1ère partie ici
2ème partie là
7. La méconnaissance de soi
Si le bon choix doit prendre en compte nos vrais besoins, si donc faire le bon choix est une démarche de vérité, c'est se connaître, soi, en vérité, qui devient notre premier objectif.
Et cette vérité ne se trouve pas à l'extérieur,
- dans notre milieu (dont les injonctions nous poussent à nier notre propre besoin, puisque "c'est comme ça qu'il faut faire, point"),
- dans le regard des autres, même et surtout leur approbation est un piège! je me souviens, du temps où je cherchais la première nounou de F., avoir été très mal à l'aise que l'une des postulantes ose me dire qu'elle pensait que j'étais une bonne maman. Qu'elle se pose en juge...,
- dans le choix des autres.
- Cette vérité n'est pas universelle,
- elle n'est pas permanente,
parce que cette vérité est en nous. Et que nous sommes unique, et en changement permanent.
Il est donc capital de prendre le temps de réfléchir à ce qui nous importe, et de ne pas se laisser brouiller la vue par les projections des autres ou les rêves que nous entretenons.
Oui,
nous avons peut-être toujours eu cette image rêvée de la Super Woman à
la tête d'une multinationale, mais est-ce vraiment ce qui nous épanouit,
dans les faits? Vivre dans l'avion et bouffer tous les soirs à l'hôtel,
ça a un petit côté glamour mais, je parle d'expérience, une fois la
nouveauté passée ça ne nourrit pas forcément beaucoup.
On
peut avoir passé son enfance à s'identifier à Maman Ingalls dans la
Petite Maison dans la Prairie, pour devoir réaliser à l'âge adulte que
s'occuper de ses enfants et de ses poules dans une maison à la campagne
n'est pas, pour nous, source d'une grande joie de vivre. Et si nos enfants ne nous observent pas heureux, de qui apprendront-ils à l'être?
La question de l'équilibre pro constitue donc, à mes yeux, un enjeu fondamental d'orientation.
Je pars du principe qu'il s'agit d'un choix pro, au moins aussi légitime qu'un autre, et que de la même manière qu'un fils de médecin doit s'interroger sur ce qui le pousse à faire (ou ne surtout pas faire) médecine, nous avons le devoir de nous interroger sur ce que nous voulons vraiment, et pourquoi.
Je pars du principe qu'il s'agit d'un choix pro, au moins aussi légitime qu'un autre, et que de la même manière qu'un fils de médecin doit s'interroger sur ce qui le pousse à faire (ou ne surtout pas faire) médecine, nous avons le devoir de nous interroger sur ce que nous voulons vraiment, et pourquoi.
Car
au même titre qu'une orientation professionnelle "lambda" (et Dieu sait
si j'en rencontre, des "mésorientés" pro, dans le cadre de mon boulot),
la connaissance de nous nécessitée pour nos choix d'équilibre pro est menacée par les écueils suivants:
- les voies privilégiées: selon les familles, il sera impensable que mademoiselle envisage de travailler / ne pas travailler, ou vise des postes à responsabilités, ou restreigne au contraire ses ambitions.
- l'enfermement dans une catégorie
- "je suis une fille donc une fac de lettres sans avoir réfléchi aux débouchés possibles derrière, ce sera bien suffisant. Ca me cultivera et m'aidera pour soutenir mes enfants à l'école derrière. Si par le plus grand des hasards j'ai un jour besoin de travailler je pourrai toujours faire du secrétariat".
- "je suis manuelle donc je m'épanouirai merveilleusement entre cuisine et broderie"
- "je suis une battante donc je dois monter plus haut que tout le monde"
- "Je suis un mec donc pourquoi intègrerais-je la dimension "disponibilité" quand j'ai à choisir entre deux opportunités pro?"... Quant à demander un temps partiel ou prendre un congé parental, fi!
- la mise sur des rails automatique
- il y a le traditionnel "bon en classe donc filière S, bon en S donc prépa, prépa donc école d'ingénieurs": et voilà comment on sort ingénieur sans jamais s'être assuré de ce que faisait un ingénieur.... "mais bon à 25 ans je ne vais pas abandonner une situation stable pour recommencer à 0 non plus"
- qui, au niveau pro/perso, se retrouve dans le "j'ai rencontré mon mari jeune et il bossait déjà donc je me suis mariée sans attendre d'avoir terminé mes études, comme nous avions de quoi vivre nous nous étions dit qu'il n'y avait pas de raison d'attendre pour avoir notre premier enfant, dont la naissance est venue écourter mon stage de fin d'études, ensuite nous ne souhaitions pas forcément un gros écart d'âges donc je n'ai pas travaillé entre les deux, tant qu'à faire nous avons fait un numéro 3 puis ensuite j'ai réalisé que j'avais besoin de bosser à l'extérieur, mais avec mon diplôme qui n'avait jamais servi, je ne faisais plus rêver les recruteurs; et puis nous n'avons pas besoin de cela pour vivre et ce n'est pas le moment de reprendre une formation complémentaire"
- l'enfermement dans un projet qui ne nous correspond plus : aujourd'hui l'orientation choisie tout jeune est bien souvent revue en cours de carrière, et les reconversions pro se multiplient. Pourquoi se priver de cette liberté et ne pas en faire bénéficier la sphère perso? Alors oui, j'estime capital de discuter de l'équilibre vie pro et vie perso avant de s'engager avec son conjoint. Mais les points de vue partagés lors de ces discussions ne constituent pas un "contrat", on a le droit de changer d'avis...
- Personnellement, en épousant Monsieur Bout je m'imaginais volontiers bossant à fond jusqu'à la naissance de 3 enfants ("parce
que les premières années des enfants... bof, l'âge bébé ce n'est pas ce
qu'il y a de plus intéressant, je ne pense pas que j'aurai envie de
passer tant de temps que ça avec eux" oui oui oui, c'est bien moi que je cite!),
puis at home entièrement une fois les aînés scolarisés. Ce qui laissait
la voie libre à Monsieur pour s'investir comme il le souhaitait au
niveau pro. J'écris cela, et je
gloussesouris avec nostalgie... - Oui, mon évolution progressive (j'adore mes bébés!) a chamboulé nos plans initiaux, ce qui est un peu dérangeant pour les deux parties en présence, certes. Cependant l'admettre nous permet de construire des solutions qui conviennent à la Madame Bout de maintenant, pas à celle, disparue, d'il y a quelques années. Réfléchir à l'auto-entrepreneuriat, par exemple.... une hypothèse dont j'étais à 1000 lieues il y a encore 2 ou 3 ans!
- à titre personnel, je tique toujours un peu quand j'entends la phrase "depuis tout petit j'ai toujours voulu...." je perçois directement le risque du projet pas "réactualisé"! (c'est un risque, hein, pas un automatisme ;-) )
- la place donnée à l'argent dans le choix
- entre mépris total pour cette basse considération : "un salaire est largement suffisant, vivre à 6 dans 60 m² c'est pas bien gênant quand on s'aime",
- et mise au top des priorités : "vivre avec un seul salaire mais tu n'y penses pas, comment pourrait-on offrir aux enfants les stages d'équitation et les voyages nécessaires à leur bon développement?"
C'est là où me vient en aide mon obsession réflexe du benchmark, dont je vous parlais déjà au point 3 de ma première partie...
Dans ma vie pro, benchmarker est un des conseils que je donne à toute personne souhaitant prendre du recul sur elle-même et réfléchir à la direction qu'elle veut donner à sa vie professionnelle. Il s'agit d'aller activement rechercher et rencontrer d'autres
personnes dont les activités peuvent de près ou de très loin la
concerner, leur poser mille questions sur ce qu'elles vivent, comment
elles le vivent, pourquoi, ce qui les aide, ce qui les gêne.
Et
c'est un conseil que je trouve particulièrement pertinent pour les choix pro/perso.
Tu es femme au foyer ?
Oh, tu m'intéresses. Qu'est-ce qui te plaît, qu'est-ce que tu trouves plus dur à vivre, comment y trouves-tu ton carburant, quelles sont tes stratégies pour que malgré les aspects négatifs cela te convienne quand même?
Tu bosses à plein temps ?
Tu bosses à mi-temps?
Tu bosses en télétravail ?
Tu alternes périodes de congé parental et périodes à fond?
Tu as changé d'activité pour être plus dispo, oh mais tu fais quoi d'ailleurs?
Tu bosses from home?
Tu as monté ta boîte?
Mêmes questions....
(oui, je suis relou. Si vous me rencontrez lors d'un dîner, un seul conseil: FUYEZ. J'ai un passé dans la PJ - ou presque - les interrogatoires, ça me connaît)
Tu es femme au foyer ?
Oh, tu m'intéresses. Qu'est-ce qui te plaît, qu'est-ce que tu trouves plus dur à vivre, comment y trouves-tu ton carburant, quelles sont tes stratégies pour que malgré les aspects négatifs cela te convienne quand même?
Tu bosses à plein temps ?
Tu bosses à mi-temps?
Tu bosses en télétravail ?
Tu alternes périodes de congé parental et périodes à fond?
Tu as changé d'activité pour être plus dispo, oh mais tu fais quoi d'ailleurs?
Tu bosses from home?
Tu as monté ta boîte?
Mêmes questions....
(oui, je suis relou. Si vous me rencontrez lors d'un dîner, un seul conseil: FUYEZ. J'ai un passé dans la PJ - ou presque - les interrogatoires, ça me connaît)
Autant
de situations différentes qu'il s'agit de digérer, laisser fondre sous
la langue, presque, pour repérer ce qu'elles éveillent en nous, ce
qu'elles viennent nous révéler sur ce qui nous, nous anime.
suite et fin ici
Très intéressant ton article et très juste ta réflexion ! Dommage que je n'ai pas de temps là tout de suite car j'aurais beaucoup aimé écrire un billet écho avec le recul d'une "vieille de l'IEF", plus tard peut-être.
RépondreSupprimerMerci beaucoup de tes encouragements !
SupprimerAh si si si trouve le temps, j'aimerais énormément que cette réflexion puisse s'enrichir d'expériences comme la tienne ;)
Ah, ah j'aime beaucoup cet article, je m'y retrouve complètement dans tes questionnements et dans mes nombreuses nuits à cogiter ;-)
RépondreSupprimerMoi aussi, je pose mille questions aux personnes qui pourraient m'inspirer dans la recherche de l'équilibre de notre vie de famille!!!
haha ! en union de reloutitude alors ;-) Moi mes moments privilégiés pour ce genre de grandes questions sont plutôt les trajets en voiture;-)
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