Nan nan il ne s'agit pas de l'oncle Robert qui fera des blagues racistes.
Or j'ai eu du pot, Boubinours étant né au début du 1er confinement, ses intolérances alimentaires ont été relativement faciles à supporter pendant longtemps : en effet, chez moi, elles ne me gênent que médiocrement. J'ai adapté ma cuisine et, dans les milliards de possibilités culinaires qui existent, je privilégie tout simplement celles qui sont compatibles avec le régime auquel les intolérances alimentaires de H. me soumettent tant que je l'allaite encore.
Les intolérances alimentaires deviennent franchement plus relou quand on sort de chez soi, ce qui, curieusement, ne s'est guère produit la première année de vie du jeune homme, merci COVID. Mais depuis, j'ai repris une vie sociale, je suis ressortie au restaurant, et l'accumulation de moments frustrants + une discussion avec une de mes belles-sœurs cherchant à me régaler cet été, me conduisent à écrire ce billet.
En effet, pour quelqu'un qui comme moi n'a pas droit au gluten et aux produits laitiers, sortir devient vite énervant : on n'a le droit de rien manger. On en parle, d'un de mes derniers restau en date où la mousse au chocolat initialement annoncée comme sans produit laitier (oui, la mousse au chocolat demeure une excellente alternative si pas droit aux laitages ni au gluten) m'a été retirée in extremis par le serveur qui avait été vérifier une dernière fois auprès du chef ? (je suis très reconnaissante au serveur d'avoir fait gaffe, hein, mais franchement, le voir s'éloigner dans le soleil couchant en emportant une énorme coupe d'une mousse au chocolat bien noire.... ouin ouin ouin. M'en remettrai-je un jour?).
Je suis de plus en plus blasée et habituée à être privée de dessert au restau, et honnêtement, le coup du "je vous fais une salade de fruits", ben, non, zut, se contenter d'une salade de fruits quand tous les autres s'empiffrent de trucs gourmands, y a un moment (très vite arrivé pour ma part le moment) où on en a ras-le-bol.
Idem la maison d'hôtes où Monsieur Bout et moi sommes allés passer 3 jours en amoureux cet été. J'avais précisé à l'hôte mes soucis, du coup pour l'apéro il m'avait préparé une portion de la tartinade dans une cuiller à apéritif juste pour moi "pour éviter le pain".
Bon point.
Moins bon point : le repas prévu en table d'hôtes était un très beau tajine. Il n'avait manifestement pas fait le lien entre couscous et gluten.
Et comment lui en vouloir ? Je n'y connaissais rien non plus, avant.
Donc, si vous êtes dans mon cas d'avant (càd pas trop au courant), mais que vous avez malencontreusement
- 1. repris une vie sociale (quelle idée)
- 2. invité des gens souffrant d'intolérances alimentaires à dîner (vous cumulez) et que
- 3. vous avez en plus envie de leur faire plaisir (là ça confine au masochisme),
ATTENTION : procéder ainsi vous expose à un risque élevé de déluge de gratitude.
L'intolérant alimentaire est tellement habitué à devoir renoncer à la moitié des trucs bons devant lui que le moindre effort des amis / du personnel de restauration déclenche des déclarations d'amour. (oui, j'ai dit "je vous aime" au chef d'un restau récent, quand il m'a appris fièrement que son fondant au chocolat ne contenait pas le moindre gramme de farine, et que donc, j'allais avoir droit à un desseeeeert).
Warnings supplémentaire :
- Ces astuces sont totalement non exhaustives. Vous êtes vivement encouragés à partager vos meilleures astuces à vous en commentaires. Une seule condition : l'honnêteté. C'est différent de dire "vous pouvez remplacer ça par ci, le résultat est correct" ou "remplacez ça par ci, on ne voit absolument pas la différence" (gâteau au chocolat à la courgette, si tu m'entends...)
- parmi les astuces suivantes, certaines sont valables généralement, d'autres sont liées étroitement à MES restrictions à moi (gluten et produits laitiers animaux sauf beurre), d'autres encore y sont liées mais j'élargis à d'autres restrictions.
- Certaines de ces astuces coûtent relativement cher (c'est le cas des produits sans gluten), mais pas besoin de se ruiner non plus : si le surcoût est un problème, il existe largement assez d'alternatives disponibles à un coût normal pour permettre un ou plusieurs repas sympas dont votre PEL sortira indemne.
1. Poser des questions
"Qu'as tu le droit de manger" et "j'ai prévu ceci et cela, c'est OK pour toi ?" voire "Comment puis-je rendre ce plat OK pour toi ?" sont des phrases magiques. Alors, oui, les questions 2 et 3 tuent la surprise mais honnêtement, quelqu'un qui a des intolérances alimentaires perd toute appétence pour les surprises parce que hélas, la plupart des surprises deviennent de mauvaises surprises.
Le truc important est d'être précis dans les questions / prévisions. Ma BS a adapté toute une recette pour moi en me demandant scrupuleusement comment remplacer chaque ingrédient problématique... en ayant oublié de spécifier un ingrédient qui a fait que bah raté ce plat là je n'ai finalement pas pu en manger une miette. Ouin ouin mutuel.
2. Poser des questions, bis
La gravité de l'intolérance varie énormément selon les personnes. Certaines personnes intolérantes au gluten peuvent quand même prendre certaines variétés d'épeautre, pour d'autres c'est un no-go. Pour certaines, manger du miel dans lequel s'est glissée une miette de pain "normal" parce que quelqu'un avait tartiné un peu vigoureusement son pain est déjà la cata.
L'impact varie aussi : il est bon de savoir si tel aliment cause des soucis digestifs relou ou expédie à l'hôpital.
3. Lire les étiquettes des produits
C'est très relou. Mais très instructif.
Bon à savoir : quand il y a écrit "a été fabriqué dans un atelier pouvant utiliser des œufs, ... etc" ou encore "peut contenir des traces d'œuf", cela signifie clairement qu'il n'y pas d'œufs dedans MAIS qu'il peut y avoir une trace. En gros, cette mention
- constitue une excellente nouvelle si vous allez régaler quelqu'un de simplement intolérant aux œufs (à vérifier avec la question 2),
- mais au contraire est un no-go pour quelqu'un de carrément allergique (qui ne peut pas prendre le 0,0001% de risque demeurant, sous peine de finir à l'hôpital, risque dont cette mention entend protéger le fabricant).
4. Remplacer les féculents "gluten" dans un plat de résistance
Intolérance au gluten = pas de blé ni ses cousins, donc pas de pain, pas de pâtes "normales", pas de semoule, pas de boulgour, pas d'épeautre, pas d'orge, pas de seigle...
Donc si on veut un féculent / accompagnement hors légumes, on peut prendre :
- pâtes sans gluten au "rayon sans gluten" : le goût est correct mais sans plus, franchement ce n'est pas ce que je conseille, on peut faire plus agréable pour tout le monde.
- pâtes asiatiques à base de riz (attention ! les nouilles chinoises sont à base de blé, les nouilles thaïlandaises, ça dépend - si elles sont blanches y a des chances que ce soit au riz ; les étiquettes sont vos amies) ; c'est bon, ça, tout le monde trouvera ça original. Le mieux est d'en profiter pour faire une recette un peu décalée de d'habitude en mode wok : on fait revenir un truc avec ou sans sauce et on rajoute les pâtes dedans pour qu'elles s'en imbibent. Par exemple : des crevettes / de la viande hachée / des blancs de poulet en lanières + quelques légumes coupés menus (carottes / champignons / haricots mange-tout / brocolis / tomates en dés /... + quelques épices et zou !
- des patates sous toutes leurs formes : frites, purée (attention à la composition de la purée si on a une autre allergie), à l'eau, à l'huile,... tant que ce n'est pas en gratin avec un déluge de crème et de fromage...
- riz
- polenta / maïs sous toutes ses formes, notamment grillé
- quinoa
- sarrasin
- Personnellement, la crème de riz est mon amie pour toutes mes sauces types carbonara. La crème d'avoine est assez neutre aussi. Depuis que j'ai de nouveau droit au beurre j'apprécie encore mieux car beurre + crème de riz = texture qui n'a presque rien à envier à de la crème liquide classique. Et du coup cela me permet d'excellentes béchamel (en remplaçant la farine par de la maïzena).
- Pour les choses plus épicées (type curry), la crème de coco (à trouver au rayon asiatique du supermarché) apporte souvent un plus très apprécié !
- En salé :
- huile d'olive, évidemment,
- les autres huiles habituelles type tournesol colza etc
- mais aussi graisse de canard / graisse d'oie (pour les non-végétariens of course) : sachez que c'est la seule graisse animale qui soit bonne pour la santé, que ça s'achète en conserve, ou en pot au rayon frais d'une grande surface, que ça se garde hyper bien, et que ça peut servir pour à peu près tout : les pommes de terre bien sûr, mais les légumes, le bœuf bourguignon ou les côtelettes d'agneau / le sauté de veau, le poulet au four, le risotto, tout.
- en sucré :
- l'huile de tournesol (désodorisée, comme j'en ai fait l'expérience ici),
- ou plus original, l'huile de coco : cette dernière donnera un arrière-goût au plat, ce qui peut nuire ou au contraire être un atout. J'ai fait un crumble coco-kiwi à cause de ça, que c'en était à se rouler par terre. (ce que je n'ai pas fait car à l'époque COVID oblige on n'avait pas de femme de ménage)
- chips classiques OUI,
- pringles NON,
- nachos mexicaines (les machins triangulaires à base de maïs normalement) OUI. Le combiné Nachos guacamole est évidemment une valeur sûre (si on fait le guacamole soi-même ou en vérifie la composition...)
- Bien évidemment si vous voulez vous la péter avec des chips de légumes faites maison, c'est le moment. #healthy #fashion.
- investir dans de la farine siglée sans gluten
- investir dans de la farine de riz et/ou de maïs. Sachant que le mieux est de mixer les 2 : chacune des deux a des propriétés complémentaires et ensemble elles imitent vraiment parfaitement la farine de blé. Mes crêpes faites à 50/50 avec n'ont (presque) rien à envier aux crêpes de blé, que ce soit en goût ou en tenue. Concernant mes gaufres, franchement, la différence devient infime.
- Moins cher, la maïzena. Parfois on peut intégralement remplacer la farine par la maïzena et c'est le cas quand la farine n'est pas un élément central du machin (cf fondant au chocolat du chef cuistot du restau), dans le cas contraire souvent il vaut quand même mieux mixer : ainsi, on peut faire des crêpes juste à la maïzena, mais honnêtement elles seront meilleures si la proportion de maïzena ne dépasse pas les 30-40% et qu'on a pris farine de riz/maïs avec.
- flocons d'avoine (attention, pour certaines personnes très allergiques l'avoine est aussi un no-go) : je fais pas mal de biscuits avec, et ça s'utilise très bien en crumble. Là encore, marier plusieurs choses ensemble peut donner d'excellents résultats : je fais parfois mon crumble juste avec flocons d'avoine - beurre - sucre mais la version flocons d'avoine - maïzena - (farine quelconque pas blé) - beurre - sucre est aussi très sympa
- poudre d'amandes : ça c'est notamment top pour redonner de l'élasticité à une pâte à tarte sucrée. En fond de tarte à l'abricot ou à la poire c'est une tuerie (et ça s'utilise aussi très bien pour un crumble). C'est aussi top pour remplacer la farine dans un gâteau au chocolat, apporter du moelleux à des macarons (même "pas aux amandes" : il m'arrive d'en mettre dans mes biscuits à la noix de coco et personne ne s'en plaint !
Ils sont tous morts)
- on m'a récemment régalée de burgers de butternut à l'agneau (dérivés de cette recette au canard)
- J'use et j'abuse de gâteau au chocolat et crème de marrons
- Niveau dessert lambda mais safe (si pas de soucis avec les œufs) : la mousse au chocolat et les meringues !