lundi 20 mars 2017

Une Semaine en Parentalité Positive #6

Une semaine de plus !
L'impression d'un indiscutable mieux perdure et c'est bien agréable, même si cela n'exclut pas des moments plus compliqués, bien entendu.

Un signe qui ne trompe pas : j'ai réalisé que ces dernières semaines, F. n'a que très peu regardé de petits films en allemand
Cet automne j'avais presque (pourquoi dis-je "presque" ? "franchement" serait plus honnête...) hâte que ce soit l'heure de préparer les repas et donc de caser F. devant Youtube. Actuellement, je n'ai plus ce besoin de mettre F. "KO par TV" : le créneau pré-repas est occupé autrement la plupart du temps (ce qui n'arrange pas mes affaires germaniques par ailleurs, car F. est de nouveau assez réticent à blablater teuton; mais bon, ça reviendra...), et ce sans catastrophe.

Samedi:
E., qui s'éclate à présent tout autant que son frère dans la montée du garage, tombe (en la montant à reculons).
A quatre pattes sans bouger, elle m'appelle.
Je me tourne vers elle, mais reste à une certaine distance.
"Ouille, tu es tombée. Comment peux-tu faire pour te relever ?", assorti d'un sourire encourageant.
Et voici la demoiselle qui s'appuie sur ses mains, pointe son petit derrière en l'air, et zou, en position debout: on est repartis comme en 40.
Ou comment les questions de curiosité, ça porte du fruit dès avant l'âge de 2 ans.

Dimanche:
Promenade de fin de journée pour aller dans une aire de jeux plus éloignée de chez nous.
Passant devant un portail, F. commence à jouer à l'ouvrir et le fermer.
"F., le portail doit rester fermé." Rien
"F., les personnes préfèrent fermer elles-mêmes leur portail." F. continue à le fermer puis à le réouvrir.
"Comment tu fais pour refermer le portail ?"
Hop, le portail est fermé.
Ah, ces questions de curiosité alors !

Lundi:
I.
Retour d'une sortie, je suis encombrée, et la Bébounette a choisi de m'échapper pour courir partout dans le garage.
F. : "je vais la chercher
- Oui, prends la par la main"
Et hop, il va la cueillir dans la montée du garage, prend sa main tout doucement, l'aide à descendre les marches une à une, et l'amène en trottinant jusqu'à la porte de l'ascenseur.
Toute attendrie, je peaufine un peu ma réaction
"Tu as vu qu'elle tardait, tu es allé la chercher avec douceur, tu as tenu sa main avec soin. Je me sens très contente de la manière attentionnée avec laquelle tu m'as aidée."
II.
En me couchant la veille au soir, j'ai repéré que F. avait joué avec le tube contenant les petits confettis dorés qui ont servi à la confection de ses bouteilles de retour au calme: un certain nombre desdits confettis sont disséminés par terre à proximité du panier où le tube est entreposé. 
Je jure (intérieurement), puis me retiens d'y toucher et vais me coucher.
Au retour de notre sortie du matin, nous avons quelques minutes avant le déjeuner. C'est à ce moment que je choisis de remarquer et décrire le problème :
"Ah, des paillettes par terre. Il nous faut l'aspirateur. Tu règles le problème ?"
F. va sortir l'aspirateur, aspire les confettis, range l'aspirateur.

Mardi:
I.
En débarrassant son petit-déjeuner, F. dépose trop brutalement son verre dans l'évier, en dépit du fait que nous l'avertissions régulièrement du risque : et voilà, l'assiette à dessert qui a "récolté" le verre succombe au choc.
Je hisse F. pour qu'il puisse voir le résultat, et j'exprime mes sentiments :
"je suis triste, c'était un cadeau de ma grand-mère et maintenant elle est cassée"
puis j'enchaîne sur une question de curiosité
"Comment c'est arrivé ?
- J'ai posé le verre pas doucement.
Qu'est-ce qu'il aurait fallu faire pour éviter ?
- Faire attention et poser le verre doucement"
II.
Retour d'une longue ballade au vaste parc situé à 15 minutes de chez nous : trajet impeccable, mais sur le dernier tronçon bordant une route, F. s'amuse à rouler sur la route et non sur le trottoir malgré mes injonctions. (heureusement, une route très peu passante, mais quand même !)
J'exprime mes sentiments et je rappelle les règles:
"je suis très mécontente que tu aies roulé sur la route. La route, c'est pour les voitures ; les piétons et les petits vélos vont sur le trottoir. Quand je vois que tu ne respectes pas les règles je n'ai pas envie de retourner au grand parc avec toi."
Me souvenant des conseils de Jane Nelsen ("faites passer le message d'amour"), je rebascule ensuite sur l'expression de mes sentiments :
"Rouler sur la route peut être dangereux, j'ai peur pour toi car je t'aime"
Au retour de son père, F. claironne
"J'ai roulé sur la route !
je complète
- Oui, et nous avons dit qu'il ne fallait pas.
Oui, mais on peut rouler partout dans le parc !"

Mercredi:
I.
Dans la salle de classe pour le réveil de la Bébounette: F. en a profité pour sortir toutes les barres rouges et les deux s'amusent bruyamment avec, sans beaucoup d'égard pour ce matériel.
Hop, l'occasion de travailler l'expression de la colère:
"Je n'aime pas qu'on joue avec le matériel de classe. J'attends de toi que tu ranges, maintenant."
Héhé, au passage, ça le fait manipuler, car bien évidemment elles se rangent dans l'ordre...

II.
Petit-déjeuner; du haut de sa chaise haute, E. fait tomber son gobelet contenant un reste de lait. Youpi.
"Oh, du lait. Il faut essuyer."
Je la descends de sa chaise haute. Après quelques instants de latence, à observer la flaque et le rond vert, elle s'attèle à la tâche.
Je l'entends alors imiter la manière dont je guide F. dans ce genre de cas:
"Ici... là.... là et là... et là" (en joignant le geste à la parole, ce qui aboutit à une flaque essuyée avec une rigueur qui m'épate pour une enfant de 22 mois)

III.
De l'intérêt de se focaliser sur le problème et sa résolution, et non sur un "fautif" et sa faute : aujourd'hui, et hier : deux renversages malencontreux de verres plein d'eau, dont je me suis aperçue... en voyant que F. s'était déjà emparé du rond vert et s'appliquait à remédier à ce qu'il avait provoqué.

Jeudi:
E. détecte et ramasse un noyau de datte tombé par terre (vestige du Nutella fabriqué la veille), me le montre, j'indique :
"Le noyau de datte va à la poubelle".
Elle ouvre le placard de la poubelle, tire ladite poubelle, et zou, c'est fait. Mais elle part sans avoir refermé la porte du placard de la poubelle.
Machinalement, je décris la situation : 
"E., la porte de la poubelle est ouverte"
Elle se retourne, me regarde d'un air interloqué, et continue son petit bonhomme de chemin.
Et c'est là où je prends conscience que, même pour une enfant qui parle très bien, 22 mois c'est trop jeune pour la description de problème.
"E., il faut refermer la porte" : lueur de compréhension dans son regard et hop.

II.
Retour à la maison en début de soirée: un sac, reliquat du Drive déballé en vitesse plus tôt dans la journée, traîne sur le banc de l'entrée. 
F., un brin excité, s'en saisit et le jette à travers la pièce avant de grimper sur le banc ôter ses chaussures.
"Je n'aime pas ça. Le sac doit être rangé."
F. saute du banc, récupère le sac... et va l'accrocher à la poignée de la porte d'entrée, c'est-à-dire là où MOI j'aurais du ranger ce fichu sac au lieu de le laisser traîner.

Vendredi:
Au parc en fin de matinée, F. inspecte les travaux de rénovation en cours sur l'une des 2 aires de jeux. Un gros tas de sciure de bois toute fraîche embellit par ailleurs l'araignée qui n'est pas directement concernée par lesdits travaux, et constitue donc encore le seul jeu accessible. 
F. s'amuse à faire s'écrouler le tas en dehors de son contenant et à en jeter partout, j'interviens sous différentes formes :
"La sciure doit rester dans le bac de l'araignée.
Les ouvriers auront besoin de la sciure pour finir les travaux, cela leur fera du travail de la ramasser si tu la jettes.
Tu as le choix : rester ici en laissant la sciure là où elle est, ou changer d'aire de jeux
- Nan, pas laisser la sciure, pas changer d'aire de jeux.
Et zou, de la sciure vole à nouveau.
"J'ai l'impression que tu as choisi de changer d'aire de jeux"
Je me dirige vers lui.
Il s'échappe, et dit
"Nan, je vais laisser la sciure"
mais 2 minutes après rebelote.
2 ou 3 fois... Je finis par repenser à Jane Nelsen et à ses conseils, réalise que là mes tergiversations ne servent pas à grand chose, au contraire, et j'y mets un terme en allant prendre F. par la main... euh, à bras le corps puisqu'il se débat, et nous changeons d'aire de jeux.


6 commentaires:

  1. Hello Je prends enfin 3 minutes pour écrire , ici nous nous amusons avec les joies de la gastro à tour de rôle , depuis depuis deux mois on ne s'en sort pas ! Galère !
    Sinon dans les nouvelles nous rentrons en France cet été... La décision est prise, avec la rentrée au CP qui approche il fallait choisir un peu de stabilité en Allemagne ( pour que notre fille apprenne correctement les bases) ou bien rentrer maintenant en France pour qu'elle fasse sa rentrée en France. Et se rapprocher de la famille c'est pas mal non plus ! Bref tout ca pour dire qu'il va falloir que tu te dépêches de venir me voir ;)
    Sinon plein de belles choses chez toi , c'est toujours sympa de te suivre !

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    1. Ah dis donc oui tu as dégusté ! (Ouais en plus je me permets un jeu de mots laid)

      Et un grand changement en perspective alors, je brûle d'en savoir davantage, et tu as bien raison de souligner l'urgence qu'il y a à venir te voir: en te lisant, une idée a germé dans mon esprit (fait assez rare pour être mentionné), je viens de la discuter avec Monsieur, donc je vais te pondre un mail pour te la soumettre.
      Ainsi donc: à la r'voyure ! 😋

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  2. Comme d'habitude, un super article !! Tu repasses ici en revue plusieurs compétences (on reconnait F et M et Nelsen, j'adore le coup des questions de curiosité, que je n'ai pas encore mises en pratique) et, à te lire, on sent bien le changement dans les réactions de tes enfants, qui ont assimilé tes nouvelles façons de faire !
    J'aime particulièrement le coup des paillettes, et le temps que tu prends à bien formuler tes commentaires.
    Un détail qui m'a plu : face à la poubelle, tu décris "machinalement" ! Ok, c'est l'occasion de te rendre compte que ça ne marche pas encore avec ta petite, mais aussi celle de constater que tu arrives au moment où certaines de ces habiletés te viennent naturellement, sans que tu aies besoin d'y réfléchir autant !
    Un beau chemin déjà, j'imagine comme tu dois te sentir bien...
    Ca m'inspire, comme d'habitude, merci pour ce partage du quotidien !

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    1. Merci Coralie de tes encouragements.
      Oui, le machinalement m'a surprise moi aussi, je me suis dit "oops, je n'y ai même pas pensé là !"
      Mais du coup, ça a l'effet piégeux que parfois, je vais me focaliser sur ce que je n'arrive pas encore à faire...

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  3. Il va vraiment falloir que je lise Jane Nelsen !
    Bon ici, on voit un peu de mieux même si il y a encore beaucoup de travail. Quelques exemples :
    - J'emmène les enfants dans une jardinerie qui vend des petites figurines d'animaux pour les 18 mois de la petite. Je rappelle bien qu'on achète seulement deux figurines (je redoute l'attraction pour les tracteurs jouets hors de prix juste à côté). EN fait petit Jo jette son dévolu sur les tondeuses (les vraies à 3500€ !!). Nous frôlons l'incident dans le magasin mais je maintiens mes histoires sur l'idée d'avoir un château avec un vaste parc et petit jo comme jardinier attitré qui trônera sur sa tondeuse tracteur pour rendre la pelouse impeccable, etc.... Il est assez peu réceptif à mes histoires mais je parviens quand même à la voiture sans crise majeure et sans tondeuse. Une fois assis il me dit : "ça y est, c'est passé, je ne vois plus les tondeuses donc je n'en ai plus envie"...
    - à la sortie de l'école il aperçoit des personnes en train de couper du bois. Il me réclame donc une scie pour pouvoir couper lui aussi du bois à la maison. Je refuse en lui expliquant que c'est une question de sécurité. Il argumente, m'explique qu'il sait très bien qu'il ne doit pas mettre les doigts sur la lame, qu'il fera très attention à sa soeur, qu'il attendra que je sois à côté pour s'en servir, qu'il n'a pas envie de se blesser mais d'essayer une scie... Presque convaincant... Je finis par lui dire : "Petit Jo, j'entends que tu as très envie de couper du bois avec une scie. Je ne suis pas prête à te laisser une scie entre les mains". "Ah d'accord - me répond-il, je vais jardiner avec mon rateau alors" . Fin de l'incident.
    - après le bain le sol de la salle de bain est dans un état d'humidité encore jamais atteint. "Jo ! La serpillère est derrière la porte!" "Mêêê maaamaaaan c'est pas moi, j'ai pas fait exprès, je veux que tu t'occupes de moi". "Je rentrerai dans la salle de bain m'occuper de toi dès que je pourrais poser mes pieds sur un sol sec !". Quelques instants plus tard : "Maman, je pose la serpillère où pour qu'elle sèche, elle est trempée, il y avait vraiment des flaques !" (sans blague...)
    Il y a eu aussi pas mal de loupé, mais je suis assez contente d'avoir retenu deux ou trois interminables sermons (quand je suis très en colère, c'est plus fort que moi, il faut que je balance un sermon interminable composé forcément d'un certain nombre de conneries!).
    Pour ta fille, à mon avis elle comprendra vite le sous-entendu derrière "la porte est ouverte". J'ai vécu la même situation avec la mienne (pour la porte du frigo), et maintenant une simple indication sur l'ouverture de la porte suffit (elle va alors la fermer avec un geste ample en me regardant triomphalement)!

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    1. Ah oui, vive Jane Nelsen ! ;-)

      Je suis ravie de te lire et de voir que toi aussi, tu avances à ton rythme. Bravo tout particulier pour l'épisode de la scie, c'est angoissant ce genre de trucs, pas facile de garder son calme quand on a des images de "Massacre à la Tronçonneuse III" qui viennent parasiter notre cerveau dans le même temps !
      et gros LOL pour la SDB. Je crois... que je vais stocker une serpillère dans un des meubles de la sdb pour pouvoir lui faire le coup la prochaine fois. Merci !

      Et oui, je crois que c'est vraiment l'affaire de quelques mois pour qu'E. comprenne les sous-entendu... et c'est marrant justement de voir à quel point ça évolue vite !

      Bise !

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