(NB : ce billet était sensé paraître avant ou au tout début des congés de Noël. Mais j'étais crevée / à la bourre et Monsieur Bout ayant honteusement oublié de charger ma malette ordinateur dans la voiture - je cafte !! - je n'ai pas pu le finaliser si bien qu'il il paraît après, et ce décalage est visible dans quelques formulations.
J'ose espérer qu'il sera tout de même utile, ne serait-ce qu'en "relecture des vacances passées et tirage de leçons" pour les vacances suivantes. Pour notre part, la manière dont les vacances de Noël se sont déroulées, chez l'un comme l'autre set de grands-parents, est venue confirmer le contenu de ce billet).
Tout parent cherchant à cheminer en parentalité positive fait l'expérience que ce n'est pas facile. Apprendre de nouvelles manières de se positionner, de parler… Cela prend du temps et de l'énergie ! Les automatismes reviennent vite, en particulier en situation de stress ou de fatigue.
A l'usage pourtant, les choses deviennent plus faciles (
NOTA : j'ai dit "plus faciles"; PAS "faciles" tout court. Nuance ! Tout ce qui vend de la "parentalité facile" cherche juste à vendre. Elever des, êtres humains,
Haïm Ginott nous le rappelle, ne saurait être facile.
Elever des êtres humains, bon sang, c'est un truc de fous !), et c'est d'ailleurs le constat que les participants de mon groupe
Faber et Mazlish actuel faisaient lors de la séance dernière (après déjà 2 mois à se voir tous les 15 jours) :
"Ah c'est marrant, là, on voit que… ça rentre. Là où y a quelques semaines j'étais en mode 'euh nan faut pas que je dise ça' mais rien ne me venait en plein milieu du truc, maintenant, je vois que je commence à avoir mes automatismes, je sais souvent comme gérer. Et c'est tellement plus calme à la maison."
Mais comme nous disions, hein, fatigue et stress compliquent quand même les choses.
Et ça tombe bien, Noël arrive.
Noël, ses joies, ses bons repas, ses retrouvailles.
Ses moments en famille.
Ses nombreux moments en famille !
Dans une famille pas toujours hyper calée en parentalité positive.
D'où double problème
plus difficile, pour nous, d'agir en parent positif quand on a le stress de se sentir observé d'un œil parfois très critique (pas toujours hein ! Parfois c'est juste un œil observateur / interloqué... mais parfois en face c'est un oeil persuadé que "c'est pas comme ça qu'il faudrait faire" et ça criiiispe)
difficile, pour nous, d'entendre et observer les adultes de notre famille interagir avec nos enfants d'une manière dont on mesure maintenant les effets négatifs. Encore plus dur, si en plus les vacances impliquent de confier nos enfants à ces membres de notre famille.
Sacré sujet, hein ? Ce n'est pas un hasard si, systématiquement, dans tous les groupes Faber et Mazlish que j'ai acccompagnés, cette question a pointé son nez. Généralement en 2ème moitié de parcours, quand justement les participants commencent à voir une telle différence avec "avant" que la contradiction avec la manière dont leurs parents / frères et sœurs / nounous agissent avec leur progéniture devient à la fois flagrante et insupportable.
Comment qu'on fait ?
Alors, hop, juste avant Noël, quelques éléments de survie en mode
kit de survie spécial Fêtes (à ranger à côté du
bingo de la crise).
Une prise de recul globale
Un cadre général
Des éléments de discours concrets, en mode "7 recommandations à donner à son entourage pour soigner leur relation avec notre progéniture".
Je précise que ces éléments sont tirés notamment de l'expérience glanée avec nos propres parents, avec nos nounous / babysitters /
mamies au pair, et les adultes auxquels nous avons pu être amenés à confier nos enfants, ainsi que de certains échanges avec d'autres parents sur ce même thème.
Ils ne sont ni exhaustifs ni infaillibles ni quoi que ce soit, mais constituent des pistes de réflexion, à explorer, et à retenir, adapter ou à écarter en fonction de ce qui est pertinent chez vous.
Par ailleurs, si votre vécu à vous vous a permis d'identifier des manières fructueuses de communiquer et d'interagir avec votre entourage, les commentaires à ce billet sont graaaaaand ouverts à votre partage d'expérience, et les yeux du lectorat de ce blog écarquillés et avides de vous lire (moi itou, au demeurant).
1. Prenons un peu de recul sur le sujet.
Oui, il peut être compliqué pour les grands-parents de nos enfants, mais également éventuellement leurs nounous, leurs oncles et tantes, d'admettre (= nous laisser faire sans critiquer / intervenir contre) voire d'adapter leur comportement à notre manière de faire. Ca, nous sommes nombreux à le constater.
Evidemment, parfois ça se passe très bien d'emblée, chacun trouve sa place et c'est fluide, et ce billet est inutile. Mais souvent aussi ce n'est pas le cas, et en ce qui nous concerne, effectivemnt, tout ne s'est pas passé comme au pays des Bisounours.
La contradiction est vite arrivée, le conflit vite installé, car les différences constatées viennent remettre en question les pratiques de notre interlocuteur, et ont vite fait de placer celui-ci sur la défensive. Il se sent accusé.
A tort… ou à raison ?
Car … dans les moments où nous tâchons d'expliquer à nos parents, en particulier, le pourquoi de nos "méthodes bizarres", que se passe-t-il ? Quelle est notre intention ?
Est-elle de revoir le passé avec nos parents, de pouvoir crever l'abcès, les entendre dire que sur certains points ils ont eu tort, reconnaître qu'ils nous ont blessés ?
Très souvent nous le souhaitons très fort. Nos réflexions éducatives ont bien mis en évidence les blessures qu'ont provoqué certaines méthodes éducatives chez nous. Nous avons soif de réparation, soif que nos blessures soient entendues, reconnues.
Cela se produira peut-être. Ou pas. Ou dans très très longtemps.
(sur ce point je ne peux que vous conseiller vivement la lecture de l'excellent "Je t'en veux, je t'aime" d'I. Filliozat. Ce livre m'a beaucoup aidée à cheminer et prendre du recul sur mon passé d'enfant, pour le regarder en vérité et mieux gérer ma relation à mes parents dans le présent).
Il est important d'avoir en tête que cet enjeu peut venir polluer énormément les échanges autour des petits-enfants : il peut donc être bon de se recentrer sur notre objectif, d'abord.
Voulons-nous
ou
Paaas la même chose. Et s'accrocher à un objectif peut totalement empêcher d'atteindre l'autre.
Ainsi en a t-il été chez nous avec un des 2 sets de grands-parents : les choses ont été crispées et sont allées en se crispant toujours plus tant que l'enjeu, perçu de part et d'autre, a été "le passé",
C'est quand la grand-mère a pris du recul et a su dire "Ce qui compte pour moi c'est la relation à mon petit-fils. Je veux soigner la relation à mon petit-fils" que les choses ont pu changer.
Etant témoin maintenant de ce que ce changement a apporté, puisqu'il nous a permis peu à peu de nous mettre à coopérer ensemble pour une belle relation au petit-fils plutôt que de nous déchirer implicitement sur ce que fut la relation à leurs enfants, je pense qu'il est bon de prendre le temps d'y réfléchir.
Oui, il y a beaucoup à gagner à se focaliser, d'abord, si c'est possible, sur la relation envers les petits-enfants. A éviter de faire de celle-ci le bouc émissaire du passé.
Evidemment ce n'est pas toujours possible;
- il faut que les deux parties acceptent de se focaliser dessus,
- il faut aussi que la relation parent-enfant ne soit pas tellement pourrie qu'elle empêche cela de se faire.
Parfois d'ailleurs il faut du temps avant que cela soit possible, il y a un chemin à faire pour les deux parties, qui pourra même passer par des périodes de plus grande distance.
Concrètement, cela se traduit cependant par une attention à porter dans la manière dont on va formuler les choses.
- Certains interlocuteurs vont se montrer très sensibles aux informations d'ordre général qu'on va pouvoir leur apporter sur le cerveau de l'enfant, sa construction psychologique et émotionnelle, et être preneurs de ses infos, qui pourront constituer la base de discussions très constructives… Ils trouveront dans ces informations à la fois la nourriture dont ils ont besoin, et l'explication / la justification du passé dont ils ont tout autant besoin. Réaliser qu'ils n'avaient pas ses informations "de leur temps", et donc qu'ils ont agi de leur mieux, avec les informations très lacunaires qu'ils avaient à disposition, suffira à apaiser leur culpabilité et celle-ci / le désir de se justifier ne viendra donc pas polluer les échanges.
Mais dans de nombreux autres cas l'approche "scientifique" sera extrêmement contre-productive. L'impression sera alors qu'on prétend "leur apprendre à éduquer les enfants". Dans ce cas-là, bas les pattes ! Au lieu de formuler ses explications d'un ton général, scientifique "Un enfant fonctionne comme ci ou comme ça", c'est la personnalisation qui devra prévaloir :
"NotreEnfant fonctionne comme ça".
Dans de telles situations, dire "l'enfant" nous fait perdre de l'audimat car la généralisation sent la leçon / le reproche, décuple l'effet de culpabilisation, elle est entendue comme un "c'est comme ça que j'aurais du faire", et nuit ainsi à la réception du message. Il s'agira alors d'éviter la généralisation.
Au contraire, on tâchera de se focaliser sur le fait de donner le mode d'emploi pour faire avec son enfant à soi / ses enfants ; on ne prétend pas apprendre à quiconque comment éduquer des enfants (terrain glissant !!), on explique ce qui est le plus efficace dans les interactions avec les nôtres, pour lesquels effectivement nos qualifications / légitimité à parler est indiscutable.
Même observation avec une nounou. Elle peut être très intéressée par le sujet et ouverte à une approche de type 1. Mais au premier signe que ce n'est pas le cas, on bascule sur l'approche 2 : on parle du fonctionnement de notre enfant, et on évoque NOS souhaits de parents :
"Pour nous il est important que les choses se passent comme ci et comme ça".
2. Posons un cadre général
Là encore, un peu de recul à prendre :
Doooonc ça nous oblige quand même à nous détendre un peu : oui, tout ne sera pas optimal dans les interactions, mais ce n'est
On peut être ferme sur des choses qu'on considère comme essentielles à ce qu'on veut transmettre à notre enfant, et lâcher du lest par ailleurs. Respecter un subtil équilibre est souvent la clé !
Deux exemples pour commencer : la nourriture, la télé.
Chez nous, par exemple,
absolument pas de chocolat / bonbon / équivalent avant 1 an,
quasiment rien avant 2 ans,
de manière exceptionnelle avant 3 ans,
et vraiment sans excès ensuite.
Et hors de question de forcer à finir une assiette / priver de dessert si tout n'est pas fini, etc. (pour un billet approfondi sur le sujet
c'est ici).
Chez les grands-parents, nous défendons bec et ongles l'interdit absolu de chocolat/bonbon avant 1 an, le minimum avant 2 ans, ainsi que l'absence de finitude d'assiette : c'est du non-négociable et gare à qui a prétendu vouloir fourguer une cuiller de chantilly à mon bébé de 9 mois (intolérant au lactose de surcroît…).
En revanche,
quand nous allons chez les grands-parents, ils ont droit à plus de sucreries qu'à la maison. Ca, je me détends, c'est du rôle des grands-parents. Ceux-ci ont d'ailleurs d'eux-mêmes modéré leur approche après une journée de Noël où les enfants se sont tellement gavés de sucre qu'ils étaient 1. surexcités 2. incapables d'avaler grand chose aux repas (donc d'autant plus surexcités au moment du repas… youpi) : nous avons laissé les grands-parents faire l'expérience du fait que "trop de sucre tue le sucre" et d'eux-mêmes ils ont adapté leur organisation par la suite. Non, laisser un énorme panier de papillottes et des fameux Lebkuchen = pains d'épices à l'allemande à disposition toute la journée n'est pas une bonne idée finalement.
Et inversement lesdits grands-parents se sont détendus avec E., ont mieux accepté de ne pouvoir la gaver précocement de sucre, parce qu'ils voyaient que ça n'avait qu'un temps et qu'ensuite ils pouvaient "un peu gâter" l'enfant une fois celui-ci devenu plus grand. (je compte que cet effet soit encore plus marqué pour numéro 3, et jouir d'une paix royale sur ce sujet; et je crois que y a de bonnes chances, car eux-mêmes ont remarqué que ça donnait des enfants mangeant de tout ou presque, et se régalant en particulier de fruits).
Les enfants les voient peu, je décide de me montrer coulante.
J'étais en revanche plus stricte avec les nounous, puisque pour le coup la fréquence de la garde pouvait vraiment fragiliser l'équilibre alimentaire dans la durée, mais je laissais quand même un peu de souplesse :
par exemple aucune bouteille de ketchup n'a jamais franchi le seuil de notre maison
(sauf une récupérée en TooGoodToGo une fois, je crois… mais qui a mystérieusement disparu avant même que les enfants l'aient repérée, pour réapparaitre chez des voisins tout contents), mais la nounou en rajoutait parfois dans leurs assiettes chez elle.
De la même manière, je me souviens que, dans mon enfance, les jours où nous étions gardés par une babysitter n'étaient pas les jours où ma mère mettait des légumes peu sexys au menu. Au point que, quand nous voyions des raviolis en boîte (oui c'était avant que ma mère se mette au tout bio tout maison) en train de gratiner au four, le signal était clair et nous demandions "on est gardés ce soir ?" ;-)
Idem pour la télé : le non-négociable pour nous = pas de télé allumée en fond, pas d'images inquiétantes pour les enfants (= exit le journal de 20h pendant le dîner), pas de télé tout petit.
Chez nous, pas de télé tout court avant 3 ans, et à dose homéopathique ensuite.
Chez mes beaux-parents, quelques petits dessins animés ont pu être vus un peu avant 3 ans, et en un peu plus haute dose qu'à la maison ensuite.
C'est l'affaire de quelques jours par an, ça ne met pas en l'air notre éducation. En revanche il est clair que la dose reste limitée, la télé ne sert pas de babysitter (= si ils prennent les enfants c'est pour s'en occuper) et donc nous incitons aussi à partir en promenade, jouer, etc ; et les programmes sont choisis avec soin.
Idem avec nos babysitters : la directive est claire: pas d'écran, nous considérons que pour les quelques heures où elles les ont à garder, elles peuvent faire l'effort d'occuper les enfants autrement. Toute petite exception pour quelques petits films en allemand avec nos mamies au pair, quand elles les gardent pour une longue durée : ils ont alors droit à ce à quoi ils auraient droit avec nous.
Concernant ces points, vous aurez remarqué (et vous avez probablement fait l'expérience) qu'il est plus facile de lâcher du lest si les écarts sont peu fréquents. C'est un point à prendre en compte dans la fréquence des visites / gardes etc. Si certaines choses primordiales ne sont pas respectées, prendre de la distance est justifiée. Si l'envie de garder l'enfant plus souvent est exprimée, ça peut être l'occasion de revenir sur un ou deux points en disant "tel truc, quand c'est exceptionnel, est ok, mais si ce doit être plus fréquent il faudrait en rediscuter".
De la même manière, notre expérience est qu'en parentalité positive, il est bon de distinguer entre ce qui est absolument primordial, et le reste.
En ce qui nous concerne, nous avons donc pris le temps de passer en revue les points principaux, en essayant de vraiment distinguer ceux primordiaux des autres.
Nous sommes donc clairs sur 4 choses en particulier :
Le discours étant : car nous souhaitons qu'il apprenne à faire les choses pour elles-mêmes et non par peur ou par appât d'un bénéfice annexe. (et non "c'est très mauvais pour le cerveau de l'enfant etc etc", sauf si personne prête à l'approche n°1 cf plus haut).
En phrases outils pour les aider à intégrer cette démarche, nous leur donnons par exemple le
"dès que nous aurons…., nous pourrons…".
Ou le
"Ah zut, il s'est passé ça, cela nous empêche de… / gêne pour…"
ou en prévention
"Attention, faire telle chose risque de nous empêcher de…."
Là dessus, idem, nous évitons de justifier ça en mode "traumatisme" mais nous restons sur l'explication la plus claire et nette pour nous
"Nous souhaitons transmettre à nos enfants des modes constructifs de gérer leurs conflits, et notamment leur montrer que taper n'est pas une manière acceptable de résoudre les conflits. Nous ne voulons pas véhiculer le message que taper, c'est quelque chose qu'on peut faire une fois qu'on est le plus fort. Ni que 'je peux la taper, elle est de ma famille' "
(= phrase-titre d'un bouquin tout récemment publié chez les
Editions de l'Instant Présent, citation d'une petite fille se justifiant des coups qu'elle donnait à sa sœur. Très parlant, hein ?)
- 3. Et pour un tout petit en particulier : éviter autant que possible de crier.
Sur le cas du tout-petit, c'est parfois la seule fois où je me permets un argument scientifique :
"Le cerveau de l'enfant se fige et n'absorbe pas l'information."
(vous aurez remarqué que j'axe alors sur l'
efficacité de l'interaction, non sur un jugement de valeur)
Pour un plus grand, je personnalise
"Crier le braque. Pas besoin de parler avec des fleurs dans la voix quand quelque chose ne va pas, mais il entend mieux le message si il est dit d'une voix ferme mais pas trop sèche. Parfois l'humour est même la meilleure manière de l'atteindre : c'est la serviette qui veut manger, la manche n'aime pas ça !"
- 4. Enfin, pas d'obligation aux bisous.
Respect du corps de l'enfant,
apprentissage du consentement, etc. On n'impose pas de bisous aux enfants, mais cela ne signifie pas qu'on renonce à transmettre la notion de politesse et de respect : ils peuvent dire bonjour, au revoir ou merci d'une autre manière.
Ce qui a été parfois difficile à admettre par notre famille ne pose aujourd'hui plus guère de problème. Les membres de nos familles voient bien que le niveau de confiance des enfants grandissant, les choses se font beaucoup plus spontanément. Ce qui a aidé, a aussi été de leur
donner des clés pour améliorer la confiance des enfants / favoriser les rapprochements : une fois que l'enfant est là depuis plus de quelques heures, proposer des guilis, jouer à attraper, etc.
Ca, donc, ce sont nos priorités à nous, bien évidemment, elles sont à discuter et adapter en couple pour être en mesure de tenir un discours clair sur la question.
Une fois qu'on a fixé ce cadre, ce "attention, ça c'est négociable, ça ça ne l'est pas", il y a un troisième niveau, le fameux
"je ne peux pas vous dicter mot à mot votre manière de faire avec mes enfants, mais voici quelques petites choses qui pourraient vous permettre que ça se passe mieux avec eux"
3. Leur fournir une mini boite à outils facile à appréhender pour gérer leurs relations.
Pourquoi tant de gens refusent-ils d'emblée la parentalité positive ?
Les raisons en sont nombreuses, mais une des raisons principales est qu'ils ont l'impression que c'est une parentalité laxiste, dans lequel le parent "laisse tout faire".
Il est donc important de pouvoir rassurer l'entourage sur
1. La philosophie, nos attentes : non, on n'attend pas d'eux de "tout laisser faire"
2. Les moyens à leur portée : pour ne pas se laisser déborder, ils emploient des moyens éducatifs de contrôle, les seuls qu'ils connaissent. Ils ne pourront s'en départir que si on leur fournit des alternatives concrètes. "ne pas" faire n'est possible pour personne. Pour "ne pas" menacer / humilier / crier / punir / taper, il faut avoir autre chose en stock.
A nous donc d'équiper notre entourage.
Mais de nouveau, si nous, convaincus du sujet, et en mode "je pratique 24h/24" (ou presque, ou j'essaye, ou je rêve d'y arriver), nous pouvons passer un maximum de temps à assimiler un maximum d'outils, avec notre entourage nous devons nous montrer moins ambitieux / exigeants. Il s'agit de sélectionner quelques conseils, formulés toujours en mode "avec Bidule ça fonctionne mieux quand". N'oublions pas que le but est de leur donner des outils leur permettant de bien vivre leur relation à nos enfants, aidant cette relation à fleurir.
Voici quelques suggestions utilisées chez nous, pour vous aider / inspirer, et encore une fois, à adapter en fonction de vos priorités, des besoins de vos enfants et de ceux de votre entourage. Dans cette liste, on privilégie les outils les plus simples et les plus efficaces possibles.
Pour vous donner une idée, cette liste est fortement inspirée d'une conversation téléphonique soigneusement préparée, en amont d'une grande première l'été dernier : un séjour de 48h de F., seul, chez celui des couples de grands-parents qui ne l'avaient jusqu'à présent jamais accueilli seul sans nous. (Remarque : ce genre de conversation se prépare idéalement en couple - si couple il y a. Elle a souvent de bien meilleures chances de bien se dérouler si ensuite elle a lieu entre le conjoint "qui est l'enfant" et ses parents)
Elle reprend également certains des conseils donnés à nos mamies au pair, et notamment ceux listés lors de notre premier fiasco, que je vous avais
raconté si drôlement à l'époque.
Car bien entendu, si de nouveau cette suite de billet est positionnée par rapport aux grands-parents, elle peut également servir vis-à-vis d'autres adultes.
Je soulignerai enfin que, de mon expérience toujours, confier l'enfant au minimum quelques heures et ne pas être là est souvent beaucoup plus facile pour tout le monde (une fois qu'on a posé le cadre et donné des outils. Ca ne peut pas bien se passer si vous avez l'impression que dès le moment où vous aurez tourné le dos on s'ingéniera à faire le contraire de ce qui vous tient à cœur).
On ne s'énerve pas sur tout ce qui n'est pas encore fait parfaitement,
la relation enfant-grand-parent se construit sans notre interférence,
et surtout il n'y a pas de "double référent" rendant facilement le comportement de l'enfant plus compliqué.
Nous avons pu expérimenter comment prévoir, durant des vacances, des journées ou demi journées durant lesquelles les grands parents partent avec un ou plusieurs petits-enfants en excursion
(une fois que l'enfant a atteint un âge suffisant, bien sûr. Faire sauter sa sieste à un enfant de 18 mois pour cela risquerait de se montrer complètement contreproductif), bénéficie à tout le monde . Y compris, d'ailleurs, aux parents qui peuvent en profiter pour se reposer un chouilla, voire, folie, soigner un peu leur jauge de
couple de Sims.
Ca rassure les grands-parents de pouvoir se positionner "à coup sûr" sur quelque chose qui sera vécu positivement, et évite les frustrations ressenties de part et d'autre quand ils sont allés à tâtons proposer un truc qui fait un flop monumental. Nous avions ainsi souligné que F. adorait la piscine, le bricolage, qu'il se réjouissait à l'idée de s'occuper des chiens, que toute visite impliquant un côté technique (chantier, etc) aurait des chances de l'intéresser, etc.
Ensuite, passons aux petits trucs spécifiques.
Attention, de nouveau, à la formulation
comme vu au point 1: autant que possible on formule en
"NotreEnfant écoute mieux quand on lui dit comme ça…"
et non en
"Faut pas faire comme ça ça traumatise les enfants, c'est mauvais mauvais MAUVAIS" [voix de Golum en option]
Donner autant que possible un exemple concret directement lié à des situations familières chez les grands-parents. Si les grands-parents ont des chiens et ont besoin de faire respecter certaines règles par rapport à ces chiens, il est bon de leur donner un ou deux exemples qui s'y rapportent, histoire de leur filer des outils tout prêts à l'emploi. Si ils prévoient une sortie dans un endroit où il a foule, idem, etc.
Sans leur donner une liste de 300 phrases à utiliser pour parer à toutes les éventualités, il peut donc être judicieux de profiter des exemples pour leur mâcher le travail autant que possible. Ils apprendront à broder / improviser dans un second temps….
Le faire en jouant au départ, par des batailles de coussin, des jeux d'attrape, proposer de prendre sur les genoux, passer une main dans les cheveux, etc.
- 3. En cas de gros chagrin, grosse tristesse
Dire ce qu'il se passe l'aide à l'apprivoiser :
"Tu es triste car Maman est partie, tu aimerais qu'elle soit là. Tu as hâte de lui faire un câlin. Même quand elle n'est pas là elle t'aime fort."
- 3. Utiliser des formulations impersonnelles pour remplacer les ordres, et éviter les "ne pas"
"ne prends pas le mouton en promenade" devient "le mouton reste à la maison" ;
"range tes chaussures" : "les chaussures vont près du porte manteau"
idem en cas de maladresse, oubli :
"tu as renversé ! Eponge" braque NotreEnfant là où "oh, de l'eau sur la table. L'éponge est sur l'évier" donne à NotreEnfant l'envie de résoudre le problème.
"ramasse" => "il y a des papiers par terre".
Ne tape pas sur la lampe : "tu as envie de taper, tu peux taper sur le coussin"
ne saute pas sur le canapé : "sauter, c'est sur le pouf" (vieux machin rempli de billes de polystyrene raplapla)
donne moi la main : "Tu me donnes la main droite ou la main gauche ?"
va au bain : "le bain : avec la baleine bleue ou le dauphin orange ?"
Il est difficile pour NotreEnfant de s'interrompre, quand il se concentre. Cela aide de le prévenir : "dans 5 minutes on y va". On peut rajouter des éléments de choix : "on y va maintenant ou dans 5 minutes ?"
Au grand-parent ne sachant comment proposer une activité à un enfant absorbé dans une autre, là aussi, cet outil est utile. Car il permet au grand parent de trouver un juste milieu entre ce qui est souvent son habitude (je détermine minute par minute ce qui est fait par qui et quand) et sa peur de ne plus rien maîtriser. La simple phrase
"J'aimerais faire ça avec toi, tu me dis quand tu es prêt"
pulvérise le dilemme car elle évite de placer NotreEnfant dans une situation où il doit choisir entre 2 choses qu'il aime. Elle lui laisse le temps de terminer l'une, ou en tous cas le temps de la transition, pour enchainer sur l'autre.
"Les voitures roulent vite très près du trottoir; pour rester en sécurité, on tient la main"
Enfin, dernière astuce trèèèès importante.
8. La plupart d'entre nous n'ont jamais appris à exprimer leur désaccord et leurs limites d'une manière non blessante. Or il est crucial de rassurer les personnes qui interagissent avec nos enfants sur le fait que, oui, il leur est possible de marquer leurs limites.
On peut donc dire qu'il est important d'éviter t'es méchant / c'est pas gentil / c'est méchant : car NotreEnfant y réagit mal et prend les choses au pied de la lettre.
Pour le responsabiliser, nous préférons avoir recours à l'expression de l'effet :
Je n'aime pas qu'on me parle ainsi
Ca me blesse quand….
Quand tu… ça fait mal.
Quand tu… ca me fait du travail.
Quand quelqu'un… cela fait ça.
Voili voilou… J'espère que ces quelques billes pourront venir vous être utiles d'une manière ou d'une autre. Offrir d'autres référents que nous-mêmes à nos enfants leur bénéficie grandement (confiance dans le monde, enrichissement par d'autres expériences, adaptabilité, …), et nous bénéficie aussi énormément (un relaaaaai), et pouvoir le faire en étant en paix et en confiance est un trésor.
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Petit-enfant TRAUMATISE par la tyrolienne installée dans le jardin grand-parental |
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Parents BIEN EMBETES d'avoir même du temps pour une bonne partie de jeu de société avec les frangins en plein milieu de journée |
Parfois cette paix et cette confiance sont là d'emblée, et quelle chance c'est alors ! Parfois elles sont à construire dans le temps, c'est laborieux, mais ça vaut le coup.
Bon, j'aurais aussi pu consacrer un peu de temps à passer en revue les craintes souvent exprimées vis à vis de la parentalité positive (type "ça leur apprend pas la frustration") , et comment on peut y réagir... mais en fait il y en aurait pour un article entier. Donc, un jour, il y aura un article entier.