Je suis fière de moi car après avoir été au bout de ma vie durant mes dernières semaines de grossesse (heureusement un peu abrégée par H., dans sa grande magnanimité), j'ai enfin réussi à me mettre à jour dans les comptes de la famille Bout.
Mais ce n'est pas de notre situation financière florissante (pfffrrrrrt) que je veux venir vous parler. A la place, j'avais déjà commencé à rassembler mes ultimes forces, et j'ai utilisé une partie de mes forces retrouvées, pour vous pondre un billet qui va rester dans le thème puisque qu'il tournera quand même autour des finances, banque, règne du grand capital, toussa.
Enfin presque.
Nous allons donc parler d'une notion cruciale au quotidien : la gestion du découvert.
Mais non : pas le découvert lié à notre compte bancaire, susceptible de précipiter notre foyer dans des tourments financiers sans nom.
Nous allons parler du découvert affectif… qui, lui aussi, dès qu'on le néglige, nous pourrit alors la vie, et nécessite une vigilance de tous les instants, car des décisions pleines de bonne volonté mais hélas malavisées ont vite fait de nous amener à taper dedans.
Vigilance, oui, d'autant que le problème du découvert affectif, c'est qu'il peut toucher chacun des membres de la famille, simultanément.
- un parent à découvert affectivement va se retrouver, très fréquemment, du côté obscur de la Force. Il va
- s'énerver sur son conjoint,
- hurler sur ses enfants,
- claquer des portes,
- laisser tomber des assiettes
- (ou même, selon la profondeur du découvert et la durée pendant laquelle celui-ci perdure, dans un ordre différent : s'énerver sur les portes, hurler sur ses assiettes, claquer ses enfants, laisser tomber son conjoint)
- un enfant à découvert affectivement va agir de manière relou, fatigante, agaçante, énervante, s'opposer, se manifester, bref, montrer qu'un Sans-Dents (ou Avec Peu de Dents) à défaut de pouvoir rétablir son équilibre financier/affectif, peut au moins avoir un pouvoir de nuisance de ouf en enfilant un Gilet Jaune taille 3, 6 ou 10 ans.
1. Parlons d'abord du découvert du parent.
Le découvert du parent, donc, c'est le parent qui a donné, beaucoup donné, qui s'est fatigué, et qui finit par tourner à vide.
Et la maxime de gestion du "bon père de famille", tiens justement, nous pouvons l'emprunter à Haïm Ginott
"On peut se montrer un peu plus gentil qu'on se sent, mais pas beaucoup plus"
Qu'eeeest-ce qu'on peut l'oublier souvent, en tant que parent, cette maxime !
- On va accepter de lire 2 histoires supplémentaires là où déjà, la première nous avait coûté un bel effort.
- On va proposer d'aller au parc / de faire un pique nique / une sortie alors qu'au fond, vraiment, on ne rêve que d'une chose : rester à la maisooooon.
- On va se lancer dans la confection d'un gâteau alors que le stock de Pom'potes nous chuchote "viens, viens, je suffirai pour le goûter et tu pourras passer une demi-heure dans le canapé et non dans la cuisine", on va rentrer du boulot et se lancer dans une fournée de crèmes brûlées maison parce que "c'est quand même meilleur pour la santé et le goût", même si c'est pas bon pour notre niveau de fatigue.
- On va proposer une activité peinture (= 10 minutes de préparation, 5 minutes de peinture, 15 minutes de nettoyage + lessive + stress pour prévenir ou retirer les tâches sur le mur) alors que l'activité "jouez dans un coin avec vos poupées" aurait pu fonctionner aussi.
- On va écouter longuement le monologue du petit / les fausses notes du grand alors que nos oreilles en bourdonnent et que nos boules Quiès ont atteint un niveau de sexytude tel que Marylin Monroe a l'air d'une morue à côté.
Là-dessus,
- une seule chose à avoir en tête : à moooort la culpabilité / la conception dangereusement perfectionniste du rôle du bon parent qui nous pousse à faire des trucs "parce que c'est ce que fait un bon parent",
- et un apprentissage à faire à la place : la détection et le respect de ses besoins / limites personnelles (personnelles = qui nous sont propres à nous, individus, et qui donc sont légitimement différentes du parent d'à côté; et encore plus différentes, au hasard, du parent-vu-sur-instagram.)
Parce que être attentif à ses limites, c'est essentiel, histoire de faire gaffe à ne pas se mettre soi-même dans le rouge.
C'est un point sur lequel le chapitre sur la culpabilité du parent, chez le formidable "Parents Epanouis Enfants Epanouis" de Faber et Mazlish, peut constituer un excellent manuel financier de bonne gestion, dont je ne saurais trop recommander la lecture, relecture, rerelecture.
Une lecture qui peut véritablement permettre de redresser durablement ses finances, comme me l'a encore montré cet hiver l'exemple de certaines participantes à mes derniers ateliers Faber et Mazlish.
"J'ai refusé d'aller au parc et leur ai proposé de jouer dans le jardin SANS MOI à la place. Du coup je ne leur ai pas crié dessus de la soirée ensuite."
Eh oui; car si on est soi-même à découvert, on n'a PLUS RIEN à filer à son enfant.
Donc le bon parent n'est pas celui qui donne sans compter, le bon parent est celui qui compte de manière à pouvoir donner ! De la même manière qu'on va faire gaffe à ne pas acheter des trucs pour notre enfant sous peine de ne plus pouvoir lui offrir un toit, on ne va pas s'épuiser à trop faire pour lui sous peine de ne plus pouvoir lui donner l'essentiel : l'amour et l'équilibre.
Ainsi, personnellement :
- j'ai remarqué qu'il valait mieux pour moi partir sur un rituel du coucher assez court (exemple : un seul livre; et si choix d'un livre à rallonge, dire "quelles pages choisis-tu ?"), comme ça, si besoin est, je suis capable de consentir à une histoire supplémentaire, ou disponible pour une prolongation de 5 minutes-de-conversation-bicoz-soudaine-question-existentielle : je me suis en quelque sorte gardé quelque chose en réserve, j'ai économisé, et donc, si mon enfant manifeste un besoin, j'ai mon économie à dispo, au lieu d'avoir déjà donné le maximum (voire plus) de que j'étais vraiment prête à donner et donc de me retrouver soudain en situation de blocage-ras-le-bol-découvert-ça-va-pas-la-tête-je-meurs.
- de la même manière, avec Monsieur Bout nous avons avancé l'horaire du diner depuis plusieurs mois déjà. Ainsi, même si l'enchainement diner pré-coucher coucher dure, celui-ci a lieu à un moment où nous sommes encore assez en forme, et il peut prendre du temps sans faire démarrer notre soirée d'adultes à une heure indue (= une heure où nous sommes HS et ne pouvons plus en profiter). Tout le monde est plus zen ainsi...
A noter aussi que la notion de découvert dépend aussi de la légitimité du besoin de l'enfant / de la compréhension qu'on en a : c'est pourquoi s'informer sur le développement de l'enfant est siiii utile !
Si on vit dans un monde où on est persuadé qu'un bébé "normal" doit forcément faire ses nuits à 3 mois, et qu'un enfant de 1 an devrait avoir la capacité à se rappeler qu'on ne touche pas au vase de grand-mère puisqu'on le lui a répété 32 fois, ET à respecter cet interdit plutôt que de suivre l'impulsion qui le pousse quand même vers cet objet fascinant… le découvert se creuse beaucoup plus vite puisque
- à l'impact objectif de son comportement
- nuits interrompues ;
- répétitions incessantes ;
- s'ajoute l'impact subjectif, autrement plus lourd
- "mais pourquoooaaaah il fait ça / il va JAMAIS dormir / je m'en occupe peut-être maaaaal!" ou
- " au secours je foire son éducation, c'est DEJA un rebelle / il me défie / il ne saura jamais se maîtriser qu'est ce que ça va être plus tard ?!?!"
Inversement, si on croit qu'un enfant a besoin d'être occupé / stimulé le plus possible on va avoir tendance à taper inutilement dans nos ressources alors qu'une meilleure information sur l'intérêt du jeu libre dans le développement de l'enfant nous permettrait de le laisser jouer dans son coin sans se sentir mauvais parent.
Donc faire gaffe pour donner
- pas trop
- et en sachant pourquoi on le fait
2. Car d'un autre côté, on doit gérer un 2ème compte en banque
(voire un 3ème, 4eme, 5ème, etc, selon le nombre de petits Livrets Jeune que la Vie nous a donné d'ouvrir)
Or, si dans mes souvenirs il n'y a pas possibilité de se retrouver à découvert avec un Livret Jeune lambda, nos livrets Jeune à nous (ceux qui bavent, font des miettes, crient, courent partout) ont bel et bien cette fonctionnalité là.
Et chez eux le découvert menace même en permanence. Et se traduit par des crises économiques monstrueuses.
Car un enfant à découvert devient, très, très compliqué à gérer. [inclure ici le souvenir des 3 dernières crises de votre enfant - ça parle tout seul]
Il en découle une règle quasiment absolue : faire l'effort de combler / prévenir le découvert de l'enfant sera quasi tout le temps la priorité la plus rentable à se donner.
En effet un enfant à découvert fait des crises, s'oppose, refuse de faire, ou de faire seul, et ce qui pourrait prendre 1 minute avec lui peut subitement prendre 1h (option hurlements probable). Donc plutôt que de perdre 1h dans la crise, autant investir 10 minutes dans sa prévention en prenant l'initiative d'un remplissage de réservoir affectif. Aucun investissement ne sera plus rentable !
C'est particulièrement vrai aux moments charnières.
Par exemple, les retrouvailles du soir après une journée de crèche / école pour lui, de boulot (pro ou familial) pour nous. Que de fois on est en mode "utile", à vouloir enchaîner sur la routine du soir, déjà bien chargée ! Rangement, cuisine, bains, éventuels devoirs, repas, coucher…
Inclure, AVANT cette routine, 10 minutes de reconnexion sous quelque forme que ce soit, en commençant, le plus tôt possible après le franchissement de la porte, par des jeux sur le tapis / bataille de coussins et autres jeux d'attachement / petit jeu de société / lecture de livre / whatever est pourtant, pourtant, bien souvent la meilleure assurance anti-soirée-de-la-mort qui soit. Et le court-circuitage de cette étape se paie souvent très cher.
Je me souviens ainsi avoir vécu des deux côtés (= en tant que parent recevant des amis, et en tant qu'amie reçue par des parents) le piège de "ce soir on a du monde donc j'ai un chronomètre en tête et en rentrant du boulot je me dépêche de tout faire pour coucher les enfants le plus vite possible histoire d'être dispo pour mes amis"... et m'être ainsi retrouvée en pleine "soirée sabotée par des interruptions incessantes d'enfants pas du tout dispo à rester sagement dans leur lit".
Du coup maintenant, j'ai très souvent le réflexe, face à une situation systématiquement compliquée, de réfléchir à sa résolution sous cet angle :
- les matins sont compliqués ? Hum, ne serait-ce pas un problème de réservoir affectif ?
Ce fut le cas à Strasbourg, au moment où je bossais. Les matins devinrent d'un coup plus fluides quand les enfants eurent l'assurance de 5 minutes de lecture sur mes genoux, sur le banc de l'entrée, juste avant le départ au boulot / chez la nounou.
- E. met 3 plombes à s'habiller ou ne sait soudainement plus manger seule à quasiment 5 ans ?
Ho ho… (sur ce dernier point je reviendrai en parler dans un prochain billet sur la gestion des aînés dans le cadre de l'arrivée d'un nouveau bébé).
Bon OK, c'est top tout ça, on a compris qu'il fallait avoir l'œil sur son découvert, sur celui de son enfant, et agir de manière à protéger / combler les réservoirs.
Très beau en théorie, hein…?
Mais dans la pratique...
3. COMMENT qu'on fait quand les 2 découverts sont en concurrence ??
Hein, comment bon sang ?!
C'est là où avoir conscience de la problématique aide.
- prioriser le découvert de son enfant
Autant que possible, il peut être bon de s'attacher à fournir les 10 minutes nécessaires à un comblement d'urgence du découvert le plus vite possible. Dans le cas contraire, le comportement de notre enfant risque de taper encore plus dans le nôtre, de découvert.
Situation sans issue.
Si on peut, donc, on y va en apnée, en sachant bien / en prévoyant bien qu'on va s'occuper de notre découvert le plus tôt possible après.
- Déléguer le remplissage de découvert.
Selon les situations, le conjoint peut être quasiment aussi bien placé que nous pour, au moins sur le moment, pallier au découvert d'un enfant pendant que nous-mêmes nous gérons le nôtre.
Si ce n'est pas le cas, une opération financière très très rentable sera d'investir dans le resserrement des liens entre ledit conjoint et l'enfant, en mettant le conjoint aussi souvent que possible en première ligne.
C'est bon pour tout le monde, alors qu'être "la seule personne au monde capable d'apporter du réconfort à son enfant", c'est lourd, trop lourd.
Je le vois en ce moment même avec notre minuscule H. Quand celui-ci a besoin de réconfort (et qu'il ne s'agit pas de réconfort lacté ;-) ) à chaque fois que c'est possible c'est d'abord Monsieur Bout qui s'y colle en première instance.
- H. apprend ainsi à puiser du réconfort dans les bras de son papa,
- ledit papa prend confiance dans sa capacité à réconforter son fils tout neuf,
- et moi, ça me repose et me rend mieux capable d'apporter le réconfort nécessaire en l'absence de Monsieur Bout et/ou quand le désarroi de H. est tel que les bras de papa n'y peuvent plus rien.
- Et en plus voir Monsieur Bout câliner H. me fait fondre / remplit mon réservoir émotionnel à moi.
- Mettre en place des trucs pour s'aider soi-même : en s'organisant pour pouvoir être dispo pour cela.
Si on sait par exemple que les soirs sont difficiles quand on rentre, et qu'on est écartelée entre la gestion de la maison, la préparation du repas, la fatigue de la journée et les besoins affectifs des enfants ; on peut
- attribuer le ménage à quelqu'un d'autre : conjoint, enfants, femme de ménage
- se faciliter la vie en cuisine : les pâtes, les dîners sandwichs-crudités, les diners yaourts-céréales, les plats préparés (paaas bien ! mais tellement aidants parfois ! donc bien !), les plats cuisinés en double quantité le weekend et qu'on décongèle en semaine…,
- décider que les bains ce n'est qu'un jour sur 2,
- rester 5 minutes de plus dans sa voiture pour se ressourcer en lisant quelques pages d'un roman / faisant une courte méditation-prière / quoi que ce soit de ressourçant avant de monter retrouver son petit monde
- NB: plusieurs papas de mes ateliers Faber et Mazlish se sont mis à faire cela afin de pouvoir, ensuite, assumer pleinement leur rôle quand des petits gremlins leur sautent dessus dès la porte franchie le soir ;
- et Soline du chouette blog "s'éveiller et s'épanouir de manière raisonnée" a sorti tout récemment un court bouquin sur la notion de recharge rapide… que j'avoue n'avoir pas encore lu (Syndrome de la PAL qui déborde) mais dont j'ai, en revanche, lu beaucoup de bien et qui est susceptible d'aider à identifier des manières réalistes de se recharger au quotidien. "Être mère sans s'oublier" : un titre qui en dit long...
...bref : diminuer ce qui creuse notre découvert toujours au même moment, et mettre en place une stratégie préventive.
Dans tous les cas, faire les choses en conscience : choisir consciemment d'investir 10 minutes dans le découvert de l'enfant, ou 10 minutes dans le sien, ou choisir consciemment de ne pas voir les moutons de poussière bêlant librement dans les recoins du salon, voire gambadant en plein milieu de la salle à manger, c'est s'envoyer à soi-même un message très important : "je suis maître de mon destin, et ma priorité du moment est celle-ci, et point une autre", plutôt que d'avoir le sentiment d'être balloté d'un truc à un autre sans avoir le choix ni pouvoir rien faire "bien".
Ca, c'est du curatif, dans l'instant.
Mais le découvert, ça se gère aussi en préventif :
- Avoir respecté son découvert les fois d'avant
Quand on en arrive à ces situations de coexistence simultanée entre les 2 découverts, il est beaucoup plus facile d'accepter une prolongation du dépassement du sien (le temps de faire les 10 minutes pour celui de notre enfant) si on ne passe pas déjà le plus clair de son temps dans le rouge.
Si, dans les jours ou les heures qui ont précédé, on a veillé à se préserver, à s'économiser : pour que le découvert ne soit pas un mode de vie, un état chronique (et c'est si vite arrivé pour un parent de se retrouver avec un découvert chronique ! J'y reviendrai prochainement dans un billet intitulé 'sortir du trou d'air éducatif'). Là encore, c'est comme avec notre banquier : il sera beaucoup plus indulgent avec un dépassement de découvert si celui-ci est exceptionnel...
- Inclure dans le quotidien, des moments qui rechargent les comptes en banque des deux parties.
Prendre le temps de longs câlins (on dit qu'il faut 20 secondes) "sans raison", le matin, le soir, dans la journée. Ca fait du bien à notre enfant mais en fait ça nous en fait aussi !
C'est d'ailleurs une des raisons qui font que, moins on s'occupe de son enfant (surtout petit), plus on peut avoir l'impression qu'il nous est étranger (je l'avais constaté après ma reprise boulot post-naissance de F.) : si on passe en dessous d'une certaine dose de contact affectif, l'ocytocine produite par l'interaction l'est tout simplement en quantité insuffisante et du coup, hop, sentiment d'éloignement.
Quelque chose qui joue également dans l'attachement papa / bébé, d'ailleurs. Monsieur Bout a constaté à plusieurs reprises le même phénomène de déconnexion. Autant trop voir ses enfants peut aussi créer un sentiment de ras le bol (on puise trop dans ses ressources), autant ne pas les voir assez (ou n'interagir avec eux que pour de l' "utile" et non de l'affectif) favorise l'établissement d'un sentiment de distance, de…. les anglo-saxons ont le mot "estrangement" : l'autre nous devient un peu étranger, et on n'a d'autant moins envie de s'en occuper. Cercle vicieux.
Prendre le temps de sniffer son bébé (cette bonne odeur de brioche).
Prendre le temps d'une activité qui plait à son enfant mais nous plaît également vraiment à nous : on a ressorti les Jeujura la dernière semaine avant la naissance et ça a été pour moi l'occasion de vérifier une nouvelle fois à quel point ce que j'écrivais ici est vrai. J'arrive beaucoup mieux à m'investir dans ce genre de jeux donc hop, pas de scrupules, je les privilégie !
Prendre le temps… car c'est vraiment cela le nœud du problème !
Que de fois on est tellement pris par le quotidien qu'on enchaîne des trucs "utiles" sans réaliser qu'on oublie l'essentiel et qu'on va en fait se le prendre en pleine figure. Parce que notre découvert affectif ou celui de notre enfant sait très bien nous empêcher de faire nos trucs utiles, une fois qu'il est creusé, hein. Le temps qu'on a voulu gagner en allant vite, on le perd 2 fois en gestion de crise.
Sur ce point, d'ailleurs, inclure du ludique, du fun, dans le quotidien, constitue également une manière de le "détourner" pour remplir les réservoirs affectifs de tout le monde. Ne pas s'égosiller sur "metteeeeeez vos pyjamas bordeeeel" mais se transformer en monstre qui va vouloir manger des petites fesses non pyjamatées fait rigoler tout le monde, y compris le parent. (cf. ce bouquin-là)
Et le rire, ça recharge. CHECK.
- Nourrir notre réservoir au quotidien
Prendre l'habitude de prévoir, dans nos journées, de petits moments pour nous, en mode opération Pièces Jaunes à notre bénéfice. Même 5 minutes. Mais 5 minutes efficaces. Au besoin en notant une liste d'idées de ces choses efficaces (comme ce qui est d'ailleurs suggéré dans le Babystep n°29 chez Flylady. Hasard ? Coïncidence ?), car souvent en tant que parent on peut arriver au constat "Euh... je ne sais plus ce qui me ressource. Ca ou ci étaient des choses que j'appréciais avant d'avoir des enfants, mais… ce n'est plus tellement valable maintenant.".
Se reconnecter à soi demande souvent un effort certain de réflexion, au départ… sur qui est ce soi, au delà d'être un parent ...
- Nourrir notre réservoir par des placements long terme
Par exemple, une chose qui impacte énormément notre découvert affectif est justement la manière dont nos enfants peuvent phagocyter notre temps en couple. Temps en couple pourtant indispensable au remplissage de notre réservoir d'amour à nous bon sang ! Donc, prendre les devants et soigner le couple de manière proactive, contre vents et marées, constitue une des meilleures assurances bancaires qui soient. Cf. mon inimitable billet sur les Sims.
Il est beaaaaucoup plus facile (= moins coûteux) de prendre le temps de l'histoire supplémentaire nécessaire au remplissage de réservoir d'un enfant quand le faire ne s'accompagne pas de l'arrière-pensée "et voilààààà ENCORE une soirée vampirisée par les enfants ! Le temps que j'aie terminé ni conjoint ni moi ne serons en état de vraiment nous tourner l'un vers l'autre".
Investir, sur ce plan, va donc des grosses choses (des sorties en couple) à des choses au quotidien : un bambin hurle dans sa chambre, réclamant une histoire supplémentaire ? On peut retarder de 30s le moment de l'y rejoindre, et enlacer son conjoint pendant ces 30 secondes-là. (franchement, regardons les choses en face : une fois qu'on a de jeunes enfants, qu'on a vite tendance à passer nos journées à courir sans prendre le temps d'un seul contact tendre prolongé avec notre conjoint ! Et pourtant, est-ce qu'on s'amuserait à rouler des centaines de km sans passer à la station service ? Certes la situation ne nous permet pas un plein complet dans l'instant mais … on peut intercaler un en-cas)
Si pas de conjoint (ou en complément du conjoint), s'autoriser et s'organiser pour une soirée détente avec une excellente amie (une à qui parler fait du bien, une avec qui on peut rigoler, hein, on choisit bien !) sera également un placement long terme à privilégier. Sans culpabilité, mais avec la détermination de l'investisseur avisé qui a à cœur de prendre les mesures nécessaires à la bonne santé financière de toute la famille.
Un tel temps passé sans nos enfants leur offre des parents disponibles émotionnellement. Quel formidable cadeau à leur faire ! Et quelle illusion ce serait de prétendre pouvoir être disponible émotionnellement alors qu'on n'a rien qui remplisse nos stocks à nous.
Maintenant qu'on a dit ça… ce serait-y pas chouette de regarder l'état de son compte bancaire personnel ? Les entrées / sorties ?
- Alors, quels sont les retraits pas raisonnables que vous faites sur votre compte ? Qu'est-ce qui vous coûte cher ?
- Qu'allez-vous donc rayer de votre budget émotionnel, en les considérant non plus comme des obligations / offres souscrites avec engagement, mais comme du superflu venant alourdir les finances émotionnelles de la famille ?
- Dans quoi allez-vous pouvoir utilement investir, quelles ressources sont à mobiliser ?
Dernière remarque : les finances émotionnelles, c'est (encore une fois, des fois que le subtil parallèle fait dans ce billet vous ait échappé ^^) comme les finances soussoutesques : ça évolue sans cesse.
On peut décider que notre situation actuelle nécessite tel ou tel choix financier (exemple : renoncer à des repas très élaborés pour gagner du temps, ou privilégier des repas moins équilibrés pour s'épargner une zone de conflit) sans renoncer pour toujours. C'est quelque chose dont on doit se passer pour le moment, pas ad vitam aeternam. Parce qu'un budget, ça s'actualise, et les décisions prises à un moment peuvent être pertinentes pour ce moment puis reconsidérées à un autre, quand les besoins et les ressources changent.
Comme d'habitude un bon article :)
RépondreSupprimerMerci Isa! Quel plaisir ce petit coucou 😘
SupprimerAHHH ces fameuses questions existentielles au moment du coucher ... Merci pour ces petites pistes ! J'attends avec impatience l'article sur l'agrandissement de la fratrie :D
RépondreSupprimerHihihi!
SupprimerFratrie : j'espère pouvoir reprendre un rythme de publication acceptable alors... À bientôt 😉
;) Avant la date de mon terme :P . Bon courage!!
SupprimerHum..ça me laisse quel délai ? 😁
SupprimerJe planche dessus mais H me met des bâtons dans les roues le coquin 😜
Trop vrai tout celà.
RépondreSupprimerBon avec ce confinement qui s'éternise, cela devient malgré tout très compliqué, en tout cas chez nous...
Bises
Servane
Oui le confinement pèse très lourd sur les découverts ! E' about conscience permet de mettre en place certaines choses même provisoires... Ou de réaliser que c'est provisoire justement. Au moins ça donne l'espoir d'autre chose 🤪
SupprimerDes bises !
Très bien dit comme d'hab ! Le parallèle avec le compte bancaire est très parlant ! ! Merci !
RépondreSupprimerMerci marg! Ravie que ce nouveau PPP(petit parallèle pourri) plaise ☺️
Supprimerc'est la lecture de ton article qui m'a rempli mon réservoir pendant 10 minutes !
RépondreSupprimerPlus sérieusement : ça peut nous aider à prendre soin des autres ou à repérer des gens qui ont besoin d'aide. J'ai une copine qui élève seule son bébé, peut-être qu'elle a du mal à faire rentrer des finances émotionnelles pour elle.
Point 1: j'en suis ravie !❤️
SupprimerPoint 2: ouiiiiii 3fois ouiiii 💞💞💞 merci pour elle !
Super article !
RépondreSupprimerLorsque j’étais une toute nouvelle maman au foyer, j’ai beaucoup souffert de ces découverts. Une de mes petites astuces est de transformer une activité qui me coûte, en une activité qui me recharge. Par exemple :
- pas envie de faire le repas => je fais un repas spécial plaisir pour moi, si les enfants n’aiment pas, ils mangeront des crudités et du fromage et au moins ils auront découvert un nouveau plat
- la flemme d’aller au parc => j’y retrouve une copine et ça devient un après-midi copines
- histoires aux enfants => c’est moi qui choisis les livres que je lis aux enfants. Je vais 1 fois par semaine seule à la bibliothèque (nous y allons aussi avec les enfants).
- etc
Ce qui paradoxale, c’est que j’utilise beaucoup plus d’énergie et de temps à faire des choses qui me plaisent, mais c’est comme si je remettais tout cet argent dans mon propre compte en banque, plus les intérêts.
Bien sûr, je laisse également beaucoup de choix aux enfants (et à mon mari !). Pour que tous aient l’occasion de se faire plaisir.
Swanilda
Aaaaah Swanilda MERCI de cet excellent complément ! Effectivement, repérer qu'on est proche de 0 et du coup œuvrer pour transformer une opération débitrice en crédit (ou au moins diminuer énormément son coût) est une excellente stratégie ! C'est la base la plus saine possible pour une relation : trouver quelque chose qui corresponde aux besoins des DEUX.
SupprimerC'est soirée lecture de blog (ça compte comme une entrée sur mon compte bancaire émotionnelle)
RépondreSupprimerJe trouve cet article génial. OK, il n'y a rien que du bon sens, mais parfois on a besoin de le lire noir sur blanc. Surtout que j'ai tendance à appliquer la technique des masques à oxygène dans l'avion, essayer de me ressourcer moins pendant que ma fille crise et du coup, le peu que j'ai gagné en 2 minutes de respiration disparaît totalement pendant les trèèèès longues minutes que je lui accorde.
Mais c'est vrai qu'en fait, je pourrai tout à fait tenir quelques minutes de plus, pour avoir un vrai temps ressource pour moi... après.
Par contre j'ai vraiment du mal avec le tri de mon carnet d'adresses pour cesser de me retrouver à découvert à cause de l'entourage de connaissances.
Ça c'est une belle soirée 😉
SupprimerOui à fond! La technique du masque a oxygène est bonne à long terme : faire gaffe sur le long terme à avoir assez d'oxygène avant de s'épuiser pour les autres. Mais en effet en pleine crise, SI on peut alors éteindre l'incendie à côté peut être une priorité rentable.
Et toute ma compassion pour le carnet d'adresses. Le voir comme un long processus peut aider : parfois, hop, c'est une conversation supplémentaire (de trop 😆) qui me permet de finalement regarder les choses en face et de me dire : euh, est ce vraiment ce pour quoi tu veux garder de la place dans ta vie ? La dessus je sais le lien avec un billet de l'été dernier je crois, "la bonne copine quand on a des mômes". Les copines qui nous font nous sentir coupables d'avoir des mômes c'est clairement du gros débit sur notre compte...