Ah là là ma bonne dame, l'éducation des enfants a bien changé !
Oh que oui.
Et parmi les points qui distinguent les mantra éducatifs d'il y a 30 ans et ceux d'aujourd'hui… j'ai nommé …
Tadaaaam : l'accent mis sur l'expression et la gestion des émotions !
Ou plutôt, les efforts à faire pour son apprentissage. D'où pléthore de publications sur le sujet, et j'y ai moi-même consacré à la fois un tas d'efforts, un tas de temps à lire des trucs, et de très jolies pages dans mes "200 moments de parentalité positive (ou pas)".
(d'ailleurs, dans les aspects "ou pas", la gestion des émotions figure en bonne place : ben oui, hein, comme tout parent, c'est notamment quand j'échoue à gérer mes propres émotions que je me retrouve à des kilomètres de ce que j'aimerais faire au niveau éducatif. D'où culpabilité - à ce propos, avez-vous lu le sublime article que Coralie vient de publier sur ce sujet si sensible de la culpabilité parentale ?)
Si cet aspect était totalement occulté auparavant, on en mesure aujourd'hui l'importance.
Et l'enjeu est d'autant plus important que, dans cette affaire, le parent se retrouve souvent à apprendre en même temps que son enfant, puisqu'il se rend compte, justement, des grosses lacunes qui le pénalisent sur ce plan.
Bref, pas évident.
Du coup, on tâtonne, on fait de son mieux, pour avancer soi-même et faire avancer son enfant.
Et c'est précisément un de ces tâtonnements que ce Petit Bout du sublime "le Cerveau de votre enfant" de Daniel Siegel (dont je vous chantais les louanges cet été) est venu pointer.
Jugez plutôt
"Le Cerveau de votre enfant", D. SIEGEL, p.188 |
Vous voyez le truc ? Là, l'auteur parle des enfants, mais ça s'applique bien entendu à tout un chacun… y compris, au hasard, au parent voulant bien faire qui s'échine à inclure, dans son vocabulaire, des phrases permettant à son enfant de mettre des mots sur ce qu'il ressent.
Or, personnellement en tous cas, la subtiiiiiile différence entre "je suis triste" et "je me sens triste" me passait bien au-dessus, et j'utilisais allègrement les formulations en "je suis".
Et pourtant, quand on réalise la nuance de signification, quand on réalise que, eh oui, pour un enfant, le côté éphémère d'une émotion ne va pas du tout de soi, bien au contraire, ben on se dit "bon sang mais c'est bien sûr".
Veiller à utiliser des formulations mettant en évidence qu'ils ne sont pas leur tristesse du moment, qu'ils ne sont pas leur désir si intense du moment, qu'ils survivront biiien au dela de ces sentiments très très désagréables mais fugaces, eh, c'est quand même quelque chose.
Bref, je me sens très heureuse d'avoir pu faire cette découverte, j'ai bien veillé à l'appliquer au quotidien, et, si j'ai pu me sentir dépitée de ne pas avoir mis le doigt dessus toute seule, je me sens bien soulagée que ce soit le cas maintenant, et que ça puisse l'être pour vous, ô mon vénérable lectorat, ou en tous cas la partie de mon vénérable lectorat à qui elle aussi cette nuance échappait, à dater d'aujourd'hui.
Je l'ai stockée juste à côté de la phrase tirée de l'excellent "Cessez d'être gentil, soyez vrai" : pour le moment. (pour le moment, je n'ai pas la possibilité de / je choisis de privilégier / je ne sais pas encore /…) : des petits mots qui maintiennent dans une dynamique au lieu de nous figer dans un constat.
Merci... je ne faisais pas la nuance non plus.
RépondreSupprimerCette nuance est la cerise sur le gâteau ! Je crois qu'on ne peut la faire que lorsqu'on est un peu lancé sur le sujet. J'en prends bonne note et vais l'utiliser de ce pas.
RépondreSupprimerServane
Bof, j'ai l'impression que c'est se faire des nœuds dans le cerveau pour rien. Je suppute (mais je n'en ai pas la preuve) que l'enfant se rend bien compte que ce ne sont pas des états permanent puisqu'on dit aussi "je suis en colère, je suis heureux, je suis fatiguée, je suis excitée... tous cela se passe à un instant T, on est pas en permanence tout cela
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