jeudi 14 novembre 2019

2 chouettes petits jeux de société à découvrir (et jouables en langue étrangère) !

Je profite de l'approche de Noël pour venir enfin vous pondre un petit article et faire coup double : vous inspirer pour Noël, et aborder un sujet cher à mon cœur : l'imprégnation linguistique de nos enfants, ou les stratégies les plus fourbes pour distiller savamment une langue étrangère dans leur quotidien.
Je précise que, si chez nous c'est de l'allemand qu'il s'agit, l'intégralité de l'article d'aujourd'hui s'applique pareillement à toute autre langue :
  • la logique d'imprégnation
  • les petits jeux en eux-mêmes peuvent être joués en n'importe quelle langue de notre choix puisqu'ils n'impliquent pas d'écrit. A l'adulte d'amorcer les choses en commençant à jouer dans la langue qu'il veut.

1. La logique, d'abord.

Comme depuis toujours chez nous, il s'agit de favoriser l'assimilation de la langue par le fait d'en caser des bribes le plus souvent possible. Tout est bon pour cela :
  • moments répétitifs de la vie quotidienne : les phrases simples de l'habillage, du petit-déjeuner..., sont très vite comprises, si elles sont utilisées très régulièrement, 
  • lecture d'albums simples (= d'un niveau de complexité inférieur à celui correspondant normalement à l'âge des enfants) : je vous ai notamment parlé de celui-là, et de ceux-ci
  • lecture d'imagiers : retournez donc voir cette pépite Usborne !
  • écoute de CDs
  • chez nous la Lunii est entrée également dans cette optique : nous l'avons achetée exprès, en version allemand, et il n'y a qu'un jeu d'histoires en allemand dedans, point. Ecouter ces histoires en boucle contribue également à la dynamique.
  • visionnage de courtes vidéos en allemand (le seul usage des écrans qui soit fait chez nous); la longueur et complexité (linguistique et/ou narrative) de ces petits films pouvant progresser avec l'âge et le niveau linguistique des enfants : des mini séquences de 3-4 minutes de nos débuts nous allons maintenant jusqu'à des épisodes de 25 minutes.

Un point commun à tous ces moyens : la répétitivité de phrases simples. On relit / entend / visionne souvent les mêmes histoires, on répète souvent les mêmes phrases.
C'est cela qui permet aux mots et, plus important, aux structures des phrases de s'ancrer peu à peu dans le cerveau : car si le vocabulaire est important, la possibilité d'articuler les mots entre eux est la condition pour se mettre véritablement à parler et comprendre une langue, et l'utilisation systématique de phrases très simples constitue un excellent moyen d'intégrer la manière dont une langue gère cette articulation. 
Une approche que j'avais découverte avec la pédagogie Charlotte Mason et la méthode d'apprentissage des langues associée : la méthode Gouin, et dont je ne cesse de constater le bien-fondé et l'efficacité (excellent article à lire sur le sujet sur ce blog-là)
Il s'agit en fait, par le biais de phrases du type sujet + verbe + complément, de répéter celles-ci avec de menues variations : le même verbe sera vu accompagné d'un complément puis d'un autre puis encore d'un autre. Ou alors c'est le verbe qui variera mais rien d'autre. Ou encore uniquement le sujet. On pourra enrichir le complément d'un adjectif, qui variera aussi.


Or c'est cette même logique qu'on peut poursuivre en jouant à certains jeux de société avec son enfant. Il s'agit bien, comme vous l'aurez compris, non pas de jeux conçus pour apprendre une langue, mais de jeux "normaux" qu'on jouera "en allemand", tout simplement.
Les moments de jeux peuvent en effet être également l'occasion, en mode "bénéfice collatéral" (le but premier reste bien de prendre plaisir, hein !), de répéter encore cette langue, d'autant qu'ils incitent également les enfants à manier la langue, et non seulement à l'entendre et la comprendre.

Nous avions donc très tôt pris l'habitude de jouer ainsi au très célèbre Verger de Haba : occasion rêvée 
  • d'introduire des mots simples, en nommant les couleurs et les fruits associés,
  • d'utiliser quelques petites phrases telles que "du bist dran / ich bin dran / wer ist dran" (c'est ton tour : et hop, le verbe être conjugué à 3 formes différentes), "ooooh der Rabe kommt !" (oh le corbeau arrive ) ou "wo ist der Würfel ?" (où est le dé) et toutes variantes autour de ce fichu dé ("oh nein, der Würfel ist gefallen / verschwunden / …" : oh non le dé est tombé, a disparu, etc).

Le Verger s'y prête donc très bien, et je profite de l'occasion pour vous présenter 2 petits jeux très chouettes dans l'absolu (donc intéressants sans l'aspect linguistique aussi), mais qui, en plus, se prêtent merveilleusement à un détournement linguistique si on le souhaite. 


2. Deux chouettes petits jeux découverts chez Ravensburger.


 Tempo, kleine Fische (vite, petits poissons)


  • Une variante de la Course aux Escargots : un dé avec des couleurs permet de faire avancer l'animal de même couleur (NB : biiiien évidemment, ladite course aux escargots aussi peut se jouer en n'importe quelle langue ...)
  • mais avec plusieurs "twists" intéressants : 
    • le plateau de jeu qui évolue physiquement au fur et à mesure de la partie (puisque la distance entre le bateau des pêcheurs et les poissons tend à se resserrer), 
    • et le fait que justement, au lieu de simplement faire la course entre eux, hop, les poissons se retrouvent en plus avec le risque de se faire manger. Du coup le jeu s'enrichit d'une dimension coopérative : le but est que le maximum de poissons arrivent dans la mer sans s'être faits rattraper par les pêcheurs.
    • boîte peu encombrante, plateau petit, mignon, et à construire à chaque fois (gros succès !), petits personnages en bois...


pour l'aspect linguistique, 
  • on utilisera toutes les phrases autour du dé, des couleurs, 
  • on comptera le nombre de poissons qu'il reste, ainsi que le nombre de segments de fleuve qui les séparent encore de la haute mer ou des pêcheurs, 
  • on s'exclamera volontiers qu'on a peur des pêcheurs "ich habe Angst !", et on dira "beeilt euch, kleine Fische!" (dépêchez vous, petits poissons)



Kuh and co (Vache et compagnie)

  • des images avec de 3 à 5 animaux dessus, qui peuvent être de type différents ou identiques
  • 5 dés avec sur chaque face à un des 6 types d'animaux possibles
  • on tire les dés et on a trois coups pour réussir à avoir les dés correspondants à notre image; sinon c'est au voisin de tenter sa chance.
  • Très vite accessible à un enfant, et très marrant pour l'adulte en fait (d'autant que les images sont mignonnes mais aussi souvent pleines d'humour), j'avoue que j'y joue très volontiers
  • peu encombrant également, facile à emporter partout !

sur le plan linguistique, on a 
  • le vocabulaire des 6 animaux, au singulier comme au pluriel, 
  • les chiffres jusqu'à 5, 
  • et un ensemble de phrases autour : "gibst du mir eine Karte bitte ?" "ich sehe 2 Kühe und ein Huhn", "ich brauche noch 2 Schafe" "Oh nein, mir fehlt noch ein Schwein" "ich möchte eine Katze !"(donne-moi une carte s'il te plaît … je vois … j'ai besoin de … oh non il me manque encore…. je voudrais ...); 
  • on peut également décrire "en passant" ce qu'on voit plus largement sur la carte : le chat court après le mouton, la vache saute, le cochon est assis à côté de…, sous… sur… Ces petites cartes titillent le sens de l'observation de tout le monde et permettent donc de complexifier peu à peu les échanges à leur sujet !

Cerise sur le gâteau pour terminer (parce que si on met la cerise au début, ça fait tout foirer) 

Cette manière de jouer et d'interagir avec son enfant n'exige pas de l'adulte un niveau interstellaire dans la langue qu'il veut transmettre. Un niveau de base suffit tout à fait, augmenté d'un peu de préparation si besoin (si on ne sait plus trop comment dire "vache" on va regarder rapidos sur un dictionnaire en ligne avant), et permet de faire cela très facilement… voire de s'améliorer aussi au passage, en même temps que nos enfants, par la répétition. 
Voici donc un exercice 
  • valable pour la majorité des familles désireuses d'insuffler siouxement une langue supplémentaire dans le quotidien de leurs enfants
  • et que je conseillerais vivement aux familles sur le point de s'expatrier, et dont notamment un conjoint ne maîtriserait pas trop la langue du pays de destination ! Il s'agit alors d'une excellente manière de se préparer en famille.

Je suis aussi open à des suggestions de cet ordre ! Pour nous aussi, Noël arrive… (ça c'est du scoop ^^)

2 commentaires:

  1. En fait, ces techniques proposées fonctionnent très bien lorsque l'on maîtrise un minimum la langue (non, il ne faut sans doute pas un niveau interstellaire mais il faut quand même pouvoir accorder correctement les mots selon leur genre, leur fonction en allemand, posséder un minimum de connaissances quant à la structure des phrases, avoir un accent correct etc)
    L'apprentissage de langues à nos enfants est vraiment l'obstacle sur lequel je bute en IEF.

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    1. Aaah je comprends ton sentiment de difficulté ! J'imagine la frustration de te sentir ainsi limitée dans ta capacité à transmettre qqch que je tu possèdes peu.
      En fait j'aurais plein de choses à répondre à ce que tu dis car ça soulève énormément de points très intéressants (merci !) donc ça me booste pour pondre un article complémentaire dans les prochains jours, sur comment transmettre les langues étrangères quand on a soi même un niveau qu'on estime bas. Je crois que tes questions serviront à d'autres !👍

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