Petit focus maintenant sur ce qui était un des grands tests à l'aveugle de ces derniers mois : l'échange chambre contre services.
Là aussi, globalement un succès
- des colocataires très agréables : j'ai mis beaucoup de soin à les choisir, et je ne saurais trop vous conseiller de faire de même.
- Échanges
- écrits : très importants, ça donne aussi une idée du sérieux. J'ai ainsi récemment "boulé" un candidat potentiel qui n'était pas fichu de communiquer autrement, dès le départ, que par demi-phrases pleines de sous-entendus : au bout de plusieurs jours d'échanges, je n'avais toujours pas vraiment compris ce qu'il voulait,
- puis échanges par skype / téléphone,
- et récapitulatif écrit, ensuite, des conditions dont nous convenons ensemble.
- Parmi les questions que j'estime importantes à poser :
- le positionnement par rapport aux enfants / question de l'autorité,
- la manière dont se passera le temps libre (va-t-elle passer ses journées étalée sur la canapé à pianoter sur son téléphone?). Je lui précise également que nous n'avons pas de télé.
- mais aussi des questions plus concrètes sur le régime alimentaire suivi: j'offre la possibilité de prendre les repas avec nous, et je pense que, si les régimes alimentaires sont trop éloignés cela peut vite créer de l'agacement. Par ailleurs, je pense par exemple que vivre avec une végane ultra convaincue, au quotidien, pourrait être source de frictions: nous avons beau avoir réduit notre consommation de viande, nous consommons tout de même toujours beaucoup d'aliments d'origine animale, et je peux tout à fait comprendre qu'elle puisse avoir du mal avec cela. Et moi, j'imagine bien que ce regard critique pourrait finir par me peser également.
- j'avais pris le soin de poser des questions sur le niveau de propreté :
- je ne voulais pas de quelqu'un de trop bordélique, et je me méfie ainsi un peu des personnes encore très fraîchement sorties de chez papa/maman : ramasser les affaires de quelqu'un derrière elle, non merci, j'ai déjà mon bazar à gérer;
- mais je ne voulais pas d'une grosse maniaque non plus : elle aurait été mal à l'aise chez moi (et moi je me serais sentie mal à l'aise) : même si, Flylady cahin-caha aidant, la maison est dans un état, à mes yeux, acceptable de propreté et de (dés)ordre, elle est loin d'être nickel.
- elles ont beaucoup apprécié les repas : je cuisine bien, il est vrai, et la possibilité de les partager avec nous a été très largement utilisée. Je ne demandais pas de gros délais de prévenance: j'ai de toute manière tendance à cuisiner de grosses quantités, et puis, avec mes récipients en verre je suis devenue experte en gestion d'éventuels restes.
- à noter que j'ai du réévaluer le prix demandé en échange de ces repas, car rien qu'avec du fromage, des fruits à tous les repas, etc, j'étais perdante
- Un deal financièrement intéressant : sans conteste, c'est assez économique ! Au vu des prix de l'immobilier francilien, et du cout d'une heure de babysitting ici, c'est bien pratique pour tout le monde.
- Je précise que j'ai choisi d'appliquer un tarif horaire très incitatif : mon but n'est pas qu'à la fin du mois, on me doive encore des sous, mais qu'on soit content de chaque heure de babysitting que je propose, car elle permet d'alléger significativement la facture.
- Et nous, cela nous a permis de sortir en couple au resto, ou chez des amis, de manière régulière, et sans stress aucun sur l'heure du retour. Je me suis aussi permise de déserter le domicile familial certains des soirs où Monsieur Bout était absent : tant qu'à ne pas le voir, zou, soirée entre filles chez une copine.
- le partage de l'espace vital : c'était un gros point d'interrogation pour nous, et l'une des raisons pour lesquelles nous étions contents de commencer "doucement"; notre première coloc ne venait que pour deux mois. Eh bien, finalement cela s'est avéré vraiment très peu pesant ! Ceci dit, je pense que deux aspects contribuent puissamment à ce constat chez nous
- habiter une maison aide par rapport à un appartement : toutes les pièces ne sont pas sur le même palier. Notre maison à nous étant sur 3 niveaux, on n'est pas tout le temps dans les pattes les uns des autres. Même Monsieur Bout, plus jaloux de son intimité que moi, et au départ assez réticent au projet, n'y voit finalement guère d'inconvénients !
- nous proposons une chambre dotée de sa propre salle de bains, donc on ne partage ni les poils et cheveux épars, ni les traces de dentifrice, ni le linge laissé en boule dans un coin, et on n'a pas à piaffer parce que l'autre met 2 ans à se doucher...
- 3ème aspect (oui, j'en avais annoncé 2. Mais je ne sais pas compter) : nous avons opté pour une vie un peu en "famille" : il ne s'agit pas que notre coloc reste cloitrée dans sa chambre, nous discutons volontiers, passons des soirées tisanes au coin du feu, etc. C'est un choix, il nous convient à nous! (et influe sur le choix de la personne)
Alors justement, le choix n'est pas évident : trouver quelqu'un qui va correspondre... et correspondre aux enfants !
Si nous, adultes, nous sommes très bien entendus avec notre première colocataire, M-A., le fit avec les enfants moyens fut très moyen, malgré le soin que j'avais pris de lui expliquer nos manières d'éduquer.
Mais à sa décharge,
- M-A. est arrivée au moment où nous touchions le fond avec F.: moi non plus, extérieurement, je n'aurais pas trouvé que le comportement de F. portait vraiment crédit à nos méthodes d'éducation !
- Ajoutons à cela qu'à son arrivée, les couchers se passaient toujours très mal (même si nous avons séparé les enfants juste avant son arrivée), donc cela aussi n'était pas un spectacle très encourageant.
- Cerise sur le gâteau : nous-mêmes, nous avons été complètement désarçonnés par la manière dont F. a réagi à son arrivée. Il la tapait, l'insultait ! Nous n'avions jamais vu cela, et nous n'avons pas su comment réagir au départ.
Bon, je vais vous épargner tout de suite l'erreur que j'avais faite, et qui avait contribué grandement à l'entrée en guerre de F. contre notre première coloc
: dans les premiers temps après le déménagement, une manière (très
agréable, mais bon) des enfants de s'approprier leur nouveau logement
était de déclarer à tout visiteur "c'est pas ta maison", d'un ton bien péremptoire.
Quand M-A. est arrivée, elle a eu droit au même traitement.
Et j'ai repris "si, c'est un peu sa maison".
ERREUR FATALE!
Je
ne l'ai compris qu'en discutant avec la maman autrichienne qui les
garde les mardis, puis en posant, du coup, la question à la psy que nous
voyions à l'époque : ma réponse chamboulait les repères de F. !
- la maison = la famille,
- est-ce que cette personne faisait partie de la famille maintenant ?
- mais alors, est-ce que le fait qu'elle restait peu longtemps signifiait qu'on pouvait appartenir à une famille puis ne plus en faire partie ?
Si vous ajoutez là dedans les angoisses de séparation de F. (dont nous avons pris conscience peu de temps après) : oui, évidemment, ça formait un cocktail explosif !!
Et a donc déclenché des réactions violentes de F. : il combattait une invasion de son territoire.
Une fois compris cela, j'ai pu faire amende honorable auprès de F.
"Tu sais, je t'ai dit des bêtises, ce n'est PAS DU TOUT sa maison, elle a une maison ailleurs. Elle vit juste chez nous, c'est notre maison à nous"(et j'ai demandé à notre coloc de profiter de la première occasion pour montrer des photos de sa maison à elle aux enfants). Cela a permis une amélioration très nette des choses.
Mais
bon, le mal était fait : d'une part, nous nous sommes retrouvés face à
quelqu'un qui, parfois, estimait clairement mieux savoir que nous
comment élever nos enfants... Et de l'autre, elle a eu un peu tendance à
verser dans le rapport de forces
Du coup, les premiers temps ont été ultra compliqués, j'ai un peu regretté cet "essai".
J'étais tendue quand ils étaient l'un en présence de l'autre car la moindre interaction pouvait partir en vrille, et l'idée de les laisser seuls... brrrr ! Heureusement, comme cela s'est ensuite détendu dès que j'ai pu dépatouiller mon erreur, F. a pu se montrer sous un jour meilleur, et M-A. aussi a fait des pas vers lui.
J'étais tendue quand ils étaient l'un en présence de l'autre car la moindre interaction pouvait partir en vrille, et l'idée de les laisser seuls... brrrr ! Heureusement, comme cela s'est ensuite détendu dès que j'ai pu dépatouiller mon erreur, F. a pu se montrer sous un jour meilleur, et M-A. aussi a fait des pas vers lui.
Moralité,
même si ce n'était pas parfait, ça a permis de les laisser quand même
tranquillement.
En revanche, moi qui m'étais aussi imaginée des débuts de soirées roroses où, parfois, elle serait allègrement en train de jouer / lire avec les enfants pendant que je cuisinerais, j'ai du abandonner cet espoir, les relations n'étant jamais assez bonnes pour que, en ma présence, les choses puissent vraiment bien se passer avec elle.
En revanche, moi qui m'étais aussi imaginée des débuts de soirées roroses où, parfois, elle serait allègrement en train de jouer / lire avec les enfants pendant que je cuisinerais, j'ai du abandonner cet espoir, les relations n'étant jamais assez bonnes pour que, en ma présence, les choses puissent vraiment bien se passer avec elle.
Notre deuxième coloc, G., (actuellement encore chez nous) s'est trouvée être un choix un peu décalé : elle a en effet la cinquantaine...
Quand
elle m'avait contactée, j'avais commencé par avoir pas mal de
réticences, mais j'ai pris le soin d'aborder de front chacun des points
concernés pendant les quelques conversations téléphoniques que nous
avons eues et... je ne regrette pas d'être allée au-delà de ma première
réaction !
- c'est très agréable d'avoir quelqu'un à la maison qui est habituée à gérer la sienne : elle voit ce qu'il y a à faire !
- Quel plaisir de descendre le matin après avoir habillé les enfants, et de trouver un lave-vaisselle vidé et des fruits épluchés sur la table du petit déjeuner.
- Ou, en plein créneau IEF, d'entendre l'aspi grignoter les miettes dans la cuisine...
- mais surtout, G. est à la fois très fine et souple dans sa gestion des enfants, pas du tout dans l'autorité, et beaucoup dans le jeu, les rires, et le positif. Ils l'adorent.
Nous
nous entendons merveilleusement bien, regrettons que sa vie familiale
l'oblige à repartir comme prévu fin avril, et sommes bien d'accord pour
voir comment elle pourra s'arranger pour revenir passer une période
assez longue à la maison l'hiver ou le printemps prochain.
la question du taux de présence
- notre première colocataire étant en stage la journée, je trouvais que c'était vraiment un bon système pour ne pas se marcher sur les pieds : j'étais seule chez moi les jours de semaine. Du coup, c'était le babysitting du soir qu'elle prenait en charge (1 à 2 soirs / semaine). Je pense que c'est vraiment une chouette solution pour tester la cohabitation avec quelqu'un d'extérieur à la famille.
- notre seconde colocataire n'ayant pas d'obligations particulières, nous étions parties sur un nombre d'heures plus important (elle perçoit donc de l'argent de poche), et finalement, vu comme ça se passe bien, j'apprécie ! En plus du babysitting du soir, G. assume
- un jour par semaine, de 11h30 à 18h : sitôt le créneau IEF terminé, elle prend le relais, part en ballade avec eux puis gère le reste de la journée,
- mais aussi quelques heures éparses dans la semaine : ainsi, le lundi, après le créneau d'école, là encore, elle part 1h30 à 2h avec eux pour une graaande ballade, et moi j'ai ma maison pour moi jusqu'à leur retour pour un déjeuner tardif suivi d'un bon repos puisque la ballade les a bien dépensés.
Autant vous dire que je me suis bien habituée à ce surcroît de soutien,
et que je me dis que, si par hasard notre future colocataire n°3 peut
elle aussi offrir une assez grande disponibilité, je ne cracherai pas
dessus ! Surtout que cela serait précieux pour faciliter ma logistique
de fille-un-peu-en-train-de-reprendre-une-vie-pro.
Au point que j'ai sérieusement réfléchi à sauter le pas vers une solution que j'écartais pourtant clairement l'été dernier : la jeune fille au pair. A
la fois pour m'assurer un soutien plus conséquent au quotidien, mais
aussi parce que, vu le temps pris par le processus de sélection, je ne
serais pas mécontente de m'assurer quelqu'un pour une période plus
longue. Et enfin, parce que, pour les enfants aussi, cela fait tout de
même une rupture affective à chaque fois...
Mais... malgré cela, pour le moment, je n'ose pas :
- discuter avec des copines ayant de l'expérience de jeunes filles au pair me montre quand même que ce n'est pas évident de confier autant de responsabilités à des demoiselles plus ou moins expérimentées (entre du babysitting du soir, et la gestion d'une journée complète, il y a une différence!), une copine me parlait de 1 à 2 mois à investir avant qu'elles gèrent bien, hum, mouais, ça ne m'emballe pas...
- et puis le cadre règlementaire assez étroit autour du statut d'au-pair ne me convient pas. Et notamment le fait que normalement on ne doit pas demander plus de 6h/ jour: ça ne correspond pas à mes besoins, en particulier celui de pouvoir confier mes enfants une journée entière si je bosse cette journée là !
Dernier point et conclusion : avoir osé ouvrir notre porte à des "étrangers" m'a permis de m'apercevoir de tout ce que cela peut nous apporter, pour des inconvénients finalement bien moindres que ceux envisagés.
A l'arrivée, je constate bien que ce mode de vie plus "en tribu" me convient bien. Là encore, finalement, se recrée un bout du fameux village : je trouve un soutien bien utile, une compagnie adulte, et notre colocataire peut compter sur une ambiance chaleureuse, des petits plats mitonnés, et de la conversation.
Du coup, il est clair et net pour nous que nous chercherons à maintenir cet arrangement le plus longtemps possible : si numéro 3 daigne pointer son nez, nous ferons notre possible pour continuer à avoir une chambre à proposer en casant 2 enfants dans la même chambre (on y croit...).