Après le suspens haletant autour de la question de l'école qui accueillera F. en septembre 2019, l'énigme de ouf autour d'une fameuse annonce bébéesque, voici un autre mystère d'éclairci : la question angoissante du mode d'instruction de la Bébounette pour l'année 2019-2020 : poursuivre en instruction en famille ou scolariser ?
Contrairement à ma vile tendance à vous infliger une moitié d'article haletante avant d'enfin cracher le morceau, je casse le mystère tout de suite : je crois que ça va être la fin de l’IEF pour elle aussi, en septembre.
Ca me rend très mélancolique, disons-le
- j’apprécie sa présence,
- à l’idée d’avoir une maison vide d’enfants pendant la journée (pour la première fois depuis 6 ans) je me sens toute bizarre,
- je reste convaincue qu’à un âge aussi jeune la possibilité de passer de loooongs moments à jouer, courir, lire, bref s’occuper librement est un trésor.
- Je déplore aussi qu’elle ne soit plus comme ça exposée 2 jours par semaine à autant d’allemand non stop -dont nous voyons en ce moment les effets !- en étant gardée toute la journée par une mamie au pair.
- J’apprécie aussi énormément la différence actuelle de rythme entre mes deux Bébous :
- je peux être avec elle pendant que F. est à l’école, et me consacrer plus à F. une fois qu’il est rentré.
- Idem, les mercredis matin, elle va aux activités du mercredi de l’école, et j’ai une matinée seule avec son frère. (je nuance toutefois : quand je dis que j’apprécie de cumuler IEF et école, ce n’est pas le cas sur tous les plans : par exemple, je suis frustrée que les horaires d’école de F. limitent énormément ma capacité à faire des sorties IEF avec E. Cette belle liberté que j’appréciais tant s’en trouve vraiment rognée)
mais
Avec ma reprise de travail, très clairement, je ne suis pas franchement (et de moins en moins) au RDV côté IEF :
- Oh, certes, une partie de moi-même a essayé de me dire de me détendre, me susurrant qu’au fond, ce n’est pas bien grave, Charlotte Mason dit : rien de formel avant la 6ème année, machin.
Oui, c’est chouette, cela me permet de prendre les choses avec un détachement relatif en ce moment. Mais ces temps-ci, quand même, la zébritude d’E. crève les yeux ; elle progresse à une vitesse phénoménale et j’ai la sensation très claire de la sous-nourrir. Clairement, elle serait preneuse de plus si je pouvais lui proposer plus, ce que je ne peux pas.
- Je peux d’autant moins que, zébritude / progression-rapide-machin obligent : la Bébounette a plus ou moins atteint le niveau qu’avait son frère en fin d’IEF.
Ce qui implique que, pour l’accompagner dans la suite de ses apprentissages, je ne vais plus pouvoir faire comme j’ai fait depuis septembre : me reposer sur « mes acquis », en déroulant pour E., avec tout juste quelques petites adaptations, les activités préparées à l’époque pour F. Non, il me faudrait explorer la suite, donc réinvestir du temps dans le travail de préparation.
- Réinvestir du temps… que je n’ai pas, clairement : je suis partout, mais sûrement pas là.
- Réinvestir du temps… et de l’intérêt ! Et c’est aussi là que le bât blesse.
Oui, je suis une dame très occupée (très, très, au point que je vous dévoilais récemment mon secret pour tout faire). Mais comment se fait-il que, quand je me retrouve avec des choix à faire dans ma to-do list à rallonge, ces choix ne me conduisent jamais à faire un truc en rapport avec l’IEF ?
Il est en temps de me l’avouer : je me retrouve à présent dans le même cas de figure que Maman’dala dans son billet chez moi en fin d’été dernier. En ce moment, mon intérêt personnel va beaucoup moins vers des questions de pédagogies / apprentissages et cie, que vers d’autres sujets.
- Ce n’était pas du tout le cas à Strasbourg, et je perçois vraiment la différence. A Strasbourg, j’étais à fond.
- Depuis, d’autres thématiques sont venus capter mon intérêt. Si bien que ledit intérêt ne va plus tellement à la prise en charge totale de l’instruction de mon enfant, aussi gratifiante soit-elle.
Car franchement, hein, avec E., je le soulignais déjà cet automne, c’est particulièrement gratifiant l’IEF, elle est tellement preneuse, les progrès sont immédiats, c’est chouette ! Mais même cela ne suffit pas.
Je me retrouve donc à me citer moi-même, dans le billet écrit il y a déjà fort longtemps, au démarrage de notre aventure IEF, quand je listais les raisons pour lesquelles nous prenions la décision de nous lancer dans cette aventure.
Parmi ces raisons, il y en avait deux en particulier
- Nous voulions une instruction adaptée au rythme de l’enfant : ben, clairement, là, je ne suis plus capable de le suivre, ce rythme. Être instruite par moi ralentit E. C’est également une raison pour laquelle la scolariser en école « lambda » serait compliqué à mon sens : elle courrait le risque de s’ennuyer ferme
- Nous voulions que nos enfants soient instruits par des personnes ayant vraiment envie de le faire.
- Tant que j’étais dans cette catégorie-là, l’IEF était le mode d’instruction présentant le plus de garanties à cet écart :
- 100% de chances d’un côté, : une Gwen à foooond !
- une part d’inconnu de l’autre, puisque cela dépendait, justement, d’un(e) inconnu(e) et de son degré de motivation.
- Mais aujourd’hui où c’est mon degré de motivation à moi qui n’est pas au top, la probabilité qu’une autre personne remplisse mieux ce critère que moi est bien plus forte.
Incontestablement, ces deux points là sont très influencés par ma reprise de boulot / la création de ma micro-entreprise, et le fait que, bien qu'au départ j’aie créé cette micro-entreprise pour pouvoir bosser « un peu », et que mon objectif premier était que ce soit compatible avec l’IEF, à l’arrivée je bosse bien plus que « un peu », et cela nuit à l’IEF.
Certes, une solution aurait pu être, maintenant que l’activité est lancée, de la réduire. J’aurais ainsi plus de temps, et puis du coup, ayant l’esprit moins occupé par ce pa- là de ma vie, je pourrais peut-être retrouver plus d’intérêt à la dimension IEF. Ou pas.
Mais là n’est pas la question, car plutôt que de réduire mon activité, il va plutôt s’agir, à la rentrée, de l’augmenter encore un peu. Les réflexions pro actuelles de Monsieur Bout le nécessitent : au vu des changements probables, la Gwen a besoin de
1. générer du cash histoire de constituer des réserves financières
2. Préparer une montée en puissance progressive.
Beaucoup de choses ont changé, depuis Strasbourg. Notre équilibre familial n’est plus le même, les envies et les besoins des membres de la famille ont évolué… Une page se tourne !
Pas complètement, cependant, car de ces années d'IEF il restera toujours un certain nombre de choses
- la ferme envie de procéder ainsi pour un éventuel numéro 3 : entre une scolarisation à 3 ans et une à 4, je trouve que la différence est déjà très appréciable !
- une bonne quantité de matériel Montessori : je vais revendre une partie de ce que j'avais acheté, mais conserver ce qui, de mon expérience, est sûr de resservir dans quelques années, si les vents nous sont favorables
- une envie de m'impliquer, quand même, dans cette instruction, une sensibilisation aux différentes pédagogies, et l'habitude, pour les enfants, de partager cela avec moi. Même scolarisé, F. réclame toujours des moments dans notre salle de classe et même si je serai probablement amenée à réaménager un peu cet espace, je pense que de gros zestes de co-schooling demeureront
- la ferme intention de se reposer la question, chaque année, pour chacun de nos enfants, du mode d'instruction le mieux adapté à ses besoins et à ceux des autres membres de la famille. Nos perspectives actuelles ne semblent pas laisser beaucoup de place à un retour à l'IEF dans les années prochaines, mais… depuis 3 ans 1/2 que ce blog existe, j'ai eu suffisamment d'occasions de constater qu'entre les perspectives que j'entrevois à un instant T et ce qui se passe véritablement à T+1, T+2, etc... il y a facilement un monde [soupir]. Laissons-nous surprendre...
La décision de la scolarisation de la Bébounette s’étant lentement dessinée en filigrane des derniers mois, s’est également posée la question du choix de l’école qui l’accueillerait.
- Exit l’école publique du coin, à la fois pour des raisons éducatives, mais surtout au vu du « niveau » de la miss qui risquerait de s’ennuyer ferme dans une maternelle lambda. (par ailleurs, mon activité pro actuelle permettant de financer deux scolarités Montessori, cela facilite les choses. Il en aurait été autrement si nous n’avions vraiment pu qu’en financer une)
Restaient donc en lice
- Ecole Montessori actuelle de F.
- Future école Montessori de F.
J’ai pas mal hésité, évidemment sur le plan logistique il serait plus simple d’avoir les deux au même endroit. Cependant les deux écoles n’étant qu’à 10 minutes l’une de l’autre, le détour impliqué n’est pas non plus ingérable : un circuit triangulaire de 30 minutes, et zou je suis de retour chez moi.
Ce qui aura finalement fait peser la balance est l’aspect linguistique : E. ira dans l’école Montessori actuelle de F. afin d’y profiter de l’allemand. Ses progrès sur ce plan sont tellement énormes ces temps-ci que j’ai vraiment à cœur de continuer à surfer sur la vague.
Nous ne savons pas encore si nous continuerons à fonctionner avec une mamie-au-pair l’an prochain (avec une implication réduite par rapport à cette année : environ 2 sorties d'école par semaine + le babysitting du soir en cas de sortie) : la décision dépendra de l’évolution de F. et notamment de la manière dont ça se passera avec notre prochain modèle, dont l’arrivée est attendue mi-mai, une fois notre G1 partie.
Si finalement nous décidons d’arrêter, au moins momentanément, le recours à ce système ô combien pratique pour la garde d’enfants + la transmission linguistique, ce ne sera pas sans regrets, alors autant minimiser autant que possible la perte sur le plan linguistique.
Autres facteurs qui ont joué dans la décision
- Le prix : la future école de F. est sensiblement plus chère que l’actuelle
Mais surtout
- La minimisation du risque : la future école de F. représente quand même un pari, nous ne savons pas précisément ce que nous y attend, alors que nous connaissons déjà l’actuelle, avec ses qualités et ses défauts. Si la future école de F. devait finalement nous décevoir (en écrivant cela je ne me contente pas de toucher du bois, non, je m’allonge de tout mon long sur la table de salle à manger – en bois), au moins le problème ne concernerait « que » un enfant.
Voilà donc deux décisions supplémentaires de prises. Même si parfois des regrets me viennent encore concernant la première, je suis tellement sous l’eau en ce moment que je n’ai aucun doute sur le fait que c’est la seule solution viable ; dans les circonstances actuelles en tous cas. La vie est longue et qui sait ce qu’elle nous réserve ?
Du coup, ça tombe bien, ça me laisse de l’espace de triturage de cerveau pour d’autres décisions.