lundi 11 juin 2018

7 Astuces pour rater le recrutement de sa mamie-au-pair - Leçon de recrutement & Cas pratique (1/2)

Ces temps-ci je n'avais pas grand chose à faire, entre 
  • l'instruction à domicile de mes enfants (IEF pour les intimes), 
  • leur éducation en général, 
  • la gestion de la maison, 
  • et puis aussi, ho, broutille, la création de mon entreprise, et pendant que j'y étais, une entreprise avec une double activité impliquant, 
    • d'un côté, donc l'organisation, la communication autour, et l'animation d'ateliers de parentalité (Faber & Mazlish), 
    • et de l'autre, un certain travail de réseautage, prospection, etc, en vue de m'établir comme intervenante indépendante en RH.
C'est pourquoi pouvoir m'appuyer sur une personne expérimentée pour 
  • me garder mes enfants les jours et les soirs où mon activité pro me rend indisponible pour eux, 
  • me libérer du temps pour gérer des aspects pro "en back-office", 
  • me délester de quelques taches autour de la maison... 
bref, pouvoir m'appuyer sur une mamie-au-pair aussi top que la première que nous avions eue au début du printemps: c'était un peu trop me faciliter la tâche. Petite joueuse, va !

Comme j'avais tout de même choisi cette voie, il ne me restait pas 36 moyens de ne pas sombrer dans l'oisiveté la plus complète

Je n'ai donc pas hésité : j'ai consciencieusement raté le recrutement de la personne destinée à venir m'apporter une aide aussi inutile.
On appelle ça du sapotach' (oui, avec l'accent allemand, puisque, pour mémoire, je ne recrute que des personnes germanophones, la cerise sur le gâteau - ou le gâteau sous la cerise - étant que la fréquentation de cette personne doit contribuer à la teutonisation de ma progéniture)
Au point d'être allée redéposer ladite mamie-au-pair à l'aéroport ce vendredi, tout juste 15 jours après être allée l'y chercher.

Je vous dévoile tout, histoire que les masochistes parmi vous puissent m'imiter.
Si d'autres préfèrent utiliser mon expérience pour éviter de reproduire les mêmes bourdes, c'est leur affaire.

Moi, mon but, c'est de vous détailler point par point 
comment bien rater le recrutement 
d'une mamie-au-pair.

Suivez l'guide.




1. Faites des entretiens, OUI, mais surtout surtout surtout SANS PRENDRE DE NOTES !

Eh oui, le soir où mon entretien de recrutement principal (il y en a eu d'autres après, mais sur des points de détails) a eu lieu avec G2, Monsieur Bout était en rade de chemises repassées. 
Or depuis que j'ai repris mon indépendance-femme-de-ménagesque, et donc depuis que je repasse moi-même le (très) peu qui soit repassé dans cette maison, 99,9%% des chemises de Monsieur sont repassées pendant que je suis au téléphone : je programme une looongue conversation avec une copine (mot d'ordre "on se textote dès que nos gosses respectifs sont couchés"), et zou, je ne vois pas passer les chemises, occupée que je suis à bavasser. 
Fort heureusement, car si je vous dis que des conversations d'1h30 n'aboutissent généralement, au mieux du mieux, qu'à 10 chemises repassées, vous comprendriez bien que si je n'avais pas quelqu'un au bout du fil, je finirais par m'y prendre, au fil.

Donc voilà, 
  • moi qui ai des années de recrutement professionnel derrière moi, 
  • moi qui ai toujours noirci des pages et des pages de notes en entretien de recrutement, sachant 
    • à quel point la mémoire court-terme est traître
    • et à quel point relire ses notes à froid permet d'identifier des choses passées totalement inaperçues dans le feu de l'action, ou de venir confirmer ou au contraire infirmer des "impressions" :   
j'ai mené cet entretien le fer, et non le stylo, à la main, et donc je n'ai rien noté.

Hormis, juste après après avoir raccroché, 2 ou 3 mots. 
Que, pour faire bonne mesure, je n'ai pas pris en compte dans ma décision finale, comme nous le verrons un peu plus bas.

Ne pas prendre de notes, donc, pensez-y!

Une stratégie encore plus efficace si on la combine avec mon point numéro 2


2. Enchaînez les entretiens

Eh ben oui, ayant eu plusieurs candidates, j'ai proposé le même créneau téléphonique à 2 d'entre elles, pensant que l'une au moins ne serait pas dispo. Ça, encore, ce n'est en soi pas répréhensible : c'est même monnaie courante en recrutement. On est bien obligé de pratiquer une certaine forme de surbooking pour s'assurer de remplir tous ses créneaux, charge à nous, ensuite, de revenir vers l'un des deux en proposant de décaler la date initialement envisagée.
Mais pas si on veut bien rater !

Donc, quand les 2 se sont déclarées dispo, au lieu de prendre un peu de recul et de dire à l'une : "euh, demain finalement", j'ai raccroché avec la première et enchaîné avec la seconde.

Idéal !

A posteriori, je suis quasiment sûre d'avoir porté au crédit de G2 des expériences / points positifs / etc remarqués chez sa "rivale". On appelle ça se mélanger les pinceaux, et effectivement, autant en tant que recruteur on enchaine souvent les entretiens, autant on a la prise de notes pour nous éviter ce genre de confusion fâcheuse. 
Si en plus on prend en compte le fait que, chacun des entretiens ayant duré longtemps, l'heure était trèèèès avancée à la fin du second, il est évident que je n'étais décidément pas très fraîche. Ce qui pouvait nuire encore davantage, à la fois à ma mémoire, et à la fois à ma capacité de discernement. Deux accessoires pourtant utiles dans la prise de décision.

Mais quand on veut rater un recrutement, autant sortir l'artillerie lourde, que diable !


3. Confondez motivation générale et motivations spécifiques

(Gniiiiiiiin ? Ah, on  m'informe que j'ai perdu 47% de mon public)

La distinction entre motivation générale et motivations spécifiques est tout simplement une distinction fondamentale en recrutement (métier que j'ai exercé pendant plusieurs années, ne l'oublions pas, même si dans l'affaire qui nous occupe j'ai tout fait pour l'oublier, visiblement).
Pour faire simple :
  • Motivation générale = Je suis motivée à fond par ce que vous proposez, j'en ai super super enviiiiiiie !
  • Motivation spécifique = Moi, j'adore m'occuper d'enfants de tel âge, et de telle manière, et c'est ce que vous proposez : OUIIIIII.

C'est quoi la différence ? 
Eh bien, si on se fie surtout au degré de motivation générale, on risque de gros malentendus : entre 
  • ce qui est attendu du candidat dans le poste, 
  • et ce qui lui en perçoit / ce que lui s'imagine y faire, 
il peut y avoir un monde. 
Et donc quand quelqu'un délire d'enthousiasme pour un poste, cela ne dispense pas d'aller creuser exactement ce qu'il aime dans ce genre de fonctions, et de comparer cela avec la réalité qui l'attend. Il peut délirer d'enthousiasme pour quelque chose qui n'existe que dans son imagination. Ou ailleurs, mais pas chez nous.
Par exemple, une proposition intitulée "Assistant Super-Héros" : 
  • Je suis à fond, je m'imagine déjà habillée d'un justaucorps à la teinte à peine plus pâle que celui de mon chef, en train de voler avec lui à la rescousse des pauvres persécutés de ce monde ; 
  • manque de pot, en fait mon boulot consisterait surtout à envoyer des lettres de relance aux méchants du monde pour les prévenir de se tenir à carreau sinon ça va chauffer, et à envoyer le justaucorps du chef au pressing. 
  • Missions pour lesquelles les motivations spécifiques souhaitables sont le fait d'adorer le travail de bureautique et la rédaction de phrases type ultimatum-clair-et-sans-équivoque, et non le vol plané au-dessus des gratte-ciels - sans s ? avec ? ou ça ? euh buildings.

Il faut donc un questionnement précis pour aller creuser au delà de la motivation générale exprimée par le candidat !

Sauf, bien entendu, si on veut rater un recrutement.
Auquel cas, il faut procéder EXACTEMENT comme moi.
  • se laisser entraîner par l'enthousiasme de l'aspirante mamie-au-pair, tellement motivée qu'elle s'était réinscrite sur le site par lequel j'étais passée, à la simple lecture de mon profil
  • ne pas trop décortiquer ce qui lui plaisait dans ses expériences précédentes, ni la manière dont elle se projetait concrètement chez nous (bon, mes quelques tentatives de décorticage ont de toute manière avorté, cf un point que nous aborderons plus tard)

Comme cela, on s'aperçoit seulement après coup (mais assez rapidement pour le coup), que s'occuper d'enfants, elle aime bien, mais surtout en mode supervision : ni la relation à l'enfant, ni encore moins sa psychologie ne sont au centre de ses préoccupations.
  • Ainsi, faudrait quand même pas que ça exige trop d'efforts physiques, d'attention, de connexion émotionnelle : 
    • par exemple, un enfant qui, en ballade (donc sans impératif horaire, notons-le bien), a le toupet de vouloir s'arrêter fréquemment pour regarder les fourmis et les coccinelles, commenter les panneaux de circulation, souffler dans un pissenlit, et ne réagit pas à l'immédiat "viens, il faut avancer !" c'est un enfant qui "n'écoute pas / ne respecte pas les règles" (alors que moi, quand elle m'a rapporté cela à l'issue de leur première ballade, je me suis bêtement inquiétée en disant "ah, il a traversé les rues sans attendre ?" )

  • Et de la même manière, on ne réalise qu'avec un temps de retard qu'elle est bien davantage prête 
    • à consacrer du temps à vous parler de son programme de visites sur son temps perso, 
    • et à prendre de votre temps pour que vous l'aidiez à repérer la meilleure manière de se rendre à tel ou tel endroit, ou encore à réserver un billet d'entrée dans un musée, 
    • qu'à consacrer du temps à causer avec vous de la manière dont fonctionnent vos enfants, de comment réagir au mieux, la prochaine fois que se présentera tel ou tel problème qu'elle a rencontré aujourd'hui avec eux. 
    • Bref, plus motivée par le côté tourisme que par l'envie de connaître vos enfants en profondeur, et de se préoccuper un chouilla de psychologie enfantine.
  • Une exemple au hasard : un certain mercredi soir qui fut le dernier moment où j'ai pu oser lui confier les deux, elle devait les garder 2h (entre mon départ en ateliers F&M, et l'arrivée de Monsieur Bout) 2h qui furent l'horreur tant pour elle que pour les mômes. Elle s'en plaignit longuement auprès de Monsieur à son retour, puis lui prit encore 30 minutes de sa précieuse soirée pour l'aider à booker sa visite du lendemain. Le lendemain matin, elle me lança un rapide bonjour et fila prendra son train de banlieue, sans penser à ne perdre ne serait-ce qu'une minute à discuter des évènements de la veille.

Pourtant, il n'y avait pas grand chose à discuter, oh... 
En 2h, elle avait juste été suffisamment dépassée par les évènements, pour en arriver, dans l'espoir de faire obtempérer F., à le menacer de "lui piquer son Mouton et de le mettre à la poubelle" [sic]; et un peu plus tard, à perdre assez les pédales pour le frapper.
Le truc qui a le plus traumatisé F. (et sa sœur aussi, du reste) étant le premier. J'en ai entendu, des "mais pourquoi elle voulait le mettre à la poubelle ???!" perplexes, depuis !

Allez, déjà 3 grands secrets dévoilés, je reviens bientôt vous donner la suite de ces précieux conseils.
Car tant qu'à rater, autant faire les choses BIEN !

9 commentaires:

  1. Argh !! Merci pour cet article éclairant (même si plus franchement besoin de nounou ;)) et très agréablement écrit (comme toujours ;)).

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    1. Merci !
      Mais oui comme tu dis, c'est une dose de sagesse supplémentaire chèrement gagnée... ;-)

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  2. Aïe Aîe Aïe Aîe Aïe ! j'avoue je ne prends pas de note lors d'un premier contact, par contre c'est vrai que les "j'adooooore les enfants" en motivation me bloquent un peu. J'essaye toujours de demander ce que nos bbsitters aiment faire : lire des histoires/dessiner/faire des gateaux/me promener voir "faire du sport" parce que les "oui bon j'ai déjà de l'expérience avec des petits je saurais les occuper" c'est un peu vague... Pour l'instant on a eu une seule mésaventure avec un bbsitter à la journée pour numéro3 2 ans et demi, difficile de savoir ce qui a bloqué mais je pense qu'ils se sont ennuyés. Il était triste de me voir partir avec ses soeurs et elle avait l'air un peu déprimée.
    J'espère qu'une autre solution sera trouvée rapidement.

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    1. Tout à fait ! Mais tu vas voir, c'était coton, cf la suite de mon billet, dont je viens de lancer la publication pour demain.
      Amuse-toi bien ;-)

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    2. bah je viens de lire la suite, effectivement c'était coton !!! du coup je note de prendre des notes lors de mon prochain recrutement...ça y tu m'as convaincue ! et d'éviter les bavardes... Y a quand même des moments (l'épisode des chaussures) j'ai cru "entendre" ma belle mère :D :D.

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    3. Haha pour les chaussures !
      Ben tu vois, mère et belle mère peuvent parfois (🙄) faire preuve d'ingérence dans ma vie, mais quand même pas jusqu'aux chaussures (donc chapeau - et condoléances - à toi!)
      Sage précaution pour les notes 😉

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    4. Heureusement ma belle mère a aussi d'autres très très bons côtés. Notamment question bienveillance vis à vis des enfants. Ouf !

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  3. Et suspendre le temps11 juin 2018 à 22:27

    Ouille ouille, effectivement, ta derniere ligne fait tres peur!!!!!!!
    Je note je note car je risque bien un jour de devoir faire ce genre de recrutement...
    J'espere que tu as deja pu avoir une solution de secours depuis ces evenements, ou en tout cas avoir une piste serieuse.

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    1. Ouiiii, note ;-)
      (et moi je me note de répondre à ton mail. Mais mon temps internet a été très fortement limité par plusieurs choses, et notamment le fait que comme nous changeons de fournisseur internet, nous sommes dans le trou noir numérique entre les deux. Ce soir pour pondre mon billet de demain j'ai exploré la Lune : comment me servir de mon iphone pour faire routeur WiFi. Je me la pète)
      bref, des bises !

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