J
e viens de déposer F. et E. à l'école … mais étant dans la dernière ligne droite de peaufinage du bébé bouquin je ne publierai le billet "le mythe de l'école parfaite" que… plus tard, quoi. (en revanche puisqu'on parle de bébé bouquin, repassez donc demain ;-) )
Ce qui tombe bien car aujourd'hui c'est à Maman'dala que je peux laisser la plume, puisque ELLE, elle a écrit des trucs. (et elle embrasse celles de ses anciennes lectrices qui la retrouveront ici)
« Ça nous fait
des bonnes journées, tu vois
La vie d'écolier, ce n'est pas ce qu'on croit
Joie, liberté, rires et nirvana
La vie d'écolier, non c'est pas ça »
Bonjour tout le monde,
Moi, c’est Hëlëne, ex-alias Maman’dala. J’ai blogué pendant 5
ans pour partager mon parcours et mon vécu de jeune maman en chemin sur l’éducation
bienveillante. L’an dernier, je suis revenue à mon clavier pour écrire
un petit billet sur mon rapport à l’école à la veille de la première année de primaire de ma fille (et
que l’amie Gwen a gentiment publié puisque je suis devenue SBF).
J’y ai exposé la confiance et la sérénité (la foi presque!)
qui m’avaient habitée, prenant la place de quelques années d’anxiété.
Un an après, qu’en est-il ?
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Dingodossiers, tome 2 |
Bon, autant le dire tout de suite à la veille de la
rentrée : ça y est, c’est officiel : ma fille n’aime pas franchement
l’école, et elle n’est pas ravie à l’idée d’y retourner Malgré les copines,
malgré tout.
Mais diantre, comment est-ce arrivé ?
1. Un décalage entre les centres d’intérêt de Minimog et
ce qu’elle apprenait en classe.
A commencer par… La lecture !
Ce n’était pas tellement une surprise, ma fille n’avait pas
plus envie d’apprendre à lire que l’an dernier. En effet, elle n’avait jamais
montré un intérêt particulier pour les lettres, et s’avérait assez nulle en
phonologie.
Perso, ça ne m’a jamais affolée…
Sauf qu’en CP la lecture,
c’est le GRAAL.
LE truc dont tout le monde parle, LA chose à maîtriser.
CP =
LECTURE.
Et dans la tête de Minimog c’est devenu école = lecture.
Quelle que soit la méthode utilisée (globale ou syllabique)
notre fille s’est EM****DEE à mourir avec ses exercices de lecture quotidiens.
Je voyais bien qu’elle n’avait pas franchement envie (je
dirais même plus : franchement pas envie) et qu’on se dirigeait lentement
mais sûrement vers un dégoût définitif. Du coup, alors même que tout le corps
enseignant nous poussait à la faire lire en toute occasion, on a pris le parti
inverse : on a zappé littéralement les devoirs de lecture pendant les 3/4
de l’année.
On a préféré orienter ce qu’on faisait à la maison sur ses
centres d’intérêt (les maths, l’histoire, le dessin et autres arts plastiques).
De manière générale, Minimog était très frustrée de ne pas
pouvoir étudier ce qui lui faisait envie quand elle en avait envie. Il faut
dire qu’elle sortait d’une maternelle où les maîtresses s’inspiraient
principalement de Montessori et Freinet et que le choix des activités était
assez libre. Du coup le passage à un CP où seule la maîtresse décide de ce
qu’on fait a été super frustrant.
Les seuls moments qu’elle appréciait étaient les APC, parce
qu’ elle « apprenait en faisant des jeux ». Ben oui. Le jeu
c’est fait pour ça, pour apprendre avec plaisir.
Solution envisagée :
En dehors de cela Minimog n’a rencontré aucun problème
particulier. Ses résultats étaient suffisamment satisfaisants pour que la
maîtresse n’ait rien à redire. Elle a fini par avoir le déclic pour la lecture
à un mois de la fin d’année (nous donnant à voir la grande différence entre
quelque chose que l’on apprend sous la contrainte et ce que l’on apprend avec envie).
En un mois, elle avait rattrapé son retard de l’année. Donc on n'a rien poussé et
on l’a laissée gérer.
J’ai aussi pris le temps de lui faire comprendre la
différence entre la lecture et le fait qu’en classe elle lit sous la
contrainte. En lui évoquant le fait que personnellement, je lisais rarement
avec enthousiasme les livres proposés par les enseignants au collège et lycée
alors qu’à côté je lisais énormément des livres qui me passionnaient.
2. Le rythme et les horaires.
Deuxième élément qui a bien pourri l’année : les
%&*¤£ de réveils tôt le matin !
C’est un fait, nos enfants (comme beaucoup d’autres gens)
n’ont pas pour rythme naturel de se lever tôt et se coucher tôt. Depuis qu’ils
sont bébés. C’est même plutôt l’inverse et franchement, toute la famille en a
plus que marre de ce décalage permanent :
les enfants parce que leurs enquiquineurs de parents les
forcent à se coucher à une heure où eux ils commenceraient presque leur journée
à en croire l’énergie qui déploient.
les parents parce qu’ils en ont marre de devoir se battre tous
les soirs pour que les enfants dorment à une heure décente et de réveiller des
cadavres d’enfants crevés tous les matins.
Je vous jure que nous attendions les grandes vacances autant
que nos enfants juste pour arrêter d’avoir à vivre cette angoisse
quotidienne ! Et nos enfants étaient dans un état d’épuisement bien
avancé.
Solution envisagée :
On cherche encore….
3. Des parents qui n’ont pas aidé.
Pour être honnête, on n'a pas été exemplaires, son père et moi, dès le début. On s’était promis de faire équipe avec la maîtresse, d’être un
soutien, une source de confiance et puis…
Et puis dans un premier temps on s’est heurté à quelques
méthodes qui nous ont fait grincer des dents :
le coup des images
récompense,
le coup des fleurs de comportement : à faire signer par les
parents ET affichées dans toute la classe, histoire que tout le monde puisse
voir celui qui est en rouge,
sans parler des premières lectures en méthode
globale qui nous ont totalement abasourdis.
J’avoue que du coup ma fille a commencé avec des
(version maman) : « ben là ma puce, je sais pas trop quoi faire parce que franchement pour moi, là, tu lis pas, tu ressors un truc appris par cœur… du coup... ça sert à quoi au juste ? «
et des (version papa) « Mais c’est quoi cette méthode de teubé là ! Kimamila, c’est quoi ce truc ? En plus c’est débile, elle va confondre avec « qui m’a mis là », c’est de l’apprentissage de lecture pour SMS ou quoi ? ».
Et puis, de manière générale, on n’arrive plus à faire
semblant. Semblant de s’enthousiasmer pour un système et des méthodes qui ne
nous parlent plus.
Et pour parachever le tout, dans l’idée qu’elle ne fasse pas
d’amalgame entre « l’école c’est nul » et « apprendre c’est
nul », j’ai veillé à ce qu’elle comprenne que l’école n’est PAS la seule
source d’apprentissage. C’en est une. Une grosse source d’apprentissage,
quoiqu’on en dise. Mais on apprend pas QU’à l’école et on apprend pas forcément
au même rythme que les programmes scolaires. Histoire de bien désacraliser
l’institution. ;-)
Solution envisagée :
A part les commentaires pas très vendeurs mentionnés
ci-dessus. On s’efforce de ne rien dire pour le reste et d’attendre de voir
comment notre fille le vit vraiment. Les images/bons points par exemple, elle
adore. Et bien que je n’aime pas trop le système (ce que je n’ai pas pu
m’empêcher de dire...), elle, elle le vit très bien.
Mais je dois dire qu’il est plus dur que je ne pensais de ne
pas communiquer notre avis sur les choses qui nous rebutent.
On apprend à tourner notre langue dans notre bouche. ;-)
Cette année je me suis promis de rester vigilante à ne pas projeter mon rejet
de l’école sur elle. Me rappeler, comme l’an dernier, que c’est un choix.
4 . Des relations parents/profs : inexistantes
Je vais être honnête, je n’ai rien contre la maîtresse de ma
fille… Mais rien qui m’enthousiasme particulièrement non plus.
Ça avait démarré fort puisque mon mari avait fini par aller
discuter avec elle au bout de deux semaines de Kimamila pour qu’on se fasse
expliquer l’intérêt de la chose.
Ladite maîtresse s’est montrée tout à fait compréhensive sur
nos inquiétudes et lui a expliqué son procédé.
La fois suivante fut moins encourageante.
Un peu avant Noël, la maîtresse avait beaucoup crié sur les
élèves et ça avait heurté ma fille. Je l’ai donc accompagnée pour qu’elle en
parle à la maîtresse. J’avoue que la réaction de la maîtresse ne m’a pas
aidée. Je m’attendais à ce qu’elle entende les émotions de ma fille et à la
place elle a répondu :
« Et pourquoi est-ce que j’ai
crié ? Parce que vous aviez fait du bazar ! »
(ouch!).
J’ai
tâché d’arrondir les angles en entendant – moi - les émotions de ma fille et en
ouvrant sur les émotions de la maîtresse :
« je crois que Mme X
était vraiment à bout de jour-là. Mais tu as bien fait de lui parler,
maintenant elle sait ce que tu as ressenti ».
Et Minimog n’a plus jamais
reparlé de la maitresse qui criait. Est-ce un jour particulier ? La
maîtresse a-t-elle entendu ? Minimog n’a t-elle plus osé en parler….
Mystère.
Quant à la réaction de la maîtresse : je ne la juge pas.
Déjà, si la vie ne m’avait pas mis sur la piste de l’écoute active et de la
CNV, j’aurais sûrement moi-même réagi comme elle et puis, je fréquente assez
d’enseignants pour savoir qu’ils sont sans cesse remis en question et obligés
de se justifier. Je comprends qu’elle en vienne à des « réflexes
défensifs », surtout quand on en parle à l’entrée de la cour de récré avec
du monde autour ce qui, après réflexion, n’était sûrement pas le meilleur
contexte. C’est un peu mon ressenti global avec elle d’ailleurs : je ne la
juge pas, mais ne me sens pas sur la même longueur d’ondes pour autant.
Ensuite, ce fut le désert. A cause de nous. Par étourderie,
nous avons raté les deux rencontres programmées dans l’année au moment de la
remise des bulletins. Certes, Minimog oubliait régulièrement (entre autres
choses) de nous donner les retours de la maîtresse ; mais si nous en
avions fait une priorité, je suis certaine qu’on aurait rattrapé le coup.
Je pense que, plus encore que les méthodes utilisées,
l’enseignant fait énormément. Notre ressenti global fut à l’image de ce que
nous inspirait la maîtresse : neutre, sans vague, RAS.
Solution envisagée :
A mes yeux, c’est vraiment la chose que l’on doit rectifier
cette année. Avoir des relations avec l’enseignant, ça humanise beaucoup
l’école. Là où l’on voit un système, on peut y voir des personnes. Là où il y a
des personnes, le dialogue et la compréhension ont leur place. Et ça change
tout.
Comme le dit très justement Elsa « L'école n'existe pas. Ce qui existe, ce sont des équipes concrètes
d'hommes et de femmes - enseignants, encadrants, intervenants. » .
Conclusion :
On s’est dirigés au fils des semaines vers une scission assez
nette entre l’école et la maison.
Nous n’avons pas essayé de faire comme si l’école n’existait
pas. Mais vraiment, l’école est devenue un truc qui commence avec la sonnerie
du matin et disparaît dès que la barrière est passée. Hormis quelques poésies à
apprendre et quelques dictées à préparer pour donner le change, elle
n’apparaissait que peu dans le quotidien familial. Les « alors tu as fait
quoi à l’école aujourd’hui ? » ont vite laissé la place à
« Salut, ça va ? ». Ramener l’école à la maison, ça nous
semblait contre-productif.
Aucune surprise en fait pour ce bilan : le primaire
s’est avéré être ce que j’en attendais. Ce ne fut ni une catastrophe, ni une
bonne surprise.
Minimog n’a montré aucun souci ni difficulté
particulière, mais nous avons quand même dû faire face aux réticences de plus en
plus affichées de Minimog d’aller en classe. Ce à quoi je répondais que dès
lors que nous l’avions inscrite, nous nous étions engagés à ce qu’elle y aille
tous les jours sauf maladie, que nous n’avions pas pour l’instant les moyens de
lui laisser le choix de son instruction mais qu’on y travaille. Puis je
l’invitais à mettre en exergue tout ce qu’elle appréciait à l’école pour lui
faire voir que quand même, tout n’est pas repoussant.
Ce n’était peut-être pas diplomatique, je ne sais pas. Mais
au moins c’était honnête.
Le seul souci finalement, mais pour moi il est
important : c’est qu’elle ne prend pas de plaisir à y aller. C’est un lieu
d’apprentissage mais visiblement pour elle, ça ne semble pas être un
lieu d’épanouissement.
De mon côté j’ai veillé à suivre son parcours et ses
acquisitions.
Bon les bulletins… C’est pas ma priorité. Mais ça nous permet
de situer les choses. Y a-t-il un souci ou pas.
Je prenais le temps regarder les cahiers qu’elle rapportait
chaque semaine en discutant parfois avec elle ce qu’elle avait fait, sans
jugement (c’était assez rare ceci dit, le sujet ne semblait pas l’intéresser
plus que ça). Et bien sûr, savoir quelles sont les connaissances qu’elle a
acquises ou à tout le moins travaillé à l’école nous aide à les ré-utiliser
dans le quotidien.
Nous tâchons aussi de rester vigilants quant aux ressentis de
Minimog. Finalement, le fait que l’école
reste loin, c’est le signe qu’il n’y a rien de dramatique. C’est un espace de
vie pour ma fille, à l’image de ce que peut être la vie : bien et pas
bien, et on y trouve sa place. Si possible sans l’intervention de papa et maman
et ça, c’est une bonne chose à mes yeux. Mais nous restons présents en cas de
besoin.
Bref, je m’attends à ce qu’on continue ainsi.
Jusqu’à ce qu’on puisse faire
mieux. ;-)
Si vous souhaitez lire un article écrit par une personne
beaucoup plus raisonnable et avisée que moi, je vous invite à lire l’
articled’Elsa de Coquelipop.
Encore que je m’aperçois qu’à part sur la gestion des
devoirs, je me retrouve pas mal dans ce qu’elle dit.
Et si vous voulez du rêve (à condition que ça ne vous mine
pas le moral), voici deux interviews de Bernard Collot que j’ai adoré voir et
entendre :
Bonne rentrée à vos enfants.