que le n°4 supposait que je n'avais pas à choisir une solution "pour toujours" / que ce n'était pas parce que j'avais envie d'être au foyer un long moment que ce devait être tout de suite; les n°7 et 9 sont ceux qui résistent le mieux à mes actions d'éradication... Ils reviennent régulièrement pointer leur vilaine petite tête. Ouh qu'ils sont vicieux!)


Et vous, quels sont les obstacles qui vous menacent le plus ?

mercredi 24 février 2016

Allaitement - je suis une Petite Joueuse

Je me suis sans doute déjà lamentée exprimée sur le sujet: en ce moment, j'ai la crève.
(teuff teuff rha, mouch)

Et cela me permet de réaliser à quel point, bien qu'ayant allaité F. 13 mois, et E. 9 mois déjà (snif!), je suis une petite joueuse.

Mon Diplome

Je ne fais même pas allusion au fait que par comparaison avec des allaitantes au très long cours, je n'ai fait ni l'expérience de l'allaitement-pendant-la-grossesse, ni celle du co-allaitement par exemple.

Non; mais je réalise à quel point la poursuite de l'allaitement a été favorisée par le peu d'effets négatifs collatéraux que j'ai eu à gérer

L'allaitement-sans-peine, quoi.


    1. Jamais malade 

Jusqu'à tout récemment...[soupir] je n'avais jamais eu de bonne grosse crève en allaitant. 
Donc je n'avais jamais été confrontée au fait de voir ladite bonne crève se prolonger plus longtemps que nécessaire (et franchement, le nécessaire il est tout tout petit, hein) faute de pouvoir la traiter violemment énergiquement efficacement.
Maintenant que je suis en plein dedans, je m'éclate à lire les notices de tout ce dont je bourre le reste de la maisonnée et qui me demeure interdit, et prends conscience de la chance qui fût la mienne.

   2. Jamais mordue

Au bout de quelques mois d'allaitement de F., quand les choses semblaient bien installées et que je continuais tranquillement en mode "encore un peu, puis on verra", une épée de Damoclès planait quand même sur l'avenir de notre relation lactée : l'arrivée des dents. Je n'étais pas bien sûre de souhaiter continuer à allaiter une fois que ma blanche poitrine risquerait de faire l'objet d'un remake des Dents de la Mer
Et puis le Bébou a résolu le dilemme de la manière la plus simple qui soit: il a sorti sa première dent à 13 mois. 
Si si. 
Plus précisément : cette première dent est sortie exactement 48h après sa dernière tétée, et il lui en a rajouté deux supplémentaires dans les jours qui ont suivi.

Pour le moment, la Bébounette suit le même chemin: elle aussi semble considérer les dents comme des accessoires totalement superflus dans lesquels il n'est pas du tout rentable d'investir pour le moment. 
Ça me va! 
Ceci dit, comme j'ai l'intention, si les vents ne me sont point trop contraires, de l'allaiter un peu plus longtemps que son frère (puisqu'en tous cas je n'ai pas les mêmes raisons d'arrêter), je ne peux peut-être pas compter être épargnée jusqu'au bout. Mumpf. We'll cross the bridge when we come to it, disent les Anglais (excellent proverbe pour se rappeler de la concordance des temps dans le futur, au passage). Mais peut-être, comme cela a été le cas pour l'allaitement au boulot / la gestion d'un open space, vais-je devoir passer au niveau 2...

   3. Même pas mal (ou presque)

Mes débuts avec F. peuvent être qualifiés d'absolument sans douleur. Peut-être est-ce lié au fait que, ayant du commencer par utiliser un tire-lait avant que le Bébou ne devienne capable de téter directement, ma poitrine a pu se faire progressivement à cette nouvelle sollicitation? 
Simple hypothèse, mais il n'en demeure pas moins que mon premier allaitement = 0 crevasse. 
Et un seul engorgement parce que devant passer une IRM avant d'avoir le droit de quitter la maternité, j'avais anticipé une éventuelle intoxication de mon lait par le produit réfléchitruc, là, en stimulant à mort avant pour avoir les stocks nécessaires pour tenir jusqu'à ce que mon lait redevienne bon.

Pour E., j'ai eu droit à une semaine un peu douloureuse et franchement, j'ai pas adoré; là encore, me serais-je découragée si j'avais été confrontée à cet inconvénient dès mes premiers pas d'allaitante? En tous cas, lesdites mini-crevasses sont restées quand même très raisonnables au regard de ce qu'endurent certaines mamans. Et, hormis, un engorgement monumental à J+5 parce que la miss avait décidé de faire sa première nuit dès son 4ème jour de vie, c'est-à-dire alors que ma montée de lait battait encore son plein, ce fut tout.
Pas de quoi fouetter un chat!

   4. Jamais frustrée gastronomiquement

Il y a l'alcool
je ne suis pas une grosse fan d'alcool (comprendre : je n'aime tout simplement pas la plupart des boissons alcoolisées); concernant les alcools qui me plaisent, je les consomme rarement et modérément en temps normal. Alors, du fait de l'espacement rapide des tétées des Bébous, je me suis permis d'en ingurgiter un verre par ci par là sans trop de scrupules quand l'occasion se présentait.

Il y a les aliments à goût bizarre qui font que certains bébés vont refuser de téter dans les heures suivant leur ingestion par la maman : 
je ne connais cet inconvénient que par ouï-dire, pour tout vous dire c'est la lecture récente d'un article sur un chouette blog tout juste découvert qui a rappelé ce point à ma mémoire défaillante. J'ai mangé et je mange n'importe quoi, épicé, chou, machin, sans scrupules là aussi, et surtout : sans dommage!

Il y a les allergies du bébé, obligeant la maman à un régime strict, très strict, voire carrément paranoïaque d'éviction des [de toutes les.... (Clotilde, je pense à toi!)] substances allergènes (gluten, lait de vache, poisson, œufs, etc) dont le passage dans le lait provoquent des souffrances chez son petit bout . 
Là encore, épargnée.

Et franchement, quand on connaît mon rapport à la bouffe, on mesure à quel point la poursuite de l'allaitement aurait pu être menacée si ma capacité à manger ce que j'aime avait été impactée par l'allaitement.

    5. Pas monopolisée

Pour beaucoup, allaiter est synonyme d'avoir son enfant vissé au sein en quasi-permanence, ou en tous cas d'être immobilisée à intervalles très fréquents. Ce qui peut se révéler un peu handicapant / fatigant / difficile à gérer de front avec d'autres occupations, à la longue... Surtout quand on peut être sollicitée à n'importe quel moment, et que donc l'allaitement nous place et nous maintient en état d'alerte permanent sans trop nous permettre de prévoir grand chose.

Avec des bébés espaçant leurs repas très rapidement, pour arriver prestement à un rythme à 4 puis même 3 repas, et qui plus est avec des horaires globalement réguliers donc prévisibles, les effets perturbateurs de l'allaitement sur l'organisation de mes journées deviennent vite assez minimes.


   6. Jamais à court

Certaines femmes ont besoin de tétées fréquentes pour que la production de lait soit suffisamment stimulée; si les repas s'espacent / diminuent en quantité, la production tarit complètement.
Ce n'est pas mon cas, mon corps s'est adapté à chaque changement de rythme, puis aux suppressions progressives de tétées au fur et à mesure que je substituais à mon lait d'autres aliments (yaourts, fromage, etc), et a maintenu la production des repas encore nécessités.
Cela m'a permis une diminution très progressive de la dépendance laitière de F. à mon égard, sans logique du "tout ou rien".

    7. Facilement libérée - délivrée (la la laaa)

Rapport très cordial avec mon tire-lait
+
Acceptation assez facile, par les Bébous, du biberon :
- pas de confusion sein-tétine
- pour la Bébounette il a fallu expérimenter un peu avant de réaliser que les seules tétines qu'elle acceptait étaient tout bonnement celles fournies avec le tire-lait.
=> une Gwen vite en mesure, pour peu qu'elle le souhaite, de confier l'enfant à son père ou une autre personne de confiance pour une après-midi ou une soirée, pour profiter de quelques heures de liberté, dans des lieux pas forcément faits pour y emmener un bébé, avant de revenir bien vite serrer ledit bébé chéri dans ses bras.

Et voilà,... en commençant ce billet je ne m'attendais même pas à aboutir à une liste aussi longue de facteurs bien triviaux mais qui contribuent à faciliter énormément la poursuite de l'allaitement, et qui ne sont pas donnés à tout le monde.
Je savoure doublement ma chance. Merci Marraine la Bonne Fée ;-)

mardi 23 février 2016

10 obstacles à la construction de notre Equilibre Vie Pro / Vie Familiale (3/4)


1ère partie ici
2ème partie



    7. La méconnaissance de soi


Si le bon choix doit prendre en compte nos vrais besoins, si donc faire le bon choix est une démarche de vérité, c'est se connaître, soi, en vérité, qui devient notre premier objectif.
Et cette vérité ne se trouve pas à l'extérieur,
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  • dans notre milieu (dont les injonctions nous poussent à nier notre propre besoin, puisque "c'est comme ça qu'il faut faire, point"), 
  • dans le regard des autres, même et surtout leur approbation est un piège! je me souviens, du temps où je cherchais la première nounou de F., avoir été très mal à l'aise que l'une des postulantes ose me dire qu'elle pensait que j'étais une bonne maman. Qu'elle se pose en juge..., 
  • dans le choix des autres. 
  • Cette vérité n'est pas universelle, 
  • elle n'est pas permanente, 
parce que cette vérité est en nous. Et que nous sommes unique, et en changement permanent.

Il est donc capital de prendre le temps de réfléchir à ce qui nous importe, et de ne pas se laisser brouiller la vue par les projections des autres ou les rêves que nous entretenons.
Oui, nous avons peut-être toujours eu cette image rêvée de la Super Woman à la tête d'une multinationale, mais est-ce vraiment ce qui nous épanouit, dans les faits? Vivre dans l'avion et bouffer tous les soirs à l'hôtel, ça a un petit côté glamour mais, je parle d'expérience, une fois la nouveauté passée ça ne nourrit pas forcément beaucoup.
On peut avoir passé son enfance à s'identifier à Maman Ingalls dans la Petite Maison dans la Prairie, pour devoir réaliser à l'âge adulte que s'occuper de ses enfants et de ses poules dans une maison à la campagne n'est pas, pour nous, source d'une grande joie de vivre. Et si nos enfants ne nous observent pas heureux, de qui apprendront-ils à l'être?


La question de l'équilibre pro constitue donc, à mes yeux, un enjeu fondamental d'orientation.

Je pars du principe qu'il s'agit d'un choix pro, au moins aussi légitime qu'un autre, et que de la même manière qu'un fils de médecin doit s'interroger sur ce qui le pousse à faire (ou ne surtout pas faire) médecine, nous avons le devoir de nous interroger sur ce que nous voulons vraiment, et pourquoi.

Car au même titre qu'une orientation professionnelle "lambda" (et Dieu sait si j'en rencontre, des "mésorientés" pro, dans le cadre de mon boulot), la connaissance de nous nécessitée pour nos choix d'équilibre pro est menacée par les écueils suivants:
  • les voies privilégiées: selon les familles, il sera impensable que mademoiselle envisage de travailler / ne  pas travailler, ou vise des postes à responsabilités, ou restreigne au contraire ses ambitions.
  • l'enfermement dans une catégorie 
    • "je suis une fille donc une fac de lettres sans avoir réfléchi aux débouchés possibles derrière, ce sera bien suffisant. Ca me cultivera et m'aidera pour soutenir mes enfants à l'école derrière. Si par le plus grand des hasards j'ai un jour besoin de travailler je pourrai toujours faire du secrétariat". 
    • "je suis manuelle donc je m'épanouirai merveilleusement entre cuisine et broderie" 
    • "je suis une battante donc je dois monter plus haut que tout le monde" 
    • "Je suis un mec donc pourquoi intègrerais-je la dimension "disponibilité" quand j'ai à choisir entre deux opportunités pro?"...  Quant à demander un temps partiel ou prendre un congé parental, fi!
  • la mise sur des rails automatique
    • il y a le traditionnel "bon en classe donc filière S, bon en S donc prépa, prépa donc école d'ingénieurs": et voilà comment on sort ingénieur sans jamais s'être assuré de ce que faisait un ingénieur.... "mais bon à 25 ans je ne vais pas abandonner une situation stable pour recommencer à 0 non plus" 
    • qui, au niveau pro/perso, se retrouve dans le "j'ai rencontré mon mari jeune et il bossait déjà donc je me suis mariée sans attendre d'avoir terminé mes études, comme nous avions de quoi vivre nous nous étions dit qu'il n'y avait pas de raison d'attendre pour avoir notre premier enfant, dont la naissance est venue écourter mon stage de fin d'études, ensuite nous ne souhaitions pas forcément un gros écart d'âges donc je n'ai pas travaillé entre les deux, tant qu'à faire nous avons fait un numéro 3 puis ensuite j'ai réalisé que j'avais besoin de bosser à l'extérieur, mais avec mon diplôme qui n'avait jamais servi, je ne faisais plus rêver les recruteurs; et puis nous n'avons pas besoin de cela pour vivre et ce n'est pas le moment de reprendre une formation complémentaire" 
  • l'enfermement dans un projet qui ne nous correspond plus : aujourd'hui l'orientation choisie tout jeune est bien souvent revue en cours de carrière, et les reconversions pro se multiplient. Pourquoi se priver de cette liberté et ne pas en faire bénéficier la sphère perso? Alors oui, j'estime capital de discuter de l'équilibre vie pro et vie perso avant de s'engager avec son conjoint. Mais les points de vue partagés lors de ces discussions ne constituent pas un "contrat", on a le droit de changer d'avis... 
    • Personnellement, en épousant Monsieur Bout je m'imaginais volontiers bossant à fond jusqu'à la naissance de 3 enfants ("parce que les premières années des enfants... bof, l'âge bébé ce n'est pas ce qu'il y a de plus intéressant, je ne pense pas que j'aurai envie de passer tant de temps que ça avec eux" oui oui oui, c'est bien moi que je cite!), puis at home entièrement une fois les aînés scolarisés. Ce qui laissait la voie libre à Monsieur pour s'investir comme il le souhaitait au niveau pro. J'écris cela, et je glousse souris avec nostalgie... 
    • Oui, mon évolution progressive (j'adore mes bébés!) a chamboulé nos plans initiaux, ce qui est un peu dérangeant pour les deux parties en présence, certes. Cependant l'admettre nous permet de construire des solutions qui conviennent à la Madame Bout de maintenant, pas à celle, disparue, d'il y a quelques années. Réfléchir à l'auto-entrepreneuriat, par exemple.... une hypothèse dont j'étais à 1000 lieues il y a encore 2 ou 3 ans!
    • à titre personnel, je tique toujours un peu quand j'entends la phrase "depuis tout petit j'ai toujours voulu...." je perçois directement le risque du projet pas "réactualisé"! (c'est un risque, hein, pas un automatisme ;-) ) 
  • la place donnée à l'argent dans le choix 
    • entre mépris total pour cette basse considération : "un salaire est largement suffisant, vivre à 6 dans 60 m² c'est pas bien gênant quand on s'aime", 
    • et mise au top des priorités : "vivre avec un seul salaire mais tu n'y penses pas, comment pourrait-on offrir aux enfants les stages d'équitation et les voyages nécessaires à leur bon développement?"

C'est là où me vient en aide mon obsession réflexe du benchmark, dont je vous parlais déjà au point 3 de ma première partie...
Dans ma vie pro, benchmarker est un des conseils que je donne à toute personne souhaitant prendre du recul sur elle-même et réfléchir à la direction qu'elle veut donner à sa vie professionnelle. Il s'agit d'aller activement rechercher et rencontrer d'autres personnes dont les activités peuvent de près ou de très loin la concerner, leur poser mille questions sur ce qu'elles vivent, comment elles le vivent, pourquoi, ce qui les aide, ce qui les gêne.
Et c'est un conseil que je trouve particulièrement pertinent pour les choix pro/perso.
Tu es femme au foyer ?
Oh, tu m'intéresses. Qu'est-ce qui te plaît, qu'est-ce que tu trouves plus dur à vivre, comment y trouves-tu ton carburant, quelles sont tes stratégies pour que malgré les aspects négatifs cela te convienne quand même?

Tu bosses à plein temps ?
Tu bosses à mi-temps?
Tu bosses en télétravail ?
Tu alternes périodes de congé parental et périodes à fond?
Tu as changé d'activité pour être plus dispo, oh mais tu fais quoi d'ailleurs?
Tu bosses from home?
Tu as monté ta boîte?
Mêmes questions....
(oui, je suis relou. Si vous me rencontrez lors d'un dîner, un seul conseil: FUYEZ. J'ai un passé dans la PJ - ou presque - les interrogatoires, ça me connaît)

Autant de situations différentes qu'il s'agit de digérer, laisser fondre sous la langue, presque, pour repérer ce qu'elles éveillent en nous, ce qu'elles viennent nous révéler sur ce qui nous, nous anime.

suite et fin ici

lundi 22 février 2016

10 obstacles à la construction de notre Equilibre Vie Pro / Vie Familiale (2/4)


Suite de la réflexion amorcée ici
et qui se poursuit finalement sur 4 billets afin de vous éviter l'ingurgitation d'un pavé indigeste...

après avoir repéré les obstacles extérieurs, démasquons ceux qui sont en nous.


    6. Le fameux "esprit de sacrifice"

Un des aspects de la question du choix pro est de savoir : pour qui est fait ce choix?

De mon point de vue, il est clair que la présence au quotidien des parents / de la mère, est profitable au développement physique, intellectuel, émotionnel des enfants.

Mais je me permets deux remarques:

« la présence au quotidien » : oui...
mais quelle quantité de présence ? 
Ayant pas mal d'attaches en Allemagne, je "fréquente par procuration" certains auteurs, qui vont jusqu’à dire que toute absence maternelle (y compris de quelques heures) jusqu’aux deux ans de l’enfant lui cause des dommages neurologiques irréparables…. Je trouve cela très extrême et j’aurais plutôt tendance à penser qu’il y a un seuil minimum à ne pas franchir, en deçà duquel l’enfant pâtit vraiment de l’absence de sa mère, puis un espace où plus la mère est présente, mieux c’est, mais qu’une présence à 100% n’apporte rien de déterminant par rapport à une présence « la majorité du temps ».

« la mère » : oui...
mais quelle mère ? une mère épuisée, frustrée?
Il ne s'agit pas de sombrer dans ce lieu-commun du temps de qualité, concept bien volontiers détourné pour donner bonne conscience à des parents très très absents, qui se répèteront que passer un jour à Disneyland tous les mois (temps forcément de qualité, vu l'argent dépensé) vaut tout autant voire davantage que des weekends à se promener en forêt et à jouer sur le tapis avec leurs enfants.
Mais effectivement, "plus" d'un temps passé avec des parents pas à l'écoute, excédés, peu patients, élevant la voix facilement voire tentés de recourir à des tapes et autres pour faire "entendre raison" à des enfants mettant leurs nerfs à rude épreuve... ne me semble pas forcément très favorable, ni au développement de l'enfant, ni au développement de relations harmonieuses avec ses parents, et les deux sont liés.

En somme, face à l'idée que "les enfants, c'est beaucoup de sacrifices", je dis "méfiance".
Oui, dans les faits, on sacrifie beaucoup à ses enfants. Beaucoup de confort, beaucoup de superflu. On grandit, on "s'élève soi-même".
Mais on a le devoir de respecter ses propres limites. On ne peut ni de doit sacrifier à ses enfants ce qui nous est essentiel.

C'est pourquoi je me suis tout à fait retrouvée dans l'article de Lise Isa ainsi que dans la hiérarchie des priorités reprise par Clotilde chez Holly Pierlot : à mes yeux, il est nécessaire de savoir écouter ses propres besoins pour être un bon parent (bon parent, "suffisamment bon", pour reprendre le concept libérateur de Winnicott, c'est-à-dire pas parfait. Parfait, on oublie. Ça ratera de toute manière, donc autant faire une croix dessus d'office, comme ça on avance).


Être en accord avec ses propres besoins pour pouvoir être à l'écoute de ceux des autres.
Un "charité bien ordonnée commence par soi-même" qui n'est pas égoïste. 
  • Il ne s'agit pas de faire passer sa moindre envie en premier. Oui j'aimerais beaucoup, aujourd'hui, rester au lit au lieu de filer son petit déj à F.... mais bon, je vais quand même me lever. 
  • En revanche, si je réalise que j'aurais besoin d'une grasse mat' de temps en temps, comment puis-je l'organiser?
(pour approfondir cette réflexion sur la compatibilité entre besoins des parents et des enfants)

Je suis très attentive à ce point, notamment dans mes efforts pour accueillir les comportements de F. et de E. avec bienveillance, car comment ne pas réagir avec exaspération à la moindre humeur de ses enfants quand soi-même on ne s'autorise pas à ressentir son besoin?

Afficher l'image d'origineJe perçois bien ma sensibilité à ce sujet... C'est ce qui explique en ce moment la "prudence" que soulignait Clotilde chez moi en commentaire de cet article, c'est-à-dire ma réticence véritable à "sauter le pas" / couper le cordon qui me relie au monde de l'entreprise : si je coupe ce cordon qui m'alimente beaucoup, aurai-je toujours le carburant nécessaire à être la maman que je souhaite être?

Je suis suffisamment souvent témoin, chez moi comme chez les autres, de situations où la réaction de l'adulte aux agissements de son enfant est disproportionnée, incontrôlée parce qu'elle exprime bien autre chose. Sur ce point j'ai vraiment eu le sentiment que la lecture d'Isabelle Filliozat m'ouvrait les yeux.
Ne pas faire de mes enfants des soupapes, exige d'être vraie avec moi-même, et de m'avouer :
  • j'ai besoin d'aller travailler pour telle ou telle raison, 
  • j'ai besoin de ne pas aller travailler pour telle ou telle autre, 
  • j'ai besoin de moduler mon activité de telle manière parce que...
Les raisons en question peuvent-être multiples, j'y reviendrai dans un autre article [edit : ici]. L'essentiel à mes yeux est de ne pas évacuer ses questions, ce que les facteurs externes abordés en première partie nous incitent pourtant à faire en prétendant y répondre à notre place, une fois pour toutes.

Faire le bon choix, c'est une démarche responsable, une démarche de vérité.

obstacle n°7
obstacles n° 8-9-10

dimanche 21 février 2016

Arbre des causes

Après une série de nuits de la loose...
Est-ce 
  1. le Doliprane
  2. le suppositoire
  3. les litres de physiomer (j'avoue : jusqu'à présent, j'avais toujours estimé que le bête sérum phy suffirait; mais hier, suite à un conseil d'amie, j'ai craqué. Je suis donc rentrée de la pharmacie avec entre autres, deux bouteilles du machin. Bien m'en a pris : F. se laisse quasiment faire, la Bébounette se débat un peu moins. Dans notre état de déliquescence avancée, chaque bricole compte)
  4. le L 52
  5. les granules homéopathiques
  6. le fait d'avoir fait dormir le Bébou la tête surélevée : un truc dont je n'avais jamais entendu parler mais vu que deux copines + ma maman m'ont donné ce conseil en l'espace d'une heure, j'étais ptet la seule ? Comme il déteste les oreillers, je les ai calés sous le matelas (merci de l'astuce, A. !) et c'est passé comme une lettre à la Poste.

... mais nous n'avons pas été réveillés cette nuit.

 Pas    une    seule    fois. 


C'est ma vessie qui m'a sortie du sommeil à 7h50, et j'ai maudit l'allaitement et les litres de flotte que j'ingère la répartition des pièces de notre appartement, qui case les deux WC à côté des chambres d'enfants... Mais même réveillé, au lieu de hurler, F., mieux reposé évidemment, a lu sur son lit pendant une bonne heure.

Rha, et voici comment j'ai renoué avec l'humanité. Surtout que m'étant appliqué à moi-même le conseil de dormir la tête surélevée, mon propre sommeil a lui aussi été meilleur.

Je reprends espoir. Programme minimum aujourd'hui, quand même, et pas de messe, car autant notre paroisse est chaleureuse, autant notre église est glaciale...

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vendredi 19 février 2016

Première fois

Jusqu'à hier, aux personnes qui me demandaient d'un air compatissant "pas trop dur, d'être passés d'une maison à un appartement?", je répondais d'un air soulagé et surpris (je n'en menais pas large au moment du déménagement il y a un peu plus d'un an) "en fait non", et je pouvais évoquer
  • le parc juste sous nos fenêtres (parc, pas juste square : il y a des vrais arbres, des vraies pelouses, plusieurs chemins, bref la folie), qui nous dédommage pas mal de la perte de notre jardin ...ou entièrement, si on prend le point de vue d'un Monsieur Bout ravi d'avoir "son jardin" entretenu par quelqu'un d'autre que lui-même
  • notre adorable voisine de palier, qui nous avait fait l'article de l'appartement lors de sa visite, et qui en réponse à mon "mais avec deux petits, il y aura du bruit..."  m'avait rétorqué "pas du bruit, de la vie!"
  • nos charmants voisins du dessus, qui nous avaient accueillis avec un bouquet de tulipes dès notre première semaine (!), nous invitent régulièrement, et dont je squatte parfois même le sèche-linge quand je rate ma chaîne logistique couches-lavablesque
  • etc...
Mais ça, c'était avant.
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Première maladie des Bouts depuis notre emménagement = plusieurs nuits d'affilée que je me lève un certain nombre de fois, mais j'arrive toujours à calmer rapidement l'enfant concerné. Lui se rendort vite, moi...
Ce matin, le Bébou a décidé à 5h qu'il était hors de question qu'il dorme; je l'ai calmé; rebelote à 5h 30, ... Pas moyen de le calmer.
Niveau sonore finissant par réveiller la Bébounette dormant dans la chambre à côté
6h : en désespoir de cause, tétée de la Bébounette sur fond de hurlements (hummmmm)
Monsieur Bout étant coincé sous la douche bicoz boulot bicoz réunions importantes tot le matin etc...


Premier coup de sonnette de la voisine d'en dessous venue m'expliquer, vers 10h, que vraiment elle avait passé une nuit terrible (sans blague ? Ma pauvre, moi c'était chouette) que ce n'était pas possible, vraiment, que sa chambre était sous celle de F. donc non il fallait penser à revoir la répartition des pièces (si si) et emmener mon enfant jouer ailleurs pour le calmer (ô concept novateur).

Voisine dont, incidemment, la place de parking jouxte la nôtre et qui n'est pas fichue de se garer correctement (oui je sais nos places sont étroites, oui je sais, y a des gens nuls en créneau, j'en fais partie. Mais je me gare en 10 fois au besoin pour ne pas DÉBORDER). Ce qui notamment hier et avant-hier m'a valu de mettre 5 bonnes minutes à caser/sortir le Bébou de son siège auto (et même sans siège auto, une personne normale ne passerait pas non plus), et de récolter au passage un certain nombre de bleus.
Mais je n'étais jamais allée sonner....


Bref, nuit pourave oblige, j'en avais les larmes aux yeux.
La matinée a été aussi pourave que la nuit, manque de sommeil et maladie des participants obligent. J'ai du reporter notre RDV IEF, remettre à une autre fois la visite à la bibliothèque.
C'est pourquoi je termine de cracher mon venin sur la toile, mets la miss à la sieste (F. dort déjà, ouf....) et je vais me rouler en boule sous ma couette. Pour longtemps j'espère.

mercredi 17 février 2016

Ode à mon Tire-Lait

Introduction des yaourts (au lait de brebis, miam) cette semaine chez la Bébounette.
Des yaourts qui vont bientôt venir se substituer totalement à mon lait pour la tétée du dejeuner. Subsisteront la tétée du petit déj (laquelle constitue d’ailleurs encore le ptit déj dans son ensemble) et la tétée du dîner, ce qui signifie que je n’aurai plus besoin de tirer au travail

Ma relation avec mon tire-lait va donc devenir plus lâche, le recours à cette machine plus occasionnel.
> Un peu de soulagement (c’est de la logistique en moins, youpi)
> Mais aussi de la nostalgie !

Beaucoup de femmes ont du mal avec leur tire-lait, elles se sentent mal à l’aise avec cet ustensile, évitent d’y avoir recours….  Ce n'est pas mon cas, et la lecture du billet de Poison Darling sur ses premières tétées m’a replongée fort à propos dans mes souvenirs de débuts d’allaitement, en venant me rappeler les origines de mon amour inconditionnel du tire-lait.



Fondamentalement, si on part du principe que les premières tétées post-accouchement scellent un lien très fort entre les deux parties prenantes, il n’est pas étonnant que je sois à ce point copine avec mon tire-lait.

En effet, je ne garde de la toute première tétée de F. qu’un souvenir très fugitif : une grosse heure après la césarienne, 
  • un bébé tout petit, choqué d’avoir été expulsé manu militari d’un ventre dont il n’avait pas demandé à sortir, et épuisé par les efforts faits pour téter son père pendant l’heure qu’il avait passée en peau à peau contre lui pendant qu’on s’occupait de moi, 
  • et une maman encore sous le coup du choc de la césarienne, à moitié assommée par la rachianesthésie, et à l’esprit déjà bien embrumé par les signes avant-coureurs de l’éclampsie qui n’allait pas tarder à l’expédier en réanimation. 
  • Quelques efforts bien maladroits et peu fructueux, bien que soutenus par l’équipe médicale, et vite abrégés au vue de l’état des participants.

Césarienne puis 3 jours passés en réanimation (sans bébé, bien au chaud en néonat avec son père)… qu’on se l’avoue, ce n’est pas forcément la combinaison gagnante pour démarrer l’allaitement.

Et pourtant! 

Cher TireLait,

Je garderai toujours en mémoire (et dans mon cœur) ton arrivée dans ma chambre de réa, porté par une sage-femme. Gros machin bleu, tu me fus présenté avec ces mots « il paraît que vous tenez à allaiter, alors je vais vous montrer comment utiliser ce tire-lait, vous allez vous en servir au minimum toutes les 3h, vous jetterez le lait ainsi obtenu car pour le moment vous avez trop de cochonneries dans vos perfusions, mais on va faire le maximum pour que d’ici quelques jours, ce soit vous qui nourrissiez votre bébé ».
Elle m’avait prévenue que tu ne réussirais rien à extraire au départ, et elle avait raison. Mais je n’avais pas grand-chose à faire en réa à part dormir puisque manger m’était encore interdit, et que je n’avais pas trop la forme pour quoi que ce soit d’autre. Je me mis donc à passer le temps normalement dévolu, par une jeune accouchée, au peau à peau avec son bébé tout neuf, à faire du téterelle-à-sein avec toi.

Merci de m’avoir encouragée en réussissant, dès les premières fois, à faire perler quelques petits millilitres blanchâtres au fond du petit biberon
Merci de m’avoir offert ma première montée de lait
Merci de m’avoir permis de nourrir mon fils avec mon lait avant même qu’il ne sache téter correctement
Merci de m’avoir permis d’allaiter longtemps sans devoir choisir entre le besoin de libertés ponctuelles (sortir, un après-midi, un soir) et la continuité de l’allaitement
Merci de m’avoir permis de reprendre le boulot plus sereinement
Merci de m’avoir bien fait rigoler à chaque fois qu’à l’entrée de l’usine, un mec de la sécurité virait au rouge pivoine quand je répondais à sa question « euh, et dans ce sac? »
Merci d’être toujours là aujourd’hui, après une deuxième naissance n’ayant rien à voir avec la première, pour m’accompagner au quotidien.
Merci à toi, Tire-Lait n°2, d’avoir des piles, me permettant même de tirer mon lait en voiture quand nous allons dîner chez des potes (plutôt que d’avoir à tirer, soit avant de partir alors que je suis à la bourre, soit au retour alors que j’ai envie d’aller faire dodo) 
Merci d’avoir une loupiote utile pour lire les cartes routières quand la batterie du portable a lâché


Bref, merci d’avoir été un compagnon si fidèle, au fil de ces …. 22 mois (13 pour F., et déjà 9 pour la miss) d’un allaitement que toi seul a rendu possible.
Merci pour tout le chemin que nous ferons encore ensemble....

mardi 16 février 2016

Carte de l'Europe (chaque pays indépendant) - à télécharger

A force de traîner sur des blogs IEF, des automatismes de récupération s'installent.... 
Un court billet afin de mettre à disposition une slide powerpoint récupérée dans mon milieu pro et dont j'ai pensé qu'elle pourrait être utile : il s'agit d'une carte de l'Europe dont chaque pays est sélectionnable, modifiable, déplaçable, etc de manière séparée.

Je n'en ai pas encore l'usage mais je l'imagine facilement récupérable pour fabriquer un puzzle, faire les cartes de nomenclatures associées, permettre un apprentissage progressif de quelques pays puis d'autres, apprendre à repérer les formes de chaque pays, illustrer de manière concrète et dynamique un exposé retraçant la construction de l'Union Européenne... etc.

cliquez ici pour télécharger la slide

lundi 15 février 2016

10 obstacles à la construction de notre Equilibre Vie Pro / Vie Familiale (1/4)

Équilibre vie pro / vie familiale : une notion en vogue. 
De nombreux articles et bouquins paraissent sur le sujet, des entreprises affichent leur(s) engagement(s) dans le domaine, et ça tombe bien, nous-même, ce fameux Graal, nous serions ravies de le trouver.
Et pourtant…


Que d’obstacles dans cette quête!
Voici les principaux que j'ai pu identifier sur mon chemin.


    1. Les injonctions du milieu social

La notion d'équilibre vie pro / vie familiale est une notion polémique, qui déclenche les passions.

Telle la fameuse querelle, ici s'affrontent
les "Anciens" (conservateurs, société patriarcale, evil, evil?)
« la place de la mère est auprès de son enfant » 
« le mieux pour l'enfant, c'est la présence de sa mère »
Le tout corroboré par des études (telles celle-ci) faisant le constat d'un meilleur développement des enfants profitant d’une plus grande présence parentale. Un discours contenant à la fois beaucoup de vérité, mais qui se fait malheureusement volontiers culpabilisateur, et selon lequel "à quoi bon faire des enfants si c'est pour ne pas s'en occuper" (à 100 voire 120%).

et les "Modernes" (progressistes, "libération de la femme", gentils, toussa?)
« il ne faut pas résumer sa vie à son enfant » 
 « une femme doit travailler, on s’est battues pour cela » 
adjoint de la sinistre perspective 
« si tu ne travailles pas tu es une potiche/plante verte, d’ailleurs cela lassera ton mari qui finira par te quitter, et tu seras bien embêtée puisque tu ne sauras rien faire »
Ravalant l'éducation des enfants au rang de tâche ménagère / subalterne, refusant à celles qui s'y consacrent toute reconnaissance et leur déniant même le droit de faire cela par choix (cela ne saurait être un vrai choix, car forcément lié à un déterminisme social; ... quand on vous dit qu'elles sont cruches!).


Femme au foyer, un choix professionnel à part entière? 
Tout aussi légitime qu'un autre choix? 
Vous voulez rire.


     2. La notion d’équilibre unique

Bref la société dans son ensemble, et les membres de notre entourage en particulier (proche ou pas... pour tout sujet ayant trait aux enfants - leur nombre, leur écart d'âge, leur éducation - les gens se sentent investis d'une mission : faire bénéficier de parfaits inconnus de leurs lumières), estiment clairement détenir LA vérité sur le meilleur équilibre vie pro / vie familiale.
L'assurance avec laquelle ces modèles sont présentés comme la seule voie possible contribue au sentiment de désorientation.

En effet, la caractéristique des injonctions des autres et de l'âpreté avec laquelle les thèses qui les sous-tendent sont défendues est qu'elle aboutissent à l'illusion de l'existence d'UN équilibre, UNE solution idéale, valable pour tout le monde.
Ce qui laisse peu d'espace à l'individu pour élaborer une solution qui pourrait lui convenir personnellement.


     3. Les autres femmes

De ce que j’ai pu observer, c’est justement ce mythe de l’équilibre unique qui est à l’origine d’un phénomène auquel j'ai été confrontée suffisamment de fois moi-même pour réaliser qu'il était malheureusement loin d'être exceptionnel : assez fréquemment, les efforts faits par une femme pour maintenir un équilibre entre sa sphère pro et sa sphère familiale n’ont pas de pire opposante... qu'une autre femme, justement.
Plusieurs facteurs contribuent à l'existence et au maintien de cette triste situation :
  • un côté revanchard 
 « on ne m’a pas aidée à avoir une vie de famille, pas de raison que la vie soit plus facile pour toi, ma jolie » ... 
c'est particulièrement frappant chez certaines femmes parvenues "tout en haut" à la force de leurs poignets, qui se sont battues pour cela, et qui ne voient pas pourquoi d'autres ne devraient pas en baver autant sinon plus. Et que je te colle une réunion à 19h pour faire bon poids.

  • un refus de se remettre en question 
« en mon temps j’ai fait des sacrifices / choix que je regrette ou ai parfois du mal à assumer, pas question que tu me prouves qu’il était possible de faire autrement »
ce point se retrouve dans les deux camps. On rencontre aussi bien
    • celles qui se sentent coupables d'avoir beaucoup investi sur leur vie pro et ne pas avoir assez passé de temps avec leurs enfants, 
    • que celles qui sont frustrées d'avoir lâché leur vie pro pour se consacrer totalement à leurs enfants. 
    • Dans les deux cas, hors de question d'aider une congénère susceptible de réussir à gérer les deux de front sans les catastrophes qu'on avait soi-mêmes pensées inéluctables (mise au placard pro / délinquance juvénile)

  • mais aussi et surtout l’impression que, puisqu’il n’y a qu’un seul bon choix, tout choix différent du mien constitue une attaque personnelle, une manière de dire que je n’ai pas fait le meilleur choix. Face à l'injonction suprême, être une bonne mère, les réactions sont facilement épidermiques à tout ce qui pourrait de près ou de loin ressembler à une critique. Et un choix différent est automatiquement assimilé à une critique.

Moralité, (c'est en tous cas mon expérience) cela rend très délicates, voire parfois impossibles, les discussions avec d'autres femmes sur les raisons de leurs choix, les avantages qu'elles y trouvent, les inconvénients, ce qu'elles feraient autrement. Tant d'informations qui sont si utiles !
Je l'avoue, je suis une inconditionnelle du benchmark, j'adore voir comment les autres font, pour récupérer une astuce, éviter une erreur, réaliser pourquoi chez moi telle chose ne fonctionne pas, comprendre en observant le mode de fonctionnement d'une autre, que moi je fonctionne différemment.... c'est du reste un des points que j'apprécie beaucoup dans la blogosphère: elle m'offre un phénoménal terrain de jeu pour benchmarker!
Or ce sont justement ces échanges qui sont menacés par la susceptibilité (souvent réciproque) des personnes concernées:
  • si j'avoue un point négatif, on va en profiter pour me juger
  • si je pose une question, on va prendre cela comme un aveu de faiblesse et en profiter pour m'exposer en long en large et en travers en quoi mon choix actuel est "le mauvais", 
  • pour ensuite se sentir jugée / désapprouvée si je n'adopte pas le conseil qu'on me donne comme parole d’Évangile. 
Bref, le moindre échange se déroule en terrain miné et dégénère facilement en concours de mères.

Alors que je garde un souvenir merveilleux d'une conversation avec une amie proche, sur mon projet de réduire mon temps de travail quand numéro 2 serait là. Travaillant elle-même à temps plein, elle s'était sentie libre de me dire qu'elle n'avait pas comme moi le sentiment de manquer de temps avec son enfant; sans craindre que je la juge pour cela; sans tenter non plus de me nier le droit de ressentir ce manque.
C'est-à-dire sans craindre que cette différence de ressenti ne soit (ou ne soit vue comme) le signe d'un moindre amour pour son fils.
Moment d'acceptation des différences, moment rare, moment précieux.


     4. La notion d’équilibre permanent

Là encore, une illusion facilement entretenue par le mot même d' "équilibre".

Or plus j'avance dans mes réflexions personnelles, plus je réalise qu'il ne s'agit pas de se fixer durablement sur UN équilibre, de devoir définir une fois pour toutes une solution, un mode de vie. 
Bien entendu, cette perspective aurait un aspect tentant : quel confort de ne pas avoir à tout remettre en cause, hop, on règle la question une fois pour toutes et on ne s'interroge plus, sujet classé, basta, fin de l'histoire.
Mais non. 
Nos gosses, nous les avons faits pour la vie. 
Leur père, nous l'aurons aussi pour la vie (quoique celle-ci nous réserve par ailleurs, il restera toujours leur père). 
Nos choix pour nous occuper de nos gosses? Ce n'est pas pour la vie

Parce que leurs besoins, nos besoins, notre environnement, nos ressources, ne vont cesser d'évoluer, en fonction du nombre d'enfants, de leur âge, de leur développement, de notre âge, de notre maturation.

Je reprends ici volontiers à mon compte le terme allemand (affreux à mes yeux) de Lebensabschnittspartner. Ce terme, dont la traduction littérale correspond à "partenaire d'une tranche de vie"(si si), traduit comment aujourd’hui on est souvent davantage poussé à trouver un compagnon pour quelques pas dans le présent que quelqu'un avec qui s'engager dans l'avenir.
Autant ce concept est très éloigné de ce que je souhaite pour ma vie de couple, autant la notion de "Lebensabschnittslösung": solution pour ce morceau de vie, me semble essentielle à celle d'équilibre vie pro / vie familiale.
Difficile, il me semble, de trouver un équilibre parfait et durable.
Et si, en fait, ce fameux équilibre n'était rien de plus, rien de moins, qu'un enchaînement de plusieurs déséquilibres?


Trouver la perfection dans l'imperfection...

Dans la durée en effet, d'une série de déséquilibres peut émerger une grande satisfaction : 
  • être consciente et accepter la nécessité qu'à certains moments, la balance penchera un peu trop d'un côté, à un moment, un peu trop de l'autre... que rien ne sera parfait.
  • mais goûter à un moment les avantages du déséquilibre présent, 
  • et se réconcilier avec ses inconvénients, 
en sachant que avantages comme inconvénients ne dureront qu'un temps.


Cela a notamment été mon expérience après ma reprise post-F : j'adorais mon job et je goûtais à fond le plaisir que j'y prenais. J'étais déjà un peu en manque de F. mais je réussissais à être heureuse parce que je prévoyais de réduire ou d'arrêter mon activité pro à la naissance d'un deuxième, la perspective de pouvoir bientôt passer plus de temps avec lui me consolait donc. Et je savourais d'autant plus mes joies pro que je savais qu'elles n'allaient plus durer
Par ailleurs la gestion de ce déséquilibre m'était aussi facilitée par le fait que F. était chez une nounou extra : il me manquait mais il était tellement bien chez elle que la différence, pour lui, entre être avec moi ou chez elle restait acceptable à mes yeux.

Aujourd'hui, où il y a deux enfants, où mon boulot m'enrichit moins, où ma nounou est bien mais pas extra, le déséquilibre est plus grand, et difficilement supportable. Je sais que je ne peux ni ne dois le maintenir longtemps. Fin mai, je vous dis, fin mai....
Il n’empêche que je suis consciente que certains aspects me manqueront par la suite. Alors je tente d'en profiter quand même tant que ça dure. Et quand ils me manqueront, je saurai me souvenir de tous ces moments où c'étaient mes enfants qui me manquaient, et je me recentrerai sur la joie d'être avec eux.


     5. Les jugements des autres

Non seulement les gens ont, comme vu en point 1, de grandes théories sur ce qui est le mieux dans la vie.
Mais plus concrètement, nous observer ne serait-ce que 5 minutes en train de nous occuper de nos enfants, suffit à ces personnes teeeellement perspicaces et clairvoyantes (en tous cas bien davantage que nous, ma bonne dame!) pour juger notre style d’éducation
Deuxième effet kisscool dans le domaine qui nous occupe aujourd'hui: leur clairvoyance se conjugue volontiers avec les convictions vues en point 1 pour établir des liens irréfutables entre leurs observations et les choix pro de la malheureuse maman. Et ils ne voudraient surtout pas priver ladite maman de leurs remarques éclairantes. Les jours où tout va bien, on rigole, les jours où c’est plus difficile, on se retrouve en plein doute…

Timide? (enfin.... qu'appelle-t-on timide ? rappelons que refuser d'embrasser de parfaits inconnus pour dire bonjour suffira souvent à récolter cette étiquette)
Réponse A : vous le couvez à la maison !
Réponse B : il est insécurisé à force d’être loin de vous / balloté de puéricultrice en nounou

En pleine colère?
Réponse A : parce que vous le gardez à la maison, il y est le roi, vous lui passez tout ; le mettre en collectivité, ça lui apprendrait des règles
Réponse B : parce que vous le gardez à la maison, vous êtes toujours sur son dos, il essaie de se rebeller et voudrait que vous lui lâchiez la grappe
Réponse C : parce que vous n'êtes jamais à la maison, vous vous sentez coupable et lui passez tout
Réponse D : parce que vous n'êtes jamais à la maison, il exprime son mal-être

Bref, autant on est bien d'accord que l'équilibre vie pro / vie familiale est quelque chose d'instable, voué à changer, autant là ça devient compliqué, puisque ces avis généreusement distribués constituent le pain quotidien. Il devient d'autant plus vital de savoir se construire "ein dickes Fell", comme on dit Outre-Rhin (notre président dit "avoir le cuir tanné") sous peine de virer un coup à gauche (se sentir coupable de tant travailler), un coup à droite (se sentir nulle de forcer ses enfants à rester autant avec une mère si pitoyable).

Reconsidérer son équilibre à intervalles réguliers, oui. Toutes les heures en revanche c'est peut-être un peu trop régulier....


Voilà pour les obstacles que je qualifierais d'extérieurs. 
Ils se conjuguent avec tout un ensemble d'obstacles plus intérieurs à nous-mêmes, que je traiterai dans un prochain billet [et même finalement plusieurs : poursuivons donc ici et  pour terminer enfin]