lundi 28 janvier 2019

Investir TRES utile : 10 minutes de "moment particulier" dans la journée d'un enfant

Comment développer chez notre enfant la confiance en notre amour ET à la fois diminuer les sources de conflit ? 
L’approche proposée en parentalité positive, et notamment par Faber et Mazlish, offre de nombreuses voies pour cela. Mais voici longtemps déjà que je voulais revenir vous parler plus longuement d’un outil découvert avec ma première lecture de La Discipline positive de Jane Nelsen, et également retrouvé dans le Qui veut jouer avec moi de L. Cohen (billets à retrouver ici) ainsi que chez Aletha Solter.


Il s’agit du « moment particulier » / « temps dédié » : passer chaque jour quelques minutes entièrement consacrées à son enfant.

Impossible ? 
ou au contraire 
Ca n’a pas inventé l’eau tiède ?


Hum… Creusons un peu ce qui fait la beauté et l’efficacité de ce principe.



1. Un temps court mais quotidien 

C’est du plus pur Flylady : pas de perfectionnisme, mais un petit pas fait chaque jour, un petit investissement réaliste dans la relation et la connexion à son enfant. 
Cette brièveté est gage de durabilité (cf. l’expérience de Coralie et de ses 6 minutes) et de régularité ; c’est en effet 
  • beaucoup mieux adapté à la réalité de notre vie d’adulte et de parent surchargée, 
  • beaucoup mieux adapté à la psychologie / notion du temps chez un jeune enfant. Celui-ci vivant beaucoup dans l’instant, de petits moments à intervalles rapprochés remplissent bien mieux son réservoir d’amour qu’un long moment de temps en temps. Un peu comme on nourrit fréquemment un bébé, plutôt que de le laisser attendre d’énormes repas que son estomac ne saurait encore absorber… (bon, ok, sauf quand il décide de se mettre à 3 tétées ^^)
Parfois, évidemment, ça dure plus. Mais ne pas m'obliger à plus, rester concentrée sur ce simple objectif de 10 minutes, me permet de l'insérer au quotidien, et de le tenir dans la durée.

2. Planifié, connu à l’avance, ritualisé 

Ca aussi c’est du Flylady (eh oui, encore une fois, les parallèles entre Flylady et parentalité positive sont nombreux !) : une fois un créneau choisi, on rentre dans une routine et il est beaucoup plus facile de s’y tenir. 
Et l’enfant a son repère, il est sécurisé dans le fait que cela va avoir lieu.

Cette sécurité a plusieurs effets collatéraux trèèès intéressants : le premier est que cela rend plus facile le fait de s’arrêter. 
Il est en effet difficile pour un enfant d’accepter d’interrompre un moment agréable, et la frustration ressentie à ce moment peut être à la source de crises. C’est d’ailleurs la crainte de beaucoup de parents quand, en ateliers Faber et Mazlish par exemple, j’évoque la mise en place de batailles d’oreillers / câlins / chatouilles, quotidiennes le soir : jamais ils ne voudront s’arrêter ! 
A l’usage, le constat est cependant qu’au bout de quelques jours, il devient nettement plus facile de terminer ces moments : l’enfant a intégré que ce moment avait une fin… mais qu’il reprendrait aussi très prochainement ! Il n’a donc plus de besoin de prolonger pour faire du stock en vue d’une période de disette, puisqu’il sait qu’il pourra se rebrancher à la même source dès le lendemain.


3. Marketé

Point très important et 2ème effet de la ritualisation. 
Il ne s’agit pas seulement de respecter un tel moment « discrètement » mais d’en parler. Vive le marketing, sous toutes ses formes ! Ainsi il peut être très utile de dire à son enfant qu’on veut le mettre en place ; et dans tous les cas, d’y faire référence : « lors de notre moment à 2, nous… » ; à utiliser lorsque l’enfant 
  • demande notre attention de manière intempestive : interrompre son geste et le regarder dans les yeux avec un clin d'œil : 
« j’ai hâte que ce soit l’heure de notre moment à deux, toi aussi ? »
  • nous sollicite pour une activité dont nous n’avons pas très envie (à ce moment) ; 
  • ou a du mal, justement, à accepter la fin d’un moment à 2. 
« Oui c’est dur. Vivement demain notre prochain moment rien qu’à nous ! / Heureusement que nous aurons un nouveau moment à 2 dès demain ! ». 
Bref, ce moment prend 10 minutes de nos 24h, mais par ce moyen il peut être présent en filigrane tout au long de la journée. Il s’agit d’un produit à diffusion différée !


4. Dédié au remplissage du réservoir affectif 

C’est un moment dédié à l’enfant, à faire ce qu’il aime, c’est lui qui dicte les règles, et le plus souvent possible c’est lui qui gagne. 
Peu importent les conflits, on les met à la porte, on se reconnecte. Il s’agit d’une bulle, au cours de laquelle on peut volontiers autoriser des choses un peu différentes et/ou aller piocher dans les jeux proposés par L. Cohen (les batailles, les jeux-qui-nous-gênent, les entraînements à gérer les problèmes, les jeux-aux-règles-iniques-imposées-à-l’adulte…) ou ceux présentés par A. Solter.

Du coup, on maximise. En ce qui me concerne, je m'efforce sciemment de multiplier les contacts physiques avec F. pendant ce temps : une petite caresse sur la joue, une main dans les cheveux, me coller à lui pour lire une histoire, le prendre sur mes genoux pour construire ensemble un machin, m'interrompre deux secondes pour le regarder dans les yeux, tout est bon, tout y passe !
Dans une vie où on est toujours trop pressé, je profite de ces 10 minutes pour ralentir, et me rendre présente à mon enfant par tous les canaux possibles.

Ne surtout pas hésiter à souligner ce caractère réservé en mettant très ostensiblement son téléphone en mode silencieux et en le disant "J'éteins car c'est notre moment, personne ne doit nous déranger", ou si nous ne l'avons pas fait, à décrocher en disant "Oui ? Quand puis-je te rappeler car là c'est mon moment avec mon enfant donc je ne suis pas disponible".
Que de fois les enfants sont confrontés à notre manque de disponibilité ! Il est très bon pour eux de constater de manière indubitable qu'ils sont assez précieux pour que nous nous rendions indisponible pour les autres, pour eux.


5. Inconditionnel 

Oui, on met les conflits à la porte, ce qui signifie que ce moment a lieu quel qu’ait été le comportement de l’enfant. Surtout pas de « Tu n’as pas été sage donc pas de moment particulier ». (même si on en a très envie...)
La seule chose qu’il m’arrive de faire est de souligner, si F a été paaarticulièrement long à se mettre en pyjama, que nous avons moins de temps à nous.
Et encore, je ne le faisais pas au début et encore maintenant c’est vraiment rare que j’invoque cela / uniquement si je suis vraiment épuisée. N’oublions pas qu’ « un enfant qui se comporte mal est un enfant qui se sent mal » : ces moments sont d’autant plus précieux que le comportement de l’enfant est suboptimal, puisqu’ils vont remplir le réservoir d’amour qui permettra à l’enfant de mieux se comporter ! 
Les supprimer parce que l’enfant se comporte mal serait donc totalement contre-productif. (on retrouve ici la notion d’amour-carburant, et non amour-récompense, développée également par Isabelle Filliozat).

En revanche, si vraiment on sort d'un gros conflit, il m'est arrivé de dire :
"Ouh, c'est l'heure de notre moment à nous, je suis encore toute énervée de tout à l'heure et en même temps j'ai très envie de pouvoir te retrouver. Je prends 3 minutes de pause pour aller mieux et je te retrouve, tu prépares déjà de quoi jouer ?"

Histoire de respecter mon besoin d'une transition et de nous offrir une capacité à être dans de bonnes conditions pour cela.



Une fois cette présentation générique faite, voici quelques éléments complémentaires tirés de mon expérience et de celle de mon entourage (amis, participants aux ateliers) afin d’optimiser tout cela.


A. Que faire pendant ce moment ?

Comme dit, il s’agit de remplir au maximum le réservoir d’amour de l’enfant. Donc en priorité, on va d’abord aller vers des activités qui plaisent à l’enfant, et on va lui laisser le choix.
Ceci dit, j’ai bien constaté l’intérêt de faire un peu attention à nous : certaines activités peuvent être compliquées à mettre en place / prendre trop de temps. Je m’autorise alors à les différer : 
« Ah tu aimerais beaucoup faire ceci, et ce serait intéressant. Le problème c’est qu’aujourd’hui nous avons peu de temps à notre disposition. Que dirais-tu de prévoir cela pour notre temps à nous de ce weekend ? ». 
Si en plus je note cela dans la partie agenda de mon Bullet Journal, sous les yeux de F., j’encaisse un max de points !

D’autres activités peuvent nous plaire plus ou moins : d’expérience, il peut être bon alors de respecter un certain équilibre, trouver un juste milieu entre faire les choses que l’enfant aime, et aimer faire ce qu’on fait avec lui. Dans les premiers temps, il vaut mieux privilégier absolument les activités appréciées par notre enfant. 
Puis ensuite, faire des suggestions, orienter, pour que dans le tas, il y ait aussi des activités que nous apprécions vraiment, nous. C’est, chez moi, le cas des jeux de construction

  • Partager une activité que les deux aiment vraiment rend la connexion particulièrement forte. 
  • Faire l’effort de rejoindre l’enfant sur son terrain aussi, mais c’est plus fatigant. 
Mixer les deux permet par ailleurs, peu à peu, de prendre plus de plaisir, aussi, à des activités qui au départ nous plaisaient moins. (par exemple, je commence à être un peu moins nulle en jeux « d’imitation » style Playmobils. Et à prendre pas mal de plaisir aux moments que F. et moi passons à dessiner, selon ses règles à lui : il choisit ce que nous dessinons, et je copie ce qu’il fait : une maison, hop, une maison sur ma feuille. Une fenêtre dans la maison à tel endroit, hop, je fais pareil. Un volet à droite ? OK, chez moi aussi.)


Après moult maisons : château-fort !



B. Où positionner ce moment ?

Comme dit, il est bon de le ritualiser autant que possible ; mais cela n’empêche pas certaines évolutions / adaptations / explorations. Ainsi, j’ai pu tester différents créneaux, qui, tous, ont leurs avantages 

  • le matin en première instance, avant de réveiller E. : du temps où j'avais les deux à la maison pour cause d'IEF, cela permettait d’être tout à F., et de commencer la journée sur une note positive. Trèèès utile quand l’ambiance est au conflit et que la journée risque d’être dure : au moins, on a commencé en mode positif, quand on avait encore l’énergie pour le faire.
  • le soir à 18h, très utile de passer ainsi à « l’offensive affective » à une heure où nos enfants sont souvent difficiles à canaliser ; 
  • en début d’après-midi avant d’entamer le temps calme : aide au calme de ce temps en effet. Il est en effet plus facile pour l’enfant de laisser l’espace au parent pour se reposer une fois que son réservoir est rempli ; 
  • juste avant de se coucher : même observation que précédemment. Le conseil de Jane Nelsen est, du reste, d’avoir un tel temps avant le coucher mais de mettre en place un moment spécifique à un autre moment de la journée… mais le mieux peut être l’ennemi du bien. En ce moment je me contente de ce moment placé dans le rituel du coucher et je n’ai pas à m’en plaindre, bien au contraire.

Dans tous les cas : il pourra être bon d'analyser régulièrement les besoins et opportunités du moment. Chez nous, le moment s'est baladé, et il se baladera encore !


C. Comment l’organiser quand on a plusieurs enfants ?

Dur dur, hein, de se consacrer à UN enfant quand les autres viennent nous solliciter, en profitent pour faire des crises et / ou démonter la moitié de la maison…

C’est là où il est particulièrement important d’en discuter avec ses enfants au préalable. Ils seront très sensibles à un discours en mode « J’aimerais passer chaque jour un peu de temps avec chacun d’entre vous » suivi d’une résolution de problèmes du style 
« Comment pouvons-nous nous organiser pour que chacun y ait droit ? Quelles idées avons-nous de ce que pourrait faire l’autre enfant pendant que je suis avec son frère / sa sœur ? ». 
Chez une des familles que j’ai eue en ateliers, ils ont ainsi, à la suite d’une telle discussion, mis en place une corbeille d’activités dédiées à ces moments-là. Les enfants ont alors généralement d’autant plus à cœur de respecter le moment de leur frère ou sœur qu’ils savent que le leur va venir. Ils sont conscients qu’il est nécessaire que chacun joue le jeu pour que ça fonctionne.

J’en discutais également avec une amie dont le dernier (3 ans) était trop jeune pour coopérer de cette façon : à mes yeux, c’est bien un des cas où je trouve que l’usage de la télé ou équivalent se justifie tout à fait
  • Si 10 minutes de télé par jour sont le seul moyen pour permettre à ces moments-là de bien se dérouler, en donnant à chaque membre de la fratrie l’espace nécessaire pour être avec son parent sans être dérangé : VOUI !
  • Et du temps où nous étions à Strasbourg, c’était typiquement un moment où j’avais recours au parc : pendant 10-15 minutes, mon E. parquée s’y intéressait aux jouets que je réservais à cette occasion, bien en sécurité, et moi, je pouvais me consacrer à F.

Le bénéfice tiré de tels moments vaut laaaargement quelques aménagements dans la routine / les principes 😉


D. Comment tenir dans la durée ?

C’est vraiment le nœud du problème, même si, hein, décomplexons-nous. Là encore, c’est comme pour Flylady : parfois on perd le fil. Ben c’est pas grave, il est toujours temps de remonter en selle !

Néanmoins, à l’usage, pour tenir dans la durée, ou s’y remettre, encore une fois il s’agit avant tout de rester modeste, et de ne pas faire trop compliqué. 
Ne pas faire trop compliqué, typiquement, c’est ce qui m’a fait défaut la première fois que j’ai mis en place ces moments, à l’époque strasbourgeoise : F. était à fond sur la cuisine, alors quasiment tous les jours, hop, c’était pâtisserie ensemble. Même si je choisissais des recettes rapides (cookies, notamment), eh bien c’est tout de même assez lourd à la longue (et je ne vous parle pas de l’effet sur les hanches…). J’ai tardé à oser mettre / respecter ma limite, et… paf, tombé.

Pour faciliter les choses, et éviter les dérives, l’usage d’un minuteur pourra être utile avec certains enfants (ou parents) : « Regarde, nous avons ce temps-là pour nous, ensuite ce sera le moment de…. ».



Cela fait maintenant de longues semaines que, sauf exception, je me tiens à ce moment avec F.

Et il est incontestable que les efforts faits pour (re)mettre en place ce rituel et m’y tenir ont puissamment contribué à l’amélioration évidente (remarquée de manière unanime y compris par les voisins) que nous constatons en ce moment chez F. 
  • Prévisibilité, 
  • sentiment de pouvoir dans la détermination de l’activité et des règles qui la régissent, 
  • attention totalement dédiée, 
autant d’éléments qui donnent à F. cette sécurité affective qui lui fait défaut. 

De la même manière que jouer à attraper, voir ainsi ses besoins comblés de manière systématique et régulière l’apaise et lui apprend peu à peu à exprimer ses besoins d’une manière acceptable (et non par une crise ou une transgression ou les deux bien entendu), voire à accepter d’en différer la satisfaction. 
Les effets bénéfiques se voient à de nombreux niveaux, que ce soit dans 
  • son niveau de coopération
  • sa propension à venir nous câliner, 
  • son entrain et sa propension à rigoler, 
  • son autonomie (pas besoin d’accaparer mon temps pour se faire habiller par maman, par exemple, puisqu’il sait avoir droit à mieux !), 
  • son usage des gros mots (fortement réduit, et on retrouve ce que j’écrivais dans le billet sur le sujet !) 
  • ses relations avec sa sœur (quand son propre réservoir est plein de manière régulière, l'enfant n'a pas la même rancœur vis-à-vis de ceux qui accaparent du temps qui devrait, à leurs yeux, être consacré au remplissage de leur réservoir à eux)
  • ou encore, bien appréciable, sa capacité à passer des moments seul en s’occupant paisiblement. Genre, le weekend, se lever et ranger ses Jeujura tranquillement pendant que nous DORMONS.

F. fait souvent référence à ce moment, celui-ci est ancré dans son quotidien et, cerise sur le gâteau, il contribue également au calme des couchers qui suivent. Tout serein (et épuisé par l’école – mais d’expérience je sais bien que l’épuisement seul ne suffit pas à garantir un coucher paisible, bien au contraire parfois – mais sur ce point, j’ai un billet sur le feu pour vous !^^), F. s’endort en l’espace de quelques minutes la plupart du temps. 
Ce qui, je l’avoue, m’aide bien à me motiver à ne pas zapper cette étape, puisque je sais qu’ensuite, dans 95% des cas, j’aurai le reste de la soirée pour moi. (enfin, en ce qui concerne F. ; E ; fonctionne encore différemment …)

lundi 21 janvier 2019

Réflexes archaïques : quand certains soucis viennent de loin...

Depuis de longs mois, je voulais venir vous parler d’une découverte bien utile chez nous : les réflexes archaïques, la manière dont les problèmes liés à leur intégration peuvent nous pourrir la vie (du fait qu’ils compliquent celle de nos enfants)… et, accessoirement, la manière dont, du coup, le traitement du problème peut venir soulager tout le monde.

Réflexes archaïques ? 
Le mot vous dit peut-être plus ou moins vaguement quelque chose. 
Vous verrez tout de suite de quoi il s’agit si je vous rappelle ce moment, quelques minutes après la naissance de votre bébé, où le médecin s’est amusé à le faire marcher. Eh bien c’est ça, un réflexe archaïque (on trouve aussi le terme de "primitif") : ce sont des mouvements réflexes déjà préprogrammés chez le nourrisson / le bébé. Ceux-ci ont leur raison d'être, ils servent à quelque chose, mais doivent aussi disparaître, à un moment, au profit d’autre chose.

Il en existe de très nombreux, et chacun d’eux à son importance.

Par exemple, le fait que les bébés aient toujours le poing fermé en constitue un aussi : ce réflexe d’agrippement est utile (il permettait notamment au bébé singe de s’agripper au pelage de sa maman) mais il doit laisser la place à un véritable contrôle de la main, une main capable de se fermer puis de s’ouvrir volontairement, pour développer une véritable préhension.
Le souci est que chacun de ces réflexes peut connaître un défaut d’intégration, lequel peut alors être à la source de petits ou gros soucis. 
Par exemple, un défaut d’intégration du réflexe d’agrippement peut être à la source de soucis en motricité fine, et, au hasard, expliquer pourquoi un enfant tient mal / trop fort son crayon, donc écrit mal ou, alors qu'il écrit bien, n’aime pas écrire car écrire lui demande un effort disproportionné…

En ce qui me concerne, j’avais déjà entendu parler de ces réflexes par différents canaux, je m’étais vaguement dit que peut-être il faudrait explorer cela, mais… sans le faire. 
Je ne me suis vraiment intéressée à la chose que ce printemps, quand je me suis posée plus de questions en étant confrontée à un F. qui continuait à mouiller systématiquement son lit. J’ai réalisé qu’avant de me détendre et de me dire « ça viendra », j’avais besoin de quand même m’assurer que nous ne passions pas à côté d’un obstacle physique empêchant cette évolution de se faire naturellement.
J'ai alors autour de moi vers qui je pouvais me tourner pour vérifier ce point, et c'est à ce moment qu'on m'a conseillée de m'orienter vers une démarche d'intégration des réflexes archaïques.

Car oui, ces fichus réflexes, et leur intégration plus ou moins réussie, peuvent influer sur énormément de choses
  • problèmes de motricité globale, d’équilibre (difficultés avec le vélo par exemple), 
  • motricité fine, 
  • énurésie, 
  • hypersensibilité physique et/ou émotionnelle, 
  • gestion des émotions en général,…

Or de très nombreux facteurs peuvent avoir gêné l’intégration d’un ou plusieurs réflexes (certains étant identifiables, d'autres non) et parmi eux, la prématurité et la naissance par césarienne. Pour F., double check.

C’est donc ce soupçon qui m’a poussée à aller consulter : dans les différents domaines qui pouvaient être concernés, je voyais avant tout cette histoire d’énurésie, je me disais que l’aspect émotionnel pourrait aussi en bénéficier, et puis bon, justement, cette histoire de motricité fine…
Avec un F. qui à presque 5 ans gribouillait plus souvent qu’il ne coloriait ou ne dessinait, ça pouvait aussi valoir le coup de regarder, hum ?


Moralité, chez nous 
  • pas de mouvement côté énurésie (sur le coup, en tous cas - c'est marrant que pile au moment où je ponds ce billet, des choses bougent…), même si la praticienne a confirmé qu’a priori elle repérait effectivement des blocages sur ce plan-là. 
  • Au niveau émotionnel, elle a vu un tas de choses, mais si, peut-être, de premiers changements ont été notables au départ, ils ont vite été anéantis par notre premier raté mamie-au-pairesque (oui oui, celui qui vous a tant fait rigoler). Et même si nous avons continué la démarche après départ de l’élément perturbateur, cela n’a pas / plus porté de fruit particulier. 
  • En revanche, le truc époustouflant fut la motricité fine / le graphisme. 
    • F. coloriant pour la 1ère fois DANS les traits
      En l’espace de 15 jours, mon garçon qui, à presque 5 ans, ne coloriait pas ni ne dessinait, s’est mis à colorier (ou à essayer de) entre les lignes, à dessiner, et à essayer d’écrire (lui qui commençait à lire mais pas davantage). Par écrire, j’entends ne plus se contenter d’essayer de repasser des lettres (ce qu’il faisait de temps à autre), mais bien de vouloir les tracer en toute autonomie. 
    • Et l’aspect « maintenant que je peux, j’y prends plaisir » était vraiment évident : toutes ces activités sont devenues très prisées, et le temps que F. passe dessus a cru de manière exponentielle. 
    • Au point, d’ailleurs, que quelques semaines après sa première rentrée des classes, lors d’un premier bilan fait avec ses éducatrices Montessori, celles-ci m’ont dit que F. était « plutôt avancé en graphisme ». J’ai souri finement. 
  • Je ne sais par ailleurs pas exactement à quoi attribuer les progrès constatés également au niveau concentration : l’école, d’autres démarches que nous avons eues avec lui, ou celle-ci ? Dans tous les cas, je ne m’en plains pas.

Bref, si le travail sur les réflexes archaïques n’a, chez nous, pas porté tous les fruits espérés (certains parents évoquent un enfant complètement apaisé après... je voulais bien, moi !), il a néanmoins très clairement été porteur de changements, et je ne peux que vous inciter à vous pencher dessus. Ça peut rapporter gros.

Concrètement, vous pourrez creuser ici pour plus d’informations sur les domaines que ceux-ci peuvent impacter.

Ensuite, il s’agit d’aller voir un professionnel formé. 
Cette approche peut être pratiquée par différents professionnels, généralement du monde médical / paramédical, approche que ceux-ci auront intégrée grâce à une formation complémentaire. Chez nous c’était une infirmière puéricultrice, chez une copine une podologue, … des ostéopathes, des sophrologues ou des psychologues pour enfants s’y intéressent… 
Encore assez méconnue, cette approche se développe, le mieux est de faire marcher le bouche-à-oreille !

Comment ça se passe ? 
Généralement, un nombre assez réduit (2 à 4) de séances va être suffisant, car l’essentiel du « travail » ne se fait pas en séance mais à la maison
  • Durant la première séance l’enfant est manipulé afin que le professionnel puisse repérer les zones concernées par un blocage, puis le professionnel va manipuler l’enfant de manière plus ciblée pour lui faire traverser l’étape qui a été mal intégrée. 
  • En complément, il nous donne de petits exercices physiques (des mouvements simples) à faire avec l’enfant pendant 5 à 10 minutes tous les jours, pour travailler sur un point précis. 
Là où on se dit que la Nature est belle, c’est qu’une fois que ce blocage est dépassé, l’enfant rattrape tout son « retard » très rapidement : il traverse de manière accélérée toutes les phases de développement de la compétence bloquée.

En ce qui me concerne, j’ai été impressionnée par l’efficacité fulgurante de cette approche sur la motricité fine, et j’ai apprécié la complémentarité de cette manière de faire avec d’autres démarches. Ainsi, quand nous y sommes allés, nous avions terminé peu de temps avant un accompagnement plus basé sur la parole, j’étais contente de pouvoir continuer à aider F., mais sans rempiler directement sur du verbal : c’était vraiment le moment de passer aussi par le biais du corps.


Cette approche étant encore bien trop peu connue, n’hésitez pas à creuser, à partager aussi… et à venir raconter si il y a lieu !

mercredi 16 janvier 2019

Talon d'Achille


En cette période de soldes, je dois avouer que je me souviens parfois avec un peu de nostalgie de la Gwen d’avant : celle qui, jeune pro parisienne sans enfants, déambulait dans les rues de la capitale, bien sapée, cheveux au vent, rouge aux lèvres, et jambes élancées sur talons tout aussi élancés.
Eloignement de la vie parisienne, enfants, éloignement de la vie pro, tout cela a eu raison de la glamouritude de mon apparence.
Ceci dit, c’est un des petits effets sympas de ma reprise pro :  elle m’a poussée à reprendre un peu plus soin de mon apparence .
Du coup, hop, la Gwen qui s’est mise en route vers la gare de l’Est-ce soir pour aller animer une formation était un peu bien habillée, un peu soignée, et se sentait un poil jolie dans des bottes avec 10 bons centimètres de talons moins adaptés à jouer à attraper son fiston qu’à se la jouer Businesswoman.
Elle avançait, baignant dans un semblant d’aura de glamouritude.


Jusqu’au moment fatal où, bondissant avec trop d’enthousiasme, sûrement, sur un escalator du métro, elle a vu avec horreur un desdits talons se désolidariser de la botte qu’il ornait.

  • Bien entendu, elle n’a pas prévu de paire de chaussures de rechange pour la journée qu’elle anime demain
  • Cette mésaventure pourrait être un prétexte idéal pour claquer des sous qu’elle n’a pas dans des soldes impromptues… si ce n’est que la ville dans laquelle la Gwen se rend n’est pas précisément une capitale du shopping. Elle ne se souvient pas y avoir croisé la moindre boutique au hasard de ses déambulations précédentes ; ni une cordonnerie, d’ailleurs. 
  • Et figurez-vous que son voisin de TGV a répondu par la négative à son « vous n’auriez pas de la colle forte avec vous, par hasard ? ». Etonnant, hein ?

La journée de demain promet.

lundi 14 janvier 2019

Brèves d'ateliers Faber et Mazlish - "écrire une note" et alliés pour maman solo

Ma vie pro est avant tout rythmée par mon activité de RH, … et sacrément rythmée !

Ceci dit l'animation d'ateliers de parentalité positive en constitue un petit bout dont je ne voudrais surtout pas me passer, même si c'est chronophage tout plein il faut l'avouer.

Depuis mes débuts en tant qu'animatrice d'ateliers Faber et Mazlish j'en suis à 4 sessions d'animées, la 5ème démarrant sous peu.
4 groupes à mon actif, 4 groupes différents, avec des ambiances, des dynamiques, différentes… et tous très enrichissants ! Je m'éclate à accompagner ces parents au quotidien
  • leur soulagement, déjà, à entendre d'autres parents se débattre avec des problèmes similaires aux autres
  • leurs rires et leur bonne humeur (et leurs gâteaux apéritifs)
  • le soutien qu'ils s'apportent les uns et aux autres, dans les difficultés comme dans les succès
  • la manière dont ils s'approprient les outils, peu à peu, et dont ceux-ci viennent changer tel ou tel aspect de leur quotidien. Jamais au même rythme : du coup, il y a toujours un témoignage top pour venir rebooster le parent dont la semaine a été moins glorieuse

Moi, ça me booste à fond : chaque atelier est l'occasion de réapprofondir un petit aspect, chaque question me permet de me réinterroger. 
Ainsi, la gestion de sa propre colère étant d'une des principales difficultés à mettre en pratique les outils vus ensemble, l'approfondissement de cette question, mené avec deux de mes groupes, a aussi porté du fruit chez moi….
A force de prêcher l'usage de phrases en "je", ou encore d'expliquer l'intérêt de remplacer les reproches par l'expression de ses attentes (à la place d'un "Vous avez encore mis le bazar dans le salon ! Rangez ça immédiatement !", un " Je suis en colère ! Je m'attends à ce que le salon soit rangé après qu'on ait joué dedans !") par exemple, ben… ça finit par rentrer mieux chez moi aussi ;-)

Et puis un aspect excellent avec les outils Faber et Mazlish, c'est le fait que chacun peut être mis en pratique d'environ 10 000 manières différentes… et que l'émulation de groupe favorise l'inventivité de chacun des participants !
Du coup, hein, je me prive pas : l'animation d'ateliers me permet de piquer des idées absolument sublimes, et de mettre le doigt sur l'une ou l'autre finesse.



Ecrire une note, épisode 1.
Après avoir vu cet outil au cours de l'atelier numéro 2, une maman, T., débriefe au début de la séance suivante.
Ayant voulu profiter de l'espace que cet outil laisse volontiers à l'humour pour lutter contre les chaussures éparpillées dans le couloir, elle a pondu une jolie affiche en mode panneau de signalisation "Attention, passage de dromadaires dans le couloir". Effet : zéro.
Jusqu'à ce que son conjoint prenne le temps d'expliquer aux enfants : 
"Oui, ça veut dire qu'il faut écarter les chaussures du couloir pour ne pas gêner le passage des dromadaires". 
Maintenant, il semble que très souvent, un simple "Dromadaires !!!" lancé à la cantonade suffise à ce que les chaussures regagnent vite leur place.
Eh oui : une note, oui, avec de l'humour, encore oui, mais qui soit suffisamment explicite sur l'action souhaitée !

Ecrire une note, épisode 2.
Au sein du même groupe, D., une autre maman témoigne, toute déconfite. Elle s'est servie d'une note afin d'inciter sa fille à pendre son peignoir de bain après usage, au lieu de le laisser systématiquement par terre. D. n'a pas chômé, et était très fière du petit peignoir dessiné avec amour sur la note, accrochée au dessus de la patère. Pour un effet complètement nul.
Avec le groupe, nous cherchons des explications possibles à ce manque total d'efficacité : peut-être aurait-il mieux valu, par exemple, pondre une note moins jolie, mais dessinée par sa fille, afin d'associer la demoiselle à la démarche ?
D. repart chez elle avec quelques suggestions / aménagements à tester.
La séance suivante se termine quand elle reprend la parole
"Il faut que je vous dise : vous vous souvenez de mon problème de peignoir ? Eh bien, rien de ce que j'ai testé en plus n'a marché. Mais ce lundi, le peignoir était accroché. Mardi, aussi. Aujourd'hui, encore. Je l'ai fait remarquer à mon mari qui m'a dit :'euh, ce weekend, je me suis demandé si la note était bien visible pour elle. Je l'ai descendue de 20 cm pour être sûr qu'elle soit dans son champ de vision.' En fait, c'était juste ça…"

Eh oui : une note, oui, avec de l'humour et des petits dessins, oui, mais… placée au bon endroit, surtout !

Episode 3: les meilleurs alliés.
6ème atelier au sein d'un autre groupe. Nous évoquons l'intérêt de dire du bien de l'enfant à quelqu'un d'autre à portée d'oreilles de l'enfant concerné, pour aider celui-ci à sortir d'un rôle dans lequel il est enfermé. Il s'agira de raconter par le menu le soin avec lequel un enfant habituellement considéré comme maladroit aura manié un vase, par exemple.

Une maman, suivant les ateliers avec son conjoint, voit tout de suite le potentiel du truc : 
"Oh chouette, c'est vrai que les fois où je te raconte leurs exploits, leurs yeux brillent ! On va pouvoir faire ça plus souvent."
 O., maman solo, réfléchit à la manière dont elle va pouvoir s'y prendre : "Je pourrais dire du bien de ma cadette à sa sœur aînée, non ?"

Nous prenons quelques instants pour évoquer le danger qu'il y aurait à procéder ainsi, avant de trouver une alternative tout-terrain: quand le besoin s'en fera sentir, O. pourra tout simplement faire semblant de téléphoner à une amie, à sa mère, à qui que ce soit, pour lui raconter par le menu l'exploit qu'elle tient à souligner … à 2 mètres de l'enfant concerné, mais loin des oreilles de la frangine.

Le bénéfice qu'en pourra tirer l'enfant vaut bien un chouilla de mise en scène, hum ? ;-)

Le monde n'est pas ce que vous croivez.


lundi 7 janvier 2019

7 raisons de passer du temps à attraper son enfant

Si l’année qui vient de se terminer a été assez compliquée avec F., balloté par les remous du déménagement, le stress professionnel du papa, la reprise pro de la maman, et nos aventures mamie-au-pairesques, un constat s’impose doucement mais sûrement, à présent : 

"ça va mieux"
[disait l'autre…]

Moins de crises, des crises moins fortes et moins longues, moins d’opposition, plus de maturité, une meilleure maîtrise de lui-même, une curiosité revenue, et, surtout, plus de joie et d’enthousiasme.

Ce qui, bien entendu, n’est pas pour nous déplaire.

Les raisons de ce mieux sont multiples, mais incontestablement, au quotidien, un simple « jeu » contribue énormément, à la fois au mieux observé sur le long terme, et à l’ambiance / au comportement de F. dans l’immédiat.


Tous les jours, nous (Moi ; Monsieur Bout quand il est là ; notre mamie au pair adorée, G1, quand elle s’occupe de lui ; et nous n’hésitons pas inciter les visiteurs occasionnels, si le contexte s’y prête, à rentrer eux aussi dans ce jeu-là) passons de longues minutes, voire plus, à jouer à « attraper » avec F..

Cela semble dérisoire ?

Certainement.

Il s’agit néanmoins d’un jeu « d’attachement » évoqué par Aletha Solter dans le livre que j'avais tant apprécié, et dont la richesse, inlassablement expérimentée, ne cesse de nous impressionner.



Jouer à attraper, c’est

  • 1. Bien entendu, donner à un enfant l’occasion de se défouler physiquement (trèèès précieux, nous en conviendrons). 
Profitant du fait que nous habitons en maison (bye bye voisine du dessous. 15 mois après le déménagement, je chante toujours « libérée, délivrée » - elle aussi, peut-être…), nous pratiquons ce jeu aussi bien dedans qu’à l’extérieur
  • nous limitant au périmètre du salon  
  • ou nous poursuivant dans toute la maison (bonjour les escaliers),  
  • quelques minutes dans notre rue privée (très pratique quand il s’agit de mettre le nez dehors par mauvais temps, mais de réduire ce temps au minimum tout en maximisant la dépense physique associée),  
  • ou bien plus longtemps lors d’une sortie au parc. 

Un tel défouloir physique est très précieux, car une énergie qui ne sait comment s’employer a tendance à s’employer d’une manière…euh… un peu embêtante. Qui n’en a pas fait l’expérience douloureuse au cours de journées froides et humides ?

  • 2. Mettre en scène, de manière détournée, la complexité de notre relation affective
Je t’aime donc je veux t’attraper, tu me plais, tu es « intéressant », je souhaite être en contact avec toi, tu as peur, tu ne veux pas, puis tu te laisses apprivoiser / attraper… toi aussi tu m’aimes et tu veux m’attraper. 
Le contenu symbolique de ce jeu est énorme et trèèèès adapté à un petit garçon en forte insécurité affective : vouloir l’attraper, c’est lui dire « je t’aime » sous une forme qu’il comprend et accepte, qui s’impose à lui et passe outre tous ses mécanismes de défense. 
C’est lui permettre de nous dire ce même "je t’aime" d’une manière moins « dangereuse » pour lui, plus détournée. (ce qui, peu à peu, l’amène à nous le dire plus facilement, directement, à d’autres moments)


  • 3.S’offrir l’occasion d’un maximum de contacts physiques afin de favoriser le renforcement de l’attachement 
Attraper F. est propice à le prendre dans les bras goulûment, à le couvrir de bisous en vociférant « haha, je t’ai eu », à le porter éventuellement sur quelques mètres. Toutes expressions d’affection physique détournées qui, de ce fait, passent là encore outre les défenses de F. 

A ces contacts physiques j’ajoute aussi les contacts « visuels » : jouer à attraper constitue un merveilleux prétexte à câliner son enfant, mais aussi à le regarder dans les yeux : quand on s’arrête pour reprendre son souffle ou se lamenter d’avoir raté son enfant, on s’observe, on se jauge, on se sourit… encore une forme de contact pas évidente pour un enfant insécure affectivement, mais qui, justement, rapproche les parties en présence et solidifie l’attachement.


  • 4. Offrir à l’enfant des occasions de se sentir puissant
Une dimension à laquelle la lecture de L. Cohen avait déjà commencé à me sensibiliser, et que la lecture et la pratique d’Aletha Solter m’a permis d’encore approfondir. 
En 
    • A. Permettant à mon fils de choisir le jeu (comme dans le cas du temps particulier) 
    • B. Lui permettant de définir les règles du même jeu (là tu as le droit d’aller ! Pas là ! Ici c’est la maison, pas le droit de m’attraper ! Nan ça c’est interdit !) et 
    • C. Echouant bruyamment, et fréquemment, à l’attraper, 
je lui permets d’être en position de pouvoir. Cette inversion des rôles permet d’évacuer, de manière on ne peut plus inoffensive et positive, la pression et la frustration engendrées par la vie d’un petit garçon souvent soumis au pouvoir des autres en général et de sa tendre mère en particulier.

  • 5. Un jeu tout-terrain et compatible avec le regard des autres 
Où que nous soyons ou presque (oui, bon, ok : un musée de la porcelaine n’est peut-être pas l’endroit idéal), il y a moyen d’y avoir recours rapidement. Il rencontre généralement le regard indulgent de l’entourage. 
Et il est compatible avec la gestion d’autres enfants : ainsi, lors de sorties je poursuis souvent F. en tenant E. par la main (ce qui, bien entendu, me rend encore plus pataude). E. est ravie, elle aussi remplit son réservoir au passage, et c’est un moment où je me retrouve, dans les faits, à passer un moment en tête à tête simultanément avec mes 2 enfants. Le don d’ubiquité, réinventé pour vous Messieurs Dames !
A noter : d'"attraper", nous glissons à présent, régulièrement, vers des jeux de cache-cache. Le ratio temps consacré / remplissage de réservoir affectif est moins fort mais on y retrouve tout de même beaucoup d'aspects positifs et c'est une variante sympa tout plein.


  • 6. Un outil à la fois préventif et curatif
Nous y jouons tous les jours, pour remplir le réservoir de F. et le rassurer / décrisper par avance. C’est, par exemple, un jeu que je m’efforce d’amorcer le plus rapidement après avoir récupéré F. à la sortie de l’école. Une excellente manière de se reconnecter après la journée… et je vois la différence les jours où je néglige de le faire ! 
Mais nous y avons aussi recours en début de crise : quand la crise commence, que F. commence à accumuler les transgressions, se jeter sur lui en grognant « Aaaaah mais ce n’est plus possible çaaaaa, il va falloir que je t’attrape !! » constitue une manière très efficace de résoudre une situation avant qu’elle n’explose : nous assurons le respect de la limite tout en venant vite traiter la transgression à la racine. 
Très efficace, mais … cela nous demande, à nous, d’en reconnaître la nécessité assez tôt pour que 
1. F. soit encore accessible 
2. Nous soyons nous-mêmes encore assez maîtres de nous-mêmes pour être en mesure de rentrer dans un jeu plutôt que de rentrer dans un rapport de forces…

Par ailleurs, au quotidien, cela constitue une excellente variante pour mettre du fun dans l’exécution de telle ou telle directive pas fun : « C’est le moment d’aller se mettre en pyjama, je vais vous attraper dans l’escalieeeeer ! » et hop les deux réfractaires se retrouvent en chemin vers leurs pyjamas, avec un câlin en prime. Et moi, je ne me suis pas égosillée pour rien (ou si je l’ai fait auparavant, eh bien au moins c’est fini).

  • 7. Quelque chose qui agit sur le court terme comme sur le long terme 
Oui, F. aura tendance à mieux se comporter les jours où nous aurons pris garde de passer du temps à ce jeu, et inversement. Mais aussi, peu à peu, F. s’est mis à réclamer ce jeu de lui-même, ou à solliciter plus directement des marques d’affection. 
Ces marques d’affection qu’il goûte de manière indirecte dans les moments de jeu, il apprend peu à peu à reconnaître le besoin qu’il en a, et ose peu à peu l’exprimer directement, au lieu de passer par une transgression / une crise.
Peu à peu, il s'apaise...



Ah, Ah, Ah oui, vraiment, Cadet Rousselle est bon enfant quel outil précieux !!

Mon usage intensif de cette forme d’interaction a, par ailleurs, un effet incroyable : mon beau-frère ne s’est pas privé de s’exclamer bruyamment en me voyant courir… ce qui, il est vrai, n’arrive / n’arrivait jamais sinon.
J’hésite déjà à courir pour attraper un train, alors ….

Mais que ne ferait-on pas par amour ?


(ce serait cool si cela avait un effet sur la balance. 
Une 8ème raison? 
A vérifier. #monenfantmonentraîneursportif)


mardi 1 janvier 2019

Point - progression en octobre-novembre-décembre 2018

Octobre, novembre et décembre ont filé à toute vitesse, personne n’a chômé.


Côté Bébou
Beaucoup de choses à signaler, favorisées par les péripéties scolaires que je vous racontais récemment.

Enormes développements autour du graphisme
  • Ça se voit sur le plan du dessin
un F. qui dessinait très peu et peu de choses jusqu’au mois de mai (non seulement je dois venir vous en parler mais, tenez-vous bien : le billet promis de longue date est écrit ! publication imminente) s’était mis à dessiner ensuite, mais ne dessinait en tout et pour tout que des maisons (avec volets et fenêtres, hein, fidèle à lui-même !)
Ces dernières semaines, nous avons vu ses dessins se complexifier et se diversifier au niveau des sujets.
A la fois sous l’influence de petits livres type pas à pas, décomposant la difficulté pour dessiner des véhicules, et, je le suppose, sous l’influence de l’école et notamment de la découverte du monde / botanique : les maisons se sont vu ajouter des jardins, ceux-ci plantés d’arbres, de vigne (ça c’est la nôtre) et de fleurs, et nous avons même, de temps en temps, des choses qui commencent sous la forme de « smiley » et finissent par ressembler fichtrement à des bonshommes.

  • Ça se voit sur le plan de l’écriture
Sur cette période, F. s'est mis à faire des efforts de plus en plus fréquents pour écrire quelques lettres, tout récemment il m’a demandé à écrire Maman, les lettres plastifiées sont de retour en force. C'était modeste au départ, F. se contentant de quelques lettres à la fois, mais… ça revient fréquemment. Et ça s'intensifie : il maîtrise à présent l'écriture de son prénom, par exemple, et le tague partout y compris... sur ses jouets. 
Il cherche également à composer d'autres mots et j'ai ainsi récemment retrouvé des papiers où le prénom de sa sœur était reconstitué en phonétique (4 syllabes, quand même !). 
Quant à l’écriture des chiffres, c’est plutôt pas mal non plus.

En parallèle, l’intérêt pour les lettres se voit aussi sur le plan de la lecture : F. avait fait de grands pas dans ce sens en mai-juin, et nous avions travaillé sur la série rose Montessori, puis il s’était refusé à continuer.
Très clairement, l’exemple des grands de sa classe contribue à refaire naître l’envie et c’est fréquemment qu’il cherche à reconnaître des lettres. D’ailleurs je me suis fait rappeler à l’ordre quand j’ai expliqué « oh regarde, F., là c’est une auto-école ; elle aussi, comme les taxis, elle a quelque chose sur le toit mais là c’est écrit auto-école »
 « meuh non pas du tout, y a un A au début, pas un O » 
(il a refusé de me croire quand j’ai expliqué que A+U faisaient O ; il m’avait crue plus volontiers quand, demandant comment s’écrivait le an de maman après avoir lui-même décomposé m-a-m, j’avais expliqué que c’était A + N.)
Juste avant les vacances encore, ayant attrapé un Tom-Tom et Nana dans une salle d’attente, il a volontiers déchiffré ces deux noms célèbres de nos enfances. En parallèle, les efforts de composition des mots s'intensifient, sur tous supports ! Bref, ça bouge, et c’est fort mignon !

Il est toujours très habile de ses mains, et cela s'est vu dans sa manière d'investir les travaux manuels proposés certains jours de notre calendrier de l'Avent.

Il chante aussi de plus en plus souvent, dans les 3 langues.


Passionné par les bougies, il a appris à les allumer, d'abord avec des allumettes (j'ai même fait un plateau dédié en salle de classe), puis il a profité des vacances de Noël chez les grands-parents pour apprendre à manier un briquet.



Par ailleurs je voulais aussi tracer un constat que j’ai partagé avec mes participants en atelier en mode message d’espoir : oui, F. est relou, souvent, oui, ce n’est pas tous les jours faciles et oui, en éducation il faut souvent répéter, répéter, et répéter, mais OUI, communiquer en mode Faber et Mazlish porte vraiment du fruit et responsabilise / autonomise vraiment nos enfants. 
Ces temps-ci, je le constate vraiment, malgré des comportements soboptimaux par ailleurs. Tellement souvent, maintenant, F. remarque tout seul son pyjama trainant par terre, ses chaussures pas rangées, son slip pas mis au sale. Et récemment encore, il a allègrement découpé tout le pourtour de son dessin, sous mes yeux, couvrant le sol de petits bouts de papier. Je n’ai rien dit (Maître Zen force 3), je l’ai laissé terminer, et… il a posé son dessin, regardé le sol, et tout ramassé.

Depuis quelques temps, du reste, il semble traverser une nouvelle période sensible de l'ordre : ranger sa chambre lui plaît, en vacances il tenait à plier son pyjama avant de le placer sous son oreiller…

On voit également que ça bouge côté mathématiques 
Ainsi, notamment, il a bien reculé la limite jusqu’à laquelle il peut compter (mais ça oscille entre 40 et 60 selon le degré de motivation), mais surtout, l’intérêt pour le mécanisme de l’addition est là !

Niveau comportemental / gestion des émotions, après la période très difficile de cet automne / nos déboires mamie-au-pairesques, les choses se calment peu à peu : moins d’explosions, moins fortes, et aussi moins d’agressivité envers sa sœur. (nota : j’ai écrit « moins ». Pas du tout « plus de… ») Cela fait plusieurs semaines que nous notons une amélioration constante sur ces plans-là et nous nous en réjouissons fortement !
Un développement qui se voit aussi sur le plan de son autonomie (cela a permis sa première soirée pyjama chez une petite copine), et l'a même poussé à revouloir tenter, de lui-même, une période sans couches-la-nuit.

N'oublions pas aussi une étape importante : le Bébou est en pleine varicelle !


La Bébounette…


… devrait enchaîner, niveau varicelle. J'attends l'apparition des premiers symptômes.

Grooos progrès en mathématiques 
Là où début octobre elle dénombrait plus ou moins jusqu’à 4, en ayant parfois encore du mal à reconnaître les chiffres correspondants, elle dénombre maintenant jusqu’à 8 ou 10 sans problème, voire, il me semble, un peu plus ces derniers jours… et reconnaît les chiffres jusqu’à 9 hormis justement le 6 et le 9 entre lesquels la confusion est plutôt la règle que l’exception.
Compter est d’ailleurs devenu une passion, et on ne lit aucun livre sans compter les fleurs, les oiseaux, les bonshommes, etc, présents sur les illustrations. Elle compte indifféremment dans les deux langues.
Par ailleurs l'intérêt de son frère pour les additions l'intrigue, et elle commence à additionner sur ses doigts (donc jusqu'à 10).

Enorme intérêt pour le graphisme et le dessin
Enorme intérêt un peu saoulant car celui-ci ne se contente pas de papier : jambes, mains, murs et meubles sont la cible de graffitis opiniâtres. Je fais nettoyer, mais c’est plus fort que la demoiselle. Deux motifs sont répétés en boucle : en dessin, les bonshommes sont produits à la chaîne. Et l’intérêt pour l’écriture se manifeste par des séries de e cursifs (comme dans « E. ! », maman), qui ont la particularité d’être tracés, sans exception, à l’envers : la tête en bas.

La plupart des lettres sont acquises, et de premiers efforts d'écriture spontanée ont été faits, mais de manière sporadique pour le moment.


Sur les créneaux de classe, nous avons également entamé la géographie. Là, hop, j’ai surfé sur la facilité qu’il y a, pour une maman IEF, à avoir un 2ème enfant : on a déjà fait une fois ! J’ai donc ressorti la progression Montessori utilisée il y a presque 2 ans pour F. . Les continents sont déjà en partie acquis, nous passerons ensuite aux océans.

Evolution importante : nous sortons de l’ère de la sieste. E. s’endormait de pluuuus en plus tard le soir (23h facilement) mais nous avions maintenu la sieste à la fois parce que ça m’arrangeait bien, et puis parce que sans, vraiment, elle devenait trop grognon à partir de 18h. 
Mais là, ces dernières semaines, il semble que nous soyions en train de passer le cap. Je maintiens un temps calme, mais sans fermer les volets, et elle ne s’y endort plus. Elle reste encore assez fatiguée sur la toute fin de journée, mais dans des proportions acceptables, et l’endormissement du soir se fait plus tot (alors qu’avant, même les jours où nous faisions sauter la sieste cela avait plutôt comme conséquence qu’elle était tellement fatiguée qu’elle ne trouvait pas le sommeil).

Nous voici donc avec deux enfants sans sieste (mais avec temps calme si pas d’autre chose de prévu). C’est étrange, après 5 ans ½ d’un fonctionnement différent….


Vous noterez en tous cas la convergence des centres d’intérêt actuels des deux Bébous. Du coup, il est assez marrant d’observer comment, autant les fameux « cahiers d’activité » ne rencontraient pas grand succès chez nous auparavant, autant tout ce que j’ai qui y ressemble, que ce soit dans mes stocks Usborne, ou offert par les grands-parents, est utilisé avec passion en ce moment.

Par ailleurs ils passent un temps fou à colorier et dessiner ensemble à leur petite table.

Quant à la Gwen, elle reviendra vers le bilan de cette première demi-année en tant qu’ « indépendante », mais disons qu’après la tourmente mamie au pairesque, elle s’apaise, essaie d’apaiser autour d’elle, et… ça fait du bien. Elle fait des choses qui lui plaisent (en majorité), s'éclate en ateliers, bref, y a pire, non ?
Avec des journées tout de même bien (trop) chargées, mais bon, on fait avec.