vendredi 30 novembre 2018

24h dans la vie d'une TooGoodToGoteuse acharnée : cas pratique !

J’ai commencé la semaine en vous pondant un billet bien détaillé sur la manière dont je rentabilise TooGoodToGo et fais des invendus récupérés par son biais la base de notre alimentation, en ce moment.

Alors, zou, c’est le moment d’un petit cas pratique !


Découvrez … 
24 heures dans la vie 
d’une TooGoodToGoteuse

mardi soir, 23h30 : Je solde différentes choses sur Internet, en attendant que vienne minuit, l’heure du crime – euh, l’heure de réapprovisionnement des paniers TGTG. 
Mon objectif : attraper deux paniers dans mon Monoprix préféré, situé dans un centre commercial à 4 km de chez nous. J’achète les billets de train dont j’ai besoin pour le lendemain (déplacement pour aller animer une formation), je lis un peu les commentaires suscités par mon billet sur FB, je…. Zuuut il est minuit pile !

00h00 : Paniquée, je me rue sur l’appli TGTG qui s’ouvre trop lentement à mon goût : eh ben ouais, les paniers du Monoprix visé ont déjà disparu. Vais-je en être réduite à attendre fébrilement qu’ils en reproposent demain matin, une fois que leur inventaire leur aura (peut-être) montré qu’ils ont de quoi en garnir bien davantage que ceux vendus à minuit ? Grumpf. La perspective de scruter l’appli toute la matinée ne m’enchante guère. 
Mais…. Que vois-je ? Il reste 2 paniers dans un autre Monoprix, situé à peine plus loin, et qui m’a déjà fourni des paniers très bien remplis ! Je bondis dessus, vont-ils me filer sous le nez ? Non, victoire. Je m’allège de 2 fois 4€.

00h01 : J’ai chopé les 2 derniers paniers de ce Monoprix. La plupart des paniers proposés dans mes favoris TGTG ont été razziés en l’espace d’1 à 2 minutes, le calme se fait. Fière comme Artaban je glande encore un peu sur Internet au lieu de vais me coucher.

8h00 : Je petit-déjeune avec les enfants et fais le planning de la matinée : E. à l’école Montessori où elle va pour les activités du mercredi matin, F. avec moi jusqu’à midi, heure à laquelle nous irons chercher sa sœur et récupèrerons, au retour, les paniers conquis la veille, avant de filer déjeuner.

12h15 : Les enfants dans la voiture, je dis « non » à une demande à aller au parc : « on va chercher le TGTG les enfants ». F. me demande si il y aura « une bonne salade avec des croutons et une fourchette dedans » et m’informe de son souhait de tenir la salade sur le trajet du retour, le cas échéant. Je promets que nous regarderons le contenu des paniers avant de redémarrer la voiture et je fais le détour nécessaire.

12h35 : Je me gare facilement, ouf ! (ce n’est pas jour de marché… c’est une autre histoire les jours où le marché a lieu SUR le parking en face de ce Monoprix). 
Il pleut, je laisse les enfants au chaud dans la voiture et munie de mon Smartphone je file vers l’accueil du Monoprix pour réclamer mon bien. 3 minutes plus tard (yes, pas de cliente relou devant moi en train de demander des explications sur telle ligne de son ticket de caisse), un vendeur revient vers moi avec deux sacs plastique (ouais, c’est un Monoprix qui file les TGTG en sacs plastiques ; d’autres utilisent des sacs en papier)… qui m’ont l’air bien remplis. 
Vais-je me retrouver avec trois tonnes de yaourts ? (c'est généralement le cas quand les sacs sont pleins à craquer : c'est que ça prend beaucoup de place, des yaourts à la douzaine).

12h45 : Je regagne la voiture et là, ooooooh, c’est le moment de la découverte : je passe rapidement en revue le contenu de ces deux paniers très généreux puis zou, je démarre, toute contente. Je commence à concocter mes menus.

12h55 : Retour à la maison. Pendant que les enfants rangent leurs manteaux, chaussures, etc, je dresse l’inventaire complet de ces deux paniers vraiment chouettes (j'adooooore les fruits de mer, je surkiffe les avocats, par exemple), en consultant à chaque fois la date de péremption afin de déterminer l'ordre des priorités. Jugez du peu. 
De gauche à droite
  • 1 portion de gratin de pâtes
  • 2 feuilletés au poulet
  • 1 pâte brisée
  • 2 filets de mini chèvres-bûches 
  • 1 sandwich au pain viennois
  • 2 pots de sauce Burger aux oignons
  • 2 boules de Mozzarella
  • 2 grosses quenelles de brochet
  • 2 barquettes de jambon blanc
  • 2 barquettes de gambas (agriculture responsable) et 1 de crevettes, le tout cuit et décortiqué, 110g chaque
  • 2 barquettes de guacamole
  • 2 barquettes de terrine au poivre
  • 4 desserts au moka
La pénurie menace^^. 

Puis je lance la cuisine. Je missionne E. sur le couvert, F. sur le découpage du jambon.


Et hop: les 4 desserts au moka filent au frigo, pour plus tard, ainsi que le pâté, les mini chèvres bûches et le sandwich ; les feuilletés au poulet et le plat de pâtes aussi : eux serviront pour le dîner.

Le jambon est découpé, la pate brisée est étalée sur un plat, j’y rajoute les morceaux d’une des boules de mozzarella, je bats des œufs (issus d’un TGTG de fin de semaine) avec un yaourt et un peu de lait, et zou, une quiche.

J’ouvre le paquet de quenelles, les dispose dans un autre de mes plats de conservation en verre adorés, je rajoute quelques unes des gambas, découpées en morceaux, l'autre boule de mozza elle aussi découpée en morceaux, + du lait + sel + poivre, et ça file au four en même temps que la quiche.

13h25 : Le reste des crevettes / gambas ainsi que le guacamole atterrissent dans les assiettes disposées par E., et y sont rejoints par de la laitue, du radis noir râpé et du chou fleur cru (issus du TGTG récupéré au magasin bio samedi).

13h35 : Tout ce qui doit cuire, cuit, et nous, nous nous goinfrons. Moi qui comptais profiter du fait que le guacamole ne périmait que vendredi pour en garder un pot, je suis surprise d'à quel point ce guacamole est réussi (je suis souvent déçue par ceux que je ne fais pas moi-même : pas assez "avocateux" à mon goût). Je ne résiste pas et j’ouvre le pot gardé en réserve. Tremper radis, chou fleur et gambas dedans, c’est un régal.

13h55 : F. propose de passer au fromage, et les deux enfants engloutissent chacun un mini chèvre bûche. F. précise bien qu’il faudra lui en caser un dans ses pique-niques d’école. Ensuite, c’est fruit.

14h15 : La cuisine débarrassée, les enfants commencent à dessiner. Assise à côté d’eux, je peaufine l’organisation des 24h qui viennent : en fin de journée je vais délaisser le domicile familial pour prendre le train pour les Ardennes où je dois animer une formation le lendemain. (question bonus pour les habitué(e)s : de quelle BD ai-je réussi à insérer 2 cases dans le Power Point de ladite formation ?) Je note donc les principales infos à destination de Monsieur Bout et de ma petite sœur qui se répartiront la charge des enfants durant mon absence.

15h30 : Avant de filer à la ludothèque avec les enfants, je couvre quiche et quenelles de leurs couvercles respectifs et je mets tout cela au frigo.


18h : Je fonce prendre mon RER pour attraper mon train. A la gare de RER je récupère ma sœur qui arrive tout juste, je lui transmets mes gosses, ma voiture, et lui annonce, victorieuse : les repas sont assurés jusqu’à mon retour.
Et en effet, sur le papier que j’ai rédigé dans l’après midi, les menus sont prêts.
  • Jeudi soir : feuilletés poulet (TGTG) + salade (il en reste encore une bonne quantité, j’avais eu 4 laitues au magasin bio…)
  • Vendredi midi : quiche fraîchement produite + salade
  • Vendredi soir : quenelles fraîchement produites + salade
+ open bar sur le pâté

19h30 : J’ai attrapé mon TGV de justesse (moui, au moment de monter dans le métro je me suis "juste" trompée de sens et j’ai mis 3 stations à m’en apercevoir…. Cité, cité, mais… je voulais pas aller Gare de l’Est moi ?!?!). Enfin assise, c’est l’heure de MON dîner : je déballe le sandwich TGTG, que j’avais glissé dans mon sac. J’aurais bien pris un des machins au moka mais…. Je déteste tout ce qui de près ou de loin a goût de café.

21h30 : Arrivée dans les Ardennes, je marche vers mon hôtel, ma sœur au téléphone, nous débriefons. Les enfants étaient agités, les feuilletés délicieux, le truc au moka pas mal, la quiche a l’air chouette tout plein. Mon mari arrive à ce moment, alors ma sœur m’abandonne : ils vont s’attaquer au reste du guacamole et au pâté, puis Monsieur Bout dévorera le gratin de pâtes.

Minuit : Au lieu de sauter sur TGTG (je ne suis pas chez moi demain : pas concernée !) je blogue dans ma chambre d’hôtel. Il me reste encore à trouver une utilité aux 2 pots de sauce Burger à l'oignon… avec des pâtes vous pensez que ça donne quoi ?


Disclaimer : évidemment, TOUS les paniers TGTG sont TOUJOURS aussi intéressants.
Et encore plus évidemment, TOUT est TOUJOURS aussi bien organisé chez moi.

Nan mais, franchement, sur ce coup-là, j’étais tellement fière de moi qu’il fallait que je me la pète. L’auto-jetage de fleurs, parfois, ce n’est pas désagréable.
Call me God.

lundi 26 novembre 2018

Dynamiter son budget courses grâce à l'appli TooGoodToGo : défi et résultat(s)

La Gwen va bien, la Gwen bosse, la Gwen (= l'ensemble de la famille Bout, puisque toutes les ressources familiales sont regroupées sur un unique compte joint) est à découvert en attendant que le trimestre maudit ( création de boîte & réception du paiement des factures en décaaaalé + soucis de bagnoles + 3ème tiers des impôts + taxe foncière + taxe d'habitation + paiement en décalé des travaux réalisés après notre emménagement) soit passé.
Un beau découvert. 
Avec beaucoup (trop) de chiffres à gauche de la virgule (ceux à droite de la virgule ne me font pas le même effet, c'est curieux). 
Trèèèès zouli.

Alors, histoire de limiter la casse en attendant que les factures soient enfin réglées, j'ai appuyé de toutes mes forces (= je me suis mise debout dessus) sur la pédale de frein des dépenses alimentaires et assimilées. Le budget courses. Budget de toute manière bien trop haut, que notre déménagement vers l'Île de France avait fait s'envoler encore. 
Sachant tout de même que je gardais un niveau d'exigences important :
  • essentiel en bio, notamment fruits et légumes
  • varié et équilibré (pas question de faire pâtes / pommes de terre / pâtes / pommes de terre /…)
  • bon, aussi. L'estomac, les papilles et le moral étant très étroitement liés. En tous cas chez moi !

Pour ceci, moi qui vous avais déjà dit grand bien de l'appli de récupération des invendus TooGoodToGo; j'ai décidé d'en intensifier l'usage : en faire la base de nos courses.
La question étant :

 jusqu'où pouvais je aller avec TGTG, et pour quel résultat ?



1. Optimiser son usage de TooGoodToGo, mode d'emploi


1.1. Optimiser les cibles

Toutes les possibilités offertes par TGTG ne se valent pas : entre les enseignes qui nous fournissent des trucs de mauvaise qualité : en petite quantité, à la limite de l'arnaque, et celles qui nous fournissent tout simplement des trucs pas intéressants du tout, …. pour ne pas perdre mon temps, mon énergie et mon argent, j'ai été amenée peu à peu faire le tri dans les enseignes affiliées TGTG que je fréquente.
Comme on peut mettre certaines en favoris dans l'appli, j'ai drastiquement réduit la liste des favoris.
  • Nan, Ikea qui va solder en fin de journée de 19h à 20h : pas la peine, jamais on n'ira
  • Telle boulangerie pas top, aux croissants tout secs et au pain sans goût ? nan plus
  • Monop' : pas rentable; comme ce sont essentiellement des produits de snacking, on récupère de la bouffe hyper transformée donc chère, et du coup en petite quantité.
  • Les vrais Monoprix en revanche : presque toujours rentables.
    • La fourchette horaire hyper large indiquée chez Monoprix + le fait qu'ils appliquent volontiers un principe de précaution sur la date (= on trouve dans le panier des choses qui périment le jour même, mais aussi le lendemain voire le surlendemain parfois) facilitent à la fois la logistique de récupération du panier, et celle de consommation de son contenu.
    • Les produits sont généralement de qualité; avec une proportion non négligeable de bio, et la quantité de produits est trèèèès respectable
    • Mais là encore, on apprend à détecter les mieux : notamment, il y a des magasins Monoprix sur lesquels on peut compter (= ceux qui, à minuit, proposent toujours des paniers; donc si comme moi on n'est pas couché - paaaas bien- à minuit, pour peu qu'on y pense et qu'on soit rapide de la gâchette à minuit pile, on est assuré de pouvoir attraper des paniers), et d'autres qui ne proposeront des paniers qu'au cours de la journée, ce qui oblige à aller regarder régulièrement voire très régulièrement l'appli : 
      • 1. chronophage 
      • 2. stressant 
      • 3. parfois décevant quand on a regardé pour rien (ou que l'appli a profité de notre demi-heure d'oubli pour proposer les paniers tant attendus et si vite disparus. Aaargh - hurlement, sorti du fond des âges, de la TooGoodToGoteuse flouée)
  • tel maraîcher ? hum, fruits et légumes souvent limite, et trop souvent des encombrements pour y aller : rapport stress / efficacité pas optimal. Après avoir tenté plusieurs fois on passe à autre chose
  • Restau japonais (très utile pour résister à la tentation du "et si on se faisait livrer ?") : parfois pas mal (beaucoup de makis), souvent décevants (des makis qu'on n'aurait vraiment pas choisis, et en quantité moindre car assortis d'une soupe et ou d'un dessert : donc pour un gain financier finalement pas énorme) ; j'ai fini par l'ôter de ma liste, et je table sur nos expéditions à Strasbourg pour me jeter sur le buffet à volonté bien garni d'un resto à 5 minutes de notre ancien chez-nous.

Une fois ce tri fait, je tourne maintenant sur 3 magasins principalement :
  • une boulangerie bio à quelques minutes de voiture, à se rouler par terre = pain, quiches, et petites douceurs de temps en temps
  • le magasin bio le plus proche de chez nous, aux produits excellents mais trèèèès chers en temps normal  : beaucoup de légumes, un peu de fruits, quelques laitages et autres produits frais, ou des céréales ou assimilés de temps en temps
  • Monoprix, et plus particulièrement celui du grand centre commercial à quelques minutes de chez nous : toujours beaucoup de paniers y sont proposés, et il est très facile de s'y garer. (euh, rectificatif : sauf les vendredis à l'approche de Noël…)
Contenu de 2 paniers TGTG Monoprix tout à fait lambda (prix total = 8€)


1.2. Optimiser la gestion des quantités

Là aussi, j'ai appris avec l'expérience :
  • 2 paniers de ma super boulangerie c'est risqué; si il y a beaucoup de pâtisseries / brioches / quiches etc c'est OK, si c'est essentiellement du pain j'ai de quoi nourrir la terre entière et mon congélateur, lui, vomit.
  • 2 paniers du magasin bio, ce n'est envisageable que si j'ai vraiment du temps pour cuisiner immédiatement ce que j'ai reçu juste après, donc plutôt le weekend par exemple.
  • 2 paniers Monoprix en revanche c'est une excellente idée, parfois même 3 en weekend… sauf la fois où chacun des paniers contient deux sachets de salade...mais je suis joueuse.


1.3. Optimiser la planification dans la semaine

Peu à peu je repère des jours plus intéressants que d'autres :
  • les samedis des Monoprix, par exemple. On y solde beaucoup de produits de base mais qui risquent de ne pas passer le weekend; les plats préparés ont généralement été écoulés le vendredi puisqu'on sait que tout ce qui est fortement connoté "mon déj acheté à côté du boulot" ne partira pas le samedi.
  • Ma boulangerie pâtisserie bio : 
    • si je veux faire des stocks de pain, j'y vais le lundi. 
    • Si j'aimerais des choses plus fantaisie (pâtisseries, quiches, etc) j'y vais le mardi 
En effet, elle ferme le mercredi donc autant les pâtisseries du lundi soir pourront encore être vendues le mardi donc ne me seront que rarement proposées, autant celles du mardi soir ne sauraient être remises en vitrine le jeudi et atterrissent donc dans mon sac, puis, très peu de temps après, dans les gosiers de la famille Bout (ou d'autres heureux bénéficiaires, cf point suivant).

Par ailleurs, rentrer dans une routine prenant en compte mon rythme de boulot me permet également d'assurer un flux constant : généralement, je TGTGte les lundis, mercredis et vendredis et/ou samedis. (ce qui tombe fort bien puisque la plupart du temps, mes TGTG m'approvisionnent pour les 48h qui suivent). Je nous nourris donc "d'un TGTG à l'autre", en complétant avec ce que j'ai en stocks par ailleurs.

1.4. Optimiser sa capacité à utiliser les trucs

Eh oui, on ne choisit pas ce qu'on reçoit, et parfois on peine un peu à utiliser des machins pas trop faciles à écouler / reçus en grande quantité.

Mais c'est en forgeant qu'on devient forgeron, et je l'avoue, j'adore la manière dont l'usage de TGTG stimule mon inventivité : comment accommoder / associer ce qu'on reçoit de la meilleure manière…
  • Ainsi, au départ, j'étais déroutée quand je recevais une masse de carottes râpées.
    • Et récemment, j'en ai reçu deux gros sachets en même temps qu'un poulet entier : j'ai fourré le poulet au four, sur un lit de carottes rapées, qui ont fondu en caramélisant avec le jus de cuisson du poulet. Et hop, j'avais mon plat + accompagnement tout prêt. J'en ai prélevé une partie que j'ai congelée, le reste a attendu au frigo le moment d'être dévoré, pour le déjeuner du lendemain.
    • J'ai gardé cela en tête et la fois suivante, où (scandale) les carottes rapées m'ont été livrées SANS le poulet qui va avec, j'ai récupéré l'andouille qui attendait au frigo (non TGTG, mais que je prends de temps en temps car 1. ça se garde assez longtemps 2. ça se marie avec beaucoup de choses 3. ça se marie AVANTAGEUSEMENT avec beaucoup de choses - pour ceux, qui, comme les Bouts, en raffolent) et zou, carottes rapées et andouille dans une poêle et miam miam.
  • Idem, saucisse de Toulouse en masse ? Eh bien, hop, on lance deux plats qu'on va congeler direct : la moitié va mijoter avec des lentilles (toujours en stock chez moi), l'autre va mijoter avec le chou blanc issu d'un précédent TGTG (mais POURQUOI caler un chou blanc en TGTG je vous le demande ? Ca se garde un demi-siècle ces trucs ! 2 ou 3 semaines se sont écoulées entre le moment où j'ai récupéré  2 choux blancs chez Monoprix, et celui où nous les avons terminés !). J'en profite pour caser, dans les plats, les deux paquets de jambon blanc (aliment que je n'achète jamais) reçus dans le même TGTG.

Ca, c'est pour l'utilisation par soi-même, mais un autre truc marrant avec TGTG est l'influence sur la vie sociale. L'entraide et la coopération sont de puissants facteurs d'efficacité de TGTG, et inversement, TGTG contribue au renforcement des liens avec l'entourage. 
Eh oui, il s'agit de tisser et développer un réseau de "seconde main" : les repreneurs des trucs que je ne vais pas utiliser moi-même. C'est sympa tout plein.
Chez moi, j'ai ainsi maintenant 5 ou 6 destinataires privilégiés de mes surplus TGTG (des voisins de la résidence, un copine habitant la rue d'à côté, ma sœur), avec un fonctionnement qui commence à être bien rodé :
  • par exemple, quand mes 3 paniers du jour m'ont laissée avec tous ces produits laitiers à base de lait de vache (en plus de tous les autres trucs que, eux, j'avais viiite remisés au frigo) donc non utilisables chez nous. Hop, photo de ce que j'avais à écouler, envoyée dans 3 SMS, et hop, le soir même tout était parti, réparti entre 3 familles de voisins.
  • pour les habitués, j'ai même une page de mon Bullet Journal sur laquelle je note (tel jour, 1€ de marchandise, tel autre jour, 0,50, etc = montant librement estimé), et au bout d'un moment, quand ça fait un billet, on solde les comptes : tout le monde y trouve son compte, et cela évite les tractations subtiles et recherches désespérées de monnaie (qui reste quand même utilisée pour les voisins avec lesquels ce genre de transaction est plus occasionnel)
  • pour la voisine chez qui je vais souvent "co-worker", c'est offert, en mode échange de bons procédés : lorsque je squatte, j'y suis (fort bien) nourrie.
Grâce à cela, on s'amuse bien, je me fais un peu l'effet du Père Noël à chaque fois, et je suis assurée de ne rien gaspiller puisque tout trouve toujours preneur.


Bref, à l'usage, une fois qu'on peaufine un peu sa stratégie, et pour peu, comme ici, que les vents soient favorables
  • localisation offrant un bon maillage de magasins TGTG à des distances raisonnables
  • un peu de souplesse dans les horaires / l'organisation personnelle; et des horaires de coucher compatibles avec la réservation des paniers
  • famille pas trop allergique / aux choix alimentaires pas trop contraignants (ah là là, si nous n'avions pas de souci avec le lait de vache, ce serait encore plus pratique !)
  • voisinage avec potentiel de récupération
TGTG peut vraiment, vraiment, remplacer une grosse partie des courses.
Et donc, comme dit, je pousse le bouchon assez loin en ce moment, où les vaches sont très maigres, et le découvert très gras.


2. Pour quel(s) résultat(s) ?


2 mois à TGTGter comme une folle, ça produit quels effets ?

2.1. les courses en grande surface ont enfin beaucoup rediminué. 

Pour atteindre un volume très inférieur même à ce qu'il était avant que nous ne quittions Strasbourg et mon panier bio chéri : ce n'est plus que tous les 10 jours (voire 15), pour les produits non alimentaires, et, en alimentaire : 
  • du beurre, des œufs (pas trop, car Monoprix m'en file parfois), du fromage et des yaourts de chèvre/brebis/soja (mais idem, moins qu'avant, cf parenthèse précédente), 
  • du pain de mie pour les enfants (et idem encore), du lait (végétal et chèvre), 
  • des fruits bio (bicoz j'en ai très rarement dans le monoprix, et assez peu dans le TGTG magasin bio), ainsi qu'un légume de secours au cas où. Mais souvent, si mon TGTG ne m'a pas fourni le moindre légume, je complète un repas avec des lentilles corail dont j'ai toujours un stock; et je m'arrange également pour avoir un légume surgelé au congél.
  • et de l'épicerie. Et encore, concernant l'épicerie, n'oublions pas qu'en TGTG on est aussi susceptible de récuperer des produits pas périmés / périssables du tout, mais dont le packaging endommagé les rend impropres à la vente. J'ai ainsi récupéré divers paquets de céréales, briques de soupes, kilos de farine (de sarrasin bio, vous savez, le truc qui se vend au prix de l'or), fruits secs, whatever.

2.2. effet collatéral intéressant : les tentations aussi ont diminué. 

A la fois du fait de passer moins de temps dans les grandes surfaces, à "choisir" et donc être tentée, mais aussi tout simplement, parce que la mentalité change; je m'habitue à vivre de ce que je reçois, plutôt qu'à désirer des trucs que je vais prendre. Et TGTG est bien gentil avec moi et me soutient en me gâtant : nul besoin de succomber à la tentation puisqu'à un moment, je vais recevoir des trucs délicieux de toute manière.
Les petits plaisirs viennent donc désormais sous forme de surprises : oh, des queues de crevette, oh du saumon fumé (ah, le jour où les deux paniers récupérés en contenaient tout juste 700g en plus de mille autres trésors), oh, une mousse au chocolat Michel et Augustin, tiens, des chaussons aux pommes, miam, une pizza, slurp un smoothie, oh, des magrets de canards séchés, mince alors, un risotto Joel Rebuchon champignons-confit de canard…



2.3. Du coup, effet de surprise assez marrant

Franchement, on s'habitue et l'ouverture du sac, si elle peut parfois réserver quelques légères déceptions (quoi, ni saumon fumé, ni crevettes, ni magret de canard cette fois-ci ?! Scandale - au passage, je suis curieuse de voir ce que donneront les paniers après les fêtes…. je veux bien les invendus de chocolats et de foie gras moi!), a généralement la saveur d'un matin de Noël… ou alors, mettons que c'est la roue de la fortune, plusieurs fois par semaine…

En revanche, du coup, ça complique un peu la planification des repas à la semaine, en mode Flylady ;-)
Mais puisque j'ai justement redémarré Flylady, je me suis contentée d'inclure dans ma routine du soir, la planification du dîner du lendemain, et, les veilles des jours où je vais récupérer des paniers TGTG, j'écris : "TGTG ou….[plat de rechange si contenu du TGTG pas adapté à un dîner]"
Sitôt mon panier récupéré, je l'ouvre dans la voiture, et hop, sur le chemin du retour mon cerveau carbure et répartit mon butin sur les repas suivants…


2.4. Effet zéro déchet : très variable, pour le coup. 

Autant c'est assez bien sur le plan des légumes, récupérés en quasi vrac au magasin bio, autant les produits Monoprix sont, pour le coup, assez suremballés. Donc la poubelle a tendance à gonfler. 
En revanche, on sait que 1. ce sont des aliments qui ne sont pas partis à la poubelle, justement et 2. ils n'ont pas été fabriqués ainsi pour nous, on a juste évité que tout cet emballage soit encore plus inutile.


2.5. Effet sur la santé / bio

A l'arrivée, nous restons avec beaucoup de produits bio, y compris chez Monoprix. Pour les produits qui ne le sont pas, nous recevons quand même plutôt du haut de gamme : viande de poulet élevé en plein air / au grain / sans antibiotiques, par exemple, etc.


2.6. Effet sur le frigo

Il est souvent assez vide (au contraire du congél où je stocke la viande que nous ne consommons pas tout de suite), et c'est assez chouette en fait ! Il contient rarement plus de 48h de courses + mon fond de stock acheté en grande surface. 
J'aime bien la visibilité que cela offre, la légèreté que ne pas crouler sous les stocks me procure. J'essaie peu à peu d'étendre cette dynamique aux produits "secs".


Oui mais bon, avec tout ça, hein, parlons peu mais parlons bien : 


2.7. Niveau soussous, ça donne quoi ?

Oh, pas grand chose.
Disons que le budget courses de la famille Bout était astronomique (900€ en théorie voire plus en réalité. Nous avions plusieurs fois franchi la barre où y a 4 chiffres, là. Pour 3 adultes - je compte la mamie au pair + 2 enfants, en incluant dedans les dépenses de cantine pro de Monsieur Bout, et sachant que quand je bosse généralement je m'emporte ma gamelle, et que je fournis les repas que F. mange à l'école). 
  • Qu'en octobre, la Gwen a fait -300€ par rapport au budget théorique, et plutôt -400 par rapport au budget réel, puisque depuis l'emménagement en Ile de France elle n'avait réussi à tenir le budget théorique que les mois où elle avait, déjà, TGTGté un peu.
  • Qu'en novembre, on va plutôt atterrir à -400 / -500. Voilà. J'dis ça, j'dis rien, mais bon, hein, faire quasi -50% sur son budget courses ce n'est pas désagréable.

Je le vis très bien !

A noter toutefois : je n'ai pas (encore ?) modifié la somme que j'alloue au budget courses sur mon fameux fichier Excel de budget. Je pense le revoir un peu à la baisse, mais pas autant que ce que je réussis à accomplir, car le fait que ces économies reposent sur TGTG les rendent précaires à mes yeux : un souci de disponibilité de ma part, la disparition tragique de l'appli, l'abandon, par les enseignes que je fréquente, du système, et paf, tout peut s'écrouler. 


lundi 19 novembre 2018

Flylady - reloaded

C'est l'histoâââââr' de la viiiiiiiie ! Le cycle éternèheeeelll …


J'ai repris les Babysteps Flylady.

(si vous ne savez pas de quoi je parle, allez donc lire ce court billet sur ZE système d'organisation)


Quoi ? Mais je l'avais pas déjà annoncé, ça, en mai dernier ?
On dirait l'annonce des comebacks / adieux à la scène / recomebacks de Johnny, en son temps.


Eh oui.

En mai dernier, ma maison a bénéficié de Babysteps 3.0 ou 4.0 ou je sais plus trop combien, et le temps de quelques semaines, elle a respiré, 
  • le bazar a battu en retraite, 
  • le stress de la Gwen aussi, 
  • les derniers cartons de déménagement ont disparu (oui, 8 mois après le déménagement proprement dit. Pas de commentaires désobligeants svp), 
  • des piles de papiers aussi, 
  • des enveloppes contenant des papiers administratifs ont été portées à la Poste, 
  • certaines contenant des chèques attendus depuis un certain temps aussi, 
bref, en quelques petites routines bien fichues, la Gwen se remit à maîtriser son intérieur.

Et puis… la Gwen lâcha avant même la fin des 31 Babysteps (à sa décharge, elle était quand même en marche depuis pas mal de temps puisqu'elle s'était permis de les faire à son rythme, et non forcément 1 par jour).
Sous l'effet de 2 facteurs concomitants
  • premier (et unique - je suis pas près de recommencer) cycle avec prise de progestérone pour tenter d'aider un numéro 3 à venir squatter chez les Bout : effet instantané. 
    • Naaaan, pas une grossesse. 
    • Mais les symptômes de la grossesse, et surtout, le premier d'entre eux chez moi : la fatigue de la grossesse. Une fatigue à tomber par terre, qui me transforme en loque pendant 9 mois, mais que je supporte parce que je sais qu'à l'issue de ces 9 mois je récupère un petit bébé dans les bras. Mais alors, sans petit bébé derrière, nan merci. 
    • Bref, loque humaine, mourante, vite découragée face aux cm nécessaires pour se traîner jusqu'à son minuteur / son évier / sa machine à laver /….
  • défection bien malgré elle de ma coBabysteppeuse qui s'est subitement retrouvée avec d'autres chats à fouetter.

De profundis, Flyladya Babystepus 
(la déclinaison n'est pas correcte ? C'est normal, je n'ai JAMAIS fait de latin à part en lisant les Astérix)


Ma maison s'est donc enfoncée dans le désordre et la saleté, à mesure que mon activité pro grandissante m'accaparait de plus en plus.

Au point que cet été, il m'a fallu prendre une décision importante, vitale, pour la santé mentale de tout le monde : le retour d'une femme de ménage après plus de 18 mois (!!) d'indépendance ménagère totale. 
Ces 18 mois représentent tout de même une belle victoire, mais comme je l'expliquai à Monsieur Bout : c'est bien joli, mais avec ma reprise d'activité je rajoutais mille choses dans le quotidien d'une Gwen pourtant déjà assez rempli. Il fallait urgemment en ôter.

En ayant recours à cette solution, c'est bel et bien un raccrochage de wagons Flylady que j'avais en ligne de mire
  • ladite femme de ménage ne rangeant bien évidemment pas
  • son action me permettant de ramener la part de boulot me revenant à quelque chose de psychologiquement envisageable.

Péripéties mamie-au-pairesques d'automne aidant, je ne m'y suis pas mise (oui, je dois encore vous les raconter, celles-là).
Mais sitôt le départ de ladite mamie au pair, et état de santé des enfants nécessitant un oignon, mais pouvant aussi impliquer un gênant squattage de lit aidant, je suis allée passer une nuit dans la chambre d'amis (située à l'étage des enfants) en prévention.
Et cette nuit a été très détendante. Non seulement parce que, en vertu du pouvoir de l'oignon tout fraîchement découvert, la nuit n'a pas été aussi entrecoupée qu'attendu (voire pas du tout, en fait, passé minuit), mais surtout parce que… j'avais dormi dans une chambre quasi vide, et ça, c'est très reposant. 
Beaucoup plus que ne l'est le spectacle qu'offrait notre chambre à nous au même moment.
(Hélas, j'ai commis un Flylady-péché capital : j'ai omis de prendre une photo de ladite chambre AVANT le redémarrage Flylady. Honte sur moi, une seule photo aurait valu bieeen davantage qu'un long discours - quoique… il m'aurait été difficile de faire rentrer TOUT le bazar sur UNE SEULE photo)
Quand j'ai réalisé cela, j'ai regardé les choses en face et j'ai identifié le sentiment qui peu à peu m'avait envahie : c'était un sentiment en tous points identique à celui que j'avais avant mes débuts Flylady, en Normandie : un sentiment de malaise au sein de mon propre chez-moi, chez-moi rempli de bazar et de choses-non-faites-donc-culpabilisantes.

L'heure était grave ! 
Il était urgent d'agir !
C'est pourquoi …
j'ai repoussé le moment de m'y mettre à après les vacances de la Toussaint quand même
  • rien ne sert de courir il faut partir à point
  • et avec angine + vacances strasbourgeoises le moment était encore mal choisi pour la réintroduction de routines dans leur milieu (pas du tout) naturel

Et ce n'est pas tout.

J'ai repris Flylady mais… à ma sauce.

Yes, pour la première fois, je n'ai pas commencé par m'occuper de mon évier tous les soirs, puis rajouté chaque jour un petit machin en suivant le glorieux plan de Flylady !
Pourtant ce glorieux plan est fichtrement bien fichu, je vous l'ai abondamment expliqué, et je vous engage vivement à lui faire confiance pour vos premiers Babysteps.

Mais une fois qu'on a comme moi quelques séries de Babysteps à son actif, eh bien, il peut être intéressant de procéder autrement, si on en ressent le besoin
  • certains Babysteps sont de toute manière déjà intégrés, donc on aurait le sentiment de perdre du temps / faire du surplace non motivant les jours concernés par leur introduction
  • d'autres Babysteps nous causent vraiment du problème, on les a repérés, ceux là, et donc 
    • 1. on aimerait pouvoir prendre le temps de les stabiliser en restant longtemps dessus OU
    • 2. au contraire, on ne veut pas rester bloqué dessus et donc on préfère avancer en contournant l'obstacle : commencer par faire du bien à sa maison avec ceux des Babysteps dont l'expérience déjà acquise nous a montré que la réintroduction nous est le plus facile et profitable.

J'ai donc repris à mon compte une possibilité également mentionnée par Flylady pour débuter ses routines : lister 3 choses à faire le matin, 3 choses à faire le soir, puis faire grandir routine du matin et routine du soir peu à peu.
J'ai donc listé ceux des Babysteps qui font le plus vite, en me coûtant le moins, du bien à ma maison, en mélangeant 
  • ceux que j'avais maintenus (faire mon lit s'est vraiment gravé dans le marbre. J'ai des boutons qui apparaissent si je quitte ma chambre sans l'avoir fait), et 
  • ceux que j'avais vraiment hâââte de ressusciter.
J'en ai choisi 3 pour le matin, 3 pour le soir, puis j'ai prévu la réintroduction progressive de 2-3 choses supplémentaires, en essayant de tenir compte de mon planning de la semaine : les jours très chargés n'étant pas propices à me rajouter des choses.



  • Vous noterez mes choix : très clairement, chez moi, tout change dès 
  • Vous noterez mon ambivalence
    • en bonne élève Flylady, j'ai inclus le nettoyage de l'évier dans ma petite liste des premiers points de routine à réintroduire. Dans les faits, hum, oui, l'évier a été fait, dans un élan d'enthousiasme, dès le premier soir… mais plus tellement ensuite. 
    • Clairement, pour le moment, ce machin là me pose problème. C'est justement pour ne pas y rester bloquée que j'ai eu recours à une autre manière de remonter en selle

  • Vous remarquerez également mes efforts pour réintroduire une routine hebdomadaire de lessives
    • Celle qui fonctionnait si bien à Strasbourg a succombé sous l'effet du déménagement, déjà, mais aussi de la fin des couches : exit les couches lavables à laver, exit la forte incitation à rester à jour de mes lessives sous peine de pénurie. 
    • Revoir ma routine en prenant en compte mes nouveaux besoins ainsi que mes nouvelles contraintes (et notamment un rythme professionnel irrégulier) m'a déjà bien aidée. 
    • Néanmoins ce point là est encore à revoir, clairement : à l'usage, le positionnement du remplissage de machine en fin de soirée ne s'avère pas forcément adapté à notre nouveau chez nous. Eh oui, ce qui roulait fort bien en appartement ne convient pas dans une maison où la gestion du linge se répartit sur 3 niveaux : linge sale entreposé au 1er et 2ème étage, machine à remplir au rez-de-chaussée. 
      • En fin de soirée mon envie de remonter récolter le linge et/ou de redescendre le fourrer dans la machine, dans une cuisine déjà éteinte, etc, n'est clairement pas au maximum. 
      • Peut-être le remplissage de machine va-t-il devoir suivre une autre logique, celle de mes déplacements naturels du matin ? Une fois habillée, remplir le bac à linge du linge sale des adultes, descendre d'un cran ramasser celui des enfants, et terminer dans la cuisine où je pourrais transférer tout ça dans la machine en même temps que je lance la préparation du petit déjeuner et de la gamelle d'école de F., le tout avant de remonter au 1er réveiller mon fiston…?

  • Vous aurez également remarqué que là encore, je me suis servie de mon Bullet Journal pour mon suivi Flylady, en surfant encore sur la manière foudroyante dont ces deux systèmes, Flylady et Bullet Journal, se soutiennent et se renforcent mutuellement. On ne change surtout pas une équipe qui gagne !

  • Enfin, dernièrement, parce que rien ne vous échappe : vous aurez remarqué que cela reste modeste. Quuueeeeeelques malheureux tout petits points de routine ! Dont le déroulé ne prend que quelques minutes de mes journées !
Mais, ah mes aïeux !
Même modeste, même sans m'y tenir parfaitement, cette manière là de procéder a instantanément produit des effets fort agréables pour tout le monde
  • en tout premier lieu, baisse rapide du niveau de stress et de culpabilité de la Gwen, 
  • en second lieu, amélioration notable de l'agrément de certains coins de la maison. 
Il n'y pas à dire, ces fichues 2 minutes, et leurs crétines de copines les 5 minutes, c'est magique.
Les réintroduire quasi immédiatement (sans attendre le 6ème jour des Babysteps comme cela aurait été le cas dans le processus tranquille, et sans m'obliger à passer par l'étape de l'évier avant cela) a eu l'effet d'entrainement que j'espérais et m'emplit d'un optimisme sans borne. Ou presque : pour la suite, je sais que j'ai du mal avec le minuteur à 15 minutes, et je me demande si il ne sera pas plus judicieux, au moins pour le moment, de privilégier le rajout d'une session de 5 minutes supplémentaires quelque part dans les journées où je ne bosse pas / pas à l'extérieur de la maison en tous cas.
Dans tous les cas, je vais voir à quel rythme je pourrai rallonger ces routines, mais j'irai mollo, avec énormément de bienveillance et de sollicitude envers moi, moi-même, ma flemme, mes contraintes, et mes travers. Déjà, autant que possible, me tenir à cette colonne vertébrale : elle suffit à accomplir des miracles !

(je précise qu'un tel démarrage en mode "je pioche à la carte dans les premiers Babysteps" est aussi envisageable pour quelqu'un qui n'a jamais fait les Babysteps mais que l'un - ou plusieurs - de ces Babysteps rebute au point de ne pas s'y mettre. L'évier, par exemple. Mais je tempère quand même en rappelant mon expérience de Flylady-sceptique : pour une première fois, suivre aveuglément Flylady permet des surprises de taille et de finalement, à l'usage, tomber amoureuse d'une habitude qui nous rebutait pourtant avant de l'avoir mise en place concrètement)



dimanche 11 novembre 2018

Bloguiversaire n°3 : and ze ouinerz are ...

J'ai réussi ! J'ai réussi ! J'ai REUSSI à procéder au tirage au sort !
Pour Mag ;-)
En planifiant le concours j'avais oublié un détail : c'est que ce weekend nous n'étions pas parents de 2 mais de 5 enfants. Ce qui a évidemment un léger impact sur l'organisation / le déroulé dudit weekend, et, par exemple, sur la masse de temps libre à notre disposition.

A cœur vaillant, rien d'impossible ! J'ai procédé au tirage au sort pendant un petit moment tranquille dans l'aire de jeux d'intérieur où nous avons passé la journée du samedi, accompagnés de notre marmaille.
Cette improvisation a permis un tirage au sort en mode ultra ZD : faute d'avoir emporté quoi que ce soit en anticipation, je me suis retrouvée à réutiliser des tickets de CB égarés dans mon Bullet Journal pour fabriquer mes petits papiers. CLAP CLAP. (où est mon Prix Nobel)






TADADADADADAAAAAAM

Bon, déjà, le suspense était à son comble pour les lots numéro 1 et 2....
étant donné qu'on se retrouvait dans un cas qui n'était pas sans présenter de vagues similitudes avec les élections organisées dans certains endroits du globe et/ou à certains moments de notre Histoire : un seul candidat ;-)

Ce qui nous donne donc, à la surprise générale
  • Lot 1 "Les petites filles modèles" = Lina
  • Lot 2 "Oui-Oui" X 2 = Vanou

Pour les feutres Posca, j'ai du sacrifier l'équivalent d'un ticket de CB et demie (!) pour noter les noms des aspirantes gagnantes. Un lot presque aussi disputé qu'un titre de Miss France ! Je le comprends bien, hein, ces feutres, même glissés dans des mains aussi douées que les miennes, permettent de produire des trucs vachement sympas.

Il n'y a cependant qu'une seule gagnante, et je sollicite le fair-play des autres participantes : mesdames, abstenez-vous de cribler la poupée vaudou à l'effigie de la gagnante de (trop de) épingles…

  • Lot 3 "feutres Posca" = Cannelle 

Les cadeaux Jemako proposés par Evelyne en ont également tenté plus d'une.
Qui va donc pouvoir voleter dans sa maison, arborant fièrement son trophée ?

  • Lot 4 "chiffon vaisselle" = Larissa
  • Lot 5 "petit chiffon pro" = Claire-Emmanuelle
  • Lot 6 "chiffon duo jaune" = Isabelle 
Quant aux autres, hein, vous avez encore quinze jours pour craquer sur le code promo créé à notre/votre intention par Evelyne…


Merci en tous cas à toutes pour votre contribution à ce concours et à ce blog, visiblement vous vous marrez à lire mes billets (et vous avez particulièrement apprécié celui sur les Sims ; peut-être devrais-je réfléchir à un parallèle pourri à faire avec le seul autre jeu PC que j'aie pratiqué intensément : Age of Empires ? Ou pas. Mais bon, je trouverai de toute manière d'autres parallèles pourris à faire, n'ayons crainte), et moi, je me réjouis toujours de vous lire en retour !
Dans l'année qui vient, nous parlerons donc, sans surprise, de parentalité positive, d'IEF, de ratés, d'amoooour, de vie pro, de bouffe (toujours, avec moi), et de mille autres choses, et puis, surtout, je vous détaillerai à loisir les plans que je fais et ensuite, je vous raconterai comment tout se passe différemment.
Je compte bien continuer à vous solliciter de temps à autre, et notamment, dans pas longtemps, je vous demanderai de m'aider dans les affres existentielles dans lesquelles je suis en ce moment plongée (Tindiiiiiiiin. Tension insoutenable)

Je laisse aux heureuses gagnantes le soin de m'envoyer bien vite leur adresse postale ainsi qu'une bouteille du champagne qu'elles auront, nul doute, sabré en réalisant qu'elles s'étaient si subitement rapprochées du milliard ce soir, et je vous embrasse bien cordialement, veuillez agréer, Madame, reMadame, l'expression de mon sentiment le plus cher, avec mes salutations les plus respectueuses et bien à vous !


lundi 5 novembre 2018

Être une mauvaise mère

Un petit billet que je veux vous écrire depuis longtemps.
Je m'adresse aux presque 3 milliards de mauvaises mères (passées, présentes ou à venir) que compte notre planète, et aussi, car c'est le même topo, aux presque 3 milliards de mauvais pères.




1. Je suis une mauvaise mère aux yeux des autres


Etre parent nous expose à de nombreuses remarques de notre entourage. Proche ou lointain d'ailleurs! Du jour où l'on devient parent, c'est comme si nous tombions dans le domaine public : 
  • le ventre de la femme enceinte devient accessible à toutes les mains, 
  • notre nombre d'enfants, leur cadence de production, etc, suscitent tant d'opinions qu'on en viendrait presque à en faire un sujet de référendum, 
  • et alors, que dire des comportements de notre progéniture, et de nos manières de gérer ceux-ci! 
Tout le monde y va de son grain de sel, commente, et sait très bien pointer ce que nous faisons/ferions soi-disant de "mal".
J'en parlais récemment en courrier des lecteurs : si on pouvait récupérer 1€ à chaque fois qu'on a une remarque sur l'éducation que nous donnons à nos enfants, ce serait probablement bien plus rémunérateur que les allocations familiales (surtout qu'en plus, les remarques on y a droit dès le premier enfant, voire même avant…)


Ces remarques sont vraiment un des aspects les plus chouettes de la vie de parent (saurez-vous trouver l'ironie dans cette phrase ?)
Elles réussissent à combiner
  • effet dévastateur sur la confiance en soi, en son enfant, en ses orientations éducatives : sentiment de mauvaise-mèritude et d'échec
  • avec un investissement minime : un jugement qui se fait sur la foi d'une observation invariablement très limitée
= sur la base d'un échantillon d'une situation, d'un comportement, on va catégoriser le style d'éducation, et évaluer la personne qui le dispense.

Et voilà comment on se retrouve mauvaise mère aux yeux d'un autre.

Pourtant c'est oublier que
  • aucun comportement de notre enfant ne peut faire de nous une mauvaise mère : nos enfants ne sont pas téléguidés bon sang ! Gros mots, tapes, refus de coopérer, colères ? Tout cela peut arriver, sans être produit par notre éducation.
  • si notre réaction à nous, face à ce comportement, peut être, euh… "pas top", il s'agit de prendre en compte deux aspects
    • distinguer quelle serait la bonne manière d'agir en théorie n'est pas toujours facile : il faut connaître la théorie !
      • l'immense majorité des parents a à cœur le bien de ses enfants; c'est pour cela notamment que j'ai du mal avec le terme "éducation bienveillante" et que je préfère "parentalité positive" : 99,9% des parents sont remplis d'intentions bienveillantes
      • là où ça pêche ce n'est pas dans le fait de vouloir le bien, mais dans le manque d'informations sur les manières d'y contribuer
        • concernant les besoins des enfants : nan un écran ne remplace pas le besoin de dialogue ; oui un enfant de 2 ans qui tape a besoin qu'on lui montre comment rentrer en contact autrement
        • concernant les impacts de la manière de communiquer avec nos enfants
    • et, une fois qu'on a les informations, eh bien, c'est que le passage de la théorie à la pratique n'est pas facile
      • pas d'écran ? Oui mais franchement quand on est crevés…. Et paf, hop, on voit un enfant de 3 ans sur un écran 10 minutes, et on fronce les sourcils… ("aaaah ces parents démissionnaires qui utilisent la télé comme babysitter !") Mais ces 10 minutes dont nous sommes témoins sont elles représentatives des XXX minutes du mois qui se passent en dehors de notre vue ?
      • Bien communiquer ? Ne pas humilier, ne pas généraliser, ne pas menacer ? Pareil : fatigué, sous stress, on peut se retrouver à ne pas réussir à employer des alternatives plus respectueuses de la relation à notre enfant; en dépit de nos meilleures intentions.

C'est quelque chose que j'annonce clairement au début des ateliers de parents que j'anime, histoire de détendre un peu tout le monde : je préviens que chez moi aussi, il y a des moments où, si on me croise dans la rue et qu'on m'entend interagir avec mes enfants, la première réaction n'est pas forcément 
"Ouh cette nana elle tient sûrement un blog dont un des thèmes principaux est la parentalité positive, sa bibliothèque est remplie d'ouvrages sur le sujet, et même, elle est animatrice Faber et Mazlish : ça se sent !" 


Alors certes, en effet, dans le cas contraire, parfois, en voyant agir un parent, il m'arrive de reconnaître une marque de fabrique, une attitude, ou en tous cas j'ai de forts soupçons: "Hum, ça sent le Faber et Mazlish". Ca me toujours fait sourire, voire c'est le prélude à une prise de contact / discussion très sympa.

Mais l'inverse n'est pas vrai:
  • quel que soit le comportement d'un enfant
  • quel que soit le comportement d'un parent
ce n'est en rien représentatif de leur éventuelle manière d'agir à d'autres moments.

Admettre cela n'a pas été facile pour moi. Car j'ai connu une époque bénie très F&M, très fluide, où je réussissais à utiliser assez fidèlement les outils, de manière assez naturelle, et donc je m'écartais assez peu, et assez peu fréquemment, de ce que je souhaitais pour mes enfants.
Youpi.
Puis vint le déménagement, et ce fut une autre histoire, avec des écarts incomparablement plus fréquents, et plus grands.


Ce fut très dur à vivre ! Ca l'est encore, car cela a laissé des traces, aussi bien chez les parents que chez les enfants.
Mais cela a aussi eu un effet collatéral non négligeable : me prendre ces épisodes en pleine figure m'a rendue beaucoup plus compréhensive et bienveillante
moins de bienveillance envers mon enfant m'a rendue plus bienveillante envers les parents


Car j'ai pu expérimenter à loisir (et j'expérimente encore régulièrement) ce qui se passe dans une mauvaise mère en pleine crise de mauvaise-méritude
C'est comme chez Jane Nelsen : un enfant qui se conduit mal est un enfant qui se sent mal ? Oui ! Eh bien : même tabac pour sa mère.

une maman en train de réagir à côté de la plaque est une maman qui se sent mal.

Elle stresse, elle est sous pression
  • une pression immédiate 'on est en retard bon sang'
  • une pression à plus long terme (que va devenir mon enfaaaant, un délinquant c'est sûûûr),
  • à quoi s'ajoute la pression du regard des autres, de notre regard

réaliser qu' "être une mauvaise mère" arrive à tout le monde (puisque cela m'arrive à moi) m'a aidée à être plus bienveillante envers les autres : ce n'est pas une mauvaise mère que j'ai en face de moi, mais une mère en difficulté
Cette douloureuse prise de conscience a influencé ma manière d'agir, aussi :
  • est-ce que ça m'aide, dans les moments où je pers les pédales, de me faire fusiller du regard ? Pas tellement.
  • Est ce que ça m'aiderait que quelqu'un vienne me dire "Vous savez, j'ai un très bon bouquin à vous prêter qui dit qu'il faut pas faire comme ça du tout" (mais je l'ai luuuuu ton bouquin bordel !)
Je m'en abstiens donc
  • en revanche, un "C'est dur, hein" complice / compatissant / empathique… 

La base de Faber et Mazlish, c'est l'accueil des sentiments, eh bien, là aussi, il s'agit de revenir aux bases : plutôt que de juger sur l'acte, accueillir les sentiments de la maman, qui en a bien besoin aussi. Une manière de faire qui, d'ailleurs, a permis, parfois, des conversations bien plus ouvertes que si j'étais arrivée en mode "Eh faut pas faire ça". 
Eh oui : l'accueil des sentiments, chez l'enfant comme chez le parent, a d'abord pour effet de faire baisser cette fichue pression dont nous parlions il y a quelques paragraphes. Et une fois que la pression est redescendue, le parent comme l'enfant regagne en capacité à mobiliser ses propres ressources pour régler son problème, y compris sa capacité à envisager de nouvelles manières de faire.



Ce cheminement m'a aidée à considérer les autres autrement, il m'aide également à me voir autrement, ce qui est très précieux.


2. Car je suis une mauvaise mère à mes propres yeux


Le truc terrible en situation de crise, c'est qu'il s'agit d'un cercle vicieux. 
Je le vois bien, quand nous filons du mauvais coton, et que j'ai le sentiment de ne rien maîtriser (ni le comportement de mon rejeton, ni mon comportement à moi) : j'ai d'autant plus de mal à rectifier ma manière d'agir que je me condamne moi-même à ce moment. Je ne fais pas ce qu'il faut, je suis MAUVAISE. 
Cette culpabilité, instantanée, est paralysante : elle ne fait qu'augmenter la pression et donc diminuer ma capacité à prendre du recul pour sortir d'une logique de rapport de forces. Ce regard négatif que je porte sur moi-même contribue donc à m'enfoncer. C'est la joie !
Or j'ai repéré un truc qui renforce encore ce si chouette phénomène de culpabilisation paralysante : en situation je me vois avec le regard que je porterais moi-même sur quelqu'un que j'observerais dans cette situation.
Exemple : si je hurle sur mon gamin, je vais avoir dans la tête de petits nains (vous savez, des cousins de ceux-là) qui vont me susurrer à l'oreille tout ce que moi-même je me suis dit la dernière fois que j'ai vu une mère beugler ainsi sur son enfant. ("Ooooooouh elle devrait paaaas faire çaaaaaaa, c'est paaaaaas biiiiieeeen")

Depuis que je suis plus indulgente avec la mauvaise-mèritude des autres mères, je suis aussi beaucoup plus indulgente avec moi-même : maintenant que j'arrive à voir, dans la mère au comportement pas top, la mère en difficulté, j'arrive à faire de même avec moi-même, et donc je réussis plus facilement à prendre soin de moi, à prendre du recul : je passe d'un "Argh je gère pas du tout bien je suis nuuuuulle" à un "Ouh là c'est difficile pour moi là, que puis-je faire pour me sentir mieux" voire même juste un "Ouh là c'est difficile pour moi, je vais limiter la casse, m'occuper un peu de moi, et demain on verra comment faire mieux".
Je m'applique donc à moi-même la réaction empathique que j'ai peu à peu apprise en point 1.

Petit ajout cependant : bien entendu, (dites-moi si votre expérience est différente mais ce serait trop beau), il est très rare, pour les mauvaises mères que nous sommes, de recevoir cette réaction empathique.
Alors, un autre truc qui m'aide à adoucir mes moments "mauvaise mère" (qu'ils soient réels : je suis en train de me comporter d'une manière en contradiction avec ce que je voudrais vraiment faire ; ou supposés : je suis en train de me comporter d'une manière en contradiction avec ce que mon interlocuteur estimerait adapté), c'est de me rappeler une réalisation qui a changé pas mal de choses pour moi. 
Quand quelqu'un fait une remarque un peu (beaucoup) accusatrice, je n'ai pas besoin de la reprendre à mon compte. Cette remarque ne me concerne pas : les gens ne me parlent pas de moi, ils me parlent d'eux. Ce qui ressemble fichtrement à une attaque de ma personne n'est en fait que l'expression détournée des peurs personnelles de mon interlocuteur. 
Je me souviens ainsi de remarques que j'avais récoltées au sujet du rythme à 3 repas par jour de mes bébés, en mode "Tu sous-nourris tes enfants"... Ce n'est que plus tard que j'ai réalisé que ça voulait juste dire "J'ai peur de ne pas nourrir assez mes enfants".

"Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous... Ah ! Incensé, qui crois que je ne suis pas toi." 
écrivait déjà Victor Hugo (préface des Contemplations).
Eh bien là, c'est dans l'autre sens.

Là encore, depuis que j'ai cette clé de compréhension, j'arrive mieux à réagir : au lieu de prendre la mouche et/ou de ruminer ce que je viens de me prendre en pleine poire, de nouveau, j'accueille et reflète les sentiments "Oui, c'est vrai qu'en tant que maman on est souvent inquiète de savoir si on nourrit assez nos enfants"... et la discussion prend alors un tour assez différent puisque mon interlocuteur se retrouve avec un espace pour parler de lui, de ce qui l'anime, sans avoir besoin de le faire en m'accusant / me dénigrant moi.
(je précise toutefois, hein, que ma capacité à prendre du recul et agir ainsi peut varier en fonction de mon humeur, mon état de fatigue, l'intérêt que je porte au maintien de bonnes relations avec mon interlocuteur, etc. Parce que parfois mon empathie est à quelques kilomètres, et mon envie d'envoyer ch***, elle : à portée de main)


Cette manière d'adouci est cependant bien précieuse, parce que j'en ai bien besoin.
En effet, non seulement je suis une mauvaise mère aux yeux de mes voisins, non seulement je suis une mauvaise mère à mes yeux à moi, mais aussi


3. Je suis une mauvaise mère aux yeux de mes enfants



Je suis un parent faillible. Je fais des boulettes, consciemment ou pas.
Pourtant, comme tout parent, je voudrais tellement, tellement pouvoir me dire que je n'aurai pas nui à mon enfant. Le web fourmille de vidéos flippantes m'alertant sur les conséquences possibles de mon comportement sur le développement émotionnel / cérébral de mon enfant, et vraiment, vraiment, je veux éviter tout çaaaaaaa.
Et ce n'est pas possible. L'infaillibilité parentale n'existe pas.
Chacun de mes enfants aura des reproches à me faire : je peux à tout moment m'efforcer de faire de mon mieux, mais je ne peux pas faire à tout moment ce qui est le mieux pour lui
Je suis limitée, je dispense et dispenserai donc toujours une éducation limitée; limitée par les informations dont je dispose, limitée par ma capacité à agir en fonction de ces informations.

Que c'est un point difficile à admettre !

En ce qui me concerne, j'ai réalisé que c'était d'autant plus difficile à admettre que l'on se débat soi-même avec des sentiments de rancœur envers nos parents. C'est pourquoi, chez moi, mettre les choses au clair dans ma tête et dans mon cœur m'aide sur ce plan là. 
Il s'agit à la fois
  • d'admettre (comme pour les histoires d'assiettes à terminer) que mes parents ont pu me blesser et que j'ai le droit de leur en vouloir pour cela, 
  • et de les regarder avec un regard bienveillant de nana-qui-elle-aussi-blesse-ses-enfants-sans-le-vouloir-donc-sait-à-quel-point-c'est-dur-d'être-(ou plutôt, de ne pas être)-le-parent-qu'on-voudrait-être.
De la même manière qu'arrêter de regarder les autres en les jugeant m'a permis de moins me juger quand je rate, arrêter de juger mes parents me permet de moins craindre le jugement de mes enfants : on peut reconnaître sa propre blessure sans pour autant condamner celui qui a blessé ni l'enfermer dans ce rôle. J'espère que ce sera une des choses que mes enfants apprendront, de moi, de la vie.


En conclusion, oui, vouloir être une bonne mère m'oblige à accepter que c'est un horizon, un chemin, mais pas un Graal que j'atteindrai.
Être parent est un travail ingrat
  • Je ne peux pas demander à la société de reconnaître mon travail.
Au contraire, celle-ci nous jugera toujours. J'en parlais tout récemment à une copine qui disait qu'elle voyait comment leurs choix éducatifs portaient du fruit au sein de leur famille, mais qu'il était horripilant de réaliser que leur famille élargie ne voyait pas cela, et les jugeait sur d'autres points : les critères de 'bonne éducation' ne sont pas les mêmes.
Espérer que la société nous reconnaisse peut même être dangereux. Non, nous n'avons pas vocation à "prouver" que nous éduquons bien. Et même : il m'est arrivé il y a quelques temps de réaliser qu'on jugeait Faber et Mazlish / leur "efficacité" à un comportement de mes enfants. J'ai flippé : nan, mes enfants sont autre chose que des échantillons-produits F&M. Ce sont des personnes avec leurs forces et leurs faiblesses, F&M m'aident à développer les premières, et à gérer les secondes, mais F. et E., du haut de leurs 5 et 3 ans, demeurent à la fois libres de leurs choix, et prisonniers de leurs émotions : chacun de leur comportement n'est pas attribuable à l'une ou l'autre approche éducative.
La phrase précédente est aussi valable, mot pour mot, pour moi leur mère : je ne suis pas une démonstration F&M ambulante, je suis moi aussi libre de mes choix (qui dans l'instant peuvent être loin de ce qui serait préconisé en parentalité positive), et prisonnière de mes émotions, donc chacun de mes comportements n'est pas attribuable à F&M.
  • Je ne dois pas non plus demander à mon enfant de me donner cette reconnaissance
Ce n'est pas à lui de venir me donner l'absolution : oui, il a le droit, et oui, il l'utilisera, ce droit, de m'en vouloir de tel ou tel comportement, erreur éducative, etc.



La seule reconnaissance que je puisse avoir en tant que parent, c'est la mienne, et, comme j'ai la chance d'élever mes enfants à deux, celle de Monsieur Bout : se regarder avec bienveillance. Un parent qui patine mais ne cesse de vouloir avancer.

Alors cher papa, chère maman, si vous éduquez à deux, allez vite dire à votre conjoint tout le bien que vous pensez des efforts qu'il fait au quotidien pour relever avec vous ce défi énorme qu'est l'éducation d'êtres humains; et demandez-lui de faire de même pour vous (au besoin, en lui faisant lire ces lignes)
Et si vous éduquez seul(e), voyez si un bon copain / copine peut le faire pour vous, sinon, dites-vous que je suis en train de vous le dire, à vous, et allez vous le dire pour moi dans un miroir.


Oui, incontestablement, on est tous une / la mauvaise mère de / pour quelqu'un.
Mais ne soyons pas notre propre mauvaise mère.