mercredi 28 mars 2018

Mode de garde en allemand & échange chambre contre services : bilan intermédiaire et analyse (1/2)

Cela va faire bientôt 6 mois que nous avons déchargé nos cartons dans notre nouveau chez-nous. (Notez que j'ai écrit "déchargé", et non "déballé"; car je confesse que je suis tout juste, enfin, en train de déballer les tout derniers)
Tant qu'à quitter Strasbourg (bouhouhou), j'avais tâché de profiter, au moins, des nouvelles possibilités offertes par le fait d'habiter en région parisienne.
C'est, globalement, quelque chose que nous avons jusqu'ici, pas mal réussi à faire à chacun des endroits où nous avons habité, et je trouve que cela aide vraiment à digérer les déménagements: nous faisons notre maximum pour, à chaque fois, profiter des avantages propres à notre région. 
Certes, ils nous manquent après, mais au moins on a le sentiment d'avoir vraiment goûté les "spécialités" régionales. Ce mode de fonctionnement nous permet d'éviter de rester dans des comparaisons / regrets stériles une fois partis, puisque nous sommes occupés à exploiter les points positifs de notre nouvelle région.

Parmi ces avantages : le gigantesque melting-pot qu'est l'Île-de-France, melting-pot dans lequel on retrouve un certain nombre de personnes d'origine germanophone, et donc, la possibilité de faire garder les enfants "en allemand".

J'ai souligné à quel point ces heures de garde sont importantes pour mon équilibre personnel, et je vous avais parlé de mes plans "garde" pour cette année, voici le moment d'un premier bilan, avec un peu d'analyse des enseignements tirés, ce qui pourra toujours servir à l'une ou l'autre d'entre vous.

Pour mémoire, nous avons eu recours à la fois à
  • des personnes venant de l'extérieur pour garder les enfants à mon domicile, 
  • et un "colocataire-babysitter" : échange de notre chambre d'amis contre des heures de babysitting.

Effets sur la l'appropriation de la langue : très positifs !! 

Je suis absolument ravie : bien entendu, les enfants ne sont pas devenus bilingues en quelques mois, mais cette exposition fréquente à l'allemand a indéniablement porté des fruits :
  • à la fois directement et indirectement, dans le sens que, l'allemand étant plus parlé dans notre quotidien, il m'a également contaminée (et Monsieur Bout également, du reste) . Parlant plus souvent allemand avec les différentes personnes, il a donc été plus facile, plus spontané, pour moi, de le parler avec mes enfants : une grosse partie des phrases des repas, ainsi que de celles des phases d'habillage / deshabillage, par exemple, se fait dorénavant en allemand.
  • La compréhension a énormément progressé, de nombreuses phrases simples du quotidien sont maintenant comprises.
  • cela a été favorisé par, et favorise en retour, la lecture d'albums en allemand. La maman autrichienne qui vient les garder le mardi, notamment, lit énormément avec eux, et du coup ils l'acceptent très bien, et se familiarisent avec cela au fur et à mesure.
  • Appropriation affective : même si F. continue parfois à prétendre qu'il ne veut pas parler allemand, et qu'il n'aime pas ça, ce discours se mêle aussi à d'autres affirmations assez fières où il explique qu'il va apprendre l'allemand aux copains de la résidence. Et dans les faits, il a très souvent recours à des mots d'allemand. Certains mots, d'ailleurs, se sont si bien ancrés émotionnellement chez lui qu'il les utilise de préférence à leur équivalent français : "on a vu le Hund aujourd'hui", "oh, le joli Luftballon !"
  • Là où ils n'employaient à l'époque, au mieux, que des mots isolés, ce sont maintenant des petits groupes de 2 ou 3 mots, voire quelques petites phrases : entendre E. chercher partout son niania (nom qu'elle a donné à son doudou) et s'exclamer en le retrouvant : "Da ist Niania !!"...
  • A noter: E. avance plus vite que F., à la fois sur le plan de sa compréhension et de son expression. Je suppose que c'est à la fois du à son plus jeune âge, au fait qu'elle n'a pas les casseroles émotionnelles de son frère, et à son intérêt de toute manière jamais démenti pour tout ce qui a trait au langage.

A noter : parler dans une langue étrangère, de manière conséquente, à un enfant qui ne comprend pas toujours très bien ce qu'on lui dit, ce n'est pas facile. C'est le cas des Bébous: pour rappel,voici ce que nous faisions jusqu'à présent pour les familiariser avec la langue.
Du coup, ce défi a été plus ou moins bien géré par les différentes personnes qui se sont occupées d'eux les derniers mois. Nos statistiques extrêmement représentatives (4 personnes) tendent à montrer que 
  • les personnes ayant plus d'expérience avec les enfants (celles en ayant déjà eu elles-mêmes) s'en sortent mieux, car elles savent déjà mieux s'adapter au niveau de communication de l'enfant en ayant recours au non-verbal pour compléter, là où les plus jeunes (étudiantes) sont encore énormément dans le verbal et se sentent donc plus facilement démunies quand elles ne peuvent pas s'appuyer dessus. 
  • Par ailleurs les premières savent aussi mieux imposer, tout en douceur, l'allemand malgré les réticences de départ de leurs jeunes interlocuteurs (s'emparer d'un livre et y aller franchement, enchaîner les mots à consonance marrante, avec grimace assortie, etc).
  • Enfin, last but not least, meilleur est le niveau d'entente entre l'adulte et l'enfant, mieux ça passe. Mais bon, là, j'enfonce des portes ouvertes.

En général, j'ai remarqué que, du coup, les "plus jeunes" avaient davantage besoin que je les encourage à employer l'allemand avec les enfants, et que je souligne qu'ils comprennent déjà une partie de ce qui leur est dit. Leur partager quelques astuces a aussi été utile pour qu'elles se sentent mieux armées pour gérer cet aspect : par exemple, de répéter les mots / bouts de phrases dits en français par l'enfant. Si l'un dit "oh, un arbre", répéter "jaaaa, da ist ein Baum !", ou réagir à un "je veux boire !" d'un "ach, du möchtest trinken ?" avant de servir le verre demandé.


En conclusion sur cet aspect : je suis ravie de m'être bougée pour "germaniser" l'environnement des enfants. Les résultats sont là et je continuerai sur ma lancée.
Je suis également bien contente de pouvoir compter sur différents relais en même temps : la garde extérieure, et l'accueil d'une personne germanophone dans notre chambre libre.
Ce dernier point fera l'objet de la 2ème partie du billet, car j'étais pleine d'interrogations à ce sujet, interrogations auxquelles nos premiers mois de tests ont apporté un certain nombre de réponses.

2 commentaires:

  1. Bravo ! Les efforts paient.
    Pour te rassurer pour petit F., sache que le niveau de fluidité du langage ne permet pas d'évaluer le niveau réel de l’enfant. Certains parlent peu et ont pour autant une compréhension très fine et étendue du langage, d’autres parlent beaucoup (grâce à leur mémoire) et comprennent peu. C’est, par exemple, l’enfant capable de compter jusqu’à 20, mais qui ne comprend ni 1, ni 2. Il y a aussi, bien sur, des enfants qui parlent beaucoup et comprennent beaucoup, et la réciproque.
    Lorsque notre fils a passé son test de QI en anglais, je m’attendais à ce que le QI verbal soit bas, car, comme petit F., il me semblait qu’il absorbait peu le langage. Et en fait pas du tout.
    Swanilda

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    1. Oui je ne suis pas mécontente d'avoir bougé mon auguste popotin pour nous trouver des babysitters correspondant à ce cahier des charges ;-)
      Merci pour cet angle de vue intéressant ! Bon, concernant F., je pense réellement que la compréhension n'est pas top, car il est vraiment fréquent qu'il soit un peu pommé pour suivre des injonctions formulées en allemand, alors qu'il les exécutera à l'instant dès qu'elles sont traduites en français. Notre coloc actuelle note elle meme que, souvent, si F. se montre agité avec elle il y a une partie de frustration à ne pouvoir comprendre ce qu'elle dit, et que, depuis qu'elle est mieux capable de switcher alors sur du français pour lui expliquer ce qui se passe, elle arrive bien mieux à le calmer

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