Mon emploi du temps croule / a croulé, de la même manière que l'année dernière, et j'ai du prendre des mesures de rationalisation parce que pas moyen que je refasse un année comme celle qui est derrière moi.
A l'arrivée, même si le presque cramage n'est pas agréable, c'est positif, puisque ça m'oblige à me poser, et me permet un recentrage express en accélérant une évolution que je pensais possible seulement à moyen terme : travailler moins (pour gagner plus, spécial dédicace Sarko).
Dans le cadre de ce recentrage, j'ai squizzé différentes activités, selon
- un premier critère absolu : leur niveau d'intérêt pour moi : "Ai-je méga envie de faire ça ?" / "A quel point cela me nourrit-il?"; je pourrais appeler ça la rentabilité énergétique ^^. Mes centres d'intérêt ayant évolué sur mes quelques années de BusinessGwen, il est temps pour moi d'adapter mon activité, et de dire adieu à ce qui m'a plu un temps, mais ne me correspond plus tant que ça maintenant.
- et un 2ème critère relatif : la rentabilité financière. Je dis "relatif" car j'ai inclus, dans mes plans, un peu de place pour du "peu rémunérateur mais haut niveau d'intérêt". Place que j'ai décidé de consacrer exclusivement à l'animation d'ateliers de parents Faber et Mazlish cette année : j'ai donc, par exemple, arrêté de donner les cours de RH que je donnais depuis quelques années.
Je m'apprête donc à démarrer un cycle "Frères et Sœurs sans rivalité", et j'ai également pu déjà animer une première soirée Piqûre de Rappel en octobre.
Pour mémoire, le principe de ces soirées est de réunir des parents des différents groupes ayant suivi les ateliers "Parler pour que les enfants apprennent" au fil des ans avec moi, et d'aborder avec eux leurs questions, leurs problèmes actuels, en mode requinquage / approfondissement / rafraichissement de mémoire / reprise de réflexes voire même souvent aussi raccrochage de wagons.
Super soirée, supers échanges et c'est l'un de ces échanges qui suscite l'article du jour.
La soirée regroupant par hasard deux mamans de jumeaux, dont l'une bien occupée avec sa paire de jumeaux en bas âge, la maman en question a été rassurée d'entendre que ce serait plus facile après. Jusqu'à ce que la maman de jumeaux plus âgés lui dise
"Oui, maintenant, c'est que du bonheur".
Là, elle a tiqué.
Moi aussi.
Nous avons donc passé quelques instants à dézinguer cette phrase, qui fait bien évidemment partie des "phrases à la con" de la parentalité.
Nan, les enfants, c'est pas que du bonheur.
Jamais.
Et dire cela, c'est faux, archifaux, et surtout archinuisible, car comme l'ont si bien exprimé d'autres participants à cette soirée
"Je me suis toujours demandé ce qui clochait chez moi, puisque franchement, non, jamais j'ai trouvé qu'avoir mes enfants n'était que du bonheur".
Petit Bout par Petit Bout détruisant le mythe - Allégorie |
Eh bien oui.
Entendons-nous bien : nos enfants peuvent être la source de moments de bonheur inouïs et différents de tout autre forme de bonheur.
- Les voir endormis le soir, complètement abandonnés (et ENDORMIS, en plus !). On peut être pris d'une vague d'amour tellement folle, tellement forte, qu'on les en réveillerait presque pour les embrasser et les noyer de mots d'amour (complètement absurde évidemment après tout le mal qu'on a eu à les endormir),
- sniffer leurs cheveux,
- écouter leurs mots d'enfant,
- entendre leurs je t'aime,
- les regarder lire,...
- Plus grands, partager un jeu de société, un bon film, un puzzle...
Mais à aucun moment les enfants ne sont que ça.
Disons-le clairement : avoir des enfants ne se fait pas par confort. Si on regarde d'un angle purement rationnel, il est complètement irrationnel et contreproductif d'avoir des gosses :
- on pulvérise son propre confort,
- on remplace sa liberté par une série de contraintes,
- on dynamite son sommeil,
- on divise par 10 ou 100 son temps libre,
- par 4 son revenu disponible.
Sur le plan psychologique, les enfants sont, essentiellement, la source d'un certain nombre de questions inconfortables, d'angoisses, de frustrations, de découvertes pas super agréables sur soi-même, de prises de tête avec son conjoint, et d'une fatigue de ouf.
Les enfants n'ont pas vocation à nous propulser sur une mer de nuages roses et AUCUN parent ne vit sur cette mer (ou alors, il en fume de la bonne).
Alors oui, à certains moments les éléments de la première catégorie tendent à justifier et nous faire oublier quasi entièrement les éléments de la deuxième, si bien qu'on en viendrait à dire "Ces difficultés ne sont rien en regard".
Oui !
Et NOOOOOON.
Ce n'est pas rien du tout, et c'est même tout quand on est en plein dedans, c'est énorme, c'est épuisant.
Et une phrase comme "c'est que du bonheur"
- nie nos sentiments,
- alourdit le sentiment de difficulté,
- et lui rajoute en plus celui angoissant de notre inadéquation, puisque comme exprimé durant cette soirée, visiblement, nous, si on trouve pas que c'est que du bonheur, c'est, au mieux, qu'on fait qqch de travers, ou, au pire, qu'on est soi-même tordu.
Cette ambivalence de sentiments est à la racine de la parentalité. Or, comme le dit Haim Ginott, ce sont les sentiments ambivalents qui ont presque le plus besoin d'être accueillis comme tels. Car "si quelqu'un comprend mes sentiments confus, peut-être ne le sont-ils pas tant que ça".
Je le mesure encore ces jours-ci, au téléphone avec celle de mes sœurs qui vient d'accoucher de son tout premier bébé et qui se retrouve embarquée dans cette ambivalence de malade, et les montages russes émotionnelles associées, en mode "Notre toute petite fille est tellement géniaaaaale on l'aime on l'aime on l'aime c'est fooooou / Au secours on va mourir on a dormi qu'1h30 cette nuit et allaiter ça fait maaaaal".
Ce dont a besoin ma sœurette d'amour, ce n'est pas d'un "Un bébé, c'est que du bonheur", ni même d'un "Après, ce sera que du bonheur" (publicité mensongère bonsoaââr), c'est d'écoute, d'accueil, de.... de quoi au juste ?
Tenez, si ça vous parle, je veux bien entendre vos témoignages des phrases qui vous ont le plus aidé(e)s dans vos premières galères semaines de parents.
Du côté de notre soirée, nous avons tous convenu de rattraper très vite cette phrase si par ailleurs elle venait à nous échapper ;-)
Idem, la phrase qui m'a le plus aidé, c'est "n'écoute pas les conseils des autres".
RépondreSupprimerJe me souviens aussi que tu m'avais dit (coeur coeur coeur ) "ce serait hyper angoissant pour des enfants d'avoir une mère parfaite donc tant mieux si tu te plantes parfois"
Ce qui m'a aidée devant mes jumelles de quelques jours et mes angoisses? La réflexion de mon mari "Ne t'inquiète pas, quoi qu'il arrive, un jour, elles auront 18 ans". Tout à coup, mes angoisses sur la prochaine tétée avaient repris des proportions plus acceptables, j'avais ri, et surtout repris confiance en nous deux. Et sinon, ce qui m'a aidée, c'est plutôt de ne pas écouter les autres, et un jour où j'étais vraiment épuisée, l'écoute attentive de la psychologue de la PMI qui m'avait redonnée confiance en moi.
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