mardi 13 octobre 2020

Gros mots et résolution de problème

Aaaah, que la voix de nos chers enfants sait être douce à nos oreilles !
*paillettes et fleurs* 
Hélas hélas parfois, euh, ben non.

Parce que parfois, nous n'avons plus de chers enfants, mais des vils marmots, et leur voix n'a rien de doux, parce qu'elle nous sort des gros mots monstrueux, en boucle, en série, en parallèle, bref, tous les montages possibles.

J'avais évoqué ce point dans un premier chouette billet détaillant l'arsenal des outils à la disposition du parent positif et souhaitant tenter de le rester, même confronté aux GMGM (Grands Méchants Gros Mots). Des outils qui s'étaient révélés très efficaces chez nous, globalement.

Et puis, l'an dernier (oui, ce billet fait partie de ceux dont l'embryon dort en brouillon depuis un temps inavouable), mes charmants enfants à moi ont estimé que ce serait cool que maman
  • révise ses classiques
  • aille encore approfondir le sujet de manière à en faire bénéficier les foules

Pour cela, ils se sont donc spécialisés dans le GrosMotage pendant de longues semaines. 
Zizi Caca Prout et leurs valeureux confrères sont devenus notre pain quotidien, au point qu'à l'arrivée mes enfants parlaient globalement schtroumpf; mais en remplaçant schtroumpf par zizi ou zézette. 
Je vous laisse imaginer les dialogues.

J'ai tout fait, tout tenté, je me suis bien énervée aussi, et puis acculée, j'ai fini par jouer mon va-tout : la résolution de problème !
Un outil que je sor(tai)s rarement, car franchement, hein, je trouve que ça demande beaucoup beaucoup d'énergie.

Ben oui, mais comme dit dans le premier billet : aux grands / gros mots / maux, les grands remèdes.

J'ai donc pris mes mômes entre 4 yeux (enfin 6 ; voire 8 ? je ne visualise plus si Monsieur Bout était présent. Je ne crois pas, j'ai du avoir un sursaut de courage en semaine, alors qu'il était au boulot)

  1. Défini le problème et ses impacts : F. et E. disent beaucoup de gros mots. Ils trouvent ça drôle mais ça énerve beaucoup les adultes. Et parfois ça les énerve aussi l'un l'autre
  2. Proposé des solutions sans les évaluer, en les écrivant
  3. Repris toutes les solutions proposées une à une, soit pour les confirmer (tout le monde OK ?), soit pour les barrer (ça ne convient pas à quelqu'un ?), soit pour les retravailler pour qu'elles conviennent à toutes les personnes concernées
  4. Affiché le papier quelque part.


Ah oui ça a aidé !
Ca a doublement aidé, et donc ce billet contient un double outil pour régler ce genre de soucis.
Parce que, rappelons le, une résolution de problèmes a pour effets de 
  • mettre tout le monde du même côté pour résoudre ce problème, et donc responsabiliser chacun 
  • permettre aux sentiments de chacun de s'exprimer, et donc à la fois à chacun de se libérer un peu de ses sentiments, qui perdent de leur force une fois sortis du non-dit, et aux autres de prendre en compte le point de vue exprimé
mais aussi
  • décupler l'inventivité de chacun, par la puissance d'un brainstorming. 

Et en effet : c'est en pleine session que j'ai réalisé qu'un des points qui n'aidaient pas était la manière dont pouvaient être vécus les rappels à l'ordre. Même formulés de manière Faber et Mazlishienne, en décrivant le problème par exemple ("j'entends un gros mot !"), chez nous ces rappels à l'ordre étaient trop nombreux, trop lourds, ils plombaient l'ambiance, tendant aussi bien l'enfant qui les entend que l'adulte qui les formule (gnnnnniiiiiin).
Sous le coup de cette illumination subite, j'ai donc proposé le problème en live : 
"Ce n'est pas toujours facile de se rappeler d'éviter les gros mots, surtout quand on en a pris l'habitude, mais ça vous énerve et ça m'énerve quand je vous le rappelle... Comment puis-je vous le rappeler d'une manière qui soit moins énervante ?"

Et j'ai proposé quelque chose auquel je ne pensais pas l'instant d'avant : remplacer les mots par une onomatopée. Faire l'alarme : 5 BIIIP, BIIIIIP, BIIIIIP, BIIIIIP, BIIIIP. 
Bien stridents et couvrant la voix des enfants. Mais d'une manière joueuse, là où couvrir la voix des enfants par un beuglement pouvant aller jusqu'au


n'aurait évidemment pour effet que l'escalade.
Succès total !! 
  • Le petit côté décalé a bien aidé à alléger les tensions chez mes enfants, poussant moins à la résistance, et jouer les alarmes a aussi eu un effet salutaire sur moi, en mode défouloir.
  • Le fait d'avoir été convenu en résolution de problème en a fait un code commun et partagé.
Bilan : j'ai beaucoup fait l'alarme les tout premiers jours, et de moins en moins ensuite.


Ca a été un des premiers retours de la résolution de problème chez nous !
J'ai pu constater aussi que mes enfants ayant grandi, cet outil devient de plus en plus puissant et adapté à eux. Et je dois aussi avouer que l'inclusion d'E. aide énormément, car elle est au taquet sur ce genre de trucs, et du coup, entendre sa sœur rentrer dans le jeu des propositions stimule l'inventivité de son grand frère.

Cet épisode est venu me rappeler que la résolution de problèmes, c'est un peu le bazooka de la parentalité positive. 
  • Ca coûte cher, 
  • faut préparer son armement, 
  • ça ne se porte pas dans la poche ni ne se dégaine au débotté, 
  • mais alors, après... ça envoie du lourd. D'où ma très grande admiration pour tout parent se lançant dans cette aventure 
Je me souviens d'une maman du groupe FB des Moments de Parentalité Positive, venue raconter toute insécurisée la manière dont une de ses connaissances, soi-disant branchée parentalité positive, avait critiqué sa manière de conduire une telle résolution avec son fils de même pas 3 ans. 
NAN MAIS CA VA PAS NAN ???
Un parent qui se lance dans une résolution de problème avec son gosse, a fortiori son petit gosse, on ne le critique pas !!! 
On se prosterne
On se fout à plat ventre !
On lance des rameaux et son manteau sous ses pieds. 
La résolution de problème, c'est ZE voie d'avenir vers des lendemains de paix, et chaque personne s'aventurant sur ce chemin mérite d'être entourée d'une foule en délire.

D'autant que le plus beau dans tout ça, c'est que le bazooka, plus on le manie, plus on s'y habitue.
On y prend goût et...  (oh mais ça, ce sera pour un autre billet !)

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