Allez, c'est reparti pour quelques tranches de Parentalité Positive du quotidien!
Ça va bien... sauf quand ça va moins bien.
1.
Petite randonnée en Forêt-Noire, nous nous sommes un peu mélangés les pinceaux dans le repérage des panneaux, aussi le chemin parcouru est-il à la fois plus long et plus pentu que prévu.
F. dit sa fatigue à plusieurs reprises, mais marche tout de même vaillamment à nos côtés.
Au cachot, la Bébounette! |
D'autant que nous l'encourageons régulièrement à coups de compliments descriptifs:
"Ouh ça monte fort, ça demande d'appuyer fort avec les jambes""En voilà des jambes qui marchent avec vigueur"
De lui-même il s'en décerne de temps en temps
"ça monte, mais j'ai de la force dans les jambes alors j'y arrive."
Non seulement il terminera la marche sans avoir réitéré la demande formulée dès la première centaine de mètres ("sur les épaules, Papa!"), mais en plus il sera encore motivé pour retourner explorer le château en ruines marquant le début et la fin du parcours, et déjà découvert avec passion avant le début de la balade.
2.
Dîner.
F.était plein d'appétit mais déclare soudain, alors que son assiette est encore à moitié pleine, qu'il "a fini".
Hum. En théorie je m'en fiche qu'il finisse ou non son assiette, cependant là je soupçonne que la faim est bel et bien là, mais qu'il est juste fatigué, ou que la suite lui fait très envie. Je suis donc persuadée que F. ne fait momentanément plus l'effort d'écouter sa faim, ce qui risque de nous poser problème ensuite.
Monsieur Bout fait la même analyse et intervient donc:
"Tu manges encore 3 bouchées."
Hum, un peu abrupt.
Cela nous vaut donc un "Non !" véhément.
Je laisse passer 1 minute puis je donne un choix:
"3 ou 5 bouchées ?- 3 !"
Assiette presque terminée, nous passons à la suite.
3.
Bain en commun des Bébous pendant que je cuisine.
J'ai rappelé les règles comme d'habitude, dont l'une est
"le bain doit être un moment agréable pour les deux".
Au bruit, ça m'a l'air bien agité. Et effectivement, rapidement des pleurs de Bébounette retentissent.
J'entends quelques petits efforts du Bébou pour rassurer sa sœur, mais pas très convaincants.
Alors je décris:
"F., j'entends que ça se passe mal !"
Ledit F. y met alors plus de cœur:
"Ca va bien se passer E. . Tu veux un câlin ?"
Arrêt des pleurs, rires, jeux.
4.
Depuis quelques jours F. passe son
temps à jouer avec les robinets, faisant couler de grandes quantités
d'eau, malgré explications, redirections, questions de curiosité,
bains prolongés et j'en passe.
Ce matin, il insiste encore pour
« nettoyer la baignoire » qu'il a déjà nettoyée hier
soir. Je lui rappelle que cela n'est pas nécessaire mais qu'il
pourra le faire le soir après le bain, et que là il s'agit de se
préparer pour aller chez Ikea (sortie qu'il attend avec impatience).
Il me dit « D'accord » d'un air
innocent, je sors de la salle de bains pour aller m'occuper du linge
et quand je reviens, je le trouve en train de faire couler un discret
filet d'eau.
J'exprime mon mécontentement:
"Je suis furieuse !- Non, non, j'arrête, on va à Ikea maintenant !- Là je suis en colère, je ne me sens pas gentille du tout, je n'ai pas du tout envie de te faire plaisir en allant chez Ikea.
Colère de F. qui insiste.
Je reste sur ma position mais donne un
renseignement complémentaire.
- Quand quelqu'un nous en veut de quelque chose, cela peut aider si on répare. On peut faire quelque chose pour la personne, on lui rend un service, pour lui montrer qu'on regrette. As-tu une idée de comment tu pourrais réparer ?- Non !- Eh bien, par exemple, il y a des choses à aspirer sous le lit d'E., tu pourrais le faire pour moi.
Il sort l'aspirateur, le branche,
s'absorbe longuement dans sa tâche puis clame
- c'est fini ! Je t'ai rendu service, là, c'est ça ?- Oui, merci. Je me sens de nouveau prête à être gentille. Préparons-nous pour aller chez Ikea. »
Je ne sais pas comment c'est chez vous, mais amener F. à
prendre en considération le tort qu'il cause à autrui, à le
reconnaître, et à agir pour réparer: ce n'est pas de la tarte, et
j'avance à tâtons…
5.
Fin de journée.
Une première colère de F. pendant que nous rentrons du jardin d'enfants où il a passé la journée. Qu'à cela ne tienne, la sérénité que je ressens de plus en plus souvent dans ce genre de situations ne m'abandonne pas, je gère la situation au mieux sans me démonter (ni démonter mon fils).
Une fois rentrés, je propose un bain, je rappelle les règles, mais ne me montre pas assez présente pour veiller à leur application. Moralité, quand je remets enfin les pieds dans la salle de bains, je n'ai plus qu'à constater l'ampleur des dégâts : baignoire discrètement remplie jusqu'à ras-bord, de l'eau partout, le tapis de bain prêt à être essoré.
Du coup, plus aucune possibilité d'action hormis manifester mon mécontentement, ce que je fais, mais de manière particulièrement véhémente, et avec quelques "tu-qui-tuent" dans le tas. Mon incitation à réparer est également tout sauf douce et incitative, moi-même je n'aurais pas eu envie de coopérer avec...
Donc refus,
donc insistance,
donc rerefus et geste agressif quelconque,
donc nouvelle hausse du ton de voix,
donc refus encore plus véhément,
donc menace,
donc pleurs,
donc re-colère, avec une Gwen qui insiste pour que les jouets soient rangés par les enfants, mais formule ses demandes d'une manière également inadaptée, et un Monsieur Bout qui arrive à ce moment et se retrouve vite contaminé.
La copine qui vient me chercher pour un dîner de filles entendra les pleurs de la rue (nous habitons au 4ème étage).
Ouais, y a du progrès, mais y a pas à dire, hein, c'est pas demain la veille que les ratés disparaitront!
L'avantage c'est que ces ratés viennent toujours me rappeler l'importance de ne pas lâcher mes outils. La vie avec / la vie sans, ça n'a rien à voir...
Et maintenant, place à la Hotline!
J'avais un soucis pour le passage aux toilettes le soir avant le coucher. Hier soir, gros moment d'inspiration humoristique : les toilettes ont soif de.... Pipi ! La grande a tout de suite adhéré et comme les toilettes avaient une très grosse soif, le petit a suivi. Ouf !
RépondreSupprimerLe choix entre le pot et les toilettes ne fonctionnaient pas du tout, du tout.
J'étais très fière.
Aaaaah mais TU PEUX !
SupprimerJe te la vole tout de suite celle-là, je SAIS qu'elle servira.
Merci !
Bonjour Gwen,
RépondreSupprimerJ'apprécie ce partage d'expérience.
C'est clair, ça fonctionne pas à tous les coups ... Heureusement, sinon, nous ne progresserions pas ! :)
Vanou, j'ai eu un peu le même genre de difficulté. Choub' voulait aller aux toilettes, mais ne voulait pas y aller. J'y vais, il n'est pas content, j'y vais pas, c'est la même (vive le paradoxe :D)
Alors, madame Choub' a eu l'idée de faire parler une de ses peluches, et de lui demander ce que cette peluche ferait si elle avait envie de faire pipi, et hop, tout était résolu :) Choub' était très coopératif.
AU plaisir
Evan, un papa patron
ah oui, la variante des peluches... C'est que ça raisonne fichtrement bien, une peluche!
SupprimerQuel plaisir de se remettre à lire ça !! J'ai particulièrement les histoires 3 et 4 !
RépondreSupprimerLa 3 pour ce qu'elle montre de coopération entre les 2, alors qu'ils sont si jeunes, pour moi c'est magique... C'est vraiment ce que j'apprécie le plus de voir chez moi, à tel point que parfois j'ai le sentiment de négliger l'accompagnement à ces attitudes chez les grands...
La 4 parce que tu as su expliquer l'empathie de manière très concrète. J'aurais eu peur de basculer dans une punition, et je trouve ça super délicat à jouer, je trouve que tu l'as fait avec beaucoup de doigté !! Je vais essayer de garder ça en tete, merci Gwen.
Ouiiii les moments de coopération me remplissent toujours d'une joie et d'un optimisme sans bornes...
SupprimerSur la 4: je suis d'accord que c'est vraiment très délicat à jouer comme partition. Là j'étais dans un état d'esprit éloigné de la punition donc ça collait, mais c'est vraiment le genre de situation où il y a un travail de discernement à opérer afin de scruter un peu les choses qui nous agitent... et en fonction, rester loin de manières de faire pouvant glisser !
Chez nous, en rando, c'est une histoire racontée dans un contexte initialement totalement différent qui ressort.
RépondreSupprimerUn jour en parlant de robotique, mon amoureux déclare qu'il n'hésiterait pas une seconde à se faire poser une jambe-robotisé, mais que le mieux reste l'humain. Car lorsque le jambe robotisé est cassé, seul un technicien (et éventuellement de nouvelles pièces peuvent te permettre de remarcher). Alors qu'avec une vraie jambe, c'est la tête qui décide.
Donc ma fille dit régulièrement qu'elle a de la chance d'avoir de vrais jambes car elle peut décider de marcher même si elle est absolument épuisée.
Autant te dire qu'avec son ado de tante, quand elle lui a dit ça, cela n'a pas vraiment fonctionné...
J'aime beaucoup cette histoire ! (Gros lol pour l'ado...)
SupprimerJe tâcherai de voir si ça fait mouche chez nous, ça pourrait...