2 semaines que le Bébounet est parmi nous… !
Tout se passe bien, même si sa 2ème semaine de vie a été marquée par l'apparition d'un RGO (reflux gastro oesophagien pour les intimes) ce qui a compliqué un peu sa vie, et la nôtre par ricochet (et du coup, terrible, a décalé la parution de ce billet : taper à l'ordi avec un nourrisson couché sur soi c'est pas très facile…)
Pour toute naissance, et en particulier celle d'un numéro-pas-1, se pose la question du temps à passer à la maternité. En période de COVID, la question se pose d'autant plus que de nombreux hôpitaux, même ceux habituellement frileux vis-à-vis des sorties précoces, en viennent à les favoriser pour limiter les risques de contamination à l'hôpital et/ou décharger des services parfois d'autant plus pleins qu'on y a réduit le nombre de lits afin d'augmenter ceux consacrés au virus.
En ce qui me concerne :
- Bébou : 16 jours d'hôpital mais c'était du à des complications (césarienne + éclampsie). Suite à quoi j'ai annoncé "je me barrerai dès que possible pour les suivants : avec le Bébou, j'ai fait mon content de jours d'hospitalisation pour tous mes enfants à venir."
- Bébounette : sortie au bout d'à peine 30h. Après avoir accouché un lundi tôt le matin, le mardi en début d'après-midi je me glissais dans mon lit à moi, et se mettait en place un dispositif d'HAD (hospitalisation à domicile) avec la sage-femme libérale avec qui j'avais fait mes cours de prépa à l'accouchement
- ce Bébounet : je me projetais sur quelque chose d'analogue à la naissance de la Bébounette et puis finalement, pas du tout : je suis restée 3 jours pleins.
Voici donc une brève analyse, vue de ma fenêtre, qui pourra venir alimenter les réflexions de mamans-en-dernière-phase-hippopotamesque.
Je précise que cela n'est valable que pour une naissance s'étant à peu près bien passée. Je ne conseillerais à personne de hâter sa sortie après une césarienne : on n'en sort vraiment pas dans le même état et les quelques jours supplémentaires d'hospitalisation ne sont pas du luxe.
Avantages d'une sortie précoce
- Pouvoir retrouver très vite les aînés
C'est notamment valable en période de confinement qui signifie interdiction de visites par la fratrie. Dans tous les cas, limiter la durée de la séparation peut être particulièrement pertinent si les aînés sont encore très jeunes.
Par ailleurs pour la naissance d'E., privilégier une sortie rapide m'avait permis de faire le choix que F. ne vienne pas me voir à la maternité, suite à une remarque de ma maman pointant du doigt que du haut de ses 23 mois il risquait d'être plutôt perturbé par le fait de me voir dans un environnement aussi étranger que celui de l'hôpital, et de mal vivre aussi le fait de devoir en repartir en m'y laissant. Il a donc découvert sa sœur au lendemain de sa naissance, tranquillement, à la maison : en se levant de sa sieste il a pu venir me faire un gros câlin de retrouvailles dans mon lit et faire connaissance de son petit bout de sœur.
Une sortie précoce permet donc d'être rapidement là pour remplir le réservoir d'amour des enfants. Même alitée, on peut lire une histoire, faire des câlins, un petit jeu de société, admirer des dessins ou mener des conversations existentielles sur la vie et les mœurs des pyrrhocores.
- Profiter de la présence du papa
Particulièrement en cette période de COVID où de nombreuses maternités interdisent aux papas l'accès aux suites de couches (heureusement, ce n'était pas le cas de l'hôpital où H. est né), une sortie précoce peut permettre au papa de davantage profiter des premiers instants de bébé, et faciliter la mise en place du lien papa-bébé.
C'est en particulier le cas quand COVID et/ou l'organisation logistique avec les aînés ne permettent pas au papa de dormir à la maternité. (alors qu'au contraire lors de la naissance du Bébou, Monsieur Bout avait passé les 8 premières nuits à la maternité, où il avait un vrai lit, ce qui nous avait valu une belle lune de miel à 3, une fois que j'étais sortie de réanimation)
- Avoir son rythme à soi
Aaaaah, ne pas être dérangée par mille visites du personnel médical ni par le service du petit déjeuner à 7h30 alors qu'on venait enfin de s'endormir après une nuit pas très tranquille...
- Pouvoir gérer son bébé comme on veut
"il faut le réveiller - naaaaan touchez pas il DORT BON SANG" ou "pas de cododo c'est dangereux Madame"... Ca peut être assez agaçant (surtout quand on vous sort la dernière phrase à 2h30 du matin lors de votre 2ème nuit d'hôpital, quand vous venez enfin de vous endormir, bébé et vous, après qu'il ait tétouillé non stop pendant 3h...)
- Manger mieux et à l'heure qu'on veut
Il faut reconnaître que la bouffe d'hôpital c'est rarement du 4 étoiles (même si franchement j'ai trouvé que cette fois-ci c'était correct), et dans tous les cas ça ne vaut jamais les petits trucs délicieux qu'on peut avoir à la maison… Le premier matin après la naissance de H. j'ai soupiré et rêvé d'un bon gros croissant. I had a dream...
Ceci dit le 3ème matin ils avaient enregistré tout seuls que mon plateau de petit déjeuner devait contenir 2 pains et non 1 seul... Puisque j'avais réclamé du pain en rab les 2 matins précédents.
Manger ce qu'on veut donc, et manger à l'heure qu'on veut c'est chouette aussi. Ca évite le plateau qui refroidit parce que servi pile poil au moment où bébé tète, à un stade où l'art de la tétée n'est pas encore maîtrisé donc où manger en étant mangée donnant le sein n'est pas encore une option vraiment viable.
- Pouvoir gérer son corps comme on veut
Si on est pudique, y a moyen de ne pas toujours être à l'aise avec le fait d'avoir les seins (voire un peu tout le reste aussi) à l'air alors que des demi-douzaines d'inconnues débarquent sans crier gare (là moi ça va : j'ai décidé qu'en post-partum je ne suis pas pudique).
Avantages d'un séjour pas raccourci
- En tout premier lieu à mes yeux : pas de tentation de trop en faire
Gérer une lessive, substituer la lecture d'une histoire à une sieste pourtant loin d'être superflue, ou encore faire du rangement parce qu'on n'a pas eu le temps de terminer celui-ci avant la naissance,... etc : qu'elles sont nombreuses les sollicitations qui peuvent insidieusement amener une jeune accouchée à négliger ses besoins !
A l'hôpital on est loin de chez soi donc on se retrouve plus facilement en position de laisser tomber la gestion de la maison, de la famille, et la charge mentale associée pour se concentrer sur l'essentiel : son repos à soi et le soin de mini-bébé.
A l'hôpital on est loin de chez soi donc on se retrouve plus facilement en position de laisser tomber la gestion de la maison, de la famille, et la charge mentale associée pour se concentrer sur l'essentiel : son repos à soi et le soin de mini-bébé.
- La lune de miel avec bébé, justement.
72h à manger son bébé des yeux ;-) |
Avoir quelques jours juuuuste avec H., à faire sa connaissance avant de retrouver F. et E., ce fut vraiment appréciable. Un peu comme si mon cœur était content de faire la transition vers la taille supérieure en commençant d'abord par se focaliser sur le nouvel être à aimer…
Quelques jours précieux à pouvoir pleinement prolonger la fusion de la grossesse, à apprivoiser la fin de celle-ci ensemble, sans se retrouver un peu déchirée entre ce besoin de fusion et les besoins affectifs du reste de la fratrie.
J'ai d'ailleurs tellement apprécié cet aspect qu'au moment de sortir j'étais à la fois triste et inquiète de voir cette première page se tourner. Allais-je réussir à aimer assez tout le monde à la fois ? (bon il semble qu'aimer oui ; montrer à chacun suffisamment d'amour … j'y travaille).
- Mise en place de l'allaitement sans interférences du quotidien, des enfants etc
C'est un numéro-pas-1 donc on constate généralement qu'on y arrive mieux et plus rapidement, qu'on sait déjà un peu faire, mais quand même : chaque enfant est différent, et autant je garde le souvenir d'une Bébounette née avec le logiciel "téter" parfaitement opérationnel dès les premiers instants, autant ça n'a pas été le cas de ce Bébounet-là.
Du coup; quand les premières tétées sont encore chaotiques, pouvoir les gérer loin du regard à la fois enthousiaste et inquisiteur des aînés ("pourquoi il tête pas, là, maman ?") simplifie les choses. On peut se concentrer dessus et y consacrer tout le temps nécessaire sans pression à la "en plus j'ai promis une histoire pendant la tétée".
Du coup j'ai apprécié que ces 3 jours d'hospitalisation m'aient permis de ne rentrer chez moi qu'une fois la montée de lait déjà pas mal amorcée, et le Bébounet ayant passé sa première étoile (ouais la tétée c'est comme le ski. J'vous assure. Hormis qu'à la place du chamois d'or c'est une vache).
- Le lit multi positions.
Nan mais c'est vrai c'est bien pratique, ça.
Tiens d'ailleurs le COVID aura du coup privé F. d'une opportunité en or d'explorer toutes les fonctionnalités dudit lit. Décidément que d'opportunités perdues à cause de ce fichu virus !
- Pas de gestion logistique du post partum
Genre je m'en fiche si je tâche les draps, ce ne sera pas à moi de les nettoyer. Idem pour les fuites de lait...
Ca aussi c'est de la charge mentale en moins ! Ca rend le vécu des désagréments physiques du post-partum un peu moins lourd...
A propos désagréments physiques....
- traverser les tranchées bien au chaud
Aaaah, ces chouettes contractions de remise en place de l'utérus ! Dont on nous dit bien qu'elles sont pires à chaque accouchement successif.
Eh bien j'avoue que j'étais bien contente d'être à l'hôpital pendant le gros du truc :
- je pouvais gérer la douleur sans interférence avec les enfants, c'est-à-dire à la fois:
- faire mes petits exercices de respiration - plus durs à faire quand on est interrompue par des "mais tu fais quoi maman ?" et autre tentatives de creuser le sujet "Ah t'as mal mais pourquoi t'as mal maman ?" ;
- et ne pas culpabiliser parce que la douleur me rend d'une humeur de dogue et donc ne me prédisposerait pas à répondre aux questions susmentionnées avec des paillettes et des fleurs dans la voix ("PAAAARSKEUH !")
- je pouvais bénéficier du soutien du corps médical pour l'atténuer. Autant je ne prends quasi jamais d'anti-douleurs en temps normal, autant pour la gestion du post-partum j'y ai recours sans complexe. Doliprane I love you. En temps normal on peut alterner avec de l'ibuprofène, mais en période de COVID on se retrouve privée de cette aide complémentaire bicoz Ibuprofène + COVID = pas cœur … Si bien que j'ai été bieeen contente d'avoir la possibilité de réclamer une ampoule de Jesaisplustropquoimaisçasoulageol ou autre Trucquiréduitlasouffrancine à 4h du matin une nuit.
mais aussi
- Accès sans peine à des RDV médicaux
Point paaarticulièrement valable en période de confinement et d'accès réduit voire inexistant à tout plein de professionnels susceptibles de nous être utiles !
Moi qui me suis pourrie les dernières semaines de grossesse avec un bassin bloqué alors qu'impossible de voir un ostéopathe pour me remettre d'aplomb, j'ai eu des étoiles dans les yeux quand on m'a dit qu'une ostéo passait s'occuper des patientes de la maternité en ayant besoin l'après-midi de mon jour de sortie.
J'ai donc vooolontiers retardé de quelques heures ladite sortie afin de bénéficier de ses bons soins et m'épargner quelques semaines de gêne supplémentaires.
A l'arrivée, un élément essentiel dans la décision, et/ou à aménager quelle que soit la décision : les capacités qu'on a à se reposer une fois rentrée à la maison = qui est à la maison pour faire le taf ?
- Pour E., j'avais ma mère à la maison, je savais donc pouvoir ne rien faire tant qu'elle serait là.
- Pour ce bébé3, le plan initial était que notre mamie-au-pair G1 soit avec nous durant les 6 semaines autour de la naissance.
Confinement et compagnie ont fait misérablement foirer ce plan.
Mais en retardant le début des missions d'indépendant de Monsieur Bout, ils ont permis à celui-ci d'être 100% dispo (et allégé la charge logistique sur certains points : pas de trajets d'école à gérer, c'est toujours ça…).
Du coup, quand les vols de notre G1 ont été définitivement annulés, Monsieur Bout et moi avons pris le temps d'une bonne discussion tous les 2, afin de définir notre plan de bataille fin de grossesse - accouchement - post partum.
Et notamment, j'ai insisté sur le fait qu'il était essentiel qu'à ma sortie, je puisse passer un max de temps au lit les premiers temps et en particulier la première semaine.
Ce n'est pas du luxe, mais véritablement un point à prendre en compte dans la gestion de la sortie : trop en faire (même si on se sent d'attaque) après une naissance, ça se paye très cher les semaines / mois suivants !
J'avoue que sur ce point-là, je suis particulièrement vernie : Monsieur Bout étant au foyer depuis 6 mois bientôt, il a eu le temps de développer sa capacité à assumer 100% de la gestion des enfants et de la maison, et de devenir parfaitement opérationnel. Ne lui manquait plus que la prise en charge de la cuisine et… il s'en sort merveilleusement bien, en plus ! (et limite il fait des trucs tellement sains que j'hésite à reprendre le chemin des fourneaux; je crois que mes chances de rerentrer un jour dans mes vêtements sont bien meilleures si c'est lui qui me nourrit…)
Par ailleurs, un autre ingrédient important est la sage-femme qui assurera le suivi post-partum à domicile : l'avoir déjà identifiée améliore à la fois les chances de pouvoir bénéficier d'une sortie précoce (en particulier en période de COVID), et,si on a pu même commencer un suivi avec elle avant (pour de la prépa à la naissance par exemple), ça facilite aussi le retour à la maison serein puisqu'on a un interlocuteur médical pour petits et gros maux, petites et grosses questions du post partum.
Moralité : les modalités de sortie d'E. et H. ont finalement été bien différentes… les circonstances aussi, et à l'arrivée c'était ce qu'il fallait à chaque fois !
Si votre expérience vous a permis de repérer d'autres critères important à prendre en compte dans une telle décision, n'hésitez pas….