dimanche 19 août 2018

Faire la paix avec l'école [un billet de Maman'dala]

Petit mot d'introduction : Maman'dala fait partie des mamans blogueuses que j'ai adoré lire... et que j'ai adoré rencontrer, aussi. Et que j'ai adoré retrouver pendant les quelques jours qu'elle est venue passer à la maison avec sa progéniture au mois de mai.
Mais Maman'dala est une grande criminelle : elle a osé mettre fin aux jours de son chouette blog, sur lequel elle avait développé tant de réflexions méga inspirantes, autour de l'école, de l'école à la maison, de l'éducation, du rapport à l'enfant, du rapport à soi, des difficultés qu'il y a à concilier les deux (tiens donc, des thèmes que l'on retrouve ici aussi... Comme il est ÉTRANGE que nous ayons tant sympathisé !), et ne plus alimenter le blog qu'elle co-tenait avec une autre blogueuse (mais sans le tuer, celui-là, donc n'hésitez pas à y faire un tour).
Alors, quand elle m'a dit qu'au fond, elle aurait un ou deux trucs à écrire, et que, si par hasard, je voulais bien les héberger, ces trucs... J'ai dit VOUI !
Cerise sur le gâteau, ces trucs en question résonnent particulièrement en moi, qui m'apprête à vivre ma première année de maman mi-IEF mi scolarisante, avec F. sur le point de vivre sa première rentrée, et E. sa première vraie non-rentrée.
Bref, la parole est à l'accusée Maman'dala. Comme elle continue à lire mon blog, faudra pas hésiter à commenter, elle sera en mesure de répondre.


Faire la paix avec l'école

(rhooo, le joli titre
- Ta gueule Gwen : maintenant c'est Maman'dala qui cause
- ...OK)




Et voilà, la maternelle, c’est fini. Et avec, la fin d’un cycle d’instruction qui me laisse sur un sentiment de gratitude.


Moi, c’est Hëlëne, ex-alias Maman’dala. J’ai blogué pendant 5 ans pour partager mon parcours et mon vécu de jeune maman en chemin sur l’éducation bienveillante. Pendant tout ce chemin (que je continue de parcourir même si je ne blogue plus!), j’ai croisé la question de l’instruction et avec elle, une énorme remise en question du système scolaire dans lequel nous mettons nos enfants et dans lequel nous avons, pour la plupart, été mis.

Pendant trois ans, une idée m’a habitée profondément : je voulais autre chose pour mes enfants. Pendant ces années, je me suis passionnée pour un domaine qui ne m’avait jamais franchement intéressée auparavant : la pédagogie. Et surtout, j’ai cherché comment faire pour offrir autre chose à mes enfants que l’école 
  • qui leur demanderait de nier leur rythme, s’asseoir pendant des heures entre les 4 mêmes murs pour apprendre des choses qui ne les intéressent pas forcément, 
  • qui ne ferait appel qu’à leur esprit (et encore, une partie seulement !) en éteignant leurs corps -comme si les deux n’étaient pas intimement liés- 
  • et qui hiérarchiserait tous les aspects de leurs savoirs, leur faisant croire qu’on apprend pour autre chose que pour soi-même.


Et puis... j’ai pas réussi.

Et aujourd’hui, ma fille s’apprête après deux mois de vacances, à entrer dans un CP classique, avec, au vu de ma première approche de l’établissement, un format de pensée… classique.

Et bizarrement… Je le vis bien.


Pourquoi ?


1) Parce que j’assume enfin que mes enfants soient scolarisés à l'école classique parce que nous l’avons choisi.

J’ai souvent eu l’impression de subir cette situation, tout simplement parce qu’il n’est pas aisé de choisir une voie différente que celle de l’école dans notre beau pays. Et puis j’ai changé mon regard. J’ai réalisé qu'en fait, oui, c'était un choix. 
Un choix qui se fait dans un contexte difficile, certes, mais si c'était une priorité pour nous, je sais que nous aurions trouvé des solutions. C'est simplement qu'aujourd'hui, nous mettons énormément d'énergie dans d'autres projets et dans notre quotidien et que faire en plus ce qu'il faudrait pour changer le mode d’instruction de nos enfants ne nous paraît pas envisageable aujourd'hui dans de bonnes conditions.


donc 2) Je sais que ce n'est pas irrémédiable.

Puisque si un jour cela devenait une priorité, je sais que nous ferions ce qu'il faut pour changer la situation. Il n'est d'ailleurs pas exclu que certains des projets que nous menons aujourd'hui, s'ils aboutissent, nous permettent un jour d'offrir le choix de leur instruction à nos enfants.


3) Ils n'en expriment pas du tout le besoin.


Raoudi est ravi d'aller en maternelle et Minimog est tellement enthousiaste à l'idée d'aller au CP qu'elle se promène dans la maison avec son cartable tout neuf. Certes, Minimog me dit régulièrement qu'elle préférait rester à la maison avec maman au lieu d'aller à l'école. Mais c'est surtout.... Pour rester avec maman : une motivation que j’entends bien mais qui ne me fait pas tirer la sonnette d'alarme.


4) Nous avons fait l'expérience d'une école "classique" géniale   

Et oui, ça existe. 
Une école "de la République" où les maitresses s'inspirent de Montessori et Freinet, où les enfants sont encouragés dans leur autonomie, profondément compris et traités avec bienveillance. Une école qui n'aime pas les notes, qui pensent que tous les enfants doivent apprendre à leur rythme, sans pression ni jugement. Toussa.

J'ai donc pour constater que l'école n'est pas nécessairement un ramassis de négativité.

Je sais que l'école qui attend Minimog n'aura pas cette mentalité.
Pour vous donner un exemple que j'ai trouvé très parlant, voici un extrait d'un échange lors d'un désaccord entre l'école maternelle et celle du primaire concernant la porte qui joint les deux cours de récré :
"pour moi une porte ça doit rester fermé (primaire)
- et bien pour moi une porte c'est fait pour être ouvert (maternelle)".
Voilà...

MAIS, malgré tout, cette expérience et d'autres m'ont laissée voir l'enseignant comme quelqu'un qui n'est pas là pour faire de la vie de votre bambin un enfer. C'est une personne, qui a sa propre lumière. Après tout, si ce fut possible ici, alors c'est possible partout.


5) Je peux être actrice du bien être de mes enfants à l'école - travailler la coopération.

Puisque j'ai décidé d'arrêter de subir la situation, j'ai donc chois d'être actrice.

A commencer par l'envie d'instaurer un climat de confiance.

Je me suis même surprise à dire à la directrice de la future école de ma fille qui s'étalait sur tous les problèmes qui pourraient survenir (angoissée la dame on dirait bien...) : "Mais ne vous inquiétez pas, [...] on vous fais confiance". (J'peux vous dire qu'il y a encore trois mois, j'aurais jamais pu sortir une phrase pareille).

Puisque c'est un choix, je l'assume et puisque je l'assume, alors que je dois insuffler une dynamique PO.SI.TI.VE.
Plutôt que de me dire "Ohlala, celle-là elle a rien compris !", je préfère me dire "Qu'est-ce qui l'empêche de voir les choses sous le même angle que moi ?" et savoir entendre les blocages.
Dialoguer, s'engager, rester ouvert à l'autre, entendre, et défendre aussi si besoin. Je peux agir d'un tas de façons.


6) J'ai réalisé que la pédagogie c'était pas mon dada

Ahah ! Bien oui ! 
Je me suis passionnée pour Montessori et consorts pendant trois ans pour réaliser que sur le terrain... Si j'avais pas choisi la voix de l'enseignement c'était pas pour rien en fait !

On peut trouver le sujet passionnant (et c'est toujours mon cas) sans pour autant vouloir y passer ses journées, son énergie, ses pensées.

C'est d'ailleurs la raison numéro 1 qui m'a empêché d'essayer jusqu'à présent d'ouvrir une alter-école : l'absence d'envie pour moi d'y enseigner et donc d'avoir à trouver une ou plusieurs autres personnes prêtent à pratiquer leur métier dans des conditions assez borderlines et incertaines et aussi de dépenser une énergie et un temps fous dans un projet pour lequel je n'aurais pas de rémunération.

Du coup


7) Je suis ravie de laisser aux autres le soin d'apprendre des choses à mes enfants

... Des choses qui m'ennuient profondément : la grammaire, la conjugaison pour ne citer qu'elles. Sincèrement, j'admire les mamans qui ont l'air hyper enthousiastes à l'idée "d'entrer en grammaire" comme si c'était un kiff ultime genre 
"Yeah, aujourd’hui on travaille la grammaire avec les symboles Montessori. Youhou, c'est génial ! Mon fils adÔre !" 
- Moi : "Ouais, trop bien ... Rrrrrrron Pschiiiiiiii, Rrrrrrrrrron Pschiiiiii......".

Non y a rien à faire, je suis ravie de refiler ça à d'autres.

Et aussi de permettre à mes enfants d'apprendre d'une autre façon que ce que moi j'aurais proposé. Parce que, oui, quand même, à la base, l'enseignant est formé pour apprendre aux enfants. Alors des fois on a le sentiment qu'ils sont plutôt déformés mais quand même... Il se pourrait qu'il/elle ait dans sa besace quelques compétences dont perso je ne dispose pas...

C'est d'ailleurs un des (nombreux) freins au non-sco chez moi : pas question de garder mes enfants à la maison et d'être leur source majeure d'enseignement ! Si un jour ils arrêtent l'école, je veux être certaine de pouvoir les mettre au contact de personnes ressources.


8) Mon parcours en pédago alternative m'a enrichie

Déjà, je porte aujourd'hui sur l'école un regard conscient. Et cela fera surement une grande différence dans ma façon d'accompagner mes enfants.

Et puis il n'est pas dit que mon bagage pratique ne serve jamais ! Qui sait si un jour on n'ira pas piocher dans une table de Seguin ou un disque de multiplication Steiner-Waldorf si un des enfants a des difficultés à comprendre un concept transmis par l'enseignant (ou des symboles de grammaire ! Dieu me garde...).

Je vous invite à (re)-découvrir le concept de co-schooling, qui ouvre plein de portes en ce sens.
Et de visiter le lumineux blog d'Elsa "Coquelipop" si ce n'est déjà fait.


9) L'école laisse laaargement assez de place pour apprendre un tas d'autres choses à la maison !

Par expérience, il existe un paquet de bienfaits de l'instruction bienveillante que l'on peut appliquer à la maison sans forcément pratiquer le non-sco ou l'alter-sco.

Que ce soit dans les domaines d'apprentissage : mes enfants apprendront-ils à l'école a reconnaitre la faune et la flore de notre jardin, à construire des cabanes, à grimper aux arbres, à faire le cochon pendu, à connaitre un cycle menstruel et à repérer un clitoris, à connaitre les grands noms de la musique metal ou du reggae, quels sont les différents fonctionnement démocratiques, quels sont les plats typiques des pays du monde, etc ?
Il est fort probable que non. 
Eh bien à la maison : oui!

Que dans la façon de transmettre : en voyageant, en expérimentant, en observant sur place, en choisissant ses sujets d’intérêts, en utilisant tous ses sens, en ayant le droit de se planter, en rencontrant des personnes. 


10) Je n'idéalise plus le non sco ni les écoles alternatives.

D'une part, parce que comme dit plus haut, il y a finalement un tas de possibilités à intégrer dans nos vies sans recourir forcément à des changements radicaux.
Ensuite parce que depuis 5 ans, je suis témoin de pas mal d’expériences dans le domaine à travers un écran ou non.
Quand je dis que je "n'idéalise plus", ça ne veut aucunement dire que je trouve ça inutile ou inintéressant. J'ai simplement cessé de voir tout cela comme un idéal de perfection au pays des licornes qui pètent des paillettes mais comme une situation qui a de très nombreux aspects positifs MAIS également ses revers de médaille, ses difficultés, ses lacunes qui seront d'ailleurs très différents d'une famille à l'autre.
C'est d'ailleurs une des caractéristique de ce blog qui me plaît le plus : celui de montrer tous les aspects de ce type d’expériences avec lucidité et honnêteté et de n'être pas qu'on miroir aux alouettes.
Enfin parce que nous avons fait l'expérience de "l'école idéale" et c'était chouette. Mais nous n'avons pas été endeuillés de la quitter. Ma fille a trouvé son bonheur dans les deux écoles qu'elle a fréquentées.


10 - bis) J'ai confiance en mes enfants... en moi... Et en la vie

Tout simplement.



Bien sûr, tout cela n'a pas pour but de dénigrer l'alter-sco ou le non-sco. Comprenons-nous bien, si les choses étaient plus simples dans notre beau pays, c'est un choix que j'aimerais pouvoir offrir à mes enfants : là, maintenant. C'est également un objectif qui reste ancré chez nous (disons qu'il a été un peu repoussé), et qui resurgira peut-être plus tôt que prévu.

Mais j'ai réalisé que j'avais passé les trois -géniales- années de maternelle de ma fille à angoisser pour son avenir scolaire et que, bizarrement, c'est au moment où elle s'apprête à intégrer une école beaucoup moins inspirante pour moi que je me découvrais habitée d'un optimisme et même d'un enthousiasme à toutes épreuves.

J'ai cherché à comprendre pourquoi et je me suis dit que je n'étais sûrement pas le seul parent à rêver d'autre chose sans pouvoir le concrétiser et que ça pourrait peut-être t'aider, toi, ou toi, à voir les choses sous un angle plus positif.

Alors on fait quoi ? On se dit à dans un an pour voir si ma positive -attitude a tenu le coup ? ^_^. 

8 commentaires:

  1. Je suis trop trop contente de te lire Hëlëne ! (et je ne me suis pas encore complètement remise de la fermeture de ton blog). Tu sais déjà sans doute à quel point la sincérité de tes mots de maman m'a accompagné au cours de mon propre chemin. Je suis contente de lire tout le chemin parcouru!
    J'aborde également la rentrée qui s'annonce avec beaucoup plus de sérénité que les années précédentes (et même avec joie !) et j'en remercie mes enfants !
    Je serais ravie que tu viennes nous redonner de tes nouvelles dans un an (ou avant !).
    Capu

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    1. Oh bonjour Capucine !
      Quel plaisir de te relire aussi !
      Merci pour tes mots.

      Je suis ravie de te lire heureuse et sereine ! *joie*. Voilà qui ne me fait pas regretter mon p'tit billet.

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    2. Chouette Capu ! j'espère à bientôt pour des nouvelles (dit la fille qui n'en donne pas ;-) )

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  2. Je rajoute un complément à l'article qui pourra peut-être intéresser certain(e)s d'entre vous.
    Pour mettre toutes les chances de mon côté, j'ai d'ores et déjà précommandé le dernier ouvrage d'Elsa Thiriot sur le co-schooling "Une année pour donner le goût de l'école - 52 semaines d’activités pour accompagner les enseignements primaires par le jeu".
    Bien que n'étant pas fan des "activités", je fais suffisamment confiance à Elsa que je suis depuis presque 7 ans maintenant via son blog. Ayant bien consciente que la frontière nette que nous avons établi entre l'école et la maison deviendra de plus en plus poreuse à mesure que mes enfants avancerons dans leur scolarité.

    Vous trouverez l'article qui parle de son livre ici (https://coquelipop.blogspot.com/2018/08/une-annee-pour-donner-le-gout-de-lecole.html)

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  3. Très bonne route à Hélène et sa famille sur leur nouveau chemin.
    J'ai eu moi-même quelques hésitations à ce sujet il y a quelques mois: penser chaque journée et dormir pédagogies, la pression de l'avenir offert suite à ma décision de non-sco, le tourment ( ouais le mot est fort mais c'est ça ^^ ) de faire les bons choix. Les paramètres à prendre en compte dans notre quotidien sont tellement nombreux et si différents selon chaque famille. Finalement ce sera CPC classique pour cette nouvelle rentrée chez nous mais je n'exclus pas totalement l'idée d'une scolarisation dans un an, deux ou peut-être plus... Les envies, idées, choix sont faits pour être changés, c'est ça évoluer non? :)

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    1. OOOOoooh que oui ! nous changeons, les circonstances changent, pourquoi nos choix devraient-ils être immuables ? (hormis évidemment ceux qui concernent nos responsabilités envers les êtres. Il paraît qu'une fois qu'on a choisi d'être maman, on ne peut pas louer sa progéniture sur leboncoin pour partir aux Seychelles. Soupir)
      Bref, je me retrouve beaucoup dans ton commentaire, et me suis pas mal retrouvée dans l'article (sublime, et elle en doutait ! fi) d'Hélène, et je suis curieuse de voir ce que donnera, chez nous, cette année mi IEF, mi école.
      J'espère que la solution CPC de permettra une année plus sereine !!

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  4. Je commente bien tard, mais je suis ravie de voir ici des nouvelles de Maman'dala : moi aussi j'ai eu eu du mal à me remettre de l'annonce de la fin de tout post! Encore plus heureuse pour vous de voir que cette rentrée s'annonçait sereine. J'espère que 15j après, c'est toujours le cas.
    Ma fille entrait au CP aussi, école très classique. Elle s'y éclate, tant mieux. J'ai beaucoup cogité à ces histoires de scolarité un temps donné, n'étant à l'aise avec aucune des options. Des réflexions comme les tiennes et celles d'Elsa m'ont permis de faire la paix avec ce sujet! Merci encore pour vos partages. Je vous souhaite à toutes/tous beaucoup de bonheur.

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  5. Merci pour cet article qui tombe à pic ! Et alors un an après qu'en dites-vous ?
    Au plaisir de vous lire.

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