jeudi 6 juillet 2017

Gérer la colère du Titan, euh, du Troizan (et assimilé)

Je crois que l'un des trucs les plus usants de la vie d'un parent d'enfant âgé d'environ trois ans, ce sont les colères. Ces colères ultra bruyantes, volontiers violentes, et interminables...
Des colères pendant lesquelles on a beau tenter de faber & mazlish-er, sortir de sa boîte à outils tout ce qu'elle contient, en l'essayant dans un sens, dans l'autre. 
Nope. 
Nada. 
Chou blanc. 
Effet zéro.

J'en discutais pas plus tard qu'un soir de la semaine dernière avec une bonne copine qui avait bien besoin d'un petit remontant téléphonique après une crise de ce genre, car il est clair que l'enfant n'est pas le seul à sortir totalement épuisé d'un tel épisode.
Au téléphone, nous avons passé en revue diverses possibilités d'action et leurs résultats, et notre discussion m'a permis de formuler un peu clairement les constats & conclusions suivants, que ladite copine a trouvé suffisamment éclairants pour m'inciter à en faire un article de blog.

Les constats
Dans des colères pareilles, très souvent, la plupart des outils à la Faber & Mazlish ne fonctionnent pas
  • donner des choix, par exemple, se révèle (en tous cas chez F., et chez le fils de ma copine), totalement inopérant dans ces situations. 
  • Et quand j'ai lu le conseil de dire à l'enfant de dessiner / gribouiller sa colère, j'ai trouvé cela brillantissime, j'ai cru avoir trouvé le Graal; j'ai limite eu hâte que la prochaine colère arrive histoire de pouvoir y avoir recours. Si ce n'est que ça n'a jamais, jamais, jamais fonctionné chez F., il n'a jamais voulu s'emparer du truc.(snif)
  • si on cherche à donner du contact physique, c'est très compliqué, et on en perd vite l'envie, car l'enfant se débat, et cherche à nous taper; même les sacrosaintes guilis dont nous avions découvert le pouvoir pendant nos ateliers échouent lamentablement.
  • reformuler précisément les sentiments : ne donne rien non plus
et quand je dis ne donne rien non plus : le truc affreux avec ces colères, c'est que quoi qu'on fasse, on se retrouve même plutôt fréquemment avec l'impression de verser de l'huile sur le feu. Quoi qu'on fasse, la situation dure, dure, avec des pics, des accalmies qui nous font espérer la lune, et paf, un nouveau pic.  
Ceci est source d'un terrible sentiment d'impuissance, ce qui, rappelons-le, est le pire qui puisse nous arriver à nous parent, car ce sentiment d'impuissance constitue la cause la plus fréquente de pétages de plomb parentaux. A cela s'ajoute fréquemment le sentiment d'incompétence renvoyé par le regard des autres, puisque bien évidemment un certain nombre de ces épisodes fâcheux ont lieu en public.

C'est un peu par hasard que j'ai fini par arriver à la manière dont je gère maintenant ces épisodes (une fois que j'ai testé différents outils Faber & Mazlish et que leur totale inefficacité ainsi que la manière dont la situation se prolonge voire empire m'a permis de confirmer le classement de la situation dans la catégorie "GCMQT" - Grosse Colère de la Mort Qui Tue)


Réflexion n°1
Peu importe le motif "officiel' de la colère, il n'est probablement pas la cause de la colère.
Dans la situation de ma copine, la colère s'était déclenchée autour d'un refus d'ôter ses chaussures au retour d'une sortie.
Dorénavant, si l'utilisation de quelques outils F&M (ici, "je vois des chaussures par terre" "ooooh, je suis une chaussure fatiguée, je veux aller me reposer dans le placard à chaussures" "les chaussures vont dans le placard"...etc) ne mène à rien, je coche la première case : le problème n'est PAS les chaussures, les chaussures sont 
  • soit un prétexte à décharger (la contrariété est ailleurs),
  • soit tout au plus un déclencheur (une petite contrariété qui a joué le rôle de goutte d'eau faisant déborder un vase rempli par tout autre chose) 
et tout effort visant à régler le problème des chaussures est vain.

Conséquence: je ne perds plus une once d'énergie à m'occuper du problème des chaussures. Si je tiens à la limite, je la maintiens, si je n'y tiens pas, je lâche, mais quelle que soit l'option retenue je ne centre pas mes efforts sur la résolution du problème concret. D'ailleurs très souvent à ce stade, si on lâche sur les chaussures parce qu'à la réflexion on se dit que ce n'est pas si grave, la colère continue quand même, ce qui vient confirmer que ni le problème, ni la solution ne sont là. 
Je suis donc économe de mes efforts : je n'ai rien à faire à un endroit où la solution n'est pas.


Réflexion n°2
Nos ateliers Faber & Mazlish et des lectures Fillliozatesques m'ont permis de mieux comprendre le mécanisme de décharge émotionnelle, et de vraiment percevoir à quel point un cerveau de 3-4 ans est encore immature.
Grâce à cela, je ne vois plus la crise de colère comme un danger long terme (il va devenir colérique, il ne saura jamais accepter la frustration, il me teste et si je ne réagis pas impeccablement, je signe pour 20 ans de guerre thermonucléaire), mais comme l'expression dans l'instant d'un mal-être passager qui ne sait pas encore s'exprimer autrement.

Conséquence : ma mission devient juste d'aider mon enfant à traverser cette colère, pas de la stopper. C'est un mauvais moment à passer, mais c'est nécessaire, il n'y a pas d'autre solution, car l'immaturité du cerveau n'en permet pas encore d'autre. 
Mais ça viendra. Parce que ce fichu cerveau, il va mûrir! Forcément ! Y a que si je faisais vraiment le contraire de la ligne éducative que je me suis fixée (par exemple, si je le tabassais à longueur de journée) que je pourrais suffisamment nuire au développement de son cerveau pour empêcher vraiment cette maturation. En l'état, je peux avoir confiance, et je cherche à me recentrer sur cette certitude, que cette maturation se fera plus ou moins vite, plus ou moins bien, mais qu'elle se fera
Une fois acquis que je n'ai pas à m'en faire sur le long terme, je peux me focaliser sur le court-terme : je cherche à aider mon enfant à traverser, et je cherche à m'aider, moi aussi, à traverser ce moment, parce que cette situation n'est agréable pour personne, et qu'il s'agit de prendre soin des DEUX protagonistes. 
Une priorité, donc: que chacun de nous survive avec le moins de dommages émotionnels possible.


Réflexion n°3
Puisqu'il s'agit de gérer un besoin de décharge émotionnelle et non un problème concret du style les chaussures, je regarde parmi les outils de décharge émotionnelle. Y figure en bonne place le contact physique.
Oui mais, mon enfant n'en veut pas, il se débat quand je le prends dans les bras ? Et en plus il me tape.
Me rappeler que taper est souvent une manière, pour l'enfant, de venir chercher le contact physique dont il a besoin, m'a aidée à prendre du recul. Je considère que si, en fait, une des meilleures manières d'accompagner mon enfant dans sa colère (pas de la stopper, hein, cf point précédent, mais de lui fournir les conditions dans lesquelles il pourra le plus efficacement décharger), c'est ce contact physique, source d'ocytocine.

Conséquence: je n'hésite pas à contraindre F. à rester dans mes bras, en le saucissonnant. Je n'en espère pas une efficacité immédiate, mais je pars du principe que c'est une manière de l'accompagner, point.
Je le saucissonne, parce que je n'ai pas envie de me faire taper.
Si j'en ai marre, je m'autorise aussi à prendre soin de moi en disant que j'ai besoin de m'isoler, moi, quelques instants.
Mais globalement je m'efforce de ne pas trop le faire. Non pas par égard pour mon fils (j'avoue avoir du mal avec certains discours que je vis comme très culpabilisants sur à quel point c'est terrible de laisser son enfant seul si il est en proie à une émotion destructrice. J'en ai déjà parlé, mais parfois, m'isoler, c'est juste un réflexe de survie. Cela peut être nécessaire pour stopper un phénomène de contagion émotionnelle qui peut finir par me rendre aussi violente que F.. Dans ces cas-là, il s'agit déjà d'éviter de " faire le deuxième noyé") mais par égard pour moi.

En effet, entre 
  • la situation où je saucissonne mon fils, et suis toute entière occupée à gérer physiquement sa colère, donc préparée aux éventuelles "attaques" de sa part, 
  • et celle où je me suis isolée, suis en train d'essayer de me calmer, et paf, je me prends une de ces attaques, 
j'ai observé qu'une réaction incontrôlée de ma part était bien plus susceptible de se produire dans la situation n°2: l'effet "surprise" joue à plein, et me prive d'une partie de mes ressources alors que celles-ci sont déjà naturellement mobilisées dans la situation n°1.


Réflexion n°4
Si le motif essentiel de la colère n'est pas ou peu en lien avec l'émotion véritable qui est à la racine de la colère, alors en tant que parent ayant lu Faber & Mazlish, on va s'efforcer d'accueillir les sentiments de l'enfant en mettant des mots dessus, pour l'aider à développer son vocabulaire émotionnel, et contribuer ainsi au développement de sa capacité à exprimer autrement son mal-être.
On va dire 
"ça t'a mis en colère que..." 
"tu étais déçu que...." 
"il m'a semblé que tel machin t'avait fait peur...". 
Nommer l'émotion, bon sang, ZE solution.

Et très souvent c'est le cas / ça aide.
Mais, en ce qui me concerne, et c'était aussi le cas de ma copine ce soir là, très souvent aussi, ça n'aide pas du tout.

C'est le hasard qui m'a permis de mettre le doigt, à la fois sur la raison pour laquelle parfois, nos efforts pour nommer précisément l'émotion de l'enfant peuvent se révéler contre-productifs, ne l'aident pas, et sur l'attitude que j'adopte dorénavant dans ces cas-là.

J'ai évoqué le premier épisode au cours duquel j'ai "inventé" cette attitude lors d'une de mes Semaines de Parentalité Positive (hasard, peut-être la pire de la série), le mardi.
Et depuis, à de nombreuses reprises, je me suis retrouvée dans une situation où chercher à nommer précisément le sentiment, n'aidait pas, mais où me contenter d'un "c'est dur, c'est vraiment dur" à intervalles réguliers, aidait.

Hypothèse d'explication : je suppose que quand le cerveau immature de l'enfant est en pleine surchauffe, sa capacité à gérer les mots, les finesses des mots, tout cela, est fortement diminuée voire quasiment absente. C'est pour cela qu'un choix (cf réflexion n°1) ne va alors qu’aggraver le problème car lui demander un effort cérébral dont il est à ce moment précis totalement incapable.
Je pars du principe que, de la même manière, la réflexion précise sur ce qu'il ressent peut aussi représenter  une sollicitation trop forte et qu'il ne sait pas gérer : comparer ce qu'on lui reflète (colère, déception) avec ce qu'il ressent (un magma informe) lui demande un effort de tri, de discernement, totalement hors de sa portée à ce moment précis. Et aggrave le mal-être puisque vient s'y rajouter un stress supplémentaire.

Conséquence: en début de colère, je cherche à nommer l'émotion. Mais si la colère persiste, je me borne à une phrase générique "c'est dur", qui en fait reflète bien mieux ce que l'enfant, à ce moment, perçoit de son propre état émotionnel : pour lui, en ce moment, foin de précision, c'est juste "dur", un point c'est tout. Et du coup, cette expression générique est bien mieux à même de lui donner l'impression d'être compris. Plus tard, à froid, on pourra toujours revenir sur ce qui s'est passé et nommer plus précisément.



Voili voilou.
Il ne s'agit pas de faire disparaître les colères du Troizan, ni de les rendre hyyyper agréables, mais je constate que, pour ma part, depuis que j'ai rajouté cette corde à mon arc, je réussis à traverser ces moments de manière plus sereine, et partant, à être davantage en mesure d'aider mon fils à les traverser.

En espérant que cela pourra aider l'une ou l'autre d'entre vous  !
Si vous avez des pistes de réflexion complémentaires à partager, je suis toute ouïe, car tout de même, hein, c'est pô fôcile tous les jours!

24 commentaires:

  1. Bonjour, chouette article !
    Une autre phrase générique : courage, ça va passer...
    Je l'utilise essentiellement lorsque l'enfant s'est fait mal car le "ouh lala oui tu à l'air d'avoir très mal" renforçait les hurlements de mon fils.
    Pour les crises j'aurais peur qu'un "c'est dur" renforce sa difficulté à en sortir, et puis ça rassure le parent de se dire que ça va passer ;)
    Chez nous ça se calme un peu avant les 5 ans... Bon courage !

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    1. Ah tiens en effet c'est une chouette phrase aussi ça. Je vois ce que tu veux dire avec le fait de renforcer la difficulté de l'enfant, je suppose que cela dépend des cas / des enfants... comme tout mot... chez nous ça ne produit pas cet effet là heureusement. Il n'empêche que ta suggestion se mariera merveilleusement bien avec. Merci !

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  2. Bonjour,
    J'ai remarqué aussi que le fait de nommer l'émotion, parfois ne fonctionne pas du tout, voir redouble la violence de la crise ( en général il me hurle "TAIS TOI !", accompagné d'un bon coup de pied...). Du coup je ne savais pas du tout comment réagir. Et en effet, dire plutôt "c'est vraiment dur" (ce que j'avais lu dans l'un de tes articles"), apaise mieux dans certaines situations.
    Comme la personne du premier commentaire, je lui dis aussi que ça va passer quand il y a une douleur physique qui le panique, sans minimiser sa douleur.
    J'ai aussi tendance à avoir envie de dire ça à la petite soeur de 2 ans quand elle fait une crise qui n'en finit pas et où elle est vraiment mal,et où peut-être elle ne comprend pas bien ce qui lui arrive, je lui dis "c'est normal, ça arrive, ça va passer". plutôt sur la phase descendante de la crise en fait, quand elle consent à venir dans mes bras.
    Mais c'est vrai qu'on se sent impuissant. Quand je ne trouve rien qui arrange les choses, je m'asseois juste à proximité en lui parlant doucement et en lui demandant régulièrement si elle veut un câlin.
    Mais le plus dur à gérer c'est vraiment quand ils donnent des coups et où je n'arrive pas toujours à me contrôler, surtout avec le grand de 5 ans et parfois ma main part "toute seule"... grosse culpabilité. Aller s'isoler est une solution oui.mais dans ce cas là j'ai bcp de mal à faire redescendre ma colère.

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    1. Je te rejoins sur toute la ligne... y compris parfois sur la main qui part toute seule :-(. C'est une des raisons qui font que j'en suis venue à privilégier la contention physique : ma main à moi part beaucoup moins vite dans cette configuration que dans celle où je me prends une attaque du Bébou par surprise.
      J'aime bien ton "c'est normal": refléter à l'enfant que ses émotions ne sont pas catastrophiques, ne le mettent pas à l'écart du genre humain, n'annoncent pas la fin du monde.

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  3. Bonjour,
    La petite vidéo de Filliozat dans cette article permet de mieux comprendre le phénomène de décharge émotionnelle et donne quelques pistes.
    http://apprendreaeduquer.fr/reagir-face-aux-decharges-de-stress-des-enfants/
    Courage à tous les parents, ça va passer !

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    1. Merci ! J'irai regarder. (je réalise que je suis moins "vidéo", et que ça me coupe de ressources utiles!)

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  4. Ici aussi on est adepte du c'est dur ! (D'ailleurs c'est dur pour tout le monde !)

    Ma solution qui a plutôt bien marché avec ma grande (qui en sort, le petit y arrivant seulement) c'était la tétée: oui j'allaite longtemps (je le dis sans gêne mais sans ostentation non plus) et sincèrement cela nous a vraiment beaucoup aidé. Je crois qu'à ce moment là la tétée lui permettait de redevenir un bébé. C'est un mélange de contention physique, de câlin, de douceur comme si celà faisait rejaillir dans la mémoire de l'enfant le doux souvenir du bien être du nourrisson (l'ocytocine peut-être ?) Ce côté primitif l'aide beaucoup à se calmer. Mais celà prend aussi du temps, 2 min de tétée n'y suffisent pas.
    Et pour celles qui pourraient s'inquiéter, l'enfant n'associe pas ces tétées à de la nourriture (d'ailleurs lors de ces grosses colères un enfant à qui on proposerait un bonbon nous enverrait promener illico !)
    Servane

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    1. Ah oui ! c'est vrai que comme je n'utilise l'allaitement qu'à des fins nourricières, je n'ai jamais pu avoir recours à cette solution qui doit être bien pratique parfois pour apaiser...

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  5. Je me retrouve dans cet article.

    Pour les phrases, j'utilise l'ancestrale "maman est là", ou le non moins ancestral "pleure, ça fait du bien".

    Ça m'avait beaucoup soulagée de savoir que les colères des enfants sont non seulement normales, mais aussi nécessaires. Elles prouvent que l'enfant se développe bien. J'avais lu un psychologue pour enfant (je ne me souviens plus lequel) qui disait que plus l'enfant fait de colères lors de cette phase d'opposition des 2-3 ans, meilleur est son développement. Comme pour un ado. L'ado qui ne fait pas de crise d'adolescence a une identité plus fragile que celui qui en fait voir de toutes les couleurs à ses parents.
    Aussi, il disait qu'une famille où les jeunes enfants crient, pleurent, font des colères, est une famille fonctionnelle. La famille disfonctionnelle est la famille silencieuse où les enfants ne s'opposent pas.
    Ça permet de relativiser. Enfin moi ça m'aide, quand mon 3 ans ou ma 2 ans sont à fond en opposition et dans les colères, de me souvenir que c'est parce qu'ils se développent bien et que c'est le contraire qui serait un problème.


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    1. Ah merci de cette remarque, c'est bon pour le moral en effet ;-)
      surtout quand la société nous renvoie le contraire : qu'un enfant qui fait des colère laisse présager une catastrophe plus tard. (zut que tu ne te souviennes plus du psychologue qui avait écrit ça. Si ton trou de mémoire se rebouche, n'hésite pas revenir l'écrire ;-) )

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  6. Coucou :)
    Je te propose une piste supplémentaire de réflexion.
    Depuis très longtemps déjà, je prends soin d'enfants, les miens, mais pas seulement. Cet accompagnement a pris bien des formes et j'ai rencontré bien des colères. Fréquemment, être là, prendre dans les bras permet de "se reconnecter". Mais certains enfants le supportent mal et si d'autres en ont besoin, ils ont parfois besoin d'un moment d'espace.
    Mettre des mots sur la colère, c'est parfois efficace, parfois non, parce que parfois on ne sait pas pourquoi la colère est là.
    Et puis, il y a tous ces moments où la colère est tellement forte qu'elle a vraiment besoin d'être exprimée. La colère n'est pas malsaine, mais ça tu l'as compris apparemment ;), c'est son expression qui peut être problématique. Frapper les autres par exemple, ce n'est pas une option.
    Actuellement, j'accompagne un petit garçon qui a beaucoup de colère en lui. Il ne peut pas l'arrêter, il a besoin de l'exprimer avec son corps. Alors, je lui propose de taper du pied, de crier, mais de ne plus frapper ni jeter ses lunettes. Doucement, ça commence à fonctionner... Quand à l'expression de la colère, il a encore trop à dire...
    Bonne journée !

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    1. Merci lise Isa de la manière dont tu sais toujours faire progresser ma réflexion.
      Oui, je dois encore développer les alternatives à proposer à F.quand il est en colère, et intensifier mon accompagnement pour l'orienter vers ces alternatives. Je zyeute du côté de la Roue des Choix de Jane Nelsen mais il me manque encore le coup de pied aux fesses pour m'y mettre concrètement. Ce billet peut-être ? J'avoue manquer d'énergie, en cette période de bouleversements, pour introduire (et surtout : maintenir ! Car comme l'exemple du petit garçon dont tu t'occupes le montre bien, c'est dans la durée que le résultat de fait sentir) encore de nouvelles choses ...

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  7. quant à ... penser "quant à" et écrire "quand à", ah là là !

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  8. coucou !

    ça risque fort de m'aider aussi. Le contact physique n'aide pas forcément mon petit Jo mais je le tente quand même régulièrement, comme ça il sait que les bras de ses parents peuvent être un refuge même dans ces moments là. Mais nos bras ne sont pas toujours disponibles, et nous non plus pour accueillir cette colère. Le plus dur à supporter pour moi ce sont les cris, les hurlements qui me vrillent les tympans. Alors on a recours à l'isolement dans sa chambre. Je sais que c'est décrié comme méthode mais au moins il peut crier tout ce qu'il veut, il peut mettre autant de bazar qu'il veut (c'est son espace à lui), il peut déchirer ou jeter (ce sont ses affaires) et quand il a mis tout sans dessus-dessous il se calme de lui même, là soit il joue tranquillement soit il nous appelle et on peut l'aider à réparer les dégâts de sa colère en commençant et terminant par un gros câlin et on essaie de mettre des mots sur ce qui a pu le mettre dans cet état. Il ne semble pas le vivre comme une punition. Il n'est jamais enfermé dans sa chambre, on l'invite juste à s'y rendre quand on a tout essayé sans succès. Il y monte alors tout seul tout en disant qu'il ne veut pas... C'est pour l'instant ce qui permet à toute la famille de mieux vivre ces épisodes récurrents.
    Si on arrive à s'y prendre assez tôt, au début de l'expression de la colère, on l'accompagne également en allant tous dehors crier et taper du pied. ça marche assez bien.
    J'utilise assez aussi le "c'est dur !" (qui exprime tout autant ce que je vis moi...) et je vais essayer le "courage, ça va passer".

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    1. Hello madame ! Contente de te lire ;-) (eh ho t'as vu comme j'ai ralenti mon rythme de publication ?! - EXPRÈS pour que tu puisses suivre plus facilement :D)
      Sur le fait que J aille dans sa chambre en période de colère : hum, je ne vois pas ca du même œil critique que toi, comme tu l'écris ça peut être un besoin de l'enfant et du coup ça s'aaparente plutôt au coin de retour au calme préconisé par Jane Nelsen : un endroit reconfortantboû l'enfantbpeut aller se réfugier au besoin, et que le parent l'incite à utiliser quand il pense que ça pourrait l'aider.
      F aussi, parfois, part en courant (et hurlant) dans sa chambre et s'oppose à ce qu'on vienne (trop vite) l'y rejoindre.

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  9. Bonjour !
    Je ne rebondis pas sur l"article de suite, il faut que je lise bien tout et que je digère.
    Là, à chaud tout de suite, je déplore les posts "une semaine en parentalité positive" et sa hotline. J'ai besoin de débriéfer la scène qui vient de se passer. Le repas tarde un peu à réchauffer, je donne donc un petit gressin à mes enfants pour patienter. Mon fils mange vite le sien, je m'éloigne 30 secondes et j'entends ma puce pleurer. Son frère lui a pris son gressin et se l'ai fourré dans la bouche. J'explique d'une voix fachée que ça ne se fait pas et que ce n'est pas gentil, qu'il aurait pu demander ou aller se servir.
    Je redonne donc un gressin à ma puce. Mon fils en veut aussi. Je refuse en lui disant que j'en ai donné un à sa soeur qui n'a pas pu manger le sien. Je mets la boite hors d'atteinte. Fiston s'énerve, il tape, il dit qu'il a faim. Je lui signale que le reps est enfin chaud et qu'on passe à table. Il continue à tempêter, j'apporte le plat à table et sur le chemin, mon fils me mord la hanche.
    Je le maintiens dans mes bras, la crise passe.

    On passe à table. Il dt qu'il a compris mais je ne sais pas si j'ai bien réagi, est-ce qu'il a compris que prendre la nourriture de la bouche de sa soeur n'est pas toléré ? Je ne sais si j'agis bien, vu qu'on en arrive toujours aux coups et au morsures en moins de 30 secondes.

    J'avoue que je suis fatiguée de ce comportement, on a à peine le temps de réagir convenablement...

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    1. Hello!

      Décidément il faut que je trouve un moyen de réintroduire la hotline, vous êtes nombreuses à compter dessus et c'est chouette. Ton commentaire m'a fait réfléchir à ce sujet et je vais voir pour publier un machin bientôt, zut!
      Concernant ton épisode du jour...
      Une question pour commencer : qu'est-ce qui te fait douter d'avoir bien agi? La réaction de ton fils, coups et morsure ?
      Car la réaction de ton fils, c'est en quelque sorte son problème. Il peut ne pas avoir apprécié (sur le coup, court terme) ta manière d'agir même si celle-ci a représenté la bonne chose à faire à des fins éducatives (long terme)
      Ta réaction l'a frustré, il a exprimé sa frustration, d'une manière pas top certes, mais il ne s'agit pas d'attendre que les enfants sachent réagir de manière appropriée à la frustration pour les y confronter, n'est-ce pas ? Mais bien l'inverse, ce qui nous ramène au sujet du billet.

      Une fois cela dit, ta manière d'agir était elle 100% optimale au niveau éducatif ? Bon on s'en fout du 100% même si y a toujours des nains pour l'exiger de notre part (ils agissent aussi là les affreux!).
      Moi en tous cas je ne lis rien qui me choque dans ce que tu décris de la situation, tu as compensé la perte sublime par ta fille et tenté de canaliser au mieux le ressentiment de ton fils tout en exprimant ton désaccord.
      Sur ce qu'il a pu en comprendre : des phrases telles que "chacun a le droit de manger sa nourriture tranquillement " "le gressin de X c'est pour X, celui de Y pour Y, si l'un à envie de le donner il peut mais on ne prend pas " ou encore une chtite question de curiosité à la "à ton avis comment elle s'est senti Y quand elle a vu qu'elle n'avait plus son gressin ?" Ou encore "à ton avis pourquoi j'ai donné un gressin à Y et 1 à toi?"
      Qu'en penses tu?
      Mais encore une fois mes suggestions visent à maximiser l'enseignement dispensé à cette occasion, mais c'est juste du plus...
      dur dur de ne pas prendre personnellement une réaction qui n'est dur qu'à l'immaturité de ton fils et non à ton comportement à toi...;-)

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  10. Bonsoir,
    Je découvre votre blog (via celui de Lise Isa) et je vous remercie vivement car vous avez eu une "phrase magique", du genre qui fait se dire "mais oui, évidemment, pourquoi ne l'avais-je pas compris plus tôt ??" en expliquant qu'il ne faut pas chercher à stopper la colère mais accompagner l'enfant à la traverser. C'est tout bête mais je crois bien que ça va changer complètement ma manière d'appréhender les colères de ma fille qui, bien qu'ayant passé le cap des 3 ans depuis longtemps, connaît toujours de rares mais violentes colères qui me laissent bien démunie. Merci !!

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    1. Bonjour Eloah, bienvenue ici, et merci de ce retour qui me réjouit particulièrement : je vois tout à fait ce que vous voulez dire avec cette "phrase magique", moi-même je suis éperdument reconnaissante pour celles qui ont pavé mon propre chemin, à commencer par celle dont je parle ici : https://petitbout-petitbout.blogspot.com/2016/09/comment-jai-dissocie-allaitement-la.html
      Je vous souhaite un beau cheminement et d'autres phrases au bon moment ;-)

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  11. je dis BRAVO
    j'ai connu ça
    merci pour cet article !!

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  12. C'est fou parce que plus je lis d'articles sur la gestion des colères et sentiments des enfants, plus ça me fait réaliser que j'ai beau être adulte, je suis exactement pareil^^ (il faut avouer que je gère particulièrement mal mes émotions^^). C'est plus facile d'être patient quand on comprend vraiment ce qu'ils peuvent ressentir.

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    1. ouiiiiii sur toute la ligne : moi aussi j'ai l'impression de devoir l'éducation émotionnelle de deux êtres à la fois (=mon enfant, moi). Et le plus "en retard" n'est pas toujours celui qu'on croit...
      Et oui, la compréhension de ce qui se passe dans l'enfant aide pas mal à canaliser nos propres émotions. Car sinon, face à l'incompréhensible, c'est l'angoisse et l'impuissance, et ça se mue vite en colère, ça...

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  13. Une des choses qui marche ici avec la colère de notre deuzans et demi, c'est de parler de "quand tu étais petite" : "quand tu étais petite, tu pleurais parfois comme ça, très fort, très longtemps... alors je te chantais cette chanson, tu te rappelles ... ?". Variante : "quand j'étais petite, je faisais pareil, alors Granny me disait..." ou "quand tonton était petit, une fois, il a fait ça et...". Ca ne marche pas à tous les coups, mais ça permet parfois de l'apaiser... Je me souviens qu'avant d'avoir été un enfant plein de volontés, de frustrations et de cris, ça n'était qu'un tout petit bébé plein de besoins et de vulnérabilité... Et l'enfant devient plus attentif car la voix se calme et se détourne du "ici et maintenant" et de la situation de crise

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