lundi 25 mars 2024

Qui Veut Être Mon Associé ? - Version fait-maison

Certains billets ici et là vous l'auront probablement appris : la Gwen et l'administratif, ce n'est pas franchement l'amour fou.

Certains billets l'ont évoqué : dans sa relation tumultueuse à l'administratif, la Gwen a réalisé 

  • l'existence d'un grand méchant tapi dans un coin : son TDA (trouble de l'attention), rendant l'administratif particulièrement teigneux et difficile à combattre
  • l'existence d' une baguette presque magique : la méthode Flylady, ou comment découper l'Hydre du Mal de l'Administratif en rondelles digérables.


Hélas hélas, ces dernières années l'administratif a gagné du terrain

  • d'abord, le perso a cru (ben oui, plus une famille grandit, plus cela génère de papiers. On en parle, des dossiers d'inscription en école, collège, colo, camp scout, activités extra scolaires- rayez les mentions inutiles mais vous n'allez pas user votre stylo y a rien à rayer trois fois hélas - ? ). Et encore, j'ai du pot, Monsieur Bout en a récupéré peu à peu la part du lion.
  • ensuite le pro a cru lui aussi : d'une petite micro-entreprise occupant la Gwen 2 j / semaine, l'activité d'indépendante de ladite Gwen est devenue une belle et grande SARL avec les beaucoup trop moult activités administratives associées (malgré l'aide d'un valeureux cabinet de comptable).
    • L'Urssaf, la DGFIP, tout le monde me réclame des sous et des papiers, 
    • le volume de factures à envoyer a bien augmenté (bon ça c'est pas mal en théorie) 
    • et je me suis également mise à beaucoup me déplacer (ces temps-ci par exemple Lyon et Luxembourg m'accueillent régulièrement), ce qui engendre de fréquents frais de déplacement à comptabiliser avec soin et à refacturer avec non moins de soin (sous peine d'en être de ma poche).
Tout ça pour dire que clairement, d'un petit à-côté déplaisant que j'arrivais à gérer bon an mal an avec un coup de Flyladyx, l'administratif professionnel s'est peu à peu mué en un gros monstre étendant ses tentacules sournoises un peu partout.

Déclencheur externe aidant (vous vous rappelez ?), il m'a fallu plusieurs pichenettes pour finalement passer à l'action et admettre l'évidence : l'heure était grave, plus question de prétendre que j'allais y arriver seule. Il me fallait de l'aide (ou plutôt : de l'aiiiiiiiiiiideuh !).
Il me fallait sous-traiter cette partie là de mon activité à quelqu'un qui le ferait bien.
  • Pichenette n°1 : une copine vue pour le Nouvel An se posait de grandes questions sur son avenir pro
Elle a évoqué la possibilité de devenir assistante administrative à distance, et là, subitement, je me suis dit que si elle proposait ses services, ben... avec elle, oui, je me voyais bien me lancer, parce qu'elle cochait les 2 cases indispensables à mes yeux : 
    • rigueur absolue (je déteste l'administratif alors si je dois vérifier souvent... et trouver des erreurs, là, le stressomètre va encore plus s'envoler), 
    • et confidentialité à toute épreuve (je ne vends pas des pommes de terre).
Je me suis imaginée être sa première cliente et cette image avait du chien. Bon, finalement, pour tout un tas de raisons ça n'a pas pu se faire avec elle, mais les conversations qu'on a eues m'ont amenée à me projeter dans un monde où mes notes de frais ne seraient plus gérées par moi, et.... c'était assez difficile de quitter ce monde.

  • Pichenette n°2 : compte en banque dans le rouge
Eh oui, fin janvier, notre compte a pris une sale tournure. Mon business tourne pourtant allègrement bien !? Ben oui, mais quand en novembre-décembre on ne consacre pas le temps nécessaire à facturer ses clients pour le travail fait, eh bien en janvier-février on ne reçoit pas les soussous correspondants (bicoz délais de règlement). Gloups.
(Rassurez-vous, on a trouvé une solution : manger les enfants. Coup double : moins de bouches à nourrir, et un estomac bien plein pour nous. En plus, c'est du bio, du local = #healthy)

  • Pichenette n°3 : mon superviseur
Il m'a fourbement fait observer qu'avec les perspectives de chiffre d'affaires que j'avais pour 2024, il allait falloir revoir mon organisation, puisque j'allais flirter avec le seuil où, dans une entreprise de mon genre, on réfléchit sérieusement à embaucher. 

  • Pichenette n°4 : mon procrastinomètre a explosé
Les premières semaines de 2024, j'ai observé un phénomène pas-sion-nant (et navrant). Là où auparavant, je procrastinais l'administratif puis étais très inefficace dedans donc mettais 3 plombes à faire le moindre truc.... j'ai constaté que j'étais en fait passée à un stade autrement préoccupant : le fait même d'inscrire une tâche administrative sur ma to-do list, disons, en 3ème position, suffisait à diviser par 4 mon efficacité sur l'ensemble de la to-do list (et donc de la journée) : je me mettais à procrastiner aussi la tâche 1 et la tâche 2, toutes gentilles qu'elles fussent, du simple fait qu'une fois qu'elles seraient terminées, il me faudrait me coltiner la fameuse Grande Méchante Tâche 3. Alors que, hein, vous comprenez, tant que tâche 1 et tâche 2 n'étaient pas terminées, je ne pouvais légitimement pas passer à la tâche 3, quel dommaaach... !
Bref, l'administratif s'était mis à gangréner le reste. Aleeeerte rouge !

Ah.

Pichenette complémentaire (oui c'est comme le tiercé quinté plus)
Petit appel de vœux avec une ancienne cliente dont le cœur de métier la confronte à ce genre de problématique : pouf, sous le coup d'une inspiration, en fin de conversation, je lui demande si elle ne connaîtrait pas quelqu'un qu'elle me recommanderait les yeux fermés, et paf, ben si, elle connaît.


Donc, la Gwen embauche.


La personne recommandée ?

Eh, non, ce serait trop simple.
Voyons, évidemment qu'étant l'employeur le plus select des Yvelines (tellement select que je n'employais personne !), j'ai attiré les candidatures !!

Enfin, surtout une.

Monsieur Bout.
Monsieur Bout est rentré du Super U le samedi matin qui a suivi la pichenette complémentaire, en me disant qu'il avait eu une idée très bête.
Après quasiment 16 ans de mariage, quand mon mari me dit ça avec un regard en coin, un demi-sourire, et une teinte de peau légèrement rosée, je m'attends à tout.

Mais pas à ça.

Effet de surprise absolument total !

Une fois que j'ai été sûre que mes oreilles elles comprenaient bien (quialaréf?) nous avons longuement discuté, car franchement j'avais pas mal les jetons que ça puisse ne pas convenir à l'un ou l'autre de nous deux (voire aux deux simultanément, eh, pour faire bien). Nous avons mis nos attentes sur la table, et Monsieur Bout a su pitcher, euh, pu exprimer que, même si il n'aimait pas énooormément l'administratif, clairement
  • il était loin de le vivre comme aussi pénible et terrifiant que moi je le vis
  • pouvoir le concentrer à un moment de la semaine, le faire régulièrement, et ne faire que ça serait beaucoup plus efficace et moins relou que mon mode de fonctionnement actuel (caser ça par ci par là quand je peux, soit un tout petit machin, soit pleeeein de machins à rattraper)
  • il en avait marre de s'interroger sur ce qu'il voulait faire de sa vie pro et du coup là il aurait une vie pro officielle et moins de pression pour trouver enfin dans quelle voie s'engager : "rôle social" et trimestres de retraite = dans la poche ; il pourrait donc allègrement continuer ses activités annexes à côté sans se dire qu'il devrait investir son temps dans qqch de rentable
  • ça le déstresserait d'avoir de la visibilité et de l'influence sur nos rentrées d'argent (jusqu'à présent je lui disais régulièrement quand je partais sur une nouvelle mission, quand ça se passait bien avec un client, etc, mais il n'avait pas droit à de belles présentations Corporate avec des graphiques, des tableaux excel et des échéanciers. Scandale)
  • ça aurait beaucoup de sens de me soutenir et de contribuer encore de cette manière au développement de mon business, et que ça devienne plus clairement un business commun.

De l'idée d'une microentreprise qui me refacturerait sa prestation, les conseils de ma comptable nous ont fait évoluer vers une embauche en tant que salarié à temps partiel, et donc, ça y est, "Monsieur Bout, je te veux dans ma team", zou !

Le temps de passation n'a pas été sans heurts, hein, rangez les paillettes et les arcs-en-ciel
  • j'en étais arrivée à une telle saturation qu'au fond je n'avais qu'une envie : lui jeter le bazar et partir très vite en courant pour ne plus jamais en entendre parler. Ce qui, paraît-il, n'est pas optimal pour une passation. J'ai donc du accepter de ne pas juste lui montrer en 5 minutes "dépatouille toi", mais d'investir du temps avec lui, de remettre le nez dedans une dernière fois avant de recueillir le fruit de mes efforts : de belles factures et formalités réalisées pas par moi....
  • j'ai aussi du accepter qu'il ne fasse pas comme moi : il a commencé par passer du temps à créer des fichiers excel de suivi, très élaborés. (au lieu de, cf point précédent, se jeter sur ma pile de trucs en retard et la dézinguer !). Humpf. J'ai ensuite intégré que si je ne voulais plus le faire, il fallait que j'accepte que ce soit fait d'une autre manière, par ailleurs la mienne n'étant clairement pas optimale peut-être qu'un peu plus de structure ne serait pas superflu. Moralité les fichiers excel de Monsieur fonctionnent du feu de Dieu et lui permettant effectivement de suivre de près tout ce qui se passe et de tenir la baraque avec rigueur.
  • nous avons aussi du, à plusieurs reprises déjà, clarifier ce qui rentrait ou pas dans ses attributions, notre vision des choses pouvant différer...

Bref, pas de cuicui les petits oiseaux, mais encore un chantier que nous aurons à revisiter régulièrement. Le gros avantage, c'est que nous savons l'un et l'autre 
  • que nous bossons avec quelqu'un dont fondamentalement les intentions sont bonnes, 
  • que nous visons la même chose, 
  • et que la plupart du temps, même si ça ne vient pas direct, nous finissons par trouver un moyen de nous comprendre.

Moralité, maintenant que ça roule, j'ai forwardé mes factures d'hôtel de Luxembourg avec délectation dans le TGV du retour ce jeudi, et déposé mes tickets de restaurant avec légèreté dans la bannette prévue à cet effet ce weekend.

Cœur sur mon associé.

Deux petites observations pour terminer
  • Ironie de la situation : ce n'est pas d'hier que Monsieur Bout contribue, par sa prise en charge de l'arrière-boutique familiale, au développement de mon business. De manière totalement invisible aux yeux du monde; mais là, parce qu'il va rajouter un poil d'administratif, il obtient enfin reconnaissance sociale et administrative de sa contribution. C'est-y-pas malheureux.
  • Effet secondaire intéressant : du coup, notre mariage devient franchement indissoluble, en tous cas de mon côté, parce que moi, quelqu'un qui fait mes factures à ma place ...eh bien je l'avoue sans fard : il se pare d'une aura de sexytude infinie et éternelle !

2 commentaires:

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