mardi 30 août 2016

Le gourou de FABER & MAZLISH : lire Haim GINOTT & son "Entre Parent et Enfant"

J'ai pas chômé sur le mois de juin. Je me suis enfilé trois bouquins de Faber & Mazlish
  • "Parents épanouis, Enfants épanouis"
  • "Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent",
  • "Jalousies et rivalités entre frères et soeurs"

Disons-le tout de suite : j'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup aimé les trois.

Or c'est justement alors que je fouillais dans les rayons puériculture de notre bibliothèque, à la recherche du n°3, que mon oeil a accroché un nom qui m'était familier :
GINOTT...
Ginott,
Haïm Ginott...

Mais c'est pas le type dont F&M parlent tout le temps dans leurs bouquins, là,
        le gourou qui les accompagne des années durant,
                  ce mec extra qui a toujours
                                          la phrase qui fait mouche,
                                          la question qui les mène plus loin,
                                          le mot libérateur ?
Ben si.
Alors zou, ni une, ni deux,
j'ai fait main basse sur le bouquin, histoire d'aller m'abreuver aux mêmes sources que ces sacrées F&M.
Si tout ce que j'appréciais chez elles venait au départ de ce monsieur, ça ne pouvait pas nuire d'aller le lire directement, lui.

Et paf, 4ème pavé (mais il m'a occupée en juillet, celui-ci)


Bonne pioche ?
Bonne pioche.

Qu'ai-je trouvé dans "Entre Parent et Enfant",
de Haïm Ginott ?
(psychologue pour enfants, juif, rescapé des camps de la mort, mort prématurément en 1973; le livre a été réactualisé par sa veuve, elle aussi psychologue aux USA)

D'abord, histoire de ne pas perdre son temps à lire le bouquin: une excellente justification de ladite lecture ou de lectures analogues.

1. Des arguments percutants face au scepticisme qu'on peut rencontrer dans l'entourage face au fait de s'encombrer de "théories fumeuses" plutôt que d'y aller à l'instinct.

Qui n'a jamais entendu "à quoi bon lire tous ces bouquins, l'éducation des enfants c'est surtout du bon sens" ?
Si vous pas, alors j'ai eu votre part, c'est pour ça.
Sur ce point, je ne vais pas m'embêter à paraphraser ou résumer,  quelques citations issues des premières pages de l'ouvrage feront bien mieux l'affaire :
"On aimerait croire que seul un parent peu aimant réagit de façon à faire du tort à son enfant. Malheureusement, même les parents affectueux et bien intentionnés blâment, humilient, accusent, se moquent, menacent, manipulent, étiquettent, punissent, prêchent et moralisent.
[...]Souvent, l'aspect tragique de ce type de communication ne tient pas à un manque de bienveillance mais à un manque de compréhension; non à un manque d'intelligence mais à un manque de connaissances.
[...]Que ressentirions-nous si nous entendions un chirurgien dire [...] "Je n'ai pas reçu de véritable formation en chirurgie mais j'aime mes patients et je me sers simplement de mon bon sens" ?
[...]Tout comme les chirurgiens, les parents ont besoin de maîtriser des habiletés particulières afin d'acquérir la compétence nécessaire pour faire face aux demandes quotidiennes des enfants. Tout comme un chirurgien qui use de prudence quand il opère, les parents ont besoin de maîtriser l'usage des mots. Parce que les mots sont comme des couteaux. Ils peuvent infliger de nombreuses blessures fort douloureuses, sinon physiques, du moins émotionnelles."

Voilà. C'est simple, c'est net, c'est précis. Merci Haïm.


2. Un objectif d'éducation dans lequel je me retrouve : Eduquer l'enfant à la responsabilité.

Lire Haïm Ginott m'a permis de clarifier vraiment différentes choses dans ma petite tête, en soulignant qu'en matière d'éducation, il y a une distinction entre les petits objectifs et les grands.
Il pointe du doigt la différence fondamentale qu'il y a entre
  • ce qu'on appelle communément un enfant responsable (fait ses devoirs, son lit, poli, etc), d'une part,
  • et un adulte responsable d'autre part (capable d'exercer un jugement, de faire des choix et de s'y tenir en fonction de valeurs). 

Il alerte sur le fait que la manière dont on peut avoir "atteint" le premier objectif peut en fait nuire à l'atteinte du second : comment prendre de bonnes décisions soi-même quand on nous a toujours dit quoi faire ? Quand c'est par la critique qu'on a obtenu des "bons" comportements qu'aucune conviction ne soutient ?
"le sens des responsabilités chez les enfants naît de l'attitude et de l'habileté des parents. Leur attitude : afficher la volonté de leur permettre de ressentir tous leurs sentiments. Leur habileté: être capables de démontrer aux enfants des façons acceptables de composer avec les sentiments."

 Ginott incite ainsi à éduquer au choix, graduellement. J'aime bien sa manière de faire, assez posée.
  • Il distingue en effet les domaines qui relèvent de la reponsabilité de l'enfant et dans lesquels il doit avoir le choix, et ceux qui touchent à son bien-être et sont de la responsabilité des parents, ce qui n'exclut pas la possibilité de prendre en compte le voeu de l'enfant.
  • Il souligne par ailleurs l'importance de ne pas noyer l'enfant dans le choix. C'est un point auquel je squis sensible et qu'il aurait même pu développer davantage, à mon sens
    • Il mentionne bien l'importance de proposer, surtout à un jeune enfant, des choix fermés composés uniquement d'options acceptables aux yeux des parents ("oeufs au plat ou brouillés ?" et non "que veux-tu pour ton petit déj?").
    • J'aurais tendance à rajouter, personnellement, que donner le choix continuellement à l'enfant le fatigue et le désoriente, et que non seulement il faut bien encadrer le choix, mais aussi aussi en doser la quantité - ou le timing. Car j'ai constaté par moi-même combien la charge du choix peut être trop lourde à porter si elle est permanente, ou lorsque l'enfant est fatigué.
De la même manière, il indique comment encourager l'indépendance en ne répondant pas simplement "oui" à une demande de l'enfant, mais en faisant une réponse qui souligne le processus décisionnel, la confiance que nous lui faisons
  • "si tu veux",
  • "si c'est vraiment ce que tu préfères",
  • "ce que tu décideras me conviendra", ...
De la même manière, il peut être bon de ne pas répondre directement aux questions des enfants, mais de leur donner les moyens de satisfaire leur curiosité

J'ai d'autant mieux apprécié une telle clarification sur les objectifs, que celle-ci permet de mieux saisir et mettre en perspective les lignes directrices qu'il évoque dans son livre et que l'on retrouve dans les F&M.


3. La priorité accordée à l'accueil des émotions de l'enfant.

J'ai trouvé particulièrement claires (plus que chez F&M... mais cela peut aussi bien être du au surplus de détails que, plus simplement, au fait qu'avançant dans mes réflexions, je saisis mieux certains points / ça fait subitement tilt) ses explications sur l'importance de réagir aux émotions des enfants plutôt qu'à leurs comportements, car un comportement déplacé est généralement alimenté par une émotion. 
"si on veut améliorer le comportement, il faut d'abord s'occuper des sentiments"

Par ailleurs j'ai pu
  • réaliser que souvent un cerveau d'enfant n'est pas disponible aux conseils, critiques, ni en mesure de gérer une foule de questions demandant des détails, parce qu'en prise à l'émotion : cette prise de conscience qu'au fond je parlerais "dans le vide" m'aide en situation potentiellement conflictuelle
  • m'outiller pour gérer le point particulier de l'ambivalence, en prenant conscience qu'on est d'autant plus perdu qu'on ne sait pas quoi ressentir.
    • Je sais donc comment épargner anxiété et culpabilité en disant "tu as deux sentiments vis à vis de ton frère / tes envies de dessert" (savoir théorique, hein, la pratique... reste à pratiquer!).
    • Et je sais que poser la question du "pourquoi tu te sens ça" (ou y répondre / opérer un diagnostic) ne sert au fond à rien, car j'ai compris que la confusion intérieure ne vient pas tant du fait de ne pas savoir pourquoi on ressent quelque chose, que de ne pas pouvoir savoir et exprimer ce qu'on ressent précisément.

Ce rôle primordial de "miroir émotionnel" que Ginott attribue au parent m'a frappée, rôle dont découlent notamment les conseils suivants
  • éviter les escalades : face aux plaintes, réclamations des enfants, aux parents d'accueillir les sentiments ce qui n'empêche pas de rester ferme sur les faits. Plutôt que de réagir au quart de tour... après tout, c'est vrai, des deux, qui est l'adulte mature, le mieux à même de prendre un peu de recul, hum ?
  • sur le retour de l'école, éviter les questions "ça c'est passé comment", privilégier les affirmations "tu as l'air d'avoir eu une journée difficile / d'être content d'être de retour à la maison"
  • même politique sur les couchers et les sorties parentales le soir "tu aimerais que je reste avec toi / que nous restions à la maison, mais c'est au tour de papa et maman de passer du temps ensemble"

4. L'importance d'une discipline soucieuse du bien-être émotionnel de l'enfant

C'est évidemment un point central, et on y retrouve les principaux thèmes abordés ensuite par F&M.

Position claire et sans équivoque sur les méthodes de discipline traditionnelles:
  • La punition en général
"la mauvaise conduite et la punition ne sont pas des choses opposées qui s'annulent l'une l'autre. Au contraire, elles s'engendrent et se renforcent mutuellement"

Celle-ci met en colère l'enfant, engendre rage et rancœur, l'empêche d'écouter et se concentrer. Elle ne représente pas une incitation durable à s'améliorer, mais crée un désir de vengeance.
Au contraire, la discipline doit veiller à éviter la rage, et augmenter confiance en soi & respect de soi et des autres.

Je trouve les explications développées d'autant plus intéressantes que vouloir ne pas punir, c'est bien joli, mais parfois on en arrive à se dire que "n'importe quoi, pourvu que ça marche!". Avoir en tête que, non, ça ne marche pas (ou alors uniquement en surface), représente une aide très bienvenue, doublé d'un encouragement à trouver un autre mode d'action et d'interaction.
  • Il règle leur compte aux stratégies de menaces, expliquant que de telles phrases constituent un défi lancé à l'enfant et une des plus belles incitations à enfreindre la limite qu'elles sont sensées défendre.
  • Concernant la gestion du mensonge, je ne suis pas encore confrontée au problème moi-même, mais la petite fille en moi a trouvé pleine de sens la manière dont Ginott dissuade de poser des questions-pièges. Même politique sur le vol : on ne demande pas "qui a pris le bonbon ?" / "Est-ce toi qui ...?" quand on sait la réponse.
  • les coups : là aussi, position très claire, on retrouve les arguments clés
    • apprennent à l'enfant à résoudre ses conflits par la force
    • représentent une entrave au développement de la consience car l'enfant soulage facilement sa culpabilité
"les enfants adoptent une approche comptable quand il s'agit de mauvaise conduite. Cela leur permet de contracter des dettes en se conduisant mal, puis de rembourser par des fessées hebdomadaires ou mensuelles."
Par ailleurs, j'aime beaucoup la manière dont il sait à la fois être très clair sur l'objectif, et plein d'humanité sur le chemin qui y mène, pas toujours en ligne droite.
C'est ainsi qu'il compare le souhait de ne jamais frapper son enfant avec un permis de conduire : il va être difficile, sur de longues années de conducteur, d'éviter toute sortie de route, mais ce n'est pas parce que nous pensons que peut-être à un moment cela nous arrivera qu'il ne s'agit pas de tout mettre en oeuvre pour l'éviter.

Chouette distinction entre permissivité et ultrapermissivité

Permissivité: accepter que les enfants se conduisent comme des enfants (vêtements ne restant pas propres, envie de grimper sur tout arbre ou de courir plutôt que de marcher); avec liberté de désir absolue; accepter tous les sentiments, mais les orienter vers des moyens acceptables d'expression, des exutoires symboliques au besoin.
L'ultrapermissivité, c'est permettre les comportements indésirables.
"on pose des limites aux actes. On ne restreint ni les désirs ni les sentiments"
L'autorité n'est donc pas bannie, au contraire, elle occupe une place essentielle : elle vise à limiter et réorienter les actes indésirables,

Ceci implique d'accepter que l'enfant en éprouve de la contrariété (et non de l'en punir en mode "puisque tu protestes, paf"). C'est un point que j'ai trouvé très intéressant, sous deux angles
  • Ginott incite même à aider l'enfant à exprimer cette contrariété : "il est évident que tu n'aimes pas cette règle"; " tu souhaiterais que cette règle n'existe pas"
  • Il souligne donc qu'un parent doit être prêt à contrarier son enfant, et que dans ce cadre, il doit certes veiller à la qualité des relations avec ses enfants, mais distinguer cette qualité globale du besoin d'être aimé par l'enfant à tout moment de la journée: ce dernier point constitue un danger car il permettrait un chantage affectif qui empêcherait de tenir le cadre nécessaire.

Des conseils concrets sur comment fixer et tenir une limite
  • dire ce qui est inacceptable, et indiquer un substitut acceptable
  • dans un langage ne défiant pas l'estime de lui d'un enfant
    • "tu es trop jeune pour rester éveillé": non,
    • "c'est l'heure d'aller te coucher", yes!
  • rappeler la fonction de l'objet : "les cubes sont faits pour jouer, pas pour être lancés"
  • de manière absolue si possible, un  "tu peux éclabousser un peu" place l'enfant devant une nuance difficile à appréhender... à part par une série de tests à nous rendre fous !
  • si infraction, le rappel doit être fait de manière précise et brève : ne pas se lancer dans de longues justifications d'autant que l'enfant n'est pas réceptif
  • Culpabilité : ne pas en abuser, il est sain qu'ils en ressentent, mais il est important de ne pas en rajouter : notamment, si on formule des reproches, décrire les problèmes en quelques mots, éviter les harangues.


5. L'approfondissement de la conception claire et équilibrée de la place du parent, qui m'avait déjà bien plu chez F&M

J'ai beaucoup, beaucoup aimé l'accent mis sur ce qu'il appelle la "communication authentique" : cela parle beaucoup à mon cœur de maman, qui s'efforce d'être patiente.
"on aimerait croire que la patience est une vertu. Mais est-ce vrai ? Non, s'il faut faire semblant d'être calme quand on se sent énervé; non, si l'on agit différemment de ce qu'on ressent; non, si notre conduite cache nos sentiments véritables au lieu de les refléter.
Comme nous avons été éduqués de façon à ne pas montrer nos émotions véritables, nous sommes très fiers de rester impassibles au milieu du pire tumulte. Certains appellent cela de la patience.
Mais ce que les enfants ont besoin d'entendre de la bouche de leurs parents, et ce qu'ils apprécient, c'est une réponse authentique. Ils veulent entendre des mots qui reflètent les vraies émotions de leurs parents"

Il réhabilite ainsi la colère du parent
"la colère parentale a sa place dans l'éducation d'un enfant".
Une place très précise!
  • il s'agit de montrer que notre tolérance a des limites, et de l'exprimer d'une manière utile (nous permettant, nous, de sortir notre émotion, et donnant une indication claire à l'enfant sur l'origine du problème), et non nocive.
  • D'autant plus réhabilitée qu'il souligne que nous voir exprimer notre colère de cette manière enseigne à la fois à l'enfant que la colère est une émotion "permise", mais aussi les voies acceptables pour l'exprimer.
  • A nous cependant d'apprendre à doser nos réactions : faire une affaire d'Etat d'une assiette cassée n'apprend pas à nos enfants à faire la différence entre ce qui est ennuyeux et ce qui est vraiment catastrophique.
Tout un apprentissage pour le parent...


6. Quelques compléments utiles sur la gestion des conflits entre frères et sœurs.

J'en retiens, pour ma part, les conseils suivants :
  • partir du principe qu'il y a de la jalousie, et aborder le problème dès le départ, en avertissant l'aîné que le bébé sera encombrant et que parfois il ne se sentira plus aimé. Je me retrouve énormément dans son
"certains parents hésitent à s'engager dans cette voie. Ils craignent d'insérer des idées 'dangereuses' dans la tête de l'enfant. Ils devraient cependant savoir que de telles idées ne sont pas nouvelles pour l'enfant."
          Procéder ainsi
  • évite la culpabilité,  
  • montre notre compréhension,  
  • favorise la communication, et donc la verbalisation du sentiment plutôt que toute autre manifestation, qu'elle aille contre le bébé ou contre l'enfant lui-même.
  • Conseils qu'on retrouve ensuite chez F&M : verbaliser quand l'enfant exprime autrement, et réorienter vers une expression permise
  • et nécessité d'aimer chacun de manière unique, pas égale, en veillant notamment à ne pas trop partager son attention.
Point intéressant, Ginott aborde sous le même angle la problématique du divorce-remariage.


Mieux ou moins bien que les F&M ?
Différent !

Plus complet :

On y trouve ainsi de nombreux points peu ou pas abordés (ou alors juste au détour d'un exemple) par les F&M: pêle-mêle :
  • la gestion des devoirs, des problèmes scolaires, des rencontres parents-profs
  • le choix des amis
  • la sexualité, la mort
  • la propreté
  • Il passe aussi en revue des moments-clés de la journée d'un enfant, avec des apports intéressants sur la gestion du réveil (à déléguer), du petit déj...

Il est d'ailleurs amusant de constater la prudence de son approche concernant la télé, on voit qu'il est conscient de s'adresser à un public chez qui le petit écran est déjà omniprésent ! Il prend avant tout soin de souligner que ce n'est pas en regardant la télé que l'enfant connaîtra les expériences (il évoque la notion de "flux", il s'agit probablement d'un ajout du à son épouse) lui permettant de grandir et d'être heureux.

Plus détaillé :

Les problématiques reprises chez F&M sont abordées de manière plus approfondie, et j'ai beaucoup apprécié les nombreux exemples. Ainsi le deuxième chapitre traite-t-il des compliments, et donne de très nombreux exemples concrets de "mauvais compliments", ainsi que les compliments descriptifs par lesquels on aurait pu les remplacer.

Plus lourd :

Le ton est plus sentencieux.
Par le ton et la forme ce livre se rapproche davantage d'un bouquin d'éducation classique (notamment du fait de la diversité des sujets abordés, alors que les F&M ciblent davantage leurs thèmes). 

Plus fouilli :

La structure n'est pas toujours très claire : ainsi mes notes ne la reflètent-elles qu'en partie car j'ai eu besoin de les retravailler pour vous les présenter selon un plan qui tienne la route.
En effet Haïm Ginott n'aborde pas forcément les sujets dans un ordre parfaitement logique, ou (dans un souci de pédagogie peut-être ?) les effleure à un moment, poursuit plus loin, reprend encore à un autre moment.

Moins facile d'accès, en définitive :

La lecture est plus ardue, sans l'être non plus trop, hein, le langage étudié n'est pas compliqué, on comprend très bien ce qu'il raconte.
Mais les F&M sont plus attrayants, plus légers, avec leur mise en scène reposant sur la narration de l'évolution d'un groupe (pour ce qui est de "Parents Epanouis...") ou leur structuration par thème avec des petites BD (pour "Parler pour que…"). Ce positionnement permet d'aborder les thèmes avec plus de légèreté, d'humour, et facilite le processus d'identification et l'appropriation des concepts présentés.
Ils se focalisent avant tout sur la boîte à outils, quand Haïm Ginott donne ces outils mais consacre davantage de temps à la philosophie tout autour.

Moralité :

Je conseillerais de commencer avec les F&M, et d'approfondir avec Haïm Ginott... sauf si on fonctionne comme Monsieur Bout, qui a impérativement besoin d'une perception globale de la philosophie avant de s'attaquer au détail (constatation troute récente qui, très prochainement, vous vaudra un billet sur la manière dont Monsieur Bout résumerait nos principales convictions éducatives).

Personnellement, pouvoir le lire directement, l'entendre aborder les mêmes thèmes avec des mots, des précisions, des exemples un peu différents m'a permis
  • de m'imprégner davantage de cette approche,
  • d'en approfondir ma compréhension,
  • et de renforcer ma conviction que c'est cette approche-là qui correspond à nos souhaits d'éducation.

7 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas du tout , merci pour le résumé (très détaillé) ... il y a pas mal de points qui me plaisent dans ce que tu écris. je vais me le mettre sur ma longue liste de livres à lire ;-)
    C'est laquelle ta bibliothèque déjà?

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    1. oui moi aussi ça m'a tellement plu que je n'étais pas capable d'être hyper synthétique, et puis ça m'a permis de bien fixer / mémoriser les choses pour moi ;-)

      bibliothèque : nous allons principalement à Olympes de Gouges (c'est là que j'ai trouvé le bouquin), et, moins souvent, à André Malraux

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  2. Je suis en train de le lire. J'ai aimé les F&M, donc ça devrait me plaire.
    "La colère est une émotion "permise"" => ça me rappelle notre échange sur les guillis

    Je suis au tout début du livre, mais une phrase a fait tilt : page 16 "neither we nor our children have been brought up to share our feelings. Often, we don't even know what or how we feel". Le passage est mis en évidence en italique. Cela corespond bien à la culture puritaine américaine et aux idéaux locaux, mais pas vraiment aux habitudes françaises.

    Ginott vivait depuis plus de 40 aux USA quand il a écrit ce livre et je me demande à quel point ce livre répond spécifiquement aux besoins de parents américains et s'il est réellement adapté à des parents Français. Et du coup : F&M, Nelsen sont-elles pertinentes pour des parents Français ?

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    1. Hum, c'est marrant, toi tu dirais que ton éducation t'a appris à nommer tes sentiments et que l'incapacité à identifier ce qui se passe en soi serait plutôt quelque chose allant de pair avec une éducation outre-Atlantique ?
      Autant je ne suis pas franchement compétente pour me prononcer sur l'éducation américaine autant je suis douloureusement consciente de mes grosses lacunes au niveau émotionnel... en mode par défaut, je règle les problèmes, je ne m'occupe absolument pas des émotions qu'ils engendrent en moi. Du coup j'ai un sacré boulot à fournir pour à la fois apprendre à mettre des mots sur ce que je ressens et transmettre cette compétence à ma progéniture.

      Plus généralement, jamais mes lectures de Nelsen etc ne m'ont mis sous le nez un truc intransposable chez nous. Des points mineurs comme l'histoire de la télé où on sent un background différent, oui, et parfois certains exemples, mais rien dans le fond.
      Ceci dit je peux avoir manquode recul et tes remarques à ce sujet (avec l'éclairage spécifique que te donne ta position d'expatriée ) m'intéresseront !!

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    2. Pas forcément, mais le fait de ne pas exprimer ses sentiments n'est pas un objectif à atteindre. Alors qu'ici, l'idéal masculin est un homme fort, riche et qui n'exprime pas ses émotions. Il y a des recherches sociales intéressantes sur la question.

      Après, est-ce que ça rend les auteurs américains en parentalité moins intéressants pour nous Français ? Je ne sais pas. En France, nous avons l'héritage Dolto, qui avait donné son importance à la parole parentale. Nous acceptons plus le dialogue. Et nous sommes les râleurs champions du monde. Bref, nous savons nous exprimer quand ça ne va pas et c'est admis socialement. Ici, les complaintes tombent vite dans le TMI (Too Much Informations), en somme les choses à garder pour soi.

      Je vais essayer d'écrire un article ce sujet en me basant sur les recherches faites.

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    3. Hum intéressant... tu me conduis à m'interroger sur ce qui chez moi relève plus de la culture familiale ou de la culture nationale...
      Ce que tu dis sur la ralerie m'interpelle: je perçois bien que dans une culture ou raler est interdit c'est effectivement encore plus contraire à l'expression des sentiments mais pour moi raler et exprimer les sentiments peuvent être très éloignés : si j'analyse pourquoi j'ai aujourd'hui bcp de mal avec les raleries (de mon mari) c'est parce que j'ai la plupart du temps, enfant, fait l'expérience de raleries -accusations ("tu" es le problème ) et non expression de sentiments. Ce que j'apprends aujourd'hui à faire ("je suis furieuse , j'ai besoin de...")
      Qu'en penses-tu ? J'aurais tendance à sure que les français aussi ralent en mode accusation (le gouvernement les impôts la SNCF la météo tout le monde leur en veut LOL )
      En tous cas je lirai des billets sur le sujet avec intérêt !

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    4. Tu as raison, il y a plusieurs types de raleries. Je classerais les raleries SNCF/temps/politique dans la catégorie raleries- conversation. Il y a en effet des raleries-accusations qui font difficilement avancer les choses, mais qui permettent néanmoins d'exprimer un mal être, d'ailleurs pas toujours sur le bon sujet (=> mon chef m'a rajouté une tâche qui ne me plaît pas et j'exprime mon mécontentement sur mon innocent conjoint). Et puis, je dirai qu'il y a les raleries-nécessaires, celles qui permettent d'exprimer un mal être de la bonne façon et à la bonne personne.
      J'imagine qu'il est possible d'exprimer un mal être avec un grand sourire et sans ralerie, mais c'est un peu bizarre, non ? Je crois, que si une personne me racontait un gros problème qu'elle rencontre, sans que sa façon de s'exprimer soit en cohérence avec son émotion, elle me donnerait l'effet d'être un sociopathe.

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