… et pour un peu toute la
famille, en fait
Ce fut long ; ce fut laborieux ; ce fut
douloureux.
C’est, toujours, un peu beaucoup flippant.
Mais la décision a fini par être prise ;
les démarches
correspondantes ont été entreprises ;
les RDV nécessaires pris ;
- le calendrier initialement prévu bousculé, tout avancé de 3 mois en l'espace de 3 jours -
les papiers
signés ;
les jours restant jusqu’à la date fatidique, comptés un à un.
Après de longs mois. Après un énorme travail de discernement
de part et d’autre, des calculs tous azimuts, des discussions, rediscussions, mises
en question et remises en question...
En septembre, Monsieur Bout a signé une rupture conventionnelle
avec l’entreprise qui nous avait ramenés en région parisienne il y a deux ans.
Depuis quelques jours (le temps des délais légaux), il est donc libéré d’un job
et d’un contexte professionnel dont la toxicité ne faisait qu’empirer.
Mais il
en a fallu du temps pour discerner et oser passer le pas : il a fallu se
libérer de nombreux liens, de nombreuses peurs, se recentrer sur nos vraies
priorités et nous dépouiller de celles que nous avions « intégrées »
sans y penser.
Pour Monsieur Bout, il a fallu remettre en question sa
conception de son utilité, de sa valeur, de la « réussite ». Il aura
fallu une grosse dose, de courage mais aussi de moments si compliqués que,
quelque part, nous sommes « allés au bout du système », pour être
capable de lâcher une situation confortable, enviable, symbole de succès aux
yeux du monde, pour l’inconnu.
Avec cette décision, c’est tout notre équilibre familial que
nous allons revoir.
Ces dernières années,
- l’arrivée des enfants d’un côté = souhait partagé qu’ils soient élevés principalement par nous,
- la progression professionnelle (et salariale) de Monsieur Bout de l’autre = activité pro de Monsieur beaucoup plus rentable financièrement que celle de Madame malgré, au départ, un diplôme identique
avaient peu à peu placé celui-ci en position de principal
voire unique pourvoyeur aux besoins matériels de la famille, pendant que j’assumais
l’essentiel des besoins non financiers de la famille (présence, logistique).
Un équilibre qui m’a très bien convenu un temps (je me suis
éclatée à la maison à Strasbourg), mais qui pesait de plus en plus à Monsieur
Bout.
Un équilibre que notre déménagement en région parisienne a de
toute manière fait voler en éclats, en cumulant
- Quotidien à la maison beaucoup moins sympa puisque perte de mes repères
- Charge mentale de la Gwen décuplée par les soucis causés par les difficultés vécues par F.
- Nouvelle opportunité, pour la Gwen, de remonter en selle auniveau pro. Devenir « freelance » m’aura permis de faire cela d’une manière plus compatible avec une grosse dose de présence pour les enfants… mais aussi à la fois bien plus intéressante et bien plus rémunératrice qu’auparavant
- Quotidien pro de Monsieur Bout rapidement invivable, source d’un stress et d’un mal-être énormes et inévitablement répercutés à la maison
- Charge mentale de Gwen encore augmentée de ce fait (ainsi qu’une charge logistique accrue du fait de la disponibilité
inexistantemoindre de Monsieur Bout).
Du coup tout a commencé par la gestion des états d’âme de
Monsieur Bout, puis rapidement j’ai vu s’accumuler tous les signes d’un
burn-out approchant (l’avantage d’être RH, c’est qu’on les connaît, ces signes,
pour les avoir si souvent vus… chez les autres), l’entendre chaque jour de son
mois de vacances d’été 2018 me dire qu’il avait peur de retourner au boulot, tirer
sans cesse la sonnette d’alarme pour que Monsieur Bout s’arrête à temps, mais
sans succès, et me résigner à guetter l’écroulement final en ayant conscience
de ne rien pouvoir faire pour l’éviter.
Rien, hormis capituler et pousser (plutôt que freiner,
paniquée – ce que je faisais au départ : on avait quitté Strasbourg pour ce job bordel !) Monsieur
Bout à explorer toutes les pistes les plus folles qu’il me sortait certains
soirs en mode « j’irais bien élever des chèvres dans le Larzac ».
Capitulé, j’ai. Je me suis déclarée prête à soutenir,
supporter, endosser avec lui toutes les conséquences d’un éventuel changement
de voie, aussi radical fût-il.
Une seule garantie, j’ai demandé : que ce choix soit
fait de manière accompagnée, car
« en ce moment nous sommes plutôt riches, et tu es malheureux. Je suis OK pour le schéma : pas riche du tout, toi heureux. Mais si c’est pour qu’un souci d’orientation nous amène à la case pas riche du tout, toi malheureux… Là ça bloque. ».
Monsieur Bout avait déjà eu recours
à un coach quelques mois auparavant, mais ces quelques séances ne l’avaient pas
mené bien loin. Il nous fallait donc un accompagnement plus musclé : à
lui, pour l’aider, à moi, pour pouvoir le soutenir dans la voie choisie en
ayant un minimum confiance qu’elle ne nous mènerait pas au casse-pipe.
La « garantie » de bon discernement à laquelle
nous avons eu recours a été de se tourner, pour Monsieur Bout, vers un
accompagnement proposé par une association spécialisée depuis 30 ans dans la gestion
de groupes de réflexion : intégrer un collectif de 12 personnes remettant
à plat réussites, compétences, goûts et projets professionnels, selon une méthodologie
extrêmement structurée et extrêmement exigeante (en termes de travail personnel
fourni).
Des mois de boulot.
Résultat : nous rééquilibrons.
L’objectif premier étant de revoir l’équilibre vie pro / vie
perso de Monsieur Bout, et de booster au passage l’intérêt de l’aspect pro,
Monsieur Bout va lui aussi se lancer dans l’aventure de l’indépendance. Depuis
une grosse année, je m’éclate, moi, profitant à fond de la liberté dont je
dispose pour ne faire, dans mon boulot de RH, que les choses qui ont du sens, dont
je ressens et perçois profondément l’utilité. Ca a donné envie à Monsieur Bout…
et devenir indépendant va lui permettre de gérer lui-même son temps, accédant
ainsi au temps partiel, un Graal vraiment peu répandu dans les grands groupes
français… et encore moins quand c’est un homme qui prétend y accéder.
D’un modèle
- Monsieur Bout gère l’essentiel de la charge financière /
- Gwen gère l’essentiel de la charge familialo-maisonnesque,
nous passons
donc à un modèle 40 / 60 : la Gwen récupère une grosse moitié de la charge
financière, et bascule une grosse partie de la maison / famille sur les épaules
de Monsieur Bout.
Le plan est donc que j’augmente ma charge de travail, pour
bosser l’équivalent d’un 60%, et que Monsieur Bout bosse un petit 50%, et consacre le reste de son temps à la poursuite d'activités épanouissantes ainsi qu'au soin des enfants et de la maison. Bien
entendu, cette estimation de notre temps de travail est approximative : tout dépend du prix auquel nous réussirons
finalement à vendre notre travail, et de la masse de travail annexe que nous
devrons fournir pour, justement, trouver et gérer nos clients.
En théorie
cependant, si on en croit notre tableau Excel, cette organisation doit nous permettre,
moyennant quelques ajustements de ci de là, et une gestion prudente des
comptes, de continuer à assumer les 2 grosses charges de notre budget :
- garder notre maison, et
- garder nos enfants dans les écoles Montessori qui, pour le moment, nous conviennent si bien.
Nous allons donc partir là-dessus. Si finalement notre équilibre
budgétaire ne se réalise pas tel que nous l’avons si joliment simulé, il sera
toujours temps de prendre d’autres décisions plus radicales.
Corollaire de cette décision : un facteur nous
permettant de nous lancer dans l’aventure de la double-freelancitude après des
années de sécurité de double-salaritude-dans de-grands-groupes est notre
capacité à pouvoir compter sur un volume suffisant de clients pour assurer à
notre famille
- un revenu suffisant dans l’absolu,
- un revenu suffisamment stable,
- et une activité suffisamment intéressante (= où nous pouvons choisir nos missions / clients, plutôt que de prendre ce qui vient pour faire bouillir la marmite).
Cette capacité est, très clairement, grandement liée à notre présence
en région parisienne. Le dynamisme économique et la position centrale de Paris
nous assurent un potentiel de volume d’affaires inégalé ailleurs en France.
Donc, tant que nous resterons sur ce schéma-là, il ne sera a priori (je dis a
priori, hein…. Je sais trop ce qui m’arrive quand je me montre trop certaine dans
mes plans…) pas trop question d’un nouveau déménagement. Ouais, je sais, pour tous les tenants de la thèse du retour surprise à Strasbourg : c’est mort. C’est bien triste, car franchement la vie en
IDF ne nous séduit toujours pas plus que ça, mais c’est le prix à payer pour
pouvoir mener une vie qui nous convienne sur d’autres plans. Donc c’est un sacrifice
que nous faisons volontiers, puisqu’il conditionne notre capacité à faire des
choix autrement plus cruciaux à nos yeux.
Voili voilou. C'était donc le fameux changement-mystère évoqué ici. Et c'est un des facteurs qui a, également, conduit à la fin, au moins provisoire, de l'instruction en famille chez nous.
D’où il s’ensuit que
- Je vais pouvoir un peu me délester de pas mal de points de ma to do list dans les temps à venir
- Nous allons, en parallèle, être pas mal occupés par l’intégration de nos nouveaux rôles ;
- Bébé number 3 aura la chance de profiter d’un papa bien plus présent ; et, nous l’espérons, bien mieux dans ses pompes.
Une nouvelle aventure commence !
(ta taaa tataaaa tatata tataaaaa … - si vous n'avez pas reconnu = musique de Christophe Colomb, voyons !)
Je vous savais avides de découvrir le joli minois blond de Monsieur Bout; Le bleu lui va à ravir, hein ?! |
Belle aventure...et quel soulagement pour Monsieur Bout, qui va se réveiller chaque matin avec la réflexion "Mais comment j'ai fait pour supporter ça" :-)
RépondreSupprimerEt puis petit à petit "Quelle bonne décision, je reprends ma vie en main"
RépondreSupprimerHeu... c'est Monsieur Bout ou Linse qui parle ?
Haha! On sent le vécu en effet. Déjà ce week-end à Strasbourg sans la perspective de devoir reprendre aujourd'hui, mais avec juste celle d'être celui qui emmenerait les enfants à l'école... Nous avons trouvé ça magique😍
SupprimerCe récit est exactement celui de mon mari. A bout, depuis des années il tient parce qu'il doit faire vivre son foyer malgré le fait qu'on soit deux à travailler et que je ne suis pas d'accord avec cette conception de male protecteur qui doit tout supporter.
RépondreSupprimerSi jamais c'est possible, je suis intéressée par l'organisme qui a accompagné votre mari. Même si je connais la réponse du mien "pas le temps pour ça".
En tous cas, c'est rassurant de voir que la situation peut évoluer vers le mieux.
Bonne reconversion à Mr Bout.
Ouille dur dur. Si ça peut vous donner de l'espoir : chez nous c'est une réflexion qui a été présenté en filigrane pendant deeees années et il a fallu tout ce temps à Monsieur Bout pour peu à peu deconstruire certains schémas. De manière intéressante l'éducation de nos enfants /les interrogations autour de la parentalité positive y auront contribué.
SupprimerL'association : il s'agit de L'AVARAP. Représentée dans de nombreuses grandes villes françaises. Vraiment très lourd mais vraiment très structurant. Et le fonctionnement en groupe à été un vrai plus car ça a poussé Monsieur dans ses retranchements en même temps que le regard bienveillant des autres boostait sa confiance en lui
Je dois dire que comme pour chaque étape et projet de votre vie familiale : votre prise de recul, votre posture d'observation et analyse des éléments clés de la situation, votre partage de couple et votre mise en mouvement structurée, accompagnée, outillée ... et votre courage et votre agilité sont épatants ! Bravo ! Plein de bonheurs sur ce chemin. À bientôt pour en parler de vive voix 😉
RépondreSupprimerMerci Cécile ! Bon hein, avant que mes chevilles n'enflent trop je souhaite souligner à quel point ce qui peut éventuellement sembler fluide écrit dans un article de blog l'a été beaucoup, beaucoup moins dans la réalité ;-). Avant de partager nous nous sommes disputés, opposés, boudés, etc, avant de nous mettre en mouvement de manière structurée nous nous sommes butés, avons tatonné, erré, bref… tu vois le tableau : le process a été très laborieux !
SupprimerSans compter l'humour pour décrire tout ça et essayer de passer entre les gouttes ! C'est top.
RépondreSupprimerBonjour, menée à votre blog par des liens sur la parentalité, je trouve très inspirants vos posts de réflexion sur l'organisation du travail, ils font écho chez moi qui désire franchir le pas de entrepreneuriat. Je suis intriquée par l'association qui a aidé votre mari dans sa réflexion, serait il possible de savoir son nom ? par mail peut être si vous ne souhaitez pas les nommer publiquement :)
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