lundi 27 janvier 2020

De l'intérêt qu'il y a à ne PAS apprendre à nos enfants à dire "je suis triste"... - Petit Bout de Daniel SIEGEL, le Cerveau de votre enfant.

Ah là là ma bonne dame, l'éducation des enfants a bien changé !

Oh que oui. 
Et parmi les points qui distinguent les mantra éducatifs d'il y a 30 ans et ceux d'aujourd'hui… j'ai nommé … 
Tadaaaam : l'accent mis sur l'expression et la gestion des émotions !

Ou plutôt, les efforts à faire pour son apprentissage. D'où pléthore de publications sur le sujet, et j'y ai moi-même consacré à la fois un tas d'efforts, un tas de temps à lire des trucs, et de très jolies pages dans mes "200 moments de parentalité positive (ou pas)".
(d'ailleurs, dans les aspects "ou pas", la gestion des émotions figure en bonne place : ben oui, hein, comme tout parent, c'est notamment quand j'échoue à gérer mes propres émotions que je me retrouve à des kilomètres de ce que j'aimerais faire au niveau éducatif. D'où culpabilité - à ce propos, avez-vous lu le sublime article que Coralie vient de publier sur ce sujet si sensible de la culpabilité parentale ?)

Si cet aspect était totalement occulté auparavant, on en mesure aujourd'hui l'importance.
Et l'enjeu est d'autant plus important que, dans cette affaire, le parent se retrouve souvent à apprendre en même temps que son enfant, puisqu'il se rend compte, justement, des grosses lacunes qui le pénalisent sur ce plan.

Bref, pas évident.

Du coup, on tâtonne, on fait de son mieux, pour avancer soi-même et faire avancer son enfant.
Et c'est précisément un de ces tâtonnements que ce Petit Bout du sublime "le Cerveau de votre enfant" de Daniel Siegel (dont je vous chantais les louanges cet été) est venu pointer.

Jugez plutôt

"Le Cerveau de votre enfant", D. SIEGEL, p.188


Vous voyez le truc ? Là, l'auteur parle des enfants, mais ça s'applique bien entendu à tout un chacun… y compris, au hasard, au parent voulant bien faire qui s'échine à inclure, dans son vocabulaire, des phrases permettant à son enfant de mettre des mots sur ce qu'il ressent. 
Or, personnellement en tous cas, la subtiiiiiile différence entre "je suis triste" et "je me sens triste" me passait bien au-dessus, et j'utilisais allègrement les formulations en "je suis".
Et pourtant, quand on réalise la nuance de signification, quand on réalise que, eh oui, pour un enfant, le côté éphémère d'une émotion ne va pas du tout de soi, bien au contraire, ben on se dit "bon sang mais c'est bien sûr". 
Veiller à utiliser des formulations mettant en évidence qu'ils ne sont pas leur tristesse du moment, qu'ils ne sont pas leur désir si intense du moment, qu'ils survivront biiien au dela de ces sentiments très très désagréables mais fugaces, eh, c'est quand même quelque chose.
Bref, je me sens très heureuse d'avoir pu faire cette découverte, j'ai bien veillé à l'appliquer au quotidien, et, si j'ai pu me sentir dépitée de ne pas avoir mis le doigt dessus toute seule, je me sens bien soulagée que ce soit le cas maintenant, et que ça puisse l'être pour vous, ô mon vénérable lectorat, ou en tous cas la partie de mon vénérable lectorat à qui elle aussi cette nuance échappait, à dater d'aujourd'hui.

Je l'ai stockée juste à côté de la phrase tirée de l'excellent "Cessez d'être gentil, soyez vrai" : pour le moment. (pour le moment, je n'ai pas la possibilité de / je choisis de privilégier / je ne sais pas encore /…) : des petits mots qui maintiennent dans une dynamique au lieu de nous figer dans un constat.

mardi 21 janvier 2020

Ce fichu réservoir d'amour à la noix

Cet automne, je me suis réjouie de voir F. démontrer un apaisement considérable. Cette évolution s'était déjà dessinée avant, bien entendu, mais l'été l'avait accentuée, et les premières semaines de la rentrée bien davantage encore.
Un enfant visiblement mieux dans ses bottes, beaucoup plus à l'aise avec les règles, la frustration, les contraintes, riant, plein d'allant, demandant allègrement de l'affection (= la demandant explicitement), capable également de beaucoup mieux supporter les moments où nous n'étions pas immédiatement disponibles pour lui donner cette affection, et dont la vivacité de réactions ne l'entrainait plus vers les monstrueuses colères qui avaient ponctué notre quotidien pendant de si longues périodes. 
Des relations s'apaisant avec un peu tout le monde (même, bien que dans une moindre mesure, avec sa sœur.)

YOUPI TAGADA.
Je chantais la vie, je dansais la vie, et puis avec la grossesse de number 3 ça tombait particulièrement bien et ça contribuait à me permettre de vivre cette grossesse avec sérénité.

Et puis fin octobre, une première colère monstrueuse comme nous n'en avions plus eue depuis… longtemps justement. Qui fut suivie d'autres, quelques jours plus tard. Des réactions de plus en plus vives, des transgressions, un retour de l'agressivité…. quelle joie que ce mois de novembre !
(revirement qui s'accentua pile-poil au moment de la visite d'un set de grands-parents - timing parfait)

AAAAAAH

A un moment, devant l'évidence et l'ampleur du revirement, il a bien fallu se poser avec Monsieur Bout et analyser un peu.
Le mois d'octobre avait été costaud : 
  • tout à ses dernières semaines de travail, Monsieur Bout était fort peu dispo, et autant ses horaires de travail avaient été raisonnables en septembre, autant ils n'avaient fait qu'empirer tout au long du mois d'octobre. Les soirs sans dîner tous ensemble s'étaient multipliés.
  • A cet important manque de disponibilité, s'ajoutait une humeur de dogue, alimentée par les angoisses liées au changement prochain
  • de mon côté, la fatigue liée à la grossesse n'avait fait qu'empirer
  • et en parallèle j'avais été d'autant plus prise professionnellement qu'avec l'imminence de la rupture de contrat de Monsieur Bout conjuguée à ma mise sur le flanc prochaine, j'avais une légère pression, quand même, pour rentrer un maximum de pépettes dans les caisses familiales tant qu'il en était encore temps.

Du coup… nous avions tiré sur la corde : le réservoir d'amour de F. n'ayant plus ce côté "percé", demandant sans cesse à être rempli, je me suis permise de passer moins de temps avec lui. De zapper son moment particulier un soir, ce qu'il a accepté avec beaucoup de bonne grâce et de sollicitude pour ma grande fatigue.
De récidiver quelques soirs plus tard.
Et de plus en plus souvent.
Et ainsi de suite.

YEP.
Nous avons (pour tout un tas de bonnes raisons) négligé ce fichu réservoir d'amour à la noix, et nous en avons payé le prix. PAF.

Je me suis bien maudite dans les semaines qui ont suivi, en voyant une partie des progrès remarqués, de la stabilisation si réjouissante, réduits à néant. Ca a d'ailleurs en partie pourri la dynamique du calendrier de l'Avent immatériel tant apprécié les 2 années précédentes.

Mais bon, plutôt que de passer toute mon énergie à me maudire, j'en ai consacré une bonne dose au remplissage à la pelle du réservoir d'amour. 
A la pelle, que dis-je ? 
Au tractopelle, oui. (ouais, j'ai mon permis de tractopelle)

Ca m'en a demandé, de l'énergie ! J'ai ressorti la totale, 
  • les câlins de malade, 
  • j'ai trouvé des variantes au jeu d'attrape (parce que vu mon volume actuel bonjour), l
  • es massages le soir dans le lit, 
  • les berceuses dès que l'envie s'en faisait sentir, 
  • les petites attentions dans la lunchbox de l'école… 
tout y est passé.
(en plus de passer beaucoup d'énergie, en parallèle, dans le rappel bienveillant, empathique et ferme du cadre)

Les choses se sont lentement améliorées, au départ, puis plus rapidement, et là depuis la rentrée de janvier j'oserais presque dire qu'on est revenus au niveau de sérénité d'octobre. 
- quasi disparition des crises (je dis "quasi" par superstition)
- diminution des oppositions
- demande équilibrée d'attention
- expression claire de besoins et de sentiments ("j'aime quand tu me masses comme ça maman")

Heureusement que dans le même temps, Monsieur Bout nouvellement au foyer faisait tout à la maison (en plus, bien évidemment, de faire sa part de remplissage), parce que lessivée que j'étais par mes mois de septembre-octobre passés sur les chapeaux de roue, j'étais loin d'être en grande forme.

Et puis à l'arrivée, les vacances de Noël auront contribué à la dynamique car en plus de nous rendre plus dispo, elles ont pu, notamment grâce aux avancées faites en ligne avec mon récent billet sur les relations aux grands-parents, exposer les enfants au regard positif de leurs grands-parents, à des expériences positives, de proximité et d'appréciation, avec eux ; ce qui a sans nul doute joué un rôle non négligeable dans le colmatage de réservoir.

Alors, franchement, j'avoue que je suis très, très heureuse d'avoir inclus mon billet spécial "temps dédié" en annexe des "200 moments" (une inspiration de dernière minute avant de lancer le BAT) parce que je viens de me prendre en pleine figure le rappel que, peu importent tous les outils de parentalité positive qu'on peut utiliser pour améliorer sa relation avec son enfant et l'aménager d'une manière respectueuse de lui et de nous, la première chose sur laquelle on ne saurait lésiner c'est ce fichu réservoir d'amour et son remplissage.

Bref, si vos enfants se comportent de manière plus relou ces derniers temps, consacrez donc vos nuits à relire l'intégrale du blog, de mon bouquin, de Faber Mazlish et consorts… ou pas, mais surtout, surtout, commencez par réintroduire, si ça a un peu disparu, ces moments si précieux pour la sécurisation affective de base de nos bambins et partant, le bien-être de tout le monde. 
Je sais que c'est compliqué souvent, 
je sais qu'on est crevé en tant que parent, 
je sais que notre vie de malade est une vie de malade (attention grand moment de littérature) 
… mais je sais aussi qu'on est tellement plus crevé quand tout part en vrille.

Je m'en suis pris le rappel en pleine tronche et je me suis dit que j'allais partager ça avec vous (parce que je partage ça plus facilement qu'une tablette de chocolat, faut dire).

Le but étant bien entendu pas de se rajouter une couche de culpabilité, hein, mais bien de se rappeler, en cas d'incendie, d'où est la sortie de secours la plus proche ….

Voilà, c'était mon appel vibrant au peuple. Bien cordialement !
Vous m'avez reconnue ? ^^

lundi 13 janvier 2020

Transmettre une langue étrangère à son enfant... quand on a un niveau très moyen soi-même

En novembre je vous présentais 2 petits jeux de société très bien en eux-mêmes, mais aussi la manière dont je les utilise pour jouer "en allemand" avec les enfants, et ainsi contribuer à ce qu'ils s'approprient peu à peu cette langue.


Line a fait ce commentaire très intéressant…
En fait, ces techniques proposées fonctionnent très bien lorsque l'on maîtrise un minimum la langue (non, il ne faut sans doute pas un niveau interstellaire mais il faut quand même pouvoir accorder correctement les mots selon leur genre, leur fonction en allemand, posséder un minimum de connaissances quant à la structure des phrases, avoir un accent correct etc) 
L'apprentissage de langues à nos enfants est vraiment l'obstacle sur lequel je bute en IEF.

Les questions soulevées méritant à mon avis plus de quelques lignes de réponse, d'autant que je soupçonne que Line est looooin d'être le seul parent paralysé par ce problème, voici un billet sur le sujet.

Disclaimer (ouais, chechi est un article hautement innnternachionâââl)
Il est facile pour moi de parler, et de dire que c'est facile et tout, puisque j'ai la chance d'avoir un bon niveau dans les langues étrangères que je pratique, et notamment dans celle que je tiens à transmettre à mes enfants : l'allemand.
Ceci dit, l'apprentissage des langues constitue un thème qui me passionne en tant que tel, et je me suis beaucoup intéressée à la manière dont cet apprentissage fonctionne, à la mécanique derrière l'intégration d'une langue étrangère. 
A la fois pour progresser moi-même (bicoz il a quand même fallu que je les apprenne ces langues, et j'ai aussi à cœur de les entretenir), et pour les transmettre (à mes enfants, aux personnes à qui j'ai pu donner des cours particuliers, et aussi en aidant des personnes de mon entourage cherchant à progresser). Car je ne fréquente pas que des gens ayant un bon niveau en langues étrangères (si si, je vous assure. Ce n'est pas un critère de sélection pour mes amitiés. C'est fou hein !), donc ça m'a permis d'observer comment ça se passait chez d'autres personnes.
Et puis j'ai eu la chance d'effectuer une partie de mon apprentissage de langues étrangères dans d'autres pays, et fréquenté et discuté du sujet avec des nombreux étrangers issus de systèmes d'éducation différents, ce qui m'a permis de voir d'autres méthodes, d'autres approches que celles en vigueur en France, et ça aussi, ça nourrit la réflexion.


Et justement, mon premier point, c'est qu'il n'est pas du tout, mais alors pas-du-tout nécessaire de parler bien une langue étrangère pour l'enseigner à son enfant.
Pas du tout.
On peut parler l'anglais comme une vache espagnole, ça n'empêche rien. 

Parler parfaitement : une illusion française

Eh oui. 
  • Cette exigence, 
  • ce complexe d'infériorité, 
  • cette honte à ouvrir la bouche parce qu'on pense à toutes les erreurs qu'on fait et qu'on les estime impardonnables, 
  • ce blocage qui fait que vous restez muet ou balbutiez une phrase après 10 minutes de réflexion intense… 
C'est quelque chose dans lequel vous vous retrouvez ? 
Et alors, déjà que vous avez honte de ce péché CAPITAL, vous crevez de peur à l'idée de le transmettre à vos enfants ?


Merci, merci, merci en grande partie, à la manière dont sont enseignées les langues étrangères en France : on commence avec un max de grammaire, on inculque la peur de l'erreur, et personne n'ose parler.
Quand on prononce une phrase en cours, la première chose qui se passera c'est une correction du prof. Y a pas mieux pour couper l'envie de communiquer.

J'ai tellement vu la différence avec mes cours d'italien LV3 ! Ma prof avait une manière de faire bien à elle, elle nous reprenait très peu, mais nous encourageait à raconter un maximum de choses, y compris des conneries, voire même surtout des conneries, ladite prof étant dotée d'un humour au 2ème degré très développé
Je peux donc dire qu'en 2 ans, mon niveau d'italien a dépassé mon niveau d'anglais d'alors parce que j'ai appris à parler italien pour pouvoir raconter des conneries. Pour pouvoir communiquer. Parce que, même si la manière dont elle nous est enseignée tend à nous le faire oublier, c'est à ça que ça sert une langue étrangère. Pas à éblouir un académicien avec des phrases parfaites, mais à rentrer en communication avec des gens étrangers.

On apprend à parler une langue pour pouvoir parler, communiquer avec le voisin, et on l'apprend en communiquant, en parlant.

Pour apprendre à parler une langue, il faut oser la parler :  rien n'est plus nuisible à l'apprentissage d'une langue étrangère que le souci de la perfection.

Un parallèle qu'on retrouve en parentalité positive, du reste : que de fois j'ai entendu 
"La parentalité positive c'est trop dur, j'y arrive pas, alors tant pis je fais sans". 
Tentation notamment chez les mamans de familles nombreuses, confrontées encore davantage au manque de temps pour répondre "correctement", c'est à dire autrement qu'en mode réflexe, aux mille sollicitations, multipliées par X enfants, et enrichies d'un coefficient de disputes entre enfants, de leur progéniture. (d'ailleurs j'aimerais bien approfondir ça dans un billet un jour)
Eh oui; en parentalité positive aussi, si on veut "faire toujours bien", c'est mort. 
Si on accepte que des fois on fera bien, des fois non, et qu'au début notamment on fera très souvent tout à fait autre chose que ce qu'il aurait théoriquement fallu, eh bien on se donne une chance de prendre de nouveaux automatismes peu à peu.


Une langue étrangère, qu'elle soit la langue du parent positif ou la langue des Grands-Bretons, c'est pareil : la parler mal c'est le début du parler bien
De la même manière que nos enfants ont appris à parler leur langue maternelle en balbutiant, commencer à parler mal n'est pas un obstacle pour apprendre à parler bien mais un tremplin. Une étape incontournable et ultra efficace. Offrons-la à nos enfants ! 
En leur offrant la chance de parler mal une langue, nous leur offrons la première marche vers le parler bien.


"oui mais je vais lui donner un mauvais accent"

Stop ! On  n'arrête pas de souligner la plasticité du cerveau de l'enfant en particulier et de l'être humain en général alors pourquoi avons-nous à ce point l'impression que les premiers mots d'allemand, d'anglais etc mal prononcés seront gravés à jamais dans le cerveau de notre enfant ?

  •  1. son accent il pourra l'améliorer par la suite. 
Des gens ayant grandi dans des quartiers à l'accent très "populaire" apprennent tout à fait à s'en défaire quand c'est un obstacle pour évoluer dans des milieux plus huppés, alors pourquoi pas notre enfant ? 
A titre personnel j'ai commencé à apprendre l'anglais en Allemagne, avec des professeurs allemands. Pendant longtemps, des personnes ne me connaissant pas et m'entendant parler anglais me pensaient donc allemande. Maintenant, ils sont bien pommés, car avec l'utilisation de l'anglais en milieu professionnel français, de l'accent français s'est faufilé. Alors leur meilleure supposition est de me penser suisse ;-) . Pour l'accent gravé à jamais, on repassera.


  • 2. Vous voulez que je vous dise ? On s'en fiche de l'accent, la plupart du temps. 
Dans la vie, il vaut mieux parler une langue étrangère avec un accent pas top et de manière pas parfaite, que ne pas la parler parce qu'on aurait voulu la parler avec un bon accent. L'excellent accent est bon pour l'égo; il ne sert que peu la communication. Voire… il peut la desservir. 
Moi qui en ce moment interviens pas mal, sur le plan pro, sur des sujets de communication multiculturelle, c'est quelque chose que je constate souvent. Les différences entre les cultures provoquent un certain nombre de malentendus, des bourdes culturelles sont faites. Elles sont beaucoup plus fréquemment perçues comme telles (= involontaires, dues à la différence de culture, plutôt que volontaires, dues à une intention mauvaise, blessante, etc) si elles sont faites par quelqu'un dont la maîtrise imparfaite de la langue souligne le caractère étranger, que si elles sont faites par quelqu'un dont l'excellente maîtrise de la langue provoque une attente (souvent inconsciente) d'excellente maîtrise des codes culturels… Des mésaventures qui touchent notamment des personnes bi-nationales par leurs parents, donc parlant parfaitement leur 2ème langue mais n'ayant en fait vécu que dans un des deux pays.

"Je vais lui inculquer une mauvaise syntaxe !"

Mêmes arguments. Il vaut mieux mal parler une langue que ne pas la parler du tout. 
J'ai travaillé dans des entreprises de toutes tailles et de toutes cultures, que ce soit la bonne vieille boîte franco-française avec juste une petite filiale outre-Rhin ou outre-Manche, à la grosse multinationale avec un chef à Amsterdam, un à Seattle, et des correspondants dans la Ruhr et puis des gens d'un peu toutes les cultures au milieu. 
Donc oui, dans mon milieu pro j'en ai vu des gens faire des tas de fautes de syntaxe en réunion. 
OUI, ils seraient encore plus efficaces avec un syntaxe parfaite. Mais à peine, en fait. 
Ils sont de toute manière 100 fois plus efficaces que ceux qui, dans l'assemblée, sont trop inhibés pour oser aligner deux phrases.


Et mal la parler est, je le répète, de toute manière l'étape incontournable pour bien la parler ensuite, donc si on peut déjà amener son enfant à cette étape là c'est GENIAL.

Génial et lourd de conséquences, puisque, je reviendrai dessus dans un autre billet, parmi les manières qu'on a d'améliorer une langue, justement beaucoup fonctionnent pour améliorer… donc faut de l'existant. Vous ne ferez pas de votre enfant quelqu'un de véritablement bilingue à 12 ans; mais ce n'est pas nécessaire. Il aura créé un sacré nombre de connexions neuronales, un capital qu'il pourra ensuite continuer à augmenter au fil de sa vie.

Enfin, il y a un dernier point que nous transmettons en transmettant notre anglais pourri, notre allemand minable et notre vietnamien lacunaire à notre enfant. Non seulement nous transmettons notre accent m**ique (qu'il pourra perdre ou pas), notre syntaxe "créative" (qu'il pourra améliorer ou pas), mais nous transmettons encore un autre truc, et pas des moindres.
Que se passe-t-il quand on fait l'effort de parler à quelqu'un dans sa langue ? Même juste quelques mots mal prononcés (par exemple à Hong-Kong, même si j'ai communiqué en anglais avec des gens maîtrisant très bien cette langue, j'ai demandé comment dire "merci" en cantonais et je me suis attachée à l'utiliser - nan ne me demandez pas comme ça se dit, j'ai oublié depuis !) : on se trouve face à des gens ravis d'entrer en relation, touchés de cet effort. C'est un petit geste à effet-papillon, un petit geste de fraternité entre les peuples.
Bref : en parlant mal sans complexe, on transmet un message fort à son enfant : le désir d'entrer en contact, la relation, passe devant la honte et le souci de parfaite maîtrise. C'est un message beau, un message décomplexant. Je n'ai pas besoin d'un truc valorisant pour l'ego pour aller vers autrui. Je n'ai pas besoin d'être parfait pour entrer en relation, apporter quelque chose à mon prochain. 
Je dis ça, j'dis rien.


Après cette première partie à visée ouverture des shakras, en mode "pourquoi transmettre sans complexes son anglais pourri à son enfant", passons maintenant sur le côté pratique.

"Comment transmettre le maximum d'anglais /autre langue à son enfant".


Attention, de nouveau : pas de perfectionnisme. Il ne s'agit pas de cocher toutes les cases de cette liste, mais d'avoir sous les yeux une listes d'idées et de confronter cela à nos possibilités. La voisine fait surement mieux que nous, c'est é-vi-dent. OSEF. 
Contentons-nous de faire ce que nous pouvons, ce qui nous est facile, ce qui nous plaît, ce qui nous parle : chaque truc sert à notre enfant.
Et attention encore : ce qui précède, comme ce qui suit, ne vise pas à charger une dose de culpabilité supplémentaire sur les épaules de parents ne se sentant pas ultra motivés pour investir de l'énergie dans la transmission d'une langue étrangère à leur enfant. 
Dans notre vie déjà bien chargée, nous ne pouvons être partout. Elever nos enfants avec bienveillance, leur cuisiner des petits plats bio ZD pas chers, cultiver un potager, jouer et transmettre un instrument de musique, parler et transmettre des langues étrangères, pratiquer et transmettre sports et amour de la nature, remplir les caisses d'une manière ou d'une autre (mais qui soit avouable), avoir une vie de couple épanouie, une vie sociale de ouf et 36 engagements associatifs ? Mais oui bien sûr ! Là dedans, des choix sont à faire; si transmettre une langue étrangère ne vous tient pas véritablement à cœur et que vous préférez mettre votre énergie dans le fait d'emmener vos enfants à la piscine régulièrement, il n'y a pas de raison de vous lapider (en plus c'est pas très ZD la lapidation).
Ca vise juste à ouvrir des horizons à des parents ayant vraiment envie d'investir dans ce domaine, mais se sentant jusqu'à présents mal placés pour le faire.

Le secret étant : la diversification des moyens, autant que possible. On peut faire plein de trucs avec son accent pourri et ses connaissances quasi inexistantes. Si on n'a que ça comme ressource, c'est déjà quelque chose d'extra, cf. tout mon premier point. Mais en plus, on n'est pas seuls sur terre : nombreux sont les moyens à mettre en œuvre pour que notre enfant, en plus de ce que nous pouvons lui apporter directement, ait accès à d'autres sources d'allemand, d'anglais, etc.

Donc

A faire soi-même
  • lire des albums étrangers 
    • oui, avec notre accent de merde et notre prononciation approximative; 
    • même si on ne comprend rien à ce qu'on lit ? Oui oui ! 
    • Il vaut donc mieux commencer avec vraiment de très courts albums, ceux avec très peu de texte, par exemple cette série-là traduite dans de nombreuses langues : 
      • effet 1 : on se sent stupide moins longtemps 
      • effet 2: on finit peu à peu par faire comme notre enfant : comprendre un peu plus de ce qu'on lit…
    • mention spéciale à la lecture des imagiers : truc de ouf, là pour le coup ça permet de comprendre ce qu'on lit ! Et dans le cas de celui-ci par exemple, on a le genre des mots donc même là ça permet de dire les trucs correctement (et ça viendra compenser les fois où dans le feu de l'action, on n'utilise pas le bon genre. Je précise que, malgré plusieurs années vécues en Allemagne, des tonnes de bouquins lus en allemand, des boulots en lien quotidien avec l'Allemagne, je me trompe encore très souvent sur le genre de plein de mots ; et tout le monde s'en fout); effet bonus : c'est qui qui va faire de petits progrès en les lisant à son môme, hein, qui ? C'est Bibi.

  • dire quelques phrases dans le quotidien (toujours les mêmes; celles-là, on peut les faire vérifier grammaticalement par son pote qui parle la langue, son conjoint, etc;) : 
    • Veux-tu de l'eau, où sont tes chaussures / ton manteau / tes gants / … 
    • Phrases courtes, simples, introduisant des variantes uniques (juste le nom de ce qui est cherché ou proposé), selon la méthode Gouin que j'évoquais en fin de ce billet.

  • jouer en allemand en utilisant plus ou moins toujours les mêmes phrases, comme exposé ici : plus besoin de complexer. Si vos phrases sont incorrectes, vous savez maintenant que ce n'est pas grave du tout.

Utiliser des moyens technologiques divers 

Eh oui ! Grâce à eux l'effet "j'ai un accent pourri, une prononciation comique et une syntaxe approximative" est diminué : avec ces outils on fait entendre d'autres accents, d'autres mots, une syntaxe probablement plus correcte à notre enfant
Pensons bien que les aides technologiques seules ne suffisent pas à nos enfants pour apprendre. Une langue a besoin d'être incarnée, d'où l'intérêt de ne pas se laisser complexer par son niveau inexistant. C'est parce que on parlera comme une vache espagnole avec son enfant qu'il pourra bénéficier des aides technologiques parlant mieux que nous.
Donc, ces moyens (je les mets dans l'ordre chronologique car certaines ressources peuvent être utilisées avec des débutants complets, tandis que d'autres nécessitent déjà une première familiarisation avec la langue)
  • CD de comptines / chansons : en profiter pour les chanter avec lui ; 
    • dès tout bébé, et/ ou à n'importe quel âge, ça exerce l'oreille. Et un jour on a la surprise d'entendre fredonner quelques petits bouts de phrase. 
    • Mon hit absolu "tchu tchu tchu die Eisenbahn"; une comptine qui fait faire le train. Très utile à apprendre : je la chante dès que je veux emmener les enfants à la douche / se mettre en pyj / se coucher. Ils n'y résistent quasiment jamais. Parentalité positive ludique + allemand = 2 en 1 ! L'Oréal peut aller se rhabiller.

  • Des petits films dans la langue, simples et courts, comme ceux que je propose en allemand aux enfants depuis leurs 3 ans. 
    • Quelques années plus tard, la complexité et longueur des films a augmenté… en rapport avec leur capacité d'ingestion d'écran et… oh oh, leur niveau de compréhension ! Durant notre calendrier de l'Avent immatériel, ils ont ainsi eu droit à leur premier Disney (en allemand). 
    • Vous pouvez faire comme moi et décréter que "la télé chez nous, c'est uniquement en [langue de votre choix]", ce sera encore plus efficace. Mais ce n'est pas indispensable.

  • La Lunii : (pas tout de suite tout de suite, mais dans un 2ème temps). Sur la nôtre, j'ai fait exprès de ne charger QUE des histoires en allemand (on peut l'acheter direct en allemand sur le site original, ce qui permet que le pack de base fourni gratuitement soit en allemand). Pas besoin de se ruiner, un pack d'histoires suffit pendant longtemps : n'oublions pas qu'en matière d'imprégnation de langue étrangère, entendre 30 fois les quelques mêmes textes est plus efficace qu'entendre quelques fois 30 textes. Le niveau de langue et le débit est très bien. En ce qui nous concerne nous fonctionnons toujours avec ce seul pack (depuis… un an bientôt ?), je pense que j'investirai dans un 2ème… euh… c'est pas pressé. Peut-être avant les trajets d'été ?

  • CD d'histoires audio  (idem, ça probablement dans un 2ème temps, voire un chouilla plus tard que la Lunii, la Lunii ayant l'avantage de l'interactivité des questions de choix "Veux tu que ce soit dans une forêt ? Dans une maison ?" qui stimule la compréhension / l'intérêt). Nous en avons 1 dans la voiture, qui est mis de temps en temps pendant certains trajets. E. aime beaucoup, F. accroche parfois, parfois moins.

Faire appel à des personnes extérieures pour donner un coup de pouce
  • rentabiliser : faire garder son enfant mais par un étudiant étranger, en lui demandant de baratiner son / ses enfants dans la langue
  • demander à un étudiant / une personne âgée étrangère de venir jouer avec son enfant / se balader avec lui dans sa langue / lui lire des bouquins, 1h par semaine (ou moins, ou moins souvent ! pas de perfectionnisme, là encore. Evidemment que plus c'est fréquent, mieux c'est, mais encore une fois, le mieux est l'ennemi du bien)
Là encore, ça ne rendra pas l'enfant bilingue comme par enchantement, mais ça ancre la langue encore davantage, ça participe à cette imprégnation, ça familiarise l'oreille de l'enfant avec ces sons, ces mots, cette grammaire. 
Les enfants sont des éponges, profitons-en. De nos jours, nombreuses sont les personnes d'origines diverses expatriées, le bouche à oreille peut nous permettre d'organiser ces contacts.

Remarque générale : Point n'est besoin de forcer les choses en obligeant l'enfant à parler dans la langue. Ca viendra probablement tout seul, plus ou moins longtemps après… L'important est que la zone linguistique du cerveau se structure, elle.

Enfin : progresser soi-même dans la langue 
  • Vouloir la transmettre à son enfant constitue une sacrée motivation. Avoir conscience qu'en la parlant mal avec eux on œuvre efficacement à cette transmission, est le meilleur moyen de progresser, puisque, rappelons-le, les langues étrangères c'est comme chez les Shadocks : plus ça rate, plus ça a de chances de réussir. 
  • Donc rien qu'en faisant tout (ou une partie de) ce que je viens de lister, on va progresser; avec des erreurs (des "fautes", vous savez, cette manière bien française de mettre un côté moral, culpabilisant, à quelquechose qui ne revêt pourtant aucun caractère moral; nan, mal parler une langue ne fait pas de la personne une mauvaise personne). 
  • Et puis je reviendrai vous parler très bientôt d'une autre manière très simple, et pas trop prise de tête, compatible avec la vie de tous les jours d'un adulte lambda, pour entretenir et améliorer ses compétences linguistiques (et non, je ne vais même pas vous vendre quoi que ce soit. Rho zuuuut, et mon million alors...)


J'espère déjà vous avoir bien décomplexés : transmettez votre "allemand / anglais / espagnol / whatever" de m***, c'est déjà un super cadeau à faire à votre enfant !
Aof viderzen.

vendredi 10 janvier 2020

Gnocchis faits maison - et au neurone de grossesse

Si je voulais vous faire rire, je ferais un billet spécial "Gwen et son neurone unique", florilège de tous mes moments de solitude "spécial cerveau de grossesse". Mais nous ne sommes pas ici pour rire, oh ça non, et ce n'est pas sur ce blog que vous risquez de vous faire assaillir, de manière inopinée, par un fourbe éclat de rire. Non non non. (bref, du coup ptet qu'à mes heures perdues je vous pondrai ce billet)

Là, je vais me borner à me vanter un peu, parce que ces temps-ci, la Gwen a quand même le net sentiment d'être en service minimum
  • sa production bloguesque n'est pas énorme (N'est-ce pas pour protester contre cela, d'ailleurs, qu'il y a des grèves dans les transports publics en ce moment ?  #mytho #centredumonde)
  • à la maison, elle ne fout plus grand chose, Monsieur Bout au foyer oblige (Vous dirai-je depuis combien de temps je n'ai pas étendu une lessive ? Hum, je risque de recevoir des colis piégés)
  • niveau boulot, ouf, elle a réussi à trouver une mission compatible avec sa mise sur le flan prochaine et la nécessité de tout de même remplir les caisses avant, mais c'est assez pépère, justement. Et au fond ça lui prend le peu d'énergie qu'elle ait.
  • niveau animation F&M, si, elle réussit quand même à gérer la fin de son cycle en cours d'ateliers de parents, et l'une ou l'autre conférence très prochainement aussi (pour les intéressés : au programme des prochaines semaines nous avons Rambouillet, Lyon, Vincennes), mais bon c'est parce qu'il s'agit juste de bavasser et en fait ça c'est encore ce que je fais le mieux… (et en plus ça m'empêche de m'endormir)
  • bon, son bouquin va bien, mais au fond, hein, l'essentiel est fait. La promotion se confond pas mal avec le point précédent, plus moyen de mettre trop de choses sur son dos.
  • avec ses mômes, elle fait son possible, mais son tour de taille imposant ainsi que sa capacité à se transformer en locomotive asthmatique dès le moindre effort physique (monter 1 étage de sa maison = exploit), ainsi que ses difficultés à reprendre une position normale dès qu'elle a eu le malheur de s'approcher trop du sol limitent pas mal : jouer à attraper, à cache-cache, aux petites voitures ? Ha. Ha. Ha. Et elle s'endort sur place dès qu'elle leur lit 4 pages d'affilée. Glorieux.

Du coup, hein, il s'agit avec ce billet d'aller chercher la gloire là où je peux encore la trouver : dans ma cuisine ! Seule tâche ménagère que je n'aie pas refourguée à Monsieur Bout.

Et donc voici que, mardi, à la faveur d'une conjonction favorable des astres (E. endormie à 17h30 sur le canapé, hop, transportée dans sa chambre pour y faire sa nuit ; Monsieur Bout tout aussi hors de combat bicoz petit virus - mais lui s'est transporté tout seul dans sa chambre), j'ai follement proposé à F. de cuisiner nos premiers gnocchis ensemble. J'avais la vague impression d'avoir lu quelque part que ce n'était pas compliqué.
Et en effet !

pour 3 personnes 
(par exemple, 1 femme enceinte et 2 enfants - parce que finalement, méprisant mes pronostics, E. s'est réveillée pile poil au moment où F. et moi passions à table. 
Quel instinct ! De qui le tient-elle...?)

500 g de pommes de terre cuites 
(mes sources internet disaient que moins d'amidon y a dedans, plus c'est sec, mieux c'est, donc j'ai fait cuire au four même si ça dure plus longtemps)
1 œuf battu
125 g de farine 
(j'ai plutôt mis un peu moins au départ, mais il s'en rajoute ensuite quand on manipule la pâte)
sel
[60g de parmesan] 
= en théorie / optionnel, parce que 5 ingrédients c'est vraiment trop pour un neurone de grossesse. D'ailleurs toutes les recettes n'en prévoient pas, comme quoi on peut vraiment s'en passer.

  • On fait un puit avec la pomme de terre réduite en purée, 
  • on met les autres ingrédients au milieu (sauf le parmesan puisqu'on l'a oublié)
  • et on patouille, au départ à la fourchette puis à la main. Il paraît qu'il vaut mieux ne pas exagérer dans la patouille pour éviter que ça ne devienne trop collant.
Ensuite
  • on prélève des bouboules pour les transformer en boudins de 1-2 cm d'épaisseur sur lit de farine - gros succès auprès de la partie enfantine de l'équipe cuisine
  • on coupe ça en tronçons de 1,5 cm - idem
  • on pose ça sur une surface farinée pendant qu'on fait bouillir une grande quantité d'eau salée, 
  • et, vogue la galère, on balance tout à l'eau en espérant que ça remonte à la surface comme prévu.


(trop feignante et affamée, j'ai zappé l'étape esthétique qui consiste à rouler les tronçons sur le dos d'une fourchette pour leur donner les striures caractéristiques des gnocchis. Ca avait l'air fun mais … comme mes sources précisaient que ce n'était pas indispensable bien que favorable à une meilleure absorption d'une éventuelle sauce, j'ai fait au plus rapide. A ce stade F. était aussi affamé que moi donc tout à fait disposé à se passer de ce moment de motricité fine ultra Montessori)

On a balancé dans l'eau bien bouillante, on a croisé les doigts, on a arrêté parce que c'est pas bon pour la circulation d'une baleine déjà pas top à ce niveau, et ensuite, hop, le miracle s'est accompli : c'est remonté, c'était le signe que c'était cuit. 

Et nous nous sommes régalés, comme vous le montre la photo du petit reste, seule photo que j'ai pensé à prendre - neurone de grossesse on a dit. 

(Je précise que la couleur assez sombre des gnocchis n'est pas due à un piètre cadrage / dosage de la lumière, mais au fait que j'ai utilisé de la farine complète. Avec de la farine blanche, les gnocchis seraient bien évidemment plus jaunes que ça)

Bref, je réussis à être fière de moi, j'ai ajouté une nouvelle conquête à mon palmarès, et franchement, le résultat, striures ou pas, était miam miam (y compris sans sauce puisque, flemme toujours, ce fut beurre… et le fameux parmesan).




lundi 6 janvier 2020

Astuces Parentalité Positive pour les grands parents / entourage / nounou

(NB : ce billet était sensé paraître avant ou au tout début des congés de Noël. Mais j'étais crevée / à la bourre et Monsieur Bout ayant honteusement oublié de charger ma malette ordinateur dans la voiture - je cafte !! - je n'ai pas pu le finaliser si bien qu'il il paraît après, et ce décalage est visible dans quelques formulations. 
J'ose espérer qu'il sera tout de même utile, ne serait-ce qu'en "relecture des vacances passées et tirage de leçons" pour les vacances suivantes. Pour notre part, la manière dont les vacances de Noël se sont déroulées, chez l'un comme l'autre set de grands-parents, est venue confirmer le contenu de ce billet).


Tout parent cherchant à cheminer en parentalité positive fait l'expérience que ce n'est pas facile. Apprendre de nouvelles manières de se positionner, de parler… Cela prend du temps et de l'énergie ! Les automatismes reviennent vite, en particulier en situation de stress ou de fatigue.
A l'usage pourtant, les choses deviennent plus faciles (NOTA : j'ai dit "plus faciles"; PAS "faciles" tout court. Nuance ! Tout ce qui vend de la "parentalité facile" cherche juste à vendre. Elever des, êtres humains, Haïm Ginott nous le rappelle, ne saurait être facile. Elever des êtres humains, bon sang, c'est un truc de fous !), et c'est d'ailleurs le constat que les participants de mon groupe Faber et Mazlish actuel faisaient lors de la séance dernière (après déjà 2 mois à se voir tous les 15 jours) :
 "Ah c'est marrant, là, on voit que… ça rentre. Là où y a quelques semaines j'étais en mode 'euh nan faut pas que je dise ça' mais rien ne me venait en plein milieu du truc, maintenant, je vois que je commence à avoir mes automatismes, je sais souvent comme gérer. Et c'est tellement plus calme à la maison."

Mais comme nous disions, hein, fatigue et stress compliquent quand même les choses.
Et ça tombe bien, Noël arrive.
Noël, ses joies, ses bons repas, ses retrouvailles.
Ses moments en famille.
Ses nombreux moments en famille !
Dans une famille pas toujours hyper calée en parentalité positive.
D'où double problème
  • plus difficile, pour nous, d'agir en parent positif quand on a le stress de se sentir observé d'un œil parfois très critique (pas toujours hein ! Parfois c'est juste un œil observateur / interloqué... mais parfois en face c'est un oeil persuadé que "c'est pas comme ça qu'il faudrait faire" et ça criiiispe)
  • difficile, pour nous, d'entendre et observer les adultes de notre famille interagir avec nos enfants d'une manière dont on mesure maintenant les effets négatifs. Encore plus dur, si en plus les vacances impliquent de confier nos enfants à ces membres de notre famille.

Sacré sujet, hein ? Ce n'est pas un hasard si, systématiquement, dans tous les groupes Faber et Mazlish que j'ai acccompagnés, cette question a pointé son nez. Généralement en 2ème moitié de parcours, quand justement les participants commencent à voir une telle différence avec "avant" que la contradiction avec la manière dont leurs parents / frères et sœurs / nounous agissent avec leur progéniture devient à la fois flagrante et insupportable.
Comment qu'on fait ?


Alors, hop, juste avant Noël, quelques éléments de survie en mode kit de survie spécial Fêtes (à ranger à côté du bingo de la crise).
  1. Une prise de recul globale
  2. Un cadre général
  3. Des éléments de discours concrets, en mode "7 recommandations à donner à son entourage pour soigner leur relation avec notre progéniture".

Je précise que ces éléments sont tirés notamment de l'expérience glanée avec nos propres parents, avec nos nounous / babysitters / mamies au pair, et les adultes auxquels nous avons pu être amenés à confier nos enfants, ainsi que de certains échanges avec d'autres parents sur ce même thème.
Ils ne sont ni exhaustifs ni infaillibles ni quoi que ce soit, mais constituent des pistes de réflexion, à explorer, et à retenir, adapter ou à écarter en fonction de ce qui est pertinent chez vous.

Par ailleurs, si votre vécu à vous vous a permis d'identifier des manières fructueuses de communiquer et d'interagir avec votre entourage, les commentaires à ce billet sont graaaaaand ouverts à votre partage d'expérience, et les yeux du lectorat de ce blog écarquillés et avides de vous lire (moi itou, au demeurant).


1. Prenons un peu de recul sur le sujet.


Oui, il peut être compliqué pour les grands-parents de nos enfants, mais également éventuellement leurs nounous, leurs oncles et tantes, d'admettre (= nous laisser faire sans critiquer / intervenir contre) voire d'adapter leur comportement à notre manière de faire. Ca, nous sommes nombreux à le constater.
Evidemment, parfois ça se passe très bien d'emblée, chacun trouve sa place et c'est fluide, et ce billet est inutile. Mais souvent aussi ce n'est pas le cas, et en ce qui nous concerne, effectivemnt, tout ne s'est pas passé comme au pays des Bisounours.
La contradiction est vite arrivée, le conflit vite installé, car les différences constatées viennent remettre en question les pratiques de notre interlocuteur, et ont vite fait de placer celui-ci sur la défensive. Il se sent accusé.
A tort… ou à raison ?

Car … dans les moments où nous tâchons d'expliquer à nos parents, en particulier, le pourquoi de nos "méthodes bizarres", que se passe-t-il ? Quelle est notre intention ?
Est-elle de revoir le passé avec nos parents, de pouvoir crever l'abcès, les entendre dire que sur certains points ils ont eu tort, reconnaître qu'ils nous ont blessés ?
Très souvent nous le souhaitons très fort. Nos réflexions éducatives ont bien mis en évidence les blessures qu'ont provoqué certaines méthodes éducatives chez nous. Nous avons soif de réparation, soif que nos blessures soient entendues, reconnues.
Cela se produira peut-être. Ou pas. Ou dans très très longtemps. (sur ce point je ne peux que vous conseiller vivement la lecture de l'excellent "Je t'en veux, je t'aime" d'I. Filliozat. Ce livre m'a beaucoup aidée à cheminer et prendre du recul sur mon passé d'enfant, pour le regarder en vérité et mieux gérer ma relation à mes parents dans le présent).


Il est important d'avoir en tête que cet enjeu peut venir polluer énormément les échanges autour des petits-enfants : il peut donc être bon de se recentrer sur notre objectif, d'abord.

Voulons-nous 
  • donner des clés à nos parents pour communiquer avec nos enfants, 
ou 
  • leur dire comment ils auraient du communiquer avec nous, leurs enfants ?


Paaas la même chose. Et s'accrocher à un objectif peut totalement empêcher d'atteindre l'autre.

Ainsi en a t-il été chez nous avec un des 2 sets de grands-parents : les choses ont été crispées et sont allées en se crispant toujours plus tant que l'enjeu, perçu de part et d'autre, a été "le passé", 
C'est quand la grand-mère a pris du recul et a su dire "Ce qui compte pour moi c'est la relation à mon petit-fils. Je veux soigner la relation à mon petit-fils" que les choses ont pu changer.
Etant témoin maintenant de ce que ce changement a apporté, puisqu'il nous a permis peu à peu de nous mettre à coopérer ensemble pour une belle relation au petit-fils plutôt que de nous déchirer implicitement sur ce que fut la relation à leurs enfants, je pense qu'il est bon de prendre le temps d'y réfléchir.
Oui, il y a beaucoup à gagner à se focaliser, d'abord, si c'est possible, sur la relation envers les petits-enfants. A éviter de faire de celle-ci le bouc émissaire du passé.
Evidemment ce n'est pas toujours possible; 
  • il faut que les deux parties acceptent de se focaliser dessus, 
  • il faut aussi que la relation parent-enfant ne soit pas tellement pourrie qu'elle empêche cela de se faire. 
Parfois d'ailleurs il faut du temps avant que cela soit possible, il y a un chemin à faire pour les deux parties, qui pourra même passer par des périodes de plus grande distance.

Concrètement, cela se traduit cependant par une attention à porter dans la manière dont on va formuler les choses.
  • Certains interlocuteurs vont se montrer très sensibles aux informations d'ordre général qu'on va pouvoir leur apporter sur le cerveau de l'enfant, sa construction psychologique et émotionnelle, et être preneurs de ses infos, qui pourront constituer la base de discussions très constructives… Ils trouveront dans ces informations à la fois la nourriture dont ils ont besoin, et l'explication / la justification du passé dont ils ont tout autant besoin. Réaliser qu'ils n'avaient pas ses informations "de leur temps", et donc qu'ils ont agi de leur mieux, avec les informations très lacunaires qu'ils avaient à disposition, suffira à apaiser leur culpabilité et celle-ci / le désir de se justifier ne viendra donc pas polluer les échanges.

  • Mais dans de nombreux autres cas l'approche "scientifique" sera extrêmement contre-productive. L'impression sera alors qu'on prétend "leur apprendre à éduquer les enfants". Dans ce cas-là, bas les pattes ! Au lieu de formuler ses explications d'un ton général, scientifique "Un enfant fonctionne comme ci ou comme ça", c'est la personnalisation qui devra prévaloir : 
"NotreEnfant fonctionne comme ça". 
    • Dans de telles situations, dire "l'enfant" nous fait perdre de l'audimat car la généralisation sent la leçon / le reproche, décuple l'effet de culpabilisation, elle est entendue comme un "c'est comme ça que j'aurais du faire", et nuit ainsi à la réception du message. Il s'agira alors d'éviter la généralisation. 
    • Au contraire, on tâchera de se focaliser sur le fait de donner le mode d'emploi pour faire avec son enfant à soi / ses enfants ; on ne prétend pas apprendre à quiconque comment éduquer des enfants (terrain glissant !!), on explique ce qui est le plus efficace dans les interactions avec les nôtres, pour lesquels effectivement nos qualifications / légitimité à parler est indiscutable.
Même observation avec une nounou. Elle peut être très intéressée par le sujet et ouverte à une approche de type 1. Mais au premier signe que ce n'est pas le cas, on bascule sur l'approche 2 : on parle du fonctionnement de notre enfant, et on évoque NOS souhaits de parents : 
"Pour nous il est important que les choses se passent comme ci et comme ça".

2. Posons un cadre général


Là encore, un peu de recul à prendre : 
  • aucune personne ne va se comporter exactement comme nous avec notre enfant. Aucune personne ne va appliquer parfaitement nos préceptes éducatifs (d'ailleurs, pas même nous. Nous aussi, nous faisons parfois le contraire de ce que nous souhaitons). 
  • Et il y a une limite à ce que nous pouvons demander, comme efforts d'adaptation, à notre entourage.
Doooonc ça nous oblige quand même à nous détendre un peu : oui, tout ne sera pas optimal dans les interactions, mais ce n'est
  • 1. Ni indispensable 
  • 2. Ni possible : nous ne pouvons laisser une liste de 135 préceptes à suivre à la lettre.

On peut être ferme sur des choses qu'on considère comme essentielles à ce qu'on veut transmettre à notre enfant, et lâcher du lest par ailleurs. Respecter un subtil équilibre est souvent la clé !

Deux exemples pour commencer : la nourriture, la télé.

Chez nous, par exemple,
  • absolument pas de chocolat / bonbon / équivalent avant 1 an, 
  • quasiment rien avant 2 ans, 
  • de manière exceptionnelle avant 3 ans, 
  • et vraiment sans excès ensuite. 
  • Et hors de question de forcer à finir une assiette / priver de dessert si tout n'est pas fini, etc. (pour un billet approfondi sur le sujet c'est ici). 
Chez les grands-parents, nous défendons bec et ongles l'interdit absolu de chocolat/bonbon avant 1 an, le minimum avant 2 ans, ainsi que l'absence de finitude d'assiette : c'est du non-négociable et gare à qui a prétendu vouloir fourguer une cuiller de chantilly à mon bébé de 9 mois (intolérant au lactose de surcroît…). 
En revanche, 
  • quand nous allons chez les grands-parents, ils ont droit à plus de sucreries qu'à la maison. Ca, je me détends, c'est du rôle des grands-parents. Ceux-ci ont d'ailleurs d'eux-mêmes modéré leur approche après une journée de Noël où les enfants se sont tellement gavés de sucre qu'ils étaient 1. surexcités 2. incapables d'avaler grand chose aux repas (donc d'autant plus surexcités au moment du repas… youpi) : nous avons laissé les grands-parents faire l'expérience du fait que "trop de sucre tue le sucre" et d'eux-mêmes ils ont adapté leur organisation par la suite. Non, laisser un énorme panier de papillottes et des fameux Lebkuchen = pains d'épices à l'allemande à disposition toute la journée n'est pas une bonne idée finalement.
  • Et inversement lesdits grands-parents se sont détendus avec E., ont mieux accepté de ne pouvoir la gaver précocement de sucre, parce qu'ils voyaient que ça n'avait qu'un temps et qu'ensuite ils pouvaient "un peu gâter" l'enfant une fois celui-ci devenu plus grand. (je compte que cet effet soit encore plus marqué pour numéro 3, et jouir d'une paix royale sur ce sujet; et je crois que y a de bonnes chances, car eux-mêmes ont remarqué que ça donnait des enfants mangeant de tout ou presque, et se régalant en particulier de fruits).
Les enfants les voient peu, je décide de me montrer coulante. 
J'étais en revanche plus stricte avec les nounous, puisque pour le coup la fréquence de la garde pouvait vraiment fragiliser l'équilibre alimentaire dans la durée, mais je laissais quand même un peu de souplesse
  • par exemple aucune bouteille de ketchup n'a jamais franchi le seuil de notre maison (sauf une récupérée en TooGoodToGo une fois, je crois… mais qui a mystérieusement disparu avant même que les enfants l'aient repérée, pour réapparaitre chez des voisins tout contents), mais la nounou en rajoutait parfois dans leurs assiettes chez elle. 
  • De la même manière, je me souviens que, dans mon enfance, les jours où nous étions gardés par une babysitter n'étaient pas les jours où ma mère mettait des légumes peu sexys au menu. Au point que, quand nous voyions des raviolis en boîte (oui c'était avant que ma mère se mette au tout bio tout maison) en train de gratiner au four, le signal était clair et nous demandions "on est gardés ce soir ?" ;-)
Idem pour la télé : le non-négociable pour nous = pas de télé allumée en fond, pas d'images inquiétantes pour les enfants (= exit le journal de 20h pendant le dîner), pas de télé tout petit.
  • Chez nous, pas de télé tout court avant 3 ans, et à dose homéopathique ensuite. 
  • Chez mes beaux-parents, quelques petits dessins animés ont pu être vus un peu avant 3 ans, et en un peu plus haute dose qu'à la maison ensuite. 
C'est l'affaire de quelques jours par an, ça ne met pas en l'air notre éducation. En revanche il est clair que la dose reste limitée, la télé ne sert pas de babysitter (= si ils prennent les enfants c'est pour s'en occuper) et donc nous incitons aussi à partir en promenade, jouer, etc ; et les programmes sont choisis avec soin.
Idem avec nos babysitters : la directive est claire: pas d'écran, nous considérons que pour les quelques heures où elles les ont à garder, elles peuvent faire l'effort d'occuper les enfants autrement. Toute petite exception pour quelques petits films en allemand avec nos mamies au pair, quand elles les gardent pour une longue durée : ils ont alors droit à ce à quoi ils auraient droit avec nous.

Concernant ces points, vous aurez remarqué (et vous avez probablement fait l'expérience) qu'il est plus facile de lâcher du lest si les écarts sont peu fréquents. C'est un point à prendre en compte dans la fréquence des visites / gardes etc. Si certaines choses primordiales ne sont pas respectées, prendre de la distance est justifiée. Si l'envie de garder l'enfant plus souvent est exprimée, ça peut être l'occasion  de revenir sur un ou deux points en disant "tel truc, quand c'est exceptionnel, est ok, mais si ce doit être plus fréquent il faudrait en rediscuter".


De la même manière, notre expérience est qu'en parentalité positive, il est bon de distinguer entre ce qui est absolument primordial, et le reste. 


En ce qui nous concerne, nous avons donc pris le temps de passer en revue les points principaux, en essayant de vraiment distinguer ceux primordiaux des autres.

Nous sommes donc clairs sur 4 choses en particulier :

  • 1. Pas de punition ni de récompense
Le discours étant :  car nous souhaitons qu'il apprenne à faire les choses pour elles-mêmes et non par peur ou par appât d'un bénéfice annexe. (et non "c'est très mauvais pour le cerveau de l'enfant etc etc", sauf si personne prête à l'approche n°1 cf plus haut). 
En phrases outils pour les aider à intégrer cette démarche, nous leur donnons par exemple le 
"dès que nous aurons…., nous pourrons…". 
Ou le 
"Ah zut, il s'est passé ça, cela nous empêche de… / gêne pour…" 
ou en prévention 
"Attention, faire telle chose risque de nous empêcher de…."


  • 2. En particulier, pas de violence physique: aucune forme de tape n'est acceptable. 
Là dessus, idem, nous évitons de justifier ça en mode "traumatisme" mais nous restons sur l'explication la plus claire et nette pour nous 
"Nous souhaitons transmettre à nos enfants des modes constructifs de gérer leurs conflits, et notamment leur montrer que taper n'est pas une manière acceptable de résoudre les conflits. Nous ne voulons pas véhiculer le message que taper, c'est quelque chose qu'on peut faire une fois qu'on est le plus fort. Ni que 'je peux la taper, elle est de ma famille' "
(= phrase-titre d'un bouquin tout récemment publié chez les Editions de l'Instant Présent, citation d'une petite fille se justifiant des coups qu'elle donnait à sa sœur. Très parlant, hein ?)

  • 3. Et pour un tout petit en particulier : éviter autant que possible de crier. 
Sur le cas du tout-petit, c'est parfois la seule fois où je me permets un argument scientifique :
"Le cerveau de l'enfant se fige et n'absorbe pas l'information."

(vous aurez remarqué que j'axe alors sur l'efficacité de l'interaction, non sur un jugement de valeur)
Pour un plus grand, je personnalise

"Crier le braque. Pas besoin de parler avec des fleurs dans la voix quand quelque chose ne va pas, mais il entend mieux le message si il est dit d'une voix ferme mais pas trop sèche. Parfois l'humour est même la meilleure manière de l'atteindre : c'est la serviette qui veut manger, la manche n'aime pas ça !"

  • 4. Enfin, pas d'obligation aux bisous. 
Respect du corps de l'enfant, apprentissage du consentement, etc. On n'impose pas de bisous aux enfants, mais cela ne signifie pas qu'on renonce à transmettre la notion de politesse et de respect : ils peuvent dire bonjour, au revoir ou merci d'une autre manière.
Ce qui a été parfois difficile à admettre par notre famille ne pose aujourd'hui plus guère de problème. Les membres de nos familles voient bien que le niveau de confiance des enfants grandissant, les choses se font beaucoup plus spontanément. Ce qui a aidé, a aussi été de leur donner des clés pour améliorer la confiance des enfants / favoriser les rapprochements : une fois que l'enfant est là depuis plus de quelques heures, proposer des guilis, jouer à attraper, etc.


Ca, donc, ce sont nos priorités à nous, bien évidemment, elles sont à discuter et adapter en couple pour être en mesure de tenir un discours clair sur la question.

Une fois qu'on a fixé ce cadre, ce "attention, ça c'est négociable, ça ça ne l'est pas", il y a un troisième niveau, le fameux "je ne peux pas vous dicter mot à mot votre manière de faire avec mes enfants, mais voici quelques petites choses qui pourraient vous permettre que ça se passe mieux avec eux"



3. Leur fournir une mini boite à outils facile à appréhender pour gérer leurs relations.


Pourquoi tant de gens refusent-ils d'emblée la parentalité positive ? 
Les raisons en sont nombreuses, mais une des raisons principales est qu'ils ont l'impression que c'est une parentalité laxiste, dans lequel le parent "laisse tout faire".
Il est donc important de pouvoir rassurer l'entourage sur
1. La philosophie, nos attentes :  non, on n'attend pas d'eux de "tout laisser faire"
2. Les moyens à leur portée : pour ne pas se laisser déborder, ils emploient des moyens éducatifs de contrôle, les seuls qu'ils connaissent. Ils ne pourront s'en départir que si on leur fournit des alternatives concrètes. "ne pas" faire n'est possible pour personne. Pour "ne pas" menacer / humilier / crier / punir / taper, il faut avoir autre chose en stock.

 A nous donc d'équiper notre entourage. 

Mais de nouveau, si nous, convaincus du sujet, et en mode "je pratique 24h/24" (ou presque, ou j'essaye, ou je rêve d'y arriver), nous pouvons passer un maximum de temps à assimiler un maximum d'outils, avec notre entourage nous devons nous montrer moins ambitieux / exigeants. Il s'agit de sélectionner quelques conseils, formulés toujours en mode "avec Bidule ça fonctionne mieux quand". N'oublions pas que le but est de leur donner des outils leur permettant de bien vivre leur relation à nos enfants, aidant cette relation à fleurir.

Voici quelques suggestions utilisées chez nous, pour vous aider / inspirer, et encore une fois, à adapter en fonction de vos priorités, des besoins de vos enfants et de ceux de votre entourage. Dans cette liste, on privilégie les outils les plus simples et les plus efficaces possibles.

Pour vous donner une idée, cette liste est fortement inspirée d'une conversation téléphonique soigneusement préparée, en amont d'une grande première l'été dernier : un séjour de 48h de F., seul, chez celui des couples de grands-parents qui ne l'avaient jusqu'à présent jamais accueilli seul sans nous. (Remarque : ce genre de conversation se prépare idéalement en couple - si couple il y a. Elle a souvent de bien meilleures chances de bien se dérouler si ensuite elle a lieu entre le conjoint "qui est l'enfant" et ses parents) 
Elle reprend également certains des conseils donnés à nos mamies au pair, et notamment ceux listés lors de notre premier fiasco, que je vous avais raconté si drôlement à l'époque
Car bien entendu, si de nouveau cette suite de billet est positionnée par rapport aux grands-parents, elle peut également servir vis-à-vis d'autres adultes.

Je soulignerai enfin que, de mon expérience toujours, confier l'enfant au minimum quelques heures et ne pas être là est souvent beaucoup plus facile pour tout le monde (une fois qu'on a posé le cadre et donné des outils. Ca ne peut pas bien se passer si vous avez l'impression que dès le moment où vous aurez tourné le dos on s'ingéniera à faire le contraire de ce qui vous tient à cœur). 
  • On ne s'énerve pas sur tout ce qui n'est pas encore fait parfaitement, 
  • la relation enfant-grand-parent se construit sans notre interférence, 
  • et surtout il n'y a pas de "double référent" rendant facilement le comportement de l'enfant plus compliqué. 
Nous avons pu expérimenter comment prévoir, durant des vacances, des journées ou demi journées durant lesquelles les grands parents partent avec un ou plusieurs petits-enfants en excursion (une fois que l'enfant a atteint un âge suffisant, bien sûr. Faire sauter sa sieste à un enfant de 18 mois pour cela risquerait de se montrer complètement contreproductif), bénéficie à tout le monde . Y compris, d'ailleurs, aux parents qui peuvent en profiter pour se reposer un chouilla, voire, folie, soigner un peu leur jauge de couple de Sims.

  • 1. Avant de lister des recommandations autour de la communication avec l'enfant, il peut être très profitable de consacrer du temps à lister ce que l'enfant aime faire : les activités qui assurent aux grands-parents de pouvoir faire grandir la relation. 
Ca rassure les grands-parents de pouvoir se positionner "à coup sûr" sur quelque chose qui sera vécu positivement, et évite les frustrations ressenties de part et d'autre quand ils sont allés à tâtons proposer un truc qui fait un flop monumental. Nous avions ainsi souligné que F. adorait la piscine, le bricolage, qu'il se réjouissait à l'idée de s'occuper des chiens, que toute visite impliquant un côté technique (chantier, etc) aurait des chances de l'intéresser, etc.

Ensuite, passons aux petits trucs spécifiques.
Attention, de nouveau, à la formulation
comme vu au point 1: autant que possible on formule en 
"NotreEnfant écoute mieux quand on lui dit comme ça…"
et non en 

"Faut pas faire comme ça ça traumatise les enfants, c'est mauvais mauvais MAUVAIS" [voix de Golum en option]

Donner autant que possible un exemple concret directement lié à des situations familières chez les grands-parents. Si les grands-parents ont des chiens et ont besoin de faire respecter certaines règles par rapport à ces chiens, il est bon de leur donner un ou deux exemples qui s'y rapportent, histoire de leur filer des outils tout prêts à l'emploi. Si ils prévoient une sortie dans un endroit où il a foule, idem, etc. 
Sans leur donner une liste de 300 phrases à utiliser pour parer à toutes les éventualités, il peut donc être judicieux de profiter des exemples pour leur mâcher le travail autant que possible. Ils apprendront à broder / improviser dans un second temps….


  • 2. Importance du contact physique pour se canaliser, se rassurer 
Le faire en jouant au départ, par des batailles de coussin, des jeux d'attrape, proposer de prendre sur les genoux, passer une main dans les cheveux, etc.

  • 3. En cas de gros chagrin, grosse tristesse
Dire ce qu'il se passe l'aide à l'apprivoiser : 

"Tu es triste car Maman est partie, tu aimerais qu'elle soit là. Tu as hâte de lui faire un câlin. Même quand elle n'est pas là elle t'aime fort."


  • 3. Utiliser des formulations impersonnelles pour remplacer les ordres, et éviter les "ne pas"
"ne prends pas le mouton en promenade" devient "le mouton reste à la maison" ; 
"range tes chaussures" : "les chaussures vont près du porte manteau"
idem en cas de maladresse, oubli : 
"tu as renversé ! Eponge" braque NotreEnfant là où "oh, de l'eau sur la table. L'éponge est sur l'évier" donne à NotreEnfant l'envie de résoudre le problème.
"ramasse" => "il y a des papiers par terre".

  • 4. Nommer le besoin et proposer une alternative : permet de canaliser l'énergie / la curiosité vers des choses non gênantes
Ne tape pas sur la lampe : "tu as envie de taper, tu peux taper sur le coussin"
ne saute pas sur le canapé : "sauter, c'est sur le pouf" (vieux machin rempli de billes de polystyrene raplapla)

  • 5. offrir un choix fermé entre deux alternatives qui nous conviennent
donne moi la main : "Tu me donnes la main droite ou la main gauche ?"
va au bain : "le bain : avec la baleine bleue ou le dauphin orange ?"


  • 6. donner de la visibilité 
Il est difficile pour NotreEnfant de s'interrompre, quand il se concentre. Cela aide de le prévenir : "dans 5 minutes on y va". On peut rajouter des éléments de choix : "on y va maintenant ou dans 5 minutes ?"
Au grand-parent ne sachant comment proposer une activité à un enfant absorbé dans une autre, là aussi, cet outil est utile. Car il permet au grand parent de trouver un juste milieu entre ce qui est souvent son habitude (je détermine minute par minute ce qui est fait par qui et quand) et sa peur de ne plus rien maîtriser. La simple phrase 

"J'aimerais faire ça avec toi, tu me dis quand tu es prêt" 
pulvérise le dilemme car elle évite de placer NotreEnfant dans une situation où il doit choisir entre 2 choses qu'il aime. Elle lui laisse le temps de terminer l'une, ou en tous cas le temps de la transition, pour enchainer sur l'autre.

  • 7. Gérer le besoin de comprendre
expliquer les choses / contraintes mais d'une phrase. (beaucoup de personnes pensent à tort qu' "expliquer à l'enfant" est égal à le bassiner d'une longue tirade). 
"Les voitures roulent vite très près du trottoir; pour rester en sécurité, on tient la main"



Enfin, dernière astuce trèèèès importante. 
  • 8. La plupart d'entre nous n'ont jamais appris à exprimer leur désaccord et leurs limites d'une manière non blessante. Or il est crucial de rassurer les personnes qui interagissent avec nos enfants sur le fait que, oui, il leur est possible de marquer leurs limites.
On peut donc dire qu'il est important d'éviter t'es méchant / c'est pas gentil / c'est méchant : car NotreEnfant y réagit mal et prend les choses au pied de la lettre. 
Pour le responsabiliser, nous préférons avoir recours à l'expression de l'effet : 
Je n'aime pas qu'on me parle ainsi 
Ca me blesse quand….  
Quand tu… ça fait mal.  
Quand tu… ca me fait du travail.  
Quand quelqu'un… cela fait ça.



Voili voilou… J'espère que ces quelques billes pourront venir vous être utiles d'une manière ou d'une autre. Offrir d'autres référents que nous-mêmes à nos enfants leur bénéficie grandement (confiance dans le monde, enrichissement par d'autres expériences, adaptabilité, …), et nous bénéficie aussi énormément (un relaaaaai), et pouvoir le faire en étant en paix et en confiance est un trésor. 
Petit-enfant TRAUMATISE par la tyrolienne installée dans le jardin grand-parental
Parents BIEN EMBETES d'avoir même du temps pour une bonne partie de jeu de société avec les frangins en plein milieu de journée

Parfois cette paix et cette confiance sont là d'emblée, et quelle chance c'est alors ! Parfois elles sont à construire dans le temps, c'est laborieux, mais ça vaut le coup.

Bon, j'aurais aussi pu consacrer un peu de temps à passer en revue les craintes souvent exprimées vis à vis de la parentalité positive (type "ça leur apprend pas la frustration") , et comment on peut y réagir... mais en fait il y en aurait pour un article entier. Donc, un jour, il y aura un article entier.