mardi 18 mai 2021

Trouble de l'attention chez l'adulte HPI : stratégies de gestion

La question du haut potentiel intellectuel est longtemps restée assez absente de ce blog, hormis dans les commentaires de certains lecteurs plus perspicaces que la Gwen. L'observation de nos enfants a fait qu'elle (la question, pas la Gwen) a peu à peu gagné du terrain, notamment avec ce billet spécial "Astuces Parentalité positive pour zèbres", et tout récemment j'ai mentionné en passant que nous nous étions lancés dans une démarche de tests pour mieux comprendre F. 

Tests très intéressants qui ont permis de mettre des mots sur les contradictions que nous remarquions chez F., et qui se faisaient d'autant plus visibles avec le retour dudit F. en école à la maison et donc son observation quotidienne en situation d'apprentissage. TDA avec suspicion HP : 2 acronymes signifiant haut potentiel et trouble de l'attention. Le TDA de F. faisant baisser certains scores de telle manière qu'il est officiellement difficile de conclure formellement au HP. Ce qui au fond nous est assez égal car ça nous a surtout été utile pour mieux comprendre notre fiston, adapter nos attentes et surtout adapter nos manières de les communiquer / le soutien fourni à F. pour qu'il puisse y répondre.

Etant d'un naturel fourbe, j'ai non seulement profité de cette démarche pour acquérir des clés de compréhension et d'action avec notre aîné, mais je me suis aussi siouxement servi de cet aîné comme ballon d'essai : ce passage de tests pour lui m'a permis de me familiariser avec la démarche, de tâter un peu le terrain avec la psy... avant de me jeter également à l'eau, et de les passer à mon tour, ces fichus tests. Encouragée que j'étais par mon propre développement de coach professionnel (Hasard / pas de hasard, le HP est une particularité que j'ai tendance à retrouver chez mes clients... et qu'il devenait donc urgent d'éclaircir chez moi pour que mes propres interrogations sur le sujet ne viennent pas polluer mon écoute / la qualité de mon accompagnement).

Je suis donc allée passer ces tests pour valider l'aspect HP. Autant dire que je ne m'attendais pas à ce qui est finalement ressorti (même si une observation faite pendant les tests eux-mêmes m'avait posé brièvement question).

Un verdict assez proche de celui de mon fils : HP avec suspicion de TDA car score très hétérogène avec plus de 40 points d'écart entre les dimensions non impactées par l'attention et celles qui le sont.

Moment de sidération. La découverte du TDA a totalement occulté chez moi la confirmation du HP.

Puis j'ai interrogé la psy : "Mais euh, je dois faire quoi pour gérer du coup ?"

Sa réponse a été très éclairante et elle est à l'origine de ce billet :

"Madame, très visiblement, vu ce que vous avez été capable de faire déjà dans votre vie, vous savez déjà le gérer. Ce dont vous avez besoin maintenant, c'est de réfléchir à ce que vous avez mis en place pour gérer votre TDA, rendre cela conscient, le systématiser, l'étendre peut-être ou l'adapter à des pans de votre vie pour lesquels cela pourrait être pertinent, maintenant que vous disposez de cette clé de lecture."

Ah ben oui. 

Je me suis attelée à la tâche, et j'ai donc passé les dernières semaines à plusieurs dans ma tête (enfin, je suis toujours nombreuse dans ma tête, mais là, encore plus) : la Gwen a observé la Gwen TDA à l'œuvre.

Et, tant qu'à répertorier les stratégies de gestion que j'ai observées chez moi, je me suis dit que j'allais les partager avec vous, des fois qu'elles puissent aussi servir à d'autres qu'à moi : car prendre conscience de nos mécanismes de réussite / schématiser le chemin qui peut nous y mener, c'est déjà la moitié du chemin de fait !

Bien évidemment, ces stratégies me sont personnelles, elles pourront

  • tout à fait convenir à quelqu'un qui n'est pas HP / TDA
  • tout à fait ne pas convenir à quelqu'un qui l'est.

Mais si ce partage peut vous permettre de tester quelque chose de nouveau ou de réaliser l'intérêt de quelque chose que vous faites déjà, ou même de reconsidérer / adapter un truc qui ne marchait pas mais qui en fait pourrait marcher si vous changiez un paramètre, ce billet aura rempli son objectif.





Ben oui ! J'ai tout de suite réalisé à quel point Flylady, ce fameux sysètme de gestion de maison, c'est vraiment un truc de TDA ! Diminuer l'effort de mise en route par l'établissement de routines, utiliser un minuteur pour tronçonner la difficulté et faciliter la concentration sur un laps de temps court et déterminé, c'est tellement, tellement en ligne avec un fonctionnement de TDA ! J'ai subitement compris pourquoi Flylady a à ce point fonctionné chez moi

Ce qui m'a permis de faire la constatation suivante : savoir qu'on a dans ses bagages un TDA, et identifier une stratégie qui fonctionne pour le gérer, c'est réaliser que cette stratégie n'est pas une gentille option qu'on peut négliger à loisir. Il devient crucial d'investir l'énergie nécessaire pour emprunter ce chemin, puisqu'on sait dorénavant que sinon, on est sûr de dérailler.

Si je veux gérer ma maison au quotidien, je suis maintenant consciente que pour moi, Flylady ne va pas relever du nice-to-have dont je peux tout à fait me passer, mais du must-have. Réaliser cela m'a permis aussi de regarder les choses en face : en ce moment, ça tombe bien, je ne gère pas grand chose à la maison puisque Monsieur Bout est aux commandes du foyer. L'essentiel de mon énergie est focalisé sur la sphère professionnelle, ainsi que sur la finalisation de ma certification au coaching (ce qui explique d'ailleurs ma rareté sur le blog : ces temps-ci, le gros de mes capacités rédactionnelles est requis par la pondaison de mon mémoire de certification). 

Donc, la prise de conscience des raisons pour lesquelles la gestion de ma maison peut se révéler si coûteuse en énergie me permet de faire preuve de réalisme et de me dire que oui, je veux reprendre Flylady (histoire de quand même soutenir un peu plus mon cher mari / gérer plus efficacement ce qui est encore dans mon domaine de responsabilités), mais que je vais attendre cette fameuse certification et ensuite réallouer l'énergie redevenue disponible.

D'autant que, le hasard faisant bien les choses, d'ici là j'aurai reçu les 2 toooout nouveaux bouquins de Flylady dont la traduction est en train de sortir aux Editions de l'Instant Présent. Je trouve que ça tombe sacrément bien, surtout que l'un des 2 bouquins est consacré aux Babysteps, que c'est la première fois que ces Babysteps sont sous une autre forme qu'une série de pages web, et qu'un livre dédié au sujet, qu'on a sous la main à tout moment (sans avoir besoin d'allumer un écran source de distractions) me semble être une format trèèèès intéressant pour accompagner une (re)montée en puissance / (re)prise de bonnes habitudes. Miam miam miam.


  • 2ème truc cousin de Flylady : le pomodoro

J'en avais parlé il y a... 5 ans sur le blog (oui, j'avoue que maintenant je vois tous mes billets "organisation" et Flylady sous un nouveau jour) : la technique du pomodoro m'avait beaucoup aidée à mieux gérer des tâches professionnelles peu motivantes. Cette technique repose de nouveau sur l'usage d'un minuteur, et en effet, allouer à des tâches une durée précise permet de faciliter à la fois la mise en route, et la tenue de route derrière : faire la course avec son minuteur, ça peut apporter précisément le zeste de stimulation qui manque !


  • 3ème truc : Le Bullet Journal !!

Avoir des to-do list concrètes, par jour, avec la gratification de cocher mes petites cases, des pense-bêtes tous au même endroit, condensés avec son agenda, mais qu'eeeeest-ce que c'est bien fichu pour un TDA. Depuis 5 ans que j'utilise mon Bullet Journal avec des pauses, je comprends maintenant le pourquoi de la différence abyssale d'efficacité qu'il y a entre les périodes où je l'utilise vraiment, et les périodes où il part à vau-l'eau (et ma capacité à faire les choses, avec).

Alors, oui, de nouveau, utiliser mon Bullet Journal me demande un effort de discipline qu'il m'est parfois difficile de fournir. Mais je sais maintenant à quel point cet effort initial est fondamental, et quel effet levier il me permet d'obtenir : petit effort, gros résultat. Pas de petit effort, Berezina.

Autant vous dire que maintenant, quand une journée commence ou avance mal, je sais qu'un des moyens de la rerouter est de prendre mon Bullet Journal. Or avoir ainsi des réflexes pour gérer les sorties de route, c'est précisément un besoin absolu du TDA. Puisque par définition, le TDA est sûr d'être confronté à mille sorties de routes dans sa journée.

Je précise que j'ai réalisé que chez moi, l'aspect "papier" du Bullet Journal est un facteur essentiel de son efficacité. Pour au moins 3 raisons

    • le fait d'écrire me centre 
    • le plaisir physique de remplir mes petites cases quand j'ai fait un truc : oui, je ne me contente pas de les cocher, je les colorie entièrement. J'ai remarqué que ça augmentait la satisfaction que j'en tirais, alors je fais feu de tout bois !
    • gérer mes to-do list en utilisant des appli fort bien faites comme cela m'a été suggéré impliquerait l'usage d'un appareil électronique. Avec le risque énorme de dispersion qui y est lié : j'y vais pour regarder mes listes et oh un papillon euh un mail / message. En ce qui me concerne, il est très bon que ce qui vise à me recentrer sur ce que j'ai à faire soit bien distinct de mon téléphone et de son infini potentiel de décentrage.


  • 4ème truc : orienter ma vie professionnelle de manière à ce qu'elle contienne un maximum de trucs qui 1. me plaisent 2. ont du sens

Suite aux résultats des tests je me suis retrouvé dans un film en mode "je repasse toute ma vie en revue" (option "au moment où je passe sous un camion" heureusement désactivée). J'ai mieux compris certains moments hyper difficiles notamment en début de carrière, où j'avais eu le sentiment d'être nulle car je n'arrivais pas à faire ce que j'avais à faire, qui était pourtant siiiii simple. Au point de penser un temps que j'étais "pas faite pour bosser". 

Heureusement que j'ai eu la chance (en fait) de ne pas tomber enceinte à ce moment et d'avoir l'occasion de faire l'expérience d'un poste me plaisant beaucoup. J'ai pu alors constater la différence monstrueuse de performance de la Gwen entre boulot qui lui plaît et boulot qui ne lui plaît pas. 

Je comprends beaucoup mieux maintenant les raisons de cette différence. 

    • Toute personne humaine est, dans la durée, beaucoup plus efficace dans ce qui lui plaît que dans ce qui ne lui plait pas. C'est d'ailleurs un des points qui fait à mes yeux le sens de mon boulot de RH : l'intérêt de l'entreprise et l'intérêt de l'humain se retrouvent très alignés. 
    • Chez le HP, la nécessité d'avoir du sens est exacerbée ; 
    • chez le TDA, la difficulté attentionnelle est exacerbée en cas de manque de sens / intérêt. 

Tout cela combiné... ça fait de l'aspect "intérêt du job" la variable la plus puissante de mon efficacité au travail. De nouveau, veiller à l'intérêt n'est pas une option, mais une priorité absolue.


  • 5ème truc : bosser à mon compte, sur des missions extrêmement diversifiées

Je réalise du coup, 3 bonnes années après m'être mise à mon compte, une des raisons pour lesquelles ça me convient si bien : 

    • bosser pour moi a beaucoup plus de sens 
J'évoquais d'ailleurs dans mon billet sur ma vie de micro-entrepreneuse à quel point c'est différent de faire de gros horaires "pour la princesse" ou de pouvoir observer une corrélation directe entre la charge de travail que j'assume et la somme d'argent qui atterrit sur mon compte en banque. Bosser pour moi, pour ma famille, pour notre liberté de choix (que Monsieur Bout puisse rester à la maison, par exemple), c'est très motivant ! Donc, ça m'aide à rester concentrée. 

D'autant que n'ayant pas d'horaires de travail, si je suis ultra productive et que je mets moins de temps que prévu à accoucher du travail prévu, c'est à moi que ça bénéficie !


    • à mon compte, j'ai la liberté de prendre des missions ultra diversifiées, d'utiliser toute la palette de mes compétences, là où un poste RH en entreprise me cantonnerait forcément davantage.

J'ai des clients très variés, de toutes tailles et tous secteurs, qui font appel à moi pour des missions d'une grande variété, et pour lesquels je suis amenée à endosser des rôles très divers. Aucune mission n'est identique à la précédente (ce qui n'est pas en soi obligatoirement le cas, elles pourraient être très similaires et c'est le cas de beaucoup de mes homologues mais... hasard ? Coïncidence ? Pas chez moi) Du coup, je passe mon temps à élargir mes compétences, affiner, améliorer, utiliser chez un client ce que j'ai développé chez un autre en le modifiant, le perfectionnant, et souvent beaucoup, innover, créer quelque chose à partir de pas grand chose. Stimulation intellectuelle permanente, ennui zéro

Ce n'est d'ailleurs pas non plus un hasard si j'ai dégouliné d'enthousiasme tout le long de cette année passée à me former au coaching professionel. Me retrouver à présent, en tant que coach, avec une obligation déontologique de formation continue ? Miam ! Je suis déjà en train de loucher sur ce que je vais faire l'an prochain (même si j'ai évidemment promis à Monsieur Bout que promis-promis-promis je prends une formation beaucoup plus light que celle effectuée cette année, bien entendu!)


    • Et toutes ces missions ont énormément d'utilité

Là où dans un grand groupe on peut se retrouver à faire des trucs qui ne servent pas à grand chose, des "bullshit présentations" ou des process-à-la-c**, ce n'est pas mon cas : 

1. mes clients me paient, cher ; je leur facture mon temps ; ils ont donc un tout autre respect pour ce temps dont chaque minute leur est précieuse ... au sens propre du terme ^^. Ils attendent donc de moi un retour sur investissement, bref, que je fasse des trucs qui leur soient directement utiles 

2.. des clients peuvent avoir des sous à perdre mais je ne prends pas le genre de missions où on attend  des trucs convenus et du power point à gogo. 

J'ai donc toujours l'aiguillon de savoir que tout ce que je fais est véritablement utile, a du sens. Et ça, c'est précieux pour garder mon TDA sous contrôle.


  • 6ème stratégie : choisir mes missions d'indépendantes avec soin

En tant qu'indépendante, les missions sur lesquelles je peux me positionner sont très variées, disais-je. Et leur niveau d'intérêt aussi. Régulièrement, il m'arrive d'en décliner parce qu'elles ne me semblent pas assez intéressantes (notamment si elles contiennent une partie administrative un peu conséquente). Jusque là, régulièrement aussi, je me demandais si je ne faisais pas un peu ma princesse. Si la personne qui me proposait la mission insistait un peu, je pouvais me retrouver tentée d'accepter.

Maintenant, je n'ai plus de scrupules. J'ai enfin pleinement conscience de mon fonctionnement, du pourquoi du comment des missions pas intéressantes pourraient se transformer en sables mouvants engloutissant toute mon énergie, et je suis donc bien déterminée à les refuser avec la meilleure conscience du monde : je ne fais pas ma princesse, je préserve ma capacité à faire bien, voire très bien, les choses.

Et ce n'est pas un hasard si, plus je refuse de missions pas en ligne avec mon fonctionnement, plus des missions en ligne avec ledit fonctionnement se présentent à moi, et plus la manière dont je les gère renforce ensuite cette dynamique ô combien positive.


  • Astuce n°7 : gérer les coups de mou / tâches rébarbatives par le biais de la double tâche.

Choisir des trucs sympas, c'est top, mais ça ne suffit pas : tout truc sympa comporte sa part de rébarbatif, et je n'arrive pas à m'y mettre, ou n'arrive pas à rester concentrée. J'avance pas, je m'enlise, je souffre, c'est l'horreur.

La première fois que cela m'est arrivé, post-débriefing avec la psy, c'était un vendredi après-midi, j'avais un document à envoyer absolument à un client avant 18h, et... ça voulait pas. Ca voulait vraiment pas.

Et il s'est passé un ensemble de choses intéressantes

I. j'ai identifié le truc assez vite, au lieu de perdre un temps et une énergie mentale fous à combattre frontalement le phénomène d'évitement qui était en train de se produire. Au lieu de me dire que "c'était pas compliqué, j'avais qu' à m'y mettre bon sang, et j'allais le faire dans 5 minutes d'ailleurs", j'ai admis que c'était compliqué, et mal parti

II. au lieu de le combattre frontalement, donc, j'ai cherché à comment le siouxer. Et je me suis rappelé un vieux souvenir datant des mon Master RH. A l'époque, un des cours était tellement inintéressant que je le suivais en ... jouant au Tetris. 20% de mon cerveau restait ainsi disponible pour écouter le cours, qui n'en méritait pas davantage.

C'est ce qu'on appelle la double tâche, et qui se retrouve dans la version je repasse en regardant une série télé, je fais la vaisselle en écoutant un pod cast, je fais le ménage au téléphone, etc : distraire une partie du cerveau d'une tâche rébarbative en lui adjoignant en simultané la gratification d'une tâche plaisante mais ne nécessitant pas toute la bande passante. Certes, dans l'absolu, on peut être moins efficace sur la tâche relou que si on lui consacrait la totalité de sa bande passante et c'est souvent ce qui nous dissuade d'y avoir recours : "Nan faut que je me concentre dessus comme ça ça passera vite".

Ha ha ha : argument aussi théorique que fallacieux, puisque justement, on se trouve dans une situation où dans les faits on n'arrive pas à lui consacrer de la bande passante, à cette %£$§ tâche. Le principe est donc que efficacité de double tâche 

  • < efficacité théorique sans double tache 
  • mais > (et de loin) efficacité réelle sans double tâche.

Alors, vaut-il mieux beaucoup d'efficacité théorique, ou un peu d'efficacité réelle ? Je crois que la question, elle est vite répondue.

III. En ce qui me concerne, j'ai donc ouvert un onglet Youtube, trouvé une playlist années 80 un peu gnangnan, et de fil en aiguille j'ai pondu mon document avec Leonard Cohen en fond.

Autant vous dire que quand quelques jours plus tard je me suis retrouvée dans un cas de figure similaire, je n'ai pas perdu beaucoup de temps avant de rouvrir un onglet Youtube. En commençant par cette chanson (tapez-paaaas !) puis en réalisant en 10s que, non, fallait pas pousser, pas moyen de bosser le moins du monde avec ça en fond. J'ai remplacé par Pierre Bachelet. Je précise que selon les moments (et notamment, la langue dans laquelle je travaille), la langue de ce que j'écoute aura une influence : parfois il vaut mieux éviter l'anglais /le français, ou l'inverse.

Autant vous dire également que depuis que j'ai le diag, 

  • mon efficacité travaillesque a connu une hausse notable.
  • mon niveau de stress ce faisant, une baisse considérable

mon TDA n'est plus une bête sournoise tapie quelque part, qui ne dit pas son nom, et dont l'existence masquée est susceptible à tout moment de venir me pourrir la vie. Il est identifié, et je suis outillée pour l'affronter, ou peux m'outiller pour le faire


  • Astuce numéro 8 : bouffer du chocolat

elle est bien comme astuce, hein ?

Mais oui : j'ai réalisé qu'en fait, m'appâter et me motiver avec du chocolat, eh bien, ça faut aussi partie de mes stratégies. C'est plus ou moins bénéfique et recommandable selon les moments, mais l'avoir en tête me permet d'en optimiser l'utilisation :

    • prendre un carreau mais uniquement au moment de m'y mettre, pas 5 minutes avant. Commencer par passer aux toilettes, donc. 
    • Me fixer un petit objectif - au besoin en mode minuteur - et y lier mon prochain carreau, 
    • ou en tout cas... me goinfrer en parfaite bonne conscience, ce qui n'a pas de prix !

Constat intéressant : depuis le diag, mes fringales de chocolat / ma consommation ont en fait considérablement décru. Je suspecte un lien avec la quasi disparition des moments de désespoir-parce-que-c'est-terrible-j'arrive-pas-à-m'y-mettre.

A coup de 2€ la tablette de bon chocolat, au bout de combien de temps les frais de bilan psychologique HP seront-ils ainsi amortis? (si vous voulez complexifier le problème vous pouvez mettre une virgule au prix de la tablette. Ne me remerciez pas)


  • Astuce numéro 9 : dormir suffisamment

Haha, elle est bien bonne celle-là. 

N'empêche que j'ai réalisé que quelques efforts supplémentaires dans ce sens pouvaient se justifier particulièrement, parce que clairement, une Gwen fatiguée, c'est un boulevard ouvert à son TDA pour y faire n'importe quoi.

Concrètement, ça veut dire que depuis le diagnostic

    • je culpabilise moins de grappiller le sommeil que je peux le matin, quand je peux. Au lieu de me dire que je devrais me lever plus tôt pour faire plus de choses / commencer plus tôt. J'ai même osé décaler un RDV impliquant 2h de TGV, en préférant rentrer après le dîner que partir à l'aube.
    • j'ai fait plus d'efforts pour me coucher à une heure décente le soir. C'est pas gagné, hein, mais c'est toujours un pas dans le bon sens, alors on m'applaudit !!


  • Astuce numéro 10 : prendre des notes en entretien

Ca, c'est un truc que je fais depuis toujours, depuis ma formation de recruteuse : en entretien de recrutement, je note quasiment tout, charge à moi d'analyser cette masse d'informations après coup pour en tirer les conclusions dont j'ai besoin.

C'est un mode de fonctionnement que j'ai repris et gardé dans mes activités de conseil: en entretien clientèle, par exemple, ou dans des entretiens de diagnostic avec différents salariés d'une entreprise, je vais prendre beaucoup de notes.

En coaching... j'ai hésité, car ce n'est pas la pratique. Si ce n'est qu'avec le diagnostic TDA j'ai réalisé que cette prise de notes était loin d'être une option pour moi : c'est vraiment une béquille trèèèès importante pour m'aider à me concentrer sur ce qui se passe. Me concentrer dans l'instant, et l'exploiter en différé : car si je n'ai pas noté, je ne me souviens plus de grand chose, moi, derrière. Donc maintenant je scribe en parfaite bonne conscience, là où au départ je m'étais fait de sacrés nœuds au cerveau quant à l'impact supposé d'une prise de notes excessive sur ma capacité d'écoute. 

Ben en fait, ma capacité d'écoute, sans prise de notes, elle peut vite disparaître, donc...

Donc au lieu de lutter contre mon besoin de prendre des notes, je 1. l'admets, 2. l'exploite. C'est fou, par exemple, ce que ça peut faire avancer quelqu'un, quand on est en mesure de lui refléter mot pour mot ce qu'il a dit 1, 10 minutes, ou 2 séances plus tôt.


  • Astuce numéro 11 : du découpage de saucisson

pour gérer les trucs que j'ai à faire, j'ai besoin d'une récompense immédiate ou rapide. Donc, je soigne mes to-do list / mes objectifs. Je découpe ce que j'ai à faire en petites tranches. Chacune d'entre elles me procurera la satisfaction du devoir accompli. 

Si je n'arrive pas à faire quelque chose... eh bien, c'est comme le fameux morceau de steak qu'on n'arrive pas à mâcher car trop gros :je le redécoupe en plus petit.


  • Astuce numéro 12 : faire ce dont j'ai envie

Là aussi, la diversité de mes missions, côté boulot, est une chance : si j'ai du mal à me mettre au boulot sur une tâche précise, il peut être indiqué de me mettre au boulot sur autre chose... et hop, une fois que j'ai pris de l'élan, j'aborde ce que je n'arrivais pas à entamer d'entrée de jeu : j'avance en crabe.

Plus généralement, je constate que souvent, répondre à une sollicitation quand elle se présente, à une envie quand elle est là, est une stratégie bien plus rentable que de décider que "ce n'est pas la priorité", car je risque sinon de devoir mobiliser bien davantage d'énergie pour me remotiver à faire cette même chose un peu plus tard.

Typiquement, cela fait des semaines que je dois écrire la deuxième partie de mon billet sur le sommeil des bébés. Je sais que certaines l'attendent avec impatience depuis trop longtemps, et je m'en excuse bien platement, mais elle est compliquée à écrire, cette partie, c'est laaaaboooorieux, franchement, pfff, dans un contexte d'écriture de mémoire par ailleurs, j'en ai pas super envie. Alors, parfois, hop, j'avance par petits morceaux. 

En revanche, j'avais surtout bien envie d'écrire ce billet sur les stratégies TDA/HP, parce que son sujet est au cœur de mes préoccupations actuelles, et qu'écrire ce billet contribue à faire avancer mes réflexions. Alors plutôt que de me fouetter pour "pondre d'abord le billet sommeil depuis le temps que je le promets", j'ai utilisé mon énergie toute disponible pour écrire le magnifique billet que vous avez sous les yeux.


En conclusion, autant j'ai longuement tergiversé avant d'aller faire ces tests, autant je suis très soulagée d'avoir fini par me jeter à l'eau. Bon, je n'y ai pas trouvé ce que j'allais y chercher, puisque comme chez Ikea je venais prendre une identification HP simple et je suis repartie avec tout autre chose que ce que j'avais prévu.

Mais ce que ce billet illustre, ce sont les différents fruits de cette prise de conscience:

  1. arrêter de foncer dans le mur en prétendant qu'il ne devrait pas être là. A la place, j'accepte la présence du mur et je compose avec : je passe dessus, dessous, je le contourne, je le recouvre / l'amortis. 
  2. Je comprends que toutes ces stratégies ne sont pas "une option" ; j'occis le "on ne devrait pas en avoir besoin"
  3. une libération. Libération de la charge mentale et de la culpabilité : plus de jugement moral à porter sur soi. Accepter un machin du type TDA, ce n'est pas équivalent à de la complaisance :"je suis comme ça, j'y peux rien, je ne fais plus rien", se défausser "c'est pas ma faute à moaaaah", c'est avoir l'esprit serein pour aménager ses exigences et orienter ses efforts sur les aménagements nécessaires plutôt que sur une injonction à la "tu devrais réussir à"
  4. une meilleure compréhension de mon fils, maintenant que j'arrive à repérer chez lui des choses auxquelles j'étais aveugle chez moi
  5. une meilleure appréhension de mon côté HP : c'était d'autant plus difficile à admettre chez moi que parfois je me sentais trop bête de ne pas réussir sur certaines tâches; je comprends à présent la difficulté qu'elles représentent pour moi. 
  6. un apaisement.
  7. une relecture de ma vie...
(et accessoirement, Monsieur Bout comprend mieux nos niveaux si diamétralement opposés de rangement...)