Quand F. s'est annoncé, je tenais à allaiter, mais sans avoir de souhait précis concernant la durée.
A part l'idée que "ouh là, surement pas jusqu'à un an, à un an ce n'est plus un bébé !".
Et puis j'ai finalement allaité le Bébou jusqu'à ses 13 mois et ça ne m'aurait pas dérangée de continuer...;-)
Un des points qui me rendaient assez prudente sur ce point-là était ma capacité à conjuguer retour au boulot (qui intervint avec les 7 mois du Bébou) et poursuite de l'allaitement.
Cette première expérience fut cependant pleinement réussie et son souvenir m'a permis de reprendre le boulot sans aucune inquiétude sur ce point pour la Bébounette.
Voici donc les fruits de mon expérience et les réponses que j'ai trouvées aux questions que je me posais....
Pourquoi allaiter en reprenant le boulot
Parce que face aux "ah, et du coup tu vas le sevrer ?", il faut avoir ses raisons de ne pas suivre cette attente généralisée selon laquelle la reprise du boulot sonnerait forcément le glas d'un allaitement déjà bien long au goût de certains.
Voici donc les miennes, dans lesquelles vous pourrez, ou pas, vous reconnaître !
- économiques: je n'avais pas envie de me mettre à payer 50 à 80 € par mois pour quelque chose que je pouvais visiblement produire moi-même et mieux (notez la différence avec le matos Montessori, ou produire moi-même ne serait probablement pas franchement synonyme de meilleure qualité)
- affectives : au départ j'ai tout simplement décidé de "continuer un peu" pour ne pas rajouter à la rupture de la séparation celle du sevrage. Quel bonheur, ce moment de calme le matin au lit, et ce coucher en douceur le soir.... Puis à l'usage j'ai réalisé que tirer mon lait au boulot adoucissait la rupture affective aussi bien pour le bébé que pour la maman : j'étais bien heureuse de pouvoir faire cela "pour lui" dans ma journée de boulot. Et une fois instaurée, cette continuité du lien m'est devenue chère, jusqu'à devenir tout simplement partie intégrante de mon équilibre vie pro/vie perso.
- pratiques - 1. Continuer à allaiter a constitué pour moi un gage de zénitude : il s'agissait de booster les défenses immunitaires du Bébou en continuant à transmettre mes anticorps, un aspect d'autant plus intéressant que c'est précisément avec le retour au boulot que l'enfant est confié en dehors du foyer (nounou, crèche) et donc davantage exposé aux microbes.
- Je ne sais pas si cela est uniquement du à un allaitement prolongé, mais sur ses 2 ans 1/2 de vie F. totalise en tout et pour tout : 2-3 rhumes, une bronchiolite, une otite, une gastro. L'otite et la gastro ayant eu lieu pendant des congés (otite = vacances d'été, voyage en avion....; gastro : l'an dernier après les fêtes....), seule la bronchiolite est venue "perturber" ma vie pro.
- Or quand je vois
la galèrele challenge représenté par un enfant malade, je trouve l'investissement organisationnel de l'allaitement très rentable, et ce d'autant plus qu'il s'agit d'un investissement planifiable par opposition à une maladie qui, c'est bien connu, interviendra par surprise et de préférence à un moment particulièrement mal choisi. - pratiques - 2. Quand je me suis penchée sur les "dos and don'ts" de la diversification, je me suis bien amusée à essayer de distinguer la bonne marche à suivre au milieu de 1000 conseils très contradictoires (je travaille d'ailleurs sur un billet sur ce sujet) ayant tous pour objectif de limiter les risques d'apparition d'allergies. Or un des seuls points de consensus était qu'allaiter au moment et dans les semaines suivant l'introduction d'un nouvel aliment diminuait considérablement les risques de développer une allergie à cet aliment. Continuer à allaiter m'a donc permis de diversifier en mode zen, en me disant que si malgré toutes les informations que j'avais rassemblées je m'y prenais tout de même mal à un moment, au moins j'aurais minimisé le risque que ces erreurs ne portassent à conséquence (oui je viens encore de caser un imparfait du subjonctif. Je rafraîchis un peu mon italien alors voilà, par contagion...).
- pratiques - 3. Et justement, l'introduction des premiers yaourts et fromages ayant à l'époque abouti au constat que F. ne supportait pas le lait de vache et cela à un stade où Dieu merci nous n'en étions pas dépendant pour le nourrir, je ne suis pas pressée d'y exposer E. et suis bien contente que l'allaitement m'évite le marathon-test de laits spécialisés, si la miss devait s'avérer avoir les mêmes soucis que son frère.
Quel est le matos nécessaire pour allaiter en ayant une vie pro
- un tire-lait bien choisi (et je souligne, re-souligne, et re-resouligne les mots "bien choisi", cf. plus bas)
- un arsenal de récipients pour transporter et conserver le lait
- une glacière portative avec ses blocs de glace
- un congélateur
- un mode de garde open au fait de donner du lait maternel et prêt à manipuler cet or blanc avec les précautions qui s'imposent
Le tire-lait
il en existe de nombreux modèles.
Leur location est remboursée par la sécurité sociale (60%) et les mutuelles (40%) sur simple ordonnance de votre médecin traitant, pédiatre, etc. Le premier réflexe est souvent de se tourner vers sa pharmacie, mais selon l'assortiment proposé cela peut vraiment réduire le choix, par ailleurs certaines pharmacies ne se gênent pas pour pratiquer des tarifs allant au delà des barèmes de remboursement. Pour la Bébounette je suis donc passée par une association, Grandir Nature, qui livre partout en France en 48h. J'en suis très contente et cela m'a permis d'avoir un large choix et donc de pouvoir choisir en fonction des critères essentiels à mes yeux.
1. Si on veut allaiter au travail, on pense efficacité et rapidité : exit le tire-lait manuel, qui, si il peut suffire pour dépanner pour des tirs ponctuels, va vite vous lasser au quotidien. Pour un usage intensif, il faut que ça pulse : bonjour à l'électrique, version double pompage s'il-vous-plaît afin de vider votre poitrine deux fois plus vite (voire même encore davantage car le fait que les deux seins soient sollicités en même temps rend la stimulation plus forte, le corps réagit donc en conséquence)
Une fois cela dit, le choix est encore assez grand. La comparaison entre le modèle utilisé du temps du Bébou (Lactina de Medela), et celui retenu pour la Bébounette (Spectra S1), permet d'illustrer les principaux points à prendre en compte
2. Allaiter au travail suppose de transporter son tire-lait. Souvent. Très souvent.
Pour le Bébou, je m'étais tapée la version Medela classique, à transporter dans un contenant type énorme caisse à outils; poids de l'ensemble = un éléphant mort.
Ça peut aller si on a la possibilité, comme je l'ai fait à l'époque, de laisser la bête au bureau pendant la semaine, en limitant le trimballage quotidien aux accessoires. Néanmoins pourquoi s'embêter, il existe des modèles incomparablement plus légers.
Avec la Bébounette, nous n'avons pas mis notre vie sociale entre parenthèses, la confions parfois le soir en semaine et de ce fait j'ai, de toute manière, besoin de balader mon tire-lait au quotidien afin de pouvoir assurer certains repas du soir. J'apprécie donc la légèreté du modèle choisi, et sa maniabilité dans une petite sacoche.
3. Quelque soit le lieu où auront lieu les séances de pompage, il est appréciable de ne pas être dépendante de la proximité d'une prise électrique. Mon deuxième modèle fonctionne donc sur batterie rechargeable sur secteur, le pied ! La batterie est certes loin de tenir les 3-4h d'autonomie promises, mais suffit largement pour la journée, et je la recharge le soir à la maison (comme de plus on loue, on s'en fiche que la batterie perde peu à peu sa capacité de stockage, d'ici que ça devienne problématique on l'aura rendu, et on en recevra un avec une capacité correcte pour l'enfant suivant éventuel).
4. Ledit 2ème modèle propose par ailleurs différentes vitesses et fréquences de pompage, adaptées à sa sensibilité; j'avais très bien réussi à m’accommoder de celle de mon premier modèle, mais bon, un peu de confort ne fait pas de mal. Et vous avez le droit d'être plus sensible / difficile que moi, autant mettre toutes les chances de votre côté. Je sais par ailleurs qu'un modèle très léger, le Calypso de Ardo, est parfois un peu trop doux/inefficace pour certaines.
5. L'aspect bruit est aussi appréciable, là encore le Spectra est considérablement plus discret que le Lactina (et que d'autres, selon l'avis de mon médecin du travail actuel qui en voit défiler un certain nombre dans sa salle d'allaitement).
6. Capacité à garder les mains libres lors du tirage : certains modèles proposent apparemment des brassières adaptées, je n'ai jamais testé mais en m'asseyant et en calant les biberons sur mes genoux j'ai toujours réussi à m'arranger pour libérer au moins une main, voire les deux, mais il est vrai que ça ne doit pas être désagréable de gagner en liberté de mouvement.
7. De la même manière, avec le Bébou j'avais survécu sans la petite loupiote utile pour tirer de nuit sans réveiller tout le monde, et sans l'affichage du temps écoulé depuis le début de la séance, mais j'ai apprécié ces deux gadgets présents sur le Spectra. Et, dans un contexte professionnel, en particulier le second.
En effet tirer au boulot poursuit deux objectifs 1. obtenir la quantité de lait nécessaire pour nourrir le bébé 2. stimuler suffisamment la lactation / signaler au corps qu'il faut continuer à produire.
Pour ce deuxième point il est important de respecter, autant que possible (si de temps en temps il y a des journées plus compliquées ce n'est pas grave) une durée minimale de pompage (en ce qui me concerne, tant que l'enfant est exclusivement nourri au sein je m'efforce de tirer au moins 15 minutes d'affilée, je réduis ensuite peu à peu à mesure que d'autres aliments viennent se substituer au lait). Il est donc agréable de ne pas avoir à garder l’œil sur la montre pour contrôler l'écoulement du temps, mais qu'un simple coup d’œil sur l'affichage du tire-lait permette de savoir où on en est.
les récipients de conservation / transport du lait
Il en existe différents systèmes, personnellement j'aurais tendance à déconseiller les versions sachets comme celle-là, du fait de leur fragilité plus grande. Les fuites c'est vraiment marrant, entre le moment de solitude quand on nous alerte sur le fait qu'on sème des trucs, les tâches sur les vêtements ou dans la voiture, et la frustration à voir se perdre ce liquide recueilli avec tant d'attention...
Un système phare est celui-ci, développé par Avent, j'utilise les mêmes pots depuis Bébou et en suis ravie, ils sont quasiment éternels (et résistent notamment très bien aux chutes, mêmes congelés; et croyez-moi j'ai testé), et dotés d'un système de fermeture très fiable.
Celui-ci a été récemment revu mais ma sœur qui a investi dans la nouvelle version en est très satisfaite aussi donc a priori c'est au moins toujours aussi sûr.
Par ailleurs ces pots conviennent ensuite parfaitement à la confection des purées.
Et cerise sur le gâteau, alors que chaque système semble avoir été développé pour ne surtout pas s'adapter à une marque concurrente, eh bien il se trouve que les pots et adaptateurs d'Avent s'adaptent aux téterelles et biberons Spectra. Il est pas beau le monde?
la glacière
Pour Bébou j'avais tout bonnement utilisé celle toute souple fournie par Leclerc Drive, et des blocs achetés chez Picard. Cela avait parfaitement fait l'affaire. Pour la Bébounette, le tire-lait arrive dans une sacoche-glacière adaptée, accompagnée de trois blocs.
le congélateur
Très utile car il permet d'avoir du stock en réserve, un gage de sérénité à mon sens essentiel.
En effet ledit stock permet de ne pas stresser si ponctuellement une difficulté de planning empêche de tirer comme prévu : bébé aura quand même à manger. J'avais largement profité de mon congélateur coffre avec ses 200L pour le Bébou, un déménagement plus tard je n'ai pas la même capacité de stockage à disposition pour la Bébounette, mais ne serait-ce qu'avoir l'équivalent de 2 ou 3 biberons d'avance suffit en soi.
le mode de garde open
J'y reviendrai dans un billet consacré au choix du mode de garde, mais s'assurer de la coopération de la/les personne(s) ayant la charge de l'enfant est essentiel.
La meilleure aide que vous pouvez leur apporter est ensuite d'aller leur imprimer le mémo trouvable ici, pour affichage sur le frigo. Cela leur évitera des erreurs dans la manipulation du lait. Pensez notamment bien à souligner qu'on ne jette pas le lait réchauffé mais non consommé, si vous avez un peu de mal à tirer vous n'aurez pas très envie d'entendre que 30 précieux ml ont fini dans l'évier...
Ensuite, des petits trucs peuvent faciliter les choses et éviter les stress liés à un éventuel oubli :
- quand F. était allaité, c'est le soir, quand je récupérais le jeune homme chez son assistante maternelle, que je laissais à celle-ci le lait tiré la journée et qui servirait pour le lendemain.
- actuellement, comme mes enfants sont les seuls enfants gardés par leur assistante maternelle, et que celle-ci dispose d'un grand congélateur, elle conserve plusieurs pots de lait congelé chez elle, au cas-où.
Il y a encore beaucoup à dire sur le sujet, je vous prépare un second billet.[ici]
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