vendredi 5 janvier 2018

Voyage loin de Faber et Mazlish - et retour

Le blog l'a montré (par les billets écrits, et par ceux non écrits aussi: j'ai du consacrer mon énergie à d'autres choses): la famille Bout a traversé une période de turbulences assez fortes
  • déménagement inopiné (quand je pense à la manière dont j'avais déjà tout bien organisé pour une nouvelle année strasbourgeoise...)
  • déménagement lourd à porter
  • enfants perturbés, au sommeil très perturbé
  • nouveau boulot de Monsieur très prenant 

Cela s'est hélas vu au niveau éducatif: ces derniers mois, et notamment la première moitié de l'automne, j'ai très, très souvent agi, envers mes enfants, d'une manière totalement contraire aux convictions tirées de mes lectures, mes réflexions, mes discussions, mes observations, mon expérience.
J'ai beaucoup crié, beaucoup menacé, pas mal flirté avec la punition, j'ai utilisé des étiquettes à la "tu es pénible", je me suis montrée brusque, voire violente...

Et c'est allé de mal en pis: ce qui au départ était des ratés "plus ratés" et plus fréquents que d'habitude s'est mué en un comportement quasi-systématique.
Bref, en l'espace de quelques semaines, j'ai eu l'impression de perdre totalement le bénéfice de tout le travail fait depuis un an et demi, notamment depuis les ateliers Faber & Mazlish suivis conjointement avec Monsieur Bout l'an dernier. 


Je me suis ressaisie. 
Depuis, je remonte la pente. 
De manière très laborieuse, car il me semble beaucoup plus difficile de perdre une mauvaise habitude que de ne jamais la prendre (c'est par exemple le cas des "tu es...":  j'avais réussi à ne jamais prononcer ce genre de phrase, et je trouve plus compliqué de l'éliminer de mon vocabulaire maintenant!)

J'ai un peu l'impression d'un gros gâchis me concernant
Et les jours où d'autres aspects du déménagement me semblent un peu plus lourds, les jours où un bon gros bon souvenir strasbourgeois me prend à la gorge, alors j'en viens vite à me dire "ouais, et puis si il n'y  avait pas eu le déménagement, je ne me serais pas mise en situation difficile comme ça et tout serait blanc et rose, avec paillettes en options".

Néanmoins, je tire une excellente leçon de cette période 
(voyons le positif!)
J'ai vu ce que ça donnait sur mes enfants. 
(ouais, c'est du positif très fortement teinté de négatif) 

Quel excellent miroir qu'un enfant!
En l'espace de quelques semaines, j'ai pu 
  • observer comment mes ordres et mes menaces rencontraient une opposition toujours plus grande et violente, et instituaient un rapport de forces quasi permanent venant réduire à néant la capacité de mes enfants à coopérer les fois où je faisais l'effort de me positionner autrement - d'où recours à la manière forte pour obtenir le résultat espéré, d'où cercle vicieux.
  • entendre F. se mettre à nous menacer, nous, à tout bout de champ : quand son enfant se met subitement à assortir des demandes totalement anodines de "sinon...", ça fout un choc!
  • admirer un pic d'agressivité verbale sans précédent
  • déplorer la disparition de nombreux progrès constatés dans la relation frère-sœur, et le retour de la violence entre les deux
  • m'entendre remettre à ma place, également, par une E. heureusement déjà bien carrée dans ses bottes: "Nan, je suis pas chiante!

Gros gâchis me concernant, disais-je ?
Gros gâchis concernant mes enfants, aussi! Et que d'efforts il me faut là aussi pour renverser la tendance.

Bref: j'aurai testé l'éducation pas du tout positive.  
Et j'entends bien conserver les résultats du test en mémoire, pour les fois où un petit démon imaginaire (ou une personne en chair et en os) viendra me seriner que, "si je les éduquais autrement...", mes enfants se comporteraient bien mieux.

HAHAHA! 
Maintenant, je peux assurer que non.

Oh, il y a sûrement encore beaucoup de choses à revoir dans notre manière de (vouloir) éduquer nos enfants. 
Je ne prétends pas avoir tout découvert, au contraire plus j'avance, mieux je perçois les nuances qui parfois font toute la différence entre 
  • une éducation positive qui pousse mon enfant vers le bien, 
  • une éducation pas positive qui entend l'y forcer au moins extérieurement, 
  • et une éducation se voulant positive, mais qui ne voulant pas forcer l'enfant au bien, n'ose finalement plus l'y inciter clairement, ou perd tout moyen de le faire
Je crois avoir identifié certaines de ces nuances (par exemple celles autour des explications à donner à l'enfant), je crois aussi que bien d'autres encore m'échappent...
Néanmoins me voici maintenant avec l'expérience concrète (et douloureuse) du pourquoi je ne veux pas fonctionner à coups de menaces, punitions, cris, etc. 

Car au fond, je me suis pris en pleine tête cette phrase si juste du vénéré Haïm Ginott



Je me serais bien passée de cette expérience concrète, mes enfants aussi du reste. 
Mais merci à eux de m'avoir si bien incitée à rebrousser chemin et à revenir me pendre aux basques de mes chers Faber et Mazlish.


(Mais pas seulement; 
car le temps est venu pour moi de vous donner RDV pour quelques billets que j'avais en tête depuis longtemps, et dont le titre en dit long: 
"Quand Faber et Mazlish ne marchent pas").

18 commentaires:

  1. Oh... Ce Post... Comme il tombe à pic! Et comme il me rejoint juste là où je suis ce matin! Je m'étais levée ce maintenant le cœur lourd de découragement et de reproches envers moi-même en me remémorant la soirée d'hier horrible , pleine de cris, de brusquerie, d’exaspération... Je profitais, d'un - rare- temps de calme alors que les enfants dorment encore (ben oui, quand on s'endort à passé 11h et qu'on a 2 et 6 ans, on ne se lève pas tôt...) pour essayer de me poser et réfléchir à la façon dont nous pourrions mon mari et moi sortir de la spirale infernale dans laquelle nous nous trouvons pris depuis quelques semaines... Et je lis ton post... ET cela me redonne un peu de courage bizarrement de savoir que d'autres sont aux prises avec des difficultés similaires et cherchent eux aussi à se sortir de ce cauchemar...

    Bon courage à toi, à vous, à nous...

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    1. Ma chère Marie, je suis bien heureuse que ce billet soit venu te réconforter au moins un peu. Ce genre de creux de vague est suffisamment difficile à vivre en lui même pour ne pas en plus y rajouter la dévalorisation du "y a que moi à ne pas y arriver "
      Plein de courage à toi, à nous

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  2. Merci beaucoup pour ce post. Je suis dans la même situation pour des raisons différentes et comme vous je constate une forte dégradation des relations frères sœurs. Et les playmobils se font sacrément gronder. Je me demande si la période de Noël avec toute l'excitation qui va avec n'est pas aussi un peu responsable de l'accumulation de tension. J'essaie de mettre en place des activités rigolotes pour avoir au moins quelques moments positifs mais je trouve très dur de remonter la pente car comme vous la coopération n'est plus à l'ordre du jour. J'attends avec impatience votre prochain post. Merci beaucoup pour votre blog qui m'apporte beaucoup dans ma parentalité

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    1. Merci de ce message et plein de courage à vous aussi !
      Oui prévoir des moments de qualité histoire de commencer au moins à remplir un peu les réservoirs d'amour des petits et des grands, ça a été aussi ma stratégie - avec l'aide de mon calendrier de l'avent

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  3. Ton article allume pas mal de warnings dans ma tête. C'est très bien de prendre du recul et de regarder objectivement ses actions / échecs. Attention toutefois à ne pas tomber dans la dualité (= conflit intérieur). Je trouve que tu te juges durement, voire que tu t'auto-flagelles ? Le premier pas vers la bienveillance ne commence-t-il pas avec soi-même ?
    Swanilda

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    1. Tout à fait d'accord avec toi! Merci à ton commentaire si juste de me donner l'occasion de préciser.
      Je tâche de rester loin de l'autoflagellation car je suis bien consciente que 1000 choses sont à l'origine de mes réactions, et que je n'en maîtrise qu'une petite partie. D'ailleurs sur ce point là (la culpabilité) j'ai aussi un billet sur le feu
      Il s'agit plutôt de réussir à être bienveillante envers moi même mais sans verser non plus dans la complaisance (en mode apitoiement / victime "oh ben ma pauvre bien suuuur que tu ne saurais agir autrement ta vie est tellement difficile "). Au contraire, regarder l'inefficacité même de mes ratés, c'est parfois aussi une manière de me motiver pour faire juste un tout petit peu mieux : je suis flemmarde, donc si je peux utiliser ma flemme pour faire ne serait-ce qu'un pas dans la direction que je souhaite.... il s'agit donc de titiller cette flemme en lui rappelant que, non, agir en contradiction avec mes souhaits éducatifs n'est MÊME PAS la voie de la facilité :D

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    2. Ouf ! Je suis rassurée. Effectivement, tout est question d'équilibre. Pour quelqu'un qui aurait tendance à être auto-complaisant, faire ce type de constat est tout à fait positif. Pour quelqu'un de naturellement autocritique, comme moi, c'est a contrario mortifère de remâcher ses échecs. J'ai plus besoin de respirer un bon coup et revenir au présent, pour avancer. Dans les deux cas, il s'agit de remettre le curseur au milieu, les démarches sont opposées car les déséquilibres ne sont pas les mêmes, mais on recherche la même chose.
      Swanilda

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    3. Tout à fait!
      Effectivement, il y eut un temps où chez moi la balance penchait du côté de la culpabilisation à outrance. Mais certains points m'ont permis de m'en détacher (meme si bien sûr des rechutes sont toujours possibles).
      Là en revanche j'avais affaire à un mix entre complaisance et contamination, à mon corps défendant, par le message parental selon lequel ce n'était pas si fatigant d'élever une famille nombreuse, en partant sur d'autres principes

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  4. C'est vrai que quand on commence à ouvrir la boîte de pandore, tous les petits démons en sorte... Le côté positif aussi c'est l'effet miroir que ça produit sur le conjoint : 1/il voit maintenant ce que ça fait quand on crie sur les enfants; 2/ nous sommes plus à égalité et tentons d'avancer de concert et de nous soutenir.
    Dans mon cas, j'ai eu beau essayer de refermer la boîte, ça ne marche pas. Aussi il faut faire avec cette part de nous et tenter de la transformer. Je trouve que ça rend plus riche, plus personnel, plus sincère, l'appropriation de la théorie de l'éducation bienveillante. Et puis on apprend à mieux se connaître (j'ai enfin compris que la veille de mes règles il ne faut pas me laisser trop longtemps seule avec mes enfants, mes hormones sont bien trop fortes ! C'est la journée où j'ai besoin le plus possible d'être seule ou bien je mords !Le papa est ainsi prévenu chaque mois)

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  5. Et puis, comme dirait ma mère, ces gros passages à vide enseignent au moins à nos enfants que nous ne sommes pas des robots... (voyons le positif...)
    Aies confiance en tes enfants : je suis sûre qu'ils ont emmagasiné plein de choses de la période zen.

    Je t'embrasse et vous souhaite une belle année !

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    1. Merci Capucine!
      Oui c'est vrai que la leçon profite à nous deux !
      Et en effet, ça fait progresser dans la connaissance de soi, même si on n'aime pas toujours énormément ce qu'on découvre. Mais se connaître mieux, soi, c'est aussi être mieux à même d'accepter et connaître autrui.

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  6. Un déménagement, un conjoint salarié à Paris-RP (dont on ne peut généralement pas espérer le retour à la decent hour du retour de conjoint), et des enfants à la maison 24h/24 : ç'aurait été surnaturel que ça se fasse les doigts dans le nez. Tu as du bien morfler, et je suis désolée de l'apprendre. Je te souhaite tout plein de ressources et encore plus de sommeil dans les mois qui viennent!

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    1. C'est tellement ça Digby. Je reprends à mon compte le concept de decent hour du conjoint !
      D'ailleurs juste avant Noël j'ai craqué et dit à Monsieur que je ne pouvais pas continuer comme ça donc il a pris comme résolution de sortir à 18h (=à la maison vers 19h-19h15)
      ET il l'a ANNONCÉ à ses collègues hier.
      On va voir ce que ça donne mais rien que ca c'est un pas énorme pour lui 😍

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    2. Curieuse de savoir ce que ça a donné. C'est un des gros gains du déménagement au Luxembourg pour nous. Il peut partir à 18h30 du travail la plupart du temps alors qu'en RP quand il partait à 19h il se prenait des remarques (les gens n'ont pas de vie !). Donc maintenant retour 19h versus 19h50 avant. Et surtout il part vers 8h45 à vélo versus 8h stressé par les transports. ça change tout à ma vie avec les enfants. Je trouve qu'on ne prévient pas assez les "expats" de retour à Paris en les embauchant... (et qu'on se moque de la g... du monde).

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  7. Courage courage courage.
    On ne se connait pas, mais de ce que je lis, j'ai l'impression que ton quotidien est vraiment dur en ce moment. Alors je t'envoie des ondes positives.

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    1. Merci! Tu lis bien 😊
      Je pleine d'espoir pour cette reprise et l'espoir fait vivre!!

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  8. Et suspendre le temps15 janvier 2018 à 17:15

    Coucou
    Je suis en train de lire tous tes billets depuis la ou j'en etais restee: I am back hahaha. J'en profite pour te souhaiter tardivement une tres belle annee 2018 :)

    Je suis toujours aussi fan de tes billets qui sont tous tres instructifs et inspirants. Je vois que la periode difficile n'est pas encore du passe, mais qu'il y a quand meme des ameliorations a venir (cf ton commentaire plus haut, sur l'heure de retour de Monsieur Bout ;)).
    Je suis de tout coeur avec toi!!

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    1. Merciiiii ESLT! (Comment ça tu étais en retard dans la lecture du blog?! Scandale ! Surtout que je facilite la tâche de tout le monde en ayant sensiblement réduit mon rythme de publication :D)
      Bonne année à toi aussi!!
      Et oui, tout n'est pas encore tout rose (comment, rien ne sera jamais "tout rose " ?! Ah non alors !) mais le début d'année montre un mieux certain. La lumière au bout du tunnel !! (Ou un ver luisant perdu)

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