jeudi 28 novembre 2019

Développer l'empathie... ou l'égoïsme ? Petit Bout de "Aimer nos enfants inconditionnellement", d'Alfie Kohn

(bon, mon billet sur le lien supposé entre crise des enfants et la qualité de l'éducation que nous leur donnons n'est pas tout à fait finalisé… Mais j'ai un truc tout frais à vous raconter donc hop, petit billet de blog de circonstance, en mode "petit bout de livre" mêlé à un "moment de parentalité positive").

Cela fait quelques semaines que j'avance dans la lecture d' "Aimer vos enfants inconditionnellement", d'Alfie Kohn, offert par mon gentil éditeur (parce que je papillotte si joliment des cils). Je viendrai vous en dire plus dans un billet global, mais tout à l'heure, il s'est passé quelque chose qui m'a fortement fait penser au passage suivant.

Aimer nos enfants inconditionnellement, Alfie Kohn, pp. 93 et 94




Lire ces paragraphes, et toute la réflexion développée autour de l'empathie, m'avait bien fait réfléchir.
Ca fait belle lurette qu'en adepte de Faber et Mazlish, l'absurdité du recours aux punitions m'était évidente : la punition divertit l'enfant de ce qui s'est passé en le focalisant sur ses sentiments d'indignité, de rancœur, etc.
En parallèle, j'ai trouvé utile que F. et E. perçoivent les conséquences réelles de leurs actes : 
  • quand on renverse, on a besoin de nettoyer, 
  • quand on met du temps à se préparer, on peut avoir moins de temps pour la sortie projetée, par exemple. 
Et quand ils m'asticotent, je peux avoir moins envie de faire plaisir.

Mais justement, sur ce dernier point, ces paragraphes m'ont permis de prendre du recul et de me dire "Attention, quand j'exprime les choses comme ça, je peux les conduire à focaliser leur attention sur l'inconvénient qu'il y a pour eux-mêmes dans le fait de m'embêter, et à négliger le souci de ce que je ressens, moi."
Cette lecture m'a donc permis de repérer un truc : sans vouloir complètement renoncer à l'expression de mes envies ou pas de faire tel ou tel truc pour eux, j'ai réalisé à quel point je dois être prudente : en fait je risque, de moi-même, de leur présenter l'impact "maman n'a pas envie de jouer avec moi" comme étant bien plus important que l'impact "maman est embêtée". Je risque donc bel et bien, en cherchant à renforcer l'effet de mes paroles, de renforcer … des tendances égoïstes, au détriment du développement de leur empathie. Arf. Bien embêtant, hein ?



Et voici que cet après-midi...

F. asticote E. alors que je me suis posée hippopotamesquement sur le canapé après une sortie.
J'arrive dans la cuisine et exprime mon mécontentement : 
"Le goûter c'est pour tout le monde ! Quand j'entends qu'on fait exprès d'embêter sa sœur en l'empêchant de prendre une tartine, ça m'agace vraiment ! "
F. continue à tourner autour de la table de la cuisine en tenant bien haut la tartine visée par sa sœur, mais ralentit pour se renseigner
"Et du coup ça fait quoi ?"

Tentation. 
J'ai bien envie de lui donner à sentir que mon agacement n'est pas une bonne chose, je pourrais dire que "ça ne me donne pas envie de ..."; mais je repense à ce passage ; je repense au fait qu'en plus je ne le pense pas, ce truc, là, à ce moment; qu'il n'y a pas de question d'envie ou de pas envie réelle ou supposée. 
Alors je me recentre et je prononce la phrase suivante.
Notons qu'à l'instant où je prononce ces mots, je le fais tout en me sentant à demi-bête / un peu "à poil": je suis clairement en train d'abandonner tout moyen de pression.
"Eh bien ça m'énerve vraiment de voir cela."
"Ah ok. Alors je vais m'arrêter."
Réponse de F.,  formulée sur un ton posé, en déposant les armes la tartine sur la table. Et F. s'arrête, se détourne de sa sœur. Et entame une conversation tranquille sur un autre sujet 2 minutes plus tard.


Nota:  j'ai failli diminuer la portée de ce que je disais par un "c'est tout" : j'aurais ainsi déprécié toute seule la valeur de mes propres sentiments / l'intérêt que F. était susceptible de leur porter. Mais je ne l'ai pas fait ! J'ai laissé F. parfaitement libre du degré d'importance qu'il voulait y attacher, sans le minorer, ni au contraire l'intensifier en mode "et c'est grave ça". APPLAUSE.

mardi 26 novembre 2019

Concours : la fin, le début, l'éternel recommencement

Petit billet rapide en complément des annonces faites sur Facebook / Instagram : les gagnantes des 2 exemplaires de "200 moments de parentalité positive (ou pas)" ont été désignées par des mains innocentes (innocentes, mais pas forcément très propres, ça jouait dehors juste avant) ! Les résultats ont été communiqués dans le billet initial.

J'en profite pour annoncer, en consolation pour toutes les personnes que le sort a honteusement omis de favoriser, qu'elles vont bientôt pouvoir rejouer pour un autre concours : figurez-vous qu'avec les péripéties des dernières semaines je n'ai pas eu le temps d'organiser le traditionnel concours d'anniversaire du blog ! Il a discrètement eu 4 ans ce petit. Ciel mes aieux.
Vous aurez donc l'occasion de faire regrimper votre niveau d'adrénaline, je vous le promets pour début décembre, Noël-avant-l'heure-tout-ça.
Bon, je détruis déjà vos espoirs les plus fous : dedans y aura pas de 200 moments à gagner. Mais avant que vous ne courriez vous pendre avec des tagliatelles, je vous promets que parmi les lots proposés figurera un autre livre des Editions l'Instant Présent. Reste à savoir lequel : mon cœur balance...

Et d'ici là je ne vous abandonne pas : je mets notamment la dernière main à un billet sur un sujet pas du tout intéressant, surtout à l'approche des Fêtes, période favorable à la prise de poids, à la crise de foie, mais aussi à la crise de foi : les crises de mon enfant sont-elles le signe que je l'éduque mal ?

A très très vite (demain peut-être ?) donc !



(eh mais, incidemment, mes stats me disent que ce billet est le 500ème publié sur le blog. C'est fou hein ! comme quoi faut vraiment faire la fête)

mercredi 20 novembre 2019

Tapis imbibé de jus de moules pourries (Epopée)

(rho si avec ça je ne décroche pas l'award du titre d'article de blog le plus accrocheur ! 
Nan sans blague si y en a qu'ont cliqué sur l'article juste à cause du titre : faites-le moi savoir d'un mot. Ça me fera plaisir)


Aujourd'hui, une fois n'est pas coutume, je vous emmène pour un petit voyage dans le temps.
Yep.
Je vais vous raconter une belle, belle histoire… Accrochez-vous, c'est du lourd.

Remontons aux premières années de mariage de la Gwen. Une époque 
  • sans blog (naaaan !), 
  • sans Bébous, 
  • mais aussi sans Flylady 
  • ni la moindre préoccupation ZD. 
J'étais contre les lâchers de sacs plastique dans la nature mais ça résumait assez bien l'étendue de mon engagement écologique.
Et voici qu'un beau soir...

Il faut savoir que jeunes mariés nous étions vraiment des quiches en gestion de notre foyer : ménage, rangement, papiers... C'était folklo. La gestion des courses / des restes ne se portait guère mieux, et nous avions aussi une certaine tendance à procrastiner la descente des poubelles.

Funeste combinaison.

Il advint donc qu'un beau jour, je me rendis guillerettement au Champion du coin faire mes courses (oui à l'époque il y avait des Champion  - old times mode ; et non à l'époque je ne faisais pas du tout mes courses en bio. J'ai commencé à les faire en bio au moment de la diversification du Bébou, pour ses purées), notamment en prévision d'un repas planifié avec une de mes soeurettes d'amour et son chéri.
  • piège n°1 : il y avait des barquettes de moules en promo
  • piège n°2 : j'ai fait ces courses après les avoir procrastinées toute la matinée, donc… à l'heure du déjeuner. Donc avec l'estomac dans les talons, ce qui est, c'est bien connu, la meilleure manière de faire enfler son caddie.
Résultat : c'est avec DEUX grosses barquettes de moules que je suis rentrée à la maison.
Moules qui en plus se sont révélées assez relou à éplucher.
Donc je n'en ai préparée qu'une pour notre repas (ce qui a tout à fait suffi).
Et l'autre est restée au frigo.
Longtemps.
Au bout d'une bonne huitaine de jours (je vous ai dit que notre gestion des restes, stocks, etc...) Monsieur Bout finit par constater que le film plastique gonflait et que, peut-être, une migration directe vers la poubelle serait adaptée.
Migration vers la poubelle, elle-même bien rebondie, et décision de sortir ladite poubelle.

Mais comme nous étions de bons gros feignants, descendre 4 étages (oui, même en ascenseur) par un temps frisquet (on a des excuses Monsieur le Juge, c'était l'hiver ! Enfin je crois. Suis pas sûre. Mais ça vaut quand même ?) un soir comme ça, brrrr : Monsieur Bout eut recours à notre stratagème habituel. 
Sac sorti de la poubelle, noué, et déposé sur le palier (bicoz petit immeuble = 2 apparts par palier; ma sœur et ses colocs habitant l'appart voisin = tolérance envers notre laisser-aller), pour le descendre le lendemain matin en partant en boulot.

Si ce n'est qu'étant à la bourre il oublia le sac sur le palier ce matin-là.
Pas grave...

Et moi le soir je rentrai benoîtement à la maison, quand, dès l'entrée dans l'immeuble… 2 choses me sautèrent au visage
  • une odeur abominable de cadavre en décomposition
  • la concierge (bien vivante, elle), furieuse

Vous sentez venir le truc ? (remarquez vu l'odeur pas moyen de passer à côté)
Sous l'effet des gaz la barquette de moules avait explosé, libérant le jus de moules bien vieilli, lequel avait eu raison de l'étanchéité du sac poubelle et avait imbibé le tapis d'escalier.
Tapis d'escalier (vous savez, les trucs à l'ancienne, bien épais, maintenus par des rivets en métal sur le dallage des marches), qui, incidemment, avait été envoyé au pressing pendant 6 semaines tout récemment. A grands frais pour la copropriété.

La concierge avait attaqué la bête avec moults produits, mais il n'y avait qu'à mettre le nez (nooooon surtout paaaas) dans l'immeuble pour constater que la bête résistait très bien.


Bien embêtée, je tâchais d'apaiser notre concierge, adorable en temps normal, mais évidemment un tout petit peu catastrophée par la situation, et lui promis de m'occuper d'y remédier
Bien embêtée, je visualisais déjà mille scénarios plus enchanteurs les uns que les autres; 
  • repayer le pressing pour un tapis long de 6 étages, 
  • passer de longues semaines à brosser un tapis en vain, 
  • investir dans une shampouineuse (en la rapportant dans les transports en communs … à l'époque nous n'avions pas de bagnole. Notre seul bon point écolo !)
Bien embêtée, je rentrai chez moi en apnée et, perdue pour perdue, commençai par solliciter Internet, des fois qu'il ait des idées alternatives miracles à me suggérer.
Je tapai "odeur tapis" dans le moteur de recherche.
Les 20 premiers résultats étaient tous identiques : bicarbonate de soude.

Euh ? Je n'avais jamais utilisé de bicarbonate de soude de ma vie. Que cachait ce nom barbare ? Pour sembler si efficace, ce produit devait sûrement coûter bonbon !
Petite vérification rapide : ah oui, 1 ou 2 € les quelques centaines de grammes selon le conditionnement choisi. J'allais clairement devoir craquer mon PEL.
J'étais sceptique, mais le plus beau dans tout ça : le mode opératoire à suivre était
  • humidifier (sans excès) le tapis avec de l'eau, de préférence gazeuse
  • saupoudrer généreusement de bicarbonate
  • NE RIEN FAIRE et attendre que le bicarbonate absorbe l'humidité et sèche : 24h
  • passer l'aspirateur sur le tapis
  • recommencer autant de fois que nécessaire

PAS BESOIN DE FROTTER !!!
J'étais sceptique donc, car c'était trop beau pour être vrai. Mais au moins, c'était une solution facile et peu coûteuse à tenter avant de se lancer dans l'achat et l'acheminement d'une shampouineuse à travers tout Paris.

Sous le regard également sceptique de Monsieur Bout, je suivis donc les instructions.
A la seconde où une couche épaisse de bicarbonate recouvrit la laaarge tâche laissée par le jus de moules, le changement se produisit : l'odeur atroce de cadavre en décomposition disparut instantanément.
Elle fut remplacée par… une forte odeur de bouffe pour chat. Pas top, mais un mieux incontestable.
Au fil des jours qui suivirent, quelques cycles bicarbonate - séchage - aspirateur s'enchainèrent.
5 jours après, je m'allongeai de tout mon long sur le tapis pour y coller mon nez. On ne sentait PLUS RIEN.

Autant vous dire que depuis, il y a toujours, TOUJOURS du bicarbonate dans mon placard.
Et que cet épisode glorieux m'a suffisamment marquée pour me donner, en quelque sorte, un capital confiance qui m'a été bien utile pour d'autres pas zéro déchet plus tard :
  • coller les bébous en couches lavables, en utilisant notamment du bicarbonate pour 
    • 1. diminuer la quantité de lessive utilisée tout en combattant les odeurs 
    • 2. en saupoudrer dans le seau à couches sales pour les neutraliser
  • remplacer mes produits cracra par du bicarbonate et du vinaigre blanc : ah ben oui, de simples produits naturels pas chers peuvent être au moins aussi efficaces voire bien davantage que ceux mis en tête de gondole dans les supermarchés

BICARBONATE I LOVE YOU.

Voilà, c'était un épisode de la merveilleuse vie de la Gwen. 





samedi 16 novembre 2019

CONCOURS TERMINÉ ! "200 moments de parentalité positive (ou pas)" à gagner !!

Pour fêter les 1 mois de la sortie de mon livre "200 moments de parentalité positive... (ou pas) ", les Editions l'Instant Présent et moi-même nous vous en proposons deux exemplaires à gagner !

200 moments de parentalité positive, c'est une chronique de 200 moments réellement vécus avec F. et E., durant lesquels Monsieur Bout et moi-même avons tenté d'appliquer ce que nous avions compris de la parentalité positive à travers lectures, ateliers, discussions,....
  • C'est donc du concret, avec des réussites et des échecs, visant non pas à montrer une vitrine désespérante par son côté lisse, mais à inspirer et encourager à avancer malgré les difficultés, puisque celles-ci sont normales et que la vie n'a que faire d'une logique de "tout ou rien" : dans la vraie vie, on fait de son mieux, et dans ce livre, c'est pareil.
  • C'est du concret avec quelques lignes d'analyse, pour aider à comprendre les mécanismes en jeu dans nos interactions du quotidien.
  • Et ce sont plus de 160 brèves références en notes de pied de page, contenant une citation ou redirigeant vers un paragraphe ou une page précis d'un ouvrage de référence sur le sujet : d'abord parce que je n'ai rien inventé, et ensuite et surtout pour compléter l'analyse ou pour permettre d'approfondir. Le but étant de pouvoir aller creuser le point concerné par l'exemple sans devoir se palucher un bouquin entier.
  • Et à la fin, c'est toute une boîte à outils pour retrouver tout ce qui est vu au fil du livre, mais d'une manière structurée facilitant la prise en mains.
  • Sans oublier bien sûr, une solide dose d'humour bien soutenue par les très jolies illustrations de Claire.

Ce livre s'adresse à la fois aux familles "débutantes" en parentalité positive, afin de découvrir cela par petites touches concrètes, et aux familles plus "expérimentées", afin de consolider les réflexes en puisant de l'inspiration supplémentaire dans l'observation d'une autre famille en conditions réelles.

Pour des enfants de quel âge, m'a-t-on demandé ? La boîte à outils est valable à tout âge, mais les exemples mettent en scène des enfants âgés de 18 mois à 5 ans, c'est donc pour une tranche d'âge approchant que les situations décrites seront les plus parlantes.





Les premiers retours sont franchement bons, et je m'en réjouis !
Je me réjouis tout particulièrement du fait que ce livre semble remplir ce qui était mon objectif premier : semer des graines, en permettant notamment aux personnes parfois peu motivées pour se lancer dans la lecture d'un livre complet, voire peu convaincues par le sujet (donc d'autant moins motivées…) d'ouvrir une page pour picorer un exemple… et d'en retirer déjà quelque chose... voire de finir par le lire en entier, ce livre ^^. (foooourbe)

Voilà, ça vous a donné très envie ? Ce sera un cadeau de Noël idéal pour vous, votre conjoint, votre nounou, votre meilleure copine, sa mère ?

Eh bien, y a plus qu'à participer !

Pour cela, 2 choses à faire

Participation par le biais du blog :
  1. vous inscrire à la liste de diffusion qui permet la réception de mes petits billets direct dans votre boite mail (bien entendu vous serez tout à fait libres de vous désinscrire après la clôture du concours)
  2. et écrire un petit mot gentil en commentaire du billet de blog, disant ce que vous attendez du livre, ou vantant ma taille svelte par exemple (huhuhu)


Participation par le biais des réseaux sociaux : Facebook, Instagram
  1. liker la page du blog et celle des Editions l'Instant Présent
  2. écrire un mot gentil en commentaire de la publication du concours, en taguant deux personnes dessus

Cela fait donc 3 canaux de participation possibles et, chance inouïe, vous avez la possibilité d'en utiliser jusqu'à 2 pour avoir alors 2 chances de gagner et non une. C'est fou, hein !

Le concours sera clos samedi 23 novembre à minuit.
Tirage au sort effectué par une main innocente !

Bonne chance à toutes et à tous !!!

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Je suis rentrée de Strasbourg et dans 'e TGV j'ai listé les participations en leur attribuant un numéro
J'ai réquisitionné des petites mains une fois arrivée, des petites mains... Et des jetons de loto

Et les gagnantes sont... 
- sandralagnaoui
- Dame Aquilane
Félicitations à vous 2 et merci à toutes et à tous pour tous ces mots encourageants qui ont accompagné vos participations!!!
Les gagnantes, j'attends vos adresses postales (par mail ou mp) pour les transmettre à l'Instant Présent qui fera partir les ouvrages.
Bon début de semaine !


jeudi 14 novembre 2019

2 chouettes petits jeux de société à découvrir (et jouables en langue étrangère) !

Je profite de l'approche de Noël pour venir enfin vous pondre un petit article et faire coup double : vous inspirer pour Noël, et aborder un sujet cher à mon cœur : l'imprégnation linguistique de nos enfants, ou les stratégies les plus fourbes pour distiller savamment une langue étrangère dans leur quotidien.
Je précise que, si chez nous c'est de l'allemand qu'il s'agit, l'intégralité de l'article d'aujourd'hui s'applique pareillement à toute autre langue :
  • la logique d'imprégnation
  • les petits jeux en eux-mêmes peuvent être joués en n'importe quelle langue de notre choix puisqu'ils n'impliquent pas d'écrit. A l'adulte d'amorcer les choses en commençant à jouer dans la langue qu'il veut.

1. La logique, d'abord.

Comme depuis toujours chez nous, il s'agit de favoriser l'assimilation de la langue par le fait d'en caser des bribes le plus souvent possible. Tout est bon pour cela :
  • moments répétitifs de la vie quotidienne : les phrases simples de l'habillage, du petit-déjeuner..., sont très vite comprises, si elles sont utilisées très régulièrement, 
  • lecture d'albums simples (= d'un niveau de complexité inférieur à celui correspondant normalement à l'âge des enfants) : je vous ai notamment parlé de celui-là, et de ceux-ci
  • lecture d'imagiers : retournez donc voir cette pépite Usborne !
  • écoute de CDs
  • chez nous la Lunii est entrée également dans cette optique : nous l'avons achetée exprès, en version allemand, et il n'y a qu'un jeu d'histoires en allemand dedans, point. Ecouter ces histoires en boucle contribue également à la dynamique.
  • visionnage de courtes vidéos en allemand (le seul usage des écrans qui soit fait chez nous); la longueur et complexité (linguistique et/ou narrative) de ces petits films pouvant progresser avec l'âge et le niveau linguistique des enfants : des mini séquences de 3-4 minutes de nos débuts nous allons maintenant jusqu'à des épisodes de 25 minutes.

Un point commun à tous ces moyens : la répétitivité de phrases simples. On relit / entend / visionne souvent les mêmes histoires, on répète souvent les mêmes phrases.
C'est cela qui permet aux mots et, plus important, aux structures des phrases de s'ancrer peu à peu dans le cerveau : car si le vocabulaire est important, la possibilité d'articuler les mots entre eux est la condition pour se mettre véritablement à parler et comprendre une langue, et l'utilisation systématique de phrases très simples constitue un excellent moyen d'intégrer la manière dont une langue gère cette articulation. 
Une approche que j'avais découverte avec la pédagogie Charlotte Mason et la méthode d'apprentissage des langues associée : la méthode Gouin, et dont je ne cesse de constater le bien-fondé et l'efficacité (excellent article à lire sur le sujet sur ce blog-là)
Il s'agit en fait, par le biais de phrases du type sujet + verbe + complément, de répéter celles-ci avec de menues variations : le même verbe sera vu accompagné d'un complément puis d'un autre puis encore d'un autre. Ou alors c'est le verbe qui variera mais rien d'autre. Ou encore uniquement le sujet. On pourra enrichir le complément d'un adjectif, qui variera aussi.


Or c'est cette même logique qu'on peut poursuivre en jouant à certains jeux de société avec son enfant. Il s'agit bien, comme vous l'aurez compris, non pas de jeux conçus pour apprendre une langue, mais de jeux "normaux" qu'on jouera "en allemand", tout simplement.
Les moments de jeux peuvent en effet être également l'occasion, en mode "bénéfice collatéral" (le but premier reste bien de prendre plaisir, hein !), de répéter encore cette langue, d'autant qu'ils incitent également les enfants à manier la langue, et non seulement à l'entendre et la comprendre.

Nous avions donc très tôt pris l'habitude de jouer ainsi au très célèbre Verger de Haba : occasion rêvée 
  • d'introduire des mots simples, en nommant les couleurs et les fruits associés,
  • d'utiliser quelques petites phrases telles que "du bist dran / ich bin dran / wer ist dran" (c'est ton tour : et hop, le verbe être conjugué à 3 formes différentes), "ooooh der Rabe kommt !" (oh le corbeau arrive ) ou "wo ist der Würfel ?" (où est le dé) et toutes variantes autour de ce fichu dé ("oh nein, der Würfel ist gefallen / verschwunden / …" : oh non le dé est tombé, a disparu, etc).

Le Verger s'y prête donc très bien, et je profite de l'occasion pour vous présenter 2 petits jeux très chouettes dans l'absolu (donc intéressants sans l'aspect linguistique aussi), mais qui, en plus, se prêtent merveilleusement à un détournement linguistique si on le souhaite. 


2. Deux chouettes petits jeux découverts chez Ravensburger.


 Tempo, kleine Fische (vite, petits poissons)


  • Une variante de la Course aux Escargots : un dé avec des couleurs permet de faire avancer l'animal de même couleur (NB : biiiien évidemment, ladite course aux escargots aussi peut se jouer en n'importe quelle langue ...)
  • mais avec plusieurs "twists" intéressants : 
    • le plateau de jeu qui évolue physiquement au fur et à mesure de la partie (puisque la distance entre le bateau des pêcheurs et les poissons tend à se resserrer), 
    • et le fait que justement, au lieu de simplement faire la course entre eux, hop, les poissons se retrouvent en plus avec le risque de se faire manger. Du coup le jeu s'enrichit d'une dimension coopérative : le but est que le maximum de poissons arrivent dans la mer sans s'être faits rattraper par les pêcheurs.
    • boîte peu encombrante, plateau petit, mignon, et à construire à chaque fois (gros succès !), petits personnages en bois...


pour l'aspect linguistique, 
  • on utilisera toutes les phrases autour du dé, des couleurs, 
  • on comptera le nombre de poissons qu'il reste, ainsi que le nombre de segments de fleuve qui les séparent encore de la haute mer ou des pêcheurs, 
  • on s'exclamera volontiers qu'on a peur des pêcheurs "ich habe Angst !", et on dira "beeilt euch, kleine Fische!" (dépêchez vous, petits poissons)



Kuh and co (Vache et compagnie)

  • des images avec de 3 à 5 animaux dessus, qui peuvent être de type différents ou identiques
  • 5 dés avec sur chaque face à un des 6 types d'animaux possibles
  • on tire les dés et on a trois coups pour réussir à avoir les dés correspondants à notre image; sinon c'est au voisin de tenter sa chance.
  • Très vite accessible à un enfant, et très marrant pour l'adulte en fait (d'autant que les images sont mignonnes mais aussi souvent pleines d'humour), j'avoue que j'y joue très volontiers
  • peu encombrant également, facile à emporter partout !

sur le plan linguistique, on a 
  • le vocabulaire des 6 animaux, au singulier comme au pluriel, 
  • les chiffres jusqu'à 5, 
  • et un ensemble de phrases autour : "gibst du mir eine Karte bitte ?" "ich sehe 2 Kühe und ein Huhn", "ich brauche noch 2 Schafe" "Oh nein, mir fehlt noch ein Schwein" "ich möchte eine Katze !"(donne-moi une carte s'il te plaît … je vois … j'ai besoin de … oh non il me manque encore…. je voudrais ...); 
  • on peut également décrire "en passant" ce qu'on voit plus largement sur la carte : le chat court après le mouton, la vache saute, le cochon est assis à côté de…, sous… sur… Ces petites cartes titillent le sens de l'observation de tout le monde et permettent donc de complexifier peu à peu les échanges à leur sujet !

Cerise sur le gâteau pour terminer (parce que si on met la cerise au début, ça fait tout foirer) 

Cette manière de jouer et d'interagir avec son enfant n'exige pas de l'adulte un niveau interstellaire dans la langue qu'il veut transmettre. Un niveau de base suffit tout à fait, augmenté d'un peu de préparation si besoin (si on ne sait plus trop comment dire "vache" on va regarder rapidos sur un dictionnaire en ligne avant), et permet de faire cela très facilement… voire de s'améliorer aussi au passage, en même temps que nos enfants, par la répétition. 
Voici donc un exercice 
  • valable pour la majorité des familles désireuses d'insuffler siouxement une langue supplémentaire dans le quotidien de leurs enfants
  • et que je conseillerais vivement aux familles sur le point de s'expatrier, et dont notamment un conjoint ne maîtriserait pas trop la langue du pays de destination ! Il s'agit alors d'une excellente manière de se préparer en famille.

Je suis aussi open à des suggestions de cet ordre ! Pour nous aussi, Noël arrive… (ça c'est du scoop ^^)

mardi 5 novembre 2019

Hotline Faber et Mazlish ; "dire les choses en un mot" - et quand c'est notre enfant qui le fait avec nous ?

Aujourd'hui, petite réponse au courrier des lecteurs ;-)
La question m'ayant déjà été posée plusieurs fois en ateliers Faber et Mazlish, j'ai pensé que tant qu'à prendre le temps de formuler la réponse par écrit, celle-ci intéresserait un assez large public.

"J'aime beaucoup l'outil "En un mot", qui est d'ailleurs plutôt efficace avec mon grand de 3 ans et demi. Je ne crois pas l'utiliser tous les jours, mais il revient souvent "Chaussures", "Manteau". Parfois, d'un ton aimable ou rigolard, et parfois j'avoue, d'un ton franchement autoritaire (surtout quand c'est la 3ème fois que je demande à ce qu'il enlève ses chaussures boueuses dans le salon).  
Bref tout va bien. Sauf que voilà que notre fils commence à utiliser cette technique sur nous : "nez" ("Maman, s'il te plait mouche moi le nez"), "Lavette" ("Papa, voudrais-tu bien m'aider à m'essuyer les mains après mon goûter plein de chocolat ?"), etc. Comme moi, parfois avec un ton rigolard (en chantant "nez nez nez nez neeeeez"), parfois d'un ton autoritaire. Je ne peux pas vraiment le blâmer, c'est normal je crois, qu'il communique avec nous de la même manière qu'on communique avec lui.  
Mais du coup, je fais quoi ? C'est vraiment désagréable d'entendre juste "Nez", au point que je me demande bien pourquoi il m'écoute quand je lui dis "en un mot" Suis-je condamnée à arrêter d'utiliser cet outil ? Devrais-je l'utiliser autrement ?"


N'est-ce pas qu'elle est bonne cette question, dites, hein ?


Décortiquons un peu.

1er constat : l'enfant communique avec nous de la même manière qu'on communique avec lui. Eh oui. 
C'est d'ailleurs quelque chose de magique dans l'usage de ces modes de communication respectueux. En faisant 3 tonnes d'efforts pour les apprendre et les utiliser, nous les transmettons à nos enfants, et eux parleront ce langage plus naturellement que nous. C'est super chouette !

Ou pas, visiblement, dans le cas qui nous occupe.

Car 2ème constat : autant entendre notre enfant décrire un problème plutôt qu'accuser un coupable nous remplit d'aise et de cuicui-tirelirelire, autant l'entendre nous formuler ses demandes en un mot nous est vraiment désagréable.
Flûte de zut.
Pourtant, on n'est pas sensé apprendre des outils de communication désagréables, non ? en Faber et Mazlish, on est censé pouvoir compter sur le fait qu'on apprend des moyens de communiquer qui sont respectueux. D'ailleurs, l'enfant écoute, on se demande bien pourquoi...

Est-ce qu'il y aurait donc des cas dans lequel s'entendre dire des choses en un mot est respectueux, pas désagréable, ou en tous cas nettement moins désagréable que les alternatives ?
Eh oui.

Et c'est bien là qu'est la nuance : dire les choses "en un mot", ce n'est pas pour faire une demande, demander de l'aide, solliciter un service, etc.
Si par hasard nous l'utilisons ainsi, arrêtons-nous vite ! 
Mais dans les faits, je crois que très peu de parents le font. Car inconsciemment, implicitement, un adulte saisit que ce n'est pas adapté, et met davantage de formes pour faire une demande.
Un adulte. Détenant tous les codes sociaux.
Pas un jeune enfant, justement en train de se frayer un chemin dans le labyrinthe de ces mêmes codes sociaux.

A quoi, donc, sert le fait de dire "en un mot" ?
Ca sert pour les rappels.
Ca sert pour les informations qui servent le destinataire du message (le "F., tes chaussures" vient rappeler que "eh, tu sais, y avait un truc là, avec tes chaussures" - ah oui, elles se rangent), pas pour celles qui servent l'émetteur du message (celui qui aurait besoin qu'on lui mouche le nez).
C'est, comme je l'écris si bien dans mon livre (auto-jetage de fleurs bonjoâââr), une manière de titiller tout doucement un neurone endormi, endormi mais qui a déjà l'information.

Et c'est bien dans ce cas que ce n'est pas désagréable : utiliser un seul mot pour un rappel est une bonne et sainte chose, qui contribue à la paix et au respect réciproque dans les familles, puisque ça
  • évite le désagrément du sermon
  • aide le parent à formuler le rappel avec patience en économisant celle-ci (le "ton aimable ou rigolard"), 
  • ou, en cas d'épuisement du stock de patience, limite l'impact du "ton autoritaire" 
    • utilisé très brièvement sur un seul mot, son désagrément est plus court
    • par ailleurs, on observe que pluuuus on parle longuement à un enfant -ou à qui que ce soit d'ailleurs-  en étant énervé, 
      • plus notre ton de voix a tendance à monter / notre énervement aussi, 
      • et plus on a de risque de finir par sortir une bêtise / un mot blessant, un "toujours", "jamais", un "tu qui tue", etc


Maintenant qu'on a dit ça, eh bien, yapuka… transmettre cet enseignement à notre enfant.

Il s'agit bien
  • d'un coté, d'accepter d'éventuels rappels de notre enfant formulés sous cette forme
Peut-être un petit moment de réflexion à avoir sur ce sujet-là, pour être bien au clair ?
Si une gêne persiste, trois options :
  1.  Renoncer effectivement à cet outil, pour éviter la dissymétrie. Mais pas tout de suite, eh, fouillons d'abord les autres options.
  2. Réfléchir à ce que cet outil évoque chez nous de notre enfance : y a ptet un petit truc à déconstruire, si on a manié cet outil avec nous d'une manière très péremptoire par exemple, en mode "on me parle comme à un chien". En ce qui me concerne, je me suis ainsi aperçue que j'étais mal à l'aise avec l'usage du s'il-te-plaît parce que dans mon enfance, il avait justement beaucoup été détourné de son sens véritable : pour habiller ce qui était en fait des ordres et non pour formuler des demandes (avec possibilité de les refuser). En prendre conscience m'a permis de décider sciemment de faire autrement, et de dissiper le malaise. 
  3. Creuser encore un peu plus le sujet, cf. plus bas : cette gêne recouvre peut-être autre chose.

  • de l'autre côté, lui transmettre cette nuance de code sociaux
Comment ?
L'expression des sentiments et la formulation de nos attentes / suggestion d'alternatives constituent des moyens souvent très adaptés à cette transmission 
"Quand on me demande un service, c'est désagréable pour moi d'entendre cela avec juste un seul mot. Je préfère entendre une phrase entière. As-tu une idée de comment tu pourrais me demander cela de manière plus agréable ? / Tu peux me dire 's'il te plait maman, je voudrais de l'aide avec la lavette' ."
Très souvent l'enfant est heureux qu'on lui souffle son texte et reprend nos mots. Cette fois-ci, … et d'autres : nous lui avons fourni une information utile et réutilisable (ou pas… il est probable que nous aurons besoin de répéter cela aussi… plusieurs fois… et en utilisant plus d'un mot, du coup, évidemment ^^).

On pourra expliciter l'usage du mot tout seul ainsi
"Le mot tout seul, c'est utile / c'est quand on a besoin de rappeler à l'autre personne quelque chose qu'elle doit faire, qu'elle le sait mais qu'elle a oublié, pour l'aider vite à s'en souvenir sans trop l'embêter"
(ouais ma formulation est très "orale", vous pouvez remplacer par "quelque chose dont je sais que je dois le faire, mais que j'ai oublié, etc..." ;-) )


Pour terminer : revenons un peu sur l'option 3: une autre chose qui peut se cacher derrière notre agacement à nous entendre rappeler des choses en un mot.
Il peut être tout simplement agaçant pour nous de devoir les faire, ces choses : l'impression qu'on abuse un peu de nous, que déjà, là, on en fait largement notre part, et que oui on a oublié mais zut, l'autre n'a pas à l'exiger de nous...
L'agacement contre le "en un mot" est en fait la partie émergée de l'iceberg. Nous dirigeons notre ressentiment contre le mode de communication, quand c'est ce qui est communiqué qui nous énerve.
En prendre conscience peut nous aider à réajuster notre attitude : en ayant tout simplement une communication plus vraie.
  • soit en identifiant qu'en fait, on a une limite, là, qu'on ne respecte pas, et qu'au fond c'est cela qui nous titille. 
Peut-être est-il bon de réfléchir à moins en faire ? Si nous entendre rappeler après le retour d'école qu'on devrait vider le sac de dejeuner de notre 6 ans nous énerve (un exemple pris totalement au hasaaaaaard), peut-être est-ce tout simplement le moment de lui confier cette tâche ? 
Soit tout de suite si on est capable de le formuler de manière constructive… soit c'est un point à aborder très vite, mais un peu plus tard, sous peine de partir du mauvais pied "Ah mais en fait j'en ai marre, pourquoi ce serait moi, t'as qu'à le faire toi-même je fais tout dans cette maison / je suis pas la bonniche". 
Message qui a beaucoup moins de chance d'être bien reçu qu'un 
"Hum, en fait je réalise que ça me fait beaucoup de choses à gérer. J'aimerais que tu prennes ton sac en charge le soir dorénavant. Veux-tu que nous le fassions ensemble ce soir / demain soir pour que tu sois sûr d'où vont les différentes choses ?"
 ou même en mode résolution de problème plus large : 
"Je vois que j'oublie beaucoup de choses le soir, c'est embêtant pour toi, et pour moi. J'aurais besoin de pouvoir penser à moins de choses. Comment pourrions nous réorganiser le soir pour que ça se passe mieux, et que j'aie moins de travail ?"
  • Soit en repérant qu'on est prêt à faire ce travail mais qu'on a un besoin de reconnaissance non comblé. 
Il s'agit alors d'exprimer ses sentiments (oh non encore), et ses attentes (oh flûte de nouveau… ça ne s'arrête jamais. Et oui !) en sollicitant directement cette reconnaissance là où c'est adapté
Ca peut être vis-à-vis de notre enfant 
"Oui, je sais que j'ai oublié et que tu me le rappelles, mais là, ce soir, quand je fais plein de choses pour toi en même temps, je crois que ça m'encouragerait davantage d'entendre un "merci maman d'avoir fait ci, pourras tu penser aussi à ça ?"

ou ça peut être vis-à-vis de notre conjoint, par exemple. 
Soit parce que la fonction de notre enfant n'est pas de combler notre besoin de reconnaissance (en tous cas pas au degré auquel nous aurions besoin qu'il soit comblé), soit parce que, hein, fréquemment, l'agacement du au manque de reconnaissance que nous ressentons face à un petit manque de respect de notre enfant est en fait l'expression détournée du manque de reconnaissance que nous ressentons de la part de notre conjoint. (ou d'autres personnes : chef, voisins,... bref, des adultes n'étant pas nos enfants).

Encore du boulot de clarification de la comm et des attentes en perspective...


En espérant que cette petite analyse du "en un mot" ait été utile ;-)

lundi 4 novembre 2019

Une nouvelle vie pour Monsieur Bout !

… et pour un peu toute la famille, en fait

Ce fut long ; ce fut laborieux ; ce fut douloureux. 
C’est, toujours, un peu beaucoup flippant.


Mais la décision a fini par être prise ; 
les démarches correspondantes ont été entreprises ; 
les RDV nécessaires pris ; 
- le calendrier initialement prévu bousculé, tout avancé de 3 mois en l'espace de 3 jours - 
les papiers signés ; 
les jours restant jusqu’à la date fatidique, comptés un à un.

Après de longs mois. Après un énorme travail de discernement de part et d’autre, des calculs tous azimuts, des discussions, rediscussions, mises en question et remises en question...
En septembre, Monsieur Bout a signé une rupture conventionnelle avec l’entreprise qui nous avait ramenés en région parisienne il y a deux ans
Depuis quelques jours (le temps des délais légaux), il est donc libéré d’un job et d’un contexte professionnel dont la toxicité ne faisait qu’empirer. 

Mais il en a fallu du temps pour discerner et oser passer le pas : il a fallu se libérer de nombreux liens, de nombreuses peurs, se recentrer sur nos vraies priorités et nous dépouiller de celles que nous avions « intégrées » sans y penser. 
Pour Monsieur Bout, il a fallu remettre en question sa conception de son utilité, de sa valeur, de la « réussite ». Il aura fallu une grosse dose, de courage mais aussi de moments si compliqués que, quelque part, nous sommes « allés au bout du système », pour être capable de lâcher une situation confortable, enviable, symbole de succès aux yeux du monde, pour l’inconnu.


Avec cette décision, c’est tout notre équilibre familial que nous allons revoir. 

Ces dernières années, 
  • l’arrivée des enfants d’un côté = souhait partagé qu’ils soient élevés principalement par nous, 
  • la progression professionnelle (et salariale) de Monsieur Bout de l’autre = activité pro de Monsieur beaucoup plus rentable financièrement que celle de Madame malgré, au départ, un diplôme identique
avaient peu à peu placé celui-ci en position de principal voire unique pourvoyeur aux besoins matériels de la famille, pendant que j’assumais l’essentiel des besoins non financiers de la famille (présence, logistique).
Un équilibre qui m’a très bien convenu un temps (je me suis éclatée à la maison à Strasbourg), mais qui pesait de plus en plus à Monsieur Bout.
Un équilibre que notre déménagement en région parisienne a de toute manière fait voler en éclats, en cumulant
  • Quotidien à la maison beaucoup moins sympa puisque perte de mes repères
  • Charge mentale de la Gwen décuplée par les soucis causés par les difficultés vécues par F.
  • Nouvelle opportunité, pour la Gwen, de remonter en selle auniveau pro. Devenir « freelance » m’aura permis de faire cela d’une manière plus compatible avec une grosse dose de présence pour les enfants… mais aussi à la fois bien plus intéressante et bien plus rémunératrice qu’auparavant
  • Quotidien pro de Monsieur Bout rapidement invivable, source d’un stress et d’un mal-être énormes et inévitablement répercutés à la maison
  • Charge mentale de Gwen encore augmentée de ce fait (ainsi qu’une charge logistique accrue du fait de la disponibilité inexistante moindre de Monsieur Bout). 
Du coup tout a commencé par la gestion des états d’âme de Monsieur Bout, puis rapidement j’ai vu s’accumuler tous les signes d’un burn-out approchant (l’avantage d’être RH, c’est qu’on les connaît, ces signes, pour les avoir si souvent vus… chez les autres), l’entendre chaque jour de son mois de vacances d’été 2018 me dire qu’il avait peur de retourner au boulot, tirer sans cesse la sonnette d’alarme pour que Monsieur Bout s’arrête à temps, mais sans succès, et me résigner à guetter l’écroulement final en ayant conscience de ne rien pouvoir faire pour l’éviter.

Rien, hormis capituler et pousser (plutôt que freiner, paniquée – ce que je faisais au départ : on avait quitté Strasbourg pour ce job bordel !) Monsieur Bout à explorer toutes les pistes les plus folles qu’il me sortait certains soirs en mode « j’irais bien élever des chèvres dans le Larzac ».

Capitulé, j’ai. Je me suis déclarée prête à soutenir, supporter, endosser avec lui toutes les conséquences d’un éventuel changement de voie, aussi radical fût-il.

Une seule garantie, j’ai demandé : que ce choix soit fait de manière accompagnée, car 
« en ce moment nous sommes plutôt riches, et tu es malheureux. Je suis OK pour le schéma : pas riche du tout, toi heureux. Mais si c’est pour qu’un souci d’orientation nous amène à la case pas riche du tout, toi malheureux… Là ça bloque. ». 

Monsieur Bout avait déjà eu recours à un coach quelques mois auparavant, mais ces quelques séances ne l’avaient pas mené bien loin. Il nous fallait donc un accompagnement plus musclé : à lui, pour l’aider, à moi, pour pouvoir le soutenir dans la voie choisie en ayant un minimum confiance qu’elle ne nous mènerait pas au casse-pipe.
La « garantie » de bon discernement à laquelle nous avons eu recours a été de se tourner, pour Monsieur Bout, vers un accompagnement proposé par une association spécialisée depuis 30 ans dans la gestion de groupes de réflexion : intégrer un collectif de 12 personnes remettant à plat réussites, compétences, goûts et projets professionnels, selon une méthodologie extrêmement structurée et extrêmement exigeante (en termes de travail personnel fourni).
Des mois de boulot.

Résultat : nous rééquilibrons.

L’objectif premier étant de revoir l’équilibre vie pro / vie perso de Monsieur Bout, et de booster au passage l’intérêt de l’aspect pro, Monsieur Bout va lui aussi se lancer dans l’aventure de l’indépendance. Depuis une grosse année, je m’éclate, moi, profitant à fond de la liberté dont je dispose pour ne faire, dans mon boulot de RH, que les choses qui ont du sens, dont je ressens et perçois profondément l’utilité. Ca a donné envie à Monsieur Bout… et devenir indépendant va lui permettre de gérer lui-même son temps, accédant ainsi au temps partiel, un Graal vraiment peu répandu dans les grands groupes français… et encore moins quand c’est un homme qui prétend y accéder.

D’un modèle 
  • Monsieur Bout gère l’essentiel de la charge financière / 
  • Gwen gère l’essentiel de la charge familialo-maisonnesque, 
nous passons donc à un modèle 40 / 60 : la Gwen récupère une grosse moitié de la charge financière, et bascule une grosse partie de la maison / famille sur les épaules de Monsieur Bout.

Le plan est donc que j’augmente ma charge de travail, pour bosser l’équivalent d’un 60%, et que Monsieur Bout bosse un petit 50%, et consacre le reste de son temps à la poursuite d'activités épanouissantes ainsi qu'au soin des enfants et de la maison. Bien entendu, cette estimation de notre temps de travail est approximative : tout dépend du prix auquel nous réussirons finalement à vendre notre travail, et de la masse de travail annexe que nous devrons fournir pour, justement, trouver et gérer nos clients. 
En théorie cependant, si on en croit notre tableau Excel, cette organisation doit nous permettre, moyennant quelques ajustements de ci de là, et une gestion prudente des comptes, de continuer à assumer les 2 grosses charges de notre budget : 
  • garder notre maison, et 
  • garder nos enfants dans les écoles Montessori qui, pour le moment, nous conviennent si bien.
Nous allons donc partir là-dessus. Si finalement notre équilibre budgétaire ne se réalise pas tel que nous l’avons si joliment simulé, il sera toujours temps de prendre d’autres décisions plus radicales.


Corollaire de cette décision : un facteur nous permettant de nous lancer dans l’aventure de la double-freelancitude après des années de sécurité de double-salaritude-dans de-grands-groupes est notre capacité à pouvoir compter sur un volume suffisant de clients pour assurer à notre famille 
  • un revenu suffisant dans l’absolu, 
  • un revenu suffisamment stable, 
  • et une activité suffisamment intéressante (= où nous pouvons choisir nos missions / clients, plutôt que de prendre ce qui vient pour faire bouillir la marmite). 
Cette capacité est, très clairement, grandement liée à notre présence en région parisienne. Le dynamisme économique et la position centrale de Paris nous assurent un potentiel de volume d’affaires inégalé ailleurs en France. Donc, tant que nous resterons sur ce schéma-là, il ne sera a priori (je dis a priori, hein…. Je sais trop ce qui m’arrive quand je me montre trop certaine dans mes plans…) pas trop question d’un nouveau déménagement. Ouais, je sais, pour tous les tenants de la thèse du retour surprise à Strasbourg : c’est mort. C’est bien triste, car franchement la vie en IDF ne nous séduit toujours pas plus que ça, mais c’est le prix à payer pour pouvoir mener une vie qui nous convienne sur d’autres plans. Donc c’est un sacrifice que nous faisons volontiers, puisqu’il conditionne notre capacité à faire des choix autrement plus cruciaux à nos yeux.

Voili voilou. C'était donc le fameux changement-mystère évoqué ici. Et c'est un des facteurs qui a, également, conduit à la fin, au moins provisoire, de l'instruction en famille chez nous.
D’où il s’ensuit que
  • Je vais pouvoir un peu me délester de pas mal de points de ma to do list dans les temps à venir
  • Nous allons, en parallèle, être pas mal occupés par l’intégration de nos nouveaux rôles ;
  • Bébé number 3 aura la chance de profiter d’un papa bien plus présent ; et, nous l’espérons, bien mieux dans ses pompes.
Une nouvelle aventure commence !
(ta taaa tataaaa tatata tataaaaa … - si vous n'avez pas reconnu = musique de Christophe Colomb, voyons !)

Je vous savais avides de découvrir le joli minois blond de Monsieur Bout; Le bleu lui va à ravir, hein ?!