La participation des enfants aux tâches ménagères est un sacré sujet, qui peut diviser les foules (qui bien entendu lisent mon blog), ou à plus modeste échelle, les familles (qui font pareil). Comme un certain nombre de sujets éducatifs, notre recul sur le sujet est rendu compliqué par notre vécu d'enfant (que ce soit dans la reproduction automatique du vécu, ou le souhait de l'éviter à tout prix), et notre fatigue de parent (parce que la maison ne s'autoentretient pas, le linge ne va pas tout seul dans la machine sur ses petites pattes, et les assiettes ont le front de ne pas se laver d'elles-mêmes, mais que tout ça nécessite de l'huile de coude, et le bidon d'huile de coude ça coûte cher).
Voici donc quelques réflexions & partages d'expériences sur le sujet, histoire de peut-être faciliter cette prise de recul et aider à trouver quelque chose de pertinent pour sa famille à soi.
1. La participation des enfants aux tâches ménagères leur est utile et précieuse
Ca, c'est un point essentiel qui m'a bien aidée à prendre du recul et regarder le sujet d'une manière apaisée. Certes, confier des tâches ménagères à nos enfants peut bien nous arranger en tant que parent (ou pas, cf point numéro 3), mais surtout, c'est très important pour nos enfants, et c'est en lisant Jane Nelsen ainsi que Faber & Mazlish que j'en ai pris conscience
- ils développent des compétences essentielles pour leur future vie d'adulte;
- la perspective de quitter papa-maman est tout de même plus facile à envisager quand on a une idée concrète de comment gérer un certain nombre de tâches.
- C'est d'autant plus important pour nos garçons, si nous voulons les équiper pour une éventuelle vie de couple où ils seront en mesure de porter leur part du fonctionnement du foyer. (c'est la nana qui a épousé un gars ne sachant au départ pas se faire cuire des pâtes qui vous parle). A nous de ne pas fabriquer des incompétents pouvant nourrir la tentation de devenir des incompétents stratégiques ("Aaaah ben faut que tu fasses je sais pas faire / tu fais ça tellement mieux que moaaah")
- Je suppose que c'est la même chose pour nos filles et les tâches de la maison traditionnellement plus masculines (type bricolage). Seulement, je ne peux pas en parler parce que ni Monsieur Bout ni moi-même ne sommes vraiment équipés pour transmettre des tas de compétences manuelles à E. . Celles que détient et développe F., il ne les doit vraiment qu'à son enthousiasme aussi époustouflant qu'inépuisable pour le sujet. Il n'empêche qu'en écrivant ces lignes je me dis que maintenant que c'est moi qui assume la tonte du gazon à la maison (enfin, de nos quelques m² de pseudo herbe, plutôt), je pourrais impliquer E. dedans à un moment. Quand ses épaules atteindront la hauteur nécessaire pour pousser la tondeuse...
- cela nourrit des besoins importants pour eux
- l'estime de soi : c'est bien joli de faire des compliments à nos enfants, mais l'estime de soi s'enracine en particulier dans l'expérience, faite et renouvelée, de nos capacités. Et donc, permettre à nos enfants de faire l'expérience de leur capacité à faire, à se prendre en charge, plutôt que de leur dépendance à notre égard pour toutes les petites et grandes choses de la vie, c'est une brique essentielle dans leur construction de leur estime d'eux.
- le besoin de contribuer / se sentir utile. Ca aussi c'est quelque chose d'essentiel chez l'être humain, petit ou grand : contribuer au fonctionnement de la communauté, y avoir sa place de membre utile.
2. La participation des enfants peut se faire dès le plus jeune âge, et gagne à être favorisée dès le plus jeune âge.
J'y suis à nouveau confrontée en ce moment avec H. qui a fêté ses 18 mois. Quelle application, quelle fierté il met dans le fait de nettoyer sa chaise haute après le repas, d'aller remettre ses chaussures à leur place, ou d'aller replacer un livre ou un jouet sur l'étagère adaptée ! Pour lui, cela contribue à lui donner un début de sentiment de maîtrise de son environnement, c'est donc un facteur de sécurisation. Pour nous adultes, c'est un premier pas sur un long chemin, qui prépare les pas suivants.
En atelier Faber & Mazlish, le moment où chaque parent s'interroge sur les choses qu'il fait à la place de son enfant et qu'il pourrait dorénavant lui confier (au besoin en procédant par étapes) est toujours riche en découvertes. Parce que c'est aussi une occasion, pour le parent, de voir son enfant d'un nouvel œil !
3. La participation des enfants est relou
Eh oui, après les 2 premiers points cuicui les petits oiseaux, revenons sur terre.
Ce n'est pas un hasard si la participation des enfants aux tâches ménagères relève plus souvent du vœu pieux que de la réalité des familles : celle-ci est vraiment relou à mettre en place et surtout à tenir dans la durée.
Les enfants ne font pas toujours bien les choses, ils ne les font pas toujours, on a souvent tendance à faire à leur place parce que rien qu'à penser à l'énergie qu'il va falloir déployer pour leur apprendre, leur rappeler, contrôler que c'est fait, rectifier ce qui ne va pas, entendre leurs jérémiades et devoir se justifier face à leurs "mais pourquoi c'est moi et pas Frangin(e)" .....aaaah-aaaah-aaaargh [râle d'un parent agonisant, allongé sur le sol de sa cuisine, achevé par son 37ème rappel que le couvert a besoin d'être mis]
Ce qui est très logique car espérer que nos enfants vont être ravis d'avoir à vider le lave vaisselle au quotidien est utopique. Qui ici se lève en se disant "youpi, aujourd'hui je vais vider un lave vaisselle, trop trop hâte" ?
4. La participation des enfants n'est pas automatique
A relier au point 3.
C'est un sujet dont nous avons abondamment discuté avec Monsieur Bout il y a quelques mois.
Celui-ci était très frustré de devoir sans cesse répéter certaines choses, et une partie de sa frustration venait du fait qu'il partait du principe que ça n'aurait pas du être nécessaire. Comme dit Epictète (oui, nous avons de la culture ici), et comme souvent, c'est moins la situation qui nous pose problème que l'idée que nous nous en faisons. Si nous considérons que nos enfants devraient normalement y penser tout seuls, et le faire en chantonnant, alors c'est très grave qu'ils ne le fassent pas, et chaque rappel que nous faisons est mal vécu puisque il est le signe de notre échec parental et de l'avenir sombre qui se dessine pour nos enfants, irresponsables et feignants.
J'ai gagné en zenitude sur le sujet en lisant Jane Nelsen qui rappelle que toute sa vie de mère, elle a du remettre le sujet sur la table, revoir l'organisation avec eux, et achève avec un truc en mode "Certaines choses ne seront véritablement acquises qu'une fois que les enfants auront quitté le foyer familial, voire, seront devenus eux-mêmes parents". Et puis, hein, disons-le : personnellement, quand je vois le chemin que j'ai suivi en termes d'acquisition de compétences en rangement, je vois très très bien ce qu'elle veut dire.
Donc oui, devoir investir de l'énergie pour que nos enfants fassent les choses est normal, une gestion des tâches ménagères en mode automatique-paillettes-zéro conflits et cœur sur tout le monde en permanence n'est pas réaliste. Du coup, pas besoin de perdre de l'énergie et du moral à se désespérer que cela ne soit pas le cas.
Devoir consacrer du temps à faire faire plutôt qu'à faire soi-même est donc quelque chose de normal et surtout d'indispensable, un investissement rentable à long terme, pas quelque chose qui se fait à fonds perdus.
5. ....Mais on peut mettre des choses en place pour limiter l'investissement en énergie nécessaire
Yep, ce ne sera jamais automatique et complètement fluide, mais il existe quand même des manières de faire pour alléger notre boulot de rappel. La mise en place de routines, et/ou leur formalisation visuelle par le biais de listes à cocher, par exemple, sont autant de moyens qui permettent de réduire.
Un simple "Où en es-tu de ta liste ?" est souvent préférable au 37ème rappel que y a un couvert à mettre : il responsabilise l'enfant, diminue le poids des ordres pour lui, et le volume de salive utilisée, pour le parent.
Idem, les choses qui nous semblent si simples pour nous ne le sont pas pour nos enfants. Donc prendre le temps de montrer, de faire avec, de détailler étape par étape, pour arriver à une autonomie graduelle, constitue un investissement coûteux sur le moment mais rentable à long terme.
6. Tout (enfin, beaucoup) est dans le choix des mots
Trèèèès important ça.
- Il y a ce qu'on apprend en Faber et Mazlish : une description de problème, un rappel en un mot, porteront toujours plus de fruit (à la fois sur le problème en lui-même, mais bien entendu aussi et surtout dans la relation à l'enfant, et dans sa relation à lui-même et aux tâches concernées) qu'un ordre bien sec, un reproche, ou une culpabilisation plus ou moins subtile.
- Il y a ce qu'on apprend aussi, sur le côté humour : "la table est toute nuuuuuuuuuue".
- Il y a ce qu'on apprend en Faber et Mazlish aussi, sur la valorisation des tâches : non, ce que nous demandons à nos enfants n'est pas "facile", "pas grand chose". C'est une contribution appréciée, révélatrice de compétences réelles, permise par des efforts dont on ne va surtout pas minimiser l'importance.
Et perso, j'ai remarqué que mes enfants préfèrent dire qu'ils ont "fait tel plat avec moi" plutôt que "aidé Maman à faire tel plat".
Il y a aussi d'autres choses. Par exemple, la manière dont on évoque / justifie ces tâches.
- Parfois, si on s'écoute, on peut s'entendre parler de "ma maison" qui est en bazar ? Ou de "notre maison"... Nos enfants sont-ils des invités dans la maison des adultes, ou des personnes qui y habitent et donc participent logiquement à son fonctionnement ?
- Très souvent, aussi, on va formuler ce qu'on ne veut pas : "J'en ai maaaarre de vivre dans un salon en bordel". (toute ressemblance avec des phrases réellement prononcées dans la famille Bout serait vraiment fortuite); il est beaucoup, beaucoup plus mobilisateur de formuler ce qu'on veut. L'être humain, et ce dès tout petit, réussit bien mieux à s'engager pour une représentation positive, parce que "j'ai envie d'un beau salon en ordre !", que pour éviter du négatif.
- Croisement des deux : on pourra préférer, à "je ne suis pas la bonne, m !", un "dans une maison, tout le monde participe !"
7. L'aménagement de l'environnement est un aspect essentiel (stratégie & champ de bataille, toussa)
Au fond, ceci est une implication pratique du fait que notre maison est notre maison, et non "ma maison" : il s'agit de regarder ladite maison, et son aménagement, non seulement avec nos yeux, mais avec ceux de nos enfants; y compris en se mettant à leur hauteur, par exemple.
Pêle-mêle, chez nous, ça veut dire
- positionner le nécessaire à couvert à des emplacements atteignables
- charger le lave vaisselle d'une manière qui leur permette de le vider sans risquer de se faire embrocher par les couteaux de cuisine
- ranger différemment leurs vêtements de ce que nous aurions fait spontanément.
- Ca, il m'a fallu un certain nombre de fois à m'énerver sur le placard d'E. avant de réaliser que mon mode spontané de rangement de ses vêtements ne lui correspondait pas, et que donc si je voulais qu'elle range correctement ses vêtements / soit en mesure de se servir sans pulvériser "mon" ordre, eh bien... j'allais devoir faire autrement que ce que j'aurais fait sinon.
- Idem sur la technique de pliage. Si je veux des piles qui se tiennent, j'ai intérêt à lui apprendre une technique de pliage qui lui convienne vraiment, et à l'adopter moi-même.
- fixer les patères de leur chambre à une hauteur ridicule pour moi
- investir dans des panières si ils rangent mieux dans des panières, des boîtes si ils préfèrent des boîtes...
- et même, au besoin, craquer pour l'objet sexy (E. a une poubelle La Reine des Neiges #honte)
- positionner l'aspirateur à un endroit atteignable pour eux, pas seulement pratique pour nous ; idem la balayette
- réfléchir au positionnement du panier à linge sale : plus proche il est de leurs chambres, meilleures sont nos chances d'y voir atterrir leurs vêtements. Un point bonus si il est sur le trajet entre la sdb et leurs chambres.
- investir dans 2 paniers à linge sale : un pour le foncé, un pour le clair. Ca permet de leur confier l'étape du tri. Et vous savez quoi ? Au départ, on en avait un vert et un bleu. Tout a changé quand j'ai remplacé le bleu par un blanc. En tous cas, je me suis rapidement économisé l'équivalent du Lac Léman en volume de salive : les "ça va où le linge clair Maman déjà ?" ont rapidement décru, par la magie d'une réponse en mode exercice à trou "le linge foncé dans le bac foncé, le linge clair dans le bac.... ?" . (mais, oui, il a fallu investir un peu de temps dans la définition et la démonstration par l'exemple de ce qui est clair, et de ce qui est foncé - polos à rayures marine et blanches, vous finirez en Enfer)
- jouer les Flylady et réaliser que nos enfants, au moins autant que nous, feront plus facilement les choses si tout le nécessaire est sous leur nez.
- Par exemple, j'ai admis qu'il était vain d'espérer qu'E. et F. se brossent les dents sans mettre du dentifrice dans le lavabo ni asperger copieusement le miroir de la salle de bain. J'ai également mesuré l'agacement que cela me procurait (enfin, j'ai pas pu, j'avais pas de mètre assez long). J'ai donc positionné un rond vert et un petit chiffon bleu Jemako qsur le plan de travail de la sdb où ils se lavent les dents, et j'ai souligné qu'après chaque lavage de dents, hop, petit coup de rond vert sur et autour du lavabo, et zou, petit coup de chiffon sur les éclaboussures du miroir. Bien évidemment, ce n'est pas parfaitement fait, bien évidemment, j'ai régulièrement besoin d'opérer un rappel ("E., y a un petit rond vert qui n'a pas travaillé !!"), mais ça évite la sédimentation de couches successives de dentifrice, et celle, parallèle, de couches successives de ras-le-bol.
- Idem, depuis qu'une serpillière est à demeure à côté de la baignoire, pour usage immédiat en cas de sdb-piscine, les bains débordent moins, et mon énervement itou.
8. Moins ils participent,... moins ils participent
Ah, ça, ça a été un constat impitoyable de la fin de l'année scolaire.
Pressé, Monsieur Bout avait pris de plus en plus l'habitude de mettre le couvert lui-même, en faisant la cuisine. De reranger les chaussures éparpillées dans l'entrée, plutôt que de s'embêter à faire redescendre leurs propriétaires de leurs chambres. De débarrasser l'assiette ou le bol oublié sur la table de la cuisine, plutôt que d'inviter la personne concernée à rectifier son oubli. (Et Madame dans tout ça, me diront ceux qui suivent ? oh ben Madame, elle était déjà bien trop occupée pour perdre le peu de temps qu'elle passait avec ses enfants à gérer des sujets aussi triviaux)
Et au fond, hein, pourquoi pas ? Après tout, si il s'agit d'apprendre à nos enfants à rendre service, il est bon aussi que nous le leur apprenions en leur rendant service, n'est-ce-pas ?
Ben... pas forcément. Nous avons en effet constaté, pour notre part, que du coup
- les enfants perdaient l'habitude de considérer ces tâches comme une contribution normale, (et non le boulot des parents que ceux-ci essaient fourbement de leur refourguer) et du fait de cette déresponsabilisation, perdaient donc à la fois
- l'automatisme : oublis de plus en plus fréquents
- et la disponibilité : râleries X100 quand on osait leur demander de le faire, délais entre la demande et l'exécution X1000
- les parents perdaient beaucoup d'énergie à faire des choses que leurs enfants auraient pu faire, au détriment de choses pour lesquelles leurs enfants avaient vraiment besoin d'eux
- = moindre disponibilité (y compris mentale / affective, au vu de la rancœur accumulée) pour leur rendre vraiment service. (que ce soit pour un "moment particulier", ou pour recoller un jouet cassé, aider à préparer un cadeau pour un petit copain, etc).
- Ce qui illustre un des intérêts fondamentaux à confier suffisamment de tâches ménagères à nos enfants : "tout faire pour eux", c'est s'exposer à pourrir dangereusement le climat familial (sur fond d'autopiétinage de ses limites, rancœur et culpabilisation) à long terme, bien davantage, au fond, que va ne le pourrir la répétition de certaines demandes à court terme (pour peu qu'on apprenne à formuler lesdites demandes d'une manière respectueuse cf point 6). Bicoz tout faire pour eux, c'est imprudemment vider notre réservoir et se rendre ainsi incapable de remplir le leur (vous savez, cette histoire de découvert).
En conséquence de quoi, nous avons opéré un virage à 180°C pendant l'été. Nous avons employé notre temps à reréclamer tout le support précédemment attendu, augmenté de nouvelles choses.
Nous n'avons pas juste réintroduit la routine du couvert, nous avons rajouté le vidage du lave-vaisselle, par exemple.
Rouspèteries pendant une semaine, puis hop, c'était intégré. Le taux de conflictualité lié au sujet a été divisé par 50.
Autant vous dire que Monsieur et Madame y font vachement plus attention, maintenant !
9. Participer, (si) ça a de chouettes conséquences
Cf le point 6 : si nous voulons développer l'implication de nos enfants à la maison, leur motivation à faire les choses, il est bon qu'ils perçoivent les conséquences de leurs efforts.
- Parfois, cela se fera sur le mode négatif.
- Constater qu'on ne peut pas mettre la jolie robe qu'on voulait à un anniversaire, parce que celle-ci est restée tâchée, chiffonnée dans un coin, au lieu d'être mise au sale.
- Ne pas avoir la cuiller préférée parce que c'est son frangin qui a mis le couvert seul et que donc il se l'est légitimement appropriée.
- Ne pas pouvoir inviter un petit voisin à jouer à la maison parce que la règle est que on invite quelqu'un dans une chambre rangée.
- Me voir m'arrêter de cuisiner parce que personne ne vient mettre le couvert et que donc je n'ai pas envie de faire les choses seule.
Mais à long terme, nos enfants tireront surtout profit de ce qui leur permettra de voir le sens des tâches ménagères, le bénéfice réel à les accomplir / y participer (ce qui est du reste assez intéressant dans le développement de leurs capacités à assumer ses tâches sans nous, dans leur future vie d'adulte). Pour cela, on peut prendre le temps
- d'admirer longuement, en décrivant, la chambre rangée.
- De remercier pour la table mise.
- De s'exclamer "quel salon agréable !" après que tous les duplo aient regagné leur boîte.
- De regarder avec intérêt la pelouse domestiquée par la tondeuse (maniée avec passion par F.)
Et surtout, un gros intérêt à prendre sa part dans le travail de la maison, c'est que ça libère du temps à tout le monde. Il s'agit donc de transformer le temps pas passé à ranger tout seul en temps passé en famille.
Là dessus, le plus beau exemple m'a été fourni en ateliers Faber et Mazlish, par un maman solo de 4 ados. Suite à notre séance, elle a expliqué à ses enfants que leur maison à tous devait fonctionner, et qu'elle aimerait passer plus de temps avec eux. Quelques soirs plus tard, elle a eu la surprise de rentrer un soir dans un appartement rangé et aspiré de fond en comble, avec le dîner déjà préparé, et ses ados l'attendant pour lui sauter dessus "bon, eh bien ce soir on fait quoi de beau ensemble puisqu'on est dispo tous les 5 ?"
Bref, ça me demande un effort conscient souvent, mais autant que possible, je me bouge les fesses : "cool, le couvert est déjà mis, ça veut dire qu'on n'a plus rien à faire alors qu'il y a encore 5 minutes avant le repas : pendant que ça finit de cuire, on peut faire une partie de 1000 bornes"
10. La résolution de problèmes spécial tâchés ménagères (ou pas)
On peut goupiller pas mal de ces points pour en faire un sujet de discussion familiale.
On choisira les mots avec soin, pour souligner l'intérêt de partager la charge "pour que nous ayons du temps ensemble, et que la maison fonctionne bien, il est important que tout le monde participe. Qu'y a-t-il à faire dans notre maison ? Que peut faire chacun ? De quoi a-t-il besoin pour cela ?".
J'ai mis "ou pas", parce que le mieux étant l'ennemi du bien, c'est précisément dans l'attente d'une discussion de ce genre que nous avons laissé les choses aller à vau-l'eau l'an dernier. Et finalement, c'est une décision unilatérale qui nous a permis d'en sortir ;-)
Ceci dit, l'écriture de ce billet, et quelques discussions avec les enfants, ont fait que nous avons prévu d'en reparler avec eux dans les prochains jours. Nous sentons que eux comme nous sommes prêts pour rebattre un certain nombre de cartes / transférer certaines tâches supplémentaires (préparation d'un repas simple par semaine, étendage d'une lessive,...)
Affaire à suivre !
Ahh super ! voila un billet qui vient à point nommer dans ma réflexion. Merci !
RépondreSupprimerJ'aimerai que mes enfants participent plus mais je me suis rendue compte que j'ai d'abord un problème à résoudre : je dois leur laisser de la place. Pour des questions pratiques et de rapidité : je fais, je range, je nettoie.... Ce n'est même pas réfléchi, je fais trop de choses à leur place sans leur donner la 'chance' de m'aider. Donc, merci pour cette réflexion qui va m'aider !
Ah trop chouette ! Oui notre routine est parfois tellement bien huilée qu'il n'y a pas la place pour eux dedans...
SupprimerEh bien figure-toi que mes enfants se battent pour vider le lave-vaisselle ! si si !!
RépondreSupprimerJ'ai aussi disposé une serpillère près de la baignoire, une éponge sur le lavabo (enfin, ça marche pour S qui est "invité dans la salle de bains de papa et maman et qui donc est prié de la laisser propre, moins pour les filles qui se partagent l'autre sdb... )
J'ai réalisé récemment que A et P étaient tout à fait capables de cuisiner, donc au déjeuner, un délicieux gâteau fait de A à Z (bon, de B à Y ;-) ) par n1 (et bonus, elle peut choisir la recette bien sûr). Tâches mieux réparties et une enfant ravie du résultat : tout le monde y gagne !
Comment t'as fait pour le lave vaisselle ??! Nous ils se battent à la rigueur pour vider le tiroir des couverts... afin de pouvoir clamer que c'est à l'autre de vider les autres tiroirs :D
SupprimerMerci beaucoup pour cet article qui m'intéresse énormément. Notre petit loup a deux ans et ça me donne à réfléchir.
RépondreSupprimerPour me limiter à notre expérience et donc au point 2 du billet j'aimerais témoigner des raisons pour lesquelles ça ne marche pas si bien que chez vous...
- Il a toujours des initiatives auxquelles on essaye de donner une réponse positive (et je souffre quand, pour des raisons pratiques nous refusons) mais nous peinons à "routiniser" ces gestes...c'est un trait de caractère de notre famille je crois.
- Beaucoup de tâches ont un résultat partiel ou nul d'un point de vue strictement ménager (il s'essaye beaucoup à la balayette mais ce qui y entre en ressort presque toujours)...d'autant plus qu'à cet âge il aime en général défaire ce qu'il a fait et ainsi de suite mais avec une efficacité moindre à chaque cycle.
- Autre cas de figure : quand une chose a été accomplie avec succès (laver quelques trucs dans l'évier) il souhaite en général poursuivre par des actions beaucoup moins productives (point de vue ménage toujours) avec amples dispersions d'eau et éclats de rires auxquelles sous sommes plus ou moins disposés à participer selon notre état. Pour donner un autre exemple : il aime descendre à la lingerie pour mettre en route la machine ou la vider. C'est très bien mais j'ai plus de mal à faire ça avec lui puisque je sais qu'il ne voudra pas remonter avant d'avoir inspecté et testé tous les boutons, robinets et engins qui se trouvent en bas....et actuellement au sous-sol il fait froid ce qui signifie qu'il faudrait prévoir le coup et s'équiper de manteaux. Si je le remonte "manu-militari" avec moultes paroles sensées être apaisantes ("oui, je comprends tu aurais aimé passer du temps à tester tous les boutons de la chaudière de l'immeuble"...) Il en revient quand même plus ou moins fâché et c'est la raison pour laquelle ça fait un moment que nous ne sommes plus allés descendre le linge ensemble...
Voilà voilà...
Do
Aaaaah mais oui cette fameuse étape du "Je fais des trucs utiles mais ensuite je les poursuis de manière contreproductive "!!!
SupprimerAlors peut être cela va t il vous consoler de savoir qu'il s'agit d'une ETAPE justement, donc
- 1. Provisoire : ça va passer. Bientôt !
- 2. Utile : c'est le chemin par lequel passer pour qu'ensuite il ait acquis et stabilisé les compétences utiles. De la même manière qu'un bébé plus jeune vide d'abord les boîtes avant d'apprendre à les remplir. Puis quand il apprend à les remplir, les vide et répete l'opération et évidemment ne termine jamais par l'étape "remplir". Jusqu'au jour où....
Déjà je remarque que H, après l'étape où il mettait tout et n'importe quoi dans toutes les poubelles à sa portée (noooon pas les jouets ! mon téléphone non plus !), puis celle où il remplissait et vidait mes poubelles (euh, pas longtemps hein, juste le temps qu on en aperçoive, intervienne et que la cuisine ne ressemble déjà à un dépotoir ), est parvenu au stade où je peux lui confier les épluchures d'oignon pour qu'il aille fièrement les jeter.
(En revanche cette étape est beaucoup plus longue à passer quand l'activité implique de l'eau, hein... je souffre avec vous !)
Ah la la, merci pour le partage et pour vos encouragements :))
SupprimerDo
Je suis revenie sur cet articke aujourd'hui via la newsletter de Titiou Lecoq, de Slate. Et je suis rvie de voir ton excellent blog ainsi mis en valeur !
RépondreSupprimerHaha ! C'est la découverte du lien qui me fait retomber sur le billet (et découvrir les comm que j avais complètement zappés) ... Et je constate que la réponse à mon interrogation se trouvait dans lesdits com ^^
SupprimerMerci
Signé : la fille qui écrit un blog très complet 😎