lundi 21 juin 2021

Sommeil des bébés - 2 : accompagner le bébé qui n'a pas appris à dormir

Premier truc à retenir, de mon premier billet sur le sommeil, c'est qu'un bébé qui ne dort pas a de fortes chances d'avoir de bonnes raisons pour cela. Des douleurs, par exemple, et chez moi on a testé plutôt les aspects gastriques. Mais ça peut avoir aussi d'autres origines (une copine a réalisé après des mois que sa fille avait en fait une hanche bloquée.)

Et quand je dis un bébé, je précise que ce n'est pas juste le petit bébé qui est concerné, car ces douleurs gastriques sont plus ou moins facilement identifiables. Ainsi, j'ai mentionné dans mon premier billet le RGO et l'intolérance aux protéines de lait de vache de notre petit H. 

  • Eh bien, figurez-vous qu'au bout d'un an nous avons réalisé qu'il est en fait aussi intolérant au gluten (youpi !) Une intolérance qui était au départ moins flagrante que celle aux PLV, mais qui nous a quand même valu, par exemple, des pleurs quasi non stop de 2 à 5h la veille du diagnostic officiel (après une purée contenant du boulgour. Evidemment je n'ai fait le lien qu'après.)
  • Entre 2 et 5h du matin j'ai eu le temps de bieeen penser à un couple d'amis à nous dont le numéro 3 s'est réveillé quasi toutes les nuits jusqu'à l'âge de 3 ans ; ils ont tenté mille choses, sont même allés voir une psychologue spécialisée en angoisse de séparation, avant de... réaliser que c'était le gluten le problème. Disparition du gluten, disparition des réveils. 


Bon, maintenant qu'on a dit ça, nous voici donc avec un bébé du type de H., qui a eu d'excellentes raisons pour ne pas réussir à dormir durant les premiers mois de sa vie, et qui donc a raté le processus naturel qui permet à de nombreux bébés d'apprendre peu à peu à dormir sereinement.


Que fait-on de ce bébé, une fois que le "ça va venir tout seul" semble compromis ?

Encore une fois, je sais qu'il est à la mode, dans les milieux bienveillants, de rester sur un "ça va venir tout seul" mais étalé sur un laps de temps beaucoup plus laaaaarge. Idéalement assorti d'un témoignage 

"à 3 ans il s'est mis à s'endormir seul / elle a fait ses nuits à 4 ans et depuis c'est une excellente dormeuse / il a 5 ans et maintenant il ne nous réveille plus qu'une nuit sur 2, on constate une vraie évolution c'est top".

OK. 

Ou pas. 

Parce que ça veut dire des années pendant lesquels les parents n'ont pas leur content de sommeil. 

Pas juste quelques mois inévitables. Des années. Et accessoirement, des années pendant lesquels le bébé concerné

  • n'a probablement pas son content de sommeil non plus
  • est géré par des parents n'ayant pas leur content de sommeil, ce qui a inévitablement des conséquences sur leur niveau d'entrain, de patience, etc.


En ce qui nous concerne, en tous cas, le constat que j'ai fait peu avant les 6 mois était sans appel :

  • H. était fatigué. Il était capable de montrer beaucoup d'entrain mais se montrait aussi très souvent grognon. Pas seulement pour cause de souffrances gastriques, mais surtout parce qu'il était fatigué. Les fois où, par exemple, il s'endormait brièvement, pour se réveiller 30 minutes plus tard, le manque de sommeil était souvent palpable : il restait fébrile, grognait, n'avait au fond qu'une envie, dormir, mais c'était une envie que nous étions impuissants à satisfaire
  • Monsieur Bout et moi étions épuisés. Et encore ! Nous avions des circonstances aidantes
    • Un Monsieur Bout au foyer
    • le COVID 19 c'est-à-dire une Gwen travaillant pour l'essentiel de son temps en télétravail, permettant de décaler les débuts de journée pour récupérer du sommeil entre 6 et 9h du matin.
    • Malgré tout, nos pensées tournaient autour du sommeil de H., et les couchers éveillaient chez nous impuissance et angoisse.
  • Et cerise sur le gâteau, la fratrie faisait aussi les frais de ces soucis de sommeil
    • A la fois parce que le manque de patience et d'entrain des parents avaient évidemment un impact sur la Faber & Mazlishitude de nos interactions, ou même plus prosaïquement sur notre capacité à préférer une grande ballade à une sieste. 
    • Mais aussi parce que du coup le sommeil de H. et tout ce qui pouvait le favoriser / gêner était devenu un sujet bien trop central et pesant beaucoup trop lourdement sur leurs épaules "chuuuuuut les enfants bon sang !". Quand une dispute éclatait entre les 2 c'était bien moins la dispute qui m'embêtait qu'une envie de meurtre liée aux couinements perçants qu'E. pousse en cas de conflit fraternel.


Il était temps de faire quelque chose, pour nous, pour H., pour notre famille.

J'ai donc sorti ma CB et acheté un camion citerne de sommeil en promo.

Ah non

Un bouquin dont j'avais déjà entendu parler, d'un auteur que j'avais déjà apprécié sur un autre sujet

Aletha Solter, Pleurs et Colères des bébés et des enfants.


Cette lecture m'a fait un bien immense sur plusieurs points, et notamment un absolument essentiel.

Il m'a permis de boucler la boucle sur mon positionnement de parent par rapport aux émotions difficiles de nos enfants, et à leur expression favorite : les pleurs.

Une boucle déjà évoquée en commentaire de ce billet-là sur les crises des enfants, ... mais j'avais urgemment besoin de clarifier cela, je ne vais pas dire "une bonne fois pour toutes", mais, bref, d'arriver à un nouvel âge réminiscent sur le sujet.

Je vous incite vivement à lire le bouquin, mais déjà : ce qui moi m'a frappée, c'est vraiment la nécessité de réhabiliter les pleurs comme quelque chose de normal, de sain

en restant loin 

  • du traditionnel : ça lui fera les poumons, il doit apprendre la frustration, voire "il veut te manipuler" et "si tu cèdes à ses pleurs, il saura qu'il peut t'avoir comme ça" : ou comment mettre du rapport de forces dans la relation à un être à peine éclos.
  • de l'actuel : les pleurs sont quelque chose de terrible, si un bébé pleure il grille ses neurones, et la compétence et le dévouement du parent se mesurent à sa capacité à prévenir ou stopper les pleurs de son enfant. D'où double peine en cas de pleurs persistants : 
    • non seulement on a un bébé qui nous hurle dans les oreilles, 
    • mais en plus ces pleurs sont la marque que nous sommes de mauvais parents. 
A noter l'expression très souvent utilisée "soulager les pleurs" : que de choses sont implicitement véhiculées par cette expression. Les pleurs seraient donc une douleur, à arrêter au plus vite ....

En lisant Aletha Solter, j'ai découvert une manière différente de voir les pleurs. Les pleurs comme quelque chose de positif : un vecteur de décharge émotionnelle essentiel. Essentiel au sens de bénéfique. 

Dans son bouquin elle fait la comparaison avec les autres fluides émis par le corps : ils ont tous une mission d'évacuation et les bloquer exposerait à un empoisonnement. Il semble que ce soit la même chose pour les pleurs; j'ai été frappée de lire que la composition chimique des larmes n'est ainsi pas la même si ce sont des larmes d'irritation physique (au secours, des oignons), ou des larmes de tristesse : on ne trouve des hormones de stress que dans les secondes, et donc sans ces larmes, les hormones de stress resteraient bien gentiment à l'intérieur. Ainsi, une hypothèse formulée pour expliquer la différence de longévité entre femmes et hommes et le fait que ces derniers, notamment, ont le cœur plus fragile, pourrait être que les femmes pleurent davantage, donc évacuent plus efficacement ce qui, sinon, peut continuer à empoisonner à l'intérieur.

Elle souligne à quel point on peut taper à côté de la plaque en voulant à tout prix apaiser les pleurs d'un bébé, et que ceux-ci ont besoin de sortir, mais qu'il y a une différence énorme entre laisser pleurer un bébé longuement, seul, et accompagner les pleurs d'un bébé.


Impressionnée par ce point de vue, j'ai donc changé mon approche 

Au lieu de calmer bébé en le berçant, en marchant avec lui dans les bras ou le porte-bébé, j'ai fait l'expérience de le prendre dans mes bras, de m'asseoir, et de le regarder dans les yeux en lui disant "pleure". Puis je l'ai tenu dans mes bras longuement, sans chercher à calmer ses pleurs, mais en lui caressant la tête de temps en temps, et en l'encourageant à sortir ce qu'il avait à sortir. Je me suis d'ailleurs vite retrouvée à formuler des phrases d'accueil des sentiments du plus pur style Faber et Mazlish... et j'ai été frappée de la cohérence entre les 2 approches : les émotions de chacun, tout-petit ou plus grand, ont avant tout besoin de pouvoir s'exprimer et rencontrer l'acceptation

Une fois qu'on a pu s'assurer qu'un besoin physique n'était pas à l'origine des pleurs d'un bébé, alors on peut admettre l'origine émotionnelle de ceux-ci et leur offrir la voie de sortie dont ils ont besoin. 

Comme annoncé par A. Solter, les pleurs ont duré longtemps.... longtemps.... puis H. s'est endormi dans mes bras, sans avoir été bercé, et tout détendu. Contrairement à ce qui était devenu quasiment systématique à ce moment, il n'a pas bronché quand je l'ai déposé, et a dormi bien plus longtemps que les fois précédentes.

Autre effet impressionnant : l'effet sur nous les parents. Je l'ai senti instantanément, et Monsieur Bout l'a formulé aussi. 

"C'est fou, maintenant que tu m'as dit qu'en fait il avait besoin de pleurer et que notre rôle n'était pas de le calmer, ses pleurs me stressent beaucoup moins". 

Ce qui, du coup, rend nettement plus disponible pour les accueillir.


2ème étape 

Les nuits étaient très hâchées, et souvent à partir de 2 ou 3h du matin H. réclamait toutes les heures ou heures et demies. Tétouillait et se rendormait. Il passait d'ailleurs souvent la 2ème partie de la nuit dans notre lit, du coup, et c'était de pire en pire, puisque ma proximité, l'odeur du lait, favorisaient les réveils. Sortir son berceau de notre chambre avait un peu réduit la casse en évitant que nos bruits ne le réveillent et réciproquement, mais...

Clairement, je sentais qu'il devenait de plus en plus dépendant de la tétée pour s'endormir et se rendormir, et en même temps, étant crevée, c'était bien pratique pout moi de pouvoir compter là-dessus... même si cela signifiait plusieurs réveils nocturnes et/ou un sommeil de piètre qualité.

C'est plus ou moins simultanément avec la lecture d'A. Solter que, soudain, en pleine nuit, j'ai réalisé que ça y était : le changement, c'était maintenant. Non, clairement, H. n'avait plus besoin de manger la nuit; il avait besoin de réassurance, mais pas de manger. Et moi je n'étais plus prête à l'allaiter la nuit.  Le bénéfice que je trouvais à le rassurer ainsi (rendormissement assez rapide) était soudain devenu moins grand que les inconvénients (interruptions fréquentes et dépendance) : j'étais donc prête à lui apporter cette réassurance autrement que par la tétée, même si au départ c'était moins confortable pour moi que de dégainer le sein. (déclic qui s'est vraiment fait d'un coup. La veille, je voyais les choses différemment. Et c'est OK comme ça.) 

Pour faciliter la transition pour lui comme pour moi, j'ai donc défini une fenêtre "sans tétée" : les réveils entre minuit et 6h du matin seraient accueillis autrement qu'avec le sein.

  • J'ai donc béééééniiiii le fait d'habiter dans une maison, sans voisins gênés par les pleurs, puisque du coup, cette nuit-là, à 2h du matin, j'ai accepté d'accueillir les pleurs de nuit de H. à la mode Aletha Solter : je me suis assise dans l'escalier de notre étage, et hop, session de pleurs pour lui (pour ceux qui se posent la question : ni F. ni E. n'ont rien capté; quant à Monsieur Bout, il a même fini par se rendormir, crevé). Longue session. Et 5h de sommeil d'affilée derrière.
  • Le lendemain, idem.
  • Le surlendemain... dodo non stop de minuit à 5h30 du matin.

Bon, je vous rassure, ça n'a pas été définitif, mais clairement, des embryons de nuits complètes ont pu commencer à apparaître, puis devenir de plus en plus fréquents, à partir de ce moment-là.

Concernant cette étape-là, je dirais que le point clé, c'est notre sentiment de maman. Si on doute, si on n'est pas vraiment prête à arrêter d'allaiter la nuit, il vaut mieux s'écouter. Car comment envoyer un message clair à son enfant si les choses ne sont en fait pas déjà claires pour nous ? Dans ce cas, autant nous laisser le temps nécessaire pour les clarifier. D'où l'inutilité totale du "décide que tu ne l'allaites plus la nuit" plein de bonnes intentions de notre entourage. 

La conviction que c'est une bonne décision à un instant T ne peut venir que de nous, de notre for interne, pas nous être imposée de l'extérieur. Elle peut être facilitée par une discussion ouverte avec quelqu'un dans l'écoute et le soutien, mais en définitive, c'est nous qui pouvons savoir. Une telle discussion ne saurait avoir pour intérêt que de permettre à ce que nous savons déjà au fond de nous d'émerger, pas de nous l'inculquer parce-que-c'est-mieux-comme-ça. Pour l'une, ce sentiment viendra à 5 ou 6 mois (c'était l'âge de H. à cette étape). Pour une autre, à un tout autre moment. L'important, c'est d'écouter ce qui se passe en nous, ce qui se passe avec notre bébé, pas ce que les voisins prétendent qu'ils devraient se passer, que ce soit dans un sens ("allaiter la nuit à un an, c'est totalement superflu") ou dans l'autre ("sevrer son enfant la nuit, c'est lui imposer un truc terrible").

3ème étape. (H. avait 8-9 mois)

J'ai aussi admis que le fait de ne pas s'endormir dans son lit en journée nuisait à la capacité de H. à s'y rendormir en cas de micro-réveil. 

 Nous l'avions conditionné à s'endormir d'une certaine manière notamment en journée (dans le porte-bébé, et notamment en faisant du step dans les escaliers), et effectivement, passé les premiers mois où un nourrisson ne prend pas de mauvaises habitudes en soi, là, H. avait passé le cap et était devenu dépendant des manières de s'endormir auxquelles nous l'avions accoutumé. A moi de l'accompagner pour en intégrer d'autres, plus propices à son repos et aux nôtres.




Le truc drôle, c'est que pour cette étape c'est une lecture sur un blog suggéré (pour un autre thème) par une lectrice de blog qui m'a permis de prendre du recul sur ce point-là. C'est en anglais, ça diffère très clairement, sur certains points, de ce qui est considéré comme indiscutable par certaines écoles, et ... ça m'a beaucoup aidée à me former, moi, ma propre opinion en confrontant ces différents postulats avec ce que j'observais de notre situation.

J'ai donc commencé par l'emmener dans la chambre où nous avions déplacé son berceau (chambre habituellement dédiée à l'accueil de nos mamies-au-pair, mais le COVID nous privant de cette ressource autant profiter de cet espace, qui est donc, en ce moment, à la fois l'endroit où dort H., et mon espace de travail à la maison), et entrepris de le familiariser avec son lit.

J'ai

  • parlé avec lui et expliqué ce que j'allais faire
  • repéré les moments où il était fatigué (frottage d'yeux. Moments angoissants jusqu'à présent puisque c'était le moment où nous repérions qu'il était fatigué tout en étant conscients qu'il avait peu de chances de trouver le sommeil dont il avait besoin)
  • câliné H, en l'emportant vers son berceau, en le lui montrant, en prenant le temps de tirer les rideaux avec lui dans les bras, et en lui expliquant qu'il allait s'y reposer en sécurité
  • posé H. dans son berceau, assis la Gwen à côté, tenu la main de H. en le regardant dans les yeux

Je suis restée présente avec lui pendant qu'il déchargeait... et j'ai vu se répéter, en plus court, le schéma des pleurs "à la Aletha Solter".

Dès le lendemain, nous repérions déjà une différence : endormissement (toujours en ma présence) plus rapide, et H. plus zen et plus vif le reste du temps.

48h après, j'ai eu la joie de voir H., au moment où j'allais le coucher pour sa sieste de l'après-midi, tendre les bras vers son berceau en mode "je sais ce que je vais y faire et j'en ai bien envie". Premier endormissement sans aucun pleur, en quelques minutes de ma présence.

(je précise que, passées les toutes premières fois, ma présence s'est faite plus "distraite" : j'avais mon téléphone ou un bouquin dans une main, l'autre restant dans la mimine de H.)

L'amélioration s'est poursuivie assez rapidement : la plupart du temps, H. couinait pendant à peine 1 minute, ma main dans la sienne, et paf, 5 minutes après, j'étais dehors. Et du coup, s'étant endormi dans son berceau, il réussissait à y enchaîner un 2ème cycle de sommeil, là où jusqu'à présent les siestes entamées et suivies d'une dépose ultra délicate dans le berceau ne duraient (siiii le transfert avait réussi) que les 45 minutes d'un cycle de sommeil.

Au bout de 15 jours environ, que dalle : pleurs qui duraient... et j'ai réalisé qu'en fait, ça y était, H. était arrivé à un stade où il avait suffisamment apprivoisé son berceau et l'endormissement pour que ma présence devienne subitement plus un perturbateur qu'une aide. 

J'ai donc de nouveau expliqué ce que j'allais faire, et la fois suivante, je l'ai déposé, caressé, et me suis esquivée. Et là aussi, pleurs courts, pleurs de transition et non de détresse, et dodo.

Il y a parfois eu des rechutes (notamment lié à un gros rhume), des retours en arrière, et surtout, la dernière étape, pour nous, ce qui a permis la stabilisation définitive, a été... cette découverte que non seulement H. était intolérant aux protéines de lait de vache, mais qu'il avait aussi des soucis avec le gluten. Depuis l'éviction totale du gluten de son alimentation et de la mienne, le sommeil est complètement stabilisé. 


Noel, noël !!

En conclusion, j'en retiens que vraiment, au niveau du sommeil comme sur de nombreux thèmes éducatifs, il est délicat de trouver sa voie entre les poncifs de l'éducation traditionnelle, et les recommandations actuelles. On peut avoir l'impression d'un choix fermé entre deux positions à l'opposé l'une de l'autre, comme c'est le cas en éducation où le choix nous est souvent présenté de manière binaire "laxisme ou éducation traditionnelle" / "éducation à la schlague ou priorité absolue aux besoins / demandes de l'enfant". Et pourtant, il existe une multitude de voies intermédiaires et différentes, qui dépendront de nous, de notre environnement et... de notre bébé, cet être unique, unique jusque dans ses besoins. 

Non, on n'a pas juste le choix entre "Je laisse pleurer mon nourrisson comme ça il apprend à dormir" et "il ne s'endort qu'avec, grâce et par moi jusque l'âge de 4 ans". 

Un nourrisson a avant tout besoin de notre proximité, un bébé plus âgé a toujours besoin de proximité mais celle-ci peut prendre des formes différentes d'autant que ledit bébé développe aussi un besoin de diversifier ses sources de sécurité, par exemple. 

Le but de ce témoignage n'est donc pas de dire "faites comme ci, pas comme ça". Mais, encore une fois, d'élargir la carte du monde, en augmentant le nombre de possibilités dans lesquelles vous pouvez envisager de taper, voire vous autoriser à construire la vôtre en prenant un morceau là, un morceau ici, sans vous sentir obligés de coller totalement à un schéma unique et présenté comme la seule voie possible. Parce que, oui, encore et toujours, flûte, il n'y pas de package obligatoire!


Petit teasing bonus : depuis la lecture d'Aletha Solter, je gère aussi différemment les pleurs / chouinements d'E. ! Mais, bon hein, comme d'hab, je vais vous promettre ça pour un autre billet qui paraîtra dans 107 ans. (ou un peu avant, parce que ça devrait quand même être plus court à écrire que ce pavé-ci)


19 commentaires:

  1. Merci pour cet article, il m'a fait pensé à un livre que j'ai lu récemment. En fait, je l'ai vu à la bibliothèque et son titre a éveillé ma curiosité, je l'ai lu sans grande conviction au départ mais finalement il m'a inspiré et je m'était fixé pour objectif d'essayer la méthode durant nos vacances où nous restons à la maison. Finalement je pense que je mixerais entre tes conseils et ceux du livre qui ne sont à mon sens finalement pas si éloignés. Voici le lien vers ce livre : https://www.amazon.fr/m%C3%A9thode-Chrono-dodo-Aider-enfant-dormir/dp/B07KLQRNKR si cela peut servir à quelqu'un d'autre.

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    1. Ah intéressant ! je n'ai pas lu ce livre, donc pas d'avis sur le sujet. Les avis amazon semblent très partagés sur le sujet avec l'accusation d'être une méthode du "laisser pleurer", mais qu'en est il réellement... ton retour m'intéressera !

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    2. Alors l'idée est d'apprendre à l'enfant de s'endormir seul mais pas de le laisser pleurer très longtemps comme dans certaines méthodes. Les plages de pleur sont de quelques secondes voire minutes (1-2) et sont accompagnées. Elle précise bien dans le livre qu'il ne faut pas laisser pleurer son enfant seul sans accompagnement car ce n'est pas bon pour son développement neurologique. Je pense que la méthode reste à adapter pour chacun mais qu'elle permet d'avoir des pistes de réflexions. Je ne crois pas à la méthode miracle adaptée à chacun en chaque situation.

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  2. Hum, je pense que comme pour beaucoup de choses, ça dépend vraiment de l'enfant...

    Ici, les deux n'ont jamais eu ce genre de pleurs "de décharge" : ils ne s'endorment / s'endormiront jamais après 5 minutes de pleurs, ça ne fera que aller crescendo. Ou alors ils se calment et sont bien réveillés et se mettent à jouer, même si ils sont fatigués.
    Mais à côté de ça, ils pleurent très peu en général.

    Je ne reste pas convaincue par ces méthodes, y a t'il des études neurologiques qui montrent que laisser pleurer un bébé de manière accompagnée est différent d'un point de vue stress, sécrétion de cortisol etc ???

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    1. Oui dans toooous les cas, ça dépend vraiment de l'enfant !

      Concernant les études neurologiques / cortisol : excellente question ! Car c'est une des difficultés actuelles. On a encore très peu de recul sur la manière dont le cortisol fonctionne, ce qu'il provoque réellement, etc, ce qui interroge quant à la vigueur des mises en garde concernant ce fameux cortisol. Le peu d' études existant réellement sur le sujet, quand elles montrent un problème avéré (= un impact réel sur la construction du cerveau, le développement de l'enfant, l'attachement, la sécurité émotionnelle etc) avec le cortisol, concernent généralement des enfants confrontés à des circonstances particulières (type maltraitance / négligences), et il semble que les effets délétères avérés du cortisol concernent une exposition _prolongée et répétée dans le temps_ à de forts taux. Dans le reste des cas, l'hypothèse est émise que le cortisol soit une simple réponse adaptative de l'organisme. (de la même manière que, chez les adultes, on met trop souvent en garde contre le stress... quand le stress est une réponse bénéfique de l'organisme, une mise en tension permettant la vie, et que c'est l'EXCES de stress qui lui, pose un problème)
      Une étude sur les pleurs d'endormissement des bébés a même donné comme résultat que, si le taux de cortisol des bébés pleurant au moment de l'endormissement était plus élevé, à l'instant T, que celui des bébés dont ce n'était pas le cas, à l'âge d'un an le taux de cortisol de base des bébés n°1 était plus bas que celui des bébés n'°2...

      Du coup, en complément d'études encore bien incomplètes, je trouve intéressant de déjà commencer par observer mon bébé, et la sérénité qui a accompagné l'adoption de cette manière de faire.

      Ce qui n'est pas évident, car il est vite arrivé de tout mettre dans le même sac, sans prendre en compte les différences entre, par exemple, la fameuse méthode 5-10-15 et ce que préconise A. Solter, ou encore, sans prendre en compte l'impact de l'âge dans l'affaire : les capacités et besoins d'un bébé de 2 mois sont très différents de ceux d'un bébé de 8 mois (du coup je suis allée préciser l'âge de H. aux différentes étapes)

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    2. Je repense souvent à ce billet maintenant. Et j'ai un peu étudié plus en détail les mécanismes de numéro 2, 8 mois et demi. Problème : monsieur ne montre que rarement des signes de fatigue et n'est grognon que si il a faim ou est malade...
      Et surtout, il gigote, se met à 4 pattes, à genoux, debout.
      H. ne faisait pas ça une fois posé dans son lit ?

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  3. J'aime beaucoup ton expression 'Elargir sa carte du monde'....

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    1. Elle est top hein... (et bien entendu, pas de moi ^^) tellement aidante pour permettre une véritable liberté de choix, à la fois à soi, et aux autres !

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  4. Merci pour ce billet qui ouvre encore de belles réflexions sur la manière d'accueillir les pleurs !

    Et merci surtout de rappeler que du (bon) sommeil de nos enfants dépendent tant de choses : notre propre sommeil, notre patience, notre entrain,... notre couple ! En temps de covid, il a parfois (souvent) été impossible d'adopter la technique du "courage, fuyons !" et demander de l'aide pour retrouver un temps à deux, voire même des nuits pour dormir tout son saoul.

    Et parce que c'est une affreuse boucle infernale, notre propre épuisement nous empêche souvent de chercher des solutions durables. On ne pense qu'à survivre à la prochaine journée, au prochain coucher, à la prochaine nuit, en se demandant comment grappiller quelques heures de sommeil (une vision apocalyptique : non non je ne vois pas !)

    Ici un enfant qui a très mal dormi (nuit comme sieste ) après une grosse opération à 9 mois. Il nous a fallu plus d'un an a prendre conscience et accepter qu'on avait un problème et qu'on avait besoin d'aide pour le résoudre. Et pareil l'identification du problème (avec l'aide d'une psy ) et un accompagnement de ses pleurs a fait des miracles en quelques jours.
    Il nous a fallu à nous un peu plus de temps pour se remettre de cette période difficile et rattraper notre propre déficit de sommeil :)

    Un immense bon courage à tous les parents en déficit de sommeil et en recherche de la cause et de solutions !

    Sirane

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    1. Ah mais complètement le "tellement crevé qu'on n'a plus l'énergie pour trouver des solutions durables". Chez nous on a notamment eu la variante où Monsieur Bout, qui s'occupait de H. en semaine, amplifiait le problème puisque particulièrement soucieux d'éviter le moindre pleur / bruit de H. venant perturber l'école à la maison de F.
      Du coup, la solution de facilité était le porte-bébé, et du coup, il ne tentait même plus de coucher H. dans son berceau, et du coup, H. avait encore moins de chance de pouvoir se familiariser avec ledit berceau.
      Il a fallu que je décide de prendre les choses en main et que je profite pour cela d'une quinzaine de jours où je bossais plutot de la maison, pour gérer moi-même les endormissements de H. et pouvoir le rendre ensuite à son père avec l'assurance qu'a priori il pouvait le coucher dans son lit, ça fonctionnerait.
      (en fait, non, H. a mis plus longtemps à se laisser endormir par son père dans son lit qu'avec moi, puisqu'il avait intégré qu'avec papa, on dort dans le porte-bébé).
      J'imagine l'effet perturbateur de l'opération !!

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  5. MERCI de partager à ce sujet. Je suis arrivée à mes limites après 9 mois d'endormissement / rendormissement au sein (mais avec un bébé qui accepte d'être posé dans son lit et qui dort bien entre les tétées). Je ne savais pas par quel bout et dans quel état d'esprit aborder le problème. Ce que tu as dit sur l'émotion qui a le droit de s'exprimer et a besoin d'être accueillie tout simplement m'a débloquée. Alors j'ai commencé par le jour (parce que la nuit il peut réveiller sa grande soeur qui a du mal à se rendormir). Et en deux jours déjà il ne proteste quasiment plus. Je sais que j'exige de lui un changement brutal, je lui ai dit. Mais il en est capable, et surtout il en a besoin, car je ne trouvais pas ça bon pour lui qu'il réclame le sein pour pouvoir s'endormir. Cette dépendance me faisait peur pour le jour où je ne serais pas là. Là je peux l'accompagner dans ce changement pour qu'une éventuelle absence le bouscule moins.

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    1. Pour préciser ce que peut donner la dépendance et pourquoi je la trouve mauvaise : un des signaux d'alarme pour moi ça a été un jour où dans la voiture (on prend rarement la voiture donc pas d'habitude d'endormissement en voiture contrairement à la poussette) il a pleuré pendant 3/4h (à la fin c'était des hurlements) parce qu'il voulait dormir... et que pour ça il fallait le sein. Je me suis dit alors que ce n'était plus possible...

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    2. Teeeellement contente que ça te serve !!!
      J'aime beaucoup ta précision concernant la dépendance : car non, il ne s'agit pas d'un discours péremptoire à la "rendre ton enfant autonome tout de suite parce que sinon à 18 ans il sera encore dans ton lit" (^^), mais bien du constat de l'effet délétère pour tout le monde d'une dépendance prolongée au-delà du nécessaire.
      Et en plus, ta précision m'a rappelé que c'est exactement ça qui a rendu nos trajets en voiture de la première année de H. bien plus difficiles que ceux de ses aînés au même âge...

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  6. Merci pour cette suite que j'attendais avec impatience ! Mon n2 a sensiblement le même parcours (allergies, porte bébé) et donc même problème aujourd'hui : on galère pour l'endormir dans son lit. Il a presque 8 mois.
    Il y a un truc qui m'interroge au sujet d'aletha solter (j'ai lu un de ses bouquins et essayé d'appliquer sa méthode lors des crises de soir quotidiennes des 3 premiers mois) : si ce sont vraiment des pleurs de décharge dont le bébé a besoin, comment expliquer qu'ils disparaissent au bout de quelques jours ? N'est ce pas plutôt que le bébé est contrarié qu'on change ses habitudes et l'exprime, et qu'une fois qu'il s'est ré habitué... il ne crie plus...?
    Par ailleurs, j'ai moi aussi le problème que, si je mets mon fils dans son lit et reste à côté, il gigote dans tous les sens, gazouille, etc. Si je pars, il crie et monte très vite dans les tours. Bref, je me sens un peu coincée... Patienter encore un peu ?

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    1. Oui pour moi non plus ça n'est pas clair, il faudrait peut-être que je lise A. Solter. Moi j'essaye depuis le début de voir les pleurs comme un moyen de guérison (à la limite comme une fièvre)...et c'est en ce sens qu'elles sont nécessaires. Mais pour autant elles ne sont pas nécessaires en soi, elles sont nécessaires parce qu'il y a quelque chose à décharger...et donc le but est quand même de réduire la cause des pleurs, physique ou psychologique, et si la réponse n'est pas évidente, je cherche je cherche et tant que je ne trouve pas, je dois dire que je ne suis pas en paix.
      J'ai l'impression qu'il faut quand même être vachement sûr de soi pour laisser pleurer avec le coeur tranquille...ça n'a jamais été mon cas. Moi je propose toujours les bras et le sein, au cas où, et parfois il refuse d'ailleurs. Mais le plus souvent après une bonne crise de larmes dans les bras, la tétée c'est juste l'accomplissement du réconfort. Bon là je ne parle plus du sommeil, pour la nuit c'est encore cododo et allaitement et alors pas de pleurs sauf cauchemars...
      Je me rendors en général après les tétées sauf quand le sommeil est perturbé...mais le serait-il moins sans cododo ? Il a vingt mois et actuellement il va parfois se rendormir sur son lit de sieste dans une autre pièce. Il poursuit sa nuit là mais se réveille tout autant et c'est plus fatiguant pour moi d'aller le trouver là bas...
      Mais l'article est comme toujours très intéressant et invite à réfléchir, merci Gwen !
      Do

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  7. Je viens juste de lire cet article qui date... Je prend conscience que j'ai atteint ma limite de non sommeil continu et je cherche depuis quelques jours des solutions, n'ayant pas d'aide. Ma fille va avoir un an et pas une nuit de plus de 5h.

    Je pense lire l'ouvrage et voir différemment ses pleurs...

    Un grand merci pour ce partage

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    1. Très heureuse qu'il puisse servir ! Je l'ai vraiment écrit dans cette optique : aider à sortir de cette espèce de non-choix entre "je veux tellement éviter des dommages à mon enfant que je m'en / nous en inflige d'autres bien pernicieux" et "je dormirai, coûte que coûte, na, espèce de sale gosse".
      Je vous souhaite à toutes les 2 des nuits prochaines réparatrices !

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  8. Bonjour à cette maman anonyme,
    Un gros message de soutien et un petit témoignage :
    Ma fille a eu un an il y a quelques semaines, il y a avait quelques améliorations, et peut-être 5 nuits complètes (en 12 mois… aïe aïe aie). On a clairement atteint nos limites, au point de se faire peur tous les trois, lors d’une énième nuit catastrophique : nous ne sommes pas passés loin de la maltraitance. Nous avons donc pris conseil auprès de connaissance pour consulter un pédopsychiatre, pour pouvoir discuter autrement qu’avec la famille (« mais pourquoi vous ne la laissez pas pleurer ? Nous on faisait ça avec vous… ») ou avec le pédiatre (qui nous a donné quelques conseils de bon sens, mais nous les avons déjà appliqués (comme TOUS les autres conseils… sans succès).
    En vue de ce rdv, je prends un papier, un stylo, et je note : heure de coucher, heure d’endormissement, réveil (durée, biberon ? tétine ?). Et à partir de ce moment-là, ça s’est apaisé. Rien n’a été miraculeux, mais rien n’est gagner. Mais se positionner dans une optique d’observation est quelque chose qui me manquait, entre l’attitude passive « je subis la situation », que je vivais depuis 12 mois, et l’attitude active en mode « je vais régler ça », que j’imposais à intervalle régulier (on supprime le biberon de nuit ! on arrête de la bercer ! on lui impose le doudou ! etc. etc.). Non… je n’accepte plus cette situation… mais avant d’agir, j’observe ma fille, sans interprétation, sans dramatiser, sans enjoliver, sans même tenter de modifier son rythme. Cela m’a donné une distance dont j’avais besoin, et qui nous a fait du bien.
    Cela peut être une piste, avec ou sans consultation derrière…

    En tout cas je vous envoie un wagon de courage, car je sais à quel point cela peut miner de manquer de sommeil, sans voir de solution se dessiner !

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  9. Je reviens vers vous, le sommeil à subit une nette amélioration à la suite de la lecture de l'article. Reprise du travail et donc moins de temps de présence et on repart un peu en arrière (temps d'éveil le soir pour me voir, réveil la nuit pour s'assurer de ma présence et se rendort aussitôt) donc on est sur un bien mieux.
    Elle n'a que 13 mois et les régressions de sommeil ne sont pas tous passés. (dents, marche...)

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