lundi 3 décembre 2018

2ème rentrée pour F. - et grandes interrogations

Après 2 années à être instruit à la maison, puis de looongues et agonisantes réflexions, F. a fait sa première rentrée scolaire en septembre, dans une école Montessori à 10 minutes de chez nous ; rentrée impeccablement bien passée, et tout allait plutôt franchement bien dans le monde scolaire de F.. 
Chose que j’appréciais d’autant plus qu’en parallèle, dans le reste du monde de F., tout n’allait pas forcément aussi bien, looooin de là. Notamment sur le plan des relations à notre mamie au pair arrivée une semaine avant ladite rentrée (mais oui, mais oui, je vous ai promis depuis longtemps un petit rapport sur cet épisode de nos aventures mamie-au-pairesques. C’est toujours prévu. Ça viendra… un jour.)

Bref. 
Puis vint un beau matin d’octobre où l’éducatrice de la classe 3-6 ainsi que la directrice de la petite école Montessori qui accueille donc F. 4 jours par semaine me dirent, au moment où je déposais F.
« Est-ce que nous pourrons vous voir ce soir au sujet de F. ? »

Aaaaaaah !!! Si il y a bien une phrase redoutée par tout parent d’enfant au comportement instable, c’est celle-là ! 
Mon fils se tenait plutôt fichtrement bien à l’école, sans frôler la perfection, mais tout de même, je restais inquiète. Ses éducatrices me le rendaient généralement avec le sourire (non, pas un sourire de soulagement. Mauvaises langues !) et à ma question "ça s’est bien passé ?" m’avaient jusque là toujours rassurée d’un oui franc et massif, sauf une unique fois où l’une d’elle m’avait demandé de rester avec F. pour parler d’un épisode regrettable survenu pendant la journée. 
Mais là… Mon fils avait-il basculé du côté obscur de la Force ? Qu’allais-je apprendre ?

Prête au pire, le cœur battant à environ 480 (non, sans exagération aucune, bien entendu), je hasardai un
« Euh, ouiiiiiiii, c’est…. à quel sujet ? » [ton d’un Gaulois s’attendant à ce que le ciel lui tombe sur la tête]
« Oh, nous pensons que F. serait prêt à passer de la classe 3-6 à la classe 6-9 ans et nous voulions en discuter avec vous. »


Ouf. Soulagement intense.
Mais de courte durée. Ayant donc accepté le RDV en fin de journée, je remontai en voiture et mon petit cerveau se mit à carburer.

Changer mon fiston de classe ? Alors qu’il venait tout juste d’y prendre ses marques ? Qu’il y était heureux comme un pape ? Qu’il s’était attaché à ses éducatrices et que ce qui se passait en même temps avec notre mamie au pair me montrait à quel point un tel attachement était précieux ? Qu’il parlait volontiers du moment où il passerait dans « la classe des Grands » mais dans des mots qui montraient qu’il était très content d’être dans la classe des Moyens pour le moment, et que ce passage viendrait en son temps ?

Arracher mon F., que ses angoisses de séparation avaient rendu très sensible aux changements, à un environnement tout fraîchement apprivoisé ?

Aaaaargh.

J’en étais toute retournée. Après avoir taaant tergiversé avant de l’inscrire, j’étais absolument ravie de la manière dont ça se passait et franchement, hein, pourquoi changer une équipe qui gagne.
Cet espèce de coup de pied dans la fourmillière me chamboulait donc bien.

La discussion du soir me laissa dans un profond état de perplexité, face à un dilemme cornélien

Dans les pour, il y avait notamment
  • Le fait qu’ayant vu « beaucoup de choses avec vous, Madame, bravo » (zou, un point pour l’IEF 😉 ), il était prêt intellectuellement
  • Le fait qu’effectivement, F. se met au niveau des enfants qui l’entourent : il adore être avec des grands et cherche à les imiter ; mais agit de manière avec les plus petits. Etant parmi les enfants les plus âgés de la classe, il imitait allègrement les petits
  • Le besoin de stimulation et émulation intellectuelle : c’était une des raisons pour lesquelles nous avions finalement pris la décision de le scolariser cette année. 
    • F. a besoin d’être un peu « poussé » pour travailler, et rien ne le pousse aussi bien que de voir d’autres enfants faire des choses intéressantes. Mais étant parmi les plus âgés et les plus avancés en 3-6, il avait très peu de plus grands à observer dans des activités complexes. Du coup il n’allait pas forcément vers les activités de son âge et de son niveau, mais restait tranquillement à faire les activités qu’il maîtrisait déjà (genre les versés). 
    • Le but du changement de classe était donc de le tirer vers le haut, en restreignant son accès aux activités « de petits » et en lui ouvrant les perspectives « des grands ».

Dans les contre, je notais
  • La peur qu’il ne s’attache pas aux éducatrices 6-9 comme il avait pu le faire à celles de l’ambiance 3-6. (je dois avouer qu’au départ, celles de 6-9 que je ne faisais que croiser me semblaient moins chaleureuses)
  • Le choc du changement
  • Le souci de privilégier un environnement où il était affectivement bien, plutôt qu’un qui soit peut-être intellectuellement plus favorable mais affectivement moins chouette.
  • Le fait qu’autant en 3-6 il y a une stagiaire allemande présente la moitié du temps, autant ce n’est pas le cas en 6-9. Donc peu d’exposition à la langue allemande sur le temps d’école

Cependant, 2-3 discussions avec les personnes impliquées plus tard (oui, j’ai été « la maman relou »), j’ai réussi à me rassurer
  • Faire un peu plus connaissance avec les éducatrices 6-9
  • Réaliser que pour l’estime de soi un peu chancelante de mon F., la stimulation intellectuelle et le sentiment de réussite qui l’accompagne participait aussi de son équilibre affectif
  • Apprendre que ce changement était proposé à 2 autres enfants en même temps qu'à F., et qu’il était prévu toute une période de transition pour les accompagner : des périodes de plus en plus longues passées chez « les Grands » sur les 2 semaines précédant la Toussaint, avant une bascule définitive à la rentrée de Toussaint
  • Discuter avec la directrice sur la manière dont elle pouvait s’arranger pour que F. soit quand même un peu quotidiennement, même 1/2h par jour, exposé à de l’allemand à l’école.
J’ai dit banco !

Je ne regrette pas.


F. a donc fait sa 2ème rentrée à la Toussaint, avec changement de classe.
Clairement, cela a été affectivement difficile pour lui : autant il n’avait pas versé une larme début septembre, autant il a pas mal pleuré début novembre, et est resté tristoune toute la matinée du premier lundi. 
Lui qui allait à l’école très volontiers y est allé en traînant les pieds les premiers jours de novembre. Il a abondamment questionné ce changement, et a annoncé que, quand il serait plus grand et saurait bien lire et écrire, il n’aurait plus besoin d’aller à l’école.

Mais c’est passé ; et je vois maintenant chaque jour à quel point être dans un environnement plus porteur intellectuellement lui convient bien. Il se développe sur plein d’aspects, que ce soit scolaire (gros intérêt pour l’écriture) ou comportemental.

Quant à la première réunion parent-prof que j’ai pu avoir avec ses nouvelles éducatrices… j’ai été très émue de voir avec quelle sensibilité elles accueillaient mon fils, avaient su repérer certains de ses modes de fonctionnement, certaines de ces fragilités, et cherchaient à l’aider de concert avec moi.

Et donc F. se projette maintenant allègrement dans cette classe jusqu’à ses 9 ans.


Là, en théorie, c’est le happy end du billet.


Ha ha.


Parce qu’à peine avais-je dit oui à ce changement, est arrivé un mail collectif informant que ladite classe 6-9 ans fermerait à la fin de l’année (bicoz effectifs insuffisants donc problème d’équilibre financier donc pour que l’école puisse tenir il vaut mieux la remplacer par une 2ème classe 3-6 qui elle n’aura aucun problème à se remplir)


AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHH


A la lecture de ce mail, j’ai cru crever.

Moi qui étais ravie, moi qui avais l’avenir de F. tout tracé pour les 3 ans à venir, qui n’avais qu’à me demander si je voulais également y envoyer E. ou la garder en IEF, PAF. Tout à revoir. (m'enfin, hein, ne l'avais-je pas prédit quelque part ?)
Bonjour la charge mentale, cette idée ne m’a pas quittée ces dernières semaines.
Devoir abandonner une école alliant de nombreux bienfaits
  • Sérieux dans la pédagogie Montessori pratiquée (personnes bien formées, etc)
  • Bienveillance dans le rapport à l’enfant, sans dureté, ni laxisme
  • Proximité géographique (10 minutes de voiture)
  • Tout petits effectifs : en tout, l’école accueille moins de 50 enfants.
  • Et en plus, l’allemand
Vraiment : AAAAAAAAAARGH


Mais quelles alternatives ?
  • Revenir à l’IEF pour lui ? J'avoue, un petit bout de moi a été tenté, celui à qui notre liberté d'antan manque
    • Mais vraiment, en ce moment, je vois trop à quel point F. tire avantage d’un enseignement collectif, et indépendant de sa sœur ou de sa mère. (même si, hihihi, depuis qu’il a repris en 6-9 il me demande fréquemment des temps dans la salle de classe durant ses jours off !). 
    • Autant ce n’est pas le cas pour E., à qui l’IEF convient fort bien, autant pour lui, vraiment, … 
    • Et moi aussi, ça me fait un bien fou.
  • Le mettre dans le système « normal » ? Impensable, pour le coup. Au vu de son mode de fonctionnement, je ne peux risquer de le faire atterrir dans un environnement dont la bienveillance laisserait à désirer. Or, si il existe un tas de classes bienveillantes dans des écoles "normales", je n'ai pas moyen d'assurer à mon fils d'intégrer l'une d'elles.
Je me suis donc lancée dans la quête d’une autre école pour l’an prochain… Et c’est là où je vous sollicite comme annoncé, ô mon public ; car je ne suis pas sans savoir qu’école Montessori n’est pas égale à école Montessori, 
  • que dans certaines la formation et/ ou la pratique des éducatrices laisse à désirer, 
    • que cela aboutisse à trop pousser les enfants dans un souci de performance (une tentation bien compréhensible dans les Yvelines où Montessori est souvent perçu, par certains parents/payeurs, comme une fabrique à petits génies), 
    • ou que cela se traduise par le fait de les laisser un peu vivre leur vie sans l’appui d’un cadre assez porteur
  • que le rapport à l’enfant peut se rapprocher d’une sévère discipline, ou basculer dans le laxisme / camouflage des problèmes (tant que les parents paient, pas de vagues)…

Bref, ce sont mes deux critères principaux. Je sais que je dois faire une croix sur l’allemand (je compterai donc uniquement sur nos mamies au pair), quant à la proximité…. je vais essayer de limiter la casse.

Du coup, j’ai en tête
- Une école qui vient d’ouvrir près de chez nous, l’école des Orchidées à Port-Marly. 
- L’école Bilingue Maria Montessori de Versailles
- L’école Montessori Bilingue de Rueil Malmaison
- Celle de Saint Nom la Bretèche

Or, comme je sais que le label Montessori d’une école ne veut rien dire puisqu’il n’est pas protégé, je suis consciente que c’est surtout à l’usage qu’on peut savoir quelles garanties offre telle ou telle école.

Alors : si vous connaissez des gens ayant ou ayant eu récemment leurs enfants dans un de ces établissements, et que vous avez moyen de me faire parvenir des avis et / ou les coordonnées de personnes prêtes à me dire leur expérience, pliiiiiiiiiz, je suis toute ouïe. Y compris par mail, hein, si discrétion souhaitée.



Parce que là, hein, je vous avoue que je n’en mène pas large.



9 commentaires:

  1. Mince alors. Et tenter de sauver la classe de F. en recrutant de nouveaux élèves ? Et si les tarifs sont rébarbatifs pour de nouveaux parents, partager les frais avec ceux qui sont plus à l’aise, via un système de bourses interne ? Ce sera peut-être toujours moins cher ou plus pratique que de devoir faire des kilomètres pour aller à une nouvelle école ?
    Swanilda

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    1. Ce sont des idées intéressantes en effet !
      Hélas on est vraiment très loin du compte : avant que F.+2 1autres ne rejoignent la 6-9, celle ci comptait 10 élèves (ouiiii F est dans une classe de 13. L'école dans ces conditions, hein, c'est autre chose 😍)
      Difficile dans ces conditions d'absorber le trou financier / résorber le trou humain. Ce n'est pas faute d'efforts dans ce sens face à cette situation qui perdure depuis plusieurs années...

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  2. Ahhhhh mais flute alors (pour rester polie)
    Ces histoires d'école en sortirons nous un jour?
    Je n'habite malheureusement pas la région donc je ne vais pas pouvoir t'aider mais je te soutien fort fort!

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  3. Je ne sais trop quoi te dire.... Cela me fait de la peine pour ton F.
    Combien faudrait il d'élèves en plus ? Recrutent-ils des enfants non montrssoriens en 6-9 car c'est une dés difficultés de Montessori c'est qu'en général on a du mal de monter une classe en 6-9 car les éléves doivent être passés par la maternelle pour comprendre et vive le travail en autonomie.
    De plus' je crois que tout ce bruit autour de montessori ne lui rend pas service. Beaucoup croient effectivement que la maternelle c'est bien mais qu'après il faut passer aux choses sérieuses et mettent leur enfant dans une primaire classique. J'ai souvent entendu qu'il fallait 2 classes 3-6 pour en avoir une en 6-9.
    Tout cela me désole (ta situation et la situation de l'école en générale en France).
    Je t'embrasse
    Servane

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    1. Je t'embrasse et partage ton analyse : Montessori c'est vu comme Super pour les petits mais après il faut vite rentrer dans le système / la compétition.... et c'est justement la moitié de la classe qu'il manque...
      D'ailleurs une autre manière de sauver la classe serait de trouver un local plus grand à Saint Germain en laye (pour avoir 2 classes 3-6 et alimenter ainsi la classe 6-9) mais cela fait deux ans que les recherches dans ce sens restent infructueuses (donc si vous avez une maison / étage de maison vide à Saint Germain...😉)
      Soupir

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    2. Au fait avez-vous essayer la neuvaine à saint Joseph pour trouver des locaux ? Parfois il faut savoir employ les grands moyens !
      Des bises
      Servane

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    3. Alors je t'avouerai que non... j'hésite SÉRIEUSEMENT à le mettre dans le coup. Pour mémoire la dernière fois que je lui ai demandé un coup de pouce immobilier, 6 semaines après je vous annonçais un déménagement de 600km : https://petitbout-petitbout.blogspot.com/2017/06/se-mefier-de-saint-joseph.html
      J'ai d'autres projets pour le printemps MOAH 😋

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  4. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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